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entretiens et videos - Page 839

  • LMPT : 3 questions à Ludovine de La Rochère

    Le 23 novembre à Nantes, puis le 8 décembre à Paris, le 14 décembre à Bordeaux et enfin le 15 décembre à Blois, Montpellier et Versailles, la Manif Pour Tous a organisé de nouvelles manifestations. Quel est le sens de ces mobilisations qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes ?

    3Ludovine : Les projets pro-LGBT et anti-famille de Hollande et de son gouvernement continuent d’avancer masqués avec le souci de ne pas effrayer l’opinion. La Manif Pour Tous poursuit donc ses actions. Nos objectifs sont bien-sûr inchangés : il s’agit d’éviter définitivement la libéralisation de la PMA et la légalisation des mères porteuses (GPA), - qui créeraient des orphelins de naissance et conduiraient à la marchandisation de l’enfant et de la femme –, d’empêcher la diffusion de la culture du gender - en particulier dans les écoles et en crèche -, et bien-sûr de maintenir la pression sur tous les partis pour qu’au prochain changement de majorité la loi de mariage et d’adoption pour les couples de même sexe soit abrogée (sans rétroactivité).

    4J’ajoute que, depuis plus d’un an maintenant, le combat de La Manif Pour Tous est fondé sur le père, la mère et l’enfant, c’est-à-dire la famille. C’est pourquoi elle s’oppose aussi, avec détermination, à tous les projets anti-familles en cours de préparation : statut du beau-parent – qui mettra parents et beaux-parents sur le même pied-, pré-majorité - qui restreindra l’autorité parentale -, remise en cause de l’adoption plénière, etc. A cela s’ajoute encore la réduction du congé parental ou encore des réformes fiscales qui auront un impact majeur sur la vie des familles. Il y a notamment la baisse du quotient familial (qui fera que plus la famille est nombreuse, plus l’augmentation d’impôt sera importante !), mais aussi la suppression d’une part fiscale pour les couples mono-actif : en clair, on veut pénaliser les familles dans lesquelles les mères s’occupent de leurs enfants !

    Il ne s’agit donc pas, comme je l’entends parfois, de défendre des intérêts qui seraient catégoriels (d’ailleurs la famille concerne tout le monde, c’est n’est pas une « catégorie »), mais de s’opposer à la mise en œuvre d’une politique anti-famille qui utilise la fiscalité comme levier puissant. Autrement dit, ces réformes fiscales sont purement idéologiques. De fait, comme l’attestent notamment les propos de M. Peillon, nos gouvernants n’aiment pas la famille. Ainsi qu’ils l’ont montré l’an dernier, ils préfèrent des individus sans lien, sans attache, sans racine, sans père ou mère…

    La Manif Pour Tous vient d’annoncer une grande manifestation le dimanche 2 février à Paris et dans d’autres capitales : quel est le sens de cette nouvelle mobilisation ?

    5Ludovine : La Manif Pour Tous, ce sont tous ceux qui ont défilé dans la rue. En un an, ils ont bâti une opposition, mais aussi une alternative. Le début de l'année 2014 verra l'arrivée au Parlement du projet de loi famille de Dominique Bertinotti. La Manif Pour Tous prépare une contre-proposition étayée, argumentée, issue des réflexions du Grenelle de la Famille. Mais avant la présentation de cette proposition de loi famille LMPT, il y aura en effet la manifestation du 2 février. Elle aura une dimension européenne historique. En effet, la feuille de route LGBT pour les années à venir doit être adopté par le Parlement Européen le 4 février 2014. Nous ne pouvons laisser faire cela sans réagir. C’est pourquoi tous les pays membres de l’Union Européenne ont une responsabilité majeure à laquelle ils doivent répondre. La Manif Pour Tous a fait naître un mouvement qui dépasse d’ores et déjà les frontières françaises. La date du 2 février prend bien évidemment en compte les mobilisations dans les autres pays européens qui ont aussi leurs propres calendriers nationaux. Ainsi, cette manifestation pourra être commune à d’autres grands rendez-vous à Rome, Madrid, Londres, Bruxelles, Vienne, Paris, Lisbonne, etc. La dimension européenne de cette manifestation est déterminante, elle conditionne l'avenir et la place des familles pour les années à venir. En étant très nombreux le 2 février, nous montrerons notre ferme volonté de ne pas laisser passer les projets du lobby LGBT, ni au niveau national, ni au niveau international. Nous montrerons qu’une véritable lame de fond s’est levée en Europe contre tous ces soi-disant « progrès » subversifs et délirants.

    Le 26 janvier, une initiative "jour de colère" est pourtant annoncée depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. N'y a t il pas télescopage, voire même risque de division entre ces deux dates ?

    Ludovine : Les Français sont en colère. Ils le sont chaque jour un peu plus face à un gouvernement qui les méprise, les humilie, les fragilise. C'est toute la société qui est mobilisée. Au rez-de-chaussée, c'est l'emploi qui est menacé et à l'étage, c'est la famille qui est précarisée. Cela n’est donc pas étonnant qu’il y ait plusieurs manifestations prévues ! Je ne sais pas, en tout cas pour le moment, qui est à l’initiative de celle du 26 janvier. Il n’en reste pas moins qu’il y a urgence à agir pour la famille et à nous faire entendre des gouvernants en place comme de ceux qui sont susceptibles de prendre leur suite. Et puisque les projets LGBT et anti-familles concernent toute l’Europe et sont promues par ses institutions, il faut aussi agir en concertation avec tous les pays européens. Et comme l’a montré notre victoire sur la résolution Estrela, nous pouvons et nous allons gagner !

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Louis Dumont de Jour de Colère: « Nous appelons à un sursaut national,toutes tendances confondues »

     

    jdc.jpgDepuis quelques semaines, nous entendons parler d’un collectif « Jour de Colère »  et d’une grande manifestation le 26 janvier. Nous avions déjà relayé leur appel sur notre site. Nous avons souhaité en savoir plus et nous avons interrogé Louis Dumont, un des responsables…

    1) Jour de Colère… les Français sont donc en colère ?

    C’est une évidence ! Il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait un mouvement de contestation. Les sages-femmes, les pompiers, les forces de l’ordre, les mères de famille, les enseignants et étudiants de classes prépas, sans oublier bien sûr les Bonnets Rouges qui ne désarment pas ni La Manif Pour Tous qui ne lâche rien, pour paraphraser leur mot d’ordre.

    Et quand une accalmie se fait voir dans les contestations, le gouvernement alimente la gronde. Dernier élément en date, à croire qu’ils le font exprès, le rapport sur l’intégration remis à Jean-Marc Ayrault, qui en dit long sur l’estime que portent nos élites à la France, sa culture, son identité et son histoire.

    2)  Pourquoi avoir lancé un collectif pour une grande manifestation nationale ? Est-ce un moyen de rassembler tous les mécontents, au lieu de manifester chacun dans son coin ?

    Oui, il est temps d’arrêter de défiler chacun de son côté. Cette segmentation des contestations fait le jeu du gouvernement, qui les déconsidère, les minimise, voire les méprise. Voyez comment ont été traitées les sages-femmes,malmenées par les forces de l’ordre. Aujourd’hui, les points communs qui rassemblent les différents mouvements sont suffisamment nombreux pour que nous unissions nos forces et nos voix pour nous faire entendre. Jusqu’ici, nos dirigeants ont évité le phénomène de « coagulation » qu’ils craignent tant. Il faut y remédier.

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  • Renaud Camus : “Parlons d’un art de mettre les pieds dans le plat” (première partie)

    PARIS (NOVOpress) – Auteur prolifique aux affinités sélectives, diariste infatigable depuis les années 1970, Renaud Camus a basculé il y a quelques années du monde reconnu de la « culture » à l’enfer des bien-pensants où doit être plongé quiconque blasphème contre la religion officielle des droits-de-l’homme, du mélangisme et du remplacisme. Et en ces différentes matières, Renaud Camus a beaucoup pêché. Convaincus, pour notre part, qu’il lui sera beaucoup pardonné, nous sommes allés à sa rencontre.

