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économie et finance - Page 410

  • La ratification fantôme

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    Georges Feltin-Tracol

    L’Accord économique et commercial global conclu entre le Canada et l’Union pseudo-européenne, plus connu sous ses initiales anglophones de CETA, est entré en vigueur le 21 septembre dernier alors que les parlements nationaux, voire les assemblées régionales, des États membres ne l’ont pas encore entériné. Le CETA s’appliquerait-il ainsi sans la moindre approbation légale ? La réponse est plus complexe dans les faits.

    La ratification de ce traité de libre-échange s’effectue en réalité en deux temps. Le 15 février dernier, le Parlement européen le ratifiait par 408 voix (venus des bancs socialistes, libéraux, centristes et conservateurs) contre 254 et 33 abstentions. Adopté, le traité s’applique dès à présent uniquement en ce qui concerne les compétences exclusives de l’Union dite européenne. Ce n’est qu’une ratification partielle, car les clauses portant sur les compétences partagées entre Bruxelles et les États membres (ou même leurs régions autonomes ou fédérées) ne peuvent pour l’instant entrer en vigueur, faute d’approbation parlementaire.

    Il y a un an, en octobre 2016, la région Wallonie alors dirigée par les socialistes s’élevait contre ce traité pendant une semaine ! Puis, fidèles à leur couardise, les socialistes wallons capitulèrent en rase campagne. La procédure de ratification a dès à présent commencé avec l’acceptation du Congrès des députés d’Espagne, de la Croatie et de la Lettonie. Elle va continuer sans trop de résistances parlementaires. En effet, sur ce point précis, les quatre États du fameux Groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie) n’éprouvent aucune réticence à entériner ce document de 2 344 pages.

    Le CETA aurait dû susciter en France l’indignation non seulement des élus de l’« Hexagone asservi » du camarade Mélenchon, mais aussi la colère d’un Front national en proie à de vives querelles internes. Pour la circonstance, « marinistes », « philippotistes », « marionistes » et « jean-maristes » auraient pu se retrouver contre un traité abject qui va ruiner l’agriculture européenne, polluer notre alimentation et favoriser les firmes transnationales. Mais pour cela, il eût fallu à ce parti politique une authentique fibre sociale-identitaire. Encore une occasion ratée !

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 49, diffusée sur Radio-Libertés, le 20 octobre 2017.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • QUE FERA LE GOUVERNEMENT QUAND LE PIÈGE DE LA DETTE SE REFERMERA ?

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    Si plus personne ne veut nous prêter, ou seulement à des taux exorbitants, que se passera-t-il ?

    La récente et scandaleuse note de France Stratégie préconisant la nationalisation d’une fraction des terrains pour payer la dette de la France jette une lumière crue sur ce problème. Comment nous sortirons-nous de ce piège ? D’abord, dépasser 100 % du PIB ne rendra pas nécessairement insoutenable le poids de nos emprunts. Le Japon a dépassé les 200 % depuis vingt ans sans dommage. Au sortir des guerres mondiales, la Grande-Bretagne et la France étaient dans des situations bien pires et, dès les années 1955, les emprunts ne pesaient plus que 50 % du PIB. En 1820, l’Angleterre devait rembourser 200 % et les intérêts mangeaient la moitié des impôts. Elle s’en est sortie.

    Il y a une chance sur deux pour que la machine craque mais ne rompt pas. Si tout va bien, nous monterons à 99 % du PIB en 2019 avant de redescendre à 80 % en 2030. Mais si une nouvelle et violente crise économique se produit, si plus personne ne veut nous prêter, ou seulement à des taux exorbitants, que se passera-t-il ?

    Première solution : faire faillite (totalement ou au deux tiers), comme l’a fait l’Argentine dans les années 2000, mais alors la France sera exclue des marchés. Or, notre budget n’est plus en équilibre depuis 1974 et nos recettes ne couvrent que 92 % de nos dépenses hors le service de la dette. Le pays serait soumis à une diète insupportable. L’Argentine a laissé le choix à ses créanciers : soit ne plus rien toucher pendant trente ans, soit accepter une décote de 60 %. 98 % des débiteurs ont cédé. Les autres ont obtenu l’intégralité de leurs avoirs après une série de procès qui ont duré vingt ans. Mais le budget de l’Argentine, sans les intérêts de la dette, était alors équilibré, ce qui n’est pas le cas chez nous. Cette voie nous est donc interdite.

    Le gouvernement aura deux autres possibilités à sa disposition : la première consiste, comme le suggère France Stratégie, à confisquer les biens des Français, soit une partie des terrains, soit une partie des dépôts bancaires (comptes courants, livrets, PEL, assurances-vie) ou, plus sûrement, en mixant les deux mesures. Si les sommes extorquées aux Français couvrent 25 % de la dette, les créanciers seront rassurés et prêteront à nouveau. Confisquer 5 % des biens immobiliers et des dépôts bancaires suffira et sera mieux accepté par l’opinion.

    La deuxième méthode sera plus indolore mais, in fine, elle volera autant les Français. L’État paiera ses fonctionnaires en reconnaissances de dettes, une « fausse » monnaie qui sera acceptée dans les magasins et que le gouvernement pourra émettre autant qu’il le souhaitera, ce qui lui permettra d’équilibrer son budget. Au début, elle sera à parité avec l’euro, mais rapidement les commerçants lui appliqueront une décote de 10 %, puis 20 %, et enfin 40 %. Au final, nos dépôts bancaires perdront la moitié de leur valeur et cette évaporation remboursera nos emprunts.

    Au bilan, la crise sera violente, mais se terminera au bout de cinq ans et l’économie se relancera sur des bases assainies. Alors, quand serons-nous volés ?

    http://www.bvoltaire.fr/fera-gouvernement-piege-de-dette-se-refermera/

  • En quatre ans, 100 millions d’euros pour la « déradicalisation » !

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    Stop aux subventions hors de contrôle : entre 2014 et 2017, il y a eu plus de 100 millions d’euros “d’annonces budgétaires” pour la prévention et la prise en charge des personnes radicalisées.

    Face au risque terroriste, l’État a débloqué des sommes colossales pour tenter de « déradicaliser » les potentiels terroristes… Les sénatrices Esther Benbassa (EELV) et Catherine Troendlé (LR) se sont penchées sur ces dépenses dans un rapport d’information de juillet 2017.

    Des individus ont monté un véritable business avec le risque terroristeempochant un tas d’argent public.

