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entretiens et videos - Page 783

  • Entretien sur l'écologie, paru dans l'Action française (partie 2).

    Voici la suite de l’entretien publié dans L’Action française de cette semaine sur la grande question de l’écologie, entretien qui mériterait quelques approfondissements, qui viendront sans doute dans les semaines prochaines…

    Les grands acteurs économiques n’ont d’ailleurs eu d’autre souci que leurs intérêts particuliers, partisans et même individuels. Est-ce une fatalité ?

    Non, mais c’est un problème. Il y a une esquive permanente, on fuit toute politique écologique, qui est vécue comme un obstacle. Certains agriculteurs, par exemple, y verront un obstacle à la survie de leurs exploitations, trop industrialisées. Ils sont bloqués par un système, la société démocratique de consommation, qui a beaucoup promis aux consommateurs comme aux producteurs, mais les a surtout rendus dépendants et n’a posé aucune limite à l’activité humaine. L’agriculture ne s’est engagée sur le terrain du productivisme que dans les années 50-60. C’est à ce moment qu’on a parlé (et on en parle encore) de « modernisation », mais une modernisation pensée dans le sens de la ville : la logique de la société de consommation était une logique de massification urbaine qui a abouti à l’exode rural, la campagne, monde sauvage, n’étant que la « cambrousse » dont parlait déjà Jules Ferry, dont l’homme devait être soustrait.

    L’encyclique Laudato Si’ arrive donc à point nommé, par rapport à ces interrogations partagées par tous. Les catholiques sont-ils légitimes à s’emparer de la question écologique ?

    Oui, sans doute, car il y a l’idée de la Création, des limites de la nature, du respect de la création de Dieu – même si un certain anthropocentrisme, à la Renaissance, place l’homme au milieu d’un tout et lui fait oublier qu’il n’est qu’une partie de ce tout, même s’il s’en veut le centre. Il y a aussi un basculement terriblement significatif de civilisation quand les propriétaires anglais font tirer, par l’État, sur les tisserands luddites qui défendent leur métier contre les machines. 1811 est une date fondamentale dans les sociétés industrielles : une machine a désormais plus d’importance qu’un homme !

    Les catholiques sont d’autant plus légitimes à parler d’écologie que les premières grandes interrogations sur la société industrielle, les premières inquiétudes, les premières oppositions viennent du monde catholique et, en France spécifiquement, du monde légitimiste. On le voit à travers Chateaubriand, Paul Bourget, Barbey d’Aurevilly, Bernanos, ou, au-delà de nos frontières, avec Tolkien, catholique qui s’en prend à une société de la Machine et du machinisme. Les catholiques sont légitimes, donc, et les papes sont intervenus régulièrement, mais avec un bémol : si l’Église a compris la nécessité d’un message de sauvegarde de l’environnement, il n’en est pas de même de nombreux catholiques. La Jeunesse Agricole Catholique (JAC), dans les années 60, a participé à l’industrialisation, à la “modernisation”, à la destruction des campagnes, au nom du progrès – ce qu’a dénoncé le royaliste et journaliste agricole Jean-Clair Davesnes dans son livre L’Agriculture assassinée. 

    L’écologie est-elle “naturellement” royaliste ?

    Les royalistes pensent que le temps doit être un allié, et cela contre Benjamin Franklin et son détestable « le temps c’est de l’argent », formule de la logique capitaliste contemporaine. Les royalistes pensent qu’il fait « laisser du temps au temps », comme disait un autre François ! La république et la démocratie ne peuvent pas prendre en compte ce temps qui n’est pas celui de la satisfaction personnelle immédiate. Il est beaucoup plus logique que les monarchistes, qui pensent le temps dans la durée et la continuité (« le roi est mort, vive le roi »), se retrouvent dans l’enracinement, la défense de l’environnement, le refus d’une logique économique qui voudrait forcer les limites nécessaires du temps, des espaces, de la nature.

    Comment aboutir à une écologie intégrale, exigeante dans sa mise en œuvre ? Car l’organisation du capital et du travail, dans nos sociétés de consommation, rend utopique la réalisation d’un bien commun écologique. 