    Vos premiers lecteurs sont, pour certains, désarçonnés par vos derniers ouvrages (essais comme journaux) et les plus récents s’étonnent de découvrir Tricks parmi la liste de vos œuvres. Quel regard portez-vous sur votre désormais longue production littéraire ? Quels fils directeurs y apercevez-vous ?
    Oh, le problème, si c’en est un, a toujours existé. Il ne se pose pas seulement dans le temps, entre telle ou telle période de mes petits travaux, mais aussi, et plutôt, à l’intérieur de chaque période, entre les styles, entre les genres, entre les types d’écriture. Pour dire les choses différemment le phénomène n’est pas seulement diachronique mais aussi synchronique. Comme Pessoa je ne souhaitais pas être un écrivain mais aurais voulu en être dix, vingt, cent, une littérature à moi tout seul (la littérature d’un petit pays, tout de même…). Mon meilleur ami prétend néanmoins, à la lecture récente du Changement de peuple, que tout était déjà dans Passage, mon premier roman, il y a quarante ans : un livre de littérature “expérimentale”, comme on disait alors, constitué pour une grande part de citations, de phrases empruntées ici ou là. J’ai été ravi de cette remarque, bien entendu, mais elle m’a tout de même beaucoup étonné. À un mouvement fortement centrifuge, une production totalement éclatée, s’opposerait donc la résistance archaïque, au centre de cette nébuleuse, d’un auteur constitué, d’une personne véritable, de quelques obsessions majeures, qui sait. Mais les lecteurs de Passage et des premières Églogues ont été très étonnés et désarçonnés par Tricks, ceux de Tricks par Manières du temps ou par Éloge moral du paraître, ceux de Travers par Roman Roi, ceux de Buena Vista Park par La Dictature de la petite bourgeoisie, et ainsi de suite. Rien qu’à l’intérieur du journal les genres et les thèmes d’intérêt les plus éloignés coexistent, parfois sur une même page. J’ai dans mon lectorat de charmantes vieilles dames aux cheveux bleus qui adorent mes jolies descriptions de paysage et de châteaux et que certaines scènes de sexe, jadis, menaient au bord de l’apoplexie et de la fureur. Des jeunes gens intellectuels, passionnés de littérature à contrainte et de recherche formelle, qui ne jurent que par L’Amour l’Automne ou par L’Inauguration de la salle des Vents, ne peuvent pas croire que j’aie pu écrire des romans aussi traditionnels de facture que Roman Roi, déjà nommé, L’Épuisant désir de ces choses ou même Loin. Des puristes de la langue, épris de Syntaxe ou de mon Répertoire des délicatesses du français contemporain, n’entendent mot à Vaisseaux brûlés ou à mes divers hypertextes. Etc. Il me semble — mais est-ce bien à moi de le dire ? — que je me suis toujours intéressé à ce dont une société ne voulait absolument pas que ce fût dit, à ce que j’ai appelé pas trop euphoniquement le reste des opérations comptables du réel. En ce sens-là il n’y a rien d’étonnant que l’auteur de Tricks soit aussi celui du Grand Remplacement. Parlons d’un art de mettre les pieds dans le plat, si vous voulez.

    Lorsque l’on parcourt vos journaux — que vous tenez avec une courageuse régularité depuis 1976 — nous trouvons plus facilement vos admirations musicales que littéraires, que lit Renaud Camus ?
    Ah, vous mettez le doigt sur un point sensible. Je me demande si je n’écris pas plus que je ne lis — pas en temps, ça, bien sûr ; en quantité de texte, en “nombre de signes”. C’est effrayant. Pour mes divers travaux simultanés, et par exemple en ce moment pour les Demeures de l’esprit, je suis obligé de lire un tas de choses diverses et je n’en viens pas à bout. Ou bien je lis pour ce que j’écris, ou bien je lis ce que l’on m’envoie, des amis, des inconnus qui aimeraient que je les aide auprès d’éditeurs (!!!!) ; et presque jamais, jamais, sauf dans une chambre d’hôpital, je ne suis en mesure de me dire : tiens je vais lire ceci ou cela parce que j’en ai envie. C’est terrible. En revanche je feuillette, je feuillette énormément, souvent des livres déjà lus, de la poésie, par exemple : c’est au fond mon rapport le plus ordinaire aux livres, aux livres des autres. Je viens de feuilleter pour la millième fois, avec beaucoup d’émotion, Le Sentiment géographique, le plus merveilleux des livres de Michel Chaillou, qui vient de mourir, dans un silence total du complexe médiatico-policier, et pourtant il n’avait pas péché contre le pouvoir remplaciste, lui. Pour les Vaisseaux brûlés, mon grand hypertexte, je feuillette comme un possédé, à la recherche de tel ou tel passage à citer, ou bien auquel faire presque imperceptiblement allusion. On passe parfois une après-midi à rechercher une phrase pour y faire une allusion en deux mots que personne ne verra, sauf peut-être, par miracle, un très improbable universitaire coréen, ou néo-zélandais, ou frankistanais spécialiste de l’enfer des bibliothèques, dans cent ans…
    Un autre rapport très agréable à la lecture, que j’ai découvert sur le tard, c’est la peinture. Depuis que je me suis mis à peindre, j’ai la chance qu’on me fasse la lecture, quand je suis dans l’atelier. En ce moment : Naissance de la noblesse, de Karl Ferdinand Werner, interminable et très confus, mais passionnant.

    Pouvez-vous revenir, si vous le voulez bien, sur l’importance qu’a la musique pour vous ?
    Il y seulement que j’aime beaucoup entendre de la musique. Quand je n’ai personne pour me faire la lecture et que je n’écris pas, je mets un disque. Je ne suis pas musicien, je ne joue d’aucun instrument, je chante quand je suis seul, ou dans l’intimité. Je ne connais rien au solfège ou à l’harmonie. En revanche je m’intéresse beaucoup au répertoire, à l’histoire de la musique, aux œuvres, aux compositeurs des pays que je visite, spécialement à la musique de chambre, au quatuor à cordes.

    Vous partagez avec Richard Millet une grande déchirure devant ce que vous nommez la “banlocalisation”, la disparition de nos paysages et de nos villages traditionnels, le chaos architectural…
    Oui, je ne peux pas me défaire de l’idée un peu folle qu’il y a un lien entre le langage et le paysage, entre la langue et le territoire. L’amour de la langue et l’amour du paysage sont deux amours forcément malheureuses, car leurs objets respectifs sont bafoués, piétinés, mis à sac, par la Grande Déculturation, la Décivilisation, l’effondrement syntaxique, la surpopulation, l’artificialisation, l’industrialisation de l’agriculture, le devenir banlieue du monde. La science la plus avancée a confirmé une intuition que j’avais depuis toujours, à savoir que les gens qui savent lire voient plus, et mieux, plus en détail, que ceux qui ne savent pas. L’œil ne remarque que ce que le cerveau peut nommer. A fortiori, la syntaxe, ce n’est pas seulement une façon d’ordonnancer la phrase, c’est une manière de percevoir la réalité et d’abord de la voir, de savoir qu’on la voit, et comment. C’est une façon de gérer le territoire et d’assurer si possible avec style, d’une façon qui ne soit pas purement utilitaire, qui ne se présente pas uniquement en termes de commodité et d’exploitation, la non-coïncidence entre le site et sa signification, l’écart, l’absence, le vide. Les problèmes que posent la pression démographique continuelle et l’exigence obsessionnelle de retombées économiques sans cesse croissantes sont aggravés par l’absence totale de culture du paysage, en France, contrairement à ce qui est le cas en Angleterre ou au Japon, par exemple. Le Français, contrairement à ce qu’il affirme par convention pure, est très peu sensible à l’espace sensible (qui sans cela n’enlaidirait pas si vite). Toujours il lui superpose l’idée, le concept, le discours, en général purement utilitaire et économique, de nos jours. Si on lui a dit une fois qu’un paysage était beau, il continue de le croire, sans vérifier, même quand le paysage en question est totalement ravagé et qu’il le traverse tous les jours. Ainsi il continue de trouver merveilleux la Provence rhodanienne, cet énorme lotissement de siporex. La dévastation des sites, la montée inexorable de la laideur, sont beaucoup plus marquées dans notre pays qu’en Grande-Bretagne, ou même en Allemagne, dans les pays du Nord. On ne peut pas incriminer le catholicisme parce que l’Autriche ou la Bavière, par exemple, également catholiques, sont beaucoup moins abîmées que l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou la France. Il semble que les civilisations nordiques, plus civiques, dans l’ensemble, mieux prêtes au pacte d’in-nocence, soient plus sensibles au rapport de l’homme avec son environnement urbanistique ou “naturel”.

    (A suivre…)

    http://fr.novopress.info/149517/renaud-camus-parlons-dun-art-mettre-les-pieds-plat/#more-149517

  • Entretien avec M. l’Abbé de Tanoüarn

    Sur Boulevard Voltaire

    Le 9 décembre, vous participiez à un colloque organisé par Fils de France sur le thème « Catholique, musulmans : partenaires ou adversaires ? », à l’occasion duquel vous avez longuement débattu avec l’imam Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux. Quelle peut être l’utilité de ce type de rencontres ?

    Abbé de Tanoüarn - La rencontre publique entre un imam et un prêtre catholique manifeste une volonté de se connaître, de ne pas rester, dans la même société, les uns à côté des autres, en s’ignorant, en entretenant toutes sortes de préjugés sur des personnes que l’on jugerait de manière purement abstraite, uniquement à travers leur doctrine. Toute rencontre signifie un respect. Pour moi le respect, c’est, au-delà de toutes les communautés, la forme laïcisée de la charité. Le respect et la charité ont le même caractère d’universalité. On ne respecte pas seulement son conjoint, ses proches, ses coreligionnaires, mais tout homme, dans la mesure où il ne triche pas avec sa propre vie. Et ce respect, que l’on doit à autrui, c’est la forme la plus élémentaire, la plus nécessaire de l’amour du prochain. Dans ce cadre d’ailleurs, j’accepterais n’importe quelle invitation.

