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Europe et Union européenne - Page 799

  • « Ici le “ Régiment Azov ” » (entretien avec Olena Semenyaka pour la revue canadienne-française « Le Harfang »)

    Dans le conflit ukrainien, il est clair que la bataille de l’information a été gagnée par les séparatistes pro-russes. Utilisant les médias sociaux et les médias en ligne alternatifs comme tremplin, les séparatists ont réussi à présenter leur vision des choses et leurs revendications. La presse nationaliste francophone relaie depuis le début du conflit les écrits et comptes-rendus des forces de Novorussia.

     

    Les nationalists ukrainiens sont quant à eux rarement entendus et leur discours est souvent retransmis via les lentilles déformantes des médias de masse. C’est donc pour pallier ce manque flagrant que nous avons interrogé Olena Semenyaka, la coordinatrice du projet « Reconquista Azov », membre du service de presse du Régiment Azov, un régiment international combattant les rebelles russes.

     

    Le Harfang : Pourriez-vous vous présenter ainsi que le Régiment Azov dans lequel vous opérez ?

     

    Olena Semenyaka : Je suis une historienne de la philosophie, une membre du Club traditionaliste ukrainien et une adepte de la Révolution conservatrice, particulièrement d’Ernst Jünger. J’ai dû reporter ma thèse, car en tant qu’activiste de la droite ukrainienne, je dois mettre mes connaissances et mes contacts internationaux au service de ma nation. Mes agréables découvertes, mais également mes déceptions vous seront dévoilées dans le texte.

     

    La base du Régiment Azov est constituée de la plus vieille formation paramilitaire, Patriote d’Ukraine, et se réfère idéologiquement à l’Assemblée sociale-nationale. Lorsque les manifestations de Maidan débutèrent, les dirigeants Andriy Biletskyi et Oleh Odnorozhenko furent emprisonnés par le régime de Victor Ianoukovitch. Mais les membres de Patriote d’Ukraine étaient parmi les combattants de rues les mieux formés et prirent part aux affrontements avec les forces de l’ordre. Une des victoires de Maidan fut la libération de tous les prisonniers politiques, dont les dirigeants de cette organisation qui prirent immédiatement la tête de cette jeunesse passionnée. Ils formèrent le Corps Noir, une unité de combattants vêtus de noir qui se lança dans une guérilla contre les séparatistes pro-russes et les occupants. Ils durent improviser pour les armes et durent souvent se servir des armes saisies lors de combats.

     

    Il faut savoir que le cœur du mouvement nationaliste s’est toujours trouvé dans l’Est de l’Ukraine, dans la ville de Kharkiv plus exactement. Ce fut une énorme surprise pour les séparatistes de voir leurs voisins russophones diffuser des vidéos promettant de se débarrasser du chauvinisme qui afflige leur ville, ruinant ainsi la propagande du Kremlin à propos de la « junte russophobe » et des « rebelles de Novorussia ». En mai, les « petits hommes noirs », véritables contrepoids aux « petits hommes verts » russes, sortirent de l’anonymat et devinrent le Bataillon Azov, un bataillon spécial placé sous l’égide du ministre des Affaires intérieures. Sa première victoire fut la libération de la ville de Marioupol, ce qui empêcha les Russes de créer un corridor continental vers la Crimée. Le haut niveau de discipline, de dévouement et d’efficacité du bataillon fut apprécié du gouvernement et, à l’automne, le bataillon devint un régiment de la Garde nationale d’Ukraine, ses effectifs passant de 400 à 1 200 et étant maintenant approvisionné en armes lourdes.

     

    La propagande du Kremlin dépeint le régiment comme une organisation « nazie », terme qui signifie « russophobe », mais plusieurs Russes servent dans ses rangs. La seule force russophobe dans ce conflit est le gouvernement russe. Le régiment est également composé de Suédois, de Biélorusses, de Croates, d’Italiens, de Géorgiens, dont le souhait d’obtenir la citoyenneté ukrainienne a récemment été accordé par le gouvernement qui leur a simplifié le processus. Le Régiment Azov continue de défendre la région de Marioupol où il est très respecté par les habitants, surtout après que la ville ait été bombardée par les séparatistes le 24 janvier, bombardement qui causa 30 morts et 117 blessés. Le régiment a participé aux batailles près de Maryinka et de Ilovays. De plus, en février, il a mené la seule opération victorieuse de l’armée ukrainienne en reprenant le village de Shyrokyne que les forces pro-russes tentent de reprendre en vain.

     

    Il serait pourtant erroné de considérer le Régiment Azov comme une formation uniquement militaire. Les principes de l’Assemblée sociale-nationale furent réinterprétés, améliorés et adaptés aux défis actuels. LeCorps Civil du Régiment Azov, qu’on pourrait voir comme le noyau d’un parti politique futur, est présent à travers le pays. Plusieurs supporteurs d’Europe ont déjà visité ses locaux à Kiev et collaborent à différents niveaux. La ligne idéologique pourrait se résumer par le terme de Reconquista, un terme ayant sa propre logique de développement : aujourd’hui l’Ukraine, demain le Rus’ (révolution en russe) et l’Europe entière (ce qui signifie restaurer la volonté européenne dans toutes les sphères de la vie et réaliser le dernier souhait de Dominique Venner).

     

    Le Harfang : Plusieurs informations contradictoires ont circulé dans les médias à propos des manifestations de Maidan. Quelle fut la motivation des nationalistes qui y prirent part ?

     

    Olena Semenyaka : Le conflit opposant le régime de Ianoukovitch et les nationalistes au début de Maidan avait débuté avant Maidan avec la répression contre l’organisation nationaliste Tryzub, qui devint par la suite le noyau de Secteur Droit, le cas monté de toutes pièces des « terroristes de Vasylkivsky », l’emprisonnement d’Andriy Biletskyi, commandant du Régiment Azov, et d’Oleh Odnorozhenko, professeur en histoire, héraldiste et responsable du personnel au Régiment Azov, la suppression de l’histoire nationale et de la culture, la corruption et la mise en place d’un État policier. Ces réalités étaient celles de l’Ukraine pré-Maidan et furent la raison pour laquelle les nationalistes se joignirent aux manifestations et virent la présence d’un million d’Ukrainiens dans les rues, après le passage à tabac d’étudiants par l’unité spéciale de police Berkout, comme une opportunité de renverser le gouvernement. Sans détermination, sans expérience de combat, sans dévouement et sans coordination, les forces nationalistes n’auraient pu l’emporter.

     

    Le Harfang : Les médias de masse présentèrent souvent les manifestations de Maidan comme étant des manifestations d’appui au projet d’adhésion à l’Union européenne (U.E.), organisation considérée par de nombreux nationalistes comme néfaste pour les nations la composant. Pourquoi donc ce désir de joindre l’U.E. ?

     

    Olena Semenyaka : Il faut dire que les manifestations de Maidan n’étaient pas des manifestations pro-U.E. Avant le début de la guerre avec la Russie, nombre d’Ukrainiens idéalisaient l’U.E. comme étant lesummum de la civilisation et représentant un niveau de vie plus élevé. L’échec de l’accord avec l’U.E., qui n’est même pas dû à Ianoukovitch, fut le déclencheur de l’expression de la grogne populaire contre le régime en général. Si aujourd’hui plusieurs citoyens ukrainiens supportent de façon inconditionnelle l’U.E., c’est dû à l’ignorance et au travail des médias de masse et des fonds internationaux, mais la réalité les rattrape : les relations amicales entre l’U.E. et Poutine malgré les sanctions, les dénonciations européennes envers le nationalisme, les demandes de Bruxelles pour faire de l’Ukraine une fédération, ce qui signifierait sa partition, et l’absence d’aide concrète politique et militaire alimentent le désillusionnement et les déceptions face à l’U.E.

