économie et finance - Page 419
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Fiscalité : la tactique du bâton et de la carotte - Journal du Jeudi 1er février 2018
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Promotion sur le Nutella : “Les nouvelles émeutes de la faim”, selon Éric Zemmour
Des bagarres dans une grande surface pour des promotions sur le Nutella ont fait scandale. Le gouvernement a diligenté une enquête pour vérifier si les règles interdisant les ventes à perte ont été respectées.
Ce sont les nouvelles émeutes de la faim. Jadis, on se battait pour du pain. Aujourd’hui, on se bat pour du Nutella. On s’étripait à la porte des boulangeries, parce que le pain était trop cher ou trop rare. On s’étripe dans les supermarchés pour une promotion.
Jadis, on souffrait de disette, voire de famine. On souffre désormais d’obésité et de diabète. Jadis, le pain n’était pas vraiment du pain. Mais les noisettes et le chocolat ne sont pas vraiment des noisettes et du chocolat. La faim frappait surtout les pauvres. La malbouffe, aussi.
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L'Action française 2000 cesse de paraître
Extrait de l'éditorial de François Marcilhac :
"[...] ce numéro est le dernier de L’Action Française 2000, puisque nous sommes contraints de cesser notre parution en raison de problèmes financiers que nous ne pouvons plus éluder. Cela peut paraître, en un sens, une victoire de l’oligarchie et de ceux pour qui la parole et l’action patriotes doivent absolument disparaître du paysage national. Avec la nation elle-même. Ils ont même remporté une autre victoire, cette semaine, avec le retrait de Maurras du Livre des commémorations nationales de 2018, à la suite d’une polémique qui en dit long sur l’état moral et intellectuel de nos élites autoproclamées, lesquelles font régner leur dictature sur le pays. La mutilation de la mémoire nationale, c’est évidemment celle de notre héritage, et donc de notre compréhension de nous-mêmes et, pour finir, de notre identité. Or, que cela plaise ou non, Maurras en fait pleinement partie.
L’heure du renouveau
Pourtant, que l’oligarchie et ses idiots utiles ne se réjouissent pas trop vite de ce qui peut apparaître au premier abord comme un recul de leurs adversaires à la fois les plus résolus et les plus conséquents. Si des raisons financières ne nous permettent plus de continuer de paraître, celles-ci ne disent rien ni de notre développement ininterrompu depuis cinq années, où nous avons vu le nombre des adhérents croître de manière exponentielle, comme en témoigne le succès sans cesse grandissant de notre université d’été et de nos actions militantes sur tout le territoire, ni, surtout, du progrès de nos idées en France, devant la déliquescence d’un régime dont le replâtrage macronien dissimule de plus en plus mal la décomposition – les dernières révélations sur l’affaire Fillon donnent la nausée en confirmant la nature de ce régime. Il nous faut tout simplement repenser notre présence politique pour accompagner notre renouveau. Comment n’entamerions-nous pas cette nouvelle étape avec exaltation l’année du cent cinquantième anniversaire de la naissance de Maurras, alors même que, une fois nettoyée de ses scories historiques – la tradition est critique –, sa doctrine demeure toujours aussi pertinente, voire d’une urgence tragique ? Chaque jour qui passe confirme, malheureusement, la nécessité d’en finir avec un régime auquel le pays doit, depuis deux siècles, ses principaux malheurs et son érosion lente mais continue. [...]"
