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économie et finance - Page 408

  • La gabegie hospitalière française, par Francis Bergeron

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    9015-20171223.jpgLa nouvelle est tombée alors que personne ne s’y attendait vraiment : le secteur hospitalier public, qui avait perdu 460 millions d’euros en 2016, s’attend à perdre cette année 1,5 milliard d’euros, alors que chacun pariait sur une stagnation voire un reflux des pertes.

    Le budget annuel du secteur hospitalier étant de 200 milliards, cette perte de 1,5 milliard n’en représente qu’une fraction assez modeste. Mais à y regarder de plus près, la situation est sérieuse, car elle traduit une tendance lourde. Les charges des hôpitaux sont en augmentation de 3 % par an, alors que le budget, principalement constitué de dotations publiques, n’augmentera que de 2,3 %. Cela signifie tout simplement que ce déficit, qui a triplé en un an, pourrait tripler chaque année. Si rien n’est fait, c’est notre système de santé tout entier qui s’effondrera. Or ledit système se veut la vitrine de l’exception française, l’héritage de 1945.

    La gauche, qui a avalé tant de couleuvres ces derniers mois, n’acceptera jamais une réforme de fond. On peut donc s’attendre à une remobilisation sur le thème, toujours populaire, de la défense de la santé, si le gouvernement se lance dans la réforme de fond impérative. Mais si Macron ne fait rien ou se contente d’un replâtrage, c’est tout son discours, toute l’approche « experte » de son équipe qui en sortira discréditée. Et l’appel au renflouement permanent de ce secteur risquerait en outre de contribuer à un étouffement de la reprise.

    De quoi souffre le secteur de la santé, énorme pilier du secteur public ? De plusieurs maux qui méritent d’être rappelés ici. Il y a d’abord et avant tout l’empilement des réformes. Le diagnostic sur l’état de santé… de notre système de santé, tous les gouvernements successifs l’ont fait, depuis une trentaine d’années. Mais il faut bien reconnaître qu’ont souvent été casés à la tête du ministère de la Santé, sous des gouvernements de gauche ou de droite, d’ailleurs, les pires politiciens de la Ve République. Il suffit de les nommer. Jack Ralite ! Bernard Kouchner ! Simone Veil ! Martine Aubry ! Roselyne Bachelot ! Marisol Touraine !

    La fin de l’avortement gratuit ?

    Chacun d’eux a voulu « sa » réforme. Mais à la réformite aigüe s’est ajouté le manque de continuité. Des mesures catégorielles non financées étaient annoncées, et sont à présent portées comme des boulets.

    Une réforme de fond du système de santé doit être portée par de vrais experts et s’inscrire dans la durée. Il faut en finir avec les mesures catégorielles, avec les 35 heures à l’hôpital, avec l’accès aux soins gratuit pour les clandestins, avec la prise en charge de l’avortement. Mais vous voyez que l’on touche là à de terribles tabous. On a du mal à penser qu’une Agnès Buzyn (l’actuelle nouvelle ministre de la Santé) aura les reins assez solides pour mener une telle réforme. Et malgré les nécessités financières, ne parions pas trop sur la fin du remboursement des avortements, quand on sait que madame Buzyn est l’ex-belle fille de Simone Veil.

    Francis Bergeron

    Article repris du quotidien Présent

  • La gabegie hospitalière française, par Francis Bergeron

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    9012-20171220.jpgLa nouvelle est tombée alors que personne ne s’y attendait vraiment : le secteur hospitalier public, qui avait perdu 460 millions d’euros en 2016, s’attend à perdre cette année 1,5 milliard d’euros, alors que chacun pariait sur une stagnation voire un reflux des pertes.

    Le budget annuel du secteur hospitalier étant de 200 milliards, cette perte de 1,5 milliard n’en représente qu’une fraction assez modeste. Mais à y regarder de plus près, la situation est sérieuse, car elle traduit une tendance lourde. Les charges des hôpitaux sont en augmentation de 3 % par an, alors que le budget, principalement constitué de dotations publiques, n’augmentera que de 2,3 %. Cela signifie tout simplement que ce déficit, qui a triplé en un an, pourrait tripler chaque année. Si rien n’est fait, c’est notre système de santé tout entier qui s’effondrera. Or ledit système se veut la vitrine de l’exception française, l’héritage de 1945.

    La gauche, qui a avalé tant de couleuvres ces derniers mois, n’acceptera jamais une réforme de fond. On peut donc s’attendre à une remobilisation sur le thème, toujours populaire, de la défense de la santé, si le gouvernement se lance dans la réforme de fond impérative. Mais si Macron ne fait rien ou se contente d’un replâtrage, c’est tout son discours, toute l’approche « experte » de son équipe qui en sortira discréditée. Et l’appel au renflouement permanent de ce secteur risquerait en outre de contribuer à un étouffement de la reprise.

    De quoi souffre le secteur de la santé, énorme pilier du secteur public ? De plusieurs maux qui méritent d’être rappelés ici. Il y a d’abord et avant tout l’empilement des réformes. Le diagnostic sur l’état de santé… de notre système de santé, tous les gouvernements successifs l’ont fait, depuis une trentaine d’années. Mais il faut bien reconnaître qu’ont souvent été casés à la tête du ministère de la Santé, sous des gouvernements de gauche ou de droite, d’ailleurs, les pires politiciens de la Ve République. Il suffit de les nommer. Jack Ralite ! Bernard Kouchner ! Simone Veil ! Martine Aubry ! Roselyne Bachelot ! Marisol Touraine !

    La fin de l’avortement gratuit ?

    Chacun d’eux a voulu « sa » réforme. Mais à la réformite aigüe s’est ajouté le manque de continuité. Des mesures catégorielles non financées étaient annoncées, et sont à présent portées comme des boulets.

    Une réforme de fond du système de santé doit être portée par de vrais experts et s’inscrire dans la durée. Il faut en finir avec les mesures catégorielles, avec les 35 heures à l’hôpital, avec l’accès aux soins gratuit pour les clandestins, avec la prise en charge de l’avortement. Mais vous voyez que l’on touche là à de terribles tabous. On a du mal à penser qu’une Agnès Buzyn (l’actuelle nouvelle ministre de la Santé) aura les reins assez solides pour mener une telle réforme. Et malgré les nécessités financières, ne parions pas trop sur la fin du remboursement des avortements, quand on sait que madame Buzyn est l’ex-belle fille de Simone Veil.