     

    Il faut aussi ajouter que bien que Ianoukovitch soit considéré comme une marionnette de Poutine, il n’était en aucun cas anti-occidental ou anti-U.E. Tout comme en Russie, la rhétorique anti-occidentale n’est qu’un écran de fumée destiné à camoufler la vente du pays aux intérêts occidentaux en continuant de faire croire qu’ils « se relèvent de leurs cendres ». Tous les hauts dirigeants ukrainiens, de même que les Russes, gardent leurs fonds dans des banques occidentales, envoient leurs enfants étudier à l’étranger, alors la confrontation avec l’Occident n’est que de la fiction populiste qui justifie l’expansion territoriale comme en Crimée. C’est le régime de Ianoukovitch qui a initié l’intégration à l’U.E. et c’est la force spéciale Berkout, opposée aux « pro-occidentaux » de Maidan, qui protégea la tentative de parade gay organisée par le maire de Munich. Donc les sympathies pro-européennes exprimées lors de Maidan n’étaient qu’une première tentative des Ukrainiens de se sortir du joug post-communiste des oligarques capitalistes qui fleurissent en Ukraine et en Russie.

     

    Le Harfang : Les Ukrainiens ne font-ils pas le sale boulot des Américains en minant l’influence des Russes dans une région du globe qui leur était proche ?

     

    Olena Semenyaka : Ce n’est pas parce que deux pays sont géographiquement rapprochés qu’ils cœxistent pacifiquement pour autant et ça, les voisins de la Russie impérialiste le savent mieux que quiconque. Les ambitions impérialistes de la Russie moderne sont particulièrement dangereuses, car elle sont souvent en opposition totale avec les traditions culturelles et étatistes de la Rous’ de Kiev et de son successeur direct, l’Ukraine. La Grande Principauté de Moscou, qui émergea après Kiev, fut renommée Russie par Pierre Ier en 1721 seulement et resta sous la domination de la Horde d’Or jusqu’à 1480, adoptant un modèle de gouvernement absolutiste asiatique et d’après les eurasistes eux-mêmes. C’est donc pourquoi parmi les séparatistes pro-russes, qui sont en fait des nouveaux arrivants, on retrouve des Tchétchènes, des Bouriates, des Ossètes et d’autres peuples de la pseudo-Fédération russe qui suivent les hordes du Kremlin, force anti-russe.

     

    L’Ukraine qui, durant des siècles, dut lutter sur deux fronts, notamment avec Bohdan Khmelnytskyi fit l’erreur d’accepter un protectorat russe, initialement supposé n’être qu’une alliance militaire avec le Traité de Prereïaslav en 1654, mais ce fut plutôt le début de l’assaut russe contre la souveraineté et la culture ukrainiennes dès la première révolte cosaque contre l’oppression polonaise. À partir de là, on assiste à une russification et à une réécriture impérialiste de l’histoire ukrainienne, notamment durant la période de l’Empire russe et de l’Union soviétique. Même si les Ukrainiens ont participé à l’Union soviétique, les troisHolodomor (famines créées artificiellement) sont difficiles à oublier. Ce n’est pas pour rien que beaucoup d’Ukrainiens considèrent la question de souveraineté comme étant la souveraineté face à Moscou. La Russie néo-bolchévique et impérialiste répond avec une guerre anti-ukrainienne et tente d’imposer une historiographie niant nos traditions conservatrices étatistes, affirmant que l’Ukraine n’est capable que de révoltes anarchistes contre le gouvernement et niant l’état de nation à l’Ukraine qui est le berceau des peuples slaves, présentant notre nation comme un projet occidental visant à miner les intérêts russes. Alors les fantasmes sur « le sale boulot des Américains » relèvent de la propagande anti-ukrainienne du Kremlin.

     

    De plus, c’est vraiment symptomatique des gens de droite actuels qui oublient le voile de patriotisme dont s’est drapé le bolchévisme et qui aident aujourd’hui un des co-fondateurs du Nouvel Ordre mondial, la Russie, successeur de l’U.R.S.S., à diviser le plus grand pays européen, pays qui est en train de vivre une renaissance nationale. Heureusement, beaucoup de pays européens qui appartiennent à l’axe géopolitique Nord – Sud (Lituanie, Pologne, Géorgie et même Bélarus, supposé dépendre de la Russie) nous aident à regagner notre territoire national et notre souveraineté. Il y a aussi des Russes qui considèrent l’Ukraine comme la Rous’ originelle et souhaitent vaincre la Horde d’Or du Kremlin et libérer leur pays d’origine.

     

    Le Harfang : Comment expliquez-vous que des politiciens occidentaux s’opposant au nationalisme dans leurs pays supportent les nationalistes ukrainiens ?

     

    Olena Semenyaka : Ils supportent l’image médiatique de l’Ukraine pro-U.E. et ne connaissent rien de notre histoire ou de la complexité des aspirations de ceux qui ont participé aux manifestations de Maidan, qui avaient le potentiel pour devenir une véritable révolution nationale, une révolution qui fut interrompue par l’annexion de la Crimée par la Russie. De plus, ils ne supportent pas l’Ukraine par des actions concrètes, car l’Ouest ne souhaite pas une Ukraine forte et indépendante. Cela relève de la lutte entre deux entités mondialistes pour leur sphère d’influence.

     

    Le Harfang : Les troupes de l’O.T.A.N. sont présentement impliqués dans cette région, le Canada ayant récemment envoyé des troupes pour former les soldats ukrainiens. Êtes-vous équipés par l’O.T.A.N. et les soldats occidentaux combattent-ils à vos côtés ?

     

    Olena Semenyaka : Même si les citoyens canadiens et particulièrement la diaspora ukrainienne ont beaucoup aidé en envoyant des denrées alimentaires et des fonds, l’aide occidentale est fortement exagérée par les médias qui souhaitent apaiser les citoyens. Les États-Unis ont envoyé de l’aide financière et un peu d’aide militaire, mais leur attitude est plutôt passive, alors les frappes préventives russes contre une ingérence américaine ne sont qu’une façon de camoufler les vieilles ambitions impérialistes de la Russie. En ce moment, des instructeurs américains forment des soldats ukrainiens, mais ils n’ont aucun impact sur le déroulement de la guerre. Le Régiment Azov a ses propres instructeurs et volontaires étrangers, alors ça ne change rien à nos capacités.

     

    Le Harfang : Le Donbass est ethniquement russe. Notre organisation croit en l’auto-détermination et au respect des droits ethniques. Pourquoi vous opposez-vous donc à l’indépendance de ces républiques russes ?

     

    Olena Semenyaka : L’affirmation de départ est fausse; même après des tentatives de colonisation, le Donbass compte un grand nombre d’Ukrainiens et de pro-Ukrainiens, même si ceux-ci sont ethniquement russes. Après la victoire de Maidan, plusieurs unités Berkout, des politiciens pro-russes et des activistes russes, s’enfuirent au Donbass pour préparer une contre-offensive contre l’État ukrainien. C’est un des mythes du Donbass russe. Les activités des « petits hommes noirs », ainsi que la tranquillité et les sympathies pro-ukrainiennes observées dans les villes supposément russes libérées par les soldats ukrainiens au printemps dernier comme à Kharkiv, Odessa, Marioupol, Mykolayiv, prouvent que la source de violence et d’oppression est la Fédération russe et non la « junte » ukrainienne. De plus, les confessions de l’ancien leader militaire de Novorussie Igor Strelkov (Guirkine) à propos du référendum illégal de Crimée, durant lequel les troupes russes obligèrent les députés à voter en faveur de l’annexion, montrent que le référendum du Donbass, qui n’a pas atteint le quorum, fut une farce. Cela explique pourquoi l’armée russe n’occupe aujourd’hui que la Crimée, les villes de Lougansk et Donetsk ainsi que quelques villages avoisinants, alors que l’objectif initial de Novorussie était d’englober la moitié de l’Ukraine.