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L’Europe de l’Est écrit l’histoire, par Ivan Rioufol
Le petit monde fortuné de Davos, qui s’est donné rendez-vous pour l’année prochaine avec la certitude d’être au cœur de l’histoire, ferait bien de descendre sur terre. Le “populisme”, que les puissants s’honorent de dénoncer, est une marée qui monte plus inexorablement que les actuelles inondations. Dimanche, les Tchèques ont réélu leur “Trump européen” en la personne de Milos Zeman. Il a fait de la lutte contre l’immigration son principal combat. Comme le rappelle Le Figaro de ce lundi, Zeman qualifie l’afflux de migrants en Europe “d’invasion organisée” et de “bouillon de culture” propice à des attaques terroristes. Les gens, visiblement, comprennent ce qu’il dit. Il suffit par exemple de constater l’état de la Suède, qui s’est ouverte depuis longtemps à un multiculturalisme qui se voulait exemplaire, pour convenir des désastres produits par l’arrivée massive de cultures différentes : le pays est en proie à une insécurité inédite (Le Figaro, samedi). 40% des policiers suédois sont exposés à des violences ou à des menaces. Les viols explosent. Un quart de la population affirme être affecté dans sa qualité de vie. Bref les odes à la mondialisation, repris ces derniers jours au Forum économique de Davos, ne font rêver qu’une caste de privilégiés. Ceux-ci voient en Emmanuel Macron son enfant prodige. “France is back !”, a d’ailleurs lancé le président français devant une assemblée conquise. En réalité, ni Macron ni ses dévots ne voient rien des mouvements tectoniques qui sont en train de bouleverser les équilibres européens.
L’histoire s’écrit à l’Est. Elle s’élabore loin des médias, dans ces pays détestés par la caste mondialiste, par l’Union européenne et par le chef de l’Etat français. Dernièrement, Macron n’a pas ménagé ses attaques contre la Pologne. Elle sait pourtant de quoi elle parle, elle qui a combattu jadis l’invasion ottomane puis le totalitarisme communiste : des expériences qui laissent l’esprit en alerte devant les dangers futurs. Quand Trump est venu en juillet à Varsovie pour déclarer aux Polonais : “Vous êtes l’âme de l’Europe” (bloc-notes du 14 juillet 2017), les médias français ont négligé l’évènement. A tort. Comme le soutient le spécialiste Tony Corn dans la dernière livraison de la revue Le Débat, “Washington va s’investir massivement (politiquement, militairement et économiquement)” dans le club dit de L’initiative des trois mers (Baltique-Adriatique-Mer Noire), qui comprend douze pays membre de l’UE (les quatre pays du Visegrad plus l’Autriche, la Slovénie et la Croatie, ainsi que les trois pays baltes, la Roumanie et la Bulgarie). Selon Corn, “l’Amérique va promouvoir le rôle régional de la Pologne et de la Roumanie, deux pays qui sont considérés comme les alliés européens les plus fiables”. A Davos, l’assemblée huppée a applaudi mollement, vendredi, le président américain et ses manières de plouc. Ces économiquement snobs feraient pourtant bien de méditer le conseil de Trump, de ne “pas oublier les gens” et de “répondre aux voix des oubliés”. C’est le peuple qui fait l’histoire.
Ivan Rioufol
Texte daté du 29 janvier 2018 et repris du blog d’Ivan Rioufol
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La maladie de la surconsommation - Journal du Mercredi 31 janvier 2018
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Les racines de l'étatisation
C'est du fiscalisme dont nous souffrons aujourd'hui le plus en France. Ce phénomène ne reculera qu'avec la diminution du périmètre de l'étatisme. L'étiage des deux inondations, fiscale et administrative, reste à 57 % de la richesse créée par les Français.
Dans l'Opinion du 29 janvier, Raphaël Legendre dénonçait ainsi, à juste titre, ce qu'il appelle "l’incroyable niveau de prélèvements sur les entreprises françaises" évaluant qu'en France, "le taux moyen d’imposition des entreprises est le plus élevé d’Europe, avec un taux atteignant 62,2 % du chiffre d’affaires. Cette situation n'est pas seulement pénalisante pour le pays dans la concurrence internationale, elle dévalorise dans la société la production, l'initiative et, en définitive, le travail.
Or, non seulement cet état de choses n'a pas toujours existé mais la perspective en a très longtemps été odieuse au peuple.
Il est donc essentiel de ne pas se méprendre sur son histoire longue, autant que sur son histoire courte.
