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Périco Légasse : pourquoi la France est devenue moche
Ronds-points, parkings, zones commerciales...pour Périco Légasse, l'enlaidissement de la France est une conséquence de la mondialisation qui uniformise le territoire sous la bannière du double impératif produire/consommer.FigaroVox : Les paysages français ont-ils beaucoup changé ces 30 dernières années du fait de la multiplication des zones commerciales et industrielles à l'entrée des villes ?Périco Légasse : C'est même l'un des phénomènes marquants, voire déchirants, de la morphologie contemporaine française. La France n'est pas qu'une entité culturelle de dimension internationale, c'est aussi un territoire culturel de réputation mondiale. Son visage participe de son image. Or nous assistons depuis trente années à un massacre organisé de ce tableau sur lequel s'est bâti, non seulement le renom touristique et pittoresque de ce pays, mais aussi sa légende de pays de l'art de vivre. Il y a une quarantaine d'années, le journaliste Michel Péricard, avant qu'il ne soit élu député-maire de Saint-Germain-en-Laye, animait sur «la deuxième chaine» de l'ORTF une émission intitulée «La France défigurée». Il dénonçait déjà les ravages - que l'on appelle aujourd'hui environnementaux - d'un urbanisme brutal, de la mercantilisation sauvage des faubourgs de grandes villes et de «L'expansion économique» telle qu'elle est croquée dans la Soupe au chou, de Claude Zidi (1976) où Louis de Funés et Jean Carmet, symboles de la «France fossile» étaient confinés dans leur ferme comme des primates pour s'être opposés à l'ouverture d'un centre d'attraction autour de chez eux. Caricature ? Hélas non, prémonition, car la réalité est bien pire. Et de voir ces abords d'agglomérations ainsi transformés en boulevards de la surconsommation dans un concours de laideur fait mal au ventre. On a abîmé, souillé, détruit, violé des paysages magnifiques pour les remplacer par des enfers multicolores bétonnés ou métallisés afin que les citoyens viennent y accélérer la dynamique de défiguration de leur pays. Il faut bien vivre, certes, et donner du travail à tout le monde, mais quand le remède consiste à enclencher un processus qui ruine l'économie nationale par un abaissement systématique des prix via une mutilation organisée du cadre de vie et de l'esthétique des espaces urbains, on se demande si la facture n'est pas chère payée. Je me promène en Europe, et il est vrai que peu de pays échappent à cette dégradation environnementale, toutefois, j'ai l'impression qu'en France, certains élus locaux ont lancé un concours de mauvais goût pour rendre les choses encore plus moches. Il faut avouer que l'horreur dépasse parfois la fiction.Quelles sont les causes profondes de ces mutations ?Le besoin de transformer le citoyen en consommateur puis, la mécanique du profit à grande vitesse aidant, de le transformer en sur-consommateur d'une surproduction générée à cet effet. Et comme il ne s'agit pas de le faire attendre ou se déplacer trop loin, on lui met tout, du rayon de surgelé à la salle de bain en passant par la voiture, le bricolage, la décoration, le sport et le jardinage, à portée de la main. En fait, les fameuses «zones» (d'activités commerciales, industrielles ou économiques), si bien nommées, ne sont que la reproduction à échelle «agglomérative» de la grande surface. L'urbanisation obéit aujourd'hui à la logique de la grande distribution: d'un côté la ville avec sa population, que l'on pourrait qualifier de «zone clientèle», en barres de HLM ou en zone pavillonnaire, et, à côté, l'étalage à grande échelle des produits que l'on pourrait qualifier de «zone consommation». La masse clientélisée à côté du supermarché. Comme dans les élevages industriels de poulet, on apporte son granulé à la volaille sur un tapis. Pour cela il faut aménager le cadre de vie en circuit.De Lille à Marseille, on trouve les mêmes restaurants, les mêmes ronds-points, le même urbanisme : pourquoi une telle uniformisation ?Et si j'étais un brin provocateur, j'ajouterai: les mêmes goûts, les mêmes infos, les mêmes idées, les mêmes dogmes et les mêmes envies… Ce sont les joies de la mondialisation, que nos experts appellent pudiquement la globalisation. Quand vous avez une grosse usine qui produit de gros besoins avec de gros moyens il faut que ce bien de consommation là convienne au plus grand nombre possible de demandeurs. Donc les mêmes enseignes proposant les mêmes marques sur les mêmes critères de choix. Au cas où l'on tenterait d'y échapper, la publicité télévisée, plus colossal instrument de propagande de tous les temps, vous martèle le cerveau sans relâche en vous expliquant, à la façon de la Rolex de Jacques Séguéla: «si t'as pas ça à ton âge, tu as raté ta vie», en le déclinant à toutes les sauces. Et comme il faut reconnaître très vite le logo, la couleur, la forme, le design, le style, le slogan, on le reproduit à l'infini et à l'identique sur tous les espaces suburbains. Normal, car ce gigantesque besoin artificiel ne peut être assouvi et commercialisé que si un immense territoire marchand est mis à disposition du système. Les consommateurs étant