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entretiens et videos - Page 840

  • L'agenda qui va donner des cauchemars à Taubira en 2014

     

    Grégoire Boucher, le directeur des éditions TerraMare, explique à l'Homme Nouveau les raisons qui ont conduit à proposer cet agenda militant :

    A"Notre objectif depuis l’origine, il y a cinq ans, avec l’agenda Benoît XVI, était de nous opposer aux médias du système qui déversaient chaque jour des tombereaux d’ordures et d’injures sur l’Église et sur le Saint-Père. Cela devenait intolérable et il fallait réagir, afin d’apporter la contradiction par les faits et par les textes, d’éclairer les esprits et les consciences et convertir les sceptiques, les ignorants ou les opposants. Avec cet Agenda pour tous 2014, la démarche reste la même : militante et apostolique. Toucher les cœurs restés froids depuis un an, malgré tous nos efforts, ou réchauffer les cœurs qui se seraient refroidis, par fatigue ou découragement.

    À qui s’adresse-t-il ?

    À tous ! Tous ceux qui ont besoin de se nourrir pour ne pas se décourager, ceux qui vont l’utiliser pour faire de l’apostolat auprès de ceux qui n’ont pas encore compris l’importance de ce combat pour notre civilisation de la vie contre la culture de mort que veulent nous imposer tous ces croque-morts qui nous gouvernent.

    Comment s’est opéré le choix des contributeurs ?

    De manière totalement subjective ! Nous avons choisi de donner la parole aux acteurs dont l’action ou la réflexion a contribué, pendant l’année 2013, à éclairer les consciences et à faire grandir cette petite fille Espérance partout en France. Nous nous sommes interdits tout parti pris, volontairement, pour être fidèles à l’esprit de ce grand mouvement populaire qui n’appartient à personne. Dans cet esprit, nous avons même sollicité Virginie Tellenne, alias Barjot, dont le rôle est indéniable, malgré ses derniers dérapages, mais elle a décliné l’invitation. À l’inverse, nous nous sommes refusés à y convier ceux qui avaient trahi leurs engagements ou pire, leur parole, comme Jean-François Copé ou Hervé Mariton et tous les champions de la récupération politique et du retournement de veste.

    « On ne lâchera rien, jamais » est un engagement sérieux et définitif, qui s’adresse à ceux pour qui une parole donnée a un sens. Beaucoup d’appelés, peu d’élus…

    Comment analysez-vous cette année 2013 ?

    C’est une année historique qui aura, à terme – long ou court – un poids aussi considérable, mais a contrario, que Mai 68. Il y a cinquante ans, les fils de la révolution marxiste, matérialiste et individualiste ont gagné une bataille, dont nous subissons encore les derniers soubresauts. Toutes les lois mortifères sur l’avortement, la peine de mort, le divorce, le quotient familial, l’ouverture des frontières, la perte des pouvoirs régaliens, l’euthanasie, la marchandisation des cellules souches et des embryons, l’extermination des enfants atteints de maladies génétiques, le pourrissement planifié et obligatoire de nos enfants dès la maternelle, voulu tant par les très sarkozistes Luc Chatel ou NKM que par l’idéologue Peillon ; sans oublier l’ouverture de salles de shoot et le projet de dépénalisation de la drogue… tout cela n’est pas seulement dans le roman prophétique de George Orwell, c’est devenu l’effrayante réalité imposée en France et partout dans le monde par les valets d’une mondialisation destructrice de la nature humaine, et qui veut faire de l’être humain un objet, un bien de consommation. Mais ce château de cartes va s’effondrer, comme se sont toujours effondrées les idéologies mortifères. Et 2013 marquera dans l’Histoire cet élan de vie, de survie même, qui une fois de plus sera issu de notre belle terre de France et aura été porté par un « peuple de géants ». [...]"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Entrevue du CNC #8 : Pierre-Antoine, responsable du cercle Les Non-Alignés Deuxième partie

     

     