    Si, à l’évidence, les dogmes diffèrent entre ces deux religions, existe-t-il néanmoins un socle de valeurs communes ? Et si oui, ce dernier peut-il être utile à l’apaisement de la société française, tenaillée par divers communautarismes ? [...]

    La suite ici

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Entretien-avec-M-l-Abbe-de

  • Entretien avec Roger Waters: "Les artistes doivent s’engager pour la Palestine"

     

    Screen-shot-2013-11-14-at-12.09.47-AM-750x400« Le mur a des oreilles ; conversations pour la Palestine » parle à Roger Waters, star du Rock et fondateur du groupe mythique Pink Floyd.

    LMADO: Quand avez-vous décidé de faire de « The Wall Tour » (qui a pris fin à Paris en septembre 2013) un spectacle si politique ? Et pourquoi avez-vous dédié la dernière représentation à Jean-Charles De Menezes ?

    RW : Nous avons commencé à travailler sur le contenu du spectacle en 2009 avec Sean Evans et la première a eu lieu le 14 octobre 2010. J’avais déjà l’intention d’élargir le propos politique du concert, qui ne pouvait pas, comme dans les années 79/80, se limiter aux tribulations de ce gars qui n’aimait pas ses profs. Il fallait le rendre universel. C’est notamment pour cela que nous avons rajouté « Ceux que nous aimions et qui sont tombés » (Fallen Love Ones, ndt), un assemblage de photographies de personnes mortes pendant les guerres. L’idée était d’universaliser la notion de perte et de deuil que nous ressentons tous à l’égard des membres des familles tués dans les conflits. Quelques soient les guerres et les circonstances dans lesquelles elles se déroulent, ils (peuples du monde non-occidental) éprouvent autant de douleur que nous face à la perte d’êtres chers. Les guerres deviennent un symbole majeur de par cette séparation entre « eux » et « nous », aspect fondamental de tous les conflits.

    En ce qui concerne Jean-Charles, nous avions pris l’habitude de conclure le morceau Brick II par trois solos. Je trouvais que c’était trop, je m’ennuyais à la fin de cette chanson. Alors un jour, assis dans ma chambre d’hôtel, j’ai réfléchi à une alternative. Il se trouve que quelqu’un venait de m’envoyer la photo de Jean-Charles De Menezes pour qu’on la mette sur le mur. J’avais donc son histoire en tête et je me suis dit que je devais en faire une chanson. Je l’ai écrite, apprise aux musiciens, et nous l’avons intégrée au concert.

    LMADO: De nombreux artistes disent qu’il ne faut pas mélanger l’art et la politique, que le but n’est que de divertir le public. Que leur répondez-vous ?

    RW : C’est marrant que vous posiez cette question parce que je viens de finir d’écrire un texte, qui sera un prochain album, qui y répond parfaitement. Le texte parle d’un grand-père, en Irlande du Nord, qui part avec son petit-fils à la recherche de la réponse à la question suivante : « Pourquoi tuent-ils les enfants ? » Une question qui tourmente énormément le petit garçon. Une fois que j’ai eu fini d’écrire cette chanson, il y manquait quelque chose, alors j’ai rajouté ces quelques lignes :

    L’enfant demande à son grand-père : « Alors voilà, c’est comme ça ? »

    Et le vieil homme lui répond : « Non, on ne peut pas partir sur cette note, donne-moi une autre note… »

    La chanson suivante démarre alors et le grand-père fait un discours qui dit :

    « Nous vivons sur un point minuscule au milieu d’un grand rien/ Alors si rien de cela ne t’intéresse/ Si tu es de ceux qui disent : « Roger, j’adore Pink Floyd mais je déteste tes putains de convictions politiques »/Si tu penses que les artistes doivent être muets, émasculés, bons toutous dodelinant la tête sur le tableau de bord de la vie/ Tu ferais mieux de te casser au bar tout de suite/ Parce que le temps file inéluctablement ».

    Voilà ma réponse à votre question.

    LMADO: Quand est prévue la sortie de ce nouvel album ?

    RW: Je n’en ai aucune idée. Je travaille énormément sur de nombreux projets. Demain, Sean Evans vient chez moi pour une première écoute d’une démo d’une heure et six minutes. Je dois avouer que c’est assez sérieux, pas très joyeux, mais il y a de l’humour quand même, j’espère. En tout cas, c’est extrêmement radical et pose des questions importantes. Vous savez, ça ne me dérange pas d’être le seul à poser ce genre de questions. Enfin, ce n’est pas entièrement vrai, j’aimerais évidemment que plus d’artistes écrivent sur la politique et les réalités de la situation que nous vivons.

    Même si c’est d’une manière qui pourrait être considérée « extrême ».

    Il est très important que Goya ait fait ce qu’il a fait, que Picasso ait peint Guernica, et que tous ces romans anti-guerre aient été écrits et publiés pendant et après la guerre du Vietnam.

    LMADO: Vous évoquez le fait d’être un des seuls, dans votre situation, à prendre des positions politiques radicales. Par exemple, en ce qui concerne la Palestine, vous parlez très librement de votre soutien au boycott culturel d’Israël. Ceux qui s’opposent à cette stratégie disent que la culture ne devrait pas faire l’objet d’un boycott. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

    RW: Je comprends leur opinion, et il est bon que tout le monde en ait une et puisse l’exprimer, mais je ne peux pas être d’accord avec eux. Je pense qu’ils ont entièrement tort. La situation en Israël/Palestine avec l’occupation militaire, le nettoyage ethnique, les politiques racistes et le régime d’apartheid mis en place par Israël est inacceptable.

    Les artistes ne devraient pas collaborer avec un pays qui opprime un autre peuple et en occupe les terres comme le fait Israël. Ils devraient refuser les propositions et décliner les invitations. Je n’aurais pas jouer pour le gouvernement de Vichy pendant la seconde guerre mondiale. Je n’aurais pas jouer non plus à Berlin à cette époque. Mais beaucoup l’ont fait, prétendant que l’oppression des Juifs était terminée.

    Ce n’est donc pas une situation inédite. Mais maintenant ce sont les Palestiniens qui se font massacrer. Chaque être humain devrait se demander : qu’est-ce que je peux faire ?

    Toute personne qui regarde de plus près la situation comprendra que l’alternative la plus légitime à la résistance armée est le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement et Sanctions). Lancé en 2004 à la demande de la société civile palestinienne, le BDS, aujourd’hui soutenu par la société civile globale partout dans le monde, est une forme de résistance non-violente légitime face au brutal régime d’oppression israélien.

    Je suis en train de finir la lecture du livre de Max Blumenthal «  Goliath: Life and Loathing in greater Israel ». C’est à vous glacer le sang. Le livre est extrêmement bien écrit à mon avis et Blumenthal, qui est un très bon journaliste, s’assure toujours que ce qu’il écrit est correct. Il donne également la parole à l’autre côté, les rabbins d’extrême droite en l’occurrence. Leur point de vue est tellement bizarre et extrême qu’il est difficile de croire qu’ils pensent réellement cela.

    Ils croient à des choses très bizarres, comme, par exemple, que les non-juifs ne sont sur terre que pour servir les Juifs ou que les gens qu’ils ont expulsés en 1948, et continuent de mettre dehors depuis lors, sont des sous-humains.

    Les similitudes avec ce qui s’est passé dans les années 30 en Allemagne sont tellement évidentes que je ne suis pas surpris de voir l’ampleur que prend chaque jour le mouvement pour la justice dans lequel vous et moi sommes engagés. Ce qui nous voyons en Palestine est une violation évidente des droits humains fondamentaux. Chaque être humain devrait en être informé et s’impliquer pour y remédier.

    Le Tribunal Russell sur la Palestine, par le biais duquel nous nous sommes rencontrés, faisait un travail très important en essayant de mettre tout cela en lumière.

    LMADO: Revenons sur le boycott culturel, vous n’êtes qu’une minorité de personnalités à tenir une position claire sur ce sujet. Alors que vous pourriez profiter de votre succès et mener une vie tranquille, au moins politiquement, pourquoi avoir choisi de prendre cette position radicale ? Pourquoi pensez-vous que vous soyez si peu nombreux à vous engager dans ce sens ? Et pourquoi, à votre avis, certains artistes que l’on entend souvent s’insurger contre la guerre restent-ils muets quand il s’agit de la Palestine ?

    RW: Aux États-unis où je vis, cela peut s’expliquer par deux facteurs. Premièrement, ils ont peur. Deuxièmement, l’implacable propagande qui commence dans les écoles israéliennes et se poursuit par le biais des fanfaronnades de Netanyahu est déversée sur la population américaine notamment par Fox News, mais pas seulement, également par CNN et, en fait, par tous les médias de masse. Par exemple, à mon avis, quand ils annoncent à grand cris : « Nous avons peur de l’Iran qui va avoir l’arme nucléaire », c’est comme un énorme sceau de conneries qu’ils vident dans le cerveau des citoyens crédules. C’est une tactique de diversion. Ils nous ressassent le même mensonge depuis vingt ans : « Tout ce que nous voulons c’est faire la paix ». Et ils reviennent sans cesse sur l’accord presque trouvé entre Clinton, Barak et Arafat à Camp David et qu’  « Arafat a fait complètement foirer ! », ils disent.

