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« Il faut sauver le soldat Macron » : tel est le titre de l’édito de L’Obs. Et la nouvelle ligne de défense d’un pouvoir aux abois. Une ligne que vous pouvez suivre jusque sous la plume de Philippe Bilger qui, reconnaissant que le Président ne pourra plus rassembler sur sa politique, devrait en appeler au peuple, façon de Gaulle 68, avec défilé sur les Champs pour sauver la République. Nous n’y sommes pas encore…
Mais comparaison n’est pas raison. 2018 n’est pas 68. La situation est bien plus grave, les amortisseurs bien moins nombreux. Et, surtout, Macron n’est pas de Gaulle. Par ailleurs, si de Gaulle avait réussi le rétablissement que l’on sait, tout le monde était convaincu – et lui le premier – qu’une page était tournée, qu’il était mort politiquement. Le « non » d’avril 1969 confirma cette mort. Si tel fut le destin de ce géant historique, la lucidité commande de reconnaître que ce nain politique qu’est Emmanuel Macron est bien mort politiquement.
La mort politique d’Emmanuel Macron en décembre 2018 est un fait aussi évident que le débat raté de Marine Le Pen il y a dix-huit mois. Sa mort, ou sa destitution – car, qu’il finisse ou pas son mandat, la destitution est déjà actée, non seulement dans la partie de l’opinion qui lui est actuellement hostile – et c’est tout de même près de 80 % – mais aussi dans le dernier carré des 20 % de Français qui le soutiennent et qui ont intégré que l’aventure à laquelle ils avaient cru est bel et bien finie.
Trois aspects majeurs doivent en être soulignés en guise de bilan – ou de solde de tous comptes avant licenciement.
Première mort, peut-être la plus spectaculaire car à résonance mondiale : la mort d’Emmanuel Macron sur la scène internationale. Il faisait la leçon à la Terre entière : à Trump sur le climat, à Poutine sur le respect des manifestations de rue, à Salvini sur les migrants et le budget, à Orbán sur les valeurs et l’Europe. Le mouvement des gilets jaunes a pulvérisé cette prétention, et justement sur tous ces sujets.
Deuxième mort : le renversement de la « stature » présidentielle qu’avait voulu se donner Emmanuel Macron. Le peuple, la rue, la province l’ont pris au mot et sont venus se rappeler au souvenir de l’homme du Louvre qui agitait un peu trop légèrement des symboles monarchiques.
Troisième mort qui, elle, dépasse sa personne : celle de l’idéologie qui inspire sa politique, et qui est celle des Présidents précédents : le libéralisme culturel et économique, mâtiné de culpabilisation écologique. Les gilets jaunes en ont mis au jour les mensonges. Et cette destitution dialectique n’a pas fini de se propager dans le corps social français. La réussite d’Emmanuel Macron – ou son « coup » politique de 2017 – consista à présenter la continuation d’une politique classique sous le déguisement d’un changement radical. C’était de la poudre de perlimpinpin. Les gilets jaunes constituent le brusque retour du réel.
Enfin, l’aspect le plus surprenant de cette mort est sa dimension suicidaire : Emmanuel Macron avait réellement de nombreux atouts dans son jeu. Mais en l’espace d’une saison estivale où l’arrogance l’a disputé à l’inconscience, il les a tous dilapidés, et d’abord par ses outrances indécentes de langage et d’image : fête de la Musique, affaire Benalla, Saint-Martin et, enfin, la « lèpre populiste ». La question que se posent de nombreux commentateurs très indulgents est « Comment en est-on arrivé là ? » Mais ils n’osent formuler la véritable question : « Comment en est-il, lui, arrivé là ? »
L’originalité d’Emmanuel Macron était d’apparaître comme un produit politique très structuré, très défini, très préparé. Cela impressionna. La révolution des gilets jaunes le laissent nu et brisé. Le logiciel a explosé. Et l’on voit mal le produit se réinventer. D’ailleurs, il a prévenu qu’il ne « détricoterait » rien de ce qui s’est fait depuis dix-huit mois… C’est encore le logiciel qui ânonne.
Désormais s’ouvre une nouvelle page politique. Emmanuel Macron sera peut-être toujours là. Mais sa statue au plâtre encore frais est en mille morceaux.
Voici encore une mesure décidée sous l’impulsion d’Emmanuel Macron qui va fortement intéresser les Gilets Jaunes à quelques heures de l’intervention télévisée du président de la république en vue de calmer la colère populaire.
Le journal Le Parisien signalait ce 9 décembre le vote en catimini au Sénat de la suppression de plusieurs impôts prélevés sur les gros médias audiovisuels.
Le vote a eu lieu le 27 novembre, entre deux grandes mobilisations des Gilets Jaunes.
Trois taxes payées par les stations de radio et les chaînes de télévision ont donc été supprimées.
. Chaque spot publicitaire diffusé à la télé dans la tranche facturée entre 1.520 euros et 9.150 euros était frappé d’une taxe de 20,60 euros. Taxe supprimée.
. Les radios qui réalisaient 10 M€ de chiffre d’affaires publicitaire par trimestre (Europe 1, NRJ, RTL) payaient une taxe de 54.435 euros. Taxe supprimée.
. Les chaînés de télévision qui réalisaient 100 millions de recettes publicitaires tous les trois mois(c’est le cas de TF1 et de M6) payaient une taxe de 894.500 euros. Taxe supprimée.
Ces taxes sur les grands médias audiovisuels rapportaient 50 millions d’euros à l’Etat.
Comment la Macronie justifie-t-elle ce cadeau fait à des grands médias audiovisuels appartenant à quelques milliardaires ?
« On est dans une logique de simplification et de rationalisation des petites taxes qui pèsent sur les télés. C’est le fruit d’une discussion avec Bercy et le ministère de la Culture, dans les projets de simplification de la vie des entreprises ».
Les commerçants, les artisans, les petites entreprises, en attendent maintenant tout autant !
Les médias, pour une fois, s’intéressent aux « petites gens » et évoquent la détresse de nombre de travailleurs et de retraités qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois. On ne peut qu’être émus par leurs difficultés et il serait indispensable de leur venir en aide, selon trois axes : atténuer, voire supprimer, la taxe carbone, diminuer la CSG des retraités et augmenter le SMIC (en baissant les charges). Mais comment dégager les crédits nécessaires à une telle politique en dehors d’un éventuel rétablissement de l’ISF ? Certes, on voit fleurir des slogans du type « prendre l’argent où il est ». On évoque les 100 milliards de fraude fiscale et les 95 milliards de niches fiscales, on propose de taxer les banques, mais tout cela n’est qu’un jeu d’illusions.
