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élections - Page 302

  • C'est la crise finale

    L'air est connu. Le vieux refrain révolutionnaire pourrait ainsi servir de Requiem joyeux pour un parti socialiste déconfit. Manuel Valls quitte la maison après 37 ans de bons services, inégalement loyaux. Voilà donc une descente aux enfers qui nous ramène aux basses eaux qui avaient précédé le congrès d'Épinay de 1971.

    L'hymne qui a fait le tour du monde, mis en musique par un ouvrier belge, Pierre De Geyter (1848-1932) a servi successivement en France, et dans d'innombrables pays, à de nombreuses organisations.

    Il met en musique, empruntant ses quatre premières mesures à Offenbach, final de l'opérette Les Bavards, ce texte qu'on hésite à appeler poème, entaché d'une pompeuse niaiserie… "si ces corbeaux ces vautours, un de ces matins disparaissent le soleil brillera toujours".

    C'est en 1888, en effet, 17 ans après la Commune de Paris, laquelle avait inspiré le parolier Eugène Pottiez que les partis ouvriers s'emparèrent du tout. Mais il faudra encore attendre des décennies pour que les organisations se réclamant du socialisme se rassemblent en fassent, à leur tour, leur instrument de rassemblement, quoi ne les empêcha pas de se diviser cruellement au congrès de Tours de 1920.

    Mais l'hymne demeure ! Car, il fait fonction de symbole permanent de cette famille de partis, lesquels ont toujours échoué à "changer la vie" et réapparaissent toujours sous de nouvelles formes.

    En quittant son dernier avatar qui remonte au congrès d'Épinay de 1971, Valls ne fait que révéler, à ceux qui croyaient possible de l'ignorer, une situation bien réelle.

    Il y a donc quelque naïveté à professer que parti socialiste serait déjà mort. Le bon Dr Le Guen l'a prétendu le 11 juin. (1)⇓

    À noter qu'en septembre 2016, secrétaire d’État en charge des Relations avec le Parlement, il l'annonçait déjà.

    S'agit-il en effet d'une hécatombe généralisée en Europe ? Est-ce un éclatement entre sociaux-démocrates à la Valls, voire sociaux-"libéraux", – cet oxymore nègre blanc désignant les adeptes français de Tony Blair –, et, en face, néo-marxistes à la Mélenchon, qui se réclament d'un socialisme "du XXIe siècle", formule du Vénézuélien Chavez ?

    Toutes ces questions appellent, bien sûr, autant de réponses disparates selon les points de vue. Ce qui semble faire l'unanimité des analystes et commentateurs attribue la responsabilité du désastre socialiste à Hollande, Hollande secrétaire du parti, Hollande gestionnaire des multi-tendances au sein de l'appareil, et enfin Hollande élu en 2012 sur un programme qu'il a trahi.

    Sans nier le rôle personnel du président déchu, soulignons que cet homme néfaste et médiocre peut difficilement passer pour le bienfaiteur qui nous aurait débarrassé du socialisme par ses seules démarches. Ne le créditons donc ni de cet excès d'honneur ni de cette indignité.

    Car, Vilfredo Pareto l'a démontré il y a bien longtemps : le péril socialiste peut autant résulter des interventions gouvernementales ne se réclamant pas du socialisme. (2)⇓

    En cela, le péril socialiste demeure et demeurera, tant que les formules étatistes seront proposées comme autant de solutions, alors que, pour conclure avec Ronald Reagan, aujourd'hui comme hier, "l'État n'est pas la solution, l'État est le problème".

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1. sur LCI. "Le PS est mort. déclarait-il, Le parti ne s'en relèvera pas. Nos électeurs n'ont pas disparu : ils ont voté pour En Marche!".
    2. cf. son livre disponible sur la page catalogue des Éditions du Trident

    http://www.insolent.fr/

  • C'est au pied du mur qu'on va voir le Macron

    Les derniers préparatifs institutionnels sont en place, avec la désignation des présidents de groupes parlementaires. Plus aucun obstacle ne peut être invoqué pour proposer et légiférer. Le nouveau pouvoir va donc nous montrer, enfin, ce qu'il mijote en secret depuis des mois. Le pseudo Jupiter va pouvoir tenir les promesses de l'Évangile : "tout ce qui était voilé sera dévoilé".

    Sans trop jouer aux devinettes, il nous a semblé entendre que pour le super-génie de l'Élysée, ce sont les problèmes économiques qui conditionnent le renouveau du pays tel qu'il prétend l'assurer.

    Et l'on va s'attaquer à la réforme du Code du travail, énorme volume dont l'épaisseur même est couramment présentée comme l'une des causes de la paralysie industrielle. La caricature présentera ce projet comme la permission de renvoyer les ingénieurs quinquagénaires, décidément trop chers, aux conditions imposées aux domestiques du XIXe siècle, au profit exclusif des très méchants patrons. On verra comment cela sera proposé et surtout en combien de temps le pouvoir qui ne recule pas fera marche arrière. Dès le 12 septembre, la CGT mobilise.

    Baisser la dépense publique semble une tâche moins accessible dans le cadre de la démocratie actuelle. Les assemblées votent en effet sur les lois de finances mais, d’une part elles ne contribuent que très formellement à leur élaboration ; d’autre part, elles ne représentent pas les contribuables mais des électeurs dont la moitié ne payent pas d'impôts.

    La question globale portera donc sur ce qu'on appelle le modèle social français.

    Le concept même de modèle national mérite cependant un examen attentif.

    S’agit-il de dire qu’il existe des données sociologiques si particulières et si constantes que leur altération constituerait à la fois une gageure et une trahison ? Dans ce cas, il conviendrait de savoir où commence et où s’arrête la ligne jaune à ne pas dépasser. On gagnerait aussi à connaître les circonstances précises et non le récit mythique de leur fondation.

    Quand on parle du modèle social français, on ne se réfère pas, en fait, aux années de création de la sécurité sociale et du fort secteur public : on prend pour référence les débats, ou plutôt l’absence de débat des années 1990.

    C’est en effet le journal l’Humanité qui, en 1993, ressortit la référence au programme du CNR. C'était une époque où la gauche française semblait avoir sombré dans le coma éthylique de la libération de la Pologne, de la chute du mur de Berlin, de la dislocation de l’empire soviétique, et par ailleurs, en France des « affaires » putrides de l’ère Mitterrand finissante.