    Pour la prévention de la radicalisation, l’État, par le biais du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), a dépensé 8,5 millions d’euros via des subventions à des associations en 2015 et 2016.

    Les sénatrices avancent que des associations, sans forcément avoir les compétences pour « déradicaliser », se sont engouffrées dans cette brèche afin d’obtenir de « nouvelles ressources financières, leur budget subissant la réduction drastique des subventions publiques » !

    A titre d’exemple, le Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), association présidée par la très controversée Dounia Bouzar, aurait reçu près de 795 000 euros pour « s’occuper » de 285 jeunes entre le 24 avril 2015 et le 25 août 2016. A sa sortie de prison, Farid Benyettou, l’ancien mentor des frères Kouachi (auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015) a été salarié par cette association subventionnée.

    L’association Syrie Prévention Familles a perçu 90 000 euros de subventions en 2015 et 2016, et en aurait envoyé une partie à des djihadistes en Syrie…

    Le centre expérimental de prévention, d’insertion et de citoyenneté (CPIC) situé au château de Pontourny (Indre-et-Loire) a coûté 2,5 millions d’euros. Ouvert à titre expérimental en septembre 2016, il a été fermé moins d’un an après sa création. S’adressant à « des jeunes gens volontaires et triés sur le volet », ce centre magnifique avec salle de sport, grand jardin, cours d’informatique, n’a accueilli que 9 pensionnaires.

    Par exemple, Mustapha S., profitant d’une permission de sortie, a été interpellé alors qu’il tentait de partir pour le djihad en Syrie… Le château de Pontourny est totalement vide depuis février 2017, tout en finançant – avec vos impôts – le salaire de 40 personnels !

    Le rapport préconise dix mesures, notamment de ne financer que les structures « dont les compétences seraient démontrées ». C’est bien le minimum pour les contribuables qui paient un lourd tribut pour un système de déradicalisation qui a montré ses failles…

    Pour Contribuables Associés, toute subvention au-delà de 5 000 euros doit être systématiquement contrôlée avec publication des comptes et rapport du commissaire aux comptes. C’est la proposition qu’Eudes Baufreton a martelée sur RMC, dans l’émission d’Eric Brunet, du 4 octobre 2017 (ci-dessous).

    Texte repris de Contribuables associés

    https://fr.novopress.info/208059/en-quatre-ans-100-millions-deuros-pour-la-deradicalisation/

  • Éolienne “offshore” : le naufrage du bon sens

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    Michel Gay - Sources Métamag via Breizh info

    La première éolienne flottante en mer (dite “off-shore“) en France a été inaugurée en grande pompe à Saint-Nazaire le 12 octobre 2017 par le secrétaire d’État à la Transition énergétique Sébastien Lecornu et quelques célébrités locales.

    Le coût total de l’aventure nommée “Floatgen” est estimé autour de 40 millions d’euros (M€), dont la moitié pour l’éolienne elle-même. L’autre moitié se répartit entre le flotteur en béton, les divers raccordements et les ancrages. Le projet bénéficie d’une subvention de 10 M€ apportés par l’Union européenne, et de 8 M€ par le Programme d’investissements d’avenir de l’État.
    En clair, près de la moitié du coût prévisionnel de ce projet est financé par les impôts des Français alors que les principaux bénéficiaires sont étrangers (allemands et danois).

    Bien que cette éolienne de 140 mètres de haut en bout de pale soit censée alimenter de 2000 à 4000 foyers selon les sources, qu’en est-il exactement ?

    Tout d’abord, les jours sans vent, ce qui arrive aussi de temps à autre en mer au large de Saint-Nazaire, cette éolienne n’alimentera strictement personne.

    Ensuite, ses concepteurs annoncent un facteur de charge prévu de 32%. Donc cette éolienne est censée fonctionner un jour sur trois à sa puissance nominale. Et ce chiffre est optimiste puisque même en Écosse (où il y a beaucoup de vent…), les éoliennes atteignent à peine ce rendement (le parc de Robbin Ring atteint 30%).
    Mais admettons. La puissance de l’éolienne étant de 2 MW, la production annuelle serait d’environ 5600 MWh.
    Pour produire autant de MWh que le futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville (11 millions MWh par an, même s’il n’y a pas de vent ni de soleil), il faudra plus de 2000 éoliennes “Floatgen” pour un coût de 40 à 80 milliards d’euros ! Le coût pourrait être divisé par deux par un effet d’échelle. Mais même en divisant par deux… le prix du kilowatt-heure payé par le consommateur augmentera rapidement.

    Enfin, cerise sur le gâteau, la production de cette machine sera officiellement achetée obligatoirement à 240 €/MWh (!)… quand elle produira, soit six fois le prix actuel du marché qui est d’environ 40 €/MWh. Là encore, la différence sera payée par le consommateur / contribuable via une taxe (la Contribution au Service Public de l’Electricité, CSPE) sur sa facture d’électricité.

    Avec ce prix d’achat préférentiel (et démentiel) de 240 €/MWh, pourquoi faut-il encore des subventions pour la construction ?

    En Allemagne, de récents appels d’offres ont été attribués sans subvention pour des éoliennes en mer. Le prix d’achat très élevé et obligatoire de la production éolienne payée par les Allemands suffira à rentabiliser l’investissement des lauréats. Il faut souligner qu’en Allemagne, le prix de l’électricité est deux fois plus élevé qu’en France…

    L’EPR est prévu pour durer 60 ans. Quelle sera la durée de vie pour cette éolienne en mer ? Faudra-t-il la changer dans 20 ans ou 30 ans, si elle a résisté jusque là aux assauts des tempêtes maritimes ?

    Alors que l’économie de la France est dans une phase critique, des milliards d’euros vont être dilapidés pour fabriquer quelques pourcents d’une électricité intermittente, inappropriée à la demande de l’utilisateur, et donc de mauvaise qualité.
    De plus, elle est cinq à six fois plus chère que le prix du marché actuel (rappel : 240€/MWh contre 40 €/MWh).

    Ces sommes démentielles seront prélevées sur la facture d’électricité des Français pour être englouties en mer. Une hausse vertigineuse du tarif de l’électricité a déjà commencé via la CSPE, alors que 9 millions de consommateurs sont déjà en situation énergétique précaire et doivent être socialement assistés…. Ce qui contribue aussi à l’augmentation de la CSPE dont c’était l’objectif à l’origine !