    Francis Bergeron

    Article repris du quotidien Présent

    https://fr.novopress.info/

  • MONNAIE ET POUVOIR, LA MONNAIE, UN ENJEU GÉOPOLITIQUE (février 2016)

    Le 25 décembre, sur TV Libertés, Olivier Pichon et Jean-Christophe Mounicq ont reçu Ludovic Greiling, journaliste, ancien collaborateur du Revenu français, spécialisé dans l'économie des grandes entreprises. Il travaille dans différents journaux, nationaux et internationaux ainsi qu'à Politique Magazine. [www.politiquemagazine.fr]

    L'émission consiste en 40 minutes d'un entretien tout à fait remarquable et passionnant bien qu'il aborde un domaine considéré comme complexe, ardu et généralement mal connu. Ludovic Greiling a ici le mérite de le faire découvrir, avec simplicité, élégance et clarté. Et de faire toucher du doigt qu'il s'agit là d'un grand sujet éminemment géopolitique.

    Cet entretien est une réalisation de TV Libertés, à qui, d'ailleurs, il convient de rendre hommage au passage pour l'excellente qualité de ses émissions. Il va sans dire que nous recommandons de suivre les programmes de cette excellente chaîne de télévision.  LFAR  

     

    La présentation de TV Libertés

    Olivier Pichon et Jean-Christophe Mounicq reçoivent Ludovic Greiling journaliste pour son livre Monnaie et pouvoir, les dessous du système bancaire et des crises financières, éditions APOPSIX. 

    1ère partie : Actualité économique : la guerre monétaire (article de Politique Magazine).

    - La vraie question n’est pas le taux de change mais avec quoi achetons-nous ? Toutes les monnaies sont dérivées du dollar.
    - La Chine et la Russie sont entrées en guerre monétaire, feutrée pour la première ouverte pour la seconde.
    - La monnaie est un enjeu géopolitique JC Trichet l’ex président de la BCE : « le processus européen et un processus politique ».
    - Comment les fonds américains profitent du recyclage des $ aux USA.

    2ème partie : Le livre : Monnaie et Pouvoir. La monnaie si proche et si lointaine.

    - Retour sur la crise de 2008 quand le marché de la dette s’est arrêté.
    - La monnaie sans contrepartie, dématérialisation et centralisation.
    - Qui en profite ? L’oligarchie financière et la puissance publique.
    - L’impôt gage de la dette, les bienfaits vénéneux des déficits.
    - L’or toujours plus fort 2400 tonnes pour la France et 600 vendues par Sarkozy.

    3ème partie : L’euro, un $ européen.

    -  Une monnaie oligarchique : le rêve d’un état central.
    -  Quand les Etats freinent les euros obligations.
    -  Le cas de la Grèce : irrévocable euro !
    - Les monnaies alternatives, monnaies « privées » bitcoin, Euskos…la liberté monétaire interdite. 

    TV Libertés  (Site recommandé)

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/02/02/monnaie-et-pouvoir-la-monnaie-un-enjeu-geopolitique-5753669.html

  • La France a-t-elle définitivement perdu le contrôle de son industrie ?

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    Alstom, un cas exemplaire de la guerre industrielle. AFP 

    ANALYSE - Le gouvernement a annoncé vouloir céder pour dix milliards d'euros de participations de l'Etat, y compris dans des entreprises stratégiques. Ludovic Greiling analyse les facteurs de la désindustrialisation de la France [Figarovox, 14.12]. Les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien Ludovic Greiling dont nous avons publié différents articles en tant que collaborateur de Politique Magazine ainsi qu'un entretien donné sur TV Libertés.   LFAR  

    « Mauvaise gestion », « charges trop élevées », « concurrence internationale »… Il est commun d'invoquer ces facteurs pour expliquer la désindustrialisation brutale que le pays a connue ces quarante dernières années. En revanche, la guerre industrielle féroce à laquelle se livrent les puissances pour contrôler le capital des entreprises concurrentes n'est jamais évoquée. Cette guerre explique pourtant les difficultés de nos compagnies de pointe et la perte progressive de savoirs-faire pratiqués sur le territoire français. 

    Le gouvernement l'a annoncé : il veut céder pour dix milliards d'euros de participations de l'Etat, y compris dans des entreprises stratégiques. Par exemple, des discussions sont en cours pour fusionner certaines activités entre l'italien Fincantieri - en voie de privatisation - et le bijou qu'est la Direction des constructions navales (renommé Naval group) - qui vient de remporter un contrat géant en Australie pour la construction de sous-marins. La conséquence à long terme de ce genre d'opérations ? Rien de moins qu'une perte de contrôle de l'entité, suivi du transfert de brevets, de bureaux d'étude et de chaînes de montage.

    Alstom est un cas exemplaire de la guerre industrielle. Le site historique de fabrication des trains et des équipements énergétiques du groupe, à Belfort, pourrait fermer dans les prochaines années. Ces chaines de production employaient 8500 salariés au pic des années 70, contre 500 personnes aujourd'hui. « On perd tout ici, petit à petit, la recherche d'Alstom s'est envolée depuis longtemps, la technique s'en va par petits bouts…» expliquait un habitant dans la presse nationale lors de manifestations tenues l'an dernier.

    Un événement anodin dans un « monde globalisé » ? Non. Car Alstom n'est pas n'importe qui. Ses turbines thermiques équipent la moitié des centrales nucléaires de la planète et un quart des barrages hydroélectriques. La compagnie est également capable de fournir l'ensemble des équipements électriques d'une usine à charbon, ou de fabriquer les trains les plus rapides au monde. Un avantage stratégique majeur qui a aiguisé des appétits.

    Attaques au capital, changement des conseils d'administration

    Fusions, scissions, ventes d'actifs : à partir de la privatisation progressive entreprise il y a vingt-cinq ans, Alstom a souffert des mouvements incessants des fonds étrangers à son capital. Par la suite, le groupe a été visé par la Commission européenne : en contrepartie d'une aide de l'Etat français en 2003, Bruxelles imposait la cession de deux de ses fleurons au bénéfice de la concurrence, les activités de turbines industrielles (à l'allemand Siemens) et la filiale spécialisée dans la conversion d'électricité (à la banque britannique Barclays, qui la vendra ensuite à l'américain General Electric). Entre 2002 et 2005, le chiffre d'affaires d'Alstom a été divisé par deux.

    Dix ans plus tard, c'est un conseil d'administration remanié par le PDG Patrick Kron et désormais dominé par des intérêts anglo-saxons qui achevait l'ancien joyau de la période gaulliste. En 2014, il annonçait contre toute attente la vente des actifs et des brevets de la très stratégique division énergie d'Alstom. Le bénéficiaire ? Le concurrent américain General Electric, encore une fois. Deux mois après la reprise des activités françaises, le nouveau propriétaire annonçait la suppression de 800 emplois sur le territoire national et des rumeurs faisaient état du possible rapatriement des bureaux d'étude aux Etats-Unis.