    Pratiquement personne, certes, n’avait lu le texte du programme du CNR, tout le monde ou presque en avait oublié l’existence, environ depuis 1947-1948. Mais chacun devait s’incliner devant ce dogme supposé unir, désormais, dans une même foi, gaullisme et communisme.

    Certes, la question historique de l’élaboration de ce texte ne peut pas être passée sous silence, et comme toujours ce qui vient du PCF appelle la plus vigilante suspicion. (1)⇓

    Un peu plus tard, en septembre 1995, Jacques Chirac le célébrait en Sorbonne, par l'invocation de décrets signés en 1945. Le président qui venait d’être élu crut bon de se proclamer personnellement garant de cet acquis social – ceci sans nous parler des fonds qu'il mettait en gage. Il se permit alors de proclamer qu’il représentait une part fondatrice de l’identité française. L'année suivante la réforme constitutionnelle de 1996, ouvrant la route au funeste plan Juppé allait modifier de façon très substantielle le fonctionnement de l'assurance-maladie, allant, bien sûr, dans le sens d'une plus grande étatisation, d'une plus grave paupérisation, et d'un plus rigoureux monopole. La même année Marceau Long, consacrait son testament de vice-président du Conseil d’État de 1987 à 1995 à la célébration du mythe des entreprises nationales.

    Vingt ans plus tard, tout le monde a oublié tout cela. On peut toujours faire pire, et la chose est d'autant plus facile quand on ignore délibérément les leçons du passé. Ne doutons pas que l'équipe macronienne va s'employer à nous le démontrer.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1. cf. "Le mythe du programme du CNR"

    http://www.insolent.fr/

  • Pour une renaissance de la droite

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    Entretien avec Guillaume Bernard

    La droite parlementaire est en piteux état... A-t-elle des chances de s'en sortir ?

    La droite modérée éliminée du second tour d'une présidentielle, cela n'était jamais arrivé depuis le début de la Cinquième République. Elle va donc essayer de constituer un groupe parlementaire, le plus puissant possible. Mais elle aura du mal à gagner les Législatives, car, profondément divisée, elle souffre d'une double distorsion : la distorsion entre les caciques et les électeurs d'abord seuls 50 % des électeurs de François Fillon ont voté En Marche. 25 % ont voté blanc et 25 % pour Marine Le Pen, malgré les consignes de tous les hommes d'appareil à commencer par Fillon lui-même on s'en souvient. François Baroin nous avait annoncé sa volonté d'une cohabitation entre la droite modérée et le mouvement En Marche. Mais ce n'est pas de cohabitation qu'il faut parler, c'est d'une terrible proximité idéologique, d'une convergence sur un programme libéral.

    Pourtant une grande partie de l'électorat de Fillon n'est pas libérale...

    L'électorat de Fillon est un électoral conservateur. Mais on a longtemps entretenu l'idée que libéral et conservateur, cela allait ensemble. On est en train de se rendre compte que ce n'est pas du tout la même chose. Le libéralisme reprend sa place à gauche de l'échiquier politique. Cette divergence idéologique pourrait recouper la divergence stratégique que je viens de signaler entre droite d'en haut et droite d'en bas. La base, le peuple de droite n'est pas libéral. On peut imaginer que quelques élus, proches de leur base, puissent faire sécession à droite et peut-être même, lorsqu'Emmanuel Macron aura vampirisé ce qui reste des LR, que quelques dissidents en viennent à créer leur groupe à l’Assemblée nationale. Ni Fillon ni Marine Le Pen n'ont compris l'unité du mouvement conservateur qu'ils ont incarné chacun pour le meilleur ou pour le pire. Il est un fait que cette droite conservatrice n'a d'avenir qu'en construisant des ponts avec le Front national.

    Est-ce qu'une crise n'est pas en gestation au FN justement ?

    Le FN n'est pas en échec dans l'absolu. On peut même dire qu'il a progressé comme jamais. Mais il est resté très en dessous de ce que les sondages avaient estimé. La prestation de Marine Le Pen, lors du débat contradictoire avec Emmanuel Macron, n'y est pas étrangère. On peut dire qu'elle a fait ce soir-là une contre-performance. Mais cela resterait purement circonstanciel, si la question plus fondamentale de la stratégie Philippot (qui représente la ligne de Marine Le Pen) n'était pas mise en cause par ce relatif échec électoral. L'idée que l'on pourrait retrouver, sous les couleurs du Front national, la majorité anti-européenne qui s'était dégagée au référendum de 2005, ne s'est pas vérifiée. Là encore, il faut attendre les résultats électoraux, savoir si le Front national peut obtenir quinze députés et créer un groupe parlementaire. S'il n'y parvenait pas, Philippot serait vraiment en danger. Marine Le Pen, quant à elle, reste protégée par le côté dynastique du Front national et aussi sans doute parce que l'on ne voit pas bien par qui la remplacer.
    Vous appelez de vos vœux la constitution d'un nouveau parti de droite ?

    Il faudrait créer quelque chose entre des dissidents de LR et les insoumis du FN. Mais une nouvelle force politique ne pourrait émerger qu'à deux conditions : il faudrait que convergent des forces militantes des deux rives et il faudrait que cette force nouvelle ait une véritable conscience des enjeux doctrinaux de la politique aujourd'hui, il s’agit de rejeter le libéralisme comme idéologie individualiste et subjectiviste, non pas pour lui opposer un socialisme étatique, mais quelque chose comme un nouveau subsidiarisme, si ce terme, issu du « principe de subsidiarité »(1) est exact. On pourrait aussi parler d'écologie humaine, en faisant attention de ne pas tout centrer sur l'homme et d'insister sur un ordre des choses objectif, sur une sociabilité naturelle qui a ses lois contre lesquelles l'individu ne peut rien.

    Comment réaliser ce nouveau parti ?