rassemblés dans des villes on concentre tout ça autour de la ville. En d'autres termes ça s'appelle un marché de concentration. Je maintiens la formule et je l'assume.Comment expliquer que le remplacement progressif du patrimoine par des habitats fonctionnels se fasse dans la plus complète indifférence ? Les Français auraient-ils perdu le sens de l'esthétique ?Non, car, pour l'heure, ils ne l'on pas tous perdu, même si l'on assiste à un phénomène de masse. Mais si l'on explique que le summum du summum de l'épanouissement social, c'est d'avoir sa maison, et que l'on fait en sorte que l'on puisse acheter une maison d'usine à bas prix, ce qui est le cas de l'habitat préfabriqué, on donne à chacun le moyen d'être propriétaire. Tout cela est parfaitement louable car posséder son logement est une aspiration légitime. Et un droit inaliénable. Sauf que l'usine à maisons fabrique la même maison pour tous et que tout cela est concentré sur un territoire délimité. En fait on reproduit le phénomène de l'appartement, mais sur une base individuelle et séparée du voisin. La voirie devient une méga cage d'escalier. Les conséquences urbanistiques sont donc calamiteuses. A partir d'un certain seuil de concentration, je ne vois pas la différence avec le coron. Et comme la sociologie démographique va dans ce sens, les agglomérations françaises sont condamnées à répondre et à satisfaire cette attente là. Cela a t-il donné des cadres de vie où l'être humain s'améliore ou s'épanouit ? C'est une autre affaire. Hélas, la «mochitude» est aujourd'hui la norme, pour ne pas dire la règle, pour n'être que le reflet d'une logique économique elle même très moche puisqu'elle ne met plus l'homme au centre de sa finalité mais le fric.Que pensez-vous du développement des éoliennes et des panneaux solaires dans les campagnes françaises ? L'écologie ne mérite-elle pas qu'on lui sacrifie un peu de laideur ?Question douloureuse, car l'écologie est la défense de l'environnement, et le premier environnement, c'est le paysage. Les éoliennes et les panneaux solaires sont des remèdes à un système excessif, avec les mêmes objectifs : produire. Ils ne sont donc que la bonne conscience de ce système, pas un progrès écologique en lui même. Certes, ce sont des moyens «idéaux» de production d'énergie durable, enjeu fondamental de notre civilisation. Mais à quel prix ? Ai je vraiment envie de vivre «proprement» et «durablement» dans un tel univers visuel ? Est ce si «propre» de défigurer un paysage légendaire, une vallée, ou un village, avec ces prouesses de l'éco-technologie ? Ai-je envie de vivre dans un environnement transformé en base spatiale de film de science-fiction sous prétexte que je limite la casse d'une logique que je ne remets par ailleurs pas en cause puisque je continue à consommer de l'énergie. Le serpent se mord la queue, bien sûr, mais le problème est de savoir quel avenir je réserve à la planète. Je pars du principe un peu simpliste que se pourrir la vue c'est déjà se pourrir la vie.Un pays abimé, défiguré, mais vivant, ne vaut-il pas mieux qu'une France muséale et figée dans un bucolisme attirant les touristes ? La France peut-elle échapper à l'un de ces deux destins : celui de la France des parkings et celui de la France des chambres d'hôtes ?Et si les Aztèques et les Incas, pérennisés dans leur civilisation, n'avaient pas été éradiqués par l'Occident chrétien «au nom des Evangiles», le monde s'en porterait-il plus mal ? Dirions nous aujourd'hui aux Indiens d'Amazonie qu'ils s'accrochent à un monde «muséal» figé dans son «bucolisme tropical» sous prétexte que leur archaïsme primitif s'oppose à la transformation de leur paradis en enfer industriel de progrès ? Tristes tropiques que la France des parkings. A quel drôle de choix nous voici confrontés. Riches et pollués à mort ou pauvres mais en bonne santé ? Il existe peut-être un juste milieu. De la tomate hors sol pleine de pesticides et sans goût toute l'année ou un peu de bonne tomate de juillet à septembre ?«Notre bonne vieille mère la Terre» comme disait le général de Gaulle dans son discours de Bayeux en 1946 ne pourra pas supporter longtemps la forme de consommation qui régit l'humanité depuis trente ans. A ce train là, le parking c'est l'antichambre du cimetière. C'est un choix philosophique de civilisation. Je le redis, mourir riches et puissants en pleine croissance ou durer dans le bon sens décroissant ? Vaste débat. Moi j'ai ma réponse. -
Entrevue du C.N.C #6 : Rébellion
Réponses de Jean Galié et de Louis Alexandre.
1) Quelle est la genèse du projet de Rébellion ?
Louis Alexandre : La revue Rébellion est née de la volonté d'un petit groupe de camarades toulousains de dépasser les limites de « l'extrémisme » de droite comme de gauche. Au début des années 2000, nous étions face à des impasses et il nous fallait chercher ailleurs la rupture révolutionnaire à laquelle nous aspirions...
Nous avons donc débuté un travail d'inventaire sans concessions, nous ne pouvions compter que sur nos forces et notre volonté. Mais cela a finalement payé et nous avons réussi à rendre crédibles nos idées. Aujourd'hui encore, nous conservons l'effervescence de cette époque dans nos esprits.