    4) Quels sont les mouvements politiques français qui vous semblent intéressants ? Pourquoi ?
    J’essaye d’avoir une vision œcuménique de tout ce qui existe actuellement comme « offres » dans la mouvance nationale ou européenne. Et tout ce qui existe en la matière m’intéresse. J’observe aussi tout ce me qui semble pertinent à l’extérieur de notre mouvance, car le génie européen et français n’est pas cantonné aux sphères qui prétendent le défendre ou le ressusciter, loin s’en faut.
    En ce moment, en France, il y a bien-sûr le Front National dont on parle sans arrêts (pour étouffer la visibilité de l’UMP dans un simple calcul politique à gauche ?).
    FN qui va peut-être se dissoudre prochainement dans une recomposition globale à droite par le RBM. Significatif est ainsi le nombre de personnalités ou futurs candidats qui rejoignent Marine mais n’adhèrent pas au FN qui est de toute façon une coquille vide et une étiquette, certes la seule que connaissent nos compatriotes.
    Puis il y a aussi les « tea-partys » français : la « Manif pour tous », le « Printemps français », ou encore les « bonnets rouges » qui mobilisent et incarnent parfaitement la colère des classes moyennes mais qui, avec leurs mots d’ordre anti-hollande peuvent très bien s’intégrer aussi dans un possible scénario de recomposition à droite et de manipulation générale. « Agiter le peuple avant de s’en servir » rappellerait ici Pierre Hillard en citant Talleyrand.
    De tout cela, les « bonnets rouges » semblent les plus intéressants, car laissant plus de marge de manœuvre aux gens comme nous en interne. Mais il ne faut pas se faire d’illusions quant aux possibilités réellement révolutionnaire de ces groupes. Ce qui doit compter le plus, pour les cercles comme nous ou vous, c’est d’accompagner le changement de paradigme en cours et d’essayer de nous constituer en réseau d’influence culturelle et d’entraide sociale. La configuration insurrectionnelle est envisageable uniquement si tout est réuni pour une action préparée et cohérente qui puissent aboutir si les conditions s’y prêtent.
    Il y a aussi ce qui reste d’identitaires encore actifs qui oscillent quant à eux entre coups d’éclats et « buzz » militants et tentatives de s’intégrer au bloc des droites en cours d’édification (bon courage aux architectes de cette construction !). Là encore, de par mon trajet, je considère que la mouvance identitaire a raté l’occasion historique d’unir la droite radicale dans un projet de société commun. Ils avaient –nous avions- enfin réussi une synthèse militante entre action, pensée et mode vie, comme nos camarades italiens de Casapound mais adaptée à la France. Espérons que de cette expérience, ceux des meilleurs éléments identitaires sauront rebondir et participer à l’élaboration de la synthèse nouvelle qui ne manquera pas d’émerger à terme.
    Il y a évidemment aussi la mouvance plus protéiforme encore que l’on désigne comme « dissidence », et qu’incarne Dieudonné et Soral. Chacun, à son niveau accomplissant avec leurs proches, un travail jamais vu en France jusqu’ici. Le « buzz de la quenelle » peut agacer les militants métapolitiques les plus formés mais quelle réussite incroyable sur un sujet aussi épineux que le sionisme, sujet que lâchement, une grande partie de la droite radicale n’osait même plus évoquer. Le travail d’Alain Soral et d’Egalité et Réconciliation est juste révolutionnaire en matière d’intelligence politique. Je trouve très pertinente la remarque d’Alain Soral qui dit dans son dernier entretien ce qu’il répète souvent : « On a remarqué depuis des années en France que les manifestations de rue n’amènent jamais à rien et que le système est tellement bien verrouillé que la politique politicienne nous amène toujours finalement à respecter et à nous soumettre aux règles du système de domination. En réalité, je fais donc de la politique mais différemment, en fonction des deux constats que je viens de vous énoncer. »
    Ceci ne doit pas être pris selon moi comme un encouragement à abandonner le militantisme de terrain pour autant mais bien à apprendre à l’orienter de manière différente. Ainsi, si des groupes de rue efficaces - comme les jeunesses nationalistes par exemple ou les identitaires - s’orientaient vers le social et l’entraide communautaire comme le fait le MAS, ceci en parallèle de la révolution cognitive d‘ER, tout cela dans un climat de droitisation de la France avec le FN, on arriverait alors dans une configuration intéressante où tout le monde trouverait à exercer ses talents et sa volonté de participer au redressement de la France. Depuis les nouvelles élites politiques non-alignés comme Aymeric Chauprade au Front National jusqu’au militant de rue ou de terroir, tout le monde devrait pouvoir exprimer son patriotisme à sa mesure dans nos rangs si nous savions mieux coordonner nos compétences et les différences nécessaires entre mouvements patriotes. Si l’on arrime toutes ces réalités au nouveau « nomos de la terre » en cours de réalisation autour de la Russie, on arrive alors à une configuration réellement « révolutionnaire-restauratrice » comme je la définis dans un texte à paraitre.  
    Après, et plus proche de nous, il y a toute la mouvance métapolitique, qui pour moi est essentiel. Avec surtout « Méridien Zero » : la référence contre-culturelle en France et le mouvement qui est lié, le MAS. Avec aussi tous les cercles comme vous qui gravitez autour ou le journal-réseau Rébellion, qui devient toujours mieux à chaque numéro. On pourrait rajouter aussi le balbutiant réseau « Maison Commune » de Laurent Ozon ou bien encore l’institut Polémia de Le Gallou.
    Il ne s’agit pas d’un mouvement mais dans ce rapide panorama j’inclurai aussi la revue « Eléments » qui jouent un rôle central dans la vie des idées politiques en France et qui devient actuellement la publication la plus intelligente et la plus contemporaine. Un travail fondamental, tout autant, voir plus que celui de nombre de mouvements politiques éphémères.
    Pour autant, dans ce panorama, la droite radicale française brille par son absence en tant que mouvance organisée. Je pourrais en rester là, sur la forme, mais je ne peux pas ne pas évoquer certaines raisons qui ont empêché jusqu’à présent la structuration d’une mouvance radicale organisée et sérieuse en France, à l’image de l’Italie par exemple avec Casapound.
    Vous connaissez peut-être le principe de dissolution et coagulation – « solve et goagula » - qui pour les néo-platoniciens rythment la vie de l’univers ? On a l’impression, en France, qu’au niveau des mouvements alternationaux radicaux, on arrive jamais à rejoindre vraiment la phase de coagulation. On assiste même à un éclatement perpétuel de notre mouvance politique en une multitude de micro-réseaux animés par très peu de personnes et centrés généralement autour d’une ou deux personnes aux idées et au vues un peu plus forte que leurs camarades. Internet, dont le fonctionnement est justement la mise en réseau, ne faisant qu’accentuer ce phénomène. En soi ça ne serait pas un problème insurmontable si l’on savait un peu mieux coordonner nos actions entre nous et entre les différentes initiatives, au moins ponctuellement. Il faudrait peut-être commencer dès aujourd’hui, par exemple en ce qui concerne les manifestations prévues début 2014. Ceci afin de ne pas se retrouver comme au printemps dernier, assez désorganisé et démuni au moment où
    se présenterait peut-être une occasion d’agir.
    Alors qu’est-ce qui empêche l’émergence d’une mouvance nationale-révolutionnaire plus ambitieuse en France ?
    Déjà peut-être est-ce spécifique à l’histoire de la droite radicale française qui n’a jamais pu accoucher d’un réel mouvement  « ni droite - ni gauche » d’ampleur comme le fascisme en Italie. Alors que cette convergence du socialisme avec le nationalisme est précisément apparue en France à la fin du XIX ème siècle, comme l’a très bien démontré l’historien Israélien Zeev Sternhell. Mussolini ayant toujours regardé Georges Sorel comme un de ses maitres.
    Les Français, après avoir irradié leurs voisins européens des idées de 1789 avaient en fait théorisé la solution à leurs maux les plus sérieux : l’alliance du patriotisme et du syndicalisme révolutionnaire contre la ploutocratie bourgeoise.
    Avant la première guerre mondiale il y eu l’expérience du cercle Proudhon, mais dont la plupart des animateurs, hormis Georges Valois, furent sabrés par la première guerre mondiale. Première guerre mondiale qui fût le vrai grand drame de notre civilisation européenne et tout particulièrement de la France qui vit sa jeunesse la plus courageuse disparaître dans les flammes de cette « Apocalypse de la modernité » pour reprendre le titre d’un livre d’Emilio Gentile. De là, alors que l’Italie connaissait après-guerre la fusion du nationalisme et du socialisme – ce qui d’une certaine manière avait été prévu par l’interventionnisme de Mussolini – et allait retrouver comme centralité politique l’idée fondatrice de Rome - dans un pays où l’Etat était encore à construire - le nationalisme français, lui, n’arriverait jamais à renverser ni même à subvertir la république. Cette « république qui gouverne mal mais se défend bien » selon le mot de Maurras. Puis, après la seconde guerre mondiale, la défaite de l’Allemagne allait avaler avec elle ce qui restait de la droite radicale française qui s’était engagée dans le processus de collaboration pour un nouvel ordre européen. Après guerre il ne restait là encore que des décombres et quelques volontaires errants épars au milieu de ce champ de ruines. Là où, à l’inverse, en Italie, dès la défaite, s’organiserait le Mouvement Social Italien (MSI), prédécesseur à bien des égards du Front National de la grande époque.
    Intéressant aussi l’histoire du FN, qui de plateforme des droites radicales dans les années 70 est passé par diverses phases jusqu’à devenir aujourd’hui le défenseur d’une vision de l’Etat gaulliste industriel de la cinquième république après avoir historiquement émergé dans l’antigaullisme et l’Algérie française. L’histoire a de ces détours … Qui sont pourtant bien compréhensibles avec un minimum de vision et de connaissance historique et surtout d’agilité d’esprit. Cette dernière étant la spécificité des Non-Alignés et d’E&R dans notre mouvance je pense.
    Là encore, malgré toutes les expériences tentées en parallèle du FN ou à l’intérieur de celui-ci, il semble bien que la mouvance radicale française ne puisse pas arriver à exister en tant que mouvement politique organisé. Voir là-dessus le passionnant ouvrage de Nicolas Lebourg : « Le Monde vu de la plus extrême-droite ».
    Un sujet que ce transfuge d’Unité Radicale connaît bien …
    Pour ma part j’en arrive de plus en plus à considérer que notre travail métapolitique doit se concentrer sur trois axes : l’influence culturelle, la formation politique et métapolitique, et le volontariat social. 
    L’influence culturelle par la construction de contre-médias contemporains toujours plus pointus et professionnels. La formation, par la création d’une école de cadre indépendante de tout mouvement constitué, un peu comme le fût le GRECE en son temps mais avec une partie plus grande part accordée aux pratiques communautaires et à la formation humaine. Quelque chose qui s’inspirerait du modèle éternel de l’Académie antique mais adapté aux conditions de notre époque. Le projet Métapolis que j’aimerais mettre en place allant en ce sens. Nous verrons bien si cela est réalisable ou chimérique. Enfin le social, à l’exemple du MAS mais avec peut-être plus de visibilité et surtout avec peut-être la participation de groupes au fort potentiel humain qu’ils dispersent dans des actions pas toujours bien ajustées au niveau de la pertinence et de la communication. Je ne néglige rien ni personne, je pense que tout le monde peut-être utile s’il fait preuve de bonne volonté pour aller dans la bonne direction. 
    On ne peut pas non plus ne pas évoquer certaines pathologies lourdes qui affectent un grand nombre de personnes dans nos mouvements : infatuation de l’ego jusqu’au délire, mythomanie légère chez beaucoup, lourde et avérée chez certains. 
    On commence par se faire passer pour plus gros ou plus important que l’on n’est réellement et, à force de petits arrangements répétés avec le réel, on finit par devenir un menteur habituel, voire pire, un manipulateur. Globalement, on constate une difficulté voire même le refus d’un minimum d’autocritique et d’examen de soi.
    Alors, à décharge de nos « milieux », tout cela existe bien entendu ailleurs mais ne sommes-nous pas censés être une alternative, donc être différent ? Tout cela a aussi des causes extérieures indépendantes de notre volonté. Vivre en permanence sous la pression permanente du politiquement correct, comme en apnée au milieu de la société libérale-consumériste et de codes psycho-sociaux que nous rejetons peut évidement rendre un peu fou-fou. C’est étudié pour : l’ingénierie sociale est là pour comprimer et déstructurer notre être de manière radicale et intime. L’incommunicabilité entre les personnes est promue, diffusée, élaborée par des gens qui savent y faire en matière de déstructuration des rapports sociaux. Presque plus aucune famille n’est normale aujourd’hui, mais chaque famille pense son mal-être comme unique et spécifique alors que comprendre les raisons extérieures de ce mal-être aiderait tant de personnes à y voir un peu plus clair et à souffrir un peu moins. C’est d’ailleurs plus cela le vrai but d’une opération comme « le mariage pour tous », plus encore que d’imposer les mœurs des homosexuels : déstructurer un peu plus l’anthropologie naturelle en détruisant le mariage. N’oublions pas que pour ceux qui nous gouvernent, le but est de créer le citoyen-abeille habitant d’une cellule de la ruche globale. Le triomphe de la géométrie et la défaite de l’humain.
    La haine de l’humain et l’amour de la géométrie …
    Face à cela, quand tout est organisé dans le sens de la destruction et de l’anéantissement de la personne humaine (au nom de l’humanisme et des droits de l’homme bien-sûr), il est effectivement difficile de rester normal. Et, on le sait, ce qui est normal n’est pas forcément la norme. Quand la norme est contre nous, quand la dictature soft que nous combattons prend la forme quasi panthéiste de la « concrétude des choses » et de tous les aspects de nos vies, il est difficile de ne pas sombrer dans le chaos et la dépression. L’extrême-droite - comme l’extrême-gauche - n’est pas une force de proposition mais bien une forme avancée de ce chaos contemporain entretenu. Il devient de plus en plus dur d’échapper à la pathologie sociale géante pour tout le monde. Il faut essayer d’être lucide : nous vivons dans l’inverse d’une société, nous vivons dans une « dissociété » savamment entretenue et organisée. On parle beaucoup de dissidence actuellement, la première dissidence actuellement serait de tenter d’être ou de redevenir normal. Plutôt que de se croire autre chose que ce que l’on est parce-que l’on souffre de ne pas être reconnu pour ce que l’on voudrait être. Il faut sortir du vouloir-être quelque chose ou quelqu’un et essayer d’être soi-même, d’aller au bout de soi-même si l’on en est capable, avec les autres ou seul. En gros s’en tenir à des principes tel que : ne pas mentir, ne pas dissimuler, ne pas tromper, dire ce que l’on pense à ceux qui s’engagent à vos côtés ou au moins essayer de le formuler le plus clairement possible. Arrêter de se construire des châteaux d’esprit qui n’existent pas dans le réel, arrêter de comploter à sa propre réussite sur le dos des autres. Reconnaitre les hiérarchies naturelles dans un groupe.  Reconnaître et respecter celui qui t’est supérieur comme celui qui t’est inférieur. Récompenser celui qui travaille le plus et non pas celui qui fait le plus le malin sur internet ou ailleurs. Se mettre à l’épreuve du réel et travailler, toujours travailler. Etre un constructeur, un bâtisseur de cette intelligence collective que tous nous voulons voir émerger pour contrer, celle, diabolique, qui mine nos sociétés et nous empêchent d’être heureux. Viser toujours plus haut que le but.