    Il faudrait plus modestement d'abord une réflexion sur le programme que porterait ce nouveau parti. Il s'agit de développer au préalable une conscience des enjeux idéologiques, qui pourrait prendre la tonne d'un programme commun. D'un point de vue pragmatique, il suffît de regarder les points de convergences entre les électeurs l'immigration l’insécurité, la liberté et la qualité scolaire, la définition des traditions sociales, la baisse des charges sur les familles et les entreprises. Au lieu de demander à cor et à cris une sortie de l'euro qui paraît bien aléatoire concrètement, il faut sur ces cinq points créer une nouvelle majorité de droite, car sur ces cinq points la droite est majoritaire dans le pays. Bien entendu, derrière tout cela, il faudrait exalter une pensée de la sociabilité naturelle, qui renvoie ultimement à Aristote et saint Thomas d'Aquin. Je veux dire nous ne devons pas nous contenter de faire du négatif, il ne faut pas s'en tenir à la critique, à la déploration, au déclinisme. Il y a vraiment quelque chose de nouveau à apporter à la France, qui ne tient pas à un ensemble de mesures administratives, mais qui constitue un esprit différent. Il est vrai que les générations plus âgées pourraient avoir une sorte de hantise à faire ce travail de renouvellement, mais les jeunes générations, au contraire en sont très demandeuses. Elles veulent savoir pourquoi elles se battent.

    Au fond, vous êtes en train de souligner la nécessité d'un travail en amont de l'action politique elle-même. Vous en appelez aux intellectuels de droite ?

    Le problème des intellectuels de droite, c'est un certain orgueil personnel, qui fait que chacun croit avoir raison de façon personnelle. Les dissensions entre intellectuels paralyseraient l'action, si on leur donnait trop de place. Évidemment, comme l'a fait Max Weber, on distingue toujours entre le savant et le politique. Les intellectuels ne sont pas forcément taillés pour la mise en oeuvre d'un programme. Mais à ce stade, étant donné l'échec de François Fillon et de Marine Le Pen, pour des raisons différentes, il est urgent de réfléchir et on n'en fera pas l'économie. La renaissance de la droite ne peut pas se contenter d'un pur pragmatisme politique, n faut désormais que les hommes politiques qui s'engagent dans cette recomposition ne soient pas de purs techniciens, qu'ils soient aussi des hommes cultivés, selon l'idéal platonicien du philosophe roi, avec une connaissance et une vision de l'histoire.

    C'est en quelque sorte le portrait-robot d'Emmanuel Macron...

    Je rejette absolument le libéralisme de Macron. Sa vision est celle d'un corps social pour lequel les seuls vrais intérêts sont matériels , c'est un homme de gauche, qui a réussi à réunifier le libéralisme économique et le libertarisme sociétal. Mais je reconnais que son succès actuel vient aussi de la « vision optimiste » qu'il a voulu donner et du discours qu'il tient, en tant qu'homme cultivé, qui tranche avec les recettes technocratiques de certains de ses concurrents.

    Vous reprochez à Marine Le Pen de ne pas avoir cette dimension supérieure ?

    Le problème de Marine Le Pen, avant tout, c'est son matérialisme. Elle aussi, ce qui l'intéresse, c'est de se battre pour le pouvoir d'achat des Français, dans une perspective « tout économique ». Le combat de la droite n'est pas là. C'est un combat noble, pour l'avenir, pour les générations futures. C'est un combat pour la défense du plus faible, c'est-à-dire aussi bien pour les classes populaires déracinées que pour les enfants à naître. Parmi les dimensions que l'on oublie, je pense aussi à l'écologie. Voilà un combat qui est essentiellement de droite. L'appropriation de l'écologie par l'extrême gauche est un hold-up intellectuel et politique qui doit cesser.

    Vous avez fait passer dans le public l'expression d'Albert Thibaudet sur le mouvement sinistrogyre des idées. Ce critique des années 30 voyait une sorte de gauchisation fatale des idées en France. Mais vous avez parié, vous, pour aujourd'hui, d'un mouvement dextrogyre. Où voyez-vous ce mouvement vers la droite aujourd'hui ?

    Le mouvement dextrogyre se traduit d'abord par un glissement des idées qui avaient niché à droite vers la gauche, dont au fond ces idées étaient issues. La droite avait admis toutes sortes d'idées de gauche depuis un siècle. Elle est en train, dans la douleur, de retrouver son identité de droite, elle s'affermit sur ses propres idées. Beaucoup de Français aujourd'hui sont classiques, beaucoup reviennent à des idées d'ordre naturel et d'ordre social, sans en avoir une conscience aiguë. On se remet à défendre l'ordre social comme existant en soi contre le multiculturalisme. On défend l'Europe comme espace de civilisation contre l'européisme. On défend la famille traditionnelle contre le nomadisme individualiste. On défend le respect de l'environnement et de la nature... Mais il y a un travail d'éclaircissement, j'allais dire un travail de réétiquetage à faire dans la confusion ambiante.

    Propos recueillis par l'abbé G. de Tanoüarn monde&vie 8 juin 2017

    1) Le principe de subsidiarité, développé par le pape Pie XI dans l'encyclique Quadragesimo anno (1931) est le principe selon lequel les corps sociaux doivent pouvoir être autonomes dans tout ce qu'ils peuvent faire par eux-mêmes.

  • « La France identitaire/Enquête sur la réaction qui vient » de Eric Dupin

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    Ou La prise de conscience d’un homme de gauche.

    Nicolas Faure, entrepreneur

    france-identitaire.jpgL’ouvrage d’Eric Dupin étudie de manière exhaustive les milieux identitaires en France : un travail journalistique de qualité qui, malgré quelques critiques subjectives, reste majoritairement neutre et factuel.

    C’est sans doute cette quasi-neutralité apparente qui permet à Eric Dupin d’éviter les écueils habituels sur lesquels les journalistes ne manquent pas de se précipiter lorsqu’ils étudient la mouvance identitaire.

    La personnalité d’Eric Dupin n’est sans doute pas étrangère à ce regard distancié sur la France identitaire qui vise avant tout à faire comprendre à la gauche que le sujet identitaire ne peut pas être écarté d’un revers de la main.

    Eric Dupin est un journaliste et écrivain qui fut pendant longtemps un militant socialiste. Il a collaboré à de nombreux journaux dont Libération, Le Figaro, Marianne ou encore Le Monde diplomatique. Toujours inspiré par l’envie d’ouvrir les yeux des acteurs de la gauche sur certains mouvements d’opinion, il avait déjà rédigé un ouvrage sur L’Hystérie identitaire en 2004.

    En 2017, après plusieurs accrocs très sérieux au « vivre-ensemble », c’est avec beaucoup plus de précautions qu’Eric Dupin s’intéresse au sujet.

