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CONFERENCE DE JOSEPH FADELLE A ORLEANS : : "EN FINIR AVEC LES PRÉJUGÉS SUR L'ISLAM"
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Réponses de Julien Rochedy au questionnaire de la Nietzsche académie
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Julien Rochedy est l'auteur d’un essai d’inspiration nietzschéenne Le Marteausous-titré Déclaration de guerre à notre décadence, auteur d’un mémoire universitaire sur Nietzsche et l’Europe et ancien directeur national du FNJ.
Nietzsche Académie - Quelle importance a Nietzsche pour vous ?
Julien Rochedy - Une importance fondamentale puisque je pense véritablement, sans pathos, qu'il a changé ma vie. Sa lecture, précoce, a fait office d'un baptême, d'une sorte de renaissance. Je l'ai lu si tôt (entre 14 et 17 ans) qu'on ne peut pas dire qu'il s'agissait de lecture à proprement parler, avec le recul et la distance que cela suppose. Je l'ai littéralement ingurgité, je l'ai fait mien, sans aucune interface entre ses livres et le jeune « moi » qui était en pleine formation. Dès lors, quoique je lise, quoique j'entende, quoique je voie ou quoique j'ai envie de faire, je ne peux l'appréhender qu'avec le regard nietzschéen qui me fut greffé si jeune.
N.A. - Etre nietzschéen qu'est-ce que cela veut dire ?
J.R. - Je tiens Nietzsche pour une paire de lunettes. Il est, pour moi, avant tout une façon de regarder le monde. Une grille de lecture. Un filtre d'exactitude et, surtout, de sincérité. C'est s’entraîner à percevoir ce qui se mue et s'agite autour de soi en se débarrassant des grilles de lectures morales (le bien et le mal) ou idéalistes (au sens de la primauté de l'Idée). C'est donc regarder les choses et les hommes par delà bien et mal, par le prisme des valeurs aristocratiques ou des esclaves (le sain et le malade, le bon et le mauvais), en s'attardant plutôt sur la psychologie, et en fin de compte, la physiologie(l'importance du corps comme heuristique de l'esprit) pour comprendre les idées d'un homme, au lieu de se mentir sur la capacité « raisonnante » et abstraite des humains. Et c'est aussi sentir profondément ce qui appartient au nihilisme, au déclin, au mensonge vénéneux, à la maladie et à la mort, plutôt qu'à la vie, à la grande vie et l'immense « oui » qui va avec.
Je vous parlai de sincérité à propos de ce que nous oblige Nietzsche. Avec lui, après lui, on ne peut plus se mentir à soi-même. S'il m'arrive par exemple d'avoir une idée pour m'économiser, même si mon cerveau se met à fonctionner, comme de mise chez tous les hommes, pour me trouver une justification, morale ou raisonnable (toute « idée » est une justification de soi), je sais qu'en réalité cette idée ne fait que découler de ma faiblesse. Tout le reste est prétexte.
N.A. - Quel livre de Nietzsche recommanderiez-vous ?
J.R. - Je ne recommanderai pas un livre en particulier, même si « Par delà bien et Mal » et, bien sûr, « Zarathoustra », surnagent. Je recommanderai plutôt une succession de livres pour celui qui voudrait se lancer dans Nietzsche. D'abord Généalogie de la morale, qui suscite directement un immense doute sur ce que l'on croyait établi sur la nature du bien et du mal. Puis Par delà bien et mal, pour approfondir. Ensuite Zarathoustra, l'apothéose poétique de sa philosophie. Après, l'ordre compte moins. Je conseillerai toutefois particulièrement les œuvres de Nietzsche de l'après Zarathoustra, c'est à dire à partir de 1883, car j'ai toujours pensé qu'il y avait un Nietzsche, à la fois en tant qu'auteur (le style) et philosophe (la puissance), avant son Zarathoustra et après son Zarathoustra. L'auteur du Gai Savoir est encore un peu académique. Celui de Crépuscule des Idoles est pur génie.
N.A. - Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?
J.R. - Tout dépend bien sûr de ce que l'on entend par droite et gauche. Ces concepts peuvent signifier tellement de choses différentes selon les personnes qu'il est difficile d'enfermer Nietzsche dans des espaces si vagues. Toutefois, en me permettant de les prendre d'un point de vue philosophique, si toutefois ce point de vue peut exister, je dirais bien entendu que Nietzsche est de droite. L'importance qu'il donne à l'inégalité, aux valeurs aristocratiques, au goût raffiné, à la sélection et à la force, ainsi que son mépris souverain pour la populace, les valeurs égalitaires, la féminisation, la démocratie, le matérialisme grossier, etc, font que Nietzsche ne peut évidemment pas être reconnu comme un auteur de gauche.
N.A. - Quels auteurs sont à vos yeux nietzschéens ?
J.R. - Je pourrai vous faire une liste non exhaustive, de Drieu à Jünger en passant par London, mais ça n'aurait pas vraiment de sens, dans la mesure où ces auteurs peuvent être nietzschéens pour différentes raisons, et que des auteurs, nés avant Nietzsche, pourraient être considérés comme nietzschéens. Les grecs par exemple, Héraclite, Alcibiade, Périclès, sont des nietzschéens avant l'heure. Encore une fois, Nietzsche est une façon de voir le monde, et cette façon fut partagée mille fois dans l'Histoire, la plupart du temps par les hommes les plus grands, les plus intelligents et les plus honnêtes avec eux mêmes.
N.A. - Pourriez-vous donner une définition du surhomme ?
J.R. - Avec une lecture simple, mais tout de même pas trop mal, je pourrais vous répondre : c'est lekalos kagathos des Grecs, l’homme idéal, celui qui a la vie la plus remplie et dont la santé débordante s'enrichit de toujours plus de passions et d’aventures, de pensées, de force et de beauté. Mais ce serait bien trop banal. Le surhomme est celui qui accepte le tragique, le destin, et qui l'accepte en riant. C'est le Dieu Thor qui va à la guerre en riant aux éclats dans sa barbe rousse. Le monde n'a manifestement pas de sens, la vie est précaire, je suis imparfait, rien ne vaut rien, mais je cours au charbon quand même. Le pied dansant. Et là, à ce moment là, tout trouve son sens : la vie n'a comme seule justification qu'elle même. C'est le pessimiste actif dont parle Heidegger dans ses écrits sur Nietzsche.