    Remarquons tout d’abord que la notion d’écologie intégrale est née dans les milieux royalistes d’Action française : dans les années 80, Jean-Charles Masson évoquait à l’Union royaliste provençale « l’écologisme intégral ». Le GAR (Groupe d’Action Royaliste), dans sa revue Action Sociale Corporative, a titré il y a quelques années sur l’écologisme intégral ! Il est intéressant de constater que feu le Comte de Paris avait un véritable penseur de l’écologie parmi ses conseillers, Bertrand de Jouvenel…

    Et aujourd’hui ? Il faut une révolution des esprits – qui ne suffira pas. La société de consommation est une société de séduction qui s’impose à tout le monde, qui propose une logique illimitée et individualiste de jouissance. Il faut donc une conquête des intelligences, d’une partie active de l’opinion qui comprendra que l’écologie n’est pas une tactique partisane mais une éthique, et presque une “civilisation”. Mais Politique d’abord, comme disait Maurras ! Je suis aussi très « maurrassien » sur « la révolution par le haut » dont Maurras parlait : en France, c’est par un Etat écologique qu’on peut changer véritablement les choses. La république n’en est pas capable comme l’ont montré les deux derniers siècles. Il faut une politique d’État écologique, et non pas seulement une politique écologique d’État. Un État écologique qui soit par définition du côté de l’enracinement, qui incarne la transmission, et conserve ce que veut conserver l’écologie.  Avec la république, l’économique sera toujours mis au-dessus, voire contre l’écologique.

    Jean-Philippe Chauvin est vice-président du Groupe d’Action Royaliste (GAR) 

    Propos recueillis par Philippe Mesnard, pour l'Action française 2000.

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Brighelli - FN : le programme de Philippot pour l'école et l'université

    Florian Philippot, vice-président du Front national dirigé par Marine Le Pen, répond aux questions de Jean-Paul Brighelli sur l'école.

    On m'a beaucoup déconseillé d'offrir une tribune à Florian Philippot, c'est-à-dire au FN. Des démocrates convaincus pensent légitime d'ignorer un parti qui rassemble, sondage après sondage, au moins 30 % des Français. Ce n'est pas ma façon de penser. Qu'il soit par ailleurs bien entendu que publier ses réponses à des questions qui se posent effectivement n'est ni un acte d'allégeance ni un appel du pied. Cela dit, à deux mois des élections régionales, à moins de deux ans des présidentielles, il est temps que chacun sache à quoi s'attendre de la part de chacun des partis qui aspirent à gouverner le pays. Quant aux grincheux…

    Jean-Paul brighelli : Réforme du lycée (Chatel) ou réforme du collège (Vallaud-Belkacem), quel regard portez-vous sur ces réformes qui se donnent pour prétexte le bien-être des élèves ?

    Florian Philippot : Ces réformes, comme l'ensemble de celles menées depuis plus de trente ans, et tout particulièrement celles qui ont découlé de la loi Jospin de 1989 si l'on remonte un peu plus loin, vont à rebours du bien des élèves quand, en effet, elles prétendent souvent favoriser leur "bien-être". Elles ont pour dénominateur commun d'avoir provoqué une baisse constante du niveau d'exigence et des contenus enseignés. Or, ce n'est pas en plaçant l'élève "au centre du système", en prétendant lui "faire inventer ses propres savoirs" ou autres inepties pédagogistes, mais en lui dispensant un enseignement exigeant et en lui donnant le goût de l'effort que l'école doit lui permettre de trouver du sens et de s'épanouir.

    140 000 élèves sortent chaque année du système scolaire au niveau troisième sans aucun diplôme, et en général sans compétences de lecture. Quelle réforme prioritaire pourrait, selon vous, éviter cette saignée ?

    L'impératif est d'en finir avec le "collège unique". Sous prétexte de (faussement) "démocratiser le collège", on y a fait triompher la médiocrité et produit massivement de l'échec scolaire. Il faut donc réintroduire, dès le premier cycle du secondaire, un palier de sélection juste, permettant notamment, et sous condition d'une revalorisation effective de cette voie, l'apprentissage dès 14 ans. Cela suppose évidemment qu'en amont des chances égales soient données à tous : il faut réformer l'école primaire, de sorte que chaque enfant arrive au collège en maîtrisant les fondamentaux et, tout particulièrement, la lecture.

    En matière d'école, êtes-vous plutôt jacobin ou girondin – les décisions doivent-elles être prises en haut ou laissées aux initiatives locales, communes, département, région ou même établissement ? En particulier, seriez-vous favorable à la sélection d'un seul système d'apprentissage de la lecture au niveau national ?

    L'ensemble du système scolaire souffre d'un défaut de centralisation et de cohérence nationale, ce qui est particulièrement sensible au regard du peu de contrôle qui s'exerce relativement à des "expérimentations pédagogiques" plus ou moins hasardeuses. Notre pays a un besoin urgent d'un grand plan de redressement de son système scolaire, et non que des "initiatives locales" interfèrent avec une politique qui ne peut être conduite qu'au niveau national. C'est, du reste, une exigence républicaine que de garantir l'égalité de tous les élèves devant les enseignements dispensés, en matière d'apprentissage de la lecture comme en toute autre.