Les 100 milliards de fraude ? Quelqu’un a jeté ce montant au doigt levé sans la moindre justification et, depuis, on le répète. On ignore, en fait, où se trouve cet argent et quels circuits il emprunte. Si on le savait, l’État pourrait intervenir. Et on confond souvent fraude fiscale et optimisation fiscale. La seconde est légale : des « ultra-riches » et des entreprises vont déclarer leurs revenus dans le pays où ils sont le moins taxés. Il est difficile de lutter contre ce manque de « patriotisme fiscal », à moins de renoncer à l’Europe. Or, l’Union européenne, bien que chargée de beaucoup de maux, a quand même des côtés positifs, ne serait-ce que pour exporter nos produits agricoles. L’Europe est un tout et on ne choisit pas ce qui nous arrange. S’il était si simple de récupérer ces sommes détournées de la solidarité nationale, cela aurait été fait depuis longtemps ! Notons, néanmoins, que les pouvoirs publics ont réagi et que la lutte contre la fraude permet de faire rentrer dans les caisses de l’État 2,5 milliards par an, ce qui n’est pas rien. Mais prétendre qu’on peut s’emparer de 100 milliards en déshérence est utopique.
La deuxième illusion concerne les 95 milliards de niches fiscales. Les supprimer reviendrait à impacter tous les Français, même les plus modestes, et fort peu les « ultra-riches ». Ces niches sont, pour 22 milliards, dues à la décote conjugale : on ne taxe pas les revenus des couples séparément. La supprimer reviendrait à augmenter (fortement) les impôts de 80 % des contribuables. Autre niche importante, les emplois à domicile : abroger le crédit d’impôt aurait des effets catastrophiques (vague de licenciements, explosion du travail au noir induisant une baisse des recettes de la Sécurité sociale). Les personnes âgées ne pourraient plus être maintenues à domicile. Bref, une catastrophe sans nom. Le troisième volet important est constitué par les aides au logement (de Robien, Pinel…). Les éliminer découragerait les investisseurs. Or, la France connaît une pénurie de logements. L’accentuer serait donc stupide. D’autres niches fiscales pourraient être éventuellement rabotées, mais le montant économisé serait faible.
Taxer les banques, obsession de la gauche, est absurde. Les établissements français seraient fragilisés et lorsque le prochain krach se produira (en 2019 ou 2020), un grand nombre risquent de faire faillite si on a trop chargé la barque de leurs impôts. Quel serait notre intérêt si nous devions, par la suite, les renflouer ?
En fait, comme les fonds à trouver dépassent 10 milliards d’euros, seule une baisse drastique des dépenses publiques permettrait de dégager des marges suffisantes. C’est évidemment un travail de titan d’estimer si une dépense est utile ou pas. Mais n’est-ce pas le rôle d’un bon gouvernement d’effectuer ce genre de travail ?
La France rurale est étouffée par le prétendu aménagement du territoire. Au lieu de capitaliser sur le tissu social des communes, l’État s’acharne à le détruire. Peut-être parce que les communes sont un espace de liberté ?
« Service de cardiologie de Sisteron, service d’urgence nocturne d’Embrun, maternité de Guingamp, service des soins de suite et de réadaptation de l’hôpital de Marcigny, service de pédiatrie hospitalière de Sedan, Ehpad du Theil-de-Bretagne, service de psychiatrie de Laragne-Montéglin, maternité de Châteaudun, etc. : voici la liste non-exhaustive des actes de décès signés par les Agences Régionales de Santé ce seul dernier mois ! ». Ce bilan dressé par l’éditorialiste de 36 000 communes, le mensuel de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), dans son numéro de juin 2018, montre la disparition galopante des services de santé dans les petites et moyennes villes.
Services en moins, charges en plus
En réalité, tous les services publics (écoles, gares, centres des impôts, hôpitaux, bureaux de postes…) sont touchés par cette fuite. La colère, en septembre dernier, du congrès des maires ruraux (communes de moins de 3 500 habitants), qui menace de ne pas organiser les élections européennes, se comprend aisément. Pour ne pas affronter les critiques, le président Macron, contrairement à la promesse faite l’an dernier, n’est pas venu au congrès de l’AMF (association des maires de France) qui s’est tenu en novembre.
Ces suppressions rendent plus difficile la vie des habitants des petites agglomérations qui doivent multiplier les déplacements pour être soignés ou pour que leurs enfants puissent suivre leur scolarité. Les maires ne peuvent pas aider leurs concitoyens car leurs moyens financiers sont constamment réduits par l’État, notamment sous le quinquennat Hollande où des baisses de dotation drastiques ont fait perdre jusqu’à 13% du budget municipal. L’imbroglio autour de la suppression de la taxe d’habitation fait craindre le pire.
Résultat : la DGF (dotation globale de fonctionnement) attribuée aux communes rurales s’élève à 156 euros par habitant contre une moyenne nationale de 174.
Pourtant, la population concernée n’est pas négligeable : 21,4 millions d’habitants (un Français sur trois) résident dans une commune rurale.
Regroupement avant disparition ?
L’étranglement financier est accentué par le regroupement des communes au sein des EPCI (établissements publics de coopération intercommunale). Vanté pour être un moyen de réaliser des économies, le regroupement de communes entraîne souvent des frais de fonctionnement supplémentaires pour cette structure qui agrandit la distance entre citoyen et services publics.
Ainsi, la taxe sur les ordures ménagères a souvent fortement augmenté.
Le pouvoir au sein des EPCI est pratiquement toujours entre les mains du maire de la ville la plus peuplée alors qu’ils étaient censés, à l’origine, représenter toutes les communes. La loi du nombre ne favorise pas une répartition harmonieuse.
De toute façon, comme l’a dit en août dernier, au micro d’Europe 1, le député LREM de Paris Sylvain Maillard : « Garder ces maires de petites communes, de plus en plus isolées et sur qui pèsent de lourdes charges, n’est plus vraiment cohérent avec notre époque ». De nombreux élus sont complètement démunis devant les demandes de leurs administrés, ce qui explique que plus de mille édiles ont démissionné de leurs fonctions depuis les élections municipales de 2014. Près de la moitié n’a pas l’intention de se représenter au prochain scrutin, comme René Raimondi qui abandonne la mairie de Fos en écrivant le 29 novembre à ses électeurs: « Les collectivités territoriales peuvent aujourd’hui être perçues comme de simples variables d’ajustement des politiques nationales, voire des boucs émissaires. Les élus locaux, les maires en premier lieu, sont de moins en moins armés pour assurer le quotidien et rassurer leurs concitoyens ».
Pourtant, les maires sont les élus les plus appréciés des Français. Ils sont proches des gens et ils connaissent la réalité du terrain. Xavier Lacombe, maire de Peri, près d’Ajaccio, l’illustre par une image militaire : « Maire, c’est un rôle de voltigeur de tête, le premier dans une colonne qui prend la balle mais qui avertit et protège tout le monde et peut sauver la brigade ou la compagnie. » (La Corse, 30 novembre).
« Une révolution territoriale sans Révolution »
On assiste à une véritable « révolution territoriale sans Révolution », selon l’expression du professeur Gérard-François Dumont au colloque « Désertification et réanimation des territoires » organisé par la Fondation Res Publica le 27 février 2018. Les quatre lois (1) votées entre 2014 et 2017 (loi Maptam, loi sur la délimitation des régions, loi NOTRe, loi sur le statut de Paris) ont bouleversé l’architecture administrative française.