    Dans ce livre précieux l’auteur admet que l’immigration pose de nombreux problèmes. Eric Dupin dresse un portrait sans fard de cette France qui refuse le changement de peuple et la dissolution dans un monde globalisé. Et il adresse, au travers de cette étude complète, un cinglant avertissement à ses compagnons de gauche.

    La thématique identitaire : « Une question qui ne pourra pas être esquivée »

    La thèse de Dupin est résumée dans son introduction qui fait la part belle aux itinéraires de ces anciens hommes ou femmes de gauche qui, face à l’expérience concrète du « vivre-ensemble », ont changé d’avis sur les conséquences du bouleversement identitaire promis à la France :

    « L’objet de cet ouvrage n’est pas de dénoncer un courant de pensée et d’action clairement situé à l’extrême droite. Il s’agit plutôt de tenter de comprendre pourquoi et comment des idées aussi minoritaires sont parvenues à s’imposer dans le champ politique – et peut-être aussi d’inciter le lecteur à s’interroger sur la manière d’aborder une question identitaire qui, aussi susceptible soit-elle de se transformer en piège, ne pourra être esquivée. »

    Cet ouvrage est donc clairement écrit par un homme de gauche, conscient de la nécessité de s’intéresser de près à la problématique identitaire. Et La France identitaire s’adresse presque explicitement à la gauche qui, dans l’esprit d’Eric Dupin, serait en train de commettre une grave erreur en laissant à « l’extrême droite » le monopole de l’identité.

    Des portraits de qualité

    Les 205 pages de La France identitaire sont divisées en portraits d’hommes et de mouvements qui structurent peu ou prou la mouvance identitaire au sens large. De Pierre Sautarel, animateur du site Fdesouche, à Alain Finkielkraut en passant par Renaud Camus et Alain de Benoist, les grands agitateurs de cette mouvance sont interrogés et disséqués par Eric Dupin. Chaque portrait reste à peu près neutre, même si l’on sent clairement qu’Eric Dupin ne partage pas les idées de ceux qu’il interroge. Il n’en reste pas moins objectif. Par exemple, lorsqu’il évoque Pierre Sautarel, il n’hésite pas à louer le travail réalisé par « cet homme intelligent ». « Le site n’est qu’une immense revue de presse assez monomaniaque mais sa réactivité force l’admiration. »

    Eric Dupin consacre également un chapitre très fourni à Génération Identitaire, mouvement politique très actif dans la lutte contre l’immigration et l’islamisation de la France et de l’Europe. Là encore, en plus d’un portrait fouillé, il n’hésite pas à reconnaître à ce mouvement de jeunesse de réelles qualités : « GI maîtrise parfaitement l’art de la communication […]. Un indéniable professionnalisme caractérise ses interventions. »

    Evoquant ceux qu’il considère comme « les pionniers du combat identitaire », Eric Dupin s’attarde sur la personnalité de Dominique Venner, du groupe Europe-Action, ainsi que sur l’aventure intellectuelle de la Nouvelle Droite puis du GRECE et enfin de l’Institut Iliade. Il interroge longuement Alain de Benoist, « intellectuel atypique » dont l’éclectisme idéologique « inquiète » Eric Dupin.

    Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia et co-créateur de l’Institut Iliade, est lui aussi évoqué sur plusieurs pages : un « intellectuel radical » qui affole, lui aussi, Eric Dupin.

    La validation du Grand Remplacement ?

    Affrontant toutes les préoccupations identitaires avec le souci de l’esprit critique, Eric Dupin n’hésite pas à constater qu’il existe « une nette fracture ethnique au sein même des classes populaires ».

    Après avoir interrogé Renaud Camus, Eric Dupin étudie la réalité ou non de la modification démographique du substrat européen sur le sol français. Confronté à l’interdiction des statistiques ethniques, il n’hésite pas à évoquer le dépistage de la drépanocytose, cette maladie génétique pour laquelle sont uniquement dépistés les nouveau-nés français issus de l’union de deux personnes d’origine africaine. Et Eric Dupin reconnaît que « les données de ce dépistage donnent une bonne estimation de la proportion des naissances d’origine, au moins partiellement, extra-européenne. »

    S’adressant à ses lecteurs de gauche, il n’hésite pas à secouer ceux qui préfèrent se cacher plutôt que de réagir :

    « Il ne sert pas à grand-chose de nier la mutation de la composition ethnique de la population française. […] Les prophètes de malheur doivent assurément être contredits. Encore faut-il ne pas se voiler la face sur les défis provoqués par la pression migratoire et la nouvelle diversité de la population française. »

    Venant d’un homme de gauche, voilà une position qui ne peut pas laisser indifférent et qui démontre qu’il faut lire ce livre La France identitaire pour comprendre à quel point les esprits sont en train d’évoluer.

    Un livre écrit par un homme de gauche pour la gauche

    De nombreuses pages sont consacrées à la porosité entre les identitaires et la droite. Mais, loin des clichés habituels, Eric Dupin explique bien que « le thème du Grand Remplacement ne fait pas l’unanimité » au sein du Front national. Et l’auteur de noter des contradictions fortes sur la ligne de l’identité dans les rangs d’un parti qui cherche à tout prix la dédiabolisation. Eric Dupin ne manque cependant pas de noter que la jeune Marion Maréchal-Le Pen représente l’une des figures politiques promouvant l’identité comme ligne de fracture populaire essentielle.

    Eric Dupin note aussi la prise de plus en plus importante de la thématique identitaire sur la droite plus libérale. Il s’attarde longuement sur le cas d’Ivan Rioufol qui bénéficie d’une grande audience.

    Après avoir évoqué l’influence des « identitaires » sur la droite (du Front national à Sarkozy), Eric Dupin s’adresse à ses amis de gauche. L’auteur reprend les propos de Ségolène Royal sur la nécessité de se réapproprier le drapeau tricolore et étudie la création du Printemps républicain par Laurent Bouvet. Il évoque également Jean-Pierre Chevènement, éternelle figure du souverainisme de gauche.

    Il n’hésite pas à dénoncer les accommodements, à mi-chemin entre l’idéologie et l’électoralisme, d’une part significative de personnalités de gauche. Il fustige notamment l’audience démesurée accordée au Parti des indigènes de la République (PIR).