    En ce mois d'octobre 2017, c'est la vente de la branche transports à Siemens qui est annoncée. Le démantèlement par les concurrents est presque achevé. Il aura pris vingt ans.

    Des technologies maitrisées par peu d'acteurs dans le monde

    On l'oublie trop souvent : les technologies qui permettent aujourd'hui de produire de l'électricité, d'utiliser des transports modernes ou encore de fabriquer des avions, sont maitrisées par un nombre très faible d'acteurs. La Chine et la Russie ont dû attendre la fin d'année 2016 pour annoncer le lancement prochain d'un avion civil longue ligne performant. D'ici à sa mise en exploitation, ces deux puissances seront dépendantes du bon vouloir d'Airbus et de Boeing pour réaliser l'espace eurasiatique de leurs rêves…

    La France a jadis su développer d'extraordinaires capacités techniques. Elles ont en partie donné au pays son indépendance diplomatique, économique et militaire. Elles lui ont ouvert la possibilité de discuter et d'échanger avec les pays de son choix, malgré le poids des empires soviétique et américain.

    Mais ces capacités ont aussi aiguisé les appétits des concurrents. Ces derniers ont profité d'un long passage à vide politique, et du dogme assez récent de la liberté totale de circulation des capitaux.

    Les fonds étrangers contrôlent aujourd'hui 50% du capital du CAC 40, selon la Banque de France, contre 25% il y a vingt ans. Ces derniers, le plus souvent américains (et non chinois), placent leurs hommes dans les conseils d'administration et les directions. Dans un contexte de vide politique, comment résister face à un fonds comme Blackrock, dont les encours sous gestion sont deux fois supérieurs à la capitalisation totale des quarante plus grandes valeurs françaises ?

    Alstom n'est pas un cas isolé. C'est par une attaque soudaine au capital, alliée à une intense opération de propagande et au soutien du premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker (futur président de la Commission européenne), que le sidérurgiste haut de gamme Arcelor a été avalé par un acteur indien inconnu en 2006. Le nouveau groupe, lourdement endetté auprès des banques américaines suite à l'OPA, a, depuis, fermé ou cédé une partie des ses meilleures usines européennes.

    C'est grâce à leur participation dans Airbus (ex EADS) que les Allemands ont rapatrié sur leur territoire la filiale militaire de la compagnie européenne. Pourtant, ces activités sont issues en majorité de l'entreprise française Matra-Aérospatiale et du savoir-faire de la Direction générale pour l'armement.

    Transfert des brevets et des usines

    C'est en entrant au capital de Safran que les fonds germano-américains y ont placé à sa tête leur propre représentant, tandis que la direction générale est désormais pénétrée par des représentants de l'Otan. Là encore, les principales mouvances au pouvoir en France ont favorisé la braderie du spécialiste de la défense et des moteurs d'avion : Safran est issu d'une fusion forcée par Nicolas Sarkozy entre la compagnie publique Snecma et la Sagem, et l'Etat a ensuite cédé, sous François Hollande, une grande partie du capital qu'il détenait encore. L'entreprise devrait faire partie des ventes de participations voulues par Emmanuel Macron.

    La liste est longue. Péchiney, Peugeot, Schneider Electric, Véolia ou Alcatel ont subi à des degrés divers la guerre industrielle par des prises d'intérêts dans leur capital. Et le phénomène touche aujourd'hui le secteur énergétique.

    A quelques millions d'euros près, l'ex ministre Michel Sapin avait discrètement fait passer l'Etat français sous le seuil qui lui assurait une minorité de blocage dans GDF Suez, le plus gros distributeur de gaz en Europe de l'Ouest. Et le gouvernement Philippe vient d'annoncer la cession supplémentaire de 4% du capital dans une procédure accélérée. EDF risque quant à lui une « faillite », selon les syndicats du groupe, qui dénoncent « les mauvais choix industriels et économiques mis en œuvre de façon zélée par le gouvernement sous le regard de l'Europe ». Spécialiste mondial incontesté de l'électricité nucléaire, un secteur maitrisé par de très rares acteurs dans le monde, EDF devrait prochainement ouvrir son capital aux fonds étrangers. Sous la pression de l'ancien banquier d'affaires Emmanuel Macron, l'ancien gouvernement avait en effet obligé la compagnie publique à accomplir un projet d'investissement de plus de 20 milliards de livres en Angleterre, un montant supérieur aux fonds propres du groupe… Pour préparer le terrain, il avait brutalement changé les statuts légaux d'EDF il y a deux ans et remanié le conseil d'administration. Cherche-t-il à lever des fonds facilement en vendant le capital d'EDF ? Pas sûr, car la compagnie publique rapporte à l'Etat deux milliards d'euros par an en dividendes. Dès lors, pourquoi céder EDF  ?

    Difficile, quand l'on parle de guerre industrielle, de ne pas évoquer le cas révélateur de Gemalto. Véritable « protecteur numérique des identités » (passeports biométriques, transactions bancaires, télécommunications 4G et 5G), l'entreprise cotée au CAC 40 capterait entre 60% et 80% du marché mondial de la carte à puces.

    Problème : le groupe issu du français Gemplus n'a plus grand-chose de tricolore. En 1999, le fonds américain Texas Pacific Group (TPG) - d'apparence anodine - tentait une première approche. Refoulé deux fois par le directeur général de Gemplus, il décidait alors de mener des négociations discrètes avec l'actionnaire minoritaire Marc Lassus, lequel accepta qu'il prenne 26% du capital. En contrepartie de l'investissement, TPG obtenait de déplacer le siège social au Luxembourg et de nommer la moitié du conseil d'administration. Dès 2001, les fondateurs de Gemplus comprenaient que la volonté des Américains était de transférer aux Etats-Unis les précieux brevets déposés dans la sécurité numérique. Une guerre d'actionnaires s'ensuivit, qui se termina par l'éviction des dirigeants historiques de Gemplus du conseil d'administration! En 2002, TPG plaçait à la tête du groupe français Alex Mandl, un haut responsable du géant américain des télécommunications AT&T. L'homme était également administrateur de In-Q-Tel, le fond de capital-risque crée par la CIA dix ans plus tôt pour capter les technologies les plus avancées… Il est encore aujourd'hui à la tête de l'entreprise.

    La guerre industrielle est-elle perdue ? Non. Toutes les chaînes de production contenant du savoir-faire à haute valeur ajoutée n'ont pas été fermées, et le pays possède des écoles industrielles de pointe. « Les ingénieurs américains ne nous impressionnent pas du tout. Car nous avons en France les meilleurs ingénieurs du monde. Cela fait partie de notre culture », confiait récemment un cadre d'un important industriel de l'armement. Tout peut être construit en temps et en heure pour qui souhaite ne pas se placer dans la dépendance de l'ailleurs.   