    Le naufrage du bon sens

    Le coût complet de mise en place des moyens complémentaires (réseau électrique, aménagement d’infrastructure portuaire, subventions, construction de nouvelles centrales thermiques de production d’électricité pour compenser l’intermittence) est aujourd’hui encore mal identifié. Il représente cependant, à l’horizon 2030, plusieurs dizaines de milliards d’euros que devra supporter le contribuable français. La commission de régulation de l’énergie (CRE) a déjà prévu un surcoût de 8 milliards d’euros dû aux énergies renouvelables (incluant le solaire) pour la seule année 2018.

    Le développement de ces éoliennes “off-shore“, encore moins compétitives que les éoliennes terrestres, est un non sens économique qui conduit à une destruction d’emplois par atteinte de la compétitivité des entreprises de notre pays. Comment des idéologues œuvrant habilement en coulisses (gouvernement, Commission européenne,…) sur le dos des citoyens contribuables ont-ils pu gangréner l’esprit de nos dirigeants à ce point ?

    Le développement programmé de l’éolien “offshore” va contribuer à l’appauvrissement de la France pour satisfaire des intérêts privés et des accords électoraux avec les “Verts” au détriment de l’intérêt national.

    L’éolienne flottante “Floatgen” inaugurée à Saint-Nazaire représentera le premier totem en mer qui matérialise le naufrage du bon sens.

    NDLR : sur le scandale des éoliennes, lire :

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  • Pierre Gattaz, patron du MEDEF, rêve du “Make in India”

    Make in India Pierre Gattaz patron MEDEF rêve
     
    Ce n’est pas du « made in India », non, non – pas encore. Dans une brève chronique publiée sur LinkedIn, Pierre Gattaz, patron du MEDEF, fait plutôt de la prospective. Il faut fabriquer en Inde. Les patrons d’entreprise français feront ce qu’il faut pour fabriquer en Inde. Délocalisons, coopérons, faisons confiance à nos amis indiens : Narendra Modi n’est-il pas l’homme exemplaire de la mondialisation de demain ?

    Lire la suite sur REINFORMATION.TV

  • Macron sacrifie plus que jamais la France à Wall Street.

    Rt.com a publié (voir référence ci-dessous) un éditorial du Pr Steve Keen daté du 09/10/2017. L'auteur y montre que la popularité d'Emmanuel Macron, forte à l'origine, est en train de tomber. La cause qu'il y voit est que Macron s'est enfermé dans l'idéologie dite néo-libérale selon laquelle la priorité pour un pays voulant redresser son économie doit d'abord consister à diminuer sa dette et pour cela réduire directement ou indirectement les traitements et salaires, qui créent de la dette.
    Steve Keen explique qu'il n'en est rien. Malheureusement, il se borne à développer longuement la thèse banale selon laquelle les économies des uns provoquent du sous-emploi pour les autres et s'étonne de voir Macron l'ignorer. Mais il ne cherche pas à comprendre pourquoi Macron qui le sait pertinemment, ENA oblige, adopte cependant cette politique désastreuse.

    Une explication serait que la décroissance en France est exigée par les intérêts financiers américains qui ont payé son élection. Cela rendra impossible un retour au modèle français ancien d'investissements publics, d'abord financés par la dette puis rentabilisés ensuite grâce aux activités nouvelles et revenus en découlant. C'est en fait grosso modo le modèle russe et chinois. Horresco referens.
    La France actuelle ne peut le faire, corsetée qu'elle est par les contraintes de l'Union Européenne, elles-mêmes imposées par les intérêts financiers américains. Mais un Macron jouant la France et non Wall Street aurait pu imposer des dérogations aux réglementations européennes, en menaçant l'Union d'un Francexit. Ceci aurait été jouable aux yeux de l'opinion s'il avait exposé à celle-ci qu'en échange de nouveaux sacrifices momentanés destinés à financer des investissements publics productifs, elle aurait vite bénéficié d'une nouvelle croissance auto-financée.
    Soit l'exemple des énergies renouvelables ou de l'espace, dans lesquels la France dispose de ressources potentielles non employées, et dans lesquels Macron ne mettra pas un euro, comme de bien entendu. Ses sponsors américains ne le permettraient pas. Pour eux, mieux vaut acheter du gaz de schiste d'outre-atlantique  et financer Space X. Macron aurait pu et du, dans ces domaines comme dans d'autres sur lesquels il est inutile de s'attarder ici, établir d'ambitieux programmes d'investissements publics et privés. Il ne l'a pas fait et ne le fera jamais. 

    Malheureusement en France aucune voix parmi l'opposition au pouvoir actuel ne semble capable, ou désireuse, de tenir ce discours et proposer des alternatives. Si puissante sans doute est, même à gauche, à l'extrême-gauche ou au FN, la puissance de l'idéologie américano-européenne. 

    https://www.rt.com/op-edge/406124-rise-fall-emmanuel-macron/

    10/10/2017
  • Après la nourriture halal ou la finance halal, voici l’assurance halal

    Sonia Mariji Assurance halal

    8968-20171018.jpgAprès l’alimentation halal, les confiseries halal, la bière halal (sic) et même la charcuterie halal (re-sic), les pratiques sexuelles halal et le reste, voici que la finance halal se lance dans l’assurance du même tabac. Dès 2012 sur internet, puis 2015 à travers un réseau physique d’agences, des sociétés financières réputées halal ont investi dans l’assurance des particuliers comme des entreprises. Parangon autoproclamé de la probité, la finance halal se drape dans le voile de toutes les vertus, draguant ouvertement musulmans et même non-musulmans, notamment les déçus de la financiarisation débridée et des abus bancaires en tous genres.

    La fondatrice de Noorassur, premier réseau de finance halal, Sonia Mariji (photo), annonce clairement la couleur lorsqu’elle écrit : « La Finance islamique par NoorAssur est une formule qui répond à un besoin réel parmi les Françaises et Français de confession musulmane, mais également des non-musulmans lassés du système bancaire conventionnel ! » Gageons qu’il se trouvera toujours un certain nombre de nos concitoyens un peu candides pour se laisser convaincre par d’aussi rudimentaires arguments.

    Ainsi, Noorassur, réseau spécialisé dans la finance islamique, promettant « une alternative à la finance conventionnelle, un compartiment de la finance responsable », se targue-t-il d’ouvrir une agence chaque mois en France, avec l’ambition de doubler ce développement en 2018. Jurant son grand dieu de bannir les intérêts haram (non halal) et l’usure au profit de plus-values respectueuses des préceptes de l’islam, le réseau financier annonce la création d’une gamme Takaful – contraction de l’arabe fakala, le partage, et de mutualisation.