    Il y a une chose que j’essaye personnellement de ne pas oublier et qui me semble fondamentale : l’assurance d’avoir raison n’annule pas la nécessité de se conformer à la « décence commune », y compris avec nos ennemis, mais d’abord évidemment avec nos proches. Notre prochain, c'est-à-dire celui qui est à côté de nous. Oui cette notion fondamentale de « décence commune » qu’à mis en exergue Jean-Claude Michea, en la reprenant à Orwell et qu’on met souvent de côté au prétexte que l’on pense avoir raison. Mais cette décence commune existe et elle est encore ressentie par une grande partie de notre peuple, qui est celle à qui nous devrions vouloir nous adresser en priorité. Et trop souvent on l’oublie, ou pire on la confond avec le « politiquement correct », alors qu’elle en est l’exact opposé. Le politiquement correct étant basé sur la censure et la dénonciation alors que la décence commune est en fait basé sur le respect et la « philia », l’amitié sociale chez les grecs. On pense, par exemple, que puisque l’on a raison de constater un phénomène énorme comme l’immigration, on est excusé par avance pour les outrances verbales ou physiques que l’on commettrait en exprimant notre mécontentement. On fait alors des provocations faciles ou des blagues potaches totalement contre-productives qui nous discréditent comme possible alternative politique (« Taubira retrouve la banane », Mario Borgezio quant à lui fait le singe etc). Une fois compris que l’on est allé trop loin, on va dissimuler nos pensées ou notre manière d’être, afin d’être respectable ou éligible (le pire). Choses dont se régalent les « médias-menteurs » avec leurs micros et caméras cachées à chaque reportage sur « l’extrême-droite » depuis toujours.
    Pire, tous nos principes sont bafoués chaque fois que l’un de nous parle mal d’un camarade, dès qu’il se fait l’égout vivant de tous les ragots sur les uns ou les autres ; chaque fois qu’un meneur discute en cachette avec un tel ou une telle qui est très influent et qui va peut-être lui permettre d’arriver SEUL, là où il sera enfin reconnu pour ce qu’il vaut vraiment. Loin de tous ces loosers qui l’empêchent de briller et de trôner, seul et fier comme le soleil ! Mais en oubliant que même le soleil a besoin des autres pour être contemplé.
    Tout le cortège d’opposition politique extrémiste doit être rejeté comme un surgeon ultime du libéralisme-libertaire. L’extrémisme politique est une des formes, comme le communautarisme, du libéralisme-libertaire. Tout autre chose est la radicalité, lieu où nous essayons de nous tenir et de nous maintenir contre vents et marrées.
    Dans ce cadre là, pour moi, le monde de la  politique contemporaine c’est le monde de la pathologie et des turpitudes humaines au même titre que celui de la finance mais à un plus niveau médiocre et minable. En face de cela, et pour ne pas sombrer dans le repli total sur la sphère du privé, nous avons un outil que nous devons réhabiliter et redéployer : c’est la métapolitique.  
    La métapolitique, c’est la conjonction de la grande politique avec le quotidien. C’est tout ce qui est politique et culturel mais qui n’est pas dans le champ de la politique politicienne. Ce qui ne signifie pas pour moi que nous ne devons pas avoir de liens avec les mouvements politiciens parlementaires, mais nous ne devons pas en faire l’alpha et l’omega de notre vision du monde comme certains, c’est ridicule. Les mouvements politiques ont leur agenda : les élections. Nous nous avons le nôtre : la vie communautaire que nous devons organiser. On ne peut pas jouer sur deux tableaux à la fois. Ce qu’il faut c’est être soi-même et se constituer en vrai force de proposition autonome et adulte qui puisse montrer à notre peuple des voies politiques alternatives. On ferait bien, dans notre courant, de s’inspirer, comme le font Eléments et Alain de Benoist, de la mouvance protéiforme des écologistes indépendants et du courant pour la démocratie directe, ou encore des travaux d’un Etienne Chouard. Par ses travaux il a effectivement effectué une critique radicale du système parlementaire d’une profondeur et d’une limpidité que rarement un ennemi de la gueuse à droite est capable d’articuler. Pour autant il manque à M.Chouard toute la culture de l’anticapitalisme de droite qui l’empêche de sortir complètement du paradigme gauche/droite. Et peut-être aussi encore quelques illusions sur la capacité des êtres humains à vivre en démocratie sur une vaste échelle. A l’inverse, trop souvent le pessimisme et la misanthropie rampante mine l’homme de droite et l’empêche d’agir. Et l’action est libératrice comme nous rappelle tous les jours nos amis de Casapound.
    Je pense qu’il y a un texte à lire sur toutes ces questions, car il est issue d’une grande expérience militante, c’est « les abeilles et les fleurs » de Gabriele Adinolfi.
    Il figure en fin de son abécédaire : « Pensées Corsaires ». On y trouve exposées de manière limpide toutes les raisons des échecs successifs de la droite radicale, particulièrement au niveau de l’humain. Ce texte devrait être lu par tous cadres politiques de la mouvance actuelle selon moi. Nous en éditerons une version en ce sens dans le cadre des formations Métapolis. Chaque militant devrait connaître ce texte. On peut lire aussi le très intéressant « l’insurrection qui vient » dans le camp d’en face, qui montre un très bon exemple d’autocritique de la part de membres de l’extrême gauche militante, la bande à Julien Couppat. Il faut être réaliste et voir ce que l’on pèse vraiment. Comme moi par exemple qui vous réponds ici et fait le malin mais n’ai en fait que très peu d’influence et de puissance dans mon quotidien où la plupart des actions de ma vie ne dépendent pour l’instant que du bon vouloir des multinationales ou de l’Etat.
    Tous les mouvements et initiatives ne sont que des outils pour le but principal qui est le nôtre : le retour et la résilience de l’esprit de communautés des peuples ethno-européens sur le sol et la terre de leurs pères. Notre principal travail est le lent tissage d’une communauté. C’est tout ce qui compte réellement au-delà des formes politiques transitoires et précaires, plus précaires encore que notre faible mais indestructible condition humaine. Comme le chiendent et la mauvaise herbe des chemins nous renaissons et repoussons toujours. Pour combien de temps encore ?
    5) Quels sont pour vous les auteurs historiques incontournables ? Vers quels auteurs dirigeriez-vous un jeune militant ayant soif d’engagement pour l’aider à se structurer doctrinalement?
    Nous ne sommes ni marxistes, ni sémites, notre vision du monde ne peut être résumé par aucune table de la loi ou livre-programme de manière définitive. Ce que ne comprennent pas par exemple tous les talmudistes de la dissidence qui s’étripent en ligne ou en privé sur des questions doctrinales qui sont certes importantes mais ne constituent pas l’essentiel de ce que nous sommes. Comme disait Bardèche, « on serait bien en peine de trouver la bible du fascisme ». Et c’est normal puisque ce que nous sommes se condensent bien plus souvent en images fortes et en verbe vivant qu’en lettre morte. Nous sommes Esprit et pas lettre morte.
    Notre vision du monde tient plus du mythe en action que d’une théologie absolue. Bien que l’arrière plan théopolitique soit évidement fondamental pour nous. 
    Ce serait justement l’un des objets du cursus de formation du projet Métapolis que de délivrer une formation des idées adéquates. Gabriele Adinolfi conseillait dans un de nos entretiens de commencer par lire les journaux politiques des acteurs des évènements du « siècle court ». On pourrait conseiller entre autres ceux de Drieu la Rochelle, Jünger, Goebbels (plus polémique …), Emmanuel Mounier, ou encore celui de Jacques Benoits Méchin (que je découvre en ce moment). Ce dernier est riche de découvertes hallucinantes. Ainsi que les mémoires du Général de Gaulle par exemple ou de Savitri Devi (plus polémique là encore mais intéressant). Généralement  tout ce qui permet de comprendre de l’intérieur et directement à la source, par ceux qui l’ont vécu, la structure et les ressorts intimes de la crise essentielle que traverse l’Europe depuis le début du XXème siècle et de laquelle notre époque n’est que la suite logique. Je conseillerai aussi les bonnes biographies d’auteurs comme Mircea Eliade ou Mishima, essentielles pour comprendre notre temps.
    Au-delà de cela, je diviserais les lectures à donner à un jeune militant en plusieurs catégories plutôt qu’en titres ou auteurs car il existe une foule d’auteurs intéressants qu’il faudrait lire dans les champs d’idées qui nous intéressent. On ne peut pas tout lire et surtout, mieux vaut maitriser parfaitement un certains nombres de lectures essentielles que de s’éparpiller en tous sens. Je diviserais les lectures militantes ainsi.
    Nature et retour au réel :
    - « Le monde plein » du naturaliste suisse Robert Hainard et généralement la plupart de son travail. Ceci afin de se doter d’une sensibilité à la nature et au monde réellement européenne.
    - « Le sang noir » de Bertrand Hell. Essentiel sur les archétypes les plus profonds de l’animisme européen toujours présent en nous.
    - « Dictionnaire amoureux de la chasse » Dominique Venner
    Formation du caractère et philosophie de l’histoire :   
    - « Ecrits historiques et philosophiques : pensées » Oswald Spengler
    - « Pensées pour moi-même » Marc-Aurèle
    - « Vie des hommes illustres » Plutarque
    - « Journal de prison » Corneliu Zelea Codreanu
    - « Guide spirituel (le chemin des ascètes) » Tito Collander
    - « La guerre comme expérience intérieure » Ernst Jünger
    Géopolitique :
    - « Chronique du Choc des civilisations » Aymeric Chauprade
    - « Géopolitique : constantes et changement dans l’histoire » Aymeric Chauprade
    - « Les empires et la puissance » Jordis Von Lohausen (fondamental)
    -  « Globalia » Jean-Christophe Rufin
    - « Les espérances planétariennes » Hervé Ryssen
    - « les mythes fondateurs de la politique israélienne » Roger Garaudy
    - « le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » Mearshmeir et Watt
    - « Pour une Europe européenne » Henri de Grossouvre
    - « Le grand échiquier » Zbigniew Brzezinski (les objectifs américains sans complexes, le « Mein Kampf » des mondialistes !)
    Vision du monde et histoire :
    - « Doctrine du nationalisme » Jacques Ploncard d’Assac
    - « Pensées corsaires » Gabriele Adinolfi
    - « le Fascisme vu de droite » Julius Evola
    - « Mishima » collection « Qui suis-je » chez Pardès
    - « la droite révolutionnaire » Zeev Sternhell
    - « Orages d’acier » Ernst Jünger
    - « les jeunes fauves du führer » Jean Mabire
    - « le siècle de 1914 » Dominique Venner
    Tradition :
    - « La cité antique » Numa Fustel de Coulanges
    - « Les indo-européens » Jean-Haudry
    - « Les Celtes » Christian Guyonvar’ch
    - « le sacré et le profane » Mircea Eliade
    - « Hagakure » Yamamoto Jôchô
    Je me permets de renvoyer ici à des vidéos de critiques littéraires que j’ai commencé à produire. Je vais essayer à rythme régulier de faire une chronique des livres qui me semblent important à conseiller à nos camarades.
    En fait en tentant d’écrire cette liste, comme à chaque fois,  je me rends compte de la difficulté d’établir une liste succincte de livres à conseiller. De plus en plus je ressens l’absence d’un véritable enseignement empirique et organique que l’on pourrait se transmettre d’homme à homme, de « maître » à élève. Plus les années passent et plus je me rends compte de l’importance de la première fonction dans la tripartition traditionnelle indo-européenne. Toute société a besoin de porteurs de mémoire qui guident et encadrent les combattants. Je me rends compte de la nécessité vitale d’une nouvelle classe sacerdotale contemporaine qui sache porter avec elle tout le temps et partout, les savoirs essentiels de notre civilisation. L’équilibre entre action et contemplation est la chose la plus importante pour un « homme différencié », mais pour la première fonction, la contemplation prime l’action. Pour la première fonction la contemplation est pour elle la forme ultime de l’action et du combat. Un homme seul dans son cabinet comme Guénon, Marx ou Dumézil n’a-t-il pas au fond une action indirecte plus immense que n’importe quel politique ?
    Pour autant que seraient ses vues sans personnes pour les appliquer et vivre et mourir pour ? D’où la nécessité d’appartenir à une communauté car seul on est rien. Et si ça n’est pas le cas, d’où l’importance de tenter d’en constituer une. Ce que je persisterai à faire malgré les impairs et les désillusions. Désillusions nécessaires pour grandir et transmettre. Les années passant je me sens toujours plus proche de cette caste au sens guénonien. J’aimerais, à mon niveau, être un jour un « filid » ou un aède de notre cause comme d’autres en sont les « miles » ou les « dux ». Un porteur de mémoire et de civilisation.
    Je pense aussi que nous devrions réhabiliter une figure, un archétype : le militant-pontifex. Pontifex au sens de celui qui créé des ponts entre les hommes mais aussi des ponts vers le monde des dieux. C’est la figure du Roi-prêtre, ou du Prêtre-guerrier.  L’Empereur en est la forme la plus haute, figure sacrée et politique tout à la fois qui uni à son sommet le pouvoir religieux avec le pouvoir temporel. 
    Très intéressante à étudier aussi est la synergie qui existait dans le monde celte entre la caste des « sachants» (les druides et les filids) avec celles des guerriers qui protège l’ordre de la communauté et partant du cosmos et enfin avec celles des artisans qui eux reproduisent le monde et l’ordre social. 
    Ordre traditionnel tripartite qui se maintiendra jusqu’à la fin du moyen-âge et que nous portons tous en nous malgré tout. Chacun est fait pour quelque chose, l’important est de bien se connaître pour savoir ce pourquoi l’on est fait et de laquelle des fonctions tripartites on se sent le plus proche.
    Comme le dit le « Hagakure », l’entrainement du samouraï ne s’arrête jamais. De même pour la formation de l’esprit. Globalement il faut lire, écrire et faire de l’exercice physique sans cesse pour tout vrai militant. On a pas le choix, qui ne monte pas descend. On est comme les requins : condamné à nager pour ne pas sombrer !
    6) Parmi les auteurs actuels, quels sont ceux qui vous semblent intéressant et vous paraissent renouveler la pensée « dissidente » ?
    Actuels ? Numa Fustel de Coulanges, Franz Cumont, Georges Dumézil … D’une éternelle « actualité ». Non plus sérieusement, je dirais fondamentalement Eric Werner et ses indispensables : « l’avant-guerre civile » et « l’après-démocratie ». Deux livres qui résument tous les aspects du totalitarisme contemporain. Un des plus grands auteurs politiques contemporains. Il avait écrit aussi en son temps un très bon : « ne dites surtout pas que je doute » sur la censure et le révisionnisme. Après plus que des auteurs, c’est peut-être des maisons d’éditions alternatives qui font un travail indispensables comme les éditions « Xénia » de l’essayiste Slobodan Despot, « le retour aux sources » de l’incontournable Michel Drac, et évidement « Kontre Kulture », l’artillerie lourde en la matière. Comme livres non-alignés récemment j’ai particulièrement apprécié « le malaise est dans l’homme » de Pierre Le Vigan et « Pour une théorie du monde multipolaire » d’Alexandre Douguine, une claque géopolitique !
    (fin deuxième partie)