    Ludovic Greiling est journaliste. Ancien collaborateur du Revenu français, spécialisé dans l'économie et les grandes entreprises, il travaille aujourd'hui pour différents journaux français et internationaux. Il est l'auteur de Monnaie et pouvoir (éd. Apopsix, 2015).

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • L'aéroport Notre-Dame-des-Landes, projet inutile et dangereux.

    Revoici, une fois encore, le dossier de Notre-Dame-des-Landes... Le rapport remis au Premier ministre ce mercredi ne tranche pas exactement pour l'une ou l'autre des solutions (soit la construction du nouvel aéroport nantais, soit l'aménagement de l'actuel), et ce n'était pas son rôle car c'est celui du Président de la République de prendre la décision finale. Souhaitons que celle-ci, forcément clivante et désagréable pour l'une ou l'autre des parties engagées dans le débat, prenne en compte les enjeux environnementaux et la nécessité d'en finir avec une politique et une économie du tout-béton qui n'est plus, à l'heure actuelle, ni viable ni même acceptable au regard de nos paysages et de leur aménagement.

    Dans cette affaire, je me suis toujours trouvé, en tant que militant royaliste et traditionaliste critique, dans le camp des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, camp effectivement très hétérogène dont certains ne veulent voir et reconnaître que les fameux « zadistes », devenus l'obsession d'une Droite et d'une Gauche, toutes deux libérales, qui, en bien d'autres lieux et envers d'autres groupes autrement plus dangereux (y compris idéologiquement), sont beaucoup plus « prudents », pour ne pas dire lâches... Hypocrisie d'un système politicien qui se cherche des ennemis pour éviter de se confronter à ses propres contradictions et à la paresse de son idéologie dominante, fondée sur la mondialisation, la métropolisation et la société de consommation. Ne sont-ce pas, d'ailleurs, ces mêmes « Messieurs » de Nantes et de Loire-Atlantique qui sont à l'origine d'un plan de circulation autour de la ville qui laisse pourtant largement à désirer, comme peuvent le constater les automobilistes du matin, du soir et des périodes vacancières, et qui militent pour un aéroport dont les accès « rapides » ne sont même pas pensés et encore moins financés ? Il y aurait beaucoup à dire sur ce qui apparaît, non comme une maladresse, mais bien comme une inconséquence de la part de notables qui raisonnent en hommes d'un monde fondé sur les énergies fossiles quand il faut réfléchir à celui qui saura s'en passer... La courte vue de ces politiciens républicains et socialistes peut-elle vraiment surprendre quand on connaît les arcanes de la « société de connivence » que dénonçait jadis un certain Philippe de Villiers, et que l'on sait l'absence de prise en compte du « temps long » (ce temps qui n'obéit pas aux seules oukases de l’Économie et aux nécessités du calendrier électoral) par les « élites » autoproclamées du Pays légal ?

    Que la Droite (une certaine Droite en fait...) soit la plus acharnée, contre sa tradition profonde et sa propre histoire, à défendre le projet d'un aéroport qui sera une verrue polluante de béton et de verre au milieu de ce qui reste d'une campagne de plus en plus étrangère à sa propre vocation, nourricière et accueillante aux hommes qui savent la respecter et lui obéir pour mieux lui commander, selon la formule de Bacon, voici bien une des absurdités de ce monde contemporain enivré de sa propre suffisance et des abus qui le font « vivre » ! Que le catholique Retailleau oublie les leçons de l'encyclique Laudato Si' et préfère la Sainte Économie au message de la Sainte Église sur la question environnementale en dit long sur les errements de la Droite qui se veut « moderne » à défaut d'être enracinée et « durable »...

    Dans l'édition du Figaro de ce matin, Philippe de Villiers, fondateur et promoteur du parc à thème du Puy-du-Fou, et retraité (actif) de la politique, dénonce le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec des arguments qui peuvent même faire réfléchir ceux qui pensent en termes purement économiques : «C'est un projet des années 1960 qui est complètement obsolète. A l'époque on pensait que les lignes transcontinentales viendraient se poser sur des plateformes régionales. Or on constate qu'aujourd'hui les low-costs, qui sont ultrasensibles au surcoût aéroportuaire, ne voudront jamais s'installer à Notre-Dame-des-Landes. Les lignes transcontinentales qui font rêver les propagandistes du nouvel aéroport ne viendront jamais là-bas, pas plus qu'elles n'iront à Lyon ou à Nice. C'est un projet utopique et une escroquerie. » De plus, l'économie de la Vendée serait fortement dégradée par l'installation du nouvel aéroport, ce que soulignaient nombre de chefs d'entreprise vendéens au mois de juin dernier, craignant un enclavement aérien définitif de la Vendée, préjudiciable aussi au parc du Puy-du-Fou, comme le rappelle Villiers : « Évidemment le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes entraverait gravement le développement du Puy-du-Fou. Dois-je rappeler qu'il s'agit d'une des premières concentrations touristiques françaises et la première des Pays de la Loire ? ». L'AFP, reprenant il y a quelques jours des propos du même Philippe de Villiers, synthétisait ses arguments en quelques lignes : « Le temps de trajet, actuellement d'environ une heure entre l'aéroport de Nantes et le parc d'attractions du Puy-du-Fou qu'il a créé, serait, argumente-t-il, triplé en raison d'un « périphérique souvent trop encombré » (je confirme !) et du « pont de Cheviré, fermé en cas de mauvaise météo ». » Quand on sait que le parc du Puy-du-Fou a enregistré en 2016 plus de 2,2 millions de visiteurs et qu'il est au deuxième rang des plus fréquentés de France derrière Disneyland-Paris, et qu'il est une des plus belles réussites françaises sans coûter un seul sou au contribuable (ce qui n'est pas totalement anodin), il ne semble pas inutile de réfléchir aux conséquences concrètes et plutôt néfastes de la construction d'une nouvelle plateforme aéroportuaire à Notre-Dame-des-Landes. D'autant plus que, comme le souligne le Vendéen, en prenant en compte les difficultés récurrentes de circulation autour de Nantes, « les Vendéens « renonceront à aller à Notre-Dame-des-Landes et prendront le train pour aller à Roissy » et « Notre-Dame-des-Landes ne trouvera jamais son point d'équilibre économique », ajoute-t-il. ». Sans oublier que les coûts de construction risqueraient bien d'exploser lorsqu'il faudra créer de nouveaux accès routiers et ferroviaires à cet aéroport pour chercher à le rentabiliser, ce qui promet aussi bien des conflits à venir, de Vannes à Rennes, de Redon à Angers, entre autres... Qu'en pensent et qu'en penseraient alors les contribuables de l'Ouest de la France, appelés à financer de tels équipements condamnés à n'être jamais rentables, du moins pour eux ?