    Il s’agit d’une assurance solidaire, 100 % halal, pour la santé – équivalent à nos mutuelles santé –, le rapatriement des corps, l’assistance voyage, mais aussi pour l’ensemble des besoins assurantiels des particuliers, entreprises, associations etc.

    Ces lénifiants engagements étant posés, Sonia Mariji, ne perdant visiblement pas le nord, recherche activement des partenaires franchisés capables de contribuer au développement rapide de son réseau Noorassur, comme le ferait n’importe quel vulgaire investisseur-franchiseur non halal…

    Arnaud Raffard de Brienne

    Article paru dans Présent daté du 18 octobre 2017

    https://fr.novopress.info/

  • PAUVRETÉ : TOUT CE QUE MACRON NE DIT PAS…

    En France, la pauvreté de masse devient un phénomène structurel. Emmanuel Macron, à l’instar de ses prédécesseurs, lance donc un énième plan sur le sujet.

    Ainsi, la population française compterait 14 % de pauvres, à en croire les chiffres. Ce qui nous mettrait dans la moyenne européenne, toujours selon les mêmes chiffres. ATD Quart Monde, ici porte-parole de ce qu’il est convenu de nommer le « monde associatif », prévient : « Sans des moyens financiers à la hauteur, cette concertation débouchera sur des vœux pieux ou sur des actions à faible portée dont les plus pauvres ne bénéficieront pas. »

    Mais les chiffres ne sont pas tout et, comme à l’accoutumée, ce n’est que d’argent qu’on parle. Pas de celui que les pauvres n’ont pas, mais de celui qu’il faudrait dépenser pour qu’ils le soient moins. Un peu comme les syndicats de l’Éducation nationale qui, devant la dégringolade du niveau scolaire, assurent qu’il ne s’agit que d’une question de « moyens ».

    Il est à mettre au crédit d’Emmanuel Macron d’aborder la question d’un peu plus haut : « Il nous faut investir socialement pour que les enfants qui sont pauvres, parce qu’ils sont dans des familles pauvres, ne soient pas les pauvres de demain, et éviter les facteurs de reproduction. »

    Tout cela passe, évidemment, par l’Éducation nationale plus haut évoquée, mais dont la préoccupation du moment semble plutôt être l’écriture inclusive, la théorie du genre, l’apprentissage sur tablettes et autres tartes aux chardons. Pourtant, l’illettrisme est un éminent facteur de pauvreté, puisque fermant la porte à la quasi-majorité des emplois, même les plus modestes. Cette réflexion semble connaître le début du commencement d’une ébauche d’éventuelle mise en œuvre. Il était temps. 

    Mieux, voilà qui soulagerait les finances de l’État et, par la même, celles du contribuable : un cahier et un crayon, une ardoise et une craie, un manuel de français et un autre d’arithmétique coûteront fatalement moins cher que tous les coûteux bidules informatiques à la mode. À propos de mode, le retour de l’uniforme à l’école – tel que cela se pratique en Martinique – ferait mieux que d’aider à y rétablir l’ordre, il soulagerait le budget de nombre de familles modestes : ce ne sont pas les plus riches qui se ruinent en fringues de marque… 

    Paradoxalement, nos actuels dirigeants, forts de leur seule vision économique de la politique, semblent ignorer ce que leur politique et la pauvreté structurelle qui en découle doivent à cette même vision économique. En d’autres termes, ils pleurent les effets dont ils chérissent les causes. En effet, combien de nos compatriotes perdent leurs emplois à cause de frontières ouvertes aux quatre vents, de concurrence déloyale et de dumping social. Le néolibéralisme a un coût et ce sont les travailleurs pauvres qui s’en acquittent le plus souvent. Pas eux…

    Mais il y a encore une autre forme de pauvreté qui n’est pas ici évoquée, la perte d’un trésor inchiffrable, lui : celui de l’appartenance à une société et un destin communs. Comme si, exclus du monde du travail, les pauvres, confrontés à une immigration de masse – dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’elle ne soit pas tous les jours une chance pour la France -, étaient de plus condamnés à se trouver exclus de leur propre pays. Une autre forme de double peine, en quelque sorte.

    Dans « la France qui gagne » et qui l’a élu, on peut se permettre de promouvoir la culture gadget destinée à épater un bourgeois blasé depuis belle lurette, parce que de la culture « classique », on possède les fondamentaux. On peut se toquer de familles recomposées et autres fantaisies, c’est si plaisant dans ces films « choraux » se déroulant dans les beaux quartiers de Paris. Mais quid de ceux dont les mariages finissent par voler en éclats, trop-plein de misère et de frigos vides obligent ? Eux dont on raille le manque d’ouverture à l’autre, alors que les seuls problèmes d’immigration connus par certains se limitent au personnel de maison marocain qu’il faut sans cesse houspiller.

    Ces pauvres, de plus en plus nombreux, ce n’est pas que de l’argent qu’ils demandent, mais aussi la dignité retrouvée. Ils ne sont peut-être pas citoyens du monde, et alors ? Ils veulent simplement se sentir un peu chez eux, en France. Ces choses-là n’ont pas de prix.

    http://www.bvoltaire.fr/pauvrete-macron-ne-dit/

  • Pour survivre, la droite doit abandonner les élites mondialisées...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de , cueilli sur Figaro Vox et consacré à la survie idéologique de la droite.  est auditeur au Conseil d'Etat et maître de conférence à Sciences-Po.

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

    La gauche a assumé l'abandon du peuple, la droite doit assumer celui des élites

    «Car il m'est apparu que l'homme était tout semblable à la citadelle. Il renverse les murs pour s'assurer la liberté, mais il n'est plus que forteresse démantelée et ouverte aux étoiles. Alors commence son angoisse qui est de n'être point» (Saint-Exupéry, Citadelle)

    Ainsi en est-il de la scène politique française, structurée autour d'une seule et même idéologie, celle de la déconstruction permanente.

    Cette idéologie promeut le progrès conçu non comme surgissement d'une volonté dans l'histoire, mais, s'appuyant sur le confort matériel, comme un projet d'émancipation de l'homme contre toutes les formes de limites, quels que soient le sens de ces limites et la finalité poursuivie par celui qui vise à s'en débarrasser.

    Elle emprunte la méthode spécifique de la table rase, où l'histoire n'est plus faite de tâtonnements mais de certitudes aveugles en vue de soumettre la réalité réticente de la matière, tant dans le domaine scientifique (transhumanisme) que politique («arracher l'enfant des déterminismes de sa famille» de V. Peillon).