Je ne pourrai pas assister le 8 février prochain à la conférence de Jean-Philippe Feldmann qui semble, par son titre, accréditer l'idée que le "mal français", expression popularisée par un ouvrage d'Alain Peyrefitte, proviendrait d'une réalité millénaire.(1)⇓
Cette conférence est occasionnée par la sortie d'un livre certainement très intéressant, puisqu’il nous propose de "transformer la France", et, on l'espère, plus nuancé que son sous-titre dont a fait le thème de la conférence(2)⇓.
Sans doute l'idée générale des auteurs du livre rejoint largement nos préoccupations économiques du moment.
Le problème tient à ce que son intitulé nous ramènerait au XIe siècle. Et j'avoue avoir beaucoup de mal à percevoir les errements et les fautes de nature à condamner en bloc le long règne du Robert le Pieux (996-1031), fils de Hugues Capet dont les conséquences se feraient sentir de nos jours.
Cette datation est donc tout à fait erronée : si la France avait toujours été affectée d'une tare mortelle, elle n'aurait pas survécu. Elle n'aurait pas contribué à cette part que l'on peut quand même considérer, sans chauvinisme, comme importante, et même fondatrice, pour la civilisation occidentale.
Faire remonter à mille ans le mal dont souffre aujourd'hui la France revient à ravaler ce pays au rang d'erreur de l'Histoire. Car on ne peut parler de France, c'est-à-dire de la Francie occidentale, partie détachée de l'empire carolingien, qu'à partir du règne de Charles le Chauve (840-877). Or c'est précisément de cette époque que date le morcellement du royaume en principautés pratiquement autonomes, ‑ ce que nous confondons avec la féodalité, système juridique un peu plus tardif organisant l'ensemble des institutions et usages contractuels entre suzerains et vassaux(3)⇓.
De cette longue histoire est sorti un peuple, très diversifié au départ, rassemblé par les Capétiens.
Non la France ne peut donc pas être tenue globalement pour une erreur de l'Histoire.
Non, pour être précis, l'étatisme n'y est pas millénaire.
L'erreur étatiste, telle que nous la vivons aujourd'hui, commence en fait beaucoup plus tard. Nous la confondons avec la tendance au centralisme que d'excellents esprits, comme Alexis de Tocqueville, ceci pour ne rien dire du professeur Vedel, font remonter à la fin de l'Ancien Régime. On présente souvent ainsi Richelieu d'avoir été le premier des étatistes et des centralistes. Mais son célèbre Testament, qu'on cite souvent sans l'avoir vraiment lu, peut être aussi bien compris comme celui du dernier des féodaux, vassal fidèle, féal de son Roi.
Les racines de l'étatisation et du centralisme, au niveau nous connaissons, ne remontent pas à la monarchie.
Comme le totalitarisme communiste, elles remontent à Robespierre et au jacobinisme. Napoléon et les pillages révolutionnaires ont cherché en vain à l'étendre au reste de l'Europe.
Depuis, le système n'a cessé, de crise en crise, de s'aggraver : plan Freycinet à partir de 1878, folies monétaires et des réparations après 1918, front populaire de 1936, charte du travail de 1941, ordonnances de 1944, lois communistes de 1946, mais aussi à partir de 1966 – "j'irai plus loin, disait alors De Gaulle, que leur front populaire" – nouvelles ordonnances de 1967, hausse prodigieuse des prélèvements obligatoires sous Giscard – 7 points de PIB en 7 ans – suivie du programme commun mis en route à partir de 1981, plan Juppé de 1996, tout cela sous des étiquettes différentes aboutissant à la mainmise des hauts fonctionnaires sur l'État et de l'administration sur l'économie et la société.
JG Malliarakis
À lire en relation avec cette chronique
"Les Harmonies économiques" par Frédéric Bastiat à commander en ligne aux Éditions du Trident, sur la page catalogue ou par correspondance en adressant un chèque de 29 euros aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris.
Apostilles
- ⇑En finir avec mille ans de mal français"conférence de Jean-Philippe Feldman à l'ALEPS 35 avenue Mac-Mahon Paris 17e. M° Ternes ou Étoile.