    Quelles sont les priorités de l'école primaire ?

    L'école primaire et, tout particulièrement, l'école élémentaire ont les justes désignations de leurs missions : elles doivent prioritairement transmettre aux enfants les éléments de toute instruction, c'est-à-dire les savoirs fondamentaux que constituent la lecture, l'écriture et le calcul. Chaque enfant doit sortir du primaire en maîtrisant ces fondamentaux. Cela exige, du point de vue des contenus, qu'ils cessent d'être revus à la baisse et que leur transmission ne soit plus différée, mais aussi une révision des méthodes d'enseignement : ce sont les méthodes éprouvées qui doivent être retenues et appliquées, la syllabique pour l'apprentissage de la lecture, par exemple. Un statut du directeur d'école doit enfin être créé.

    Diverses polémiques sont nées des nouveaux programmes tels qu'ils ont été élaborés par le Conseil supérieur des programmes – en particulier en histoire. Quelles sont, à votre avis, les priorités dans l'enseignement de cette matière sensible pour laquelle les Français ont tant d'appétence – et pas forcément de compétences ?

    L'enseignement de l'histoire et de la géographie a pour fonctions de permettre à l'élève de se situer dans le temps et l'espace, de lui rendre concrètes ses appartenances collectives, et même l'âme de la France, et participe grandement à sa formation en tant que citoyen. Or il n'y a de citoyenneté que dans le cadre de la nation. C'est pourquoi il est proprement inacceptable que des pans entiers de notre histoire nationale disparaissent des programmes d'histoire, ce qui est très choquant. Cela en dit long quant au degré de renoncement et de soumission de notre pays à l'égard d'instances supranationales non démocratiques. L'enseignement de l'histoire doit, au contraire, renouer avec le roman national, qui doit y occuper une place centrale. L'une des finalités de l'école est en effet de donner aux enfants de France des raisons d'être fiers de leur pays, et elle doit tout autant remplir une fonction assimilatrice, ce qui exige que tous les jeunes Français puissent se reconnaître dans une histoire commune, de la Gaule romaine à la République en passant par nos rois et l'empire.

    Depuis près de quinze ans, tous les programmes tournent autour du "socle de compétences" – savoir lire, écrire, compter et maîtriser les savoirs élémentaires. Est-ce un bon principe ? Comment procéder ? Ce qui est désigné comme un objectif ne pourrait-il pas être redéfini comme un a priori ?

    Ne nous laissons pas abuser par cette "pédagogie du socle" : elle a constitué, dès ses débuts, un alibi parfaitement retors d'un moins-disant, bien réel lui, en termes de savoirs effectivement transmis. Au regard de l'exigence d'égalité des chances, l'imposture est donc totale. C'est en termes de fondamentaux qu'il s'agit de concevoir les savoirs qui doivent être prioritairement transmis, et c'est la mission de l'école élémentaire, donc, que de les transmettre et de s'assurer qu'ils sont maîtrisés par tous les élèves, l'enseignement secondaire devant, quant à lui, permettre de construire sur ces savoirs élémentaires des savoirs plus élaborés, plus complexes et plus spécialisés.

    Le protocole de Lisbonne a défini depuis 1999-2000 de façon coercitive les politiques éducatives au niveau européen. Peut-on élaborer un "plus petit dénominateur pédagogique" avec nos partenaires ou faut-il en revenir à ce que nous savions faire en France – sans souci de cohérence européenne ?

    Par son école, une nation prépare son propre avenir. Les politiques scolaires doivent donc être décidées au niveau national, et c'est à l'État qu'il incombe de prendre en charge les politiques organisant le système scolaire, définissant pour chaque niveau d'enseignement ce qu'il s'agit d'enseigner et comment. N'oublions pas que notre école était, il y a quelques décennies encore, l'une des meilleures au monde… Que s'est-il donc passé pour qu'aujourd'hui elle fasse défaut à ce point ? Si c'est par son école qu'une nation prépare son avenir, le fait que l'école aille mal – et la nôtre se porte très mal – constitue le révélateur parfaitement clair de ce que la nation a renoncé à elle-même, a perdu ses ambitions et n'a plus grande idée de son avenir. Ici comme ailleurs, la France doit retrouver sa souveraineté : sa politique éducative doit être réorientée dans le sens de l'intérêt individuel des élèves qui rejoint celui, collectif, de la nation.