    Sans être villiériste ni me reconnaître complètement dans l'étiquette de « droite », je ne peux que souscrire à ses propos qui dépassent la seule question de l'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : « Non seulement j'ai la fibre écologiste, mais je ne comprends pas pourquoi la droite ne s'empare pas du sujet de l'écologie. L'écologie est profondément une attitude de droite. Car qu'est-ce que la mission de la droite, si ce n'est l'enracinement, la préservation de nos paysages intimes ? (…) Je suis pour la liberté d'entreprendre, le Puy-du-Fou en est la preuve, mais aussi pour la préservation des écosystèmes. »

    « L'enracinement, la préservation de nos paysages intimes, la préservation des écosystèmes » : voici un programme que défendent, depuis toujours et longtemps dans le silence assourdissant de la République machiniste et « progressiste », les écologistes intégraux que sont les royalistes héritiers de Chateaubriand, Bourget ou Bernanos, entre autres, et qui se reconnaissent aussi dans les textes de Bertrand de Jouvenel et de JRR Tolkien...

    Notre opposition à la construction d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes n'est pas qu'une position politique, elle est d'abord et surtout un combat de civilisation, et de civilisation française, « à la française » : il n'est pas inutile de le rappeler, et de le faire savoir.

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1469:laeroport-notre-dame-des-landes-projet-inutile-et-dangereux&catid=51:2017&Itemid=62