N.A. - Votre citation favorite de Nietzsche ?
J.R. - Je n'en ai pas une en particulier, mais laissez moi vous raconter une anecdote :
Un jour que j'étais dans un bar et que je réfléchissais, avant de l'écrire, à mon livre le Marteau (d'inspiration largement nietzschéenne comme vous l'avez rappelé), je vois un grand gaillard venir s'accouder à côté de moi. Et sur l'un de ses avants bras, je vois tatoué « Amor fati ». J'exulte. Je vois cela comme un signe. Je me mets à délirer en mon for intérieur. Je lui fais signe et lui dit, bêtement, un truc du genre « aux nietzschéens ! » en levant mon verre. Il me répond, interloqué : « quoi ? ». Je lui répète et m’aperçois qu'en réalité il ne connaît pas Nietzsche. Il s'était tatoué ça juste « parce que ça sonnait bien ».
Alors finalement, je vous répondrai « amor fati ». Ça résume tout.
Et en plus ça sonne bien.
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Maurice Gendre : « pour beaucoup d’Européens de l’Ouest la coupe est archi-pleine »
Chroniqueur pour l’émission francophone de Radio Bandera Nera, Méridien Zéro, Maurice Gendre est un observateur averti de l'information internationale.
RIVAROL : Que pensez-vous des effets de la crise migratoire sur l'Europe?
Maurice GENDRE : Nous vivons ce que j'appelle la phase 2 de la submersion migratoire. La première est celle que nous avons subie au cours des quarante dernières années. Elle avait pour but de transformer le paysage humain de l'Europe de façon continue mais en partie insidieuse.
La phase 1 a bouleversé nos modes de vie et nos mœurs, a contribué à faire exploser nos dépenses sociales, a fait surgir de nouvelles formes de délinquance et de criminalité, a permis à un grand patronat sans scrupules de pratiquer une pression salariale sournoise, a posé les bases de possibles troubles civils d'une gravité extrême.
On peut parler d'un des crimes les plus graves jamais commis contre la France ; une trahison sans équivalent dans l'Histoire de France qui ferait passer le honteux traité de Troyes pour un modèle de dignité.
La phase 2, elle, vise purement et simplement à transformer la France et l'Europe en un véritable vide-ordures planétaire. Contrairement à l'ineffable Francis Huster, j'ai beaucoup de mal à croire que parmi ces marées extra-européennes se trouve le nouveau Montaigne.
Si on en croit les mises en garde du renseignement intérieur allemand, nous avons beaucoup plus de risques d'y croiser de futurs Khaled Kelkal que l'auteur des Essais.
De plus, l'Etat islamique (El) n'a pas fait mystère de son envie d'utiliser cette déferlante migratoire pour s'infiltrer en Europe plus aisément.
L'arrestation en Italie d'un Marocain soupçonné d'avoir participé à l'attentat du Bardo en Tunisie, et qui était arrivé sur une embarcation clandestine partie de Libye en février dernier, constitue une première alerte très sérieuse. Mais celle-ci ne sera probablement pas prise en compte. Il y a quelques semaines, un conseiller du gouvernement libyen a également affirmé à la BBC que Daesh, implanté en Libye, faisait monter sur de petits navires des djihadistes en direction de l'Europe. Mais là encore cette menace est minimisée voire est qualifiée de « fantasme de l’extrême droite » par les Amis du Désastre comme les qualifie fort justement Renaud Camus.
Enfin, outre des associations comme SOS Méditerranée soutenue financièrement par BNP-Paribas, il ne faut surtout pas omettre de mentionner le rôle de fondations américaines comme le très libertarien Ayn Rand Institute ou celui de l'Open Society de George Soros qui affirme sans détour sur son site soutenir les associations venant en aide aux "migrants" légaux et illégaux. En effet, certains cénacles géostratégiques américains voient d'un très bon œil cette déferlante migratoire sur l'Europe, une façon comme une autre d'affaiblir un peu plus le Vieux Continent.
R. : La prise de position de l’Allemagne est-elle la conséquence de 70 ans de culpabilisation, de rééducation et de logique libérale ?
M. G. : Absolument. Mais désormais on a l'impression que l'Allemagne souhaite embarquer tous les Européens dans sa pulsion de mort, son désir d'auto-anéantissement et son masochisme moralisateur ; attitude désarmante qui était déjà à l'œuvre dans le cadre de la crise grecque à travers cette volonté d'humilier toujours un peu plus les Hellènes.
Sans parler des changements continuels de la politique berlinoise dans le conflit russo-ukrainien. Un jour des sanctions contre la Russie, le lendemain les accords de Minsk II, etc.
Une politique de Gribouille qui s'explique aussi par les divisions au sein des classes dirigeantes allemandes : l'oligarchie outre-Rhin présente un discours moins univoque que le nôtre. Les tensions sont sourdes mais réelles entre les réseaux atlantistes et les milieux russo-compatibles par exemple.
Dans la crise migratoire, on voit bien que les obsessions du grand patronat allemand sont éloignées des inquiétudes des services de renseignement. De même, la CSU, branche bavaroise de la CDU, semble être en désaccord avec le parti-frère sur cette question.
Semaine 1, Docteur Angela ouvre grand les frontières et propose « d'accueillir 800 000 migrants » et, semaine 2, Mister Merkel remet en cause les accords de Schengen.
En fait, l'Allemagne ne sait tout simplement plus qui elle est, où elle va, comment et surtout pourquoi. Malheureusement, elle n'est pas la seule dans ce cas en Europe...
R. : La responsabilité des gouvernements occidentaux est totale dans le phénomène avec leur rôle nocif dans la destruction de l'Irak, de la Libye et de la Syrie. Comment la « guerre pour la Démocratie » a-t-elle apporté les pires ravages aux pays qu'elle devait libérer de la dictature ?