    Vous voici au pouvoir. Quelles sont les trois premières mesures que vous prenez en matière d'éducation ?

    Recentrer l'école primaire sur l'enseignement exigeant des fondamentaux selon des méthodes éprouvées, ce qui est la première des conditions pour que des chances égales soient données à tous les enfants de France.

    En finir avec le collège unique : il faut revoir de fond en comble le système d'orientation, de sorte qu'il n'y ait plus d'"orientation par défaut" et de "filières poubelles", ce qui passe par une revalorisation effective des filières d'apprentissage et de la voie professionnelle dans son ensemble.

    Procéder à une recentralisation progressive de l'administration de l'Éducation nationale et de l'enseignement supérieur, condition générale à la conduite d'un grand plan de redressement s'appliquant à l'ensemble du système, y compris, donc, l'université.

    Le FN a longtemps été favorable au chèque-éducation. Qu'en est-il aujourd'hui ?

    Le Front national a depuis longtemps abandonné le projet du "chèque-éducation". Dans l'esprit de responsabilité de gouvernement qui l'anime, c'est au grand plan national de redressement de l'école et de l'université françaises qu'il travaille.

    L'université est aujourd'hui à bout de souffle, et peine, en cette rentrée, à trouver une place pour tous les néo-bacheliers. Quelle réforme vous paraît immédiatement nécessaire ?

    À l'exception de certaines filières par nature sélectives, comme la médecine, le drame de l'université, c'est la massification : battant en brèche toute sélection, on laisse s'engager dans de nombreuses filières pléthore d'étudiants en les condamnant à l'échec ou, ce qui revient au même, à décrocher des diplômes sans réelle valeur. Quitte à provoquer une petite "révolution culturelle", et dans le bien d'abord des étudiants qui doivent cesser d'être abusés quant aux débouchés réels des études qu'ils poursuivent, il importe donc d'instaurer, au niveau des études supérieures aussi, des paliers de sélection juste. Mais c'est surtout en amont que les choses, là aussi, se jouent : on préviendra nombre d'échecs dans l'enseignement supérieur lorsqu'on aura revu en profondeur le système d'orientation en permettant aux néo-bacheliers de choisir leur voie en pleine connaissance de cause et, donc, avec discernement.

    La formation des maîtres est aujourd'hui confiée aux ESPE, qui ont remplacé les ex-IUFM. Que faire de tous ces pédagogues professionnels ? Et à qui confier la formation ?

    Un contresens majeur a été commis au sujet de ce qu'est la pédagogie, contresens qui a présidé à la création des IUFM, puis des ESPE : elle n'est pas un savoir théorique – et c'est pourquoi, inévitablement, les prétendues "sciences de l'éducation" n'ont pas mené à grand-chose –, mais un art, c'est-à-dire une pratique dans laquelle on progresse à force de pratique, justement, de tâtonnements, d'erreurs, parfois, et, progressivement, de succès. C'est donc en situation, en se confrontant à des élèves réels, que l'enseignant se forme et, à ce moment crucial, il n'a nul besoin de perdre son temps dans ces temples de la "déformation pédagogique" que furent, durant trente ans, les IUFM et que sont à présent les ESPE. Ce dont il a besoin, c'est, en situation donc, des conseils avisés et bienveillants d'un enseignant expérimenté qui, par l'exemple qu'il lui fournit, facilite la progression de ses propres pratiques pédagogiques.

    Les enseignants français sont parmi les moins bien payés d'Europe. Faut-il modifier cet état de choses ? Avec ou sans contrepartie ?

    Nous réformerons l'Éducation nationale dans un souci de sérieux budgétaire, mais tenons à une revalorisation symbolique de la fonction enseignante – c'est un noble métier qui doit être reconnu comme tel –, et elle passe bien sûr par une augmentation des salaires. Nous sommes attachés aux statuts des fonctionnaires d'État, et il n'est pas question de les contraindre dogmatiquement à « diversifier leurs missions » : celle d'un enseignant est d'instruire les élèves que la nation lui confie. C'est bien pourquoi les décharges horaires doivent être scrupuleusement contrôlées : il n'est, par exemple, pas légitime, pour faire écho à votre précédente question, que tant d'enseignants deviennent des « formateurs professionnels », au point de perdre tout contact avec les élèves réels.

    notes * Jean-Paul Brighelli est délégué national à l'instruction publique du mouvement politique Debout la France, dirigé par Nicolas Dupont-Aignan.

    source : Le Point :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuuFVlAAklXtLNxMje.shtml

  • Entretien sur l'écologie, paru dans L'Action française (partie 1).