     

    Il faut aussi garder en tête que les territoires qui furent connus sous le nom de Nouvelle Russie ne furent pas donnés à l’Ukraine par la Russie, mais au contraire furent volés au Cosaques ukrainiens. Sur toutes les cartes, atlas et traités, ces territoires étaient identifiés comme la Zaporoguie jusqu’en 1775.

     

    Finalement, j’aimerais attirer votre attention sur les récents appels de Dmitry Dyomouchkine, président de la plus importante organisation nationaliste russe, qui s’adressait aux nationalistes du reste du monde. Dans cet appel, ils demandent aux nationalistes de faire preuve de solidarité et de ne pas appuyer Poutine. Dyomouchkine, qui a été fouillé par le F.S.B. pour une huitième fois, rappelle que le gouvernement russe actuel emprisonne même les nationalistes loyaux au régime (« Il faut une permission pour aimer Poutine »). Les nationalistes russes rappellent aussi les politiques économiques et immigrationnistes anti-russes prisent par la Fédération russe et souligne que la défense des droits des Russes d’Ukraine n’est qu’un mythe cynique : l’annexion de la Crimée et la guerre au Donbass ont eu un impact négatif sur les Russes de ces territoires, divisent les Ukrainiens et les Russes et menacent l’unité slave. Alors les nationalistes québécois qui sentent que les Ukrainiens ont raison sont tout à fait justifiés. Espérons que cette entrevue permette de clarifier les choses pour tout le monde.

     

    • Propos recueillis par Rémi Tremblay pour Le Harfang, magazine de la Fédération des Québécois de souche, vol. 3, n° 5, juin – juillet 2015.

     

    • D’abord mis en ligne sur Cercle non conforme, le 7 juin 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • Le gouvernement ukrainien s’attaque au Secteur Droit

    Depuis le début du conflit ukrainien, les nationalistes du Secteur Droit ont choisi de réagir en priorité face à la menace extérieure tout en menaçant le gouvernement ukrainien à la solde des USA d’une rébellion en cas de trahison. Le jour du choix semble approcher pour les dirigeants et les combattants. Pour l’instant les nationalistes ukrainiens ne déposent pas les armes et se démobiliseraient des lignes de front pour se rapprocher de Kiev. Attendons de voir la réaction du gouvernement.

    http://www.contre-info.com/

  • Le Comité invisible revient… par Georges FELTIN-TRACOL

    En 2007, un collectif anonyme appelé le Comité invisible publiait L’insurrection qui vient. Présentés comme issus de la mouvance d’ultra-gauche, certains de ses membres supposés, dont Julien Coupat, furent de bon matin arrêtés dans une commune rurale de Corrèze, mis en examen, détenus et accusés du sabotage d’une caténaire de ligne T.G.V., suite à la machination de Tarnac. Le pouvoir sarközyste orchestra cette manipulation politico-judiciaire pour de ténébreuses raisons. Loin de les abattre, la répression renforça la cohésion du groupe. Pendant ce temps, Le Comité invisible continuait ses travaux, d’où cette nouvelle parution : À nos amis. On y trouve un terrible constat : les insurrections sont bien venues. Mais pour quels effets notables ? 

    Ce nouvel essai polémique au style ciselé et incisif lance des affirmations osées. « Toutes les proclamations hypocrites sur le caractère sacré de l’« environnement », toute la sainte croisade pour sa défense, ne s’éclairent qu’à la lueur de cette nouveauté : le pouvoir est lui-même devenu environnemental, il s’est fondu dans le décor (p. 87). » Pis, « la vérité quant à la nature présente du pouvoir, chaque Européen en a un exemplaire imprimé dans sa poche. Elle se formule ainsi : le pouvoir réside désormais dans les infrastructures de ce monde. Le pouvoir contemporain est de nature architecturale et impersonnelle, et non représentative et personnelle (p. 83) ». Dorénavant, « la véritable structure du pouvoir, c’est l’organisation matérielle, technologique, physique de ce monde (p. 85) ». Le Comité invisible écarte par conséquent toutes les oppositions actuellement en cours.

    Versé dans les arts de la guerre, le livre se réfère autant aux stratèges officiels chinois de la Guerre hors limites, au général français Vincent Desportes, au théoricien français de la contre-insurrection, David Galula, qu’au sociologue allemand Ferdinand Tönnies ou au polémologue et philosophe militaire suisse Bernard Wicht. L’essai critique tout le monde, des droites nationales et populistes au camarade trotsko-mitterrandien Jean-Luc Mélenchon sévèrement taclé pour son occidentalisme caché. « “ Mettre l’humain au centre ”, c’était le projet occidental. Il a mené où l’on sait. Le moment est venu de quitter le navire, de trahir l’espèce (p. 33). » L’auteur exige « non un retour à la terre, mais un retour sur terre. Ce qui fait la force de frappe des insurrections, leur capacité à durablement ravager l’infrastructure de l’adversaire, c’est justement leur niveau d’auto-organisation de la vie commune (p. 89) » afin d’affronter « le pouvoir [qui], désormais, est l’ordre des choses même, et la police chargée de le défendre (p. 86) ». La prise de conscience est radicale et risque de déstabiliser les derniers abonnés de Libération. Le Comité invisible assure que, non seulement « il n’y a pas d’humanité, il n’y a que des terriens et leurs ennemis, les Occidentaux de quelque couleur de peau qu’ils soient (pp. 33 – 34) ». Alexandre Douguine écrit pour sa part que « le rejet du chauvinisme, du racisme et de la xénophobie procède d’abord chez moi d’une fidélité à la philosophie des premiers Eurasistes, qui soulignaient de façon positive le mélange de races et d’ethnies dans la formation et le développement de l’identité russe et surtout grand-russe. Il est par ailleurs une conséquence logique des principes de la géopolitique, selon lesquels le territoire détermine en quelque sorte le destin de ceux qui y vivent (le Boden vaut plus que le Blut) (1) ». Tout pacifisme est évacué parce qu’« il n’y aura jamais de paix sur la terre. Abandonner l’idée de paix est la seule paix véritable (p. 39) ». Quant au combat forcément démocratique, l’auteur le dévalue fortement : « ce n’est pas parce qu’on lutte contre un tyran, qu’on lutte pour la démocratie – on peut aussi bien lutter pour un autre tyran, le califat ou pour la simple joie de lutter (p. 53) ».

    Fort de cet ensemble d’observations, À nos amis assure que « la tradition révolutionnaire est frappée de volontarisme comme d’une tare congénitale (p. 236) ». Or Stéphane Rials ne caractérisait-il pas la droite contre-révolutionnaire comme « l’horreur de la volonté (2) » ? Que le Comité invisible en vienne à critiquer le volontarisme risque de le conduire à terme vers ce rivage bien perdu… Leur hostilité à l’État, semblable à certains penseurs contre-révolutionnaires, se complète d’une défiance accrue envers l’individu, surtout quand celui-ci devient « sur-moderne », hédoniste et narcissique 2.0. De ce fait et dans le cadre mondialisé, il paraît évident que « pour l’individu, il n’y a de liberté que surveillée (p. 128) ». En effet, « la liberté et la surveillance, la liberté et le panoptique relèvent du même paradigme de gouvernement. L’extension infinie des procédures de contrôle est historiquement le corollaire d’une forme de pouvoir qui se réalise au travers de la liberté des individus (p. 127) », ce qui signifie que le libéralisme est intrinsèquement répressif. 