  • Rappel : Auto électrique : la grande arnaque

    Alors qu’on appelle le contribuable à se serrer la ceinture pour combler les déficits publics, l’Etat va dépenser des dizaines de milliards d’euros pour développer la voiture électrique. Une obsession estampillée « transition énergétique » qui oublie totalement le coût financier et environnemental exorbitant de la voiture électrique, et qui vise simplement à maintenir le nucléaire. 
    « La Zoé coûte 21 000 euros, mais avec le bonus à l’achat, elle baisse à 15 000 euros, soit le prix d’une Clio ». L’argument est huilé, le calcul prêt à l’emploi. Vincent Carré, directeur commercial de la gamme électrique de Renault, qui l’expose à Reporterre, le répètera maintes fois lors du Mondial de l’automobile qui s’ouvre aujourd’hui à Paris. Zoé ? Le modèle électrique phare du groupe automobile. 
    Avec l’appui massif du gouvernement et du lobby nucléariste : la voiture électrique sera « La voiture de demain en France » selon le ministre de l’économie Emmanuel Macron. 
    Le ministre de l’économie a donné un nouveau coup d’accélérateur au dispositif : une prime de reconversion de 3.700 euros peut s’ajouter à la subvention existante de 6.300 euros, portant ainsi le total du bonus à 10.000 Euros. Et l’augmentation sensible des bornes de recharge électrique, avec un objectif de 16.000 en France d’ici la fin de l’année 2014, en vue d’atteindre les sept millions d’ici 2030. Aux frais de l’Etat, donc du contribuable, appelé par ailleurs à se serrer la ceinture pour combler les déficits publics. 
    La loi de transition énergétique : dites plutôt, la loi de l’auto électrique 
    Le projet est au cœur de la loi sur la transition énergétique, soumis actuellement au vote des députés, qui réjouit l’entreprise Renault, dont l’électrique est un pilier de la stratégie : « La confirmation des aides d’Etat et le niveau d’infrastructures appelées à être développées doivent nous permettre de sortir du marché de niche », dit Vincent Carré. Alors que le parc électrique français représente aujourd’hui 20 000 véhicules, Renault espère franchir rapidement le palier des 100 000 véhicules électriques par an. 
    Mais pour Lorelei Limousin, chargée de mission au Réseau Action Climat (RAC), « il y a une focalisation excessive sur la voiture électrique, alors même que le sujet n’a pas émergé dans le Débat National sur la Transition Energétique. Il n’était pas question de la voiture électrique dans les recommandations qui en sont issues ». 
    L’attention portée aux véhicules électriques tranche d’autant plus que le transport est totalement oublié par la loi, qui est muette sur le report modal ou les transports en commun. 
    En réalité, une première loi est passée dans le silence de l’été, le 4 août dernier : elle vise à faciliter « le déploiement d’un réseau d’infrastructures de recharge de véhicules électriques sur l’espace public » (Voir ici le texte de la loi n°2014-877). Celle-ci exempte de toute redevance l’Etat lors de l’installation des bornes. « C’est une loi d’exception pour favoriser au plus vite le développement de la voiture électrique » dénonce Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du nucléaire. 
    Un empressement qui fait d’ailleurs l’impasse sur les études d’impact : « Un amendement a été déposé pour demander l’évaluation des impacts de la voiture électrique, mais il a été refusé par Mme Royal au motif que le réseau n’était pas assez développé pour qu’on puisse les mesurer… On fonctionne complètement à l’envers », constate Lorelei Limousin. 
    « Un gouffre financier » 
    Il s’agit en fait d’un passage en force, juge Stéphane Lhomme : « Avec les sommes astronomiques mises en jeu, cela mériterait un grand débat de société ». Car le dispositif coûte cher : 42 milliards a minima. En juillet, Reporterre avait révélé les hésitations troublantes de la ministre de l’Écologie sur le coût de la mesure et son financement, en particulier celui de l’installation des bornes de recharge. Si la fourchette d’estimation reste large à défaut de clarification depuis – entre 5 000 et 20 000 euros la borne – le coût global pourrait s’alourdir au gré des évolutions techniques dans les prochaines années : « Le risque d’obsolescence est important sur ce genre de technologie », note M. Lhomme. 
    Rien ne semble par ailleurs garantir l’amortissement des investissements. Au début de l’été, un rapport de la Chambre régionale des Comptes d’Aquitaine révélait la mauvaise expérience du véhicule électrique en Poitou-Charente à la fin des années 2000, au moment où Ségolène Royale présidait le Conseil Régional. 
    Outre les critiques quant à une gestion opaque des aides, le rapport mettait en relief le « gouffre financier qu’a creusé le soutien ‘‘important et inconditionnel’’ de l’ancienne présidente du Poitou-Charentes », alors que son projet s’est soldé par la liquidation de la PME en mai 2012… 
    Mais côté constructeur, on défend le soutien de l’Etat dans une filière qui représente quatre milliards d’euros d’investissement au total, chez Renault : « C’est une technologie produite en France, qui sert donc l’économie nationale. Les aides publiques vont relancer le secteur industriel et créer de l’emploi », assure Vincent Carré. 
    L’augmentation de la consommation d’électricité ? 
    La facture pourrait encore s’alourdir si l’on en croit les derniers travaux sur le coût du nucléaire qui annoncent la hausse du prix de l’électricité : « Que ce soit à travers le grand carénage des centrales ou par l’introduction de l’EPR, il y aura un renchérissement du prix de l’électricité dans les prochaines années », estime Benjamin Dessus, ingénieur et économiste président de Global Chance. 
    Le développement du parc automobile électrique n’implique-t-il pas, à terme, une augmentation de la consommation d’électricité ? Chercheur à l’IDDRI, Andreas Rüdinger tempère : « Développer la voiture électrique ne va pas forcément mener à une électrification à outrance. En partant de la consommation actuelle d’une Renault Zoé (12 kWh/100km) et à raison d’une distance moyenne de 15 000 km par an, mettre dix millions de véhicules électriques sur les routes en France [soit environ un tiers de l’ensemble du parc automobile estimé à 35 millions de véhicules, ndlr] à l’horizon 2030, cela représenterait une consommation d’électricité de 18 TWh sur l’année. Soit, en volume, moins de 4 % de notre consommation totale d’électricité actuelle (500 TWh) ». 
    L’objectif politique affiché étant de deux millions de véhicules électriques d’ici 2020, l’effet reste donc marginal en termes de consommation d’électricité. L’impact, toutefois, serait beaucoup plus conséquent sur le réseau de distribution, « avec des risques de pointe qui pourraient considérablement perturber le réseau », selon Benjamin Dessus. 
    Le constructeur dénonce cette approche : « On joue souvent sur la sidération en imaginant des scénarios anxiogènes où toutes les voitures se brancheraient au même moment. L’enjeu, c’est la recharge nocturne, car la nuit, nous avons une disponibilité d’électricité colossale et le réseau électrique est largement capable de supporter la demande, affirme Vincent Carré. Et avec une autonomie d’au moins 150 kilomètres alors que 40 % des voitures en Europe font moins de 100 kilomètres par jour, on ne rechargera pas quotidiennement ». 
    La controverse reste ouverte. Avec des durées de rechargement à domicile de huit à dix heures, d’aucuns craignent des moments de pointe sur le réseau, à l’heure du retour du bureau ou le week-end. « A l’image de ce qui se passe déjà l’hiver avec le chauffage, compare Stéphane Lhomme. La solution serait alors la même : on rechargerait alors avec de l’électricité venue d’Allemagne et produite par… du charbon »
    Le mythe de la voiture propre 
    En plus d’alourdir la balance commerciale française, l’argument remet en cause celui que ressassent les industriels : « La voiture électrique est la seule solution en main pour réduire les émissions de CO2. Elle est rapide à mettre en œuvre, et même en période d’austérité, ce n’est pas à vous que je vais apprendre qu’il ne faut pas attendre pour s’attaquer à ce problème ! », nous assure à nouveau Vincent Carré. 
    L’idée d’une voiture neutre en CO2 a pourtant été battue en brèche. En novembre 2013, une étude de l’ADEME analyse les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie de la voiture électrique. Le résultat est marquant : une voiture électrique « rentabilise » son impact CO2 à partir de 50 000 km en France, et de 100 000 en Allemagne – une différence qui s’explique par l’alimentation électrique au charbon, à hauteur de 44 % outre-Rhin. 
    Nouveau calcul : « Cela revient à une moyenne de 15 kilomètre par jour, 365 jours par an, pendant 10 ans. En dessous, la voiture électrique est moins efficiente en CO2 qu’une voiture thermique », dit Stéphane Lhomme. Avec l’Observatoire du nucléaire, il a récemment obtenu du Jury de déontologie publicitaire le retrait des adjectifs « propres », « vert » ou « écologique » qu’utilisaient les constructeurs automobiles pour qualifier la voiture électrique. 
    Aucun plan de recharge électrique sur un réseau d’énergies renouvelables n’est pour l’heure prévu. Pourtant, comme le note France Nature Environnement dans une récente étude sur la voiture électrique, la clef de l’impact environnemental de la voiture électrique réside dans la production d’électricité. « Dès lors que tout est en place pour l’alimenter par le réseau ERDF, la voiture électrique est celle du nucléaire et donc comptable de toutes les pollutions associées à cette énergie », explique Stéphane Lhomme. 
    Mais pas seulement : la batterie, très consommatrice en lithium, participe du développement de la consommation de ce métal. Or, l’extraction de l’« or blanc » est la cause de nombreux ravages environnementaux et sociaux, tel que l’a récemment montré l’enquête de Reporterre, tandis qu’« on ne sait toujours pas comment on recycle le lithium, et qu’une usine-pilote vient seulement d’ouvrir en Allemagne, plus de vingt ans après le début de sa commercialisation en France », appuie Camille Lecomte des Amis de la Terre. 
    Pour Stéphane Lhomme, « on a simplement délocalisé la pollution. Mais on peut faire les mêmes critiques à la voiture électrique qu’aux voitures thermiques. On remplace la peste par le choléra ». 
    Une délocalisation qui renforce la fracture sociale : « Le riche qui possède sa voiture électrique ne pollue plus là où il conduit, essentiellement en milieu urbain, mais avant, là où il produit son électricité, chez les pauvres », dit Stéphane Madelaine, professeur en mécanique et engagé dans le Parti pour la Décroissance. 
    Un cheval de Troie du lobby nucléaire ? 
    « Une bêtise », pour la député EELV Barbara Pompili, « une affaire qui ne tient pas debout, on est hors du rationnel », pour Benjamin Dessus, la voiture électrique soulève l’opposition des écologistes de tous bords. Bernard Laponche y voit lui une « rouerie », qui consiste à entretenir savamment l’assimilation de la transition énergétique au seul enjeu de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. 
    « En France, on a branché la transition énergétique uniquement sur l’idée de ‘‘civilisation bas-carbone’’. Pourtant, l’enjeu est plus large : il s’agit de sortir des fossiles, mais aussi du fissile », rappelle Benjamin Dessus. 
    Alors que la France observait ces dernières années une diminution de la consommation d’électricité, la voiture électrique apparaît comme un moyen de freiner cette diminution, voire de l’inverser. Pour Stéphane Madelaine, c’est « une filière qu’on développe de manière absurde afin de maintenir l’industrie nucléaire ».