    L’on sent bien que La France identitaire est en fait un cri d’alarme à destination d’une gauche aveuglée par son idéologie immigrationniste :

    « [Répondre à la crise identitaire] suppose d’abord d’avoir le courage de regarder la réalité en face et d’aborder de front les délicates questions qu’elle pose. La négation des problèmes et l’euphémisation des difficultés offrent un boulevard aux extrémistes. La France vit un changement majeur de la composition ethnique de sa population qu’il est vain et dangereux de contester. »

    Et Eric Dupin voit dans le succès des Identitaires la preuve de « l’existence d’un fort courant d’opinion, particulièrement présent dans la jeunesse, violemment hostile à l’immigration sous toutes ses formes ».

    Pour répondre le mieux possible à la crise identitaire, l’écrivain et journaliste de gauche promeut la mise en place de statistiques ethniques, critique vertement le communautarisme et le multiculturalisme et appelle la gauche à reformuler le « récit national » : de bonnes intentions qui seront peut-être impossibles à mettre en œuvre tellement la chape de plomb idéologique qui recouvre la gauche française semble impossible à briser.

    Nicolas Faure
    20/06/2017

    Eric Dupin, La France identitaire/Enquête sur la réaction qui vient, Editions La Découverte, février 2017, 205 pages.

    https://www.polemia.com/la-france-identitaireenquete-sur-la-reaction-qui-vient-de-eric-dupin/

  • Quel avenir pour le FN et Marine ? (2) – par Guillaume Faye

    FRANCE (NOVOpress avec Guillaume Faye)

    Suite de l’analyse sur l’état du FN. La question de la légitimité de Marine Le Pen est posée, après son échec à la présidentielle, qui s’est répété aux législatives, même si elle a été personnellement élue, ce qui est un fait local et anecdotique. Il faut être reconnaissant à cette femme d’exception d’avoir ”dédiabolisé ” le FN et de l’avoir porté à un niveau électoral majeur. Mais elle contribue à ébranler l’édifice qu’elle avait construit. A–t–elle vraiment les convictions profondes de son électorat ? Marine Le Pen aura été une étape, après de celle de son père. Mais il faut déjà penser à la suivante.

    Défaite explicable du FN et de MLP qui n’auraient ni pu ni su gouverner

    La défaite de Marine Le Pen face au système Macron était écrite. L’oligarchie organisée, liguée contre elle, est plus forte que le ”peuple”, manipulé. Sa piètre prestation télévisée n’a rien arrangé mais n’était pas la cause première de la défaite. Mais était–ce vraiment son intérêt de gagner cette fois–ci ? Aussitôt au pouvoir par miracle, elle aurait été balayée parce que le FN n’est pas en ordre de bataille pour gouverner avec son programme socio–économique comique et ses lacunes en cadres compétents. En tout cas, l’affrontement entre l’hétéroclite coalition macroniste – centre–gauche – et le FN ne sera la clé des années à venir que si le FN cesse de délirer sur l’euro, revoie de fond en comble son programme socio–économique, se muscle sur ses fondamentaux et se débarrasse du clan du parasite Philippot qui est le coucou dans le nid. Mais aussi si Marion Maréchal Le Pen opère un retour à la tête du FN, synchrone d’un départ de ce dernier.

    Ivan Rioufol a expliqué la défaite du FN (et de Marine Le Pen), ainsi que le fort taux d’abstention parmi son électorat démobilisé, par son décalage par rapport aux préoccupations et attentes populaires. « Même le FN s’est laissé prendre à ce conformisme du tout–économique, qui lui a fait placer la sortie de l’euro au centre de sa campagne ratée. Mais cet aveuglement n’est pas celui de la France populaire » (Le Figaro, 23/06/2017). Autrement dit, c’est parce que le FN a négligé la question centrale de l’invasion migratoire et de l’islamisation au profit d’un discours centré sur des questions périphériques qu’il a perdu.

    ”Front républicain” contre Front national : l’occasion manquée par le FN

    Jean Raspail avait intitulé un de ses articles polémiques «La République contre la Nation ». Cette formule suggère une opposition qui n’est pas fausse entre la République organisant l’immigration invasive et le sabotage de l’école, et la Nation aux sens ethnique, culturel, historique. Malgré toutes ses erreurs et tous ses défauts programmatiques, le FN représente, non pas ” le peuple contre les élites”, formule inepte puisque les élites font partie du peuple, mais le peuple (la Nation) contre ses ennemis, y compris des Français de souche collaborateurs (La –fausse – République). Ce n’est pas une question de classe sociale mais de choix ethnique.

    Le réflexe du ”front républicain” (copie conforme du ”front antifasciste” stalinien des années 30) a parfaitement joué au second tour de la présidentielle et des législatives contre Marine Le Pen et le FN. Seule entorse : Dupont–Aignan et son DLF, minime exception qui confirme la règle. Les appels à voter Macron contre la sorcière ont été unanimes à gauche et à droite, de Cazeneuve à Juppé qui a tweeté : « soutien à Emmanuel Macron dans son duel avec l’extrême–droite qui conduirait la France au désastre ». Jusqu’à Martine Aubry : « comme en 2002, tous les républicains doivent faire barrage au Front national ». Cependant, plus logique, le collectif Sens commun : « refuse de choisir entre le chaos porté par Marine Le Pen et le pourrissement politique d’Emmanuel Macron ». C’est le ”ni ni ”, abandonné par Baroin, le gendre idéal politiquement correct.

    Le « rassemblement républicain » auquel a appelé la droite contre Marine Le Pen et pour « faire barrage au Front national » en votant pour Macron, mais aussi au second tour des législatives, aurait pu être une aubaine pour MLP et le FN, car c’était consacrer le FN comme seule force d’opposition et d’alternance. Malheureusement cette occasion a été gâchée par la prestation télévisée catastrophique de la candidate face à Macron, par le programme socio–économique gaucho–étatiste délirant de la ”ligne Philippot”, par la promesse de sortie immédiate de l’euro, mais aussi par l’affadissement et la mise en orbite lointaine du discours sur l’immigration et l’islamisation.

    Le FN, apparaissant comme émasculé et décentré, n’a pas su capitaliser sur cette coalition des bonnes consciences contre lui, ce qui l’a privé de millions de voix et provoqué l’abstention de millions d’autres .