    Le Comité invisible se montre ainsi prémonitoire dans la restriction croissante et subreptice des libertés. Écrit plusieurs mois avant la sinistre loi anti-terroriste Hollande – Valls – Cazeneuve – Taubira, il avertit que « l’objet de la grande récolte des informations personnelles n’est pas le suivi individualisé de l’ensemble de la population. Si l’on s’insinue dans l’intimité de chacun et de tous, c’est moins pour produire des fiches individuelles que de grandes bases statistiques qui font sens par le nombre. Il est plus économe de corréler les caractéristiques communes des individus en une multitude de “ profils ”, et les devenirs probables qui en découlent. On ne s’intéresse pas à l’individu présent et entier, seulement à ce qui permet de déterminer ses lignes de fuite potentielles. L’intérêt d’appliquer la surveillance sur des profils, des “ événements ” et des virtualités, c’est que les entités statistiques ne se révoltent pas, et que les individus peuvent toujours prétendre ne pas être surveillés, du moins en tant que personnes (pp. 115 – 116) ». Dans ce grand flicage statistique et numérique, un grand rôle revient à l’ingénieur « le spécialiste et donc l’expropriateur en chef des techniques, celui qui ne se laisse affecter par aucune d’entre elles, et propage partout sa propre absence de monde. C’est une figure triste et serve (pp. 125 – 126) ». À son exact opposé se trouve le hacker qui « se demande “ comment ça marche ? ” pour en trouver les failles, mais aussi pour inventer d’autres usages, pour expérimenter. Expérimenter signifie alors : vivre ce qu’implique éthiquement telle ou telle technique (p. 126) ». Il y a dans cette figure le croisement du flibustier et de l’informaticien génial. Il se doit cependant s’appuyer sur des assises physiques solides. Lesquels ? Survient alors la belle surprise de l’essai. « À défaut de pouvoir puiser dans la tradition révolutionnaire […], on peut s’en remettre à la mythologie comparée (p. 237). » Et d’oser invoquer Georges Dumézil ! Certes, il le relise et l’accommode à leur manière. « Omettons la hiérarchie entre les “ fonctions ” et parlons plutôt de dimensions. Nous disons ceci : toute puissance a trois dimensions, l’esprit, la force et la richesse. La condition de sa croissance est de les tenir toutes trois ensemble. En tant que puissance historique, un mouvement révolutionnaire est ce déploiement d’une expression spirituelle – qu’elle prenne une forme théorique, littéraire, artistique ou métaphysique -, d’une capacité guerrière – qu’elle soit orientée vers l’attaque ou l’autodéfense – et d’une abondance de moyens matériels et de lieux (pp. 237 – 238). » 

    Le recours à Dumézil peut être salutaire d’autant que « nous ne vivons pas, depuis 2008, une brusque et inattendue “ crise économique ”, nous assistons seulement à la lente faillite de l’économie politique en tant qu’art de gouverner. L’économie n’a jamais été ni une réalité ni une science; elle est née d’emblée, au XVIIe siècle, comme art de gouverner les populations (pp. 108 – 109). » Que faire alors ? Mieux, « comment s’arracher à présent à l’attraction du local ? (p. 229) » puisque l’auteur n’oppose pas le mondial au local : il les récuse simultanément ! « Nous partons d’un tout autre   présupposé : pas plus qu’il n’y a de “ nature ”, il n’y a de “ société ”. […] Pas de société, donc, mais des mondes (p. 195). » « Il y a tout à perdre à revendiquer le local contre le global, justifie-t-il. Le local n’est pas la rassurante alternative à la globalisation, mais son produit universel : avant que le monde ne soit globalisé, le lieu où j’habite était seulement mon territoire familier, je ne le connaissais pas comme “ local ”. Le local n’est que l’envers du global, son résidu, sa sécrétion, et non ce qui peut le faire éclater (pp. 190 – 191). » Le local « est une contraction du global, que l’on fait consister ou non (p. 191) ». Face à « l’État [qui] est la mafia qui a vaincu toutes les autres, et qui a gagné en retour le droit de les traiter en criminelles (p. 192) », il importe de valoriser d’une manière discrète la commune, ce « pacte de se confronter ensemble au monde. C’est compter sur ses propres forces comme source de sa liberté. Ce n’est pas une entité qui est visée là : c’est une qualité de lien et une façon d’être au monde (pp. 201 – 202) ». Elle « revient au moment même où l’État et la bourgeoisie s’effacent comme forces historiques (p. 200) ». Puisque « la plupart de nos belles démocraties occidentales sont devenues des régimes policiers parfaitement décomplexés, tandis que la plupart des régimes policiers de ce temps arborent fièrement le titre de “ démocratie ” (p. 64) », faut-il se séparer territorialement ? « Faire sécession, c’est habiter un territoire, assumer notre configuration située du monde, notre façon d’y demeurer, la forme de vie et les vérités qui nous portent, et depuis là entrer en conflit ou en complicité. […] Faire sécession, c’est rompre non avec le territoire national, mais avec la géographie existante elle-même. C’est dessiner une autre géographie, discontinue, en archipel, intensive – et donc partir à la rencontre des lieux et des territoires qui nous sont proches, même s’il faut parcourir 10 000 km (pp. 186 – 187). » Dans son premier essai de géopolitique, Aymeric Chauprade défendait déjà cette géographie politique mondiale en archipels culturels (3).

    Qu’on ne s’étonne pas si le Comité invisible entend repenser la guerre et non l’éviter. « La guerre n’est pas le carnage, mais la logique qui préside au contact de puissances hétérogènes. Elle se livre partout, sous des formes innombrables, et le plus souvent par des moyens pacifiques. S’il y a une multiplicité de mondes, s’il y a une irréductible pluralité des formes de vie, alors la guerre est la loi de leur co-existence sur cette terre (p. 140). » L’essai marque son intérêt pour la géopolitique grecque antique et la polis. L’auteur collectif célèbre « la démocratie athénienne [qui] est une démocratie hoplitique. On y est citoyen parce que l’on y est soldat, d’où l’exclusion des femmes et des esclaves (pp. 137 – 138) ». L’autre référence qui change des habituels théoriciens de « gauche » est la Res Publica à Rome. L’essai rappelle qu’« être libre et être lié, c’est une seule et même chose. Je suis libre parce que je suis lié, parce que je participe d’une réalité plus vaste que moi. Les enfants des citoyens, dans la Rome antique, c’étaient des liberi : c’était, au travers d’eux, Rome qui grandissait. C’est dire si la liberté individuelle du “ je fais ce que je veux ” est une dérision, et une arnaque (p. 129) ». 

    Fustigeant au passage les thèses du doctrinaire gauchiste italien Antonio Negri et Michael Hardt ainsi que les « délires de Proudhon (p. 210) », À nos amis n’hésite pas à souhaiter le Polémos et à son « combustible » premier, le peuple et ses fureurs populaires. D’ailleurs, « “ populaire ” vient du latin populor, “ ravager, dévaster ” (p. 54). » La conflictualité est une part inhérente à l’être humain comme le soulignent depuis longtemps les auteurs « d’en face ». « Il faut aller jusqu’à reconnaître que la guerre est en nous – la guerre sainte, disait René Daumal. La paix n’est pas plus possible que désirable. Le conflit est l’étoffe même de ce qui est. Reste à acquérir un art de le mener, qui est un art de vivre à même les situations, et suppose finesse et mobilité existentielle plutôt que volonté d’écraser ce qui n’est pas nous (p. 140). »

    Le Comité invisible constate avec lucidité que « tant que la perspective d’un soulèvement populaire signifiera pénurie certaine de soins, de nourriture ou d’énergie, il n’y aura pas de mouvement de masse décidé. En d’autres termes : il nous faut reprendre un travail méticuleux d’enquête. Il nous faut aller à la rencontre, dans tous les secteurs, sur tous les territoires où nous habitons, de ceux qui disposent des savoirs techniques stratégiques (p. 96) ». Acquérir, mieux recueillir et transmettre d’anciennes connaissances (plantes médicinales, agriculture écologique, pratiques artisanales, techniques industrieuses, etc.) constitue le point de départ indispensable de toute véritable conjuration.