  • POUR UNE PROTECTION DOUANIÈRE ÉLEVÉE FACE À LA PIEUVRE CHINOISE ET AUX PAYS ÉMERGENTS

    3779246760.jpgMarc Rousset

    Renault, après le site de Pitești en Roumanie, a construit l’usine géante de Melloussa avec une capacité de production de 340.000 véhicules par an dans la zone franche du port marocain de Tanger. Pourquoi ? Pour bénéficier des exemptions fiscales, de la main-d’œuvre à 4,5 euros de l’heure, contre 30 euros en France, de droits de douane pratiquement inexistants en Europe, à deux jours de bateau des côtes françaises. Un investissement justifié seulement pour le marché marocain et africain, mais une catastrophe pour l’emploi en France et en Europe !

    Comme la soupe est bonne, rebelote avec le groupe chinois BYD qui vient de signer, le 9 décembre 2017, en présence du roi Mohammed VI, un accord pour la construction de quatre usines de voitures, batteries, bus, camions, trains électriques. Le président de BYD a pu déclarer : « Nous souhaitons bénéficier de la situation géographique du Maroc, en tant que porte d’entrée pour l’Europe et le marché africain. » À la catastrophe Renault pour l’emploi s’ajoutera, à terme, un tsunami chinois et maghrébin, tout comme le Mexique pour les États-Unis. Ces stratégies de zones franches aux portes de l’Europe ne fonctionnent que parce que l’Europe est incapable de se défendre avec des droits de douane suffisamment élevés.

    L’Europe naïve, pas défendue, perdra à terme tous ses emplois industriels face au coût de la main-d’œuvre des pays émergents et face à la stratégie de la pieuvre chinoise qui étend ses tentacules de par le monde. Trump a 100 % raison et il suffit d’écouter l’accent de tous nos interlocuteurs des opérateurs télécoms qui sont déjà tous installés en Tunisie ou au Maroc.

    Le grand avantage de la Chine, c’est que ses décisions politiques et économiques sont centralisées et dirigées par le pouvoir politique avec l’aide de l’État, des banques et des entreprises publiques ou privées. Les Européens font penser à de jeunes étourneaux imprévoyants, mal organisés, mal dirigés si ce n’est par le profit à court terme de l’entreprise, qui vont se faire dévorer dans la « volière Europe » !

    Au cours des dix prochaine années, la Chine dépensera entre 1.000 et 2.000 milliards de dollars pour mettre en place les infrastructures conquérantes « de la nouvelle route de la soie ». Ce seront de nouveaux tracés ferroviaires, routiers, de nouveaux gazoducs ou oléoducs dans de nombreux pays (Asie centrale, Pakistan, Iran, Turkménistan…), de nouvelles infrastructures militaires (Djibouti) ou portuaires comme l’achat du port du Pirée, en Grèce. Tout est bon pour que l’araignée géante chinoise tisse sa toile depuis Pékin, afin de pouvoir mieux croquer les moucherons européens et africains.
     
    La seule façon, pour les Européens, de survivre économiquement est de constituer, avec des barrières douanières infranchissables, un bloc économique auto-centré à l’ouest de l’Europe qui, par définition, comme l’a suggéré Maurice Allais, fabriquerait tous les biens économiques de tous les secteurs, sans exception autre que climatique ou naturelle (cacao, minerais inexistants en Europe). Afin d’être encore plus indépendant, ce bloc ouest-européen devrait se rapprocher de la Russie, riche en ressources naturelles.

    C’est donc une question de survie pour l’Europe que d’abolir le libre-échange mondialiste suicidaire, ce que Macron n’a pas encore compris ! Les patrons du CAC 40, le MEDEF et les élites politiques au pouvoir diront non, mais la révolution et les populations à 40 % au chômage les obligeront d’en venir à cette mesure extrême. Le seul danger serait que chaque nation européenne, en voulant se sauver par elle-même, avec des débouchés insuffisants et des coûts de production trop élevés, empêche l’apparition de productions européennes à des coûts acceptables ou de secteurs technologiques nécessitant au moins 200 millions d’hommes (spatial, défense, etc.).

    La constitution de blocs économiques auto-centrés dans le monde entraînerait, de plus, une diminution drastique du transport maritime par conteneurs et, donc, de la pollution de la planète.

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  • La FED, les grands prédateurs et la condition humaine

    Bernard Plouvier

    Chaque année depuis l’entre-deux-guerres, paraissent une vingtaine d’articles de par le vaste monde, fatigants par leurs stéréotypes, consacrés à la Federal Reserve des USA, donc au dieu-dollar et à ses très puissants manipulateurs, car, contrairement aux clergés, les financiers savent exactement pour quelle raison ils roulent le vulgum pecus, ce troupeau humain qui, depuis des millénaires, réclame, non du pain et des jeux, mais de quoi se remplir la panse abondamment et tromper son ennui, par le travail et les loisirs dépaysant.

    Tout le monde sait que le système monétaire des USA, donc celui de la quasi-totalité de la planète – soit directement, soit par le jeu de la convertibilité –, est une arnaque où de richissimes familles de financiers (et leurs employés de haut vol) s’enrichissent à mesure que l’économie mondiale croît et embellit.    

    Et n’en déplaise aux pisse-vinaigres anti-US (groupe auquel l’auteur de ces lignes est fier d’appartenir), ce système fonctionne depuis plus d’un siècle : il est né en décembre 1913. Certes, il s’est déréglé en 1929 et en 1937, parce que des ânes bâtés ont très stupidement réagi par un réflexe archaïque de repli sur soi, après l’explosion de bulles spéculatives new-yorkaises.

    Depuis lors (grâce en soient rendues aux mânes de Franklin Delano Roosevelt, authentique canaille de génie), les dirigeants du cartel mondialiste ont compris que le système tournera à la façon d’une vis sans fin tant qu’il y aura des marchandises à consommer (quelles qu’en soient la qualité et la provenance) et des consommateurs, le système étant alimenté en faisant tourner ad libitum la planche à billets (quelles qu’en soient la couleur et l’unité de compte).

    Et que nul ne nous casse les pieds avec la Dette mondiale (étatique ou privée). Les expériences du Directoire français (1796-99) ou de l’après-1918 en Europe prouvent qu’on peut fort aisément tout annuler ou presque, en ruinant les citoyens-créanciers, puis recommencer, car la leçon est perpétuellement oubliée du public.

    Les vrais riches achètent de l’or, du platine, des pierres précieuses, des objets d’art (dont l’unicité fait la valeur, bien plus que leur qualité esthétique), des propriétés autosuffisantes (au point de pouvoir assurer une survie de grande qualité si « tout pète » ailleurs), des mines (qui a la différence des usines ou des navires restent immuables), en plus d’armes et de mercenaires.

    Le seul aléa, incontrôlable, est le génial illuminé qui embrase une grande Nation, lui proposant une grande aventure, fondée sur un idéal (politique ou religieux, il importe peu) et sur « l’étalon-travail », plutôt que sur les dieux habituels : or, stupéfiants, dollar (ou équivalents exotiques).