    Eh bien, non, ce n’est pas vrai. Ça ne s’est pas passé comme ça. Ce qui est vrai, par contre, c’est que depuis 1948 aucun gouvernement israélien n’a jamais pensé sérieusement une seule seconde créer un État palestinien. Ils s’en sont toujours tenus au plan de départ de Ben Gurion : virer tous les Arabes du pays et créer le Grand Israël.

    Ils disent donc qu’ils veulent la paix tout en faisant la guerre, ça fait partie de l’opération de propagande. Mais depuis dix ans, c’est tellement grossier et évident. Par exemple, après le discours qu’Obama a tenu au Caire sur les Arabes et les Israélien, tout le monde a dit « Wow, ça c’est un tournant, les choses vont changer ! ». Et puis Obama est allé en Israël et ils lui ont dit « Au fait, on construit 1200 logements supplémentaires dans les colonies. ». Il s’est passé exactement la même chose l’année dernière quand Kerry a annoncé « Je vais essayer de réunir les deux parties pour faire la paix. » Alors Netanyahu lui dit « Vas te faire foutre ! On construit 1500 logements et en plus on les construit en zone E1. Voilà le plan. » Leur jeu est tellement évident qu’il faut avoir un QI en-dessous de la température ambiante pour ne pas comprendre ce qui se passe. C’est tout simplement ridicule. Vous savez, j’ai lu un article dernièrement où il était écrit : « Apparemment, seul le Secrétaire d’État des États-Unis croit que les négociations de paix en cours sont réelles, personne d’autre au monde ne le croit. »

    La situation est très compliquée. C’est pour cela que vous, moi et tous ceux qui s’intéressent à leurs frères et soeurs, sans discrimination de religion, de race, de couleur ou de quoi que ce soit, devons rester solidaires.

    Et ce n’est pas facile, notamment ici aux États-Unis. Le lobby juif est très puissant en général et dans l’industrie de la musique en particulier. Je ne citerai pas de noms mais je vous promets que je connais des gens qui ont peur de se faire détruire s’ils se montrent solidaires avec moi. J’ai parlé avec certains d’entre eux qui m’ont demandé : « T’as pas peur pour ta vie ? » et j’ai répondu : « Non, je n’ai pas peur. »

    Après les attentats du 11 septembre 2001, deux ou trois membres de mon groupe, citoyens américains, ont décidé de ne pas poursuivre la tournée que nous étions en train de faire. Je leur ai demandé : « Pourquoi, vous n’aimez plus la musique ? ». Ils m’ont répondu : « Si, on adore la musique, mais nous sommes Américains, c’est dangereux pour nous de voyager comme ça, ils essaient de nous tuer. » Là j’ai pensé : « Wow ! »

    LMADO: En effet, le lavage de cerveau fonctionne.

    RW: Oui c’est évident, ça fonctionne bien. C’est pour cela que je suis content de faire cet entretien avec vous parce qu’il est important de faire autant de bruit que possible. J’étais ravi que ce journal de droite israélien, Yedioth Ahronoth, publie mon entretien avec Alon Hadar. Même s’ils l’ont sorti de son contexte et fait résonner différemment de ce qu’il a réellement été, au moins ils l’ont publié, ils ont publié quelque chose. Vous savez, je m’attendais à ce qu’ils m’ignorent complètement.

    Vous savez, il y a quelques mois, Shuki Weiss (important producteur de concerts israélien) m’a offert cent mille personnes à cent dollars le billet pour venir jouer à Tel Aviv. Je me suis dit : une seconde…. ça fait 10 millions de dollars, ça ! Comment ont-ils pu me proposer ça à moi ? J’ai pensé : Putain Shuki, t’es sourd ou juste complètement con ? Je suis membre du mouvement BDS et je n’irai jouer nulle part en Israël car ce serait légitimer les politiques de ce gouvernement !

    J’ai une confession à vous faire. J’ai écrit à Cindy Lauper il y a quelques semaines. Je n’ai pas publié la lettre, ne l’ai pas rendue publique, mais je lui ai écrit parce que je la connais un petit peu. Elle a travaillé avec moi sur The Wall à Berlin. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai beaucoup de mal à comprendre qu’elle donne un concert à Tel Aviv le 4 janvier prochain. Je trouve ça répréhensible mais je ne connais pas son histoire personnelle et les gens doivent se faire leur propre avis sur cette question.

    LMADO: Bien sûr, mais vous pouvez les y aider. En faisant ce que vous faites, je suppose. En transmettant le message, en leur écrivant, vous pouvez les aider à y voir plus clair. Je pense que c’est cela dont ils ont besoin.

    RW: Certainement, mais pour y voir plus clair il faudrait qu’ils se rendent en Terre Sainte, qu’ils visitent la Cisjordanie ou Gaza ou Israël, ou ne serait-ce qu’ils se rendent à n’importe lequel des checkpoints pour voir à quoi ça ressemble. Tout ce qu’ils ont à faire c’est visiter. Ou lire, lire un livre ! Se renseigner sur l’histoire. Qu’ils lisent le livre de Max Blumenthal et viennent me dire « Oh, tiens, je sais ce que je vais faire…. je vais aller faire un concert à Tel Aviv. » Ça serait un bon programme ! (ironique).

    source : http://lemuradesoreilles.org/

    Source  http://reseauinternational.net/2013/12/11/entretien-avec-roger-waters-les-artistes-doivent-sengager-pour-la-palestine/

    http://www.altermedia.info/france-belgique/reseauinternational/entretien-avec-roger-waters-les-artistes-doivent-sengager-pour-la-palestine_92768.html#more-92768

  • De La Manif pour Tous au Jour de Colère du 26 janvier 2014

    Le Salon Beige a interrogé François Billot de Lochner à propos des manifestations qui vont se succéder, de dimanche prochain, au mois de janvier prochain.

    Vous êtes président de liberté politique et de France Audace, serez-vous à la manifestation LMPT dimanche 15 décembre à Versailles (14H30 - Place d'Armes, près du Château) ?

    FBien sûr, je serai présent à La Manif Pour Tous ce dimanche à Versailles, comme j’étais présent à toutes les autres. Nous avions prévenu que nous ne lâcherions rien, et nous tenons parole. Nous ne sommes pas dupes de ce gouvernement, qui de toute évidence, veut détruire la cellule familiale. Le mariage homosexuel est une première étape, la partie immergée de l’iceberg. Va s’ensuivre logiquement l’ouverture de la PMA pour les femmes et la GPA, c'est-à-dire les mères porteuses, pour les hommes. Tout ceci sur fond idéologique qui nie la nature humaine. L’idéologie du genre est une aberration. Nous refusons qu’elle soit enseignée à nos enfants. Et nous refusons bien évidemment les mesures fiscales pénalisant gravement nos familles.

    Vous appelez donc vos membres à y participer?

    Nos membres sont naturellement incités à participer à chaque événement organisé par La Manif Pour Tous. L’appel au rassemblement à Versailles ne fera pas exception à la règle. Le gouvernement table sur un essoufflement de la mobilisation. Mais quand on décide de s’attaquer délibérément aux fondements de la société, il est normal et sain qu’elle se défende. Nous appellerons à descendre dans la rue autant de fois que nécessaire.

    Quelle forme, selon vous, doit prendre La Manif Pour Tous ? Doit-elle continuer sur cette ligne ?

    La Manif Pour Tous doit continuer sur cette ligne. Elle est multiforme et doit le rester. Les actions dans les rues (manifestations, rassemblements) alliées à une réflexion de fond (université d’été, grenelle de la famille) sont un bon équilibre. Le dialogue avec sa base militante doit se maintenir, comme elle l’avait fait en septembre, par son sondage auquel avait répondu plus de 40 000 personnes. Et j’invite les responsables du collectif à écouter ses militants qui sont très déterminés à ne rien lâcher, et qui ont passé un stade dans le mécontentement. Je pense qu’ils sont véritablement excédés par les politiques en cours, qu’ils en ont assez d’être méprisés par une élite déconnectée des réalités. Les bannières « familles en colère » sont un bon indicateur de l’évolution de la contestation.

    D'autres manifestations vont avoir lieu dans les prochains mois, nous entendons de plus en plus parler du 26 janvier qui sera Jour de Colère. Qu'en pensez-vous?

    JIl est évident que la segmentation des contestations fait le jeu du gouvernement. La coagulation doit se faire. Ce n’est que tous ensemble que nous réussirons à faire plier nos dirigeants qui maintiennent leur cap suicidaire coûte que coûte. J’ai lu avec intérêt le manifeste du Jour de Colère. Cette initiative citoyenne et non partisane est intéressante et mérite qu’on la soutienne. Chaque mouvement de contestation doit s’entendre avec les autres pour un grand rassemblement unitaire.

    Vous appelez donc à rejoindre les différents mouvements qui se mettent en place ?