    Après son stade moderne, qui fut celui des mouvements collectifs (nationalismes, communismes), cette idéologie sera, au XXIe siècle, celle de l'agitation individuelle.

    L'individu devient unique source et finalité de la société ; la conscience même d'un bien commun disparaît derrière le relativisme de groupes multiples organisés par leurs intérêts particuliers, réduisant la communauté de destin en un vaste marché mondial visant à l'épanouissement narcissique (Christopher Lasch) dont le politique ne serait qu'un secteur d'industrie.

    La scène politique française, entre consensus idéologique et fractures sociologiques, menace de dislocation la droite dite «de gouvernement».

    Dans la plupart des pays occidentaux, l'hégémonie culturelle de cette idéologie a creusé un fossé aujourd'hui presque sociologiquement figé, entre ceux qui en bénéficient et ceux qui en sont frustrés.

    Si le cœur de l'élite «de masse» (20-30% de la population selon C. Guilluy) a retiré les fruits de la mondialisation et de sa vision individualiste et libertaire (pour faire court, le droit de jouir sans entrave), la généralisation de la «société de marché» a percé les frontières des États et celles de tous les corps sociaux protecteurs - familles, écoles, entreprises - pour les atomiser en gagnants et en perdants.

    Ces derniers, ceux qui ne «sont rien» (la France périphérique, soit les 2/3 de la population, toujours selon C. Guilluy), cherchent aujourd'hui à prendre leur revanche en se tournant, soit vers Marine Le Pen pour se décharger sur d'opportuns boucs émissaires (la finance, l'Europe, l'immigration), soit vers Jean-Luc Mélenchon promettant davantage d'utopies libératrices en surfant sur la colère du peuple (revenu universel, etc.).

    Cette déconstruction des nations entre centres et périphéries se retrouve partout ailleurs: en Angleterre avec la cartographie du «Brexit» opposant la Greater London aux autres régions du pays, ou aux États-Unis, entre les central states et les coastal states.

    Chez nous, la carte des électeurs du premier tour des présidentielles est éloquente (métropoles vs. France des villes moyennes).

    La droite s'est historiquement contentée d'être le bon gestionnaire de cette idéologie depuis 1968, soit par

    désintérêt (elle s'est jetée à corps perdu dans le mondialisme et l'économie), soit par dégoût (c'est la bourgeoisie plus conservatrice qui se tourne vers la politique de proximité et se replie sur son entourage proche).

    Elle s'est contentée de se fondre dans le paysage dessiné par l'idéologie de la déconstruction en tentant d'y apporter un semblant d'ordre et de bonne gestion financière: le débat politique de la droite lors des législatives s'est ainsi résumé, après la grande désillusion des présidentielles, à une querelle comptable de chiffres et de mesures paramétriques (baisse de l'IR, etc.) sans vision aucune.

    Le consensus idéologique ambiant n'a donc jamais été remis en question ; bien au contraire, le libéralisme traditionnel de la droite s'est laissé glisser vers la quête de la jouissance servile aux mains d'un État devenu simple gestionnaire.

    Or, les laissés-pour-compte de la mondialisation montrent qu'ils ne se satisferont plus des promesses de la gauche et du vide intellectuel laissé à droite.

    À l'heure du Brexit, de Trump, de Podemos, du mouvement des 5 étoiles et du FPÖ, la ligne de partage politique n'est plus entre une pensée de droite et une pensée de gauche, indépendantes l'une de l'autre.

    Le clivage n'est plus idéologique: il menace de ne devenir que sociologique, entre les gagnants et les frustrés du libéralisme libertaire. Le risque est de voir une telle opposition, qui ne se situe plus sur le plan des idées, se traduire par la violence la plus brutale - déchaînement des frustrations et de l'accumulation des rancœurs, entretenues par le système médiatique.

    Entre En Marche, qui rassemble, dans un discours de gestionnaire rassurant, jeunes diplômés, immigrés et cadres des métropoles mondialisées, et Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, qui rivalisent d'irresponsabilités pour incarner la revanche des antisystèmes et des classes populaires, le «marché» électoral de la droite dite de gouvernement s'est, faute de discours cohérent, réduit comme peau de chagrin.

    Pour survivre, la droite devra bâtir un discours autonome qui réinvestisse le champ du politique plutôt que celui du gestionnaire.

    La recomposition actuelle du paysage politique français autour des deux extrêmes et l'apparition d'En Marche signeraient à terme l'avènement d'un grand parti centriste, majoritaire, mais traversé de courants profondément divergents et incohérents, constitué d'alliances de circonstances instables et ponctuelles rappelant les gouvernements de la IVe République.

    Ce schéma risque de «satelliser» la droite en caution économique d'un programme qu'elle ne maîtriserait plus. Cependant, la faiblesse du score de MLP au premier tour des présidentielles, et les divisions internes du FN auquel les départs de Marion Maréchal-Le Pen et de Florian Philippot portent un coup, constituent une opportunité immense pour que la droite de gouvernement effectue, à l'occasion de ces prochaines années, le travail sur elle-même analogue à celui des conservateurs britanniques au milieu des années 2000 devant une gauche économiquement et sociétalement libérale, et des extrêmes qui prêchaient la révolution.

    La gauche avait, en son temps, assumé l'abandon du peuple qui a tout perdu: la droite pourrait assumer celui des élites postmodernes qui ont tout gagné. L'urgence de la droite, face à son risque de dissolution, est de récupérer trois pôles: l'électorat populaire (attaché à des valeurs de responsabilité, d'autorité et percevant les ravages du libéralisme libertaire), l'électorat bourgeois des provinces et assimilé, souvent de culture catholique et sociale, et celui de la gauche dite «réac», chevènementiste.

    Comme l'avait fait le think-tank Terra Nova dès 2011 en orientant cyniquement le PS vers l'électorat de la coalition des bobos et des minorités, il s'agirait ici pour la droite d'abandonner l'élite déracinée et déterritorialisée, qui aurait tout à perdre d'un changement de son discours, pour rassembler la bourgeoisie de province et les classes populaires dans une sorte de «Terra Nova inversé».

    Ce Terra Nova inversé n'aurait pas pour objet de promettre une quelconque revanche, mais de proposer aux «perdants» économiques et culturels de porter un changement de paradigme.

    Face à l'idéologie de la déconstruction qui rassemble pour mieux les déchirer les deux «camps» des gagnants et des perdants de la mondialisation libérale-libertaire, la droite doit bâtir un discours autonome et crédible.