    Déjà, au-delà des Alpes, CasaPound applique avec un véritable succès certaines formes préconisées de militantisme. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est, des noyaux militants N.P.D. (Parti national-démocrate d’Allemagne) implantent dans des villages des « maisons de l’identité allemande ». En Grèce, malgré la persécution policière et médiatique, Aube dorée poursuit son travail en tissant un solide maillage social. Cet essai est donc bienvenu. Observons qu’il s’intitule À nos amis et non À nos camarades. Un quelconque Didier Daeninckx de bas-étage pourrait y voir un clin d’œil à la Librairie de l’Amitié tenue à Paris au milieu des années 1960 par Europe Action ainsi qu’à l’habituelle salutation gréciste… Soyons pour une fois réactifs et conscients des enjeux. Cet essai peut nous y aider. Plus que des « intellectuels organiques », devenons enfin des militants en phase avec nos peuples. 

    Georges Feltin-Tracol

    Notes

    1 : « Qu’est-ce que l’eurasisme ? Une conversation avec Alexandre Douguine », dans Krisis, n° 32, juin 2009, p. 153.

    2 : cf. Stéphane Rials, « La droite ou l’horreur de la volonté », dans Révolution et Contre-Révolution au XIXe siècle, D.U.C. – Albatros, 1987, pp. 53 – 68.

    3 : cf. Aymeric Chauprade, L’Espace économique francophone. Pour une francophonie intégrale, Éditions Ellipses, 1996.

    • Comité invisible, À nos amis, La Fabrique (64, rue Rébeval, 75019 Paris), 2014, 242 p., 10 €.

    http://www.europemaxima.com/

  • Entrevue #20: Gabriele Adinolfi à propos de l'actualité européenne

    1) Le Cercle Non Conforme : La Grèce est au cœur de l'actualité. Quel est votre sentiment sur la stratégie de Tsipras et quelles solutions voyez-vous pour la Grèce et l'Europe?

    292120785.jpgGabriele Adinolfi: Tsipras n'a aucune stratégie. Il répond à deux patrons: son principal sponsor, Soros, qui finance Syriza depuis 2012, c'est à dire qu'il a été transformé en un cartel electoral efficace, et puis sa base qui est formée par les fonctionnaires parasitaires. C'est plutot le FMI, que Tsipras, qui dicte la ligne en Grèce. Tsipras, commis des banquiers, en particulier des WASP, joue son rôle dans la comédie, exactement comme le font en Italie Grillo, en Espagne les harpies de Podemos et en Angleterre Farrage. Tous des fantoches de Soros et/ou de Rotschild.

    Pour l'instant, gérée comme elle l'est, la Grèce n'a pas d'issue: elle sera ruinée hors de l'€uro et dans l'€uro. Comme le dit très justement l'Aube Dorée, qu'on continue de nous montrer comme un mouvement d'excités, mais qui est, tout au contraire, l'un des rares partis politiques concrets et sérieux dans tout l'Occident, il faut d'abord changer de politique économique et sociale en Grèce et après discuter du sexe des anges.

    2) Le C.N.C : Êtes-vous favorable au maintien de l'€uro et comment voyez-vous l'avenir de l'Eurozone?

    G.A. : Dans mon livre de poche L'Europe, sorti ce printemps par Synthèse Nationale [NDLR: lire notre chronique ICI et voire la vidéo de la conférence à Bruxelles ICI) j'écrivais:

    “Quant à moi, je suis favorable au maintien de l’€uro mais avec d’autres paramètres. S’agissant ici d’une proposition dynamique, nous éviterons de nous fossiliser, en laissant place à d’autres solutions pourvu qu’elles répondent à la même logique.

    Partons de la BCE et du SEBC qui représentent respectivement la locomotive de l’UE et l’organe d’émission monétaire auquel participent les banques nationales (ainsi sont-elles nommées).

    Il est inacceptable que la BCE soit un organe indépendant de la politique et qui n’ait l’obligation de garantir la dette publique des nations européennes qui ne sont pas absorbées par les marchés.

    Pour sa réforme nous nous approprierons quelques propositions.

    On peut proposer par exemple l’élection de la majorité des membres du conseil de la BCE par les parlements nationaux, faisant ainsi cesser le mensonge de l’indépendance de la BCE alors que celle-ci est totalement dépendante de divers clubs financiers. Rappelons que la banque centrale de la deuxième plus grande économie mondiale - la Chine - est totalement soumise à une nomination politique.

    En outre il est opportun de faire pression afin que l’objectif de fond de la BCE passe de « stabilité financière et contrôle de l’inflation » à « croissance du PIB », en y incluant l’équité sociale.

    En réalité l’équation devrait être tridimensionnelle : croissance économique, stabilité financière et équité sociale. Le poids des respectifs coefficients devrait être à raison de 50 : 30 : 20, compte tenu de l’actuelle pondération qui équivaut à 0 : 100 : 0.

    Il faut proposer également que la BCE garantisse toutes les émissions en monnaie.

    Nous irons même au-delà en proposant la nationalisation effective de toutes les banques nationales et par conséquent celle de la BCE même qui, de fait, n’est qu’un conseil d’administration, les BC nationales en étant les actionnaires. Ainsi, la BCE finirait par appartenir automatiquement au peuple de l’Europe Nation.

    Une logique corporative et confédérée devrait être celle de la BCE qui, comme nous l’avons déjà affirmé, devrait avoir comme objectif primaire la réquisition des titres de dette en possession étrangère afin de rendre l’Europe, ainsi que ses composantes, indépendante de l’usure et de la dictature de la caste cosmopolite.

    L’indépendance se base sur la souveraineté monétaire mais également sur celle militaire, énergétique, satellitaire, environnementale et de la santé. Il n’est guère possible qu’une telle indépendance s’obtienne sans l’instauration d’un véritable pouvoir fort.”

    Ce n'est pas tout, je suis favorable à une Europe à la fois impériale et confédérée, telle que l'avait imaginé de façon visionnaire Drieu La Rochelle il y a déjà quatre-vingt-dix ans. Une Europe des nations, des patries, mais surtout de l'esprit et d'un ADN pluri-millénaire qui fonda la civilisation. Aujourd'hui, plus qu'à l'époque où la France avait encore un sens et une force, il n'y a pas d'avenir sans un bloc de puissance, fondé sur de racines profondes, qui ne gèlent jamais.
    Je ne suis pas du tout un inconditionnel de l'€uro mais à ceux qui s’élèvent contre lui au nom d'une comptabilité petite-marchande et très provinciale, souvent dépassée par les dynamiques historiques, je rappelle que les USA ont déclaré la guerre à tous les pays, à tous le gouvernements et à tous les hommes politiques (y compris Strauss-Kahn) qui ont essayé de donner un status important à l'€uro.
    C'est contre l'Europe et non pas contre les BRICS que New York se bat en priorité. Je ne sais même pas si New York se bat réellement contre quelqu'un d'autre que l'Europe puissance en puissance.