    Au pis-aller, après la période guerrière où de jeunes excités se sont éclatés, tout en détruisant des milliards en biens ainsi que des milliers ou des millions de vies « sans importance », on recommence le cycle économique. En clair : on repeuple et on rebâtit.

    Autant que peut en juger un sujet qui a un peu étudié l’histoire, c’est comme cela que fonctionne l’humanité depuis l’Antiquité. La FED et ses imitatrices régionales ne font que réguler le fait humain : à la tragédie succède la bouffonnerie hédoniste… certains nomment cela Comédie humaine. L’essentiel est de s’occuper durant la période de vie sur Terre, avant de sombrer dans le néant… en n’oubliant pas trop la phrase d’un grand moraliste : « Jouir rend vulgaire ».

    La guerre (ou tout autre activité destructrice – en médecine, on parle de catabolisme) et l’économie (ou tout autre système constructeur – l’anabolisme) participent du même processus que l’on peut résumer simplement par l’adage populaire : « L’argent, c’est fait pour rouler »… quant aux experts, ils n’ont jamais rien prévu et ont rarement proposé de mesures efficaces, les « amateurs » s’avérant généralement plus inventifs, il n’est que d’étudier l’histoire pour s’en assurer.

    On peut toujours critiquer « le monde comme il va », ça fait passer le temps et ça donne l’impression d’être un grand penseur. Mais une vie d’homme est peut-être une activité plus sérieuse : transmettre son héritage génétique, participer à une grande aventure collective ou laisser une œuvre… jouer les Cassandre participe-t-il de cet idéal ? À chacun d’en décider souverainement.

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  • Sécu à la sauce Bercy

    6a00d8341c715453ef01b7c93a938a970b-320wi.jpgEn date du 3 décembre, le Figaro dressait un surprenant panégyrique de la nouvelle ministre de la Santé, Mme Agnès Buzyn. À en croire le quotidien de la bourgeoisie, toutes les fées se sont penchées sur le berceau de cette "hématologue unanimement appréciée et reconnue ". Après une série de références élogieuses l'auteur du texte elle-même, Marie-Cécile Renault ajoute… "N'en jetez plus !"

    Il est vrai que sa devancière Marisol Touraine avait réussi le tour de force de se faire détester par tout le monde.

    La première question que l'on devrait cependant se poser permettrait de préciser à l'attention du public la véritable autorité en matière de sécurité sociale.

    Partons d'une réalité chiffrée. Le 4 décembre les députés présents, à peine une soixantaine sur 577, adoptaient en deuxième lecture le PLFSS, projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui devient donc la loi pour l'année 2018.

    Les chiffres de base sont ceux de l'année 2016, les derniers connus par conséquent. Ils établissent pour les régimes obligatoires de base une dépense d'ensemble de 477 milliards d'euros pour 470 milliards de recettes. Étrangement on n'informe l'opinion que du solde, soit 7 milliards, en diminution constante nous invite-t-on à nous féliciter.

    Cette diminution du déficit comptable a vocation à diminuer encore par la grâce d'une hausse de la CSG de 1,7 point, elle-même partiellement compensée par une baisse des charges lesquelles, contrairement à la CSG, ne sont prélevées qu'à partir des revenus du travail. L'intention constante de ce genre de manipulations remonte d'ailleurs à la création de la CSG par le si funeste Rocard en 1991 au taux de 1,3 %, puis son passage à 2,4 % par Balladur en 1993 et enfin sa hausse vertigineuse imposée Juppé et son plan avalisé en 1996, au gré d'une réforme constitutionnelle. Dès lors, en 1998 la CSG atteignait le taux de 7,5 % sur les revenus d'activités, du capital et des jeux.

    En 2018 elle passera donc, et cette fois grâce à Macron, au taux de 9,2 % sur les revenus d'activités, 9,9 % sur les revenus du patrimoine, et 8,6 % pour le revenu des jeux. Elle se sera donc multipliée par 7 et votre chroniqueur ne regrette pas d'avoir prédit à son sujet, lors de son invention : petit monstre social deviendra grand. Il est vrai que ce pronostic pessimiste n'était publié que par l'organe du défunt CDCA, disparu avec la mort violente, et jamais élucidée, de Christian Poucet. Il était interdit de s'y référer, de nous citer, ni même de nous répondre fût-ce indirectement.

    Alors aujourd'hui reprenons le décompte de cette part "sociale" de la dépense publique. Elle est clairement supérieure au budget de l'État : 477 milliards pour la sécurité sociale en 2016 à comparer 259 milliards de dépenses dites pilotables de l'État dans le projet de loi de finances pour 2018. Notons qu'en 2017, le déficit de l’État devrait être supérieur de 7,2 milliards à la prévision initiale. Notons aussi que la nouvelle présentation de la loi la rend de plus en plus illisible

    Dans les dépenses de sécurité sociale, ce n'est pas Me Buzyn, ce n'est pas la branche maladie, et ses 196 milliards de dépenses, c'est la branche vieillesse à 227 milliards qui tient la première place.

    Certes on a pris l'habitude de nous informer seulement sur les soldes de tous ces comptes, et le solde de la maladie est présenté pour le plus préoccupant.

    Mais ce n'est pas le ministère de la Santé, encore moins la représentation nationale, qui compte dans ce débat, c'est l'administration anonyme de Bercy. C'est dans cette immense citadelle de la technocratie, où les ministres ne font que passer, que se prennent les décisions. La qualité scientifique de Mme Buzyn n'est qu'une galanterie. La santé des assurés sociaux n'est qu'un point de détail. Les cochons de payants n'ont qu'à se taire et à obéir.

    Et, ne nous y trompons jamais, c'est cette sauce Bercy qu'on appelle le modèle français.

    http://www.insolent.fr/2017/12/secu-a-la-sauce-bercy.html

  • La France, 2e pays du monde de la pression fiscale

    pression-fiscale.jpgEn France, le gouvernement Macron annonce des nouvelles mesures fiscales.

    Selon l’étude annuelle 2016 de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), la France est vice-championne du monde de la pression fiscale en tout genre (impôts sur le revenu, sur les sociétés et la fortune), taxes, cotisations sociales. Cette pression fiscale représente 45,28 % du PIB, alors que la moyenne de l’OCDE se situe au-dessous des 35 %.

    La tendance en Europe reste cependant à la hausse (relativement forte). En tête le Danemark, champion du monde avec un taux de 45,95 % du PIB. Au total, 16 pays européens ont des taux supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Citons parmi eux l’Italie, la Finlande et la Belgique.

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