    Pour ce faire, elle refuserait de ne concevoir la nation que comme un agglomérat d'individus dont le politique n'aurait qu'à organiser l'interaction pour en maximiser l'épanouissement matériel ; et elle refuserait dans le même temps de promettre la «revanche» des classes populaires par des promesses intenables ou de verser dans le décroissantisme, marqueurs des deux extrêmes.

    Refuser l'idéologie de la déconstruction, c'est à la fois refuser son matérialisme individualiste post-politique qui continue à atomiser la société en produisant des «gagnants» et des «perdants», et refuser sa méthode de la table rase surfant sur les fausses promesses et les colères stériles ; c'est assumer la nécessité pour toute société qui souhaite perdurer et vivre librement de protéger les trésors chèrement accumulés au fil des siècles.

    C'est donc affirmer le besoin de transmission de notre culture, qui suppose un espace clos, un territoire, afin de générer la confiance et la fraternité nécessaires à l'existence d'une vie démocratique enracinée - d'une vraie démocratie, tout simplement.

    Ce projet aurait à son cœur le rejet de l'émerveillement béat et des frustrations violentes, lui préférant l'enracinement dans le passé pour une projection vers l'avenir. Son maître-mot ne serait pas «construire», mais «grandir», y compris à partir du local, plus propice à l'élaboration apaisée de solutions concrètes aux véritables problèmes de fond.

    La protection qu'il offrirait n'est pas refus du changement, d'où le rejet du mot-caricature de «conservatisme»: elle réhabiliterait l'idée que l'innovation n'est ni bonne, ni mauvaise, mais qu'il revient à notre volonté politique de la saisir comme une opportunité et de la maîtriser comme un danger.

    C'est ainsi réhabiliter la place du politique, sa vocation à orienter plutôt qu'à accompagner les changements qui sont loin d'être inéluctables.

    Ce serait donner envie aux Français de redécouvrir qu'ils peuvent encore, en tant que peuple, maîtriser les décisions qui ont trait à des sujets structurants pour notre avenir (écologie, transmission des savoirs et des valeurs, rapports à la mondialisation et au libre-échange, rapports à la technologie notamment quant à ses impacts éthiques et sociaux, etc.).

    Ce serait donc leur permettre de reprendre goût à leur propre liberté politique.

    «Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivant certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir», disait Simone Weil.

    Cette refondation idéologique est à même de séduire l'électorat cible, mais aussi d'aller au-delà.

    Pour les classes populaires ou moyennes, et la bourgeoisie dite de province, il s'agit de reconnaître la valeur d'une patrie en partage, ainsi que le capital immatériel que représente la «décence commune» dont parle George Orwell sans laquelle «l'unité politique n'est qu'une coquille vide» (M. De Jaeghere).

    Mais c'est aussi un discours capable de rassembler d'abord les libéraux, au sens premier du terme - ceux qui aspirent à la protection des personnes contre l'arbitraire du pouvoir, ceux qui estiment qu'il appartient à chaque institution, Etat compris, de se cantonner à son rôle pertinent (notamment en matière économique),.

    Mais aussi ceux qui reconnaissent que l'économie de marché ne fonctionne durablement - et n'est même historiquement apparue - que dans le cadre de communautés culturelles enracinées, assumant une certaine éthique, et structurées par des Etats-nations démocratiques.

    Enfin, c'est un discours susceptible de séduire une partie de l'électorat préoccupé par la question sociale, en développant des politiques fondées sur la notion de responsabilité plutôt que sur l'humiliation d'un assistanat organisé: les Français veulent travailler et non vivre d'allocations ; ils veulent se sentir intégrés dans la société et pas sans cesse renvoyés à leurs origines par un discours victimaire et moralisateur.

    Cette velléité de bâtir un nouveau parti de masse à droite, ni gestionnaire, ni démago, trouve de nombreux échos intellectuels et médiatiques, des anciennes gauche et droite: Finkielkraut, Brague, Debray, Gauchet, Onfray, Delsol, Polony.

    A l'heure où ce combat culturel est mené avec brio, la droite, si elle ne veut pas disparaître, devra prendre le chemin de crête périlleux qui consiste à rejeter en bloc le confort d'une politique gestionnaire en s'affranchissant d'une idéologie qui lui aliène le nouveau cœur de son électorat putatif: les classes moyennes et populaires, et la bourgeoisie dite de province.

     (Figaro Vox, 6 octobre 2017)

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2017/10/13/pour-survivre-la-droite-doit-abandonner-les-elites-mondialisees.html

  • Alain de Benoist : « Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi »

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    Par Alain de Benoist et Jean-Paul Brighelli

    4014319061.jpgDans ce remarquable entretien, la distinction qu'opère Alain de Benoist entre métier et emploi nous paraît essentielle. Métier est de l'ordre du qualitatif. C'était ce que possédaient en propre ceux qui n'avaient rien, les prolétaires de jadis. Emploi est indéterminé, sans substance, sans qualité. C'est tout le reflet du monde moderne ou postmoderne. Cette opposition constitue la trame de la réflexion d'Alain de Benoist, y compris dans les passages où elle peut surprendre. Il faut savoir gré à Jean-Paul Brighelli d'avoir réalisé et publié [Bonnet d'âne & Causeur les 9 & 13.10] ce long et riche entretien qui est aussi un débat, l'amorce d'un débat.  Lafautearousseau   

    Jean-Paul Brighelli. Voilà que vous détournez le « grand remplacement » ethnique cher à Renaud Camus par un « grand remplacement » économique : l’ubérisation de l’ensemble des sociétés libérales — française, entre autres. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette mutation ?

    Alain de Benoist. Le « grand remplacement économique », ce n’est pas tant l’ubérisation que le remplacement de l’homme par la machine, voire par l’intelligence artificielle, à laquelle conduit l’évolution même du travail, évolution dont l’ubérisation ne représente qu’un aspect.

    « On l’oublie trop souvent : le capitalisme, ce n’est pas seulement le capital, c’est également le salariat. C’est aussi le système qui repose sur la force de travail, base de la valorisation du capital, et la transformation du travail concret en travail abstrait, concomitante de la transformation de la valeur d’usage en valeur d’échange. La transsubstantiation du travail en argent, puis de l’argent en capital, produit l’autovalorisation de la valeur. Le travail au sens moderne est une catégorie capitaliste. La généralisation du salariat fut une révolution silencieuse, mais une mutation énorme. Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi. Le métier et l’emploi, ce n’est pas la même chose. L’avènement du marché où l’on peut vendre et acheter contre salaire de la force de travail implique à la fois la destruction des anciennes formes sociales et la séparation du travailleur d’avec les moyens de production.