- ⇑"Transformer la France ; en finir avec mille ans de mal français" (Éd. Plon, 2018) par Mathieu Laine et Jean-Philippe Feldman, avocat à la Cour de Paris, professeur agrégé des facultés de droit, spécialiste de l'histoire des idées politiques.
- ⇑cf. "Charles le Chauve"par Janet-L. Nelson 1994 ed. Aubier-Flammarion
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DÉCLIN DU DOLLAR, ENVOLÉE DE L’OR : VERS UN KRACH BOURSIER ?
Marc Rousset
Le polytechnicien Bernard Arnault, PDG de LVMH, a eu l’honnêteté de déclarer, dans Le Figaro du 26 janvier : « Les valeurs en Bourse sont très élevées, mais pas seulement pour le luxe […] D’autres types d’actifs s’envolent de façon irrationnelle, comme ce tableau de Vinci dont on ne sait pas s’il est vrai ou faux. Le monde est atteint d’une certaine folie. Par ailleurs, plusieurs des valeurs technologiques qui valaient cher en 2000 ont disparu. »
Les investisseurs se congratulent en voyant les indices boursiers voler de record en record, mais un krach financier est inéluctable. L’économie est cyclique et le bon sens nous indique que les marchés ont été orientés depuis trop longtemps à la hausse pour qu’il n’y ait pas, prochainement, au minimum une correction, alors que certains économistes entrevoient même, à juste titre, l’apocalypse à venir et l’écroulement possible du système. Ce que Macron et les médias aux ordres se refusent à envisager.
Du côté du dollar, les choses ne se présentent pas très bien non plus. L’agence de notation chinoise Dagong a annoncé sa décision, dans un rapport rendu public le 16 janvier 2018, de réviser à la baisse la crédibilité souveraine du dollar américain en tant que monnaie légale et devise internationale. Le dollar a été dégradé de la catégorie A- à BBB+ avec la mention « perspective défavorable », compte tenu de la structure économique des États-Unis, de leur endettement trop élevé, des dernières perspectives de rentrées fiscales suite à la dernière réforme de Donald Trump, de leur déficit financier et de l’insuffisance de la valeur de liquidation des actifs convertibles du gouvernement américain.
Au-delà des dernières déclarations contradictoires de Donald Trump à Davos et de son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin sur un dollar faible ou fort à venir, le dollar connaît un mouvement à la baisse depuis plus d’un an qui s’est amplifié ces derniers mois. Le dollar est, en fait, en chute libre. L’euro, qui était à 1,25 dollar en novembre 2014, qui était descendu à 1,040 dollar en décembre 2016, vient de remonter à 1,24 dollar. Cette réévaluation de l’euro va faire mécaniquement reculer le prix des importations et, donc, tirer l’inflation vers le bas, ce qui va éloigner la BCE de son objectif de 2 % d’inflation qui devait lui servir de prétexte pour sortir de sa politique monétaire actuelle, laxiste et ultra-dangereuse.
Le prix de l’or, lui, a grimpé de 100 dollars l’once au cours des trente derniers jours. Il s’élève, maintenant, à 1.337 dollars l’once. Il pourrait retrouver son dernier sommet de 1.920 dollars l’once du 6 septembre 2011 beaucoup plus tôt que prévu et s’envoler, même, à 10.000 dollars l’once, toutes choses égales par ailleurs, en cas de krach prononcé ou d’explosion du système.L’or est le yin du yang que sont les marchés ; il est inversement corrélé avec les marchés. L’or, valeur refuge, monte dans un environnement de crise économique et d’hyperinflation, ce que démontrent les graphiques historiques passés, les statistiques et les coefficients de corrélation. Déjà, en 1980, l’or avait connu une brusque envolée à 850 dollars l’once alors qu’il n’était qu’à 35 dollars l’once en 1970, soit une hausse spectaculaire de 2.328 %.Un chiffre est malheureusement indiscutable et plus que certain, même si le banquier Macron ne l’a jamais évoqué dans ses discours « en même temps » juste bons à endormir les foules : la dette mondiale est de deux millions de milliards de dollars ! Elle se compose d’une dette globale nominale de 240.000 milliards de dollars, de 250.000 milliards de dollars de dépenses non provisionnées qui n’apparaissent donc pas sous forme de dettes officielles, mais qui en sont de véritables, et 1,5 million de milliards de dollars de produits bancaires dérivés.