Il existe désormais vingt-deux métropoles formées par la transformation des EPCI regroupant plus de 400.000 habitants. Certaines sont de taille démesurée.
La métropole Aix-Marseille recouvrant l’ensemble des Bouches-du-Rhône, sauf le pays d’Arles dont les élus s’opposent à cette annexion, sa concordance avec le département devient de plus en plus évidente. Le Grand Paris, avec Paris et sa petite couronne, ressemble beaucoup à la région Ile-de-France.
Le département est désormais dirigé par un conseil départemental dont les membres sont élus en binômes, afin de garantir la parité hommes-femmes. Le canton n’est plus qu’une simple circonscription électorale et personne ne se sent représenté par ces duos artificiels.
Après la suppression de neuf régions, les régions actuelles sont complètement en dehors de toute réalité historique ou géographique. En Occitanie, le seuil de Naurouze séparera toujours les anciens Languedoc et Midi-Pyrénées.
Ce véritable charcutage s’est accompagné de multiples réattributions de responsabilités qui sont passées inaperçues aux yeux des Français. Du coup, le simple citoyen ne sait plus à qui se plaindre pour signaler un trou dans la chaussée de sa rue. L’administration paraît bien plus lointaine qu’autrefois. Elle est physiquement éloignée dans les régions qui ont fusionné et où joindre la capitale régionale nécessite un temps de trajet bien plus long qu’auparavant.
Quant aux économies, elles ne sont pas au rendez-vous. Le transport scolaire ayant été transféré du département à la région, les parents des Hautes-Alpes devront désormais verser 110€ pour le car de leurs enfants contre 15€ l’année précédente.
La recherche aberrante de l’excellence
Ces aberrations n’ont aucune importance pour la révolution territoriale qui a été voulue dans le but de répondre à la compétitivité internationale et à la mondialisation.
Le discours dominant depuis la fin des Trente Glorieuses énonce qu’il faut fournir aux « investisseurs » mondialisés l’organisation territoriale que l’on pense correspondre à leurs attentes, et que ce cadre doit être le plus large et le plus dense possible. L’économiste Olivier Bouba-Olga appelle cette pensée « la mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) ». L’État doit concentrer ses efforts sur quelques pôles d’excellence, renforçant les inégalités socio-spatiales. Toutes les politiques publiques sont sous-tendues par cette croyance depuis quarante ans, quel que soit le parti au pouvoir. Or, Bouba-Olga montre, notamment dans Dynamiques territoriales : éloge de la diversité, que des initiatives innovantes peuvent exister dans de petits territoires, quand ceux-ci sont bien équipés, mais elles ne sont pas assez connues. D’autre part, les fameux « investisseurs » ne sont pas toujours au rendez-vous des pôles d’excellence érigés pour eux.
Les nouvelles citadelles
Il serait faux de qualifier cette évolution de recentralisation. Tout à son rêve CAME, l’État abandonne carrément les zones non rentables pour la mondialisation : territoires ruraux, petites et moyennes villes.
Comme l’écrit le sénateur Pierre-Yves Collombat, fondateur de l’association des maires ruraux, dans le bulletin d’octobre de cette association, « Les territoires sans avenir doivent être abandonnés à leur destin, aux soins palliatifs de plus en plus maigres, tant qu’ils ne seront pas politiquement négligeables ».
Tout est mis dans les métropoles qui sont, comme le dit Christophe Guilluy dans Le Figaro du 18 novembre, « de nouvelles citadelles médiévales, avec une bourgeoisie qui se claquemure derrière ses remparts ». Cette population a un mode de vie différent du reste des Français : « Dans ces espaces clos, les habitants ont simplement besoin de liaisons pour sortir – avions, TGV – et la voiture est, pour eux, obsolète. » Les métropoles n’ont même pas de grands liens économiques avec le reste de la population : « Aujourd’hui, Paris est beaucoup plus éloigné de l’hinterland français que de Londres, Barcelone ou Amsterdam ». Les périphéries ne servent à rien pour construire le nouveau paradis mondialisé.
Les ploucs qui, selon Benjamin Griveaux, « fument des clopes et roulent en diesel » habitent loin de leurs lieux de travail et des administrations ? Ils n’ont qu’à utiliser internet et le téléphone portable. Mais les zones blanches, où les ondes ne passent pas, sont encore nombreuses, surtout en zones montagneuses. Et le contact direct est nécessaire pour expliquer des cas difficiles à un fonctionnaire ou à un médecin.
Sauver le maillage communal
La France a l’originalité d’avoir un maillage très étroit avec ses 36 000 communes héritées de la paroisse médiévale. Il y a là un atout important dont les technocrates ne se rendent pas compte. Les décisions parisiennes s’appliquent uniformément alors que notre pays est très divers. Si les municipalités étaient écoutées, des adaptations seraient possibles. Le meilleur exemple est l’obligation de limiter la vitesse à 80 km/h sur toutes les routes secondaires alors que des modulations étaient possibles selon la géographie locale.
Le regroupement systématique et autoritaire des communes est tout aussi absurde que la création de régions artificielles. Le découpage territorial est à refaire entièrement mais en gardant l’unité communale de base.
Le système électoral est à revoir car il n’est pas neutre. En PACA, la liste de Marion Maréchal-Le Pen avait obtenu plus de 42% des voix en 2015 mais ses élus au conseil régional n’ont été que 34% du total. Ces élections se font au scrutin de liste à la proportionnelle avec deux tours, ce qui empêche la représentation de nombreux courants d’idées politiques. Pour récompenser les socialistes de s’être désistés pour lui, Christian Estrosi, le président LR de la PACA, remplacé ensuite par Renaud Muselier, avait bien inventé une assemblée représentative consultative mais elle ne fonctionna jamais.
Le scrutin de liste est dangereux car il institue des élus hors-sol et entièrement soumis aux partis, et non pas des représentants du terrain.
Alors que la législation ne voit que les individus, elle devrait considérer l’espace et ses particularités aussi bien pour les élections que pour la fiscalité et les aides financières.
La France a besoin de diversité législative.
Les élus et les citoyens ont besoin de pouvoirs nouveaux et concrets ancrés d’abord sur la commune. Comme l’a écrit Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique : « C’est dans la commune que réside la force des peuples libres ».
Tant que le Français des campagnes ne sera pas aussi bien considéré que le Français des villes, il faut s’attendre à ce que le mécontentement s’exprime de plus en plus fort dans les urnes, dans les réseaux sociaux et dans la rue.
LOI n° 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (dite loi Maptam). LOI n° 2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral. LOI n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (dite loi NOTRe). LOI n° 2017-257 du 28 février 2017 relative au statut de Paris et à l’aménagement métropolitain.