    Néanmoins, retenons cette analyse : « La contre–performance de la candidate), le retrait de la benjamine de l’Assemblée nationale (Marion Maréchal –Le Pen) sortante et les menaces de départ de Florian Philippot font du Front national un parti affaibli ; et pas une force d’attraction. Reparler d’une stratégie pour « faire barrage » au FN revient à le valoriser, à le présenter toujours comme une menace électorale », note Guillaume Tabard (Le Figaro, 01/06.2017).

    Intelligentsia de droite pro–Macron et anti FN

    Le cœur de l’intelligentsia bien pensante de droite est vent debout contre le FN et a massivement choisi Macron. « Emmanuel Macron est le seul obstacle aux ambitions de Marine le Pen. Qu’on le veuille ou non, il incarne ce qui nous reste d’espérance en l’avenir », écrit Jean d’Ormesson qui reproche à Marine Le Pen, entre autres, « sa volonté de verrouiller les frontières contre l’afflux des réfugiés et des demandeurs d’asile » Il ajoute : « l’accession au pouvoir de Marine Le Pen serait un malheur, non seulement pour la France et les Français […] mais pour l’Europe entière » Se fermer à l’invasion est un malheur, effectivement. ( Je voterai pour Emmanuel Macron , Le Figaro 20/04/2017.) Jean d’Ormesson, vieux crabe opportuniste, est le représentant de ces élites bien protégées de l’immigration invasive, de l’islamisation et de la criminalité allogène pourrissant la vie des Français. Macron (qui appartient au même monde) sera tout aussi laxiste en la matière que ses prédécesseurs, voire plus. De nouvelles vagues d’invasion migratoire se préparent. Rien ne sera fait pour les empêcher, mais tout pour les encourager.

    La souveraineté étatique doit être subordonnée à l’identité nationale et ethnique

    Dans le discours officiel du FN, celui imposé à MLP par le doctrinaire Philippot, l’impératif, abstrait et étatique, de ”souveraineté” prend trop le pas sur celui, concret, vital, d’ ”identité”, de nature ethnique, beaucoup trop négligé, alors que les deux devraient être unis et insécables. La souveraineté (étatique), indispensable évidemment, doit être subordonnée à l’identité (ethnique et nationale, même étymologie). Pas de nation politique sans nation ethnique. C’est le bon sens aristotélicien et confucéen. Un pays composé de populations ethniquement hétérogènes explosera. La nature humaine s’oppose à cette permanente utopie de l’ ”homme nouveau”. Le FN de Marine Le Pen a reculé sur les questions de l’identité, (voir le précédent article sur le même sujet). Son « patriotisme » et celui de Philippot, n’ont plus rien à voir avec la « patrie charnelle.

    En se déclarant candidate du ”peuple”, en cassant l’image de candidate de l’ ”extrême droite”, Marine Le Pen a eu raison. À condition qu’elle n’affadisse pas son discours sur l’immigration et l’identité qui n’a rien à voir avec le clivage droite/gauche. Rappelons à Marine Le Pen que la notion de ”peuple”, contrairement à son détournement par les marxistes, n’est pas liée à une classe socio–économique. Le chef d’entreprise créateur d’emplois est membre du peuple. Pas le délinquant musulman d’origine immigrée. La notion de ”peuple” est ethnique, historique et culturelle, et non pas politique et socio–économique.

    Le FN et ses alliés fantômes, ”seule force d’opposition ” ?

    Le Rastignac–Macron ne sera pas la rupture mais la continuité Chirac–Sarkozy–Hollande. Sur le plan de l’invasion migratoire, de l’islamisation, de la délinquance, ce sera plus grave encore sous sa présidence. Il sera la photocopie de ses prédécesseurs. Marine Le Pen peut–elle donc espérer, comme elle l’a répété, après les législatives, diriger l’opposition à « la mondialisation sauvage », à « l’immigration massive », à « la libre circulation des terroristes » qu’elle voit s’aggraver sous Macron ? Rien n’est moins sûr, avec la crise que traverse le FN et la contre dynamique créée par l’échec à l’élection présidentielle.

    Après les législatives, le FN, avec son petit satellite DLF de Nicolas Dupont–Aignan, marginal illisible, se veut optimiste. Marine Le Pen assure que le FN « s’imposera comme la première force d’opposition au gouvernement d’Emmanuel Macron et à ses projets ». Avec huit députés ?

    Marine est–elle éternelle ?

    La prestation télévisée ratée de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron a détérioré son image dans son électorat et a, par ailleurs, servi Macron à être élu. En marge de la direction du FN, très divisée, le groupe informel formé par Philippe de Villiers, Éric Zemmour, Patrick Buisson et Robert Ménard pourrait constituer un pôle contestataire. Marion Maréchal–Le Pen a pu y penser… Elle pourrait les rejoindre, après un retrait provisoire, une traversée du désert, pour une alternative, le jour où sa tante vacillera. Et prendre la tête du Front national avec un programme bien construit, débarrassé de l’étatisme socialiste de Philippot, de son anti–européisme bâclé, et remusclé, renouant ave des fondamentaux délaissés.

    En revanche, le FN peut, si le quinquennat de Macron part rapidement en vrille – cas probable – apparaître de nouveau comme le recours, la seule opposition (face à LREM et les députés LR ralliés) en se livrant à de l’agit–prop en attendant les prochaines élections, mais évidemment sans aucun espoir à l’Assemble nationale.

    « Marine Le Pen a considérablement abîmé son image », note Jérôme Fourquet, directeur du pôle opinion publique de l’Ifop. Et son élection à Hénin–Beaumont ne la rétablit pas, contrairement à ce qu’elle croit. Il ajoute : « le parti a enregistré une vraie contre–performance au premier tour », semblable à celle de Marine Le Pen à la présidentielle.

    Après avoir été réélu de justesse, Gilbert Collard a déclaré : « nous ne devons pas crier victoire parce que le FN a pris un sacré coup dans la tête ». Signe des oppositions croissantes, au sein du FN, à Marine Le Pen. Son discours en recul sur l’invasion migratoire et l’islamisation – là où ses partisans l’attendaient – affadit le message du Front national. Marine Le Pen est handicapée par un territoire intérieur qui se délite (le FN et sa mouvance électorale déçue) et non plus dans la conquête d’un territoire extérieur, de nouveaux électeurs. Pourtant, il y en aura : le marché électoral des bobos pour l’instant préservés de l’immigration mais qui ne le sera plus dans quelques années quand les centres des zones préservées commenceront à être inondés à leur tour. Marine Le Pen est mauvaise stratège.