Cette dette ne pouvant être remboursée en aucune façon, la seule solution qui s’imposera inéluctablement un jour ou l’autre pour régler la quadrature du cercle sera, comme nous l’a montré l’Histoire, soit une guerre, soit plus vraisemblablement l’implosion du système et une hyperinflation déclenchée par une politique monétaire d’assouplissement quantitatif à très haut débit toutes vannes ouvertes. La création monétaire actuelle de la Fed et de la BCE ressemblera alors à de vulgaires et misérables seaux d’eau.
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La leçon de Davos
par Louis-Joseph Delanglade
M. Macron avait sans doute raison de chercher à profiter du sommet de Davos pour réunir, en guise d’introduction, quelque cent-quarante patrons de grands groupes internationaux à Versailles, lieu hautement symbolique de la grandeur française. Il a cependant commis une faute grave en privilégiant la langue anglaise (« Choose France ») portant ainsi un coup très dur à une langue, le français, pour laquelle on avait cru comprendre précédemment qu’il ambitionnait un bel avenir. Parler anglais à Versailles pour mieux intégrer le club forcément anglo-saxon de la mondialisation, constitue un acte d’allégeance linguistique, reniement qui pourra coûter cher sur le plan politique - beaucoup plus que les résultats purement comptables d’un show qui restent très limités.
On pouvait donc attendre le pire à Davos, devant un public par avance sous son charme. Surprise : après une vingtaine de minutes en anglais et un « France is back » hollywoodien, M. Macron s’est exprimé une demi-heure en français pour sa leçon du jour. Notre président, ce « libéral, partisan de l’économie de marché, de la désinflation réglementaire et de la limitation de la pression fiscale » (M. Guetta, France Inter, 25 janvier), explique donc aux maîtres du monde que le processus actuel dit de « mondialisation » va à l’échec, parce qu’il génère chaos, misère et révolte, et qu’il faut donc en modifier la nature, c’est-à-dire cesser de pratiquer un dumping social et fiscal. Et M. Macron d’affirmer, avec des accents dignes d’un Victor Hugo, que « le défi est maintenant de savoir si l’on sait refonder un vrai contrat mondial […] autour du devoir d’investir, du devoir de partager et du devoir de protéger ».
Si on est un croyant, on peut se lever, applaudir, tomber dans les bras les uns des autres en pleurant à l’évocation de l’avenir radieux qui attend(rait) l’humanité libérale. Mais, et M. Macron est trop intelligent pour l’ignorer, sa mise en garde, étant donné la nature des choses, constitue plutôt une analyse des raisons de l’échec humain programmé de la globalisation. Ceux à qui profite la situation n’ont aucune raison de changer. Mme Merkel a redit à Davos son attachement au libre-échange. On la comprend, la balance commerciale allemande étant excédentaire d’environ deux cent cinquante milliards d’euros. Ceux à qui la situation est préjudiciable prennent les mesures qu‘ils peuvent. Les Etats-Unis, champions du monde du déficit avec cinq cents milliards de dollars, ont à leur disposition la planche à billets et les mesures protectionnistes de M. Trump (« Je ferai toujours passer l'Amérique en premier » a-t-il d’ailleurs indirectement répondu à M. Macron).
M. Macron ne peut pas raisonnablement penser que son appel sera entendu. Ce sont en effet les déséquilibres qu’il dénonce qui permettent aux gagnants de s’enrichir au détriment des perdants. Il est donc naïf de croire qu’oligarchies et États bénéficiaires renonceront à ce qui est devenu leur raison même d’exister. N’en déplaise donc à M. Macron, en tout cas à rebours de son idéologie, nous pensons que son discours est porteur d’une leçon réaliste : le paradis sur terre libéral n’existe(ra) pas et il convient d’en tirer les conclusions qui s’imposent.