Je publie ci-dessous la troisième partie de mon témoignage sur les événements de samedi : après la charge des motos et l'éclatement du fort groupe de manifestants dans toutes les rues voisines, il est temps de remonter vers l’Étoile...
Après une longue errance avec des petits groupes de gilets jaunes désorientés et agacés, harcelés par des forces de l'ordre visiblement aussi décontenancées que nous, avec des « en civil » casqués qui pointent leur sorte de tromblon noir vers les manifestants alors même que ceux-ci lèvent les mains vers le ciel en signe d'apaisement, je décide de remonter seul vers la place de l’Étoile d'où l'on entend la rumeur qui enfle régulièrement pour s'apaiser ensuite quelques minutes, comme pour mieux reprendre son souffle. L'avenue que j'ai déjà empruntée est encore plus dévastée que l'heure d'avant mais plus personne ne semble se soucier des voitures calcinées ou en cours de combustion : tout n'est plus qu'un immense grondement, comme une tempête sans pluie, et l'émeute semble maître du terrain, les forces de l'ordre ayant visiblement abandonné cette avenue, sauf au commencement des rues adjacentes. Là, les cars de police se tiennent les uns contre les autres, formant un barrage infranchissable et les policiers tiennent en joue des ennemis que je ne vois pas, sans doute derrière moi. Tout autour de moi, ça fume des cigarettes, ça discute, ça rigole, ça se moque, ça se repose aussi, et nombre de manifestants sont assis sur le pas des portes, un masque de papier autour du cou pour la plupart. Ici, beaucoup de jeunes, aux apparences très diverses, entre loden et blouson de cuir, tenue de ville ou de sport, parlant riche ou rural, voire banlieue. Des gens très différents qui, d'ordinaire, ne se croisent ni ne se parlent... Magie de l'émeute !
Voici la place de l’Étoile, enfin ! Il n'y a rien qui empêche de l'atteindre, et elle semble même devenue le point de convergence de tous les groupes que j'ai croisés depuis le début de l'après-midi : viennent-ils par curiosité ou par envie d'en découdre ? Sans doute un peu des deux à la fois, car je sens une forte excitation parmi les gens qui m'entourent. J'écarquille les yeux, tant le spectacle est étonnant et a, même, un aspect dantesque : sur la place et particulièrement sur la chaussée, d'ordinaire couverte de voitures, c'est une véritable marée de gilets jaunes. Le midi, j'avais entendu à la radio qu'il y avait ici « 3.000 » casseurs : mais, à regarder tout autour de moi, j'ai du mal à imaginer que ce chiffre puisse être crédible ! Je suis au cœur de la tourmente, et pourtant, je ne sens aucune peur parmi les gens présents, que de la colère mêlée à l'odeur âcre des lacrymogènes, et une colère qui, là encore, n'a qu'un nom : Macron. Comme si, en quelques jours, celui-ci avait concentré sur son patronyme et sa personne tout le ressentiment accumulé depuis quarante ans, ces « quarante ans » que j'entends évoquer depuis mon arrivée par la plupart de mes interlocuteurs, même ceux qui sont loin d'atteindre cet âge. « Cela fait quarante ans que ça dure, il faut que ça cesse », revient régulièrement dans les propos des émeutiers comme des retraités au style soixante-huitard, des ruraux comme des citadins bretons (des voisins de là-bas !), de la jeune femme au keffieh palestinien comme de l'assistante maternelle. En somme, depuis Giscard d'Estaing... ou la première élection du parlement européen au suffrage universel ! En fait, ce « quarante ans » vaut condamnation d'un système qui dépasse ceux qui l'ont porté successivement aux plus hautes fonctions de l’État, et cela signifie un rejet des partis de gouvernement, de droite comme de gauche : terrible constat d'échec d'une présidence entamée il y a à peine 18 mois, débutée au Louvre et qui semble s'achever ce soir à l'Arc de Triomphe, dans les fumées et les cris...
Durant de longues minutes, je n'ose m'approcher de l'Arc que j'aperçois entouré d'un halo gris et qui, étrangement, me semble plus grand que dans mes souvenirs pourtant récents. Les combats sont visiblement très violents si j'en crois le nombre d'explosions qui retentissent, parfois trois ou quatre par minute. Sur la place, des vagues se succèdent, dans les deux sens, dans un aller-retour permanent et enivrant : des centaines, peut-être plus, de personnes courent, s'arrêtent d'un coup, et lancent vers des ombres lointaines moult projectiles avant que de refluer sous l'effet des grenades et, parfois, d'un canon à eau qui n'a pas assez de pression pour être efficace... Le sol est luisant, détrempé, et couvert de restes des munitions policières, des sortes d'étuis en plastique dur et gris, avec une extrémité rouge, mais aussi de bouchons noirs provenant sans doute des mêmes matériels. Quelques uns des manifestants, les derniers arrivés, se penchent pour les observer mais sans les ramasser, peut-être pour éviter des ennuis en cas d'interpellation.
Je me retourne : les Champs Élysées sont là, tranquilles, illuminés des guirlandes rouges des décorations de Noël accrochés aux arbres de la plus belle avenue du monde. Je me rends compte alors que la nuit vient de tomber : je n'ai pas vu le temps passer ! L'impression est totalement surréaliste : les cars blancs de la police semblent rosés par les lumières de Noël, serrés les uns contre les autres comme une « tortue » de légions romaines. De ce côté-là, quasiment plus de bruit, à part quelques phrases chuchotées. Des badauds flânent le long des grilles policières ; un journaliste étranger, micro en main, s'adresse à une caméra en prenant un air de profonde désolation, et s'inquiète même lorsque je m'approche de lui... Je crois entendre le mot de « révolution » dans sa bouche, dans un sabir anglo-saxon apparemment destiné à un public arabe, si j'en crois l'inscription sur le manche de son enregistreur. En tout cas, il paraît totalement effaré par ce qu'il a vu, voit et verra s'il reste encore un peu !
Enfin, je me décide à traverser la place pour constater de visu les dégâts qu'annoncent complaisamment les sites d'informations que je consulte sur mon téléphone portatif. Je ne prends pas la peine de courir car les forces de l'ordre paraissent fort éloignées de l'Arc, bloquant la plupart des accès à l’Étoile sans pour autant chercher à la reconquérir. Le spectacle sous l'Arc de Triomphe est absolument étonnant et donne une impression de bivouac improvisé et confus : des jeunes et des moins jeunes sont assis nonchalamment le long des murs tandis que, tout autour de la tombe du Soldat inconnu, une sorte de garde d'honneur des gilets jaunes veille au respect de l'endroit et du symbole, et que les gerbes et les couronnes de fleurs ont été redisposées auprès de la flamme qui, visiblement, vient d'être rallumée, comme tous les soirs. De temps en temps retentit une vibrante Marseillaise, mais qui ne motive guère quelques uns des occupants de l'endroit, très décontractés et plus enclins à préférer d'autres hymnes ou rythmes... Sur les murs, de multiples graffitis, de plus ou moins bon goût, et qui signalent une grande diversité d'opinions et de centres d'intérêt : ces dégradations, instinctivement, me choquent et, à bien y regarder, semblent ne pas avoir grand-chose à voir avec la protestation présente elle-même. Un grand « Fin de régime », sans signature politique, m'intrigue néanmoins : dois-je, ici, y reconnaître un de ses intersignes chers à Léon Daudet ?