    Quant à l'avenir de l'Eurozone, c'est à voir. Il suffit d'écouter Soros lui même et les porte-parole de Rotshchild qui nous expliquent quels sont les enjeux réels de la crise, qui ne concernent pas le peuple grec, de qui tout le monde se fout, mais l'Allemagne qu'on veut obliger à renoncer à son leadership qui se montre trop autonome vis-à-vis des Etats-Unis, vu qu'elle est favorable à l’émancipation européenne dans tous les domaines, espace compris, et qui ne veut pas renoncer à l'ouverture à la Communauté Economique Euro-asiatique. La Merkel, à la veille de l'affaire de la Germanwings, était en train d'organiser une intervention navale européenne de défense dans la Méditerranée et vers l'Afrique du Nord. Or Soros l'a dit carrément: on trouvera une solution seulement si l'Europe se durcit à l'est et si sa société est plus ouverte: c'est à dire toujours plus d'immigrés. Du reste dans le programme de Tsipras, il y a la proposition de concéder la nationalité à un million d'immigrés, avec une population de onze millions de Grecs.

    3) Le C.N.C. : Sur un autre sujet, mais qui n'en est pas moins important, quelle est actuellement votre position sur le conflit en Ukraine et sur la Russie de Poutine ?

    G.A. : Je ne reviendrai pas sur la question ukrainienne, j'ai toujours dit que la fierté d'un peuple ne se troque pas dans une logique d'intérêt, mais qu'on peut se battre tout en ayant dans la tête une issue stratégique autre que d'être les pantins d'autrui. Pour ceci j'ai toujours soutenu Pravy Sektor et le Bataillon Azov, autant que je soutiens l'Aube Dorée. Contre Poroshenko et Tsipras d'abord, et surtout ! (Lire ICI)

    Il ne faut pas trop schématiser ce qui se passe en Ukraine, ceci dit nous avons deux sujets européens qui jouent la dedans, l'un comme pacificateur: Berlin à qui nous devons les accords de Minsk, l'autre comme incendiaire: Londres qui veut pousser l'OTAN toujours plus à l'est.

    La Russie de Poutine s'arrange au jour le jour. Elle a du sa puissance à son président mais aussi au prix du gaz et du pétrole gonflé par les effets de la stratégie américaine prévue en 1997 dans le rapport Cheney et dont les Russes ont bénéficié jusqu'en 2011.Par la suite, les Américains sont passés à la vitesse supérieure et aussi à l'impérialisme énergétique. Ils sont aujourd'hui en train de coloniser dans ce sens l'Europe du sud-ouest en laissant aux Russes exclusivement le nord-est via l'Allemagne. En plus l'effondrement financier russe et la grande crise économique ont joué sur les choix tactiques du Kremlin qui n'a pas neutralisé les agissement de Soros à Kiev en favorisant au contraire que la montée de tension dès qu'elle a commencé à se manifester. La Russie a accepté en revanche un partage qui lui est assez favorable car elle laisse la partie ouest ukrainienne moins riche et plus coûteuse.
    Ceci dit la Russie cherche une issue, parce que sinon la Chine l'avalerait. Les États-Unis ne lui concéderont pas exactement un nouveau Yalta, vu que Moscou est largement tierce, dépassée par la Chine. Il ne lui reste que l'entente avec l'Europe parce que les contrats signés avec la Chine et maintenant la Turquie, l'Arabie Saoudite, etc. ne la rendent pas puissante. Ce qui se vérifierait si elle changeait de cap. Seulement, l'axe Paris-Berlin-Moscou a été cassé par la trahison française, qui persiste aussi à être commise par les pro-russes d'aujourd'hui, tel le Front de Marine qui, consciemment ou pas, se retrouve dans le parti anglais et non allemand, et donc est objectivement un parti anti-russe, quoiqu'il en dit. Parce que la seule prospective de l'Europe est d'avoir une entente positive avec la Russie, par la diplomatie et l'industrie allemande. Donc, en attaquant l'Allemagne on se résigne à être les vassaux des États-Unis.

    4) Le C.N.C. : Quelles réflexions sur l'Europe vous inspire la situation grecque et la situation ukrainienne ? Que pensez-vous du rôle de l'Allemagne et de celui de la France ?

    G.A. : Comme le dit parfaitement Soros: la Grèce rejoint l'Ukraine dans le flancs de l'Europe. Seulement à l'inverse des raisonnement simplistes qu'on a tendance à faire, c'est Syriza qui est jouée contre l'entente germano-russe et pas le contraire. Les liens entre la Russie et Syriza ne doivent pas nous duper, il s'agit d'une realpolitik de deux cotés mais à Athènes c'est Soros qui commande.Pour pacifier à l'est, l'Allemagne a du accepter de promouvoir les sanctions anti-russes, ce qui nous a nuit et qui a permis aux Américains de doubler leurs exportations vers la Russie. C'est donc une guerre contre l'Europe dans laquelle la Russie est objectivement complice mais qui est aussi contraire à ses intérêts.Or Soros nous annonce que ce n'est pas suffisant...Du reste, cette stratégie d’étouffement de l'Allemagne, qui est aussi une stratégie anti-russe, vise aussi à mettre hors-jeu le dernier pouvoir étatique, industriel et social en Europe pour assurer la domination absolue de la BCE où, personne ne le remarque jamais, les Allemands et ses alliés sont en minorité. Syriza joue contre Berlin et Moscou. Les Russes soutiennent politiquement les partis “souverainistes” anti-allemands comme le FN de Marine ou la Lega de Salvini seulement depuis qu'ils ont renoncé à la ligne euro-russe, avant ils soutenaient l'€uro et Strauss-Kahn. Les partis eurosceptiques ne sont pas payés par la Russie mais par les banques russes qui financent à un taux d'intérêt double par rapport aux taux habituels.

    Il y a beaucoup des choses à faire. Il nous faut une force révolutionnaire qui oblige l'Allemagne à prendre autrement le timon de l'Europe et non pas une dialectique réactionnaire et de clocher anti-allemande et anti-européenne.

    Regardez, l'histoire se répète, dans un autre système, cela va de soi, mais nous sommes à nouveau en '40. La force de l'Allemagne et le rêve de l'Europe ont été assurés, encore une fois, par l'accord germano-russe. Qui sert non seulement les intérêts allemands mais aussi les nôtres.
    Les Anglo-américains mettent tout en place pour que les Allemands et les Russes se combattent.
    La France, en retard historique, se divise entre un “parti” allemand et un “parti” anglais. Et c'est dommage que les nationalistes français en large partie soient séduits par une caricature gaulliste plutôt que de se comporter en “nouveau Darnand”.
    L'Allemagne commet toujours les mêmes erreurs: pas de flexibilité, aucune séduction médiatique et une insistance à convaincre les Anglais à coopérer avec elle, alors que les Britanniques la dupent et la neutralisent. L'allié traître de Berlin, l'Italie, s'apprête à la trahir de nouveau. C'est Draghi qui en principe devrait assurer la victoire anglo-saxonne contre l'Europe germano-russe. N'oublions pas enfin que dans la Pologne, les pays baltes, etc. dans lesquels subsistent la plupart des mouvements de troisième voie sur une ligne ni USA ni Russie, ce qui est prometteur.
    En pleine campagne à l'est les Anglo-américains ouvrent un front en Grèce. L'histoire sera maîtresse de vie comment l'on dit, mais personne n'en est l'élève.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2015/07/14/entrevue-20-gabriele-adinolfi-a-propos-de-l-actualite-europe-5656570.html

  • Tsipras doit désormais affronter la fronde de son camp. Vers un Big Bang du système politique grec ?

    Après avoir décroché un accord à Bruxelles, Alexis Tsipras doit affronter ses partenaires à Athènes. Ainsi, le Premier ministre va devoir mettre de côté les frondeurs de son parti, ceux qui sont opposés aux réformes douloureuses.
    Vendredi déjà, 17 députés de Syriza avaient fait défection obligeant le chef du gouvernement à s’appuyer sur l’opposition.