M. G. : C'est tout à fait exact. Rappelons d'ailleurs à l'impayable Fabius que l'EI n'a pas été créé par Bachar el-Assad mais a vu le jour en 2006 en Irak et s'appelait d'abord Etat islamique en Irak avant d'être renommé Etat islamique en Irak et au Levant à partir d'avril 2013, pour finalement s'appeler Etat islamique (El) après la proclamation du califat par Abou-Bakr Al-Baghdadi à l'été 2014.
On ne dira jamais à quel point cette politique systématique de déstabilisation, ce prétendu « chaos créatif », ces interventions "humanitaires", ce funeste « devoir d'ingérence » remaquillé par quelques spécialistes de l'ingénierie sociale en « responsabilité de protéger » (la fameuse R2P) et la tarte à la crème du nation-building ont provoqué des centaines de milliers de morts, des blessés et des invalides en nombre incalculable, coûté la vie en très grand nombre à des jeunes soldats américains et européens sur ces théâtres d'opérations.
Le bilan humain est effroyable, les résultats calamiteux. La menace terroriste n'a jamais été aussi élevée, les déplacements de populations prennent une tournure d'exode biblique et le chaos semble être installé pour un très long moment, en Libye notamment. Sauf peut-être si l'un des fils Kadhafi, Seif ai-Islam, revenait aux manettes. Et là, on est évidemment tenté de dire : tous ces massacres pour en arriver là.
Les Bush,Blair, Sarkozy, Cameron, Juppé, Fabius, BHL, Obama, Hollande, les Clinton, sans oublier les dirigeants israéliens successifs toujours en embuscade, sont responsables ET coupables de ces tragédies. Tous épaulés évidemment par les monarchies pétro-gazières du Golfe et les néo-ottomans Erdogan et Davutoglu.
R. : Que vous inspire la campagne médiatique pour l’accueil des "migrants" ?
M. G. : Tout d'abord, vous avez parfaitement raison de mettre "migrants,, entre guillemets. Utilisons les expressions qui conviennent et parlons de clandestins voire carrément d'envahisseurs. D'après la définition du dictionnaire Larousse "envahir" consiste à : « pénétrer quelque part en nombre, de manière abusive ou non autorisée ; occuper, faire irruption dans un lieu ». Le terme "envahisseur" convient donc parfaitement à la situation présente.
La campagne médiatique à proprement parler est une opération psychologique de grande envergure. Même les promoteurs du « Je suis Charlie » et autres thuriféraires de l'introuvable « esprit du 11-Janvier » ont été littéralement enfoncés . Toutefois, cette entreprise de sidération, même si elle a partiellement fonctionné, n'a pas eu l'ampleur de celle de janvier dernier. Il faut dire que les Européens de l'Ouest, malgré 70 ans de culpabilisation intensive et une auto-flagellation de tous les instants, ont plus que goûté depuis quatre décennies aux "délices" du multiculturalisme mortifère et à son cortège de grandes misères. D'où un emballement somme toute très relatif pour une nouvelle campagne sur le thème « laissez venir à nous les petits immigrés ». Bien sûr, certains zombies subsistent (les Charlie notamment) et en demanderont toujours plus mais pour beaucoup d'Européens de l'Ouest la coupe est archi-pleine voire déborde totalement. Et depuis longtemps.
Pour nos frères d'Europe de l'Est, leur seuil de tolérance est heureusement bien moins élevé que le nôtre et leur système immunitaire n'est pas aussi affaibli.
C'est là un des très rares avantages qu'a pu présenter le soviétisme : le soviétisme pétrifie. Et quand celui-ci par bonheur se désagrège, il laisse à peu près intactes les structures ou permet de les faire renaître plus aisément, tandis que le libéralisme-libertaire, lui, liquéfie absolument tout. Difficile de rebâtir quelque chose de solide et de tangible après une liquéfaction.
A propos du soviétisme, je me permets une parenthèse, il n'est pas inutile de remarquer que c'est déjà la courageuse Hongrie qui s'opposait au Moloch soviétique en 1956, et c'est encore aujourd'hui la patrie de Saint Etienne qui tente de faire face au monstre européiste et à ses diktats. Viktor Orban était d'ailleurs un opposant durant la période communiste. Difficile de ne pas faire un parallèle.
R. : Les média du Système évoquent les théories complotistes pour attaquer les thèses dissidentes. Que vous évoque ce genre d'arguments ?
M. G. : Difficile de ne pas y voir une forme d'embarras. Aujourd'hui pour qui se donne l'effort de fouiller et de creuser un peu, tout ou presque, peut être trouvé. Pierre Hillard a découvert des dossiers incroyables en travaillant quasi uniquement à partir de sources ouvertes !
Les ploutocrates transnationaux sont comme les tueurs psychopathes. Très souvent ces derniers ne peuvent s'empêcher de revenir sur les lieux de leurs crimes, l'hyper-classe, quant à elle, ne peut s'empêcher de laisser à droite à gauche (sur internet notamment) les traces de ses méfaits. Et le tout consultable gratuitement et librement sur les sites officiels des gouvernements, des fondations, des officines et autres organisations para-gouvernementales. Peut-être faut-il aussi voir derrière ces preuves de culpabilité laissées ça-et-là, tels des Petit Poucet maléfiques, un sentiment d'impunité et de toute-puissante qui confirme, s'il en était encore besoin, que certains dirigeants sont d'authentiques sociopathes.
L'accusation de complotisme est certes très commode, mais elle relève de plus en plus de la pensée-réflexe voire d'une diversion pure et simple qui ne vise qu'à paralyser l'empêcheur de tourner en rond. Il suffit de la balayer d'un revers de la main et de poursuivre sereinement son argumentation en renvoyant - et c'est là le point crucial - vers les sources officielles aussi souvent que cela est possible.
R. : Autre menace majeure pour l'avenir de l'Europe, en quoi consiste le Traité Transatlantique entre l'Union Européenne et les Etats-Unis ?
M. G. : Pour résumer en une phrase : le traité transatlantique (TAFTA) a pour objectif d'abaisser les barrières tarifaires et non-tarifaire s entre les Etats-Unis et TUE. Cela concerne donc les droits de douane (de façon secondaire), mais cela vise surtout à harmoniser (comme ils disent pudiquement) les normes sociales, sanitaires, législatives et environnementales entre les deux rives de l'Atlantique.