2) Quel bilan tirez-vous de vos 10 ans d’activisme dans la diffusion des idées ?
Louis Alexandre : Il ne faut pas avoir peur de défricher de nouveaux terrains, d'aller de l'avant et de lancer des initiatives. Nous avons été, à notre modeste niveau, des précurseurs souvent isolés à nos débuts. Mais des thèmes que nous avons développés voici dix ans trouvent un écho dans un large public aujourd'hui. Cela nous réjouit, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.
Il ne sert à rien d'entreprendre une bataille politique, si nous n'avons pas d'abord gagné la bataille des idées. Et nous ne gagnerons la bataille des idées que si nous parvenons à donner un sens cohérent et compréhensible à notre pensée. Il était important de faire de Rébellion une arme efficace dans cette bataille, c'est actuellement notre chantier principal.
3) Constatez-vous un intérêt croissant pour votre revue ces derniers temps ?
Louis Alexandre : La revue connaît un développement important depuis trois ans. Cela n'est pas le fruit de la chance ou du hasard, mais repose sur un important travail. C'est le résultat de prises de contact directes, de campagnes militantes, d'organisations d'événements et de nombreux déplacements dans toute la France pour notre équipe. Le travail et l'effort sont la source de la réussite de tout projet.
Le succès actuel de notre publication a révélé une attente d'un large public.Rébellion est pour cela une revue singulière car elle agrège un lectorat vraiment non-conformiste et venu d'horizons très différents. Ce succès, nous le devons à nos lecteurs et aux camarades qui œuvrent pour faire connaître nos idées. Nous ne pourrons jamais assez les remercier pour cela.
4) Quels sont les auteurs qui sont au cœur de la pensée de votre revue ?
Jean Galié : Cela est clairement dit dans la rubrique exposant la présentation de nos positions se trouvant dans chaque numéro (Proudhon, Blanqui, Sorel...) . Brièvement, disons qu'il s'agit de la tradition révolutionnaire transmise au sein de l'expérience du mouvement prolétarien dans sa dimension internationale. Il faut avoir recours à la pensée des auteurs ayant traduit de la manière la plus intelligente l'aspiration à la constitution de la communauté humaine débarrassée de l'aliénation capitaliste. Toute réflexion allant en ce sens mérite d'être examinée. De même, celle-ci peut fournir des bases afin de ne pas chuter dans des impasses et des fausses oppositions au système dominant. A ce niveau, la théorie marxienne est incontournable ainsi que l'étude des auteurs et courants s'étant situés à la marge et en opposition à la social-démocratie, au marxisme officiel, etc.
5) Quels sont les auteurs à suivre aujourd’hui selon vous ?
Jean Galié : "Suivre" pas dans le sens de suivisme, bien évidemment. Comme nous le disions à l'instant, le recours aux "classiques" de la pensée de la communauté humaine authentique (le communisme marxien) alimentera toujours notre orientation. Il s'agit d'une question de méthode afin de ne pas s'égarer et non pas de nostalgie muséale. Après, il y a bien sûr, des auteurs apportant leur pierre à l'édifice de la critique du système. Alain de Benoist fait un travail remarquable à cet égard, en abordant les questions essentielles se posant au monde contemporain et en éclairant leur genèse et leur soubassement philosophique. Citons, du côté du courant marxiste, le travail fécond de Costanzo Preve en Italie, dont quelques ouvrages sont traduits en français et dont les productions méritent d'être plus connues en France, au-delà des efforts déjà existants de ceux qui les popularisent chez nous. On peut trouver évidemment d'autres auteurs intéressants, abordant telle ou telle question mais nombre d'entre eux restent bien souvent à mi-chemin de la critique à conduire selon nous (Michéa, par exemple).
Louis Alexandre : Dans les auteurs actuels, j'ajouterai aussi les travaux d'Alexandre Douguine sur l'alternative eurasiste.
6) Comment définissez-vous votre pensée politique ?
Jean Galié : Dans les conditions présentes - et depuis longtemps - la politique est un rapport de forces entre classes antagonistes. La classe dominante le sait très nettement et joue de cet avantage. La puissance "publique" n'est pas neutre, même si l'Etat a du faire des concessions aux travailleurs à la suite de leurs luttes et aussi pour mieux les anesthésier. Mais ces "avantages acquis" au sein du monde aliéné ne sont néanmoins pas éternels et sont en train de disparaître assez rapidement. L'offensive est conduite par les forces du capital. Alors, la politique que la classe exploitée devrait conduire serait la stratégie afin de combattre les attaques de celles-ci. Cela, sans illusions, il est nécessaire de s'affronter à l'organe de la coercition dominante, l'Etat. La politique serait l'expression du devenir hégémonique des prolétaires conscients sur les forces de la dissolution du lien social par laquelle le capital se reproduit dans son ensemble. L'hégémonie du prolétariat est corrélativement sa disparition en tant que condition prolétarienne soumise au travail salarié dominé par le fétichisme de la marchandise. Ce n'est qu'à cette condition que l'on peut envisager la fin de l'autonomie du politique au-dessus de la société et l'au-delà de la politique.