    Selon l’analyste économique Charalambos Gotsis :

    Cet accord représente plus de récession pour la Grèce, et des revenus plus bas pour les citoyens et ceux qui ont soutenu Syriza vont en ressentir les effets. Le Premier ministre a essayé d‘éviter ça à Bruxelles, mais n’a pas vraiment réussi.

    Plutôt que de résoudre ses problèmes politiques, l’accord qu’Alexis Tsipras a réussi à décrocher à Bruxelles les a plutôt multipliés. Et le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Grèce moderne court sérieusement le risque de devenir celui au mandat le plus court.

    http://fr.novopress.info/

  • Jean-Pierre Le Goff : « L'Europe est devenue une utopie de substitution »

    Pour le sociologue Jean- Pierre Le Goff, la crise grecque a révélé les faiblesses de l'Union européenne. Il considère que cette dernière a sacrifié la culture et la politique à la seule économie.

    La crise grecque a plongé l'Europe dans l'angoisse. Vivons-nous une crise européenne ?

    JEAN-PIERRE LE GOFF. - Sans nul doute, même si ce n'est pas la première. La façon dont on traite la crise grecque me paraît symptomatique de la façon de faire de la politique au coup par coup, en parant tant bien que mal au plus pressé, dans une optique étroitement économiste, avec une inflation de communication et de commentaires qui tournent en boucle et finissent par décourager l'envie même d'y voir clair et de penser qu'il pourrait en être autrement. Il s'agit de comprendre, par-delà la crise grecque actuelle et l'urgence, pourquoi et comment on en est arrivé là, pour en tirer des leçons qui ne soient pas seulement de circonstances.

    Comment expliquez le désamour entre les peuples dont témoignent de nombreux référendums (France, Hollande, Irlande, Grèce…) et la construction européenne ?

    L'association des peuples à la construction de l'Union est problématique. Le fait de faire revoter les peuples à un an d'intervalle, au Danemark pour le référendum sur le traité de Maastricht, en Irlande pour le traité de Nice puis celui de Lisbonne, a donné l'image d'une Union européenne construite à marche forcée, résultant de «oui» obtenus à l'arraché après des tractations. Après le rejet français du traité constitutionnel en 2005, Nicolas Sarkozy a signé deux ans plus tard le traité de Lisbonne, considéré par beaucoup comme une reprise alambiquée du traité constitutionnel. Il est vrai que Nicolas Sarkozy s'était clairement engagé dans sa campagne et que ce traité fut approuvé par le Congrès. Il n'empêche: cette façon de faire n'a pas, pour le moins, contribué à rapprocher le peuple de l'Union. Quant à François Hollande, contrairement à ses promesses de campagne, il n'a pas renégocié le traité budgétaire européen et sa capacité de «synthèse» n'a pas trompé grand monde. Sur le plan économique, une question simple mérite d'être posée: pourquoi a-t-on intégré d'emblée dans la zone euro des pays aux économies si hétérogènes? Comment a-t-on pu intégrer la Grèce, alors que l'on savait que son État avait, pour le moins, quelques difficultés à prélever l'impôt et qu'il truquait les comptes? Aujourd'hui, on se plaint de l'attitude du gouvernement grec en disant qu'il ne joue pas le jeu, oui, mais pourquoi a-t-on accepté qu'il entre dans la zone euro? Et comment peut-on passer si vite d'un discours catastrophique sur le Grexit à la reconnaissance qu'une sorte de la Grèce de l'euro est envisageable? J'attends des politiques qu'ils s'expliquent clairement sur ces questions. C'est une condition de leur crédibilité.

    Quelles sont, selon vous, les causes d'une telle «marche forcée» ?

    Elles ne sont pas, à mon sens, d'ordre essentiellement économique. Une partie des élites s'est lancée dans une fuite en avant en faisant de l'Europe une sorte d'utopie de substitution au nationalisme et au socialisme anciens, dans un moment historique particulier: après la chute du mur de Berlin, certains ont pu croire à une «fin de l'histoire», à l'entrée dans un monde pacifié régi par l'éthique des droits de l'homme et les lois du marché. La construction de l'Union européenne s'est affirmée sous cette modalité, à tel point qu'elle semblait capable de s'élargir sans contours bien précis. N'oublions pas au demeurant qu'à un moment l'intégration de la Turquie semblait pour certains hommes politiques aller de soi. La primauté donnée au libéralisme économique accompagné d'un discours général et généreux sur les «valeurs» qui s'apparentent à de bons sentiments me paraît symptomatique de la difficulté des pays européens à se réinsérer dans l'histoire et à peser significativement dans les affaires du monde. Aujourd'hui, pour une partie de la population, l'Europe n'est pas perçue comme une protection et une «chance», mais comme une sorte de cheval de Troie de la mondialisation débridée, animée par une bureaucratie tatillonne émettant des directives et des règlements à n'en plus finir et des discours idéologiques correspondant au nouvel air du temps, notamment dans les domaines culturel et des mœurs. On peut trouver que cette appréciation méconnaît certaines décisions européennes, mais on ne peut la caractériser sommairement de «populiste», en renvoyant une partie de la population dans le camp de la démagogie de l'extrême droite ou de l'extrême gauche.

    Comment restaurer le sentiment d'appartenance et de fierté européenne ?

    Je ne crois pas que l'Europe puisse prendre sens pour les différents peuples si on leur demande d'emblée d'oublier leur appartenance nationale ou de se considérer en position de surplomb vis-à-vis d'elle, comme tend à le faire une partie des élites et des administrateurs de l'Union européenne. Qu'on le veuille ou non, la nation demeure une référence identitaire centrale et le cadre premier de l'expression démocratique ; l'histoire n'avance pas sans les peuples. Un projet politique national me paraît inséparable d'une certaine vision de l'Europe et toute décision importante doit associer pas à pas les peuples et leurs représentants élus. C'est une des leçons qu'il est grand temps de tirer de la crise grecque. Reste une question essentielle qui déborde le champ de compétences des politiques: celui de l'héritage culturel qui nous spécifie par rapport au reste du monde. La construction de l'Union européenne repose sur un paradoxe: elle intervient dans un moment où des sociétés démocratiques européennes ne savent plus d'où elles viennent ni où elles vont. Après des années d'histoire pénitentielle qui nous désarment face à ceux qui veulent nous détruire, il importe de faire valoir clairement nos acquis civilisationnels qui ne se limitent pas à la liberté et aux droits individuels. Faute de ces deux conditions, politiques et culturelles, l'Europe demeurera une sorte de grand marché et de «démocratie providentielle» plutôt mal en point, avec en prime le statut d'un territoire de villégiature pour touristes du monde entier, admirant le patrimoine d'une civilisation moribonde.

    notes

    Jean-Pierre Le Goff, né en 1949, est philosophe de formation, écrivain et sociologue au CNRS. Ses ouvrages portent , sur les évolutions problématiques de la société françaises, notamment les paradoxes de Mai 68 et le gauchisme culturel. Son dernier livre La Fin du village. Une histoire française est paru chez Gallimard en 2012.

    * Dernier ouvrage paru: «La Fin du village. Une histoire française», Paris, Gallimard, 2012, 592 p., 26 €.