    Lire la première partie.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/12/07/temp-3731f06479b7a891948bf4b62ccb86e6-5240577.html

  • Sur le “Front Anti-Hollande”. Entretien avec Euryanthe Mercier, étudiante en droit (UNI-Met)

    PARIS (NOVOpress) – Novopress souhaite donner la parole à différents acteurs du front “anti-Hollande” qui s’est organisé depuis de nombreux mois : jamais en effet un président de la Cinquième République n’a fédéré contre lui autant de profils différents. Entretien.

    Entretien avec Euryanthe Mercier, étudiante en droit

    Entretien avec Euryanthe Mercier, étudiante en droit ©EM

    Euryanthe Mercier, 19 ans, est étudiante en droit à Assas. Passionnée depuis toute petite par la politique, elle s’est engagée très tôt au sein de mouvements marqués à droite. Elle affirme se situer « plutôt à droite de l’UMP » et a soutenu Nicolas Sarkozy en 2012 et Jean-François Copé. Membre du bureau national des jeunes de la droite populaire et de l’UNI-Met (organisation étudiante créée en janvier 2010 qui regroupe les étudiants membres de l’UNI mais aussi 25 autres associations impliquées dans la vie universitaire), élue UFR (unité de formation et de recherche) et coresponsable de sections pendant quelques mois, elle participera à la grande soirée unitaire « anti-Hollande » le 12 décembre prochain à Paris. Elle a bien voulu répondre, en son nom propre, aux questions de Novopress.

    Novopress : Qu’est-ce que l’UNI ?

    Euryanthe Mercier : L’Union Nationale Interuniversitaire est un mouvement né au lendemain de mai 68 en vue de rassembler les étudiants de la droite et du centre. Nous nous opposons au sein de l’université à l’égalitarisme, au nivellement par le bas ainsi qu’aux blocages des structures éducatives. Nous avons récemment soutenu la réforme LRU de Valérie Pécresse. Lors des CROUS, nous nous sommes battus pour le maintien des APL afin que les classes moyennes ne soient pas une fois de plus les victimes du gouvernement. Nous tentons désormais de mettre sur la table le thème de la sélection à l’université car il est temps de mettre terme à l’hypocrisie de « l’université pour tous ». Notre mouvement est représentatif au niveau national, tant par la présence dans presque tous les établissements supérieurs qu’au CROUS et CNESER. Lundi dernier, j’étais en outre mobilisée avec quelques autres de l’UNI pour la défense des classes préparatoires, au nom du « Collectif de défense des Prépas » parce que nous estimons que ces formations symbolisent la possibilité d’accéder à l’excellence par la méritocratie républicaine et que c’est une spécificité française à conserver.

     

    On compare souvent l’opposition UNI-UNEF au rapport UMP-PS, qu’en est-il vraiment ? L’UNI est-elle une succursale de l’UMP à l’université ?

    Tout d’abord, l’UNI n’est la succursale d’aucun parti ; nous sommes une association (et non syndicat, contrairement à l’appellation de l’UNEF) visant à réunir les étudiants mais aussi les lycéens et les enseignants. De plus, les structures des organisations sont séparées. Ensuite, nous existons depuis bien plus longtemps que l’UMP et continuerons d’exister après, si jamais ce parti vient à disparaître. Nous nous sommes définis au lendemain du 6 mai 2012 comme « le fer de lance de l’opposition » et fréquemment, nous aidons l’UMP, plus que l’inverse. En outre, bien que ce soit en effet le parti politique dont nous sommes le plus proche, les valeurs que nous défendons vont bien au-delà.

    Pour ce qui est de l’UNEF, de par ce que j’ai pu voir de leurs militants en allant dans divers établissements, certains sont PS mais la plupart sont bien plus à gauche. Quand on entend que « Valls est un facho » ou qu’Aubry est « de droite », il est permis de se poser de questions. Néanmoins, leur proximité avec le PS est réelle quand on voit que, Bruno Julliard (ancien président de l’UNEF) est porte-parole d’Hidalgo pour les municipales. Mais de personnes à personnes ou de structures à structures, je n’ai pas les éléments pour vous répondre.

    Cette indépendance vous permet-elle de vous opposer à l’UMP ? Que se passe-t-il si certains adhérents prennent position contre l’UMP ? « Chasse aux sorcières » si vous découvrez que certains votent FN ?

    Tout dépend ce qu’on entend par « s’opposer ». Aucun militant UNI n’est forcé à faire une campagne qui serait contraire à ses idées. Un de nos thèmes de mobilisation est la famille et nous avons pris position contre le « mariage » pour tous. Quelques uns y étaient favorables ou sans avis, ils n’ont pas participé à nos actions. Il en va de même pour toutes les campagnes.