    La « refondation » du FN : sérieux ou fallacieux ?

    Les débats sur la « refondation » du Front national annoncés par Marine Le Pen dissimulent et indiquent en même temps une situation préoccupante. La langue trahit ses locuteurs : refonder signifie bâtir de nouveaux fondements (programme, idéologie, stratégie) parce que les anciens sont mauvais. Normalement, ce devrait donc être un aveu d’abandon de la ligne chevènementiste Philippot qui a mené objectivement le FN dans le mur.

    Néanmoins, on peut se demander si cette ”refondation” sera sérieuse dans la mesure, par exemple, où Marine Le Pen entend, exactement comme le parti du paléo–marxiste Mélenchon, les débris du PS ou la CGT, s’opposer frontalement aux ordonnances promises sur la simplification – qui sera très timide – d’un Code du Travail ubuesque (une des causes du chômage de masse). La direction du FN persiste dans cette impasse gaucho–étatiste, vermoulue, économiquement inculte du ”modèle social français” qui est en réalité une catastrophe sociale. Les déclassés au chômage du nord de la France qui votent FN ne sont pas victimes de l’abominable ”ultralibéralisme” (s’il existait, ils travailleraient, comme en Suisse) mais du socialisme de l’appareil étatique français qui, depuis 40 ans, obéissant aux syndicats marxistes minoritaires et aux corporations de fonctionnaires, matraquent et spolient le secteur privé (taxes, charges, impôts, réglementations délirantes), le forçant à licencier, à désindustrialiser, à ne plus embaucher, à délocaliser ou à faire faillite.

    Si la direction du Front national, continue de négliger l’espoir qu’elle a suscité d’endiguer l’invasion migratoire et l’islamisation et d’entamer un processus de reconquête, si elle persiste dans son discours économique socialo– étatiste étiqueté ”patriote”, et dans sa focalisation lassante sur un anti–européisme mal construit et surtout mal vendu, l’hémorragie de voix s’accentuera.

    Le FN doit changer de logiciel

    En revanche, si le Front national attaque Macron et sa majorité (aussi dominante arithmétiquement que fragile politiquement) sur d’autres domaines que son timide ”libéralisme”, c’est–à–dire sur l’immigration, l’école, la justice et la sécurité, sujets où logiquement ils seront laxistes et échoueront, il pourra représenter une force d’opposition idéologique – mais non pas parlementaire.

    La force retrouvée du FN dépendra aussi du retour de Marion Maréchal Le Pen dès qu’Emmanuel Macron commencera à échouer et à décevoir , ce qui est inévitable. La continuation de la guérilla entre Jean–Marie Le Pen et sa fille, avec des épisodes guignolesques (les grilles du siège fermées devant le patriarche accompagné d’une foule de journalistes) a aussi décrédibilisé le FN par la démonstration d’une querelle de famille lassante très lointaine des préoccupations des Français.

    N’oublions pas qu’en dépit d’un record de voix à la présidentielle, le FN a perdu au premier tour des législatives de 2017 plus de 500.000 voix par rapport aux législatives de 2012, ce qui le prive de 800.000 euros d’aides publiques par an.

    Très symbolique apparaît, après le retrait de Marion Maréchal–Le Pen de sa circonscription du Vaucluse, la victoire dans cette dernière de Mme Brune Poirson de LREM. Le corps électoral a donc délaissé le candidat FN qui remplaçait Marion Maréchal Le Pen, pour élire une candidate du parti de Macron. C’est un mauvais signal. On votait Marion, mais on ne vote pas Marine. Le désamour, la déception sont évidents. Le FN a du pain sur la planche pour redresser la barre. Il doit changer de logiciel et inverser sa ligne actuelle – celle du coucou Philippot – faute de quoi il n’intéressera plus grand monde, même les juges.

    https://fr.novopress.info/206739/quel-avenir-pour-le-fn-et-marine-2-par-guillaume-faye/#more-206739

  • 21 juin 2017 - Grandes manoeuvres

    C’est ce matin que les huit députés frontistes et apparentés  feront leur entrée à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon et ses élus ont eux déjà effectué un petit tour de repérage.  Le chef de la France Insoumise a même feint (???) devant l’équipe de LCP  de découvrir offusqué  - « On est obligé de supporter ça ? » -l’existence du drapeau européen derrière la tribune du  « parlement de la République française »… Les membres du Bureau Politique du FN eux, se sont parlés franchement hier pour évoquer autour de Marine les orientations stratégiques, programmatiques de notre Mouvement et son mode de fonctionnement. « Sept groupes de travail, constitués de membres du Bureau politique et de cadres du mouvement, vont se réunir au cours des trois prochaines semaines pour évoquer (ces) différentes questions ». «Lors d’un séminaire de travail qui se réunira au cours de la deuxième quinzaine du mois de juillet, chaque groupe présentera un rapport de ses travaux et des décisions en résulteront.Le prochain Congrès national du Front National se déroulera en février ou mars 2018 », précise le communiqué publié à l’issue de cette réunion qui fut fructueuse, n’en déplaisent à ceux qui guettent et espèrent une implosion du FN. 

    Implosion bien réelle et bien prévisible a contrario, au sein  de LR. Selon les milieux informés, les députés républicains pourraient se scinder en trois groupes distincts. Une faction autour de Xavier Bertrand, Hervé Morin et Valérie Pécresse qui entendraient soutenir dans l’hémicycle un certain nombre de réformes portées par le tandem Emmanuel Macron-Edouard Philippe, mais en ne votant pas la confiance au gouvernement. Une second groupe d’élus LR renforcés en toute hypothèse par des élus UDI autour de l’ex porte-parole de François Fillon, Thierry Solère et de  Franck Riester prendrait son autonomie pour constituer une force constructive progressiste ethumaniste, appuyant encore plus franchement la majorité présidentielle. Enfin, un autre faction campant sur une ligne se voulant plus droitière et dans une opposition plus frontale, se  rassemblerait  autour du membre du club Le Siècle et président du groupe LR à l’Assemblée Christian Jacob et d’Eric Ciotti.