« Sans surprise » relate une dépêche de l’Afp, «le parquet de Paris a requis vendredi, la relaxe de l’ancienne présidente du Syndicat de la magistrature Françoise Martres, jugée depuis mardi pour injures publiques dans l’affaire du Mur des cons.» En mars 2014, le FN avait obtenu que Madame Martres, soit mise en examen pour l’infraction d’injure à l’égard du Front National. Sur ce fameux mur ornant le local de ce syndicat d’extrême gauche, certaines personnalités apparaissaient affublées de la flamme du Front National et une affichette ainsi libellée: «amuse-toi à coller une petite flamme sur le front des cons fascistes.» Beaucoup plus ignoble encore, figurait sur ce Mur la photo du général Philippe Schmitt, le père de Anne-Lorraine, 23 ans, qui, en résistant à son agresseur qui voulait la violer, le criminel multirécidiviste d’origine turque Thierry Dève-Oglou, avait été poignardée à mort en novembre 2007 dans le RER D. Marine l’indiquait plus généralement lors de son passage sur C8 « demain, ce sera la bombe à fragmentation de la délinquance et de la criminalité qui sautera au visage du Ministre de l’Intérieur et du Gouvernement ! Ils ferment les yeux sur une situation qui est un véritable cauchemar pour des millions de Français. » Une justice qui sait pourtant être impitoyable et zélée en cette période de fronde populaire. L’acte IV des manifestations des gilets jaunes qui se sont déroulées samedi dans toute la France s’est soldé selon le décompte officiel du ministère de l’Intérieur par 1.723 interpellations et 1.220 gardes à vue. Les centaines de manifestants qui ont été jugés en comparution immédiate sont principalement des hommes de moins de quarante ans sans antécédents judiciaires. Les racailles-pilleurs de banlieues et casseurs d’extrême gauche, plus aguerris et malins car rompus à l’exercice, ou parce qu’ils n’étaient pas, selon certains, les cibles principales des forces de l’ordre (?), ont été très nombreux à échapper aux foudres de la justice…
Invité hier de BFM-TV, le député européen et co-président du groupe ENL, Nicolas Bay, notait d’ailleurs que « des moyens absolument considérables ont été déployés (samedi à Paris) : des blindés, plus de 1 000 interpellations (parfois préventivesaffirmait le ministre de la Justice Nicole Belloubet avant de se rétracter, NDLR) avec des poursuites judiciaires derrières … C’est intéressant de voir que l’Etat aujourd’hui déploie en une matinée ou une journée ce qu’il n’a jamais été capable de déployer pour remettre de l’ordre dans les cités quand il y a des émeutes. »
Il est tout aussi intéressant de constater que globalement les gros médias ont repris les éléments de langage du ministère de l’Intérieur pour affirmer que cette journée du 8 décembre fut moins violente que la semaine dernière ( 118 manifestants blessés, 17 du côté des forces de l’ordre, contre respectivement 201 et 284 le 1er décembre). Or, si cela est vrai pour ce qui concerne Paris, encore que des quartiers de la capitale jusqu’alors épargnés ont été ciblés par des pilleurs, les villes de province ont été particulièrement touchées par les descentes des bandes de racailles (Bordeaux, Marseille, Saint-Étienne, Toulouse…). Une violence qui sert objectivement les intérêts du pouvoir en assimilant le ras-le-bol des gilets jaunes à des attaques contre les biens et les personnes. Violences annoncées, prédites qui devaient aussi permettre d’assécher le nombre des manifestants. Or, malgré les bandes, les casseurs, les intimidations, les appels pressants du gouvernement et de ses relais à ne pas manifester sous peine d’être désigné comme un factieux, un antirépublicain, Christophe Castaner a annoncé que 136.000 personnes avaient participé à cette quatrième journée de mobilisation populaire; un chiffre officiel à l’évidence extrêmement minoré par rapport à la réalité.
Lors de la campagne présidentielle, nous étions un certain nombre à dire aux Français avec Marine ce que M. Macron avait en tête, nous allons maintenant savoir ce qu’il a dans le ventre: les annonces qu’il devrait faire ce soir lors de son allocution télévisée seront-elles en mesure d’éteindre la révolte? Il est plus que permis d’en douter. Le chef de l’Etat n’est pas, n’est plus comme il l’affirmait il y a encore quelques mois le maître des horloges, ni même un chef d’Etat au sens plein et entier du terme, puisqu’il accepte que sa feuille de route lui soit dictée par la Commission européenne. Et quand bien même pourrait-il ou souhaiterait-il s’en affranchir à la marge, c’est tout le courant politique, idéologique qui l’a porté au pouvoir et qui façonne sa vision du monde qui est rejeté par nos compatriotes.
Nous le constatons encore avec la signature aujourd’hui à Marrakech par le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, du Pacte de l’Onu sur les migrations, avant sa ratification le 19 décembre par un vote au siège des Nations Unies à New York. Ce Pacte a déjà eu une incidence directe sur la vie politique belge puisque son adoption, voulue par les trois partis progressistes de la coalition gouvernementale, vient d’entraîner la démission des ministres nationalistes flamands de la N-VA qui en étaient membres depuis quatre ans et qui y sont eux, formellement opposés.
En France il est courant de faire remonter à 1976, date de l‘établissement du regroupement familial initié par le duo Giscard-Chirac, le premier signe tangible du mépris affiché par la caste dirigeante pour la souveraineté du peuple en matière d’immigration, laquelle a été depuis systématiquement piétinée, méprisée. Ce Pacte de Marrakech est une nouvelle étape dans le processus d’atteinte à l’identité des peuples de notre continent, puisqu’il entend faire du droit à migrer, undroit de l’homme qui s’impose à tous. Comprendre en premier lieu aux Européens qui auront un devoir d’accueil envers les 258 millions de personnes en mobilité et migrants dans le monde selon les statistiques de l’Onu. Médias dominants et macronistes font assaut de pédagogie pour expliquer sur un ton lénifiant que ce pacte n’est pas contraignant, « respecte la souveraineté des États » comme l’affirme M. Lemoyne, et, en mentant avec un aplomb proprement stupéfiant, qu’il n’a pas pas le caractère particulièrement dangereux qui lui est attribué par les complotistes, les populistes, les souverainistes, les nationaux. Et ces mêmes journalistes, à l’heure de la montée en puissance de médias libres et alternatifs, s’étonnent après cela de la chute vertigineuse de leur cote de crédibilité, de popularité…
Sur son compte twitter, la talentueuse cinéaste Cheyenne Carron s’interrogeait: «Et si l’ONU défendait plutôt un pacte qui défend la beauté des peuples dans leurs différences ? la beauté de l’enracinement ?, la richesse des lignées qui défendent leur terres ? Macron devrait interroger le peuple s’il souhaite voter le pacte de Marrakech.» En attendant que le peuple ait de nouveau droit à la parole sur un sujet aussi déterminant pour son avenir et sa liberté, de bonnes âmes oeuvrent pour le rendre possible. Le Monde sous la plume de Jean-Pierre Stroobants a fait état de l’organisation d’une résistance à l’échelle européenne, si ne c’est mondiale à ce Pacte des migrations , avec la réunion samedi , à Bruxelles, de Marine Le Pen, Steve Bannon, ex conseiller de Donald Trump, journaliste fondateur de The Movement, du flamand Tom Van Grieken, dirigeant du Vlaams Belang (VB) ou encore du député Tchéque Radim Fiala, membre de la Coalition Nationale (Usvit).
«Invité (…) par le VB, placés sous une grande bannière incitant à protéger l’Europe contre la submersion migratoire, Mme Le Pen et ses amis du Mouvement pour l’Europe des nations et des libertés (MENL) (…) ont longuement rendu hommage aux pays qui refusent de signer ce texte : les Etats-Unis de Donald Trump, la Hongrie de Viktor Orban, l’Italie de Matteo Salvini, etc. « Dans les petits villages, dans les zones rurales de France et dans les rues de Paris, les “gilets jaunes”, les “déplorables” de France, sont exactement le même type de personnes que celles qui ont élu Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, le même type de personnes qui ont voté pour le Brexit. Ils veulent avoir le contrôle de leur pays, ils croient en l’Etat-nation » a notamment déclaré M. Bannon.
Il ne peut y avoir en effet de débouchés à la crise actuelle que par la prise en compte des aspirations légitimes du peuple français qui veut être entendu, défendu, respecté, représenté… tout ce qu’il n’est plus dans notre actuelle démocratie confisquée,phénomène nous l’avons dit qui n’a certes pas commencé avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Dans sa chronique du 6 décembre sur Europe 1,Jean-Michel Apathie affirmait que la gauche n’était pas en phase avec les gilets jaunes dont les revendications, les moyens d’expression en font dit-il, un mouvement «solidement enraciné à droite»; mais une droite précise Bruno Gollnisch qui se définirait alors par des convictions nationale, populaire et sociale elles aussi solidement enracinées…
« La gauche est inexistante, divisée » constate M. Apathie. « Elle est entre 25 et 30% dans les intentions de vote, ce qui est historiquement très faible. La droite, qui domine, est composée de deux camps importants aujourd’hui. D’abord, il y a la droite républicaine, avec beaucoup d’élus locaux. Mais au sommet, il n’y a plus de chef, pas de programme. Celui de Laurent Wauquiez n’unifie pas les gens de droite. Et puis il y a le Rassemblement national, qui a tous les atouts d’un parti en marche – un chef, un programme, etc – et un atout formidable dans la France d’aujourd’hui : il n’a jamais été associé au pouvoir.Il ne peut donc être tenu responsable en rien de la crise qui existe. J’évoque souvent, parce que je pense que c’est une des sorties de crise possibles, des élections législatives anticipées. Si elles avaient lieu aujourd’hui, le Rassemblement national serait le premier parti. Et le parti qui domine les élections législatives peut raisonnablement penser qu’il peut accéder au pouvoir. Pour dire les choses très clairement, jamais Marine Le Pen n’a été aussi proche du pouvoir qu’elle ne l’est aujourd’hui (…). » Dans ce contexte est-il besoin de préciser que la capacité de l’opposition nationale à fédérer les énergies sera déterminante? Il n’est plus l’heure, et depuis longtemps, de regarder passer l‘histoire, qui comme chacun le sait, ne repasse pas les plats. C’est ici et maintenant qu’elle est en train de prendre un virage crucial; ici et maintenant que les Français doivent se mobiliser à nos côtés pour éviter le crash.
Ce lundi soir, Emmanuel Macron interviendra à la télévision pour tenter de démontrer qu’il a entendu et compris les Gilets Jaunes et proposer quelques mesures destinées à les faire rentrer dans leurs chaumières.
Pourtant, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a déclaré sur LCI qu’il n’y aura pas d’augmentation du smic parmi les mesures annoncées par Emmanuel Macron. “On sait que ça détruit des emplois, ce n’est pas la bonne méthode”.
En attendant ce soir, sachez déjà qu’Emmanuel Macron a trouvé un budget pour les retraites et les salaires. Mais pas ceux des Français. Emmanuel Macron a préféré commencer par payer les retraites et salaires des fonctionnaires… tchadiens !
Ce n’est pas une mauvaise blague, ni une “fake news”. La France a bel et bien décidé d’octroyer au Tchad un budget de 40 millions d’euros pour payer les salaires et les retraites des fonctionnaires, a indiqué l’Agence française de développement (AFD). Officiellement, il s’agit d’un « prêt » d’« une durée de vingt ans » avec un taux d’intérêt préférentiel. Et vu la dette du pays, le « prêt » risque fort de se transformer en don.
D’ailleurs, la France accorde aussi au Tchad un don – cette fois c’est clair – d’un montant de 10 millions d’euros pour le secteur de la santé.
Et figurez vous qu’un même montant de 50 millions d’euros avait déjà été accordé au Tchad en 2017 avec les mêmes objectifs.
Cette générosité sans fin faite avec l’argent des contribuables français s’inscrit dans les « promesses faites par la France à l’occasion de la table ronde de financement du Programme national de développement (PND) tenue à Paris en septembre 2017 ».
Par Michel Geoffroy, auteur de La Super-classe mondiale contre les peuples ♦ La lutte des classes n’a pas disparu avec la chute de l’URSS et du communisme en Europe. Elle réapparaît. Une nouvelle lutte des classes s’est en effet installée en Occident qui oppose les nouvelles élites qui veulent révolutionner la société à leur profit – c’est « la révolte des élites » qu’avait prophétisée Christopher Lasch[1]– aux peuples qui aspirent au contraire à la stabilité, au maintien de leurs traditions, de leur identité et de leur culture – soit tout le contraire de la valorisation du bougisme, du « changement »et de la « mobilité », vantés par les nouvelles élites. Cette nouvelle lutte des classes résulte donc de l’inversion du schéma révolutionnaire tel qu’on le concevait depuis la fin du 19ème siècle : la révolution des sociétés provient aujourd’hui des élites[2] et non plus des « masses ».
La nouvelle lutte des classes se concrétise par une fracture économique, sociale , politique et culturelle croissante, notamment en France
Cette nouvelle lutte des classes oppose, d’un côté, « la France périphérique » en voie de paupérisation, de marginalisation, et de remplacement dans son propre pays.
Car les élites – qui se sont protégées et se sont coupées des peuples en créant de nouvelle frontières intérieures du fait de la privatisation et de la réduction constante de l’espace public – mettent les peuples en insécurité économique (du fait du chômage de masse conséquence du libre-échangisme mondialiste[3]), en insécurité sociale (du fait de la déconstruction de toute l’histoire sociale européenne au nom du néo-libéralisme) et en insécurité culturelle et identitaire (du fait du Grand Remplacement migratoire , de l’Islamisation et de la déconstruction « sociétale »[4] des moeurs).
Au plan politique, cela se traduit par la marginalisation du peuple dans les démocraties occidentales, qui pour cette raison sont de moins en moins démocratiques (abstention électorale élevée, absence de recours au référendum, vote pour des partis qui sont diabolisés et donc peu représentés au Parlement etc… ).
Avec le rejet du populisme, les élites ont d’ailleurs théorisé leur volonté de marginalisation du peuple et cela explique pourquoi le régime politique devient toujours plus oligarchique[5].
Cette insécurité est le produit fatal de l’idéologie des nouvelles élites : le libéralisme libertaire et cosmopolite (mondialiste).
Une idéologie destructrice de toute société : « La société n’existe pas » disait Mme Thatcher. Le libéralisme libertaire ne connaît que des individus calculateurs et pourvus de droits-créances contre la société. Cette idéologie se concrétise dans le mythe de la « société ouverte [6]», utopie inventée par Karl Popper qui signifie en réalité l’implosion programmée de la société traditionnelle [7], mais au seul profit des nouvelles élites et notamment des grandes firmes mondialisées et de leurs dirigeants.
Et, de l’autre, des élites économiques, financières, culturelles, médiatiques et politiques qui vivent dans un monde protégé et qui ont tendance à s’enrichir toujours plus.
Comme le déclarait le milliardaire Warren Buffet : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait mais c’est ma classe, la classe des riches qui la mène et nous sommes en train de la gagner »[8]
Parce que ces élites pratiquent sur une grande échelle le « socialisme des riches » (Joseph Stiglitz) : privatiser les profits (notamment en application du « consensus de Washington » qui ouvre la voie à la privatisation des biens publics et à la dérégulation économique et financière dont profitent avant tout les plus riches) mais socialiser les charges et les pertes (comme on l’a vu lors de la crise financière de 2008). Et parce qu’elles ont développé leur « industrie de défense des revenus » au plus haut niveau depuis les 30 dernières années : principalement en échappant à la pression fiscale (grâce à la faible taxation des revenus du capital).
Ce qui se traduit par une augmentation rapide des inégalités sociales en Occident, à rebours de ce qui s’est produit durant les Trente Glorieuses.
En effet dans une économie mondialisée et dérégulée les anciens paradigmes de la « science économique » sont de moins en moins opérants :
L’effet de « ruissellement » fonctionne de moins en moins car la richesse ne se réinvestit plus nécessairement dans le pays d’origine (mais plutôt dans des pays plus riches ou dans des paradis ou des niches fiscales comme le financial art par exemple).
Le fordisme devient obsolète : on n’a plus besoin de bien payer ses salariés, car on peut les remplacer par des ouvriers et des consommateurs Chinois, Indiens et demain peut-être, par des robots ou des Africains.
Ces nouvelles élites correspondent au phénomène décrit[9] sous l’expression « super classe mondiale ». C’est-à-dire l’apparition en Occident d’un pouvoir économique et financier, hors sol, qui monopolise la richesse, qui s’est affranchi de la souveraineté des Etats et qui prescrit des normes politiques et sociales en dehors de toute régulation démocratique. Et qui se croit « élu » pour imposer sa « gouvernance » au monde et aux peuples.
A la différence de l’ancienne lutte des classes, les nouvelles élites n’ont plus peur des peuples depuis la chute du communisme
C’est pourquoi elles ont perdu toute décence commune à son égard, comme en témoignent par exemple les propos d’Emmanuel Macron lorsqu’il évoque les Français pauvres (les gens de rien) ou de François Hollande se gaussant des « sans-dents ».
D’autant que, avec l’immigration, les élites se sont fabriquées un peuple de rechange, qui constitue sa réserve électorale (notamment celle de la nouvelle gauche).
De fait, aujourd’hui, les immigrants se trouvent donc objectivement du côté de l’oligarchie (même si, au plan des valeurs, ils n’ont que mépris pour la décadence et la mécréance occidentale) et ils bénéficient d’ailleurs de toutes ses sollicitudes (notamment « la politique de la ville » qui ne vise pas les territoires les plus pauvres mais uniquement les zones d’immigration). D’ailleurs, sans le vote des électeurs d’origine immigrée, les partis de gauche disparaîtraient[10] et beaucoup de notables de droite ne seraient pas réélus dans leurs communes.
Les immigrants bénéficient en outre par construction de la mondialisation puisqu’ils peuvent échapper à leur condition misérable dans leur pays d’origine en bénéficiant de la protection sociale des pays riches qui, même sur le déclin, sera toujours plus élevée que chez eux.
Il est d’ailleurs frappant de constater que la révolte des Gilets Jaunes de l’automne 2018 en France n’a concerné pour l’essentiel que des Français de souche : à l’évidence les prétendues « banlieues défavorisées » , celles de l’immigration, ne le sont pas tant que cela.
Les nouvelles élites regroupent principalement les CSP les plus élevées et ceux qui travaillent dans des secteurs protégés de la concurrence des pays à bas salaire qui célèbrent « la mondialisation heureuse » : avant tout parce qu’ils bénéficient de la réduction des prix résultant du libre-échange mondialiste sans en supporter les conséquences néfastes en termes d’emploi ou de diminution de la couverture sociale.
Ces privilégiés de la mondialisation diffusent un discours destiné à leur donner bonne conscience (par exemple « l’ouverture aux autres » et le « vivre ensemble ») alors qu’ils manifestent une indifférence glacée vis-à-vis de la situation dans laquelle se trouve la majorité de leurs compatriotes et en particulier vis-à-vis de la destruction de la classe moyenne.
Dans la nouvelle lutte des classes, les nouvelles élites récusent la démocratie et dénient au peuple le droit de définir son destin. Ellesremplacent la démocratie par la post-démocratie qui n’est qu’une forme douce de dictature : notamment parce que la post-démocratie repose sur la domination des juges inamovibles et idéologisés sur les législateurs élus. Elle repose aussi sur l’Union Européenne qui permet de détruire la souveraineté des peuples. Et sur un contrôle croissant de la population : contrôle par la propagande des médias, censure du politiquement correct, contrôle par l’écologie punitive, contrôle technologique etc…
De cette nouvelle lutte des classes, découlent plusieurs conséquences importantes pour l’avenir de la Droite
La question sociale (la paupérisation, la fin de l’ascenseur social, la précarité du travail) est de retour en Occident
Mais elle reste en déshérence puisque la Gauche l’a abandonnée et que la Droite reste largement prisonnière de la doxa libérale (ou de l’oxymore d’un libéralisme/national). Et, de toute façon, elle ne s’est jamais vraiment intéressée aux questions sociales, à la différence de la Gauche.
Cela signifie que la révolte populaire contre les nouvelles élites se déroule pour le moment en dehors des partis institutionnels de gauche comme de droite, car ils n’apportent pas de réponse lisible à cette nouvelle demande sociale.
Il s’agit donc d’un champ politique à conquérir pour la Droite. D’autant qu’avec l’immigration de peuplement et la mondialisation, la question sociale rejoint la question identitaire et de la souveraineté.
La question institutionnelle est aussi de retour, parce les institutions publiques -et notamment les Etats- ne garantissent plus le Bien Commun, mais deviennent l’instrument de l’oppression des peuples autochtones en Europe.
En particulier parce que les élites installent, pour conforter leur domination, la suprématie des minorités et des intérêts privés sur les majorités. Parce qu’elles installent partout la préférence en faveur des Autres (Big Other), aux dépens des Nôtres. Et parce que notre système politique est devenu profondément antidémocratique (des minorités d’électeurs élisent des minorités non représentatives de l’ensemble de la population[11], et qui de toute façon ne gouvernent pas vraiment, puisque les Etats ont perdu l’essentiel des instruments de la souveraineté au profit de la super classe mondiale, des lobbies et de l’Europe de Bruxelles).
Rendre du pouvoir au pouvoir devient pour cette raison une question essentielle, pour restaurer la démocratie entendue comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
La nouvelle lutte des classes modifie la nature du clivage gauche/droite, mais ne le supprime pas pour autant
En particulier les partis de gauche ne se situent plus du côté du peuple, mais ont rejoint le camp libéral, libertaire et mondialiste contre les peuples. Et parce qu’ils privilégient désormais les Autres aux dépens des Nôtres.
Le déclin tendanciel des partis de gauche – notamment socialistes ou sociaux-démocrates – résulte de cette translation (et réciproquement, cf la stratégie de Terra Nova : les minorités doivent remplacer l’électorat populaire qui se tourne vers les partis populistes).
En récusant le mondialisme, la déconstruction des sociétés ou le grand remplacement migratoire, les peuples ont au contraire tendance à occuper un positionnement de droite et conservateur.
L’idée d’une convergence des révoltes politiques entre la France périphérique et la France immigrée repose sur une illusion
La France immigrée n’a aucun intérêt commun avec la France périphérique.
En outre l’oligarchie se sert de l’immigration comme moyen de museler définitivement la France périphérique, notamment en la remplaçant démographiquement tout simplement et en instrumentant la « lutte contre le racisme et la xénophobie». Une course de vitesse se déroule donc entre les flux migratoires (que les élites mondialistes veulent à tout prix maintenir) et la révolte des peuples autochtones.
Pour cette raison un positionnement politique comme celui de La France Insoumise est voué à l’échec à moyen terme. Mais il en va de même pour une droite qui croirait pouvoir satisfaire ces deux électorats en même temps.
Une convergence politique entre certaines élites et la France périphérique est pour le moment aussi une illusion
La solidarité des élites entre-elles sera toujours plus forte que son empathie pour le reste de la population. Pour cette raison, les partis populistes ou souverainistes ne réussissent globalement toujours pas à recruter au-delà des classes moyennes et populaires.
Certaines élites ne rejoindront le peuple – comme cela s’est produit au début du 20ème siècle – que si elles ont de nouveau peur de la révolte populaire ou de quelque chose d’équivalent. D’une certaine façon, la révolte des Gilets Jaunes de l’automne 2018 en France en apporte la preuve.
Mais si la France périphérique est pour le moment [12]plus nombreuse que les élites[13], elle reste inorganisée et manque de maturité idéologique, notamment parce qu’elle est de plus en plus déculturée[14].
Il y a donc là aussi un champ d’action que la Droite devrait investir si elle avait conscience des enjeux
Le populisme progresse partout car il est à la fois un cri de douleur (celui des peuples qui ne veulent pas mourir ni être remplacés) et un cri de ralliement contre les nouvelles élites (comme hier le socialisme pour le prolétariat).
Mais il ne dépassera pas le stade protestataire – instrumentalisé par les élites comme repoussoir – s’il n’apporte pas aussi des réponses cohérentes à la question sociale et pas seulement à celle de la souveraineté, de l’immigration et de l’identité.
Il faut donc qu’il apparaisse aussi comme porteur d’une alternative crédible et cohérente au libéralisme libertaire et cosmopolite. Y compris au plan spirituel et moral, afin de répondre au vide existentiel produit par un Système, qui est comme le communisme, d’essence matérialiste.
Michel Geoffroy 06/12/2018
[1]La Révolte des élites et la trahison de la démocratie, ouvrage posthume de Christopher Lasch publié en 1995
[2] Au sens sociologique et non qualitatif du terme : avant tout les plus riches et les CSP les plus élevées
[3] Selon l’économiste Ph.Herlin le pouvoir d’achat des Français a diminué depuis 1975 dans les domaines essentiels à la vie du transport, du logement et de la nourriture
[4] Il s’agit en fait d’un oxymore car ces réformes ont justement pour objet l’individuation radicale et la destruction de tout ce qui fait société. Le terme sociétal est destiné à faire oublier qu’à droite comme à gauche on a abandonné le social : parce que la gauche a abandonné le peuple et parce que la droite réduit le social à l’humanitaire et à la philanthropie)
[5]« Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison», affirmait d’ailleurs Daniel Cohn-Bendit après le vote pour le Brexit ; le Figaro du 5 juillet 2016
[6]La Société ouverte et ses ennemis, Karl Popper , 1945
[7] Comme l’écrit George Soros dans la société ouverte « la structure organique de la société a été désintégrée au point où ses atomes, les individus, flottent sans entraves » ; Soros et la société ouverte, Pierre-Antoine Plaquevent ; le Retour aux sources ; 2018 ; page 115
[9] Notamment le premier par Samuel Huntington dans son livre Qui sommes-nous, paru en 2004
[10] Il s’agit d’un phénomène que l’on rencontre partout, même aux Etats-Unis où le parti démocrate devient le parti des minorités ethniques, alors que les WASP votent en majorité pour le parti républicain
[11] En 2017 seule une minorité de Français a voté (Emmanuel Macron n’a été élu que par 43,6% des inscrits[11] et aux législatives de 2017, seuls 38,4% des Français ont voté) et la « majorité » parlementaire est en réalité minoritaire dans l’opinion et une part importante des votants n’est pas représentée du fait du régime électoral (ex avec 1,59 M de voix au second tour des législatives de 2017,le FN n’a que 8 élus, quand la France Insoumise a 17 élus avec 880 000 voix et le PC 10 élus avec …200 000 voix)
[12] La croissance démographique de la France immigrée est très rapide
[13] A noter cependant que les familles traditionnelles (catholiques en France) ont tendance à faire plus d’enfants que les bobos : leur poids spécifique tend donc à augmenter
[14] L’Education Nationale ayant abandonné toute transmission des savoirs, conformément aux souhaits de l’oligarchie