    Nous ne prenons pas positons sur tous les thèmes, donc des divergences existent. Je pense à l’Europe notamment : certains sont souverainistes, d’autres pour une confédération. Il leur sera demandé de ne pas prendre position avec l’étiquette UNI, mais à titre personnel. Ce fut par exemple le cas par rapport à la guerre en Syrie, récemment. Un responsable UNI ne va normalement pas s’opposer à un responsable UMP. Sur certains thèmes, nous pouvons néanmoins faire pression, de par notre ancienneté, notre force militante (de terrain, web ou autres) sur ce parti. À titre personnel, j’ai démissionné de mon poste de coresponsable d’Assas notamment parce que je ne soutiens pas Nathalie Kosciusko-Morizet mais une candidate divers droite. Si un militant de l’UNI déjà aguerri souhaite se lancer sur la scène électorale, il n’est pas obligé d’avoir l’étiquette UMP.

    Chasse aux sorcières, non. Mais même si nous pouvons théoriquement nous retrouver sur les thèmes « méritocratie » et « excellence », dans la pratique, le FN s’oppose via son Collectif Racine à la réforme de l’autonomie des universités ; par ailleurs, plusieurs Secrétaires départementaux FNJ appellent leurs membres à l’abstention aux élections étudiantes… ce qui réduit considérablement la probabilité de trouver des électeurs FN dans nos rangs. Par contre, si un encarté UNI prend des responsabilités au FNJ ou est sur une liste estampillée FN, il sera exclu, oui. Pour ce qui est du langage, avec des affiches comme « Taubira nuit gravement à votre sécurité » ou « Politiquement correct, vérité bâillonnée », je ne pense pas qu’on puisse nous accuser de faire de la langue de bois !

    Enfin, la composition du bureau national de l’UNI change tous les ans. Les responsables sont donc plus ou moins proches de l’UMP mais il est vrai qu’il y a plus de recadrage et davantage de lignes officielles cette année qu’auparavant. J’explique cela par le fait que les municipales approchent, qu’il y a pu y avoir des écarts avec les diverses actions du printemps dernier, d’autant que Jean-François Copé a désormais retourné sa veste. Cela est sans doute motivé par la peur que la force militante se dirige vers d’autres partis comme le Front National. Pour synthétiser, pas de pression de l’UMP mais une vigilance bien plus importante sur le langage et les positions et des recadrages plus fréquents des électrons un peu trop libres.

    Vous venez de nous dire que “si un encarté UNI prend des responsabilités au FNJ ou est sur une liste estampillée FN, il sera exclu” alors que s’il est présent sur des listes UMP, aucun problème. Exemple : Louis-Alexandre Osinski, ancien chef de l’UNI Nord, est tête de liste UMP à Ronchin ; ou Antoine Diers chef de l’UNI national est tête de liste UMP à Dunkerque. Ce sont donc bien les élus UMP qui, manifestement, font la loi à l’UNI ?

    Rien ne me permet d’affirmer cela même si les recadrages des responsables de l’UNI, le fait d’entendre régulièrement que “le FN c’est la gauche”, ou que les responsables de l’UNI votent UMP sont un fait.

    Nous savons que l’UNI, et vous-même, avez été engagés dans La Manif Pour Tous. Pouvez nous expliquer cette implication ? Continuez-vous encore aujourd’hui ? Avez-vous des liens avec le Printemps Français ? Vous impliquez-vous dans d’autres satellites de la « fronde anti-Hollande » ?

    Nous nous sommes engagés contre ce projet de « mariage pour tous », avant que la Manif Pour Tous ne soit créée, plus précisément. Dès la rentrée 2012 fut créé le collectif « Non au Mariage Homo » et La Manif Pour Tous (LMPT) a ensuite sollicité notre aide. Beaucoup d’entre nous furent membres du service d’ordre dès le 17 novembre. En province, bon nombre ont monté les antennes LMPT locales et nous sommes proches du noyau directionnel national. Néanmoins, une fois de plus, nous avons conservé notre indépendance en n’inscrivant pas notre collectif dans les soutiens officiels.

    Parmi les arrestations abusives, notamment « les 67 », pas mal étaient de l’UNI mais pas que. Samuel Lafont, qui a fait les titres des journaux pour son agression il y a quelques mois, fut cité encore par Médiapart comme une des figures emblématiques de ce combat pour la famille ; c’est aussi une figure des anciens de la maison. La force de l’UNI fut sa capacité à « fournir » des personnes formées, capables d’organiser des événements, des happenings (je pense notamment à la banderole sur l’Arc de Triomphe, mais aussi aux actions symboliques de provinces) ; nous avons l’habitude du terrain et maîtrisons aussi les règles et conséquences qui suivent. S’il y a bien une chose sur laquelle nous sommes fermes, c’est sur la non-violence. Comme dirait Denis Tillinac, « Soyons des réacs sympas ! ».

    Par ailleurs nous sommes en bons termes notamment avec Béatrice Bourges. Pour ce qui est de la fronde anti-Hollande, j’ai tendance à répondre par l’affirmative parce que nous avons tous une raison d’en vouloir à ce président, et aux socialistes qui n’ont de social que les premières lettres de l’adjectif. Hollande se voulait le président de la jeunesse, il l’attaque à outrance en supprimant les bourses au mérite, par la loi ESR, par les emplois d’avenir qui ne sont en fait des places de garages. Nous lui en voulons aussi pour l’affaire Léonarda, pour la réforme pénale de Taubira… Certains sont très impliqués dans la révolte fiscale, également, via les Tondus, les Pigeons, certaines branches des Bonnets Rouges ou le seront par des mouvements qui verront prochainement le jour.

    Vous aviez évoqué dans Le Monde une « convergence des Luttes » ? Qu’entendez vous par là ?

    "Unis par la colère" : grande soirée unitaire "anti-Hollande" le 12 décembre à Paris

    “Unis par la colère” : grande soirée unitaire “anti-Hollande” le 12 décembre à Paris

    Pour m’être engagée sur divers sujets depuis plusieurs années, j’ai pu observer que dans les combats, des similitudes apparaissaient. Par exemple, sur le terrain, pas mal de personnes opposées au « mariage » pour tous l’étaient aussi à la guerre en Syrie, à l’intervention en Libye et protestent désormais contre l’asphyxie fiscale. Le clivage gauche/droite est souvent contesté, on entend souvent parler de « droite républicaine », et « d’extrême droite ». Il faudrait songer à travailler par thématiques et oser transcender les clivages. Je serais curieuse de savoir ce que veut dire être de gauche quand on parle de transports, de guerre, d’éducation ou de santé.

    Quand nous sommes en accord avec certains groupes sur un thème, il serait constructif de travailler ensemble, quand bien même nous avons des points de désaccords sur d’autres sujets. La coopération plutôt que l’association, d’autant que nous avons tous des sujets qui nous tiennent plus à cœur que d’autres. La structure du Printemps Français est d’ailleurs dans cette démarche, tout comme la soirée du 12 décembre par rapport au « Jour de Colère » (26 janvier) où je suis invitée comme intervenante. Si des personnes venant de divers horizons, ne votant pas forcément pour les mêmes partis, sont capables de s’associer par thématiques, hors jeu politique, nous pouvons faire avancer les choses et rendre les engagements constructifs. La démocratie, c’est aussi le débat, la discussion et non que l’opposition. Si nous restons dans les divisions de structures et de partis, nous nous essoufflerons tous, pour pas grand-chose. La jeunesse est assez mobilisée depuis quelques temps, sans doute parce que nous sommes de plus en plus nombreux à réaliser que notre pays va mal. Mais il faut nous donner les moyens de réussir, et notamment d’influer après sur les élus français et européens puisque, malheureusement, le malaise est mondial et les « soins » sont insufflés à Bruxelles plus que dans nos capitales perspectives ! Le mouvement des Sentinelles (veilleurs debout) est désormais européen, la Croatie a voté par référendum la constitutionnalisation du mariage homme-femme… J’ai donc la faiblesse d’avoir de l’espoir pour mon pays.

    Photo en Une : wallyg via Flickr (cc)

    http://fr.novopress.info/148150/sur-le-front-anti-hollande-entretien-avec-euryanthe-mercier-etudiante-en-droit-uni-met/#more-148150

  • Le géopolitologue Aymeric Chauprade sur la situation en Ukraine

    Entretien du géopolitologue Aymeric Chauprade sue la situation en Ukraine paru sur le site Nouvel Arbitre le 6 décembre 2013.

    Que pensez vous des événements qui se déroulent actuellement en Ukraine ?

    Les événements en Ukraine sont une réplique de la tentative de révolution colorée de 2004. À l’époque, déjà, les forces euro-atlantistes avaient tenté de détacher l’Ukraine de son partenariat avec la Russie. C’était au moment de la succession de Leonid Koutchma lequel avait accepté un an avant, en 2003, un partenariat étroit avec Moscou. Les Américains, en utilisant des officines comme Freedom House ou les subsides de Georges Soros, en s’appuyant sur les méthodes de « révolution pacifique » mises au point par Gene Sharp (qui faisait des stages de formation pour les étudiants serbes, géorgiens, ukrainiens aux États-Unis au début des années 2000), tentaient de tourner l’Ukraine vers l’OTAN et l’Union européenne, les deux processus d’intégration allant de paire. En 2010 la parenthèse otanienne s’était achevée par un retour vers la Russie avec l’élection de Vicktor Ianoukovitch. Nous sommes donc dans une nouvelle tentative aujourd’hui. Les force euro-atlantiques constatent que Poutine parvient à reconstruire la zone d’influence russe grâce à l’Union douanière qu’il propose et que l’Arménie vient d’accepter. Il faut dire que les arguments russes sont concrets : une énergie à prix préférentiel, un commerce bilatéral réel et qui représente plus du tiers du commerce ukrainien aujourd’hui. En face, il n’y a que mirage et illusion. Pour l’Ukraine intégrer l’Union européenne cela reviendrait à choisir l’Union soviétique en 1989 ! L’Union européenne est en crise, peut-être en train de disparaître. Qu’a-t-elle à proposer à l’Ukraine, un pays de 45 millions d’habitants ? C’est la perspective d’un effondrement mutuel accéléré, sans doute souhaitée par Washington.