    « La contradiction principale à laquelle se heurte aujourd’hui le capitalisme est directement liée à l’évolution de la productivité. Cette contradiction est la suivante. D’un côté, le capital recherche en permanence des gains de productivité lui permettant de faire face à la concurrence, ce qui entraîne des suppressions d’emploi et une diminution du temps de travail global (on produit de plus en plus de choses avec de moins en moins d’hommes). De l’autre, il pose le temps de travail comme seule source et seule mesure de la valeur. La contradiction tient au fait que les gains de productivité aboutissent à supprimer des emplois, alors que c’est justement la forme « emploi » qui a permis au travail d’être le moteur de l’expansion du capital. La contradiction entre le marché actuel du travail et la production réelle de survaleur fait que le système capitaliste est aujourd’hui menacé, non pas seulement d’une baisse tendancielle du taux de profit, mais d’une dévalorisation généralisée de la valeur. 

    « Avec la révolution informatique et le développement de la robotique, la production de richesses se découple par ailleurs toujours davantage de la force de travail humaine, et pour la première fois on supprime davantage de travail qu’on ne peut en réabsorber par l’extension des marchés.

    « L’argument libéral classique est de dire que tout cela n’a rien de nouveau, que le progrès technique a toujours détruit des emplois, mais qu’il en a créé d’autres. On cite l’exemple de la révolte des canuts lyonnais contre les métiers à tisser, celui des luddites anglais ou celui des tisserands silésiens de 1844. On rappelle aussi la façon dont les emplois du secteur tertiaire ont remplacé ceux des secteurs primaire et secondaire. C’est oublier qu’aujourd’hui tous les emplois ne sont pas substituables, et qu’ils le sont même de moins en moins compte tenu de l’importance prise par les connaissances et de l’inégale distribution des capacités cognitives. Si dans le passé un paysan a pu se reconvertir en ouvrier sans grand problème, un ouvrier du bâtiment aura beaucoup plus de mal à se reconvertir en programmateur informatique. C’est pourquoi la robotique détruit aujourd’hui plus d’emplois qu’elle n’en crée.

    « Mais c’est oublier surtout que nous sommes en train de sortir de l’époque où les machines faisaient les choses aussi bien que l’homme pour entrer dans celle où les machines font beaucoup mieux. Cela change tout, car cela signifie que les machines peuvent désormais entrer en compétition avec des fonctions qui ne sont plus seulement manuelles ou répétitives, ce qui pose le problème de la décision : la machine est mieux placée pour décider puisqu’elle peut traiter mieux qu’un humain les informations dont elle dispose. C’est ce qu’avaient déjà biens vu Hannah Arendt et Günther Anders. Voilà pour le « grand remplacement » !

    Vous reprenez le terme de « précariat », introduit en économie alternative par des alter-mondialistes et des anarchistes (italiens à l’origine) à la fin des années 1970 — quelques années à peine après le départ de la crise structurelle dont se nourrit depuis cette époque le libéralisme. En quoi consiste-t-il ?

    La précarité, aujourd’hui, tout le monde la constate autour de soi. Face à la montée d’un chômage devenu structurel (et non plus seulement conjoncturel), la tendance actuelle, parallèlement au remplacement des activités productives par des emplois inutiles, qui sont en dernière analyse des emplois de contrôle, destinés à désamorcer les velléités de révolte sociale, est de chercher à diminuer le chômage en augmentant la précarité. C’est la mise en application du principe libéral : « Mieux vaut un mauvais travail que pas de travail du tout ». D’où l’idée de « flexi-sécurité », qu’il faut comprendre ainsi : la flexibilité c’est pour tout de suite, pour la sécurité on verra plus tard. Le refrain mille fois répété par le Medef est bien connu : plus on pourra licencier facilement, moins on hésitera à embaucher. Mais comment expliquer alors que la précarité ait constamment progressé en même temps que le chômage ?

    « C’est cette montée de la précarité qui a abouti en Angleterre à la multiplication des « travailleurs pauvres » (working poors) et aux contrats « à zéro heure » (on en compte aujourd’hui plus de 1, 4 million), et en Allemagne, depuis les réformes Harz, aux « minijobs » (450 euros sans cotisations et sans couverture sociale) qui, en 2013, concernaient 7 millions de travailleurs, soit près de 20% de la population allemande active, parmi lesquels un grand nombre de retraités.

    « Mais la précarisation, c’est aussi de façon beaucoup plus générale la destruction de tout ce qui dans le passé était solide et durable, et se trouve aujourd’hui remplacé par de l’éphémère et du transitoire. Dans ce que Zygmunt Bauman a très justement appelé la société liquide, tout est à la fois liquéfié et liquidé. Que ce soit dans le domaine professionnel, sentimental, sexuel, éducatif, politique, social ou autre, nous vivons à l’ère du zapping : on « zappe » d’un partenaire à l’autre, d’un métier à l’autre, d’un parti politique à l’autre, comme on « zappe » d’une chaîne de télévision à une autre. Et dans tous les cas, le changement n’aboutit qu’à donner le spectacle du même. On est toujours déçu parce que, sous diverses guises, c’est toujours le même chose qui se donne à voir. L’idéologie du progrès joue évidemment son rôle : avant, par définition, c’était moins bien. Le politiquement correct (qu’il vaudrait mieux appeler l’idéologiquement conforme) joue le sien : en transformant les mots, la « novlangue » transforme les pensées. L’individualisme ambiant fait le reste.

    Un chauffeur de taxi « ubérisé » gagne fort mal sa vie, en moyenne. Serait-ce là l’un de ces « bullshit jobs » nommés pour la première fois par David Graeber pour désigner des « boulots à la con » dans la sphère administrative (privée ou publique) et désormais étendus à l’ensemble de la sphère économique ? À une époque où les employés des grandes surfaces ne sont plus jamais embauchés à temps plein, afin de les tenir en laisse en les faisant vivre avec 800 euros par mois, où un prof débutant touche après 5 à 6 ans d’études 1400 euros par mois, en quoi la précarité concertée est-elle la solution la plus adaptée trouvée par le néo-libéralisme contemporain ?