Si par malheur le TAFTA venait à entrer en vigueur, il serait le pendant de l'OTAN sur le plan économique. Le TAFTA est le stade suprême d'un des segments du mondialisme, l'occidentalisme.
Une façon pour les Etats-Unis d'arrimer de manière quasi-irréversible l'Europe et de la couper de la Russie.
Enfin, il faut dire un mot des tribunaux spéciaux d'arbitrage (ISDS) qui présentent le risque immense de permettre aux grandes entreprises de faire condamner et plier les Etats qui auraient une législation trop protectrice à leurs yeux ; législation « trop protectrice » qui contreviendrait à la concurrence libre et non faussée, au libre-marché et entrerait donc en opposition avec l'esprit du traité. Le poids de ces tribunaux spéciaux pourrait faire disparaître le peu de souveraineté étatique qui aurait encore échappé au rouleau compresseur bruxellois.
R. : En Ukraine, le bras de fer entre l'Occident et la Russie se poursuit. Quel est l'enjeu réel de ce conflit voilé ?
M. G. : Je vous renvoie aux déclarations très éclairantes et très instructives (les fameuses preuves dont nous parlions plus haut) formulées par le fondateur de Stratfor (surnommée la CIA de l'ombre), George Friedman, devant le Chicago Council on Global affairs, le 4 février 2015 (la vidéo est disponible sur la Toile) : « L'intérêt primordial des Etats-Unis pour lequel nous avons fait des guerres pendant des siècles, lors de la première, la deuxième et la guerre froide, a été la relation entre l'Allemagne et la Russie parce que, unis, ils représentent ta seule force qui pourrait nous menacer et nous devons nous assurer que cela n'arrive pas. [...] Ce que vous faites, si vous êtes un Ukrainien, ce qui est essentiel, c'est d'établir le dialogue avec le seul pays qui vous aidera, et ce pays, ce sont les Etats-Unis. La semaine dernière, il y a une dizaine de jours, le général Hodges, commandant de l'armée américaine en Europe, s'est rendu en Ukraine. Il y a annoncé que les formateurs américains viendraient désormais officiellement, et non plus officieusement ; il a remis des médailles aux combattants ukrainiens - ce qui est contraire au règlement de l'armée qui ne permet pas de décorer des étrangers - mais il l'a fait. Ce faisant, il a montré que c'était son armée. [...] Faisant tout cela, les Etats-Unis ont agi en dehors du cadre de l'OTAN, parce que dans le cadre de l'OTAN il doit y avoir un accorda l'unanimité et n'importe quel pays peut opposer son veto sur n'importe quoi [...]La question à l'ordre du jour pour les Russes est : vont-ils créer une zone-tampon qui serait au minimum une zone neutre, ou bien l'Occident s'introduira tellement loin en Ukraine... et s'installera à 100 km de Stalingrad et à 500 km de Moscou. Pour la Russie, le statut de l'Ukraine représente une menace pour sa survie, et les Russes ne peuvent pas laisser faire. [...]
La question à laquelle nous n'avons pas de réponse est : Que va faire l'Allemagne ? La vraie inconnue dans l'équation européenne ce sont les Allemands. Pendant que les Etats-Unis mettent en place le cordon sanitaire entre l'Europe et la Russie, pas en Ukraine mais à l'ouest, et que les Russes essaient de trouver comment tirer parti des Ukrainiens, nous ignorons la position allemande. L'Allemagne est dans une situation très particulière : l'ancien chancelier Gerhard Schrôder est membre du conseil d'administration de Gazprom et ils ont une relation très complexe avec les Russes. Les Allemands eux-mêmes ne savent pas quoi faire : ils doivent exporter, les Russes peuvent acheter ; d'autre part, s'ils perdent la zone de libre-échange, ils doivent construire quelque chose de différent. Pour les Etats-Unis, la peur primordiale est la technologie allemande et le capital allemand, avec les ressources naturelles russes et la main-d'œuvre russe, ce qui est la seule combinaison qui a fait très peur aux Etats-Unis pendant des siècles » (sic)
R. : L'intervention russe en Syrie sera-t-elle une aide importante pour écraser les islamistes ?
M. G. : Depuis quelques semaines, cette intervention paraissait inévitable. Les Russes sont légitimement terrifiés à l'idée de voir les djihadistes de Daesh débarquer en masse dans le Caucase. Ils ont décidé de frapper de façon directe et officielle contre l’EI. Les Russes savent que la chute de Damas ouvrirait les Portes de l'Enfer, donc ils veulent tout faire pour éviter cette catastrophe.
Le risque d'un désaccord russo-américain sur ce dossier pourrait être cependant lourd de conséquences si des incidents avaient lieu entre les deux superpuissances militaires.
R. : Dans une période aussi noire, voyez-vous des raisons de garder l’espoir ?
M. G. : Soyons honnêtes, c'est extrêmement difficile. Mais l'Espérance est au cœur même de notre foi. Nous ne pouvons donc baisser les bras. C'est un Devoir. Et comme l'a enseigné Dominique Venner, il ne faut jamais sous-estimer l'imprévu dans l'Histoire.
Et j'ajouterai qu'en ce qui concerne la France, malgré l'acharnement de quelques-uns, sa vocation surnaturelle n'a peut-être pas été totalement engloutie. Donc sait-on jamais, il n'est pas dit que la Fille aînée de l'Eglise ait dit son dernier mot.
Propos recueillis par Monika BÉRCHVOK. Rivarol du 15 octobre 2015
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Maurice Gendre : « pour beaucoup d’Européens de l’Ouest la coupe est archi-pleine »
Chroniqueur pour l’émission francophone de Radio Bandera Nera, Méridien Zéro, Maurice Gendre est un observateur averti de l'information internationale.
RIVAROL : Que pensez-vous des effets de la crise migratoire sur l'Europe?
Maurice GENDRE : Nous vivons ce que j'appelle la phase 2 de la submersion migratoire. La première est celle que nous avons subie au cours des quarante dernières années. Elle avait pour but de transformer le paysage humain de l'Europe de façon continue mais en partie insidieuse.