    Comment interprétez vous la résistance des institutions ukrainiennes aux forces de l’unipolarité ?

    Le président ukrainien, soutenu par le parti des régions pro-russe, qui peut s’appuyer au moins sur une Ukraine orientale qui représente les 2/3 du PIB du pays n’est certainement pas une marionnette de la Russie comme veulent le faire croire nos médias. Sinon pourquoi aurait-il eu des relations tendues avec Moscou à plusieurs reprises, à propos du gaz notamment ? Ce président a essayé de défendre l’intérêt ukrainien à plusieurs reprises dans le dossier énergétique et cherchait à trouver un équilibre entre l’Union européenne et la Russie. Son approche n’était pas dogmatique mais réaliste. Seulement il s’est rendu compte que les Européens, inféodés aux États-Unis n’avaient qu’un seul objectif obsessionnel: couper Kiev de Moscou et créer une fracture entre les deux pays. Il a pesé le pour et le contre et s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas prendre le risque d’une sécession de l’Est qui aurait résulté d’un retournement unilatéral vers l’Union européenne.

    Comment jugez vous la retranscription médiatique de ces événements ?

    Aussi caricaturale qu’elle le fut en 2004 ! On présente les gentils Ukrainiens pro-Europe que l’on oppose aux méchants pro-russes. Comme d’habitude c’est de la propagande du Financial Times recopiée mot à mot dans les journaux français. C’est désolant. On ne voit par, par exemple, les médias s’intéresser aux mouvements d’extrême-droite qui constituent, dans des proportions au moins aussi fortes que les islamistes radicaux dans l’opposition syrienne, une large part des manifestants. Dans ce cas là, il y a tout à coup la « bonne extrême-droite », celle qui est rendue invisible aux yeux du grand public français. Le traitement de cette crise révèle une fois de plus la pauvreté du journalisme français, sa misère intellectuelle et sa soumission aux schémas transatlantiques. Moi qui lit beaucoup la presse anglo-saxonne, je suis atterré d’y trouver davantage d’esprit critique que dans nos propres médias.

    http://fr.novopress.info/148275/le-geopolitologue-aymeric-chauprade-sur-la-situation-en-ukraine/#more-148275

  • Gabrielle Cluzel : "La famille est porteuse de valeurs aujourd'hui réputées détestables"

    La journaliste Gabrielle Cluzel répond aux questions de Medias Presse Info :

    "Avec toutes les mesures sociétales et fiscales comme la baisse du quotient familial, peut-on dire que ce gouvernement ne fait rien pour les familles ?

    Non, on ne peut pas le dire, car il ne fait pas «rien »… Il  fait pire que rien ! Il les persécute. A travers le mariage dit pour tous, c’est la famille dont on a cherché à ébranler les fondations.  Et les autres mesures, fiscales notamment, sont encore des coups de butoir supplémentaires. Et pourquoi s’acharner sur la famille ?  Parce que l’entité traditionnelle qu’elle représente est porteuse de valeurs aujourd’hui réputées détestables. Elle est un lieu de hiérarchie et d’autorité, entre les parents et les enfants.  Elle est un  lieu d’identité, de traditions communes. Elle est un lieu de transmission,  transmission d’un patrimoine génétique, matériel, culturel, civilisationnel même.  Elle est par essence un lieu, disons le mot même s’il est un peu provocateur,  d’exclusion, d’amour exclusif, où les liens filiaux, les liens du sang priment sur les autres. J’ose le dire, je préfère mes enfants à ceux des autres et je défie n’importe quelle mère  de prétendre le contraire…

    Après le vote de la loi Taubira, Hollande et son gouvernement ne comptent pas s’arrêter là. On a évoqué la PMA et la GPA. Croyez-vous qu’après plus d’un an de manifestations, le gouvernement se montrera plus prudent et qu’il faudra donc davantage se méfier ?

    Le brouillage des cartes, la fragmentation de la parentalité que sont la PMA et la GPA  (qui atteint son summum avec dissociation, dans le cas de la GPA, entre mère porteuse et mère biologique  pour éviter qu’une mère porteuse, déchirée de laisser la chair de sa chair, change d’avis et s’avise de vouloir garder le bébé…), induits par le mariage pour tous, viennent la ronger de l’intérieur faute de pouvoir totalement l’abattre par des réformes extérieures.

    Le gouvernement se montrera-t-il plus prudent ? Oui, sans doute. C’est pour cela qu’il a mis pour le moment de côté la PMA et la GPA. Mais cela reviendra tôt ou tard. D’abord parce que ce gouvernement nous a montré, que chez lui l’idéologie finissait toujours par avoir le dessus sur la plus élémentaire prudence politique. Ensuite, parce que le mariage dit pour tous ne trouve pleinement son sens qu’à travers la PMA et la GPA. On commencera par la PMA, plus facile à gober. Puis on viendra naturellement à la GPA, car sinon il y aurait discrimination patente entre les lesbiennes qui ont la chance d’avoir été dotées à la naissance d’un utérus et les gays, brimés par la nature, qui n’ont tiré qu’une prostate à la loterie de la vie. Elisabeth Badinter et Najat Belkacem ont déjà parlé du concept de « GPA éthique ». Un oxymore qui passera rapidement dans le langage courant. Il y aura au préalable un tir d’artillerie nourri, entre émotion (avec une instrumentalisation de cas particuliers qui nous tireront les larmes), et stigmatisation des opposants (« racistes », « fachos », « homophobes »…pas besoin de vous faire un dessin, je pense ?).

    Divorce, avortement, mariage homosexuel et adoption, maintenant la PMA. Peut-on parler d’un processus de destruction de la famille ?  Ne fait-on pas tout pour casser les liens qui peuvent unir les membres d’une même famille ?

    Oui, c’est évident. La famille devient  une espèce de puzzle compliqué, dont les pièces finissent par s’éparpiller. L’euthanasie sera rendue plus facile, Les liens seront tellement distendus…

    Peut-on penser que certains partis ont compris le poids électoral « Manif Pour Tous » comme on peut le voir avec le rapprochement  de Nicolas Dupont-Aignan avec Frigide Barjot ? Doit-on en profiter pour agir auprès des candidats pour les municipales et les européennes ?

    Les sentinelles et les veilleurs dans les rues doivent devenir des « sentinelles «  et des veilleurs dans les urnes. Ils doivent faire comprendre aux candidats qu’ils les tiennent à l’œil, qu’ils n’accorderont pas leurs suffrages sans certaines garanties. Deux écueils néanmoins : celui d’être instrumentalisé par tel ou tel parti et celui d’imaginer que l’on pourra créer soi-même un parti politique, reposant sur les seules questions éthiques, ce qui serait un peu réducteur.  

    Pour en revenir au sujet de la loi Taubira, n’a-t-on pas perdu pour avoir privilégié le nombre et manqué d’un discours clair et ferme politiquement ?

    C’est l’éternel dilemme quant à la stratégie à adopter… On est sur une ligne de crête. Faut-il privilégier le nombre comme vous dites en cherchant un dénominateur commun qui «ratisse large », mais  qui se révèle tellement petit in fine que l’on peut avoir perdu de vue  l’essentiel de la substance du message initial, ou au contraire par détestation de la compromission, rester entre soi, au risque de rester très «confidentiel », ce qui est moralement et intellectuellement séduisant, mais potentiellement assez stérile. L’arbitrage, en conscience, est compliqué. Si compliqué que je ne me permettrais de juger ni les uns ni les autres. Peut-être, au fait, la juxtaposition des deux points de vue par des combats parallèles, n’est-elle pas mauvaise ?  Les uns et les autres se servant mutuellement de garde-fou, de modérateur. A condition qu’ils ne perdent pas leur temps et leur énergie à se tirer mutuellement dans les pattes, évidemment.

    Le fait de dire qu’on est « contre la loi Taubira » ne donne-t-il pas un aspect négatif au combat au lieu de dire qu’on est « pour la famille » ?

    Il ne faut pas avoir peur d’être dans l’opposition, en signifiant clairement l’objet de son opposition. Et puis être « pour la famille » est un peu vague, non ? Le  gouvernement aussi prétend être pour la famille, sauf que ce qu’il appelle famille n’en est plus une.

    Justement pour plus de clarté, n’aurait-on pas intérêt à revenir aux bases et à redéfinir plus clairement ce qu’est la famille et son bien-fondé ?

    Vaste chantier ! Mais vous avez raison. Quand il n’y a plus qu’un champ de ruine il faut se retrousser les manches et rebâtir pierre par pierre. Avec patience et persévérance. Et surtout sans écouter les bonnets de nuit qui prétendent que tout est foutu."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • La Légion, «parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation»

    Editeur chez Bouquins (Robert Laffont), Christophe Parry a dirigé la publication d’un Dictionnaire de la Légion étrangère, sous la direction d’André-Paul Comor.

    Les 4 Vérités : Avec le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, ancien déporté, vétéran de l’Indochine et de l’Algérie, qui engagea le 1er régiment étranger de parachutistes dans le putsch des généraux en avril 1961, vient de disparaître l’une des figures les plus prestigieuses de la Légion. Comment se rattache-t-il à l’histoire et à l’esprit de cette troupe d’élite ?