7) Quels sont vos liens avec les milieux dits de « gauche radicale » ou de « droite radicale » ?
Jean Galié : Ces notions et courants, "radicaux" ou pas ne nous intéressent pas. Nous écoutons, et nous pouvons dialoguer avec tous ceux qui manifestent une volonté authentique de tourner le dos à ce système capitaliste pourri. Malheureusement, ils sont encore trop peu nombreux même si des intentions de révolte apparaissent çà et là. Les lubies de droite et de gauche sont paralysantes ; si vous comprenez que ce monde ne peut être aménagé au sein d'un consensus entre classes sociales, alors allons-y! Réapproprions-nous nos conditions d'existence sociale, c'est cela le fond du problème!
8) En quoi consiste concrètement l’OSRE ? Pour quelle(s) raison(s) cette structure a été créée ?
Louis Alexandre : L'Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne est l'expression militante des idées de la revue Rébellion. C'est le regroupement des personnes voulant faire vivre ses idées sur le terrain. C'est le fer de lance de la diffusion de notre revue et le vecteur de campagnes ciblées ( par exemple contre l'Otan, pour la libération sociale et nationale de l'Europe...).
9) Que pensez-vous des initiatives du réseau MAS ?
Louis Alexandre : Il nous apparaît qu'une lutte isolée limite la portée de l'idée socialiste révolutionnaire européenne. Il est donc primordial de participer au vaste chantier de construction d'un mouvement dissident balbutiant. Nous croyons en la nécessité d'une coordination de l'ensemble des groupes qui œuvrent dans ce sens. En suivant l'idée d'un enracinement dans la réalité, nous considérons que la création d'un réseau souple d'échanges et de mise en commun d'expériences et de compétences est possible entre les divers organisations, cercles, associations et publications qui partagent les mêmes valeurs.
Nous partageons justement avec le MAS ses valeurs militantes. C'est une structure politique intelligente qui recherche une véritable rupture militante. Nous soutenons donc ses initiatives de solidarité sociale, sportive et de formation. Nous sommes aussi des auditeurs fidèles de Méridien Zéro.
10) Passons de la théorie à la pratique… Que doit faire un dissident aujourd’hui dans sa vie quotidienne pour résister au Système et pour entamer la reconquête de la souveraineté nationale et populaire ?
Louis Alexandre : Ne pas avoir peur de s'investir sur plusieurs fronts est notre philosophie militante. Quand l'on nous dit qu'un choix doit être fait entre la réflexion et l'action, le politique et le culturel... nous répondons que nous refusons cette hémiplégie de l'engagement. En investissant tous les espaces d'action, nous imposerons d'autant mieux notre vision globale, nos solutions à la fin du monde capitaliste moderne.
De même, en participant activement à la vie de la communauté dissidente naissante, on donne un sens véritable à son existence. Elle devient une tension créative et tragique vers un idéal. Une fidélité sans actes à des idées n'est rien ; un engagement est nécessaire pour les faire vivre. Nous avons tous des obligations et des moyens limités. Mais notre volonté n'est-elle pas plus forte ? Ne pouvons-nous pas faire mieux ?
Ne regardons pas ailleurs et ne jugeons pas les autres si nous ne sommes pas capables de faire mieux qu'eux. Soyons sérieux et efficaces. Un militant doit toujours être exigeant envers lui- même, il ne doit jamais se reposer sur les acquis mais conserver un esprit d'avant-garde. La force de l'exemple, la volonté de faire mieux et la camaraderie doivent être le cœur vivant de son engagement.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archives/category/nos-entrevues/index-4.html
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Entrevue du C.N.C. #21: Guillaume Lenormand
De retour du Donbass, Guillaume Lenormand a accepté de répondre à notre entrevue. Il nous a semblé intéressant d'avoir son point de vue sur différents éléments du conflit, mais également des éléments de son parcours. Avant son départ, Guillaume avait rédigé quelques articles pour le Cercle Non Conforme et nous avions pris l'habitude de relayer certaines de ces contributions issues de son blog personnel. Bien que nos chemins aient divergé par la suite, Guillaume n'a jamais manifesté d'hostilité à notre égard, et inversement. C'est naturellement que nous lui ouvrons de nouveau nos colonnes.
1) Le Cercle Non Conforme. : Peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs. Quel était ton parcours militant et intellectuel avant ton engagement au Donbass ?
Guillaume Lenormand : J'ai eu la chance de grandir sans télé, ce qui m'a obligé à beaucoup lire. J'ai fait une année d'étude d'arts à l'école Emile Cohl à Lyon, et une licence d'Histoire à l'Université de Rouen. Parallèlement, je dessinai sous le pseudo de "Krampon" et j'ai milité successivement chez les identitaires, au Parti de la France, à 3eme Voie et à la Fraternité Nationaliste Normande.
2) Le C.N.C. : Au commencement de la crise ukrainienne, nous avions publié une tribune libre dans laquelle tu avais développé ta vision du Maïdan, vision en divergence avec les positions que nous avons développé par la suite. Cette position et tes vues de l’époque t’ont conduit à un engagement direct pour les séparatistes du Donbass. Peux-tu développer les raisons de ton engagement ? Qu'est-ce qui t'a incité à franchir le pas, à passer du clavier au fusil, la politique ? Le goût de l’aventure ?