    Un parti LR qui apparaît totalement déboussolé et la présidence de François Baroin n’arrange guère les choses. Il est vrai que comme le constate notamment Bruno Gollnisch, il partage, comme beaucoup de membres des instances de ce parti,  99% du corpus idéologique d’un Emmanuel Macron. En juillet 2012, M. Baroin faisait la une du magazine  les Inrockuptibles consacrée aux « rénovateurs de la droite contre le FN », en compagnie de Nathalie Kosciuszko-Morizet et du futur ministre macroniste Bruno Le Maire. Soit les « trois mousquetaires » « (tirant) à vue sur leur cible favorite : la droitisation », l’influence (dans les faits bien faible et marginale) du maurrassien Patrick Buisson sur la ligne politique sarkozyste. Le maire de Troyes expliquait alors « (ne pas connaître) un dirigeant à droite digne de ce nom (sic) qui ait la légitimité nécessaire pour s’exprimer au nom de l’UMP et qui soit favorable à une alliance avec le FN ».

    Les électeurs de la droite de conviction, de la droite des valeurs peuvent-ils aussi approuver l’attitude des autres républicains?  En octobre 2012 le faux dur Christian Jacob exigeait l’exclusion d’un élu de Seine-et-Marne, Sébastien Chimot, coupable de s’être prononcé en faveur de discussions, voire d’accords avec le Front National. Cette même année Laurent Wauquiez, Chantal Jouanno et Valérie Pécresse, annonçaient qu’ils étaient prêts à voter PS pour faire « barrage » au FN. En 2011, Christian Jacob et  un autre  pseudo droitier décomplexé,  Jean-François Copé, descendaient en flamme  un pré rapport, publié  et présenté par Claude Goasguen, rapporteur de de la mission d’information parlementaire sur le droit de la nationalité, jugé trop dur vis-à-vis des immigrés non européens binationaux, l’UMP déclarant être  « favorable à ce que l’on ne modifie pas la situation des Français binationaux ».

    La situation des ministres du MoDem a elle pour le coup fortement évolué consécutivement à l’action entreprise par le député européen FN  Sophie Montel. Les trois ministres et ex députés européens se revendiquant de ce parti centriste, Marielle de Sarnez, Sylvie Goulard et François Bayrou ont annoncé leur démission du gouvernement d’Edouard Philippe ces dernières heures. Ils ont été débarqués  (même si les apparences ont été maintenues) par Emmanuel Macron, comme l’a été le socialiste  Richard Ferrand éclaboussé par l’affaire dite des Mutuelles de Bretagne. Ce dernier prendra la tête du groupe LREM à l’assemblée, de même que Mme de Sarnez prendra celle du groupe MoDem. On a connu des ostracismes plus sévères…

    https://gollnisch.com/2017/06/21/grandes-manoeuvres/

  • Marine Le Pen : les élections sont derrière nous, mais le problème du financement est devant !

  • Alliance des droites pour stopper le Grand Remplacement en Italie

    Matteo-Salvini-Ligue-du-Nord-600x331.jpg

    8893-20170701.jpgLa victoire très nette des droites italiennes aux élections municipales de dimanche dernier montre qu’une alliance des droites pour stopper le Grand Remplacement est encore possible. Car point de prétendu « front républicain » de l’autre côté des Alpes : pour ces élections, le parti de centre droit Forza Italia de Silvio Berlusconi présentait des candidats communs avec les régionalistes de la Ligue du Nord et les nationalistes de Fratelli d’Italia. Et d’ailleurs, la force motrice de cette alliance, c’est plutôt la Ligue du Nord qui obtient les meilleurs résultats au niveau local, selon Max Ferrari, un des responsables de ce parti que nous avons déjà interviewé dans Présent.

    J’ai demandé à Max Ferrari de commenter cette victoire :

    « Nous avons la démonstration du fait que “populistes“ et les “souverainistes“ sont bien vivants et peuvent gagner en Europe. Le soir de notre victoire, j’ai choisi de porter un tee-shirt Front national pour montrer que nous menons la même guerre pour sauver l’Europe de l’invasion et que ce ne sont pas quelques batailles de perdues qui nous arrêteront. Il est évident que nous avons gagné ces élections du fait de nos positions fortes contre le projet de loi sur le droit du sol et contre l’islamisation. Les gens en ont assez et nous attendons maintenant les élections nationales pour pouvoir arrêter l’invasion de l’Europe. »

    Dans les grandes villes, l’alliance des droites italiennes a ainsi remporté 16 des 25 chefs-lieux concernés par ces élections, y compris des bastions historiques de la gauche comme Gênes. La coalition de centre gauche dirigée par le Parti démocrate (PD) du Premier ministre Gentiloni perd 11 chefs-lieux qu’elle gérait jusqu’ici et n’en conserve que six. Quant au Mouvement 5 étoiles, le parti libertaire et faussement anti-immigrationniste jusqu’à récemment en tête des sondages au niveau national, il poursuit sa dégringolade.

    Le débat sur le droit du sol, très mouvementé (voir Présent du 27 juin à propos de la manifestation de samedi à Rome), semble effectivement avoir pesé sur ces élections, et les 13 500 immigrants africains « secourus » au large de la Libye et débarqués en Italie pendant les seules journées de lundi et mardi ne vont pas arranger les choses pour le gouvernement en place.

    « Les immigrants constituent une menace pour la sécurité de notre pays », a réagi sans détour le procureur national antimafia et antiterrorisme Franco Roberti en rappelant les cas prouvés de terroristes musulmans parmi ces « migrants ».

    Au sein des droites, le président du groupe de Forza Italia au Sénat, Renato Brunetta, a critiqué l’impuissance du gouvernement de centre gauche et a appelé le Premier ministre Paolo Gentiloni à bloquer si nécessaire l’accès aux ports italiens pour protéger les intérêts nationaux. Une demande pas très éloignée de celle du leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, qui exige que les navires des ONG soient saisis et que ceux de la Marine italienne soient enfin utilisés pour défendre les frontières et non pas pour faire du trafic de migrants. Sous la pression des électeurs, le ministre de l’Intérieur italien a notifié mercredi à Bruxelles que l’Italie pourrait bientôt interdire l’accès de ses ports aux bateaux remplis d’immigrants.

    Olivier Bault

    Article paru dans Présent daté du 30 juin 2017
    sous le titre « Alliance des droits contre l’immigration en Italie »

    https://fr.novopress.info/206702/alliance-des-droites-stoper-grand-remplacement-italie/

  • Terra Nova : qui est Lionel Zinsou ? - Journal du vendredi 30 juin 2017