    Christophe Parry : Personne mieux que le commandant de Saint Marc, à mon avis, n’a illustré à la fois la devise de la Légion étrangère : « Honneur et Fidélité », le code d’honneur du légionnaire, qui stipule notamment que la mission est sacrée et qu’il faut l’exécuter jusqu’au bout, « s’il le faut, en opérations, au péril de [s]a vie », mais également le code d’honneur « de l’ancien légionnaire », et en particulier son article 4 : « Fidèle à mon passé à la Légion étrangère, l’honnêteté et la loyauté sont les guides permanents de ma conduite. »

    C’est en son sein qu’il est parvenu à se reconstruire après Buchenwald – et ce alors qu’en Indochine nombre de ses camarades de combat parlaient la langue de ses bourreaux ; en son sein aussi qu’il a retrouvé la fraternité qui unit ceux qui mettent leur peau au bout de leurs idées, pour paraphraser un autre ancien du 1er REP, Pierre Sergent. En son sein encore, malheureusement, alors qu’il a l’ordre d’abandonner aux Viêt-minh les combattants thôs qu’il a formés, qu’il éprouve la honte de « la trahison, l’abandon, la parole bafouée » – il l’éprouvera une nouvelle fois en Algérie…

    La Légion étrangère, a-t-il écrit dans ses Mémoires, fut « la grande affaire » de sa vie. Issu d’une famille catholique caparaçonnée de valeurs ancestrales, il n’a pu rester indifférent à cette foi légionnaire si particulière, qui anime des hommes venus d’horizons et de cultures différents afin de se mettre au seul service de la France. L’on évoque souvent une « mystique » du devoir : le terme prend tout son sens à la Légion. Il suffit d’assister à la commémoration de la bataille de Camerone, à Aubagne, pour comprendre : c’est une véritable liturgie. L’Ancien qui a l’honneur de porter la main articulée du capitaine Danjou jusqu’au monument aux morts remonte la « Voie sacrée », entouré de deux camarades, en une procession des plus émouvantes.

    Saint Marc, qui a naturellement une notice dans notre livre, a eu le temps de nous faire passer deux mots de commentaire, par son ami Étienne de Montety : « Bravo et merci ». Autant vous dire que nous en sommes particulièrement fiers…

    Vous avez supervisé la publication dans la collection « Bouquins » (Robert Laffont) d’un dictionnaire de la Légion étrangère. Pourquoi ce livre ? Qu’apporte-t-il de nouveau par rapport à la bibliographie déjà importante consacrée à la Légion ?

    La Légion, avec près de 150 nationalités représentées en ses rangs, appartient nolens volens au patrimoine mondial de l’humanité. Ne serait-ce qu’à ce titre, il est normal qu’elle fasse l’objet d’une étude historique comme celle-ci, dont l’ampleur – près de 50 historiens français et étrangers, plus de 850 entrées – est sans précédent. Il y a effectivement de nombreux ouvrages consacrés à la Légion, mais ce sont le plus souvent des panégyriques, des mémoires d’anciens, voire des pamphlets : il manquait une étude historique dépassionnée et documentée (les archives de la Légion étrangère, souvent inédites, ont été exploitées pour notre plus grand profit), qui ne traite pas seulement des glorieux faits d’armes, des opex contemporaines, des unités et des « grandes gueules » de la Légion – ils y sont bel et bien –, mais aussi des aspects sociaux, économiques, cultuels et culturels – une étude en somme qui participe au renouveau de l’histoire militaire. Figurent ainsi dans ce « Bouquin », outre le dictionnaire proprement dit, une imposante bibliographie, des cartes, des illustrations et des partitions (celle du fameux Boudin notamment), une filmographie et une discographie, toutes deux inédites, ainsi qu’une anthologie – quelques morceaux choisis de littérature légionnaire. « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir, et plus encore, sur la Légion étrangère, sans oser le demander ! », a pu écrire le lieutenant-colonel Rémy Porte sur son blog (http://guerres-et-conflits.over-blog.com). Mais André-Paul Comor – le maître d’œuvre – et moi-même avons choisi surtout de n’occulter aucun sujet, même ceux qui « fâchent » les bonnes consciences contemporaines : les meilleurs spécialistes traitent donc aussi de la désertion, de la reddition, des bordels de campagne et des maladies (et pas seulement du « cafard »…), d’espionnage ou encore de l’usage de la torture. Naturellement, la guerre d’Algérie, le putsch de 1961 et l’OAS sont longuement étudiés, mais au même titre que la Commune, la Résistance ou la France Libre. À cet égard, qu’il me soit permis de remercier ici tous les auteurs, civils et militaires, français et étrangers, qui ont accepté de participer à cette aventure sous la direction éclairée d’André-Paul Comor.

    Pourquoi la Légion étrangère continue-t-elle de susciter autant d’intérêt, en France comme à l’étranger ?

    La réputation de la Légion n’est plus à faire, et le succès qu’elle rencontre sur les Champs-Élysées, tous les ans, dit assez l’estime que lui portent les Français. D’ailleurs, le CD qu’a enregistré la Musique de la Légion étrangère, Héros, paru en avril 2013 à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Camerone, était disque d’or trois mois après sa sortie : succès d’estime, donc, mais aussi commercial. La Légion fait assurément vendre !

    Mais au-delà de sa réputation militaire – établie –, ou sociale – école de la deuxième chance, la Légion est un parfait modèle d’intégration –, l’institution fascine parce qu’elle est la parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation, alors que ne sont plus vénérés aujourd’hui que le fric, l’individualisme et l’indifférence…

    Et puis, Étienne de Montety, par ailleurs 1re classe d’honneur de la Légion étrangère, l’explique très bien dans sa magnifique préface : « la littérature à ne pas en douter » confère à cette institution « son essence particulière ». Plus que tout autre, en effet, le légionnaire est présent dans les romans, mais aussi au cinéma, dans les chansons : le mythe du légionnaire au passé mystérieux, tatoué, cafardeux, bagarreur et amateur de femmes et de pinard fait florès. Il sent bon le sable chaud et a mauvaise réputation…

    legion-couverture

    La Légion étrangère, histoire et dictionnaire, sous la direction d’André-Paul Comor, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2013. 1152 p, 32 €.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • "C'est une illusion de croire qu'on peut contenir l'euthanasie"

    Extraits d'interview d'Etienne Montero, docteur en droit, professeur et doyen de l'Université de Namur (Belgique) et auteur en 2013 d'un livre intitulé : « Rendez-vous avec la mort : dix ans d’euthanasie légale en Belgique ».

    "Ses partisans déclarent que le cadre légal empêche toute dérive [de l'euthanasie], est-ce la réalité sur le terrain ? Quel est le bilan réel après dix ans de légalisation d’euthanasie en Belgique ?

    Mon analyse est qu’il n’est pas possible de baliser l’euthanasie et d’en contrôler la pratique. L’euthanasie était envisagée comme une exception pour des cas limites et à des conditions très strictes. Aujourd’hui, on constate que les conditions sont appréciées très souplement par la Commission de contrôle. Là où est exigée une maladie grave et incurable, on se contente de « pathologies multiples », généralement liées au grand âge et dont aucune n’est en soi grave et incurable. La condition de souffrance physique ou psychique insupportable ne fait pas l’objet d’un vrai contrôle car, estime la Commission, la souffrance est une notion subjective. Dans les travaux préparatoires de la loi, on excluait l’euthanasie des malades psychiatriques, dépressifs et déments, alors que des euthanasies sont régulièrement avalisées par la Commission de contrôle dans de tels cas. On accepte que répond à la notion de souffrance, l’anticipation d’une souffrance future. On pourrait multiplier les exemples."

    "Les derniers chiffres révélaient que le nombre de déclarations anticipées d’euthanasie avaient augmenté, n’y a-t-il pas un danger à faire une telle déclaration ?

    Aujourd’hui, une telle déclaration anticipée, qui a une durée de validité de cinq ans, ne peut être exécutée que si le patient, devenu incapable, est affecté d’une maladie grave et incurable et est en situation de coma irréversible. Le législateur avait été prudent, pour ainsi dire. Mais il y a des projets de loi visant à conférer une validité illimitée à  la déclaration anticipée et à permettre qu’elle soit appliquée à des personnes démentes, qui perdent progressivement leurs facultés cognitives ou la conscience de soi. Cela signifie qu’on laisse à d’autres une importante faculté d’appréciation, ce qui est une manière de s’orienter vers la possibilité de demander l’euthanasie d’autrui. Sérieux glissement en perspective."

    "Les politiques belges s’apprêtent à l’étendre pour que les mineurs puissent y avoir accès, n’est-ce pas une pente glissante et dangereuse ?

    C’est très inquiétant. L’on sait que les douleurs physiques peuvent être adéquatement soulagées et rendues supportables aujourd’hui.  L’euthanasie est presque toujours demandée pour une souffrance d’ordre psychologique : lassitude de vivre, absence de perspectives… Croyez-vous vraiment que ce sont là des motivations d’un mineur ? S’il est correctement soigné, soutenu, accompagné, je ne crois pas qu’un mineur songe à demander qu’on le fasse mourir. Sauf à lui suggérer pareille issue. Je crains que l’offre crée la demande."

    "Alors qu’en France, on tente de lancer le débat sur l’euthanasie et qu’on parle de suicide assisté, l’exemple belge ne devrait-il pas faire réfléchir ?

    Certainement, entrouvrir une porte, c’est accepter l’idée qu’elle s’ouvrira toujours davantage, que l’on ira d’élargissement en élargissement. C’est une illusion de penser qu’on peut contenir l’euthanasie ou le suicide assisté dans des limites très strictes et en contrôler efficacement la pratique."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Christophe Guilluy, géographe : « La France périphérique représente 60% de la population, mais elle est invisible aux yeux des élites »

    Reçu début octobre à l’Elysée par François Hollande pour évoquer les “Fractures françaises” (sujet de son ouvrage paru en 2010), Christophe Guilly revient pour nous sur cette “France fragile” éloignée des grandes villes et victime de la mondialisation.

    Courrierdesmaires.fr. Vous travaillez sur la géographie sociale et, en particulier les classes populaires. Quel est votre constat ?

    Christophe Guilluy. Pour la première fois de l’histoire, les classes populaires ne sont pas intégrées au projet économique et social des dirigeants. Contrairement à ce qui a prévalu jusque-là, elles ne résident plus dans les territoires où se crée la richesse, mais dans une France périphérique, à l’écart des grandes métropoles. Celle des territoires ruraux, des petites villes moyennes, et d’une partie du périurbain. Ouvriers, employés, les jeunes et les retraités issus de ces catégories, les petits paysans constituent ce qu’on peut appeler les nouvelles classes populaires. Elles habitent désormais dans des territoires éloignées du marché de l’emploi. La France périphérique représente 60 % de la population, mais elle est invisible aux yeux des élites.