    L’Action Française m’a posé quelques questions sur le thème de l’écologie dont les réponses ont été publiées dans le numéro de cette semaine, et que je me permets de reproduire sur ce site, en quelques parties… 

    L’Action Française 2000 : Peut-on dire que l’écologie est aujourd’hui l’expression la plus nette et la plus vérifiable d’un véritable souci du bien commun ?

    L’écologie devrait être le souci d’un bien commun qui ne s’arrête pas aux hommes du présent mais s’intéresse aussi à ceux de demain. L’écologie, c’est une politique des lieux, des espaces, du long terme. Le bien commun n’est pas réductible à un moment, il est extensible à des temps et des espaces beaucoup plus vastes. Et d’ailleurs la république, qui vit sur le court terme, surtout aujourd’hui quand elle ne pense qu’à la prochaine présidentielle, ne peut pas envisager ce long terme. 

    Existe-t-il un bien commun écologique commun au monde entier, à toute une nation, à une région ? Comment intégrer la réalité du terrain et des usages dans ce bien commun ?

    Il faut adapter l’écologie aux peuples, aux nations, aux régions, et cela avec leurs particularités. Il y a un bien commun “mondial”, c’est la survie de l’humanité, la survie de la planète. Mais l’écologie ne peut pas se pratiquer partout de la même manière, parce que les conditions et les enjeux varient. En France, il y a la nécessité d’une certaine décroissance comme dans tout l’occident, comme le dit le pape dans Laudato Si’. Ailleurs, la question se pose différemment : on peut concilier l’écologie et une certaine élévation du niveau de vie, de qualité de vie, mais à condition de ne pas privilégier un seul mode de développement. Les Indiens d’Amazonie n’ont pas forcément besoin de Coca-Cola ni d’objets connectés : ce ne serait bon ni pour eux ni pour l’Amazonie. Il faut préserver les espaces et les civilisations, sans imposer un développement sur un mode européen, qui a été et reste très destructeur, même si certains n’y voient que des progrès. Pour en revenir à la France, elle a besoin de frugalité, de sobriété – ce qui ne veut pas dire une pauvreté contrainte, mais un mode de vie qui prenne en compte la survie des espaces et des espèces : par exemple, par le refus de l’artificialisation croissante de la terre, en pensant urbanisation et ruralisation sous un autre angle que strictement économique.

    Mais y a-t-il une vraie prise en compte des nécessités écologiques, en France ? Entre agriculture productiviste, industries polluantes et villages disparus, l’État n’a-t-il pas abandonné la nature et ne se contente-t-il pas d’un écologisme de façade, comme certains écologistes ? 

    Le parti des Verts a fait énormément de mal à l’écologie, qu’il a réduite à des engagements sociétaux, ou plutôt à des carrières qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’écologie. Les Verts pouvaient être intéressants quand il y avait des gens comme Antoine Waechter, Brice Lalonde, ou Yves Cochet (toujours aux Verts) qui a une véritable pensée (avec laquelle on peut ne pas être d’accord, sur la question démographique en particulier). EELV n’est plus qu’un parti comme les autres, avec des écologistes de surface, des écologistes larrons. Il y a peu à voir entre monsieur Placé et des gens comme Pierre Rabhi ou René Dumont. L’écologie est devenue une boutique partisane. Il peut y avoir des écologistes sincères, mais la “nature” de ce parti, son idéologie, n’a pas grand-chose à voir avec le respect de l’environnement, des hommes, des espèces végétales et animales. Je suis marqué, par exemple, par le fait que EELV a toujours été peu engagé sur le terrain de la protection animale.

    Le parti EELV est en défaut, donc, mais l’État lui-même ?

    Lui aussi, bien sûr. L’État n’a pas su ou n’a pas pu, ou pas voulu, prendre la mesure de l’écologie. Car le système même de la démocratie électorale empêche de raisonner sur le long terme : on ne voit que l’horizon 2017, aujourd’hui, et non les décennies prochaines. C’est de la petite politique politicienne, partitocratique, sans véritable conscience d’État. Par ailleurs, le politique se limite aujourd’hui à la gestion de l’économique, et on n’a eu que trop tendance à opposer l’environnement et l’économie, au lieu de penser les deux en même temps. Il faudrait une politique qui adopte comme ligne de conduite la formule « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant. »… 

    (à suivre) Jean-Philippe Chauvin

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Emission "Bureau politique" du 20 septembre 2015 avec Jean-Marie Le Pen