    Les promesses du « travail indépendant » (l’« ubérisation » de la société) sont de leur côté trompeuses, car la précarité y est la règle plus encore que dans le salariat. Dans le monde post-industriel, qui privilégie les connaissances plus que les machines, chacun se voit convié à « devenir sa propre entreprise » (à être « entrepreneur de soi-même ») pour valoriser ses « actifs incorporels », quitte pour les anciens salariés à devenir des travailleurs multitâches, courant d’une activité à l’autre, cherchant de nouveaux clients tout en s’improvisant juristes ou comptables. L’ubérisation n’est alors qu’un nouveau nom de la parcellisation et de l’atomisation du travail. La précarité devient la règle, car les résultats recherchés se situent sur un horizon de temps de plus en plus court. Plus que jamais, on perd sa vie en tentant de la gagner.
    « Sous couvert de « flexibilité » on recherche des hommes taillables et corvéables à merci, qui doivent sans cesse s’adapter aux exigences d’une économie dont on estime qu’ils doivent être les serviteurs, sinon les esclaves. La généralisation de la précarité, c’est l’avènement de l’homme substituable, interchangeable, flexible, mobile, jetable. C’est l’entière réduction de la personne à sa force de travail, c’est-à-dire à cette part de lui-même qui peut être traitée comme une marchandise. C’est la soumission à l’impératif de rendement, la vente de soi s’étendant à tous les aspects de l’existence.

    Sur l’ensemble du dossier présenté par votre revue, je vous trouve terriblement marxiste — « le facteur économique est bien déterminant en dernière instance ». Peut-on cependant tisser un lien entre la réalité économique à laquelle on est en train de convertir l’ensemble de l’économie mondialisée, et l’homo festivus inventé par Philippe Muray ? Ou si vous préférez, dans quelle mesure l’ubérisation tous azimuts se conforte-t-elle de la société du spectacle — et vice versa ?

    Pas du tout marxiste, mais marxien pourquoi pas ! Deux cents ans après sa naissance, il serait peut-être temps de lire Marx en étant capable de faire le tri entre les nombreuses facettes de sa pensée – en oubliant les « marxismes » et les « antimarxismes » qui n’ont fait qu’accumuler les contresens sur son œuvre. La philosophie de l’histoire de Marx est assez faible, mais il n’y a pas besoin d’être marxiste pour constater, avec lui, que notre époque est tout entière plongée dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Marx est à la fois l’héritier d’Aristote et celui de Hegel. Il a tort de ramener toute l’histoire humaine aux lutte de classes, mais il décrit à merveille celles de son temps. Ce qu’il écrit sur le fétichisme de la marchandise, sur la « réification » des rapports sociaux, sur l’essence de la logique du Capital (sa propension à l’illimitation, au « toujours plus », qui n’est pas sans évoquer le Gestell heideggérien), sur la théorie de la valeur, va très au-delà de ce qu’on a généralement retenu chez lui.

    « L’homo festivus dont parlait le cher Philippe Muray est en effet comme un poisson dans l’eau dans l’économie libérale aujourd’hui déployée à l’échelle mondiale. L’homo festivus ne cherche pas seulement à faire la fête tout en aspirant à se vider le crâne (il ne faut pas se prendre la tête !) grâce aux mille formes de distraction contemporaine, au sens pascalien du terme. Il est aussi celui qui a remplacé le désir de révolution par la révolution du désir, et qui pense que les pouvoirs publics doivent faire droit, y compris institutionnellement, à toute forme de désir, car c’est en manifestant ses désirs, quels qu’ils soient, que l’homme manifeste pleinement sa nature.

    « Cela s’accorde parfaitement à l’idéologie libérale, qui conçoit l’homme comme un être présocial, cherchant à maximiser en permanence son seul intérêt personnel et privé. Comme l’a si bien montré Jean-Claude Michéa, c’est parce que le libéralisme économique et le libéralisme « sociétal » (ou libertaire) sont issus du même socle anthropologique qu’ils ne peuvent à un moment donné que se rejoindre. La société du spectacle, où le vrai n’est plus qu’un moment du faux et où l’être s’efface totalement derrière le paraître, est le cadre idéal de cette rencontre. C’est la société de l’aliénation volontaire, qui croit que les rapports sociaux peuvent être régulés seulement par le contrat juridique et l’échange marchand, mais qui ne débouche que sur la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire sur le chaos.

    Vous notez qu’Emmanuel Macron est le chantre de cette ubérisation généralisée. Mais comment diable l’a-t-on élu ? Par un malentendu ? Grâce à l’écran de fumée médiatique ? Par un désir profond d’en arriver à un salaire universel garanti (le seul candidat qui le proposait était Benoît Hamon : un hasard ?) qui permettrait de vivoter dans la précarité sans plus poser de problème à un capitalisme financiarisé qui pourrait alors s’épanouir ? Mais alors, qui achètera les merveilleux produits fabriqués demain par les quelques travailleurs encore en exercice et une noria de machines « intelligentes » ? Bref, l’ubérisation serait-elle le premier pas vers la fin du libéralisme — l’ultime contradiction interne du système ?

    Dans une démocratie devenue elle aussi liquide, Macron a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux anciens grands partis de gouvernement ne mettait plus en présence que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul. C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec au premier tour moins d’un quart des suffrages exprimés.

    « Macron est avant tout un contre-populiste au tempérament autoritaire et à l’ego hypertrophié. Il reprend à son compte le clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les élites libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante). Contre ceux « d’en bas », il est le représentant de la Caste « d’en haut ». On voit bien aujourd’hui qu’il ne supporte pas qu’on lui résiste, qu’il n’aime pas les corps intermédiaires, qu’il est insensible aux aspirations populaires, qu’il n’a rien à dire à la France qui va mal. A un moment où les classes moyennes, menacées de déclassement et de paupérisation, sont en train de rejoindre les classes populaires, il démontre ainsi son intention de construire une « start up nation », en parfaite conformité avec une religion économique qui exige l’absorption du politique par la gouvernance. Cela augure plutôt mal de l’avenir. »  

    3141993747.jpg« La revue Eléments mérite vraiment qu’on en parle. Mieux, elle mérite d’être lue, partagée, et relue. Collectionnée peut-être. Alain de Benoist, le philosophe anarchiste, bon bougre et mauvais coucheur, qui veille sur sa destinée et y produit tous les deux mois des éditos vengeurs et des articles ravageurs (et vice versa), a bien voulu répondre à quelques questions à peine orientées, suscitées par le solide dossier du dernier numéro sur l’ubérisation à marches forcées à laquelle on soumet aujourd’hui la société française mondialisée, et qui nous prépare de jolis lendemains qui chanteront faux. » Jean-Paul Brighelli.

    Eléments  -  Alain de Benoist,

    Bonnet d'âne Causeur

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