La phase 1 a bouleversé nos modes de vie et nos mœurs, a contribué à faire exploser nos dépenses sociales, a fait surgir de nouvelles formes de délinquance et de criminalité, a permis à un grand patronat sans scrupules de pratiquer une pression salariale sournoise, a posé les bases de possibles troubles civils d'une gravité extrême.
On peut parler d'un des crimes les plus graves jamais commis contre la France ; une trahison sans équivalent dans l'Histoire de France qui ferait passer le honteux traité de Troyes pour un modèle de dignité.
La phase 2, elle, vise purement et simplement à transformer la France et l'Europe en un véritable vide-ordures planétaire. Contrairement à l'ineffable Francis Huster, j'ai beaucoup de mal à croire que parmi ces marées extra-européennes se trouve le nouveau Montaigne.
Si on en croit les mises en garde du renseignement intérieur allemand, nous avons beaucoup plus de risques d'y croiser de futurs Khaled Kelkal que l'auteur des Essais.
De plus, l'Etat islamique (El) n'a pas fait mystère de son envie d'utiliser cette déferlante migratoire pour s'infiltrer en Europe plus aisément.
L'arrestation en Italie d'un Marocain soupçonné d'avoir participé à l'attentat du Bardo en Tunisie, et qui était arrivé sur une embarcation clandestine partie de Libye en février dernier, constitue une première alerte très sérieuse. Mais celle-ci ne sera probablement pas prise en compte. Il y a quelques semaines, un conseiller du gouvernement libyen a également affirmé à la BBC que Daesh, implanté en Libye, faisait monter sur de petits navires des djihadistes en direction de l'Europe. Mais là encore cette menace est minimisée voire est qualifiée de « fantasme de l’extrême droite » par les Amis du Désastre comme les qualifie fort justement Renaud Camus.
Enfin, outre des associations comme SOS Méditerranée soutenue financièrement par BNP-Paribas, il ne faut surtout pas omettre de mentionner le rôle de fondations américaines comme le très libertarien Ayn Rand Institute ou celui de l'Open Society de George Soros qui affirme sans détour sur son site soutenir les associations venant en aide aux "migrants" légaux et illégaux. En effet, certains cénacles géostratégiques américains voient d'un très bon œil cette déferlante migratoire sur l'Europe, une façon comme une autre d'affaiblir un peu plus le Vieux Continent.
R. : La prise de position de l’Allemagne est-elle la conséquence de 70 ans de culpabilisation, de rééducation et de logique libérale ?
M. G. : Absolument. Mais désormais on a l'impression que l'Allemagne souhaite embarquer tous les Européens dans sa pulsion de mort, son désir d'auto-anéantissement et son masochisme moralisateur ; attitude désarmante qui était déjà à l'œuvre dans le cadre de la crise grecque à travers cette volonté d'humilier toujours un peu plus les Hellènes.
Sans parler des changements continuels de la politique berlinoise dans le conflit russo-ukrainien. Un jour des sanctions contre la Russie, le lendemain les accords de Minsk II, etc.
Une politique de Gribouille qui s'explique aussi par les divisions au sein des classes dirigeantes allemandes : l'oligarchie outre-Rhin présente un discours moins univoque que le nôtre. Les tensions sont sourdes mais réelles entre les réseaux atlantistes et les milieux russo-compatibles par exemple.
Dans la crise migratoire, on voit bien que les obsessions du grand patronat allemand sont éloignées des inquiétudes des services de renseignement. De même, la CSU, branche bavaroise de la CDU, semble être en désaccord avec le parti-frère sur cette question.
Semaine 1, Docteur Angela ouvre grand les frontières et propose « d'accueillir 800 000 migrants » et, semaine 2, Mister Merkel remet en cause les accords de Schengen.
En fait, l'Allemagne ne sait tout simplement plus qui elle est, où elle va, comment et surtout pourquoi. Malheureusement, elle n'est pas la seule dans ce cas en Europe...
R. : La responsabilité des gouvernements occidentaux est totale dans le phénomène avec leur rôle nocif dans la destruction de l'Irak, de la Libye et de la Syrie. Comment la « guerre pour la Démocratie » a-t-elle apporté les pires ravages aux pays qu'elle devait libérer de la dictature ?
M. G. : C'est tout à fait exact. Rappelons d'ailleurs à l'impayable Fabius que l'EI n'a pas été créé par Bachar el-Assad mais a vu le jour en 2006 en Irak et s'appelait d'abord Etat islamique en Irak avant d'être renommé Etat islamique en Irak et au Levant à partir d'avril 2013, pour finalement s'appeler Etat islamique (El) après la proclamation du califat par Abou-Bakr Al-Baghdadi à l'été 2014.
On ne dira jamais à quel point cette politique systématique de déstabilisation, ce prétendu « chaos créatif », ces interventions "humanitaires", ce funeste « devoir d'ingérence » remaquillé par quelques spécialistes de l'ingénierie sociale en « responsabilité de protéger » (la fameuse R2P) et la tarte à la crème du nation-building ont provoqué des centaines de milliers de morts, des blessés et des invalides en nombre incalculable, coûté la vie en très grand nombre à des jeunes soldats américains et européens sur ces théâtres d'opérations.
Le bilan humain est effroyable, les résultats calamiteux. La menace terroriste n'a jamais été aussi élevée, les déplacements de populations prennent une tournure d'exode biblique et le chaos semble être installé pour un très long moment, en Libye notamment. Sauf peut-être si l'un des fils Kadhafi, Seif ai-Islam, revenait aux manettes. Et là, on est évidemment tenté de dire : tous ces massacres pour en arriver là.
Les Bush,Blair, Sarkozy, Cameron, Juppé, Fabius, BHL, Obama, Hollande, les Clinton, sans oublier les dirigeants israéliens successifs toujours en embuscade, sont responsables ET coupables de ces tragédies. Tous épaulés évidemment par les monarchies pétro-gazières du Golfe et les néo-ottomans Erdogan et Davutoglu.
R. : Que vous inspire la campagne médiatique pour l’accueil des "migrants" ?
M. G. : Tout d'abord, vous avez parfaitement raison de mettre "migrants,, entre guillemets. Utilisons les expressions qui conviennent et parlons de clandestins voire carrément d'envahisseurs. D'après la définition du dictionnaire Larousse "envahir" consiste à : « pénétrer quelque part en nombre, de manière abusive ou non autorisée ; occuper, faire irruption dans un lieu ». Le terme "envahisseur" convient donc parfaitement à la situation présente.
La campagne médiatique à proprement parler est une opération psychologique de grande envergure. Même les promoteurs du « Je suis Charlie » et autres thuriféraires de l'introuvable « esprit du 11-Janvier » ont été littéralement enfoncés . Toutefois, cette entreprise de sidération, même si elle a partiellement fonctionné, n'a pas eu l'ampleur de celle de janvier dernier. Il faut dire que les Européens de l'Ouest, malgré 70 ans de culpabilisation intensive et une auto-flagellation de tous les instants, ont plus que goûté depuis quatre décennies aux "délices" du multiculturalisme mortifère et à son cortège de grandes misères. D'où un emballement somme toute très relatif pour une nouvelle campagne sur le thème « laissez venir à nous les petits immigrés ». Bien sûr, certains zombies subsistent (les Charlie notamment) et en demanderont toujours plus mais pour beaucoup d'Européens de l'Ouest la coupe est archi-pleine voire déborde totalement. Et depuis longtemps.
Pour nos frères d'Europe de l'Est, leur seuil de tolérance est heureusement bien moins élevé que le nôtre et leur système immunitaire n'est pas aussi affaibli.
C'est là un des très rares avantages qu'a pu présenter le soviétisme : le soviétisme pétrifie. Et quand celui-ci par bonheur se désagrège, il laisse à peu près intactes les structures ou permet de les faire renaître plus aisément, tandis que le libéralisme-libertaire, lui, liquéfie absolument tout. Difficile de rebâtir quelque chose de solide et de tangible après une liquéfaction.
A propos du soviétisme, je me permets une parenthèse, il n'est pas inutile de remarquer que c'est déjà la courageuse Hongrie qui s'opposait au Moloch soviétique en 1956, et c'est encore aujourd'hui la patrie de Saint Etienne qui tente de faire face au monstre européiste et à ses diktats. Viktor Orban était d'ailleurs un opposant durant la période communiste. Difficile de ne pas faire un parallèle.
R. : Les média du Système évoquent les théories complotistes pour attaquer les thèses dissidentes. Que vous évoque ce genre d'arguments ?
M. G. : Difficile de ne pas y voir une forme d'embarras. Aujourd'hui pour qui se donne l'effort de fouiller et de creuser un peu, tout ou presque, peut être trouvé. Pierre Hillard a découvert des dossiers incroyables en travaillant quasi uniquement à partir de sources ouvertes !
Les ploutocrates transnationaux sont comme les tueurs psychopathes. Très souvent ces derniers ne peuvent s'empêcher de revenir sur les lieux de leurs crimes, l'hyper-classe, quant à elle, ne peut s'empêcher de laisser à droite à gauche (sur internet notamment) les traces de ses méfaits. Et le tout consultable gratuitement et librement sur les sites officiels des gouvernements, des fondations, des officines et autres organisations para-gouvernementales. Peut-être faut-il aussi voir derrière ces preuves de culpabilité laissées ça-et-là, tels des Petit Poucet maléfiques, un sentiment d'impunité et de toute-puissante qui confirme, s'il en était encore besoin, que certains dirigeants sont d'authentiques sociopathes.
L'accusation de complotisme est certes très commode, mais elle relève de plus en plus de la pensée-réflexe voire d'une diversion pure et simple qui ne vise qu'à paralyser l'empêcheur de tourner en rond. Il suffit de la balayer d'un revers de la main et de poursuivre sereinement son argumentation en renvoyant - et c'est là le point crucial - vers les sources officielles aussi souvent que cela est possible.
R. : Autre menace majeure pour l'avenir de l'Europe, en quoi consiste le Traité Transatlantique entre l'Union Européenne et les Etats-Unis ?
M. G. : Pour résumer en une phrase : le traité transatlantique (TAFTA) a pour objectif d'abaisser les barrières tarifaires et non-tarifaire s entre les Etats-Unis et TUE. Cela concerne donc les droits de douane (de façon secondaire), mais cela vise surtout à harmoniser (comme ils disent pudiquement) les normes sociales, sanitaires, législatives et environnementales entre les deux rives de l'Atlantique.
Si par malheur le TAFTA venait à entrer en vigueur, il serait le pendant de l'OTAN sur le plan économique. Le TAFTA est le stade suprême d'un des segments du mondialisme, l'occidentalisme.
Une façon pour les Etats-Unis d'arrimer de manière quasi-irréversible l'Europe et de la couper de la Russie.
Enfin, il faut dire un mot des tribunaux spéciaux d'arbitrage (ISDS) qui présentent le risque immense de permettre aux grandes entreprises de faire condamner et plier les Etats qui auraient une législation trop protectrice à leurs yeux ; législation « trop protectrice » qui contreviendrait à la concurrence libre et non faussée, au libre-marché et entrerait donc en opposition avec l'esprit du traité. Le poids de ces tribunaux spéciaux pourrait faire disparaître le peu de souveraineté étatique qui aurait encore échappé au rouleau compresseur bruxellois.
R. : En Ukraine, le bras de fer entre l'Occident et la Russie se poursuit. Quel est l'enjeu réel de ce conflit voilé ?
M. G. : Je vous renvoie aux déclarations très éclairantes et très instructives (les fameuses preuves dont nous parlions plus haut) formulées par le fondateur de Stratfor (surnommée la CIA de l'ombre), George Friedman, devant le Chicago Council on Global affairs, le 4 février 2015 (la vidéo est disponible sur la Toile) : « L'intérêt primordial des Etats-Unis pour lequel nous avons fait des guerres pendant des siècles, lors de la première, la deuxième et la guerre froide, a été la relation entre l'Allemagne et la Russie parce que, unis, ils représentent ta seule force qui pourrait nous menacer et nous devons nous assurer que cela n'arrive pas. [...] Ce que vous faites, si vous êtes un Ukrainien, ce qui est essentiel, c'est d'établir le dialogue avec le seul pays qui vous aidera, et ce pays, ce sont les Etats-Unis. La semaine dernière, il y a une dizaine de jours, le général Hodges, commandant de l'armée américaine en Europe, s'est rendu en Ukraine. Il y a annoncé que les formateurs américains viendraient désormais officiellement, et non plus officieusement ; il a remis des médailles aux combattants ukrainiens - ce qui est contraire au règlement de l'armée qui ne permet pas de décorer des étrangers - mais il l'a fait. Ce faisant, il a montré que c'était son armée. [...] Faisant tout cela, les Etats-Unis ont agi en dehors du cadre de l'OTAN, parce que dans le cadre de l'OTAN il doit y avoir un accorda l'unanimité et n'importe quel pays peut opposer son veto sur n'importe quoi [...]La question à l'ordre du jour pour les Russes est : vont-ils créer une zone-tampon qui serait au minimum une zone neutre, ou bien l'Occident s'introduira tellement loin en Ukraine... et s'installera à 100 km de Stalingrad et à 500 km de Moscou. Pour la Russie, le statut de l'Ukraine représente une menace pour sa survie, et les Russes ne peuvent pas laisser faire. [...]
La question à laquelle nous n'avons pas de réponse est : Que va faire l'Allemagne ? La vraie inconnue dans l'équation européenne ce sont les Allemands. Pendant que les Etats-Unis mettent en place le cordon sanitaire entre l'Europe et la Russie, pas en Ukraine mais à l'ouest, et que les Russes essaient de trouver comment tirer parti des Ukrainiens, nous ignorons la position allemande. L'Allemagne est dans une situation très particulière : l'ancien chancelier Gerhard Schrôder est membre du conseil d'administration de Gazprom et ils ont une relation très complexe avec les Russes. Les Allemands eux-mêmes ne savent pas quoi faire : ils doivent exporter, les Russes peuvent acheter ; d'autre part, s'ils perdent la zone de libre-échange, ils doivent construire quelque chose de différent. Pour les Etats-Unis, la peur primordiale est la technologie allemande et le capital allemand, avec les ressources naturelles russes et la main-d'œuvre russe, ce qui est la seule combinaison qui a fait très peur aux Etats-Unis pendant des siècles » (sic)
R. : L'intervention russe en Syrie sera-t-elle une aide importante pour écraser les islamistes ?
M. G. : Depuis quelques semaines, cette intervention paraissait inévitable. Les Russes sont légitimement terrifiés à l'idée de voir les djihadistes de Daesh débarquer en masse dans le Caucase. Ils ont décidé de frapper de façon directe et officielle contre l’EI. Les Russes savent que la chute de Damas ouvrirait les Portes de l'Enfer, donc ils veulent tout faire pour éviter cette catastrophe.
Le risque d'un désaccord russo-américain sur ce dossier pourrait être cependant lourd de conséquences si des incidents avaient lieu entre les deux superpuissances militaires.
R. : Dans une période aussi noire, voyez-vous des raisons de garder l’espoir ?
M. G. : Soyons honnêtes, c'est extrêmement difficile. Mais l'Espérance est au cœur même de notre foi. Nous ne pouvons donc baisser les bras. C'est un Devoir. Et comme l'a enseigné Dominique Venner, il ne faut jamais sous-estimer l'imprévu dans l'Histoire.
Et j'ajouterai qu'en ce qui concerne la France, malgré l'acharnement de quelques-uns, sa vocation surnaturelle n'a peut-être pas été totalement engloutie. Donc sait-on jamais, il n'est pas dit que la Fille aînée de l'Eglise ait dit son dernier mot.
Propos recueillis par Monika BÉRCHVOK. Rivarol du 15 octobre 2015
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Zoom : Crise syrienne : la Russie fait tomber les masques. (27-10-2015)
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Journal de bord de Jean-Marie Le Pen n°415
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« Triangulation, repères pour des temps incertains » | Entretien avec Michel Drac.
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Discussions sur la politique française et la liberté d’expression avec Maître Bonneau et Yvan Benedetti
Discussions sur la politique française et la… par LaPravdaCHJoseph Navratil s’est entretenu pour LaPravda.ch avec Maître Pierre-Marie Bonneau et Yvan Benedetti lors de leur passage à Genève au sujet notamment des « interdits internet », la loi Fabius-Gayssot, la persécution des mouvements nationalistes et l’affaire dite « du détail » de JMLP.
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Entretien exclusif d'Orages d'acier avec Gabriele Adinolfi
Gabriele Adinolfi, figure incontournable du nationalisme italien et auteur de nombreux ouvrages dont Pensées corsaires ou Orchestre rouge, a bien voulu accorder un entretien exclusif avec l'équipe d'Orages d'acier.Orages : Le terrorisme dont les médias parlent actuellement a-t-il changé de visage par rapport au terrorisme des années de plomb ?Gabriele Adinolfi : La différence, mise à part celle de l’apparence ou des identités de mécanisme, cette différence foncière avec le terrorisme des années de plomb est issue d’une réalité sociale, ancrée dans une société encore vivante, avec des luttes sociales et culturelles existantes, alors que le terrorisme actuel se nourrit plutôt du malaise de gens déracinés, dans une société qui a détruit toute sorte d’identité mais aussi de langage social.
Il y a des identités entre ces terrorismes dans les mécanismes, et, peut-être aussi, dans la manipulation, mais il y a une différence fondamentale qui n’est pas qu’idéologique, cette différence est due fait qu’à l’époque le terrorisme d’extrême-gauche (qui avait une stratégie) était un terrorisme névrosé avec vision névrosée de la lutte sociale et politique, mais, qui partait d’une lutte sociale et politique.
Aujourd’hui, dans les terrorismes actuels, il y a à la fois une vision utopique et hystérique, qui veut aussi redonner une identité aux gens déracinés. Cette différence fondamentale est sociale.Est-il fou de penser – à l’image des années de plomb que vous avez bien développé dans votre ouvrage Orchestre Rouge – que des services aient pu avoir un lien direct ou indirect avec les derniers attentats ?Avec la technologie actuelle, il est impossible qu’il y ait un attentat commis par plus d’une personne, qui ne soit pas déjà compris et imaginé par les services. Quand on dit les services, il faut bien voir ce qu’on entend.
Dans la logique, nous vivons dans un système général ou tout se nourrit de tout ce qui se combat. L’antidrogue se nourrit de la drogue, l’antiterrorisme se nourrit du terrorisme, et même l’Etat, fragilisé par son absence de tissu social, d’imaginaire collectif et même de culture, cet Etat – comme le voit bien Éric Werner – a besoin de créer des sites de tension grâce auxquels il peut tenir la population.
Cela étant dit, quand on parle du terrorisme, il ne faut pas penser que tout soit manipulé par une personne centrale, par exemple les services de renseignement nationaux ont tendance à contrôler les choses ou même donner une vision de ce qui se passe pour des raisons complètement différentes.
Mais il y a aussi les guerres intestines parmi les puissances moyennes, donc des services étrangers y participent, et, alors jusqu’à quel point ces services participent – qu'ils soient occidentaux ou étrangers –, quelle est la réalité exacte, cela est difficile à dire. Ensuite, chacun participe à donner une version officielle qui n’est pas la réelle.
Après pour savoir quels sont les rôles joués, il faut des données assez précises pour se prononcer.Le commando Charlie Hebdo a-t-il bien participé d’une stratégie de la tension ?Je pense que tout ce qu’on a dit sur Charlie Hebdo a été faussé. C’est un coup très sophistiqué, de très haut niveau. Forcément, il y a des intelligences particulières. Alors qui a fait le coup exactement, comment et pourquoi, je n’en sais rien. Normalement, ce genre d’événement n’est pas exécuté par un service national, parce que tout simplement, aucun service ne va commettre un attentat sur son propre pays en risquant, même sur ordre, que la hiérarchie soit mouillée. Cela pourrait s’insérer dans des histoires compromettantes.
Par exemple, quel est le rôle de l’Italie, de la France ou des Etats-Unis dans toute cette nébuleuse du djihadisme dans le Moyen-Orient, quels sont les double, triple, quadriple jeux de la France et/ou de ses alliés arabe, israélien, américain ? Mais il me paraît évident que la stratégie de la tension a été évoquée dans un cadre politique, et, il faut bien comprendre que c’est un acte de guerre.Edward Snowden a comparé la France aux Etats-Unis avec sa NSA, après l’adoption de la loi sur le terrorisme et celle sur le renseignement, y apportez-vous des objections ?Je ne suis pas en mesure de le dire. Il faut voir la chose des deux côtés. Au niveau des libertés et au niveau social, évidemment, c’est choquant. Si l’on voit cela au niveau de l’obtention d’un niveau de puissance, je pense que l’absence de menaces est importante à prendre en compte. C’est aussi ce manque de mesures contre le terrorisme et le renseignement qui affaiblit les pays de l’Union européenne, je pense donc même que c’est souhaitable. C’est une question compliquée. Disons que je ne crois pas trop que la France soit en mesure de s’équiper toute seule à ce niveau-là, que ce soit technologiquement ou culturellement.Pendant le vote de la loi sur le renseignement en avril 2015, il y a eu le scandale PNCD, système de la DGSE qui siphonnait des milliards de données en France…Il faut reconnaître que l’une des grandes puissances est la connaissance : avant c’était le prêtre, aujourd’hui c’est le satellite. Il ne faut pas s’étonner de cette utilisation technologique.Nous savons que les services savent qui sont les passeurs, quelles sont les filières, que des membres d’EI sont parmi les migrants. EI lui-même est soutenu militairement par les USA (Russia Today parle de 50 tonnes de munitions), dans quel(s) but(s) ?Russia Today fait des histoires un peu simplistes. Cela fait partie de la logique duale dans laquelle on renouvelle les notions de puissance. Pour les Etats-Unis, j’ai l’impression qu’ils ont soutenu toutes les parties au Moyen-Orient, cela leur permet de faire des affaires, de faire grandir énormément le prix des produits (gaz, pétrole, armes, drogue).
De plus, cette déstabilisation du Moyen-Orient rentre dans deux logiques américaines :
- mettre l’Europe contre les pays arabes, pour compliquer toute solution tant au niveau politique qu’énergétique ;
- mais cela rentre aussi dans la stratégie de l’affirmation d’une grande Israël.
Et puis, les Américains soutiennent Daesh, et surtout Al-Nosra. Sans oublier que la France et l’Italie soutiennent aussi Daesh, ainsi que d’autres Etats européens et occidentaux. Puis, de l’autre côté, l’intelligentsia aussi bien en France qu’en Italie, joue un double jeu.La situation des Etats de l’UE amène à une contestation progressive, les militants nationalistes par ailleurs agissent, mais il semblerait que la répression soit encore plus répandue, subtile et perverse limitant toute action, qu’en pensez-vous ?Cela revient un peu aux années de plomb en Italie. C’est-à-dire le moment où le parti communiste italien (PCI) a été appelé au gouvernement par les Américains, par FIAT, etc., le PCI a dû renoncer à tout ce qui le représentait, et, en échange d’argent et de pouvoir, ce dernier a donné la peau des fascistes, c’est-à-dire qu’ils ont réagi de cette manière : « en satisfaction vous aurez la répression ». C’est pareil aujourd’hui, la répression est autre, non pas parce qu’ils ont peur des nationalistes et des identitaires, mais parce que la classe dirigeante qui est prise par une idéologie sidaïque, au sens de sans défense immunitaire, cette classe dirigeante ne travaille non plus pour un monde meilleur mais pour le grand capital, et a besoin de se défouler, et plus on leur permet de se défouler, et finalement aussi parce que la technique le permet. -
Pierre Hillard nous parle de la famille royale d’Angleterre et de son rôle dans le mondialisme
Pierre Hillard, essayiste et spécialiste du mondialisme, nous parle des liens entre la famille royale d’Angleterre et l’oligarchie, sans oublier l’influence de la maçonnerie et du judaïsme.
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