    Pourquoi cette invisibilité ?

    C. G. Elles le sont d’une part parce qu’on a abandonné « la question sociale » dans les années 80, mais aussi parce que ces catégories vivent dans cette France périphérique éloignée des métropoles d’où proviennent les élites.

    Loin de Paris, mais aussi des grandes villes qui sont les premières bénéficiaires de l’économie mondialisée et d’une société ouverte. Mécaniquement, les politiques publiques se sont de plus en plus concentrées sur les grandes villes, qui rassemblent désormais 40 % de la population, en délaissant la nouvelle question sociale naissante dans la France périphérique.

    Outre son invisibilité, quelles sont les caractéristiques de cette population ?

    C. G. On ne peut pas dire qu’elle ait une conscience de classe. Mais cette France périphérique représente désormais un continuum socioculturel où les nouvelles classes populaires sont surreprésentées. Elles ont en commun d’être des victimes de la mondialisation. Elles habitent loin des territoires qui comptent et qui produisent le PIB national. Si les ouvriers étaient au cœur du système productif et donc dans les villes, aujourd’hui, les nouvelles classes populaires sont au cœur d’un système redistributif de moins en moins performant.

    Dans vos travaux, vous parlez de France intégrée et de France fragile. La crise que traverse la Bretagne peut-elle s’expliquer à l’aune des deux France ?

    C. G. Oui. Regardez, la crise en Bretagne ne se déroule pas à Rennes, Brest, ou Nantes, ce que j’appelle la France intégrée. Mais bien dans les périphéries, dans les petites villes, les zones rurales où se cumulent les effets de la récession mais aussi la raréfaction de l’argent public.

    Cette crise en Bretagne rend visible cette nouvelle classe populaire où les ouvriers, les employés, les petits patrons se retrouvent ensemble à manifester

    Dans cette France fragile, il n’y a pas de création d’emploi. On comprend bien la rage de ces manifestants face à la fermeture des entreprises. D’autant que les personnes dans ces territoires ne sont pas mobiles, ne serait-ce que pour des questions de logement. Cette crise en Bretagne rend visible cette nouvelle classe populaire où les ouvriers, les employés, les petits patrons se retrouvent ensemble à manifester. C’est d’autant plus déstabilisant que cela se déroule en Bretagne, une région qui a priori va bien – contrairement au Nord-Pas-de-Calais par exemple.

    Cela aura-t-il des conséquences pour les élections municipales de mars 2014 ?

    C. G. La défiance des classes populaires vis-à-vis des responsables politiques gagne maintenant les maires, qui sont considérés comme impuissants face au délitement du territoire et eux-mêmes victimes des décisions et des représentations portées par les élites.

    Politiquement, ces nouvelles classes populaires sont désormais très éloignées des grands partis, c’est pourquoi elles constituent l’essentiel des abstentionnistes et des électeurs du Front national.

    Une partie de la France fragile vit également dans les métropoles, et notamment dans les banlieues. Vous écrivez que la société est « sur le chemin d’un modèle communautaire »…

    C. G. Oui, bien que les élus refusent de l’admettre publiquement, les grandes métropoles sont les territoires les plus inégalitaires où cohabitent des classes populaires immigrées et des classes supérieures dominantes. La diversité culturelle participe au brouillage des différences entre classes. La lutte des classes pour l’égalité sociale laisse ainsi la place à un combat pour la diversité qui quelque part légitime les inégalités.

    La question sociale se déplace vers la question ethnoculturelle sans être toutefois assumée par les élus qui ont tendance à laisser aux fonctionnaires de terrain le soin de gérer les tensions communautaires.

    Le Courrier des maires et des élus locaux

    http://fortune.fdesouche.com/336869-christophe-guilluy-geographe-la-france-peripherique-represente-60-de-la-population-mais-elle-est-invisible-aux-yeux-des-elites#more-336869

  • " Il faut refaire de la culture un objet de désir…"

    Entretien avec Renaud Camus sur Boulevard Voltaire - Le classement PISA révèle un enseignement en perte de vitesse et six Français sur dix estiment aujourd’hui que nos services publics pourraient être plus efficaces tout en employant moins de fonctionnaires… Cette France que tout le monde nous enviait est en train de prendre l’eau ?

    Renaud Camus - Je ne suis pas sûr que tout le monde nous enviait, c’est un peu un mythe français, cela. Mais que le pays soit en train de prendre l’eau, c’est l’évidence. Vos lecteurs connaissent mes vues sur le pire de nos malheurs, le changement de peuple et de civilisation, et sur son rôle déterminant dans tous les autres. Cela dit, il n’est pas la cause de tout : il est aussi la conséquence de bien des relâchements, qui l’ont permis et qu’il ne fait qu’accélérer. Je pense d’abord à l’effondrement du système scolaire, même si le classement PISA est lui-même très idéologique et procède d’une conception de l’éducation qui opère ses propres ravages. Mais plus largement, c’est la nature de la relation du peuple à la patrie, à l’État, à la chose publique qui a changé. Je crois à une très grande inégalité des états de civilisation face à l’exigence politique, au contrat social, au pacte d’In-nocence — les points les plus élevés ayant été atteints, peut-être, en l’Athènes de Périclès, la Hollande du Siècle d’or et de diverses époques, l’Angleterre churchillienne, etc. ; les exemples ne manquent pas. Ce que j’appelle soi-mêmisme, l’exigence enfantine d’être soi quoi qu’il en coûte à la société et d’abord au voisinage, l’incivisme, la dévaluation de la parole – à commencer, bien sûr, par celle des gouvernants –, le rôle destructeur d’un égalitarisme fatal à toute exigence intellectuelle ou culturelle, l’obsession des droits et la récusation permanente des devoirs – qui sont toujours pour les autres –, tous ces défauts, que nos colonisateurs, en général, présentent à un degré encore plus marqué que nous autres indigènes, font un pays ingouvernable, pas seulement par sa classe politique mais par lui-même. Toute reconquête de soi ne pourrait être menée qu’en parallèle à une reculturation accélérée. [...]

    La suite ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Il-faut-refaire-de-la-culture-un

  • Le texte original du « Livre des Constitutions maçonniques » publié aux Éditions Dualpha

    Entretien avec Philippe Randa, préfacier et éditeur du Livre des Constitutions maçonniquesdu Dr James Anderson, éditions Dualpha.

    (propos recueillis par Aliénor Marquet)

    Tout a été dit ou écrit sur la Franc-Maçonnerie, non ?

    Chaque année fleurissent dans les kiosques de nouvelles pseudo-révélations toujours plus extraordinaires, mais certains – maçons comme anti-maçons – ne s’en lassent pas ! Ses «secrets» sont bien souvent au centre de toutes les fascinations comme de toutes les animosités.Ce n’est pourtant pas le nombre excessif d’écrits de tous genres et de toutes valeurs qui manquent pour décrire les différentes obédiences, les différents rites, énumérer ses membres les plus illustres et son histoire glorieuse autant que malheureuse, voire sulfureuse.

    Alors, quelle importance revêt le Livre des Constitutions maçonniques ?

    C’est LE livre que tout le monde cite, dont tout Maçon a entendu parler – forcément – mais que peu de monde, finalement, a lu. Ce livre s’intitule aussi Les Constitutions d’Anderson, du nom de son auteur James Anderson.Ce pasteur écossais fut en effet mandaté par la Grande Loge unie d’Angleterre en septembre 1721 pour extraire des Archives tout ce qui pouvait se mettre par écrit, touchant l’Histoire, les Statuts et les Règlements de l’ancienne Confraternité. Il devait écrire une histoire de la Franc-Maçonnerie, somme toute. Ce livre est considéré par les Francs-Maçons du monde entier comme le texte fondateur de la Franc-Maçonnerie moderne.

    De quoi s’agit-il plus précisément ?

    Les Constitutionssont un code prescrivant à ses membres la croyance en Dieu, la pratique de la religion, de la solitude, du secret et la soumission au Pouvoir.Elles ne contiennent pas seulement les Landmarks (repères) bien connus ; elles renferment également un long historique de l’Art Royal… et quatre chansons. L’édition Dualpha que je préface est la reproduction du texte original anglais de 1723, accompagnée d’une traduction française, d’une introduction et de notes et publiée par Mgr E. Jouin.

    Leurs publications ne firent pourtant pas l’unanimité chez les Francs-Maçons ?

     Elle provoquèrent dès leur naissance, puis en fonction des corrections qui y furent apportées, des polémiques historiques et politiques ; polémiques qui existaient, sans doute, dès leurs élaborations et leurs écritures. En fait, ces polémiques sont motivées par la lutte entre les Orangistes protestants et les stuardistes catholiques, soit un épisode de la querelle entre la Réforme et la Contre-Réforme.Les Loges traditionnelles ont accueillis extrêmement négativement les Constitutions et des pamphlets virulents fustigèrent son auteur, le Pasteur Anderson et son commanditaire, le  Pasteur Désaguliers, un huguenot français chassé par la révocation de l’Édit de Nantes, véritable inspirateur de la Franc-Maçonnerie moderne.

    L’Église romaine s’en est aussi mêlée…

    Avec ces Constitutions, Rome a considéré que la Maçonnerie s’était «décatholicisée» et on peut considérer que date de leurs publications son projet de condamnation de la Maçonnerie.

    Les polémiques nées dès la première parution de ces Constitutions sont-elles toujours d’actualités dans le Monde maçonnique ?

    Toujours… Ces polémiques se concrétisent par l’existence des différentes obédiences et des multiples loges indépendantes… Toutes ont leurs interprétations propres et cela permet de mieux comprendre les tensions toujours actuelles dans la Franc-Maçonnerie.

    Livre des Constitutions maçonniques du Dr James Anderson, Éditions Dualpha, collection « Insolite », préface de Philippe Randa, 274 pages, 29 euros.
    http://www.francephi.com