G. L. : J'ai toujours voulu faire la guerre, mais je voulais choisir mon combat, donc l'armée française et son esprit déplorable, hors de question. Avec le recul, j'aurai peut être quand même du y passer quelques années, c'est important pour le CV quand on se porte volontaire. Du reste, les raisons de mon engagement ont survécu: je suis plus que jamais persuadé qu'il y a eu au Donbass, une "révolte contre le monde moderne", une résistance authentique d'une partie de la population contre le pillage de leur terre par des intérêts apatrides. Ils ont refusé l'humiliation et le "sens de l'histoire" qui nous est imposé aujourd'hui, non plus par les marxistes, mais par les mondialistes. Pour moi, le Donbass, c'était un peu les ch'tis et les électeurs du FN qui prennent les armes contre l'UMPS... Pour le meilleur et pour le pire. Passer à l'action était naturel. Je ne suis pas particulièrement courageux, mais je hais le faux, le vide, les paroles inconséquentes. Autrefois, tous les jeunes européens partaient en guerre à un moment ou autre. Mes grands-parents ont tous vécu la guerre, en Algérie, en Indochine ou en Europe. C'est une chose normale.
3) Le C.N.C. Quel bilan tires-tu de cet engagement sur le plan personnel et militant ? Pourquoi as-tu quitté Unité Continentale ? As-tu le sentiment d'avoir servi des intérêts nébuleux, éloignés des idées que tu défendais initialement au début de ton engagement?
G. L. : Le bilan est trop vaste pour le résumer ici. Politiquement, j'étais au départ totalement sur la ligne d'Unité Continentale. Je les ais quittés car ils devenaient le contraire de ce pourquoi je m'étais engagé. L'esprit caporaliste de l'armée régulière française y régnait, agrémenté de paranoïa et de machinations diverses. Ils isolaient les volontaires, confisquaient l'argent et les téléphones, s'en prenaient à ceux qui voulaient partir, voulaient tout contrôler. Sur le terrain, ils étaient totalement incompétents. Ils refusaient les bonnes occasions de se battre, ou au contraire, montaient des missions suicide sans queue ni tête. Ils se mettaient également les russes à dos. Moi j'étais venu me battre, pas faire de la com. Me battre pour le peuple du Donbass, pas pour une clique de Français. Me battre pour devenir un homme libre. Unité Continentale était devenu une prison. En Février, quand je l'ai quitté, presque tous les français m'ont suivi à Donetsk, ils en avaient marre aussi. On s'est ensuite dispatché dans différentes unités.
4) Le C.N.C. : Que penses-tu du rouleau compresseur médiatique pro-Kremlin et de la poutinolâtrie qui sévit dans la mouvance nationale, toi qui a été volontaire sur place ? As-tu le sentiment, malgré le fait que tu ais choisi l'autre camp, que les nationalistes ukrainiens ont pu être injustement traités médiatiquement par beaucoup de camarades (ou prétendus tels) ?
G. L. : Je suis devenu assez allergique à la propagande en général, qu'elle soit de mon camp ou de l'autre. Elle est tellement grossière, tellement incantatoire... La propagande est "le faux", ce contre quoi je me bas, et ce contre quoi tout chrétien doit se battre. On me dira sûrement que je suis trop idéaliste. Je comprends les raisons de certains nationalistes ukrainiens qui se battaient contre nous. La propagande néo-stalinienne niait rabiquement toute fierté nationale pour ces peuples satellites de l'URSS. "Nazis, nazis", mot répété ad Nauseam. il n'y avait aucune distanciation, aucune volonté de comprendre l'ennemi. Pour vaincre, il faut comprendre. J'avais envie de foutre mon poing dans la gueule de certains "politruks" de notre camp, car leur triomphalisme et leur incapacité à se remettre en question ont été la source de nombreux problèmes militaires et politiques.
Heureusement, tout le monde ne tombait pas dans le mensonge et le fanatisme. Il y avait également des soldats déterminés, mais calmes et justes, comme le commandant Mozgovoï. Lui, ne confondait pas le peuple ukrainien avec ses oligarques véreux. Il voulait une révolution "pour tous". Igor Strelkov était également un de ceux-là, je suis bien placé pour le savoir.
5) Le C.N.C. : Tu vas prochainement publier un livre, quel en sera la teneur et l'objectif ? Quel est le public visé ?
G. L. : Je suis parti à l'origine pour 4 ou 5 mois, et j'ai finalement passé un an à l'étranger. Il y a eu des situations rocambolesques, tragiques et incroyables, de nombreux personnages hauts en couleurs... Je me suis dit que cela méritait d'être écrit, car c'est indéniablement une aventure moderne (pour ceux qui croient que l'aventure n'est plus possible en ce monde). Il y a aussi énormément de rumeurs et de bruits qui courent sur ce que nous aurions faits ou non. Même si l'on ne me croira pas forcément, je veux livrer "ma version". J’espère que ce bouquin servira à long terme de référence et de témoignage pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de cette guerre des volontaires étrangers: historiens, passionnés. Évidemment, je ne renie pas mes idées et j'imagine que seul un éditeur "ami" acceptera de le publier.
6) Le C.N.C. : Fort de cette expérience, vas-tu poursuivre ton engagement, sous une forme ou sous une autre en France, ou souhaites-tu tourner une page et en écrire une nouvelle loin du militantisme, de la politique et de la guerre ?
G. L. : Joker.
7) Le C.N.C. : Merci Guillaume de nous avoir accordé cet entretien. Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
G. L. : C'est moi qui vous remercie. Hauts les cœurs et mort aux cons !Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
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Martin Pelletiers : « l’Amérique est une création judo-maçonne »
RIVAROL : Vous venez de publier 20 bonnes raisons d'être anti-américain chez l'éditeur DIE, pourquoi ? N'est-il pas plus urgent de dénoncer l'invasion de l'Europe, Daesh, les guerres d'Ukraine et du Proche-Orient ?
Martin PELTIER : Et tant d'autres menaces actuelles, le traité transatlantique, l’inféodation croissante de la France à l'OTAN, la crise par (et non de) l'euro, le bouleversement juridique et moral qui menace notre civilisation, etc. Mais est-il utile de protester contre des faits ? Tout le monde est contre le chômage et l’insécurité. Ce sont les causes qu'il faut découvrir, les responsables qu'il faut démasquer. Dans cet ordre d'idées il faut dénoncer les "républicains", les mondialistes - et les Américains. L'apologue de la mer, de la digue et du saboteur me semble toujours éclairant : quand une brèche dans une levée menace d'inonder un pays, une fois la brèche aveuglée, que faut-il faire, quelle menace urgente faut-il combattre ? Réponse, le saboteur, qui est beaucoup plus dangereux que la mer, laquelle, elle, a toujours existé, et est dans son rôle de mer. C'est le saboteur le danger. Il en va de même pour l'invasion de l'Europe et de la France. Des peuples étrangers attirés par la richesse et la facilité, il y en a toujours eu : mais c'est la politique migratoire lancée par les "républicains" au début des années 1970 qui a lancé le mouvement de l'invasion, et c'est la politique étrangère des Etats-Unis d'Amérique qui l’a accentué.
La guerre qu'ils sèment aux quatre coins du monde a pour effet entre autres de provoquer à la fois la fuite de centaines de milliers d'autochtones, leur demande d'asile, et la compassion des populations occidentales travaillées par le sentimentalisme des media. En d'autres termes l'Amérique a repris la fonction de policeman de l'univers occupée jadis par la Grande-Bretagne, et elle en profite, comme celle-ci avant elle, pour tenir les peuples dans le chaos afin de mieux les soumettre. En d'autres termes les désordres militaires, financiers, économiques, sociaux, l'invasion, sont les moyens d'une domination. J'observe en passant que du temps des empires coloniaux, les populations colonisées d'Afrique et d'Asie, quoique croissantes grâce à la santé et à la prospérité apportées par les Européens, demeuraient dans leurs régions d'origine. C'est le chaos postcolonial régi d'abord par l'URSS et les Etats-Unis, aujourd'hui par l'Amérique et la Chine qui a jeté des millions de migrants sur des routes qui toutes mènent à l'Europe. Et cela sans aucune justification démographique : l'invasion d'origine africaine vient d'une zone peu peuplée et vise une zone densément peuplée.
R : Sans doute, mais à force de vouloir montrer que tout est lié, ne risquez-vous pas de tout mélanger ?
M. P. : Non. Il faut simplement garder à l'esprit que les Etats-Unis sont nuisibles à plusieurs titres : au titre d'ennemis de l'Europe et de la France, au titre de superpuissance avide d'imposer son hégémonie, au titre d'inventeurs et de diffuseurs d'une révolution mentale affligeante, le rêve américain, ou l’american way of life, en somme au titre de professeur de sottise ou de décivilisation, et enfin à celui de patrie du mondialisme, comme l'URSS fut naguère celle du communisme. De sorte qu'un navet d'Hollywood peut-être à la fois une sottise avilissante, une façon de formater les citoyens américains et un moyen d'asservir le reste du monde.
R. : Concrètement, de quoi parlez-vous ? J'ai vu très peu de choses sur deux sujets qui sont pourtant fortement d'actualité, la guerre d'Ukraine et le traité transatlantique, dont, vous soulignez vous même l’importance" et qui me semblent deux bonnes raisons d'être anti-américain !
M. P. : C'est peut-être une erreur de ma part, j'ai fait confiance au lecteur cultivé, j'ai pensé que ces deux sujets, justement parce qu'ils sont dans l'actualité immédiate, peuvent être tenus pour acquis...
R. : C'est dangereux. Toute la propagande européenne et américaine, que nos média ont parfaitement intériorisée, a consisté précisément à ne faire état que des griefs de l'Occident contre la Russie et les pro-russes, et à ne pas faire état des innombrables indications de l'action déterminante et constante des services américains dans l'affaire de Maïdan et ses suites. Quant à la négociation du traité transatlantique, qui va décider de l'avenir de l'Europe et soumettre celle-ci à la fois au projet mondialiste et à l'intérêt des Etats-Unis, il est en cours de négociation depuis plusieurs années, et pendant de très longs mois les gouvernements concernés ont omis d'en avertir les peuples. Aujourd'hui encore, à part quelques détails médiatisés, qui sait avec précision sur quoi il porte, à quels domaines exactement s'étend notre renonciation à la puissance et à la liberté ?
M. P. : Je ne parle pas non plus du traité OMC, en cours de ratification rampante et tout aussi dangereux, mais quand on écrit il faut faire des choix : le secret d'ennuyer est celui de tout dire. J'ai pensé qu'il était plus utile de remonter jusqu'à la source et à l'essence des choses plutôt que de trop insister sur l'analyse de l'actualité. Par exemple, concernant la guerre yankee, qui est une façon à la fois d'être pour l'Amérique et de dominer, ou mieux, de former le monde, plutôt que de répéter ce que chacun peut observer depuis vingt-cinq ans notamment à travers les conflits du Proche-Orient, j'ai préféré rappeler au lecteur que, dès l'origine, dès la fin du dix-huitième siècle, les Etats-Unis furent des ennemis de l'Europe, de la France, de l'Eglise catholique, que cela ne s'est pas seulement traduit par des affrontements économiques mais par une guerre politique et même des affrontements militaires nombreux et graves. C'est cette constance historique et ses causes qu'il m'a paru utile de dégager, derrière le double verbiage de « l'amitié américaine » et des « Américains grands enfants ».
R : Que vouiez-vous dire par là ?
M. P. : Depuis leur indépendance les Etats-Unis se comportent en ennemis de l'Europe et de la France, et en remplaçants, dans le dessein de faire advenir une humanité meilleure, dont ils se pensent les instituteurs et les bergers. Ce qui se passe aujourd'hui au grand jour est la suite de ce qui s'est tramé depuis le début du dix-neuvième siècle. Sans doute, par exemple, au début de la Première Guerre mondiale, y eut-il une campagne d'opinion forte qui remplit d'enthousiasme une partie des soldats américains qui partaient pour le front, des gens aussi divers que Giraudoux, Morand ou Wilson en témoignent. Mais ce ne fut qu'un moment très court dans une dialectique plus vaste qui devait amener à la mise à mort de l'Europe. Un moment de convergence entre les intérêts judéo-maçons de Wilson et du « colonel House » et les intérêts judéomaçons de la Troisième République, dans la célébration commune du maçon Lafayette. Le peuple américain, comme tous les peuples, est capable d'emballements, et donne volontiers un tour sentimental et moral à ses engouements, mais ses élites n'ont rien d'enfantines, elles savent ce qu'elles veulent et où elles vont. Depuis la fin du dix-neuvième siècle, elles ont fait là guerre à la France (guerre du Mexique, plans financiers de rentre-deux-guerres, guerres de décolonisation avec notamment l'aide au Viêt-minh), guerre à l'Espagne, et enfin, à travers les deux guerres mondiales, abaissement de toute l'Europe.
R. : Vous parlez d'intérêts judéo-maçons, or les Etats-Unis sont considérés par beaucoup comme une grande puissance chrétienne, les islamistes appellent même les forces de la coalition du Proche-Orient « les croisés ».
M. P. : Tel est en effet le vocabulaire d'islamistes qui sont eux-même un golem de la politique anglo-saxonne. En réalité, comme la Troisième République dont elle a pris la suite dans l'élaboration du mondialisme, l'Amérique est une création judéo-maçonne, et c'est sur ce point que 20 bonnes raisons d'être anti-américain offre le travail le plus poussé. Il montre comment dès l'origine des colonies d'Amérique, le judaïsme, sous sa forme ritualiste comme sous sa forme irreligieuse, ratiocinante, marrane, a puissamment influencé la mentalité américaine, l’a jeté contre l'Europe catholique, et comment cette parenté mentale, morale, religieuse, fait des Etats-Unis tout naturellement les leaders de la république universelle, dont l'inspiration est elle aussi profondément marrane.
Ce n'est pas un hasard si l'Amérique est aujourd'hui sioniste, et la mère de la religion de la shoah. Il y a convergence dès l'origine entre les sectes biblistes du dissent britannique qui émigrent et les juifs qui les rejoignent, entre Wasp et marranes contre Rome, dont ce brave Dan Brown est un reflet. Et la haine de Rome se double d'une haine de l'Europe qui se comprend dès que l'on regarde comment se sont formés les Etats-Unis : avec les rebuts de l'Europe, qui en avaient été rejetés et qui l'ont rejetée à leur tour, pèlerins du Mayflowers ou juifs russes fuyant les pogroms. Le recours à l'histoire rend transparents des faits que l'actualité tend à brouiller et que la propagande s'efforce d'enfumer.
R : A cet égard, vous parlez beaucoup d'Obama...
M. P. : Dans deux grands chapitres. L'un est une conférence que j'ai donnée trois semaines après son élection de 2008, que j'ai un peu raccourcie pour les besoins de la mise en page, mais à laquelle je n'ai rien rajouté, pour la bonne raison qu'elle n'a pas pris une ride, elle décrit le personnage, le danger qu'il fait courir à l'Europe et au monde en tant qu'incarnation du nouveau dominant, et du nouveau nouveau monde. Le nouveau dominant, celui qui préside à la modification de la planète et à sa soumission progressive à la gouvernance globale, est certes américain, mais, à la différence de l'ancien, il n'est plus ni blanc ni chrétien, c'est un métis, un colored people qui se définit par opposition aux blancs, qui leur demande une repentance indéfinie, et qui se sert, en bon disciple du trotskiste Alinski, des minorités dites défavorisées pour faire la révolution.
Les statistiques le prouvent, alors que son concurrent Mac Cain était nettement élu par la majorité encore blanche des Américains, Obama a été élu grâce à une mobilisation démagogique des minorités, noire et chicano. Et sa politique, aussi bien l’Obamacare que l’executive order qui a imposé la régularisation de cinq millions de clandestins, se sert elle aussi des minorités pour bouleverser l'Amérique et donner l'Amérique nouvelle en modèle au monde. Il est à noter qu'en France les penseurs du parti socialiste, sur le modèle Obama, ont renoncé à récupérer un prolétariat petit blanc qui les a définitivement quittés pour chercher leurs militants et leurs électeurs chez les LGBT, les féministes et surtout les immigrés.
R. : Mais les Etats-Unis ne risquent-ils pas d’imploser à force ?
M. P. : Si, c'est même obligé. La renverse démographique est pour bientôt, et la politique d'Obama freine l'économie en même temps qu'elle attise le chaos : mais il préfigure ainsi le visage qu'aura demain l’Euramérique. Le modèle, c'est l'empiré éclaté, l'empire bancal, dont le seul liant est la démocratie, c'est-à-dire une certaine façon de vivre conforme à la nouvelle morale, je dirai un néopythagorisme maçon noachique, dont l'idéal humain est un "gris" battant pavillon arc-en-ciel, un homme sans frontières, ni de nation, ni de race, ni de religion, ni de sexe, ni d'orientation sexuelle. Et c'est cette démocratie là que l'Amérique mondialiste entend imposer partout, dans les pays musulmans comme dans les pays chrétiens. Elle l'impose parfois par les ONG, qui sont son bras armé, on l’a vu notamment en Ukraine, où d'innombrables ONG américaines redoublent ou couvrent l'action des services, aidées aussi par celles qui sont financées par des "indépendants" tel Georges Soros. D'autre fois elle l'impose par des pressions financières, comme en Ouganda par exemple. Il faut savoir que ce pays a réussi à combattre le sida de façon beaucoup plus efficace que ses voisins qui ont pourtant bénéficié d'aides occidentales énormes, par une campagne qui visait la fin du vagabondage sexuel. Parmi la panoplie de décisions efficaces figurait une loi réprimant les actes homosexuels, ce que ne pouvait supporter la démocratie occidentale : que périssent des centaines de milliers d'Africains, plutôt que le principe du triomphe LGBT. Aussi les Etats-Unis et les Pays-Bas ont-ils supprimé leurs subventions à l'Ouganda, en même temps qu'ils lançaient une campagne, par le biais d'une ONG et de juristes, pour faire condamner l'arsenal législatif ougandais par la cour suprême ougandaise : le gouvernement des juges, sur le modèle américain, est aussi l'un des moyens de l'instauration de la gouvernance globale.
Enfin, dans les cas graves il reste la guerre, la guerre qui présente en outre l'avantage de monter en épingle un golem épouvantail, un repoussoir unificateur, hier Oussama, aujourd'hui Daesh. Et la guerre qui sert aujourd'hui à justifier l'invasion de l'Europe. Réveillés par le populisme, les peuples d'Europe se sont rendu compte que l'invasion menace, que le grand remplacement est en cours. Ils attendent donc de leurs dirigeants qu'ils stoppent l'afflux aux frontières. Or le modèle de l'invasion de l'Europe, décidé voilà trente ans par l'ONU, et illustré par les documents de l'ONU recommandant d'accueillir un nombre précis d'immigrés, reste valide et doit être imposé aux peuples. Comment y parvenir ? En changeant d'immigrés et en modifiant la terminologie. Déjà, l'on parle de migrants, comme le veulent les documents des institutions internationales, ensuite, il ne s'agit plus comme hier de migrants alimentaires, mais de migrants humanitaires : aux pompes aspirantes que sont nos lois sociales, s'ajoute une immense pompe foulante qui est la guerre, la guerre qui jette sur les routes des migrations des millions de personnes : il n'est pas moral de les rejeter, la compassion ordonne à nos marines de les recueillir, à nos pays de les accueillir. Nous payons, très cher, pour installer chez nous des envahisseurs que la guerre américaine, à laquelle nous prêtons la main, produit. Tel est le cycle infernal d'assassinat de l'Europe par les Etats-Unis avec la complicité des prétendues élites européennes.
Propos recueillis par Jérôme Bourbon. Rivarol du25 juin 2015
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