    La pression ne doit jamais relâcher. L’heure est trop grave, les enjeux trop importants. Chaque mouvement qui se lève et lutte contre la destruction systématique des valeurs de notre pays mérite d’être suivi. Mais je pense, au risque de me répéter, que tous ces mouvements ont intérêt à s’entendre et à s’unifier sur la base de leurs points communs, qui sont nombreux, afin de peser encore plus dans le rapport de force que le gouvernement a décidé d’instaurer.

    La LMPT n'a pas annoncé participer à JDC. Pensez-vous qu'elle aurait intérêt à le faire ?

    2Je n’imagine pas une seconde La Manif Pour Tous ne pas appeler à manifester le 26 janvier. À ma connaissance, la Manif Pour Tous ne revendique pas le monopole de la contestation. Nombreux sont les mouvements qui la soutiennent. Il est donc normal qu’elle soutienne en retour les initiatives qui sont complémentaires avec son message et ses revendications. Les militants défilant derrière la bannière « Famille en colère » ont toute leur place au Jour de Colère. Et je pense qu’ils se retrouvent dans les autres points du manifeste, notamment le matraquage fiscal, pour ne citer que lui.

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  • Marine Le Pen s'engage à revenir sur la loi Taubira

    Présent sort aujourd'hui son 8000e numéro (daté de vendredi), en 30 ans d'existence.

    P

    Pour l'occasion, ce numéro est accessible en ligne. On y trouve notamment un entretien avec Marine Le Pen, dont voici un extrait :

    "Un nombre important de vos candidats aux municipales ont signé la charte de la Manif pour Tous : Gollnisch, Colombier, Boudot, Lépineau, etc. Vous confirmez vouloir abroger la loi sur le « Mariage pour tous » si vous êtes un jour au pouvoir ?

    Oui. J’en ai pris très tranquillement l’engagement. J’ai indiqué que je reviendrai sur la loi. Pour des raisons d’état de droit, je ne démarierai pas, bien évidemment, ceux qui sont déjà mariés. Il n’y a pas de rétroactivité des lois et je crois qu’il est important que nous respections ce cadre légal. Mais je reviendrai sur la possibilité du mariage homosexuel.

    — Pour quelle raison ?

    Parce que je crois que le mariage doit être réservé à un homme et à une femme. Il constitue le socle culturel et sociétal de la famille. Autant on peut envisager une amélioration du PACS, autant le mariage c’est un homme et une femme. D’autant plus que du mariage dépend l’ouverture de l’adoption et que nous sommes totalement opposés à l’adoption par des couples homosexuels. Un enfant pour se construire a besoin d’une réalité biologique. On ne peut pas lui mentir. Je crois que le mensonge est très destructeur et expliquer à un enfant qu’il est né de deux pères ou de deux mères, c’est évidemment le pire des mensonges et à mon avis le plus déstructurant.

    — Pourquoi alors n’étiez-vous pas dans la rue ? Il y a un million de personnes qui vous attendaient.

    Je ne suis pas sûre qu’ils m’attendaient. Les Français attendent d’un responsable politique qu’il prenne des engagements et qu’il les tienne. Pas tant qu’il aille manifester à leur côté. Moi j’ai très clairement dit dès le départ que cette affaire de mariage homosexuel était une diversion. Elle a été suivie d’autres diversions que j’avais également prévues. Le débat sur la prostitution, la pénalisation des clients, l’ouverture des magasins le dimanche. On multiplie comme ça les débats dits sociétaux pour cacher une réalité terrible, celle de l’effondrement économique et social de notre pays qui entraîne des souffrances considérables pour notre peuple. De surcroît c’était un enfumage auquel la droite a participé. Car aller manifester contre le gouvernement, c’était pour le gouvernement le bénéfice de dire : vous voyez je suis bien de gauche, la preuve c’est que la droite manifeste contre moi. Et le bénéfice pour la droite de dire : vous voyez qu’on est bien opposé à la gauche, la preuve c’est qu’on manifeste contre elle. Mais la réalité de ce que vivent les Français aujourd’hui pour leur malheur, c’est une coproduction UMP-PS qui avancent main dans la main depuis déjà de nombreuses années.

    — Je connais des électeurs très peu politisés qui étaient aux manifs contre le mariage homo et qui disent aujourd’hui : « On a vu ce que font les candidats FN contre le mariage gay avec la charte de La Manif pour Tous. On attend de voir ce que vont faire les candidats de l’UMP. Et on votera en fonction. »

    Mais vous verrez que les candidats UMP la signeront aussi cette charte, ça ne leur coûte pas cher.

    — Elle est quand même assez pointue : elle implique de donner son parrainage aux candidats qui s’engageront à abroger la loi sur le mariage gay (ce n’est pas le cas de Copé, déjà), à refuser la PMA aux couples de femmes et aux célibataires et la GPA quelle que soit la composition du couple. Elle implique aussi la reconnaissance pour les élus de se prévaloir de la liberté de conscience dans l’application de la loi sur le Mariage pour Tous.

    Le problème, je crois que c’est d’abord celui de la sincérité des dirigeants. Et là ces manifestants feront la différence. Quand vous voyez Copé qui s’est livré à une récupération et une instrumentalisation inouïe de ce mouvement pour aller dire six mois plus tard : « Ah mais moi je n’ai jamais été contre le mariage homosexuel, où avez-vous lu ça ? » Les élus UMP ne sont plus engagés dans un combat politique. Ils sont engagés dans un combat pour se faire réélire. Il n’y a plus aucune conviction. D’ailleurs vous n’arrivez pas à trouver deux personnes au sein de l’UMP qui pensent la même chose."

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  • Dialogues désaccordés vu par un politicien suisse

    Le tout dernier livre d’Alain Soral et d’Éric Naulleau, Dialogues désaccordés. Combat de Blancs dans un tunnel, connaît déjà un succès considérable en France mais également au-delà de ses frontières. Dominique Baettig, personnalité politique suisse et membre de l’Union démocratique du centre (UDC), a souhaité donner son avis sur cet ouvrage après l’avoir lu. Ce psychiatre de profession a abordé un grand nombre de sujets évoqués dans le livre, sans aucune censure.

     

    Propos recueillis par Alimuddin Usmani le 9 décembre 2013.

     

    Alimuddin Usmani : Dominique Baettig, quelles sont vos impressions à la suite de cette joute verbale qui oppose Alain Soral à Éric Naulleau sur plus de 200 pages ?

     

    Dominique Baettig : Lire Soral est toujours un exercice vivifiant et stimulant. Dans une époque de conformisme féroce, de dictature des droits individuels, des communautarismes et de la pensée « queer », où l’on attend l’autocensure permanente et volontaire, une telle lecture est un peu comme respirer l’air pur et frais des sommets. Le vertige saisit ceux dont l’esprit est devenu tiède et mou, sans défense morale ou intelligence du bon sens et du cœur après l’inoculation du virus du politiquement correct. Avec son allure de « Bruce Willis » franchouillard viril des banlieues, sa maîtrise fascinante du logos, son goût des mélanges détonants, son scandé de rappeur et son exercice sans modération de la liberté d’expression, il est une sorte d’antidote vigoureux et tonique à la soumission de l’idéologie dominante des médias. De plus le thème d’Égalité & Réconciliation est une dynamique géniale pour la promotion des valeurs traditionnelles et conservatrices, du bon sens commun et de l’intérêt général. Chapeau aussi à Naulleau, qui a le courage de débattre publiquement avec lui, exercice périlleux face aux maîtres censeurs, qui vont sûrement glapir…

     

    Le livre débute sur une analyse de l’affaire DSK. Quelle est votre opinion concernant ce personnage et sur l’affaire qui s’est déroulée à New York ?

     

    Je n’ai aucune sympathie particulière pour DSK. Affairiste, clanique, transnational, homme de pouvoir, consommateur compulsif de femmes, de fortune, il appartient à ce Parti socialiste qui ne se préoccupe aujourd’hui que des migrants et des minorités discriminées, après avoir oublié le peuple qui travaille, cultive, produit, entreprend. Directeur du FMI, programmé futur président de la France, son goût immodéré pour la sexualité tarifée et le droit de cuissage des « intouchables » puissants de ce monde l’ont fait tomber dans un piège… Tendu par qui ? J’avoue ne ressentir guère de compassion pour lui et la médiatisation humiliante qu’il a subie. Je n’en ai guère non plus pour sa victime opportuniste, qui a su médiatiser et monnayer les actes inadmissibles qu’elle s’est fait imposer, dans des circonstances encore peu claires.

     

    Dans le débat sur l’homosexualité, Alain Soral estime être en accord avec Freud pour dire que celle-ci est une sexualité déviante, tantôt immature, tantôt perverse, qui doit se pratiquer dans la discrétion, avec un soupçon de honte. Il pense également qu’on assiste aujourd’hui à une remise en cause de l’hétérosexualité, considérée à demi-mot comme rétrograde et réactionnaire. Où vous situez-vous par rapport à ces questions ?