    Source : Le Figaro :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuFyyVAFpZvVKSEkBK.shtml

  • "Ils veulent sauver l'euro jusqu'au dernier Grec vivant"

    L'expression, employée en... 2011 par l'économiste Marc de Scitivaux, l'un des premiers à avoir anticipé les conséquences financières de la crise du subprime, peut s'appliquer à l'accord européen conclu avec la Grèce - un accord qui non seulement ne rend pas sa dette plus soutenable, mais lui fait perdre une partie de sa souveraineté :

    "La Grèce a jusqu'à mercredi soir pour légiférer sur une liste d'«actions prioritaires» qui bouscule toutes les lignes rouges dressées par Athènes depuis cinq mois. Généralisation d'une TVA alourdie et refonte du coûteux système de retraite, bien sûr. Mais aussi limitation de la souveraineté budgétaire: il s'agit, précisent les dix-neuf, «d'introduire des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapage» par rapport aux objectifs d'excédent.

    Une fois ces lois passées à la Vouli et le feu vert impératif donné par le Bundestag et cinq autres parlements (Autriche, Estonie, Finlande, Pays-Bas et Slovaquie), la discussion effective du plan de sauvetage pourra débuter. Alexis Tsipras, figure de proue de l'extrême gauche européenne, devra alors avaler d'autres couleuvres: la poursuite du mandat du FMI au-delà du printemps 2016, l'introduction de procédures de licenciement collectif inédites en Grèce, le «réexamen rigoureux» du pouvoir syndical et des négociations collectives [ndlt : et la légalisation du travail le dimanche].

    Politiquement, les mains du premier ministre, ou de son successeur, seraient liées pour trois ans. Le gouvernement «devra consulter les institutions (créancières) et convenir avec elles de tout projet législatif» lié au plan de redressement, et ce «avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement», insistent les dix-neuf. Plus de référendum, donc. La Grèce perd une partie de sa souveraineté. La troïka, officiellement réinstallée d'un même trait à Athènes, obtient des pouvoirs qui s'apparentent à ceux d'un régent."

    La mesure censée apporter de l'oxygène à la Grèce ne règlera rien. Athènes devra en effet mettre en place un fonds de privatisation dont l'objectif sera d'engranger 50 milliards d'euros : la moitié ira aux banques, et seulement un quart au service de la dette et un quart aux investissements. En attendant, la Grèce continuera d'être rachetée morceau par morceau par des intérêts étrangers, dans des proportions bien plus importantes que par le passé. Voilà ce qu'elle a déjà perdu (pour 7,7 milliards €, une paille à côté des 50 milliards qu'elle doit maintenant trouver) :

    "Après la victoire de Syriza en janvier, plusieurs ministres avaient annoncé l’arrêt de certaines privatisations, notamment celle du Port du Pirée au grand dam des Chinois qui gèrent déjà l’un des ports de marchandises. Mais Alexis Tsipras a tranché en faveur des privatisations, à l’exclusion de celles concernant les sociétés de l’eau ou de l’énergie.

    Les principales privatisations en cours sont celles de la compagnie de chemin de fer, Trainose, des ports du Pirée et de Salonique, ainsi que plusieurs marinas.

    Depuis 2011, Taiped a mené à bien une vingtaine d’opérations. La plus importante est celle de la concession de quatorze aéroports régionaux accordée en novembre 2014 à une entreprise allemande, Fraport, associée à une société grecque, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. C’est la plus grosse privatisation réalisée à ce jour.

    La vente du site de l’ancien aéroport d’Athènes, Hellenikon, un immense terrain laissé à l’abandon depuis 2004, en bord de mer, a été confié à l’une des principales grandes familles grecques, les Latsis, associée à un fonds chinois et un fonds d’Abou Dhabi, pour 900 millions d’euros. L’affaire a suscité des polémiques car le bien avait été évalué à plus de 3 milliards d’euros.

    La société de jeux, l’OPAP, a été cédée à un consortium gréco-tchèque, Emma Delta."

    Voilà quelques jours, Nigel Farage conseillait à Alexis Tsipras de quitter, la tête haute, la zone euro :

     

    Marc Scitivaux, doué pour les prédictions donc, ne disait rien d'autre en 2011, face au chef économiste de Goldman Sachs (la banque qui a non seulement aidé la Grèce à camoufler sa dette, mais a spéculé sur son dos par la suite) :

     

    Le ministre grec des Finances était prêt à prendre le contrôle de la banque de Grèce et appliquer une décote sur les obligations grecques pour obtenir un accord plus favorable, quitte à diriger le pays vers une sortie de la zone euro. Avec Angela Merkel et François Hollande, Alexis Tsipras a choisi l'euro. Pour combien de temps ? Le terme "Europe" nous vient certes de la Grèce, mais aussi celui de "chaos".

    Louise Tudy

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Tous Grecs un jour !

    C’est maintenant un problème de confiance ! Il y a quelques jours, la question pour l’Eurogroupe était de savoir si Tsipras céderait à leurs pressantes exigences. La réponse est oui. Pressé par la nécessité, il consent à accepter, la mort dans l’âme, ce qu’il refusait jusqu’ici. Même quand Merkel en rajoute toujours un peu plus. C’est bon alors ? Les fonds européens vont être débloqués pour enrayer la ruine de l’économie et la misère du peuple ? Nullement !

    Au moins la moitié de ses interlocuteurs n’a pas confiance dans le gouvernement et les élus hellènes, ils ont si souvent promis sans jamais tenir, une fois la manne recueillie ! Ne pouvant sonder ni le cœur ni les reins de Tsipras, nous ignorons s’il tiendra parole. En revanche, nous savons, par expérience, que nous ne pouvons pas faire confiance aux dirigeants européens, ceux d’hier et d’aujourd’hui. Ils n’ont pas honoré leurs promesses, ils ont abusé de la confiance des peuples, ils n’ont pas respecté leurs engagements.
    8395-P1
    Qu’on se souvienne de la campagne en faveur du traité de Maastricht, fondateur de leur Europe, et ce qu’ils nous promettaient si nous votions oui. Rocard : « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie ». Giscard : « Si le Traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » Michel Sapin : « Le traité d’Union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. » Pour ceux que ces arguments-là ne convainquaient pas, on employa la peur, dans Le Monde, Jacques Lesourne, son directeur d’alors écrivait : « Un non au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » Nous pourrions encore ajouter à ce florilège dont la lecture rétrospective est accablante. Malgré cette débauche de propagande, ils n’obtinrent qu’un oui du bout des lèvres, à 51 %.

    Si les promesses avaient été tenues, si donc l’Europe connaissait la croissance et le plein emploi, si ses citoyens étaient prospères, jamais il n’y aurait eu de crise grecque. Elle est le fruit de leurs mensonges et de leurs trahisons.
    Mais c’est aux peuples de régler la lourde note de leur impuissance et de leur incompétence ! Et les eurocrates s’obstinent : si ça ne marche pas, c’est qu’il n’y pas assez d’Europe, il faut aller plus loin ! Aujourd’hui, 64 % des Français voteraient non. Peu importe à nos dirigeants, la marche en avant vers l’abîme doit continuer. À chaque fois qu’on leur laisse la parole, les électeurs, en Grèce, en France, en Europe expriment un refus grandissant d’une Europe qui les a appauvris. Alors, à Bruxelles, on entend bien leur insuffler l’obéissance, à défaut de la confiance, à coups de trique humiliante.

    Un jour, nous serons tous des Grecs.

    Guy Rouvrais

    http://fr.novopress.info/

  • Über alles et de beaucoup

    Le drame hellène qui se joue au niveau des institutions européennes révèle des constantes de fond. Que le rideau tombe sur un happy Ending ou sur un chaos sanglant, la vraie nature des pays impliqués est apparue. Comme le disait Raymond Queneau : « Ce qu'il y a de constant sous l'écoulement de la durée, le lit du torrent des phénomènes internes, c'est la substance.»
    Il n'y a pas photo pour les PECOs. Tous les pays de l'Est sans exception sont vent debout contre la Grèce à leurs yeux paