économie et finance - Page 322
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Politique & Éco n°196 – Charles Gave : »Autrefois, les élites se tenaient obligées, par honneur, de s’occuper des plus déshérités… »
L’économiste Charles Gave revient sur les causes du mouvement des Gilets Jaunes, explique comment la dette est devenue insupportable, propose plusieurs solutions pour sortir de l’ornière et montre pourquoi l’Italie peut faire voler l’UE en éclats. -
CSG : pourquoi les retraités devront payer… avant d’être remboursés
Malgré l’annulation de la hausse de la CSG annoncée par Emmanuel Macron, les retraités percevant moins de 2000 € devront continuer à payer le taux fort. Ils seront remboursés au plus tard le 1er juillet 2019.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? La maxime des Shadoks s’applique à merveilles à l’annulation de la hausse de la CSG (Contribution sociale généralisée) pour une partie des retraités. Tout paraissait pourtant, simple, il y a une semaine, lors de l’allocution d’Emmanuel Macron. « Pour ceux qui touchent moins de 2 000 € par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année (NDLR : à 8,3 % au lieu de 6,6 %). L’effort qui leur a été demandé était trop important et il n’était pas juste », avait lancé le président de la République à la télévision.
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Finances hors-sol, autoroutes vers l’enfer
C’est tellement énorme que c’est à se demander si ils ne le font pas exprès. Gilles Le Gendre, ci-devant président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, en remplacement du très controversé mutualiste socialiste Richard Ferrand (recasé au perchoir), s’est livré à une déclaration qui ne va pas arranger la cote de désamour de LREM. Sur l’antenne de la chaîne Public Sénat, invité de l’émission Territoires d’info, cet ex giscardien a tenté d’expliquer les réformes fiscales en cours du gouvernement. Elles auraient souffert d’un manque de pédagogie en direction des sans dents et autres Français trop abrutis pour comprendre les phares de la pensée de la Macronie . Au nombre des erreurs «dont nous portons tous la responsabilité, moi y compris,» explique-t-il, «c’est le fait d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat. » Subtilité et intelligence machiavéliques pour manipuler les foules qui poussent aujourd’hui LREM à espérer un liste de gilets jaunes aux européennes, afin d’affaiblir mécaniquement le score du RN en tête dans les intentions de vote. Et ce, sur la foi d’un sondage Ipsos commandé par LREM, paru dans Le JDD, qui indique qu’une telle liste permettrait au parti macroniste de recoller à l’opposition nationale en terme de suffrages. Invité avant-hier de l’émission Dimanche en Politique sur France 3, Richard Ferrand l’a dit clairement : « qu’ils (les gilets jaunes, NDLR) s’organisent, qu’ils fassent une plateforme de propositions et qu’ils aillent aux élections européennes, par exemple (sic) puisque c’est la prochaine échéance.» Outre les efforts de l’animateur/ millionaire/de gauche Cyril Hanouna pour être leur porte-parole raisonnable, et à part le botté Françis Lalanne qui a annoncé le lancement d’une liste « gilets jaunes », peut-on croire que le voeu de LREM sera entendu? Il parait assez difficile de l’affirmer. Les gilets jaunes mènent une lutte, une action transversale. Ils refusent par principe, et c’est là ce qui fait aussi leur force, de s’organiser en parti classique, il est douteux qu’ils puissent tomber dans le piège grossier de ceux qui veulent les faire rentrer dans le rang, les diviser, les soumettre, les embrigader.
Quel est d’ailleurs encore le poids de la parole des membres de la majorité présidentielle auprès des Français d’en bas, périphériques, périurbains, tant méprisés par les élites… avant de se rappeler à leur bon souvenir en réaffirmant de manière bruyante qu’ils étaient encore le peuple souverain majoritaire, chez eux en France ? Un nouveau sondage Odoxa pour France Inter, l’Express et la presse régionale pointe lui aussi la dégringolade du président de la république et du Premier ministre. Leurs cotes de popularité chutent de cinq points en un mois, pour s’établir respectivement à 27 % et 31 %, leur plus bas niveau depuis le début du quinquennat. Emmanuel Macron est toujours perçu comme le «président des riches» par 74% des personnes interrogées (+3) et seulement 33% des sondés (-16 points ! ) pensent désormais qu’il est «compétent», contre 67% d’une opinion inverse… C’est dans ce climat de dissidence avec l’oligarchie mondialiste que l’inénarrable Richard Ferrand exige que les gilets jaunes quittent les rond-points, tandis que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner appelait hier à la fin de la mobilisation.
Cela a plutôt eu pour effet d’attiser la colère des plus radicaux qui, hier, ont mis le feu à la gare du péage Vinci à Bandol (Var) qu’ils occupaient et dont ils avaient été plusieurs fois délogés par les forces de l’ordre. Une action qui est peut-être aussi la réponse de certains gilets jaunes au groupe Vinci qui venait d’annoncer son intention de faire payer, en les identifiant via ses caméras de surveillance, les automobilistes « qui n’ont pas pu s’acquitter de leur péage ». En effet, les sociétés d’autoroutes auraient accès au fichier des plaques d’immatriculation du ministère de l’Intérieur si l’on en croit France Info, rapporte également RT. Dans le contexte actuel, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a jugé aujourd’hui que ce voeu de Vinci était «très incongru».
Incongru? Oui, mais pas autant que le vol dont ont été victimes les Français avec la privatisation des autoroutes, politique de vente d’équipements payés par des générations de contribuables – barrages, autoroutes, aéroports…- à des groupes étrangers, qui ne se dément pas sous le règne de l’ex employé de la banque Rothschild.
Cette décision calamiteuse de privatiser les sociétés d’autoroute qui appartenaient à l’Etat - à l’exception de Cofiroute - , pour le plus grand plaisir des banquiers d’affaires qui sont passés à la caisse pour toucher de juteuses commissions, fut prise en 2006 par Jacques Chirac et son Premier ministre Dominique de Villepin. Elle a eu pour conséquence immédiate, rappelle Bruno Gollnisch, une flambée des tarifs pour les usagers, une situation dénoncée par la Cour des comptes en juillet 2013 et tout récemment par l’autorité gouvernementale (dont l’avis ne pèse donc pas???) en charge du contrôle des concessions autoroutières. Augmentations du ticket de péage au bénéfice exclusif (ce qui n’était pas la règle avant la privatisation) des actionnaires des groupes Abertis, Bouygues, Eiffage, Vinci…
Depuis cette date, les dividendes versés aux actionnaires ont été multipliés par dix , et ce sont environ 1,5 milliard de bénéfices qui ont été distribués au détriment des caisses de l’Etat. Un cas d’école en quelque sorte de l’absence de patriotisme économique de nos élites, ou à tout le moins, ce qui revient d’ailleurs au même, de leur impossibilité de se projeter dans le long terme d’une nation, préférant brader une activité autoroutière rentable pour l’Etat pour des recettes beaucoup plus faibles mais immédiates.
Alors ministre de l’Economie de François Hollande, Emmanuel Macron avait signé en 2015 un accord avec les sociétés d’autoroutes qui prévoyait notamment un allongement de la durée de concession et des hausses de tarifs s’étalant entre 2019 et 2023; tarifs qui se sont envolés significativement en 2017 puis de nouveau, depuis février dernier, de plus 0,87% à plus 2,04%. Mais pourquoi s’arrêter de taxer les automobilistes vaches à lait, pourquoi freiner le dépouillement de de nos Biens nationaux? Allant au devant des exigences de Bruxelles, il est désormais prévu la création d’une agence qui devrait regrouper à terme nos routes nationales, afin de faciliter leur privatisation…
Marine Le Pen le disait en 2014 et son propos est plus actuel que jamais: « Les Français ont déjà payé les autoroutes ! Je pense qu’il faudrait renationaliser les sociétés d’autoroutes. Les Français ont été victimes d’une très grave escroquerie. C’est monsieur de Villepin qui est à l’origine de cela… Les Français ont payé les autoroutes et, à partir du moment où elles devenaient rentables, elles ont été privatisées ! N’est pas merveilleux comme système ? C’est la communautarisation des coûts et des risques et la privatisation des profits et de la rentabilité! » Et bien oui, nos compatriotes en ont marre! Marre de cette caste qui joue systématiquement, par lâcheté, résignation, aveuglement ou, pire encore, par idéologie parfaitement assumée, contre les intérêts de la France et des Français.
https://gollnisch.com/2018/12/18/finances-hors-sol-autoroutes-vers-lenfer/
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Un proche de Macron financé par Moscou ?
On découvre cela dans le Point :
Un mois avant son limogeage, le gendarme de réserve a reçu sur son compte 294 000 euros de la part d’un oligarque russe, une somme qui fait tiquer Tracfin. Le salarié d’En marche !, mis en examen dans l’affaire Alexandre Benalla, est dans le collimateur. Vincent Crase, 45 ans, gendarme de réserve exclu depuis sa mise en cause le 19 juillet dans l’interpellation d’un manifestant place de la Contrescarpe, surveillait l’accès au palais de l’Élysée avec les policiers de la direction de l’ordre public et de la circulation et les gendarmes de la compagnie de sécurité de la présidence de la République. Mais l’ambitieux Vincent Crase ne se contente pas de son statut d’employé. Il a également créé Mars conseil, une PME de conciergerie de luxe chargée de fournir des prestations à des gens fortunés, comme un chauffeur ou du personnel de sécurité. Une société sans grande activité jusqu’à son limogeage de l’Élysée et d’En marche ! en juillet.
Pourtant, un mois avant, Mars conseil signe un contrat de 294 000 euros avec Iskander Makhmudov pour la protection de l’oligarque russe et celle de ses enfants. Makhmudov est l’un des actionnaires de Kalashnikov, la célèbre marque de fusil-mitrailleur, et considéré comme un proche de Vladimir Poutine. Forbes le classe au 22e rang des fortunes russes. Des médias étrangers le présentent comme un mafieux bien qu’il n’ait fait l’objet d’aucune condamnation en Europe à ce jour. Virée en juin sur le compte en banque de Vincent Crase, la somme a fait tiquer Tracfin, l’organisme anti-blanchiment de capitaux du ministère de l’Économie et des Finances.
https://www.lesalonbeige.fr/un-proche-de-macron-finance-par-moscou/
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Gilets jaunes : le mouvement perd du terrain mais gagne en maturité
FRANCE (NOVOpress avec le bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) :
La mobilisation est restée très forte samedi dernier pour l’acte V des Gilets jaunes, malgré les intempéries et les sournoises pressions du pouvoir pour empêcher les gens de manifester.Si à Paris la participation était en baisse, la pression ne s’est pas relâchée dans les grandes villes de province. L’impressionnant dispositif policier dans le quartier de l’Élysée avait été reconduit à l’identique et les Gilets jaunes se sont une nouvelle fois approprié les Champs-Élysées. Le rassemblement devant l’Opéra a permis de mettre en avant des revendications plus politiques, comme le RIC, le recours au référendum d’initiative citoyenne, la lutte contre le terrorisme islamique ou le rejet du pacte de Marrakech.
Les débordements semblent avoir été moins nombreux ?Quelques affrontements ont eu lieu aux Halles et vers l’Opéra, mais contrairement au 8 décembre, les grands magasins gardés par des CRS sont restés ouverts. A noter que la journaliste Nadège Abderrazak de RT France a été blessée par une poignée de porte, qui a priori ne lui était pas destinée. A ce propos, vingt-quatre photographes et journalistes ont porté plainte contre les forces de l’ordre pour des violences commises le 8 décembre : parmi eux Yann Foreix du Parisien, victime d’une balle de défense LBD 40 tirée à 2 mètres, Eric Dessons du Journal du Dimanche frappé par une matraque télescopique pour l’empêcher de photographier, ou encore Véronique de Viguerie du Washington Post qui s’est vue confisquer son matériel de protection : un casque et un masque à gaz ! L’Union des photographes professionnels, le Syndicat national des journalistes et Reporters sans Frontières se sont constitués partie civile dans ces actions en justice.
Et quelles ont été les réactions à l’acte V des Gilets jaunes ?
Le pouvoir tablait sur un affadissement du mouvement, avec la complicité de responsables politiques comme Laurent Wauquiez ou Alain Juppé qui ont ouvertement appelé à cesser le mouvement. Même Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste a préféré rejoindre la manifestation de soutien aux sans-papiers, plutôt que de soutenir les Gilets jaunes. Il est vrai que les dégradations des 1er et du 8 décembre ont fait désordre, ce qui laisse à penser que les casseurs ont peut-être été les meilleurs alliés du pouvoir. A noter la prise de position très fantaisiste de Jacques Noyer, ancien évêque d’Amiens qui a été jusqu’à dire que les Gilets jaunes ne méritaient pas de fêter Noël !
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Edition Spéciale Gilets Jaunes – Journal du 17 décembre 2018
Société / Gilets jaunes : le bras de fer se poursuit
Après cinq samedis de mobilisations, des répressions fortes et divers chantages de l’exécutif, le mouvement baisse de régime… En région, la mobilisation se maintient davantage, malgré les coups de pression du pouvoir qui espère voir poindre la fin du casse-tête.
Société / Le RIC : quésako ?
Il s’est imposé dans le débat et dans la liste des mesures réclamées par les gilets jaunes, le référendum d’initiative citoyenne. De quoi s’agit-il? Est-ce une demande réaliste ? Réponse dans cette édition.
Social / Smic et primes d’activité, la goutte d’eau qui plombe
L’actualité en bref
https://www.tvlibertes.com/edition-speciale-gilets-jaunes-journal-du-17-decembre-2018?is_wppwa=true
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Gilets Jaunes Acte 5 : Course-poursuite avec la police et la gendarmerie dans Paris.
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Acte V : moins de monde, mais l’incendie a pris et on est loin du dénouement
Le féru de littérature qu’est Emmanuel Macron peut espérer qu’avec cet acte V, la tragédie des gilets jaunes est terminée. N’est-il pas intervenu, lundi soir, tel un deus ex machina tombé de l’Olympe, pour apporter la clef du dénouement ? Christophe Castaner, qui passe ses journées en travelling permanent en train de saluer des policiers et des CRS, peut aussi lui fournir les chiffres : nettement moins de manifestants. La scène semble se vider. Et l’on sent le pouvoir pressé de tourner la page. Marlène Schiappa piaffe dans les coulisses avec impatience pour reprendre le cours normal du quinquennat. N’est-il pas temps de parler PMA pour lancer la tendance des discussions du réveillon ?
Le pouvoir se trompe. Cette révolution n’obéit ni aux règles de la tragédie classique ni au fonctionnement d’un mouvement social traditionnel. C’était vrai pour ses origines et son explosion, en dehors de tout cadre politique ou syndical ; ça l’est aussi pour sa phase de conclusion.
Certes, la mobilisation est en nette décrue, notamment à Paris. Mais c’était attendu. Annonces du Président, consignes de leaders appelant à ne pas aller à Paris, coût du voyage, contrôles dissuasifs, conscience de l’épuisement des forces de l’ordre ont freiné les ardeurs. Mais le plus étonnant, et qui devrait inquiéter le pouvoir, c’est que, malgré tout cela, il y ait encore un mouvement, des manifestations et, aussi, des heurts, une réelle tension, comme on a pu le voir à Bordeaux, à Besançon, à Nantes mais aussi à Paris.
Alors, pourquoi la persistance de ce mouvement ? Une seule explication : c’est une révolution, et pas seulement un mouvement social. Or, Emmanuel Macron ne peut ou ne veut le comprendre et ne l’a pas traitée depuis le début comme telle. À une exception près : la répression, qui ressemble bien à celle que les pouvoirs menacés réservent aux contestations sérieuses. L’Histoire retiendra qu’en décembre 2018, les centres-villes de Bordeaux et de Toulouse étaient noyés sous les gaz lacrymogènes, et certaines rues, comme la rue de Metz à Toulouse, interdites par des blindés de la gendarmerie. Des images, une atmosphère…
Révolution, ce mouvement l’est par l’ampleur des revendications, de la remise en cause demandées. Il l’est aussi par sa dispersion sur tout le territoire et son fort ancrage provincial. Il l’est encore par sa violence, verbale et physique, comme on a encore pu le voir ce samedi. Il l’est, enfin et surtout, par son émanation véritablement populaire. Que ceux qui ne l’ont pas encore compris lisent le reportage de Florence Aubenas dans Le Monde ou l’édito de Didier Maïsto, « Je suis vulgaire comme un gilet jaune », sur Lyon Capitale.
Les mesures de lundi ne pouvaient l’éteindre car elles faisaient l’impasse sur un aspect fondamental de la révolte : sa dimension politique. Cela a été dit et redit : Emmanuel Macron était la seule cible de ce mouvement. Or, le Président n’a accordé aucune réponse politique. Il a parlé argent, répondant en partie aux réelles angoisses de fins de mois. On constate que cette dimension politique s’exacerbe et se focalise sur le « référendum d’initiative citoyenne », ce fameux RIC que tous les gilets jaunes ont à la bouche. Emmanuel Macron traite cette révolution avec sa grille de lecture de banquier : il pense et parle RIB. Les gilets jaunes lui répondent RIC. En éludant, pour l’instant, cette composante de la révolte, il prend le risque de la laisser prospérer à feu doux et s’expose à devoir lâcher politiquement, un jour, beaucoup plus que s’il avait concédé une initiative politique (référendum, dissolution, changement de Premier ministre). Il croira avoir éteint l’incendie. Il continuera de couver.
Un ancien président de la République vient de livrer son analyse :
« Il y a un mouvement qui a duré déjà longtemps et qui doit trouver, je pense, son dénouement, et c’est ce que beaucoup espèrent, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas dans l’avenir, s’il y a d’autres raisons, des mouvements qui se lèveront. […] Maintenant, il y a d’autres frustrations, d’autres colères. »
Pour une fois, François Hollande a vu juste. Quelle humiliation supplémentaire pour Emmanuel Macron…
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Jacques Myard a raison : Les gilets jaunes, une crise politique ? Non, une crise structurelle, une crise de régime !
Un article où Jacques Myard frappe fort - mais juste, à son habitude. Il a malheureusement raison ; ses diagnostics sont exacts. [Boulevard Voltaire, 13.12].
La crise des gilets jaunes a surpris et étonné nombre d’observateurs et de politiques ; toutefois, certains (dont je suis) ont toujours annoncé que la politique de Bruxelles et de la BCE de Francfort nous menait dans une impasse.
Une crise structurelle
La France est dans la zone euro et les Français y sont attachés : c’est, en quelque sorte, un acte de foi, de nature quasi religieuse. Il est possible que cela change, mais il est certain, aujourd’hui, qu’aucun gouvernement européen ne prendra l’initiative de sortir de la zone euro. Ce qui ne signifie pas que la monnaie unique ne soit pas aujourd’hui menacée car une monnaie unique comme l’euro, c’est :
– l’impossibilité d’avoir une politique monétaire adaptée à chaque économie nationale, dont certaines peuvent connaître une surchauffe, d’autres stagner ;
– le taux externe de la monnaie unique, notamment vis-à-vis du dollar américain, est le résultat essentiellement de l’économie dominante allemande dont les surplus commerciaux tirent l’euro vers le haut. L’euro surévalué est alors un sérieux handicap pour les exportations de la France ;
– l’impossibilité de dévaluer pour retrouver de la compétitivité ; dès lors, il est jugé préférable de « se serrer la ceinture » et de faire des coupes radicales dans les dépenses, à charge pour le peuple de le comprendre… afin de respecter les fameux 3 % de déficit budgétaire.
Cela s’appelle la dévaluation interne, politique que la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie ont été obligés de mettre en œuvre pour réduire leurs déficits budgétaires et, à un moindre degré, la France.
Le gouvernement Hollande puis Macron ont mis en œuvre cette dévaluation interne en bloquant les salaires de la fonction publique, en réduisant les allocations familiales, les pensions et les allocations vieillesse, et les investissements.
Cette politique a entraîné une récession économique sans pareille puisque l’Italie, aujourd’hui, n’a toujours pas retrouvé son PIB de 2008 et elle a provoqué des mouvements sociaux importants ainsi que l’arrivée au pouvoir d’une coalition qu’Emmanuel Macron qualifie de populiste.
En décidant d’augmenter le SMIC, de défiscaliser les heures supplémentaires, de supprimer la hausse des carburants – laquelle devait compenser la suppression de la taxe d’habitation -, de supprimer la hausse de la CSG pour les revenus inférieurs à 2.000 euros, Emmanuel Macron prend le contre-pied de ses choix européens antérieurs et va à Canossa devant la révolte populaire ; il « lâche » 10 milliards d’euros pour calmer le jeu.
À cela, il faut ajouter l’interdiction, pour les banques centrales, de financer les États (traité de Maastricht), d’où des dettes souveraines colossales et l’atonie complète des investissements !
Une crise politique
Certains ministres doivent se sentir légèrement embarrassés à la suite des décisions du président de la République : l’un a souhaité que l’on rétablisse l’ISF, l’autre a fustigé la hausse du SMIC qui détruit des emplois, et le Premier ministre défend la fiscalité écologique avant d’être désavoué quelques heures après…
Une crise de régime
Mais le problème majeur révélé par cette crise est la défiance, pour ne pas dire le rejet, du président de la République dont l’image, malgré un acte de contrition et de repentance unique de la part d’un président de la République, est brisée. Sa crédibilité est fortement mise à mal et semble irrémédiablement compromise. À travers sa personne, c’est le char de l’État qui s’embourbe.
Mais Emmanuel Macron doit se garder d’oublier, dans le calme précaire revenu, la résolution qu’il a prise pendant la tempête de changer son action, car la tempête risque de gronder encore plus fort s’il n’y a pas un changement radical de politique économique ; loin, très loin de l’idéologie de Bruxelles !
À suivre…
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Gilets jaunes : aperçu des mobilisations en province