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Politique & Eco n° 156 : Le pourquoi et le comment de la crise de 2008
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SIGNAUX DE KRACH FINANCIER EN PROVENANCE DE DAVOS, DES ÉTATS-UNIS ET D’EUROPE
Marc Rousset
L’euphorie règne en apparence sur les marchés, mais certains responsables ne sont pas victimes de l’exubérance irrationnelle. À Davos, des financiers et des économistes réunis par Bloomberg se sont demandé si la « complaisance » ne régnait pas sur les marchés. Certains s’inquiètent de la folie du « bitcoin ».
Jes Staley, le président de Barclays, a pu dire : « La situation actuelle me rappelle le forum de 2006, quand tout le monde pensait qu’on pouvait surfer sur les crises financières. » Un an plus tard éclatait la crise des « subprimes » outre-Atlantique puis, en 2008, la faillite de Lehman Brothers.
David Rubenstein, le fondateur du groupe Carlyle, lui aussi présent dans la station suisse, s’interroge sur le très haut niveau des dettes publiques : « C’est lorsque tout le monde s’estime heureux et satisfait que quelque chose survient. »
Quant à Kenneth Rogoff, professeur à Harvard, il souligne le cocktail explosif que constituent les niveaux stratosphériques de la Bourse et les très bas taux d’intérêt. Dans son ouvrage à succès Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière, il a stigmatisé l’optimisme béat, naïf et congénital des marchés financiers qui ont toujours de bonnes raisons pour justifier les bulles boursières.
En Europe, la BCE continue sa course folle en actionnant la planche à billets au rythme diminué de trente milliards d’euros par mois, alors que la Fed a stabilisé la sienne. C’est ainsi que, selon Holger Zschäpitz, du journal Die Welt, le bilan de la BCE atteint désormais 41,45 % du PIB de la zone euro, contre 22,78 % seulement pour la Fed dans le PIB américain, soit pratiquement le double ! Tout se passe comme si la BCE était un gigantesque « trou noir » dans la galaxie financière qui absorbe sans cesse des quantités astronomiques d’obligations européennes avec, en contrepartie, des émissions de monnaie en euros.Les liquidités créées par la BCE ont pour effet d’aplatir la courbe des taux, de ne plus rémunérer l’épargne, de permettre à des sociétés parasites, inutiles et non compétitives de perdurer en empruntant à des taux proches de zéro. On estime le montant pourri des créances bancaires douteuses dans la zone euro à plus de 1.000 milliards d’euros, dont 350 milliards pour la seule Italie.Comme déjà mentionné sur Boulevard Voltaire, les bilans totaux des quatre grandes banques américaines représentent 44,5 % du PIB des États-Unis et les totaux des bilans des quatre grandes banques françaises représentent 3 fois le PIB de la France. Quant à l’effet de levier moyen de ces banques qui caractérise le niveau et, donc, le risque d’endettement par rapport aux capitaux propres, il est de 25,53 en France et de seulement 11,63 aux États-Unis.
Aux États-Unis, c’est surtout le niveau d’endettement global démentiel du pays qui continue de s’élever avec Trump et la bulle boursière qui sont préoccupants. Quant aux produits dérivés des banques, ils sont aussi démentiels aux États-Unis qu’en Europe.
Tout se passe, en fait, comme si, partout dans le monde, de l’Europe aux États-Unis en passant par la Chine, le Japon et les pays émergents, nonobstant les risques géopolitiques, des cygnes noirs étaient partout blottis, cachés sous les roseaux. La mare aux canards est tranquille et sans rides ; en apparence, rien ne se passe, mais gare au premier cygne noir qui sortira de sa tanière aquatique, incitant et obligeant ses congénères à faire de même. Le premier cygne noir, malgré l’optimisme injustifié du banquier Macron à Davos prenant ses désirs pour des réalités, pourrait bien faire son apparition dans la zone euro, tout autant qu’à Wall Street !
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