     

    Oui, la position de Freud et d’autres psychanalystes (Jung, Lacan) a toujours été sans équivoque. L’homosexualité est une sexualité perverse, incomplète, immature. Elle est dans le narcissisme : amour de l’image en miroir de soi, autoérotisme, fixation au stade anal psychologique de développement de la personnalité, fixation à la mère, soumission au père, refus de la sexualité « génitalisée » d’un couple complémentaire, de sexe différencié, pour transmettre la vie dans une filiation culturellement définie. Dans l’homosexualité, on reste dans l’amour de l’image de soi, dans une image en paire (en double !) et non dans celle d’un couple, d’une famille, d’une entité qui se transcende. Le plaisir hédoniste, le divertissement pur, la lutte contre l’ennui par la fête, caractéristique de riches oisifs de la classe économique dominante, marquent cette culture du divertissement « gay » qui a les moyens financiers et techniques de surcompenser ses pratiques déviantes.

     

    Autrefois la psychanalyse avait pour fonction de définir des normes et proposer des thérapies pour celles et ceux qui voulaient se rapprocher de l’idéal de la génitalité (et non les voies incomplètes et de traverse), de l’authenticité (être vraiment soi et non pas faux-soi) et de l’autonomie (penser et agir par soi-même, s’affranchir des dépendances névrotiques et économiques). Sous l’influence du politiquement correct et de l’idéologie « queer », la psychologie a abandonné les approches traditionnelles pour pratiquer la recherche, la culture de l’excuse. Elle est devenue une manière de justifier, au nom de l’individualisme abstrait des droits individuels, la transgression qui devient intouchable, le trouble psychiatrique devenant un « passe-droit », une autorisation à s’éloigner de la règle, du bon sens général, des valeurs traditionnelles culturelles. La culture « gay », de divertissement festif et consumériste, est une nouvelle forme élaborée de marché en expansion, consommatrice en culture, en hédonisme, en possibilités techniques et médicales. La transgression culturelle et sociale est un marché (pas limité par les coûts de l’entretien d’une famille) et un pouvoir politique. La culture politique « gay » comme stade ultime de la féminisation de l’homme ?

     

    À propos du Front national, Alain Soral explique que sa diabolisation provient en grande partie du fait que le CRIF n’aime pas ce parti et qu’il n’en a pas le plein et total contrôle. Rejoignez-vous Alain Soral dans cette analyse ?

     

    La diabolisation est une arme psychologique de destruction massive qui tend à pousser ceux qui sont stigmatisés dans le camp des malades mentaux, des criminels et délinquants, des suppôts de Satan, les sorcières d’autrefois qu’on livrait au bûcher (boucs émissaires). Elle est une arme de soumission, de culpabilisation, de paralysie de la pensée critique, d’endettement moral pour toujours. La pratique des valeurs traditionnelles et démocratiques : l’amour du prochain, le pardon des péchés, la non-transmission des erreurs et des dettes à la génération suivante, l’amnistie, le droit à l’oubli, la désacralisation de la Mémoire (qui a tendance à se modifier et se transformer de manière toujours plus dramatisée, hystérique lorsqu’on doit se souvenir pour ne jamais oublier !) sont les seules antidotes efficaces .Comme l’objection de croyance et de conscience… le renoncement à la haine. Que chacun croie ce qu’il veut, mais on n’a pas le droit de l’imposer par la force à autrui. De nombreuses forces politiques ne veulent pas se priver de cet instrument qui leur donne sans aucun effort un pouvoir total de domination sur l’adversaire. Je préfère la parabole chrétienne de la brebis égarée, pour laquelle le berger consacre tous ses efforts et sa sollicitude, à la lapidation du bouc émissaire. L’humour est aussi la valeur antitotalitaire la plus puissante, comme le respect d’ailleurs. 

    Le débat entre les deux hommes s’articule pour une bonne partie autour du révisionnisme concernant la Seconde Guerre mondiale. Alain Soral rappelle à plusieurs reprises à Eric Naulleau que la loi Gayssot l’empêche d’aborder librement cette question. Estimez-vous le débat plus libre en Suisse qu’en France ?

     

    Non, les lois mémorielles s’exercent ici aussi, de manière inquisitoriale. Mais le pire, on l’a vu par exemple avec les soi-disant armes de destruction massives de Saddam Hussein, qui n’ont jamais été trouvées, c’est que même la vérité connue finalement ne change rien. Le pouvoir se maintient, puisqu’il a finalement menti pour la bonne cause (la démocratie, la tolérance, la lutte contre le terrorisme, le nationalisme, etc.). Comme pour le 11 Septembre : la version officielle n’est guère convaincante, mais faire usage de son droit à douter suscite la colère et fait suspecter et accuser de révisionnisme.

     

    Obliger à prendre la propagande officielle comme bon argent, ne pas oser discuter des détails techniques, des motifs du crime, empêcher de faire le légitime « déchoquage » psychologique (debriefing en anglais) d’un crime réel ou dramatisé, cette attitude est totalitaire. Cette pratique est juste le contraire de toutes les recommandations psychologiques pour prendre en soins les victimes de catastrophes, le droit à la transparence des faits, à l’authenticité du témoignage, à l’archivage de la mémoire. Elle empêche la réconciliation, elle empêche le deuil, elle empêche l’assimilation, l’accès à l’universalisme, le pardon. L’autocensure bien comprise, c’est ça…Le Système fonctionne comme l’URSS d’autrefois. Personne ne croit plus en l’Idéologie officielle mais il faut s’abstenir de le penser, de le dire. L’effondrement se fera en un coup…sans crier gare.

     

     

    Concernant l’idéologie moderniste, Alain Soral affirme que celle-ci est principalement portée par la franc-maçonnerie, qualifiée de religion prométhéenne et luciférienne. Regrettez-vous que la sociologie universitaire n’étudie pas de plus près ce phénomène ? Après tout, il est en rapport avec le concept de domination évoqué par Max Weber.

     

    Les techniques de domination par l’arrangement discret, en coulisses, par l’influence indirecte sont le grand problème de la démocratie parlementaire. Le droit à l’information du public, l’annonce des conflits d’intérêts de politiciens ou autres capitaines d’industrie, journalistes, banquiers, diplomates est fondamental. L’appartenance religieuse à des groupes d’intérêts, des groupes d’initiés, à des loyautés supranationales doit être connue. Après la séparation de l’Église et de l’État, la séparation de l’État et des forces historiques liées à la maçonnerie est une attente légitime. Le modèle, la gestion de la vie (avortement de confort, procréation assistée, euthanasie), des maladies par des artifices techniques, la transplantation d’organes en masse, relèvent aussi de cette culture prométhéenne qui veut transformer l’homme en son propre Dieu. Cette dérive est inquiétante.

     

    Éric Naulleau a été invité dans plusieurs émissions pour faire la promotion de ce livre, tandis qu’Alain Soral continue à être boycotté par les médias institutionnels. En son absence, les animateurs de Canal+ ne se sont pas privés de caricaturer sa pensée ou bien de le traiter de raciste ou d’antisémite. Que pensez-vous des méthodes employées par ces animateurs ? Pouvez-vous fournir une explication psychiatrique à ces agissements ?

     

    Avec les moyens de communication Internet, exclure Soral du débat public, le diaboliser comme d’ailleurs aussi Dieudonné est une erreur stratégique qui renforce sa position et son attractivité de pestiféré du Système. Si vous voulez le neutraliser, il serait plus judicieux de la normaliser et le banaliser. En psychiatrie, ça s’appelle le retour du refoulé. Plus on veut cacher et interdire, plus ce qu’il exprime ressortira fortement…

     

    Se procurer l’ouvrage sur Kontre Kulture :

     

  • Meeting LMPT à Lyon le 12 décembre

     

    François de Viviés, responsable LMPT69, répond à nos questions :

     

    Vous préparez un grand meeting à Lyon le 12 décembre à 20h à l'Espace Tête d'Or (103 boulevard Stalingrad), quel en est l'objectif ?

     

    L'objectif est de remobiliser les gens. L'apparente inefficacité des manifestations de l'an 2013, le rejet des 700 000 pétitions et finalement le passage en force de la Loi Taubira ont érodé la volonté des manifestants. Les guerres intestines entre telle ou telle personnalité par média interposés ont rajouté à ce climat de défiance et de démobilisation.

     

    C'est ainsi que beaucoup se sont assis et deviennent spectateurs des attaques sans précédents menées contre l'Enfant et la Famille.

     

    Quelles sont ces attaques ?

     

    Le premier danger est la fabrique d'orphelins via la PMA dite pour toutes et la GPA. La Loi famille préparée par Mme Bertinotti promet d'être extrêmement dangereuse, au vu des experts nommés pour l'élaborer (dont l'inénarrable Irène Théry, promotrice de la GPA). Cette loi sera soutenue par tous les apôtres de la croissance économique à tous prix, dans la mesure où elle conduira à un marché mondial du nourrisson qui représentera des milliards d'euros.

     

    Le deuxième danger concerne l'idéologie du genre, qui explique que les différences homme-femme sont des constructions sociales. Les idéologues du gouvernement ont besoin de cela pour nier la beauté de l'altérité, et proposer tous les modèles à égalité aux enfants.

     

    Le troisième danger est plus sournois, mais il vise à rééduquer nos enfants, qui appartiendraient à l'Etat (Laurence Rossignol, sénatrice PS), et qu'il faudrait arracher aux déterminismes familiaux (Vincent Peillon, ministre). La réforme des rythmes scolaires épaule cet objectif, en donnant plus de temps de cerveau disponible à cet endoctrinement, au détriment des enseignements fondamentaux.

     

    Il y a évidemment une multitude d'autres attaques, notamment fiscales, qui viennent s'ajouter à cette offensive généralisée contre la famille, cellule de base de la société. Et ces attaques viennent aussi d'instances internationales, telles la Commission Européenne, l'OMS ou l'ONU.

     

    Ne faites-vous pas la part belle à l'UMP, notamment en invitant Henri Guaino ?

     

    Henri Guaino viendra parler en son nom, et non celui de l'UMP. De façon générale, nos sympathisants n'ont plus confiance dans les partis politiques, qui exigent beaucoup de compromissions à leurs élus. Nous préférons soutenir des personnes qui s'engagent pour la Famille, quels que soient leurs partis. Ainsi, dans la région lyonnaise, nous comptons parmi nos plus fidèles soutiens des élus et des candidats indépendants ou membres de l'UDI, du PCD, de l'UMP et du FN (pour citer les plus importants). Nous appellerons à les soutenir aux prochaines élections sans souci d'étiquette.

     

    Quelles sont vos priorités à Lyon pour 2014 ?

     

    Tout d'abord, mettre un coup d'arrêt à la loi famille de Mme Bertinotti et à la diffusion de l'idéologie du genre dans nos écoles.

     

    Ensuite, devenir un vrai lobby auprès des candidats pour les faire signer la charte de la famille avant les prochaines municipales. Il faudra aussi contrôler dans la durée que les élus respectent leurs engagements et sanctionner électoralement les mauvais joueurs.

     

    Enfin, redescendre massivement dans la rue, lors de manifestations régionales ou nationales.

     

    Les manifestations n'ont pas atteint leurs objectifs en 2013, seront-elles différentes en 2014 ?

     

    La situation politique a beaucoup évolué en un an. Je ne crois pas que MM. Hollande et Valls ou que Mme Taubira soient sortis vainqueurs de cette séquence. Le fruit est mûr, il serait inconscient de ne pas aller le cueillir.

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  • Le yuan vient de dépasser l’euro : bonne ou mauvaise nouvelle pour l’économie européenne ?

    Selon la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), basée à Bruxelles, la monnaie chinoise est désormais davantage utilisée que l’euro sur l’ensemble des transactions financières dans le monde.

    Atlantico : Révélateur d’une politique monétaire de plus en plus ouverte de la part de Pékin, cette nouvelle donne peut-elle concrètement impacter la santé de nos économies européennes. Dans quelles mesures ?

    Philippe Waechter : Inversons la logique de la question en la posant ainsi : est-il surprenant que l’économie chinoise dont la taille se rapproche de celle des Etats-Unis ait une monnaie qui compte dans les transactions internationales ? La réponse est négative. Depuis une dizaine d’années, l’économie chinoise se développe rapidement. Après une période où la monnaie chinoise n’était pas un instrument monétaire internationale pour réduire les risques d’instabilité, les autorités monétaires ont changé d’orientation. Désormais, celles-ci souhaitent faire du yuan une monnaie qui compte dans les transactions. Les objectifs de convertibilité de la monnaie chinoise qui ont été exprimés au Plenum du Parti communiste au début du mois de novembre vont dans ce sens.

    En d’autres termes, la Chine a désormais une économie de grande taille et elle compte bien se développer sur tous les plans y compris sur le plan monétaire. Avec cela à l’esprit, que son poids dans les transactions commerciales s’accroisse n’est pas surprenant. Ce phénomène va prendre de l’ampleur car les nouvelles orientations prises vont se traduire par un renforcement du secteur financier. Celui-ci, si le yuan devient convertible, deviendra puissant à l’échelle internationale, bousculant l’équilibre existant.

    Les pays européens s’adaptent à cette nouvelle donne. On voit dans le rapport SWIFT que l’Allemagne est un pays important dans les transactions en yuan. Le marché et la croissance se développent en Chine et en Asie et cela peut passer par des contrats en yuan plutôt qu’en dollar. Les européens doivent s’y adapter et pour cela devenir plus attractifs. La question de l’adaptation que vous évoquez est aussi celle d’un rapport de force dans la monnaie de transaction des échanges. Celui qui est économiquement le plus attractif est aussi celui qui a le plus de facilité à imposer sa monnaie pour les transactions. La zone euro n’est pas de ce point de vue en situation de force compte tenu de sa difficulté à retrouver de la croissance et à être attractive.

    Jacques Sapir : L’annonce de SWIFT était attendue, mais l’accélération de la montée en puissance du yuan (et de la baisse de crédibilité de l’euro) est une (petite) surprise. On peut suivre, depuis 2010, les indicateurs d’une perte de confiance des investisseurs internationaux dans l’euro. Comme monnaie de réserve, auprès des banques centrales, la part de l’euro recule, non pas tant face au dollar des Etats-Unis, mais plutôt face aux « nouvelles » monnaies, comme le dollar canadien, le dollar australien…

    Mais, ce qui est aujourd’hui intéressant est que l’euro vient de perdre sa seconde place comme monnaie de transactions financières. Ceci traduit l’atonie économique de la zone euro par comparaison à la zone Asie-Pacifique, mais surtout le dynamisme bien plus grand des banques chinoises par comparaison aux banques des pays de la zone euro, qui restent largement fragilisées par la crise dans la zone euro.

    Les banques allemandes restent empêtrées dans les problèmes de l’immobilier. Le taux des prêts non-performants atteint plus de 12% de l’actif pour les banques espagnoles, et près de 11% pour les banques italiennes et portugaises. On assiste dans ces pays à une contraction du crédit qui est importante. Dans ces conditions on comprend que les grandes banques chinoises, adossées à un système de garanties publiques, sont bien plus actives dans le domaine des crédits à moyen et long terme.

    Bien entendu, ceci aura un impact sur l’activité de la zone euro, mais un impact très limité. En fait, le marché du crédit s’est déplacé sur l’Asie. C’est dans cette zone que les banques chinoises font la plus grande part de leur actif. Néanmoins, ceci implique que la concurrence chinoise, déjà importante sur les marchés des biens manufacturés, se déplace désormais dans le domaine des services financiers.

    L’euro a été pendant longtemps présenté comme le moyen de disposer d’une devise crédible et attractive dans la mondialisation. Les récents événements remettent-ils en cause cette affirmation ?

    Philippe Waechter : L’euro reste fort, il suffit de voir sa parité pour s’en rendre compte. Cependant, avec le développement rapide de la Chine l’équilibre monétaire change. Le monde tripolaire qui se dessine autour des Etats-Unis, de la Chine et de la zone euro donne de la place à la Chine à côté du dollar et de l’euro. Le dollar est historiquement la monnaie des transactions internationales, aux autres de prendre la partie restante mais pour cela il faut être attractif et aujourd’hui la Chine l’est plus que l’Europe.

    Jacques Sapir : Il est exact que l’on a présenté l’euro comme le moyen de disposer d’une devise « crédible ». Cela ne veut pas dire que l’euro l’ait été, à un moment quelconque de son histoire. Le poids international d’une devise dépend de trois facteurs : de l’importance du commerce international issu du pays dont cette devise est issue, de la confiance (ou de la « crédibilité ») de la banque centrale, enfin de la capacité à émettre des crédits libellés dans cette monnaie. En fait, l’euro a bénéficié de la « réputation » de l’ancien Deutschmark (DM). Et il est évident que si demain l’euro disparaît, le DM retrouvera l’importance qui était la sienne en 1995, avant l’euro. Il est à cet égard frappant que l’importance de l’euro comme monnaie de réserve n’ait que très peu dépassée celle, cumulée, des monnaies qui l’ont constitué. La création de l’euro n’a pas donné naissance à un mouvement important d’usage de cette nouvelle monnaie, au-delà de l’usage des monnaies des pays ayant adhéré à l’euro. En 1995, le DM représentait 15% des réserves internationales, le Franc français 4,8% et les autres monnaies environ 3,5%. Cela indique un total d’environ 23%. Or, au plus haut, l’euro est monté à 25% des réserves internationales. Cela montre que l’effet « monnaie unique » a été très limité. En fait, les concepteurs de l’euro espéraient que du simple effet de sa création, il monterait à plus de 30% des réserves internationales. Il n’en fut rien. De ce point de vue, la création de l’euro fut un échec. Elle le fut aussi par l’incapacité profonde de l’euro de protéger l’Europe des tempêtes spéculatives.

    En fait, l’euro fut en réalité la cause de la diffusion de la crise de 2007-2009, que ce soit par l’absence de règles dans la zone euro, créant ainsi une immense zone propice à la spéculation internationale ou que ce soit en raison de la faiblesse des rendements européens, faiblesse que l’euro provoqua par les conditions très restrictives qui furent imposées par la BCE, et qui provoqua l’appétit des grandes banques européennes pour les actifs « toxiques » américains.

    La montée de l’euro comme monnaie de transaction financière ne faisait que traduire le poids des banques, essentiellement françaises et allemandes, sur les marchés internationaux. Or, ces banques étant très malades du fait des opérations douteuses dans lesquelles elles ont trempé, leur dynamisme devient bien plus faible que celui des banques chinoises. C’est ce qui explique le recul, significatif, de l’euro sur ce terrain.

    Iaroslav Lissovolik, économiste en chef de la Deutschebank, a récemment déclaré que “L’intérêt porté à la monnaie chinoise [était] stimulé par le besoin réel de l’économie mondiale en nouvelles monnaies de réserve“. L’émergence du yuan peut-elle pour autant devenir un facteur de stabilité mondiale ?

    Philippe Waechter : Si les réserves de change avaient une répartition cohérente avec les pôles de croissance de l’économie mondiale alors on pourrait imaginer une dynamique globale plus équilibrée et peut être plus stable. Néanmoins, le processus pour éventuellement converger vers une répartition équilibrée n’est pas encore d’actualité. Le billet vert a toujours une forte prééminence comme monnaie de transaction et cela ne va pas changer spontanément. Par ailleurs, cette répartition plus équilibrée n’est pas généralement ce que l’on observe. La cohabitation de monnaies internationales avec une puissance et un poids proches n’a pas forcément été stable dans le passé.

    Les rapports de force sur le plan monétaire vont réapparaitre. Les Américains n’ont pas permis à l’euro d’avoir un statut fort et de prendre une place considérable tant dans les transactions que dans les réserves. Il n’en sera pas forcément de même pour le yuan chinois. Ces situations à venir devront être bien comprises pour bien appréhender la dynamique de l’économie globale.

    Jacques Sapir : Il est très clair que les pays émergents n’ont aujourd’hui confiance ni dans le dollar, ni dans l’euro, et qu’ils cherchent à constituer une nouvelle monnaie de réserve. À cet égard deux changements significatifs sont à noter depuis 2010. Le premier est que la Chine et la Russie, qui ont été les deux premiers pays à défendre cette position, sont aujourd’hui rejoints par de nombreux autres pays émergents, soit dans le cadre des BRICS, soit dans celui des accords de la zone Asie-Pacifique. Le second point important est que le rôle du yuan est en train d’émerger.

    De ce point de vue, la réticence de la Russie de voir sa dette souveraine croître au moins jusqu’à 20% (elle est actuellement à 9% du PIB) condamne le rouble comme monnaie de réserve régionale. Il semble bien que les dirigeants russes aient fait le choix de laisser le yuan devenir potentiellement une monnaie de réserve.

    L’émergence du yuan doit alors être analysée dans un contexte marqué par la montée des autres monnaies dites « périphériques ». De fait, nous sortons du duopole dollar-euro pour retourner vers un oligopole, ou le yuan bientôt taillera des croupières à l’euro comme monnaie de réserve, mais ou aussi des autres monnaies (celles du Canada, de l’Australie, de Singapour) pourraient atteindre 7% à 9% du montant global des réserves. Ceci sera, incontestablement, un facteur de stabilité du système monétaire, mais ce sera aussi la fin de l’euro.

    En effet, si des monnaies de réserves apparaissent, le poids de l’euro, qui n’est pas adossé à une puissance politique comme les Etats-Unis ou la Chine, diminuera bien plus vite que ce qu’il devrait baisser si de simples facteurs économiques dictaient le poids relatif des monnaies de réserves.

    En dépit de cette évolution, le dollar domine encore largement les transactions internationales, avec une part de 81,08% contre 8.66% pour le yuan et 6.64 pour l’euro. La part de la monnaie américaine est toutefois en baisse puisqu’elle a perdu près de 4 points depuis janvier 2012. Le yuan représente-t-il vraiment une menace pour le dollar ?

    Philippe Waechter : Non pas à court terme. On ne dispose que de trop peu de chiffres dans la durée pour savoir si passer de 84.96% en 2012 à 81.08% en 2013 est un déclin. Il faudrait avoir plus d’éléments pour conclure car est-ce 84.96 % qui est trop fort ou 81.08% qui est trop faible ? Je suis incapable de le dire.

    Si les autorités chinoises souhaitent effectivement faire du yuan une monnaie internationale et une monnaie de réserve alors au regard de la puissance de cette économie et de son dynamisme, elle prendra des parts au dollar comme monnaie de transactions. Est-ce une menace pour le billet vert ? Ce n’est pas le terme que j’utiliserais mais un rééquilibrage progressif est probable. Cependant, il prendra du temps car il va maintenant falloir faire les réformes sur le système financier chinois pour que celui-ci devienne pleinement ouvert et que le yuan soit effectivement convertible. Le plus simple a été fait sur ce point et le reste prendra du temps. Le dollar va donc conserver sa prééminence à court terme mais ce ne sera peut-être pas le cas à moyen terme si les réformes monétaires chinoises sont effectivement mises en œuvre dans l’Empire du milieu.

    Jacques Sapir : Pour l’instant le dollar, même en baisse, reste largement dominant. Cela traduit le poids de la finance étasunienne. Mais, compte tenu du soutien gouvernemental au yuan, et de la montée en puissance de la zone Asie-Pacifique, il ne serait pas étonnant que le yuan monte jusqu’à 20% voire 25%. De plus en plus de pays demandent des crédits aux banques chinoises. Leur rôle se développe même hors de leur habitat naturel, en particulier en Amérique latine.

    Mais, ce rôle du yuan restera limité, sauf si le gouvernement chinois réussi à imposer l’idée d’une nouvelle monnaie constituée d’un « panier » de monnaies existantes, avec un rôle et un poids important du yuan. De ce point de vue, les BRICS pourraient être l’institution rêvée servant de paravent à un fort développement de la monnaie et de la finance chinoise. Mais, si la Chine veut utiliser les BRICS à cette fin, elle sera obligée d’accepter une co-gestion de cette monnaie avec les autres pays émergents. Ceci pourrait d’ailleurs conférer une plus grande crédibilité, dans la mesure ou le lien gouvernement chinois-nouvelle monnaie serait plus faible, et donc la possibilité d’une instrumentalisation pure et simple, plus limitée.

    Si ce scénario se met en place, alors non pas le yuan, mais ce « panier » de monnaies au sein duquel le yuan jouerait un rôle très important, serait appelé à un bel avenir.

    Ce bond du yuan dans les échanges mondiaux semble couronner la confiance des investisseurs face au bon maintien de la croissance chinoise. L’Empire du milieu peut-il continuer sur cette lancée en dépit de mauvais chiffres à l’international ?

    Philippe Waechter : La Chine est surtout en position de force pour imposer sa monnaie dans les transactions compte tenu de son attractivité. Comme les autorités monétaires chinoises ont décidé de rendre leur monnaie plus internationale cela va se traduire a priori par un poids encore plus important dans les échanges. Le yuan pourrait tendre alors à devenir une monnaie de référence et une monnaie de réserve.

    Ce n’est pas encore le cas néanmoins mais l’orientation est prise. La Chine est toujours attractive sur le plan économique et le gouvernement chinois veut faire du yuan une monnaie convertible et donc une monnaie dont le poids à l’international pourrait tendre à se rapprocher du poids de la Chine dans l’économie mondiale. Ce phénomène pourrait être accentué par l’ensemble des réformes financières en Chine et l’ouverture que les autorités chinoises veulent privilégier pour mieux positionner l’économie chinoise dans le monde.

    Cependant, cela pose une question majeure puisqu’un poids plus important de la monnaie chinoise pourrait amener à s’interroger sur la monnaie internationale de référence. Il est assez rare d’avoir des monnaies qui cohabitent au niveau international. Il y a eu pas le passé le dollar et le sterling mais ce n’est pas forcément une période de stabilité. L’anti-loi de Gresham qui suggère que la bonne monnaie internationale chasse la mauvaise s’applique à l’échelle internationale. De ce fait peut-il y avoir cohabitation de monnaies concurrentes avec des poids proches ? On peut se le demander. Je ne suis pas sûr que les américains se laisseront faire sur cette question car la monnaie de référence reflète un poids économique mais surtout il traduit en un poids politique. Cela pourrait alors se traduire par des tensions significatives entre les deux pays.

    Jacques Sapir : Le poids de la Chine dans l’économie mondiale est tel que quelques mauvais résultats n’ont aucune importance. Ce que les investisseurs regarderont seront les garanties que le gouvernement chinois pourrait donner quant à l’absence d’instrumentalisation directe du yuan, ou d’un panier de monnaies largement basé sur le yuan.

    Atlantico

    http://fortune.fdesouche.com/337409-le-yuan-vient-de-depasser-leuro-bonne-ou-mauvaise-nouvelle-pour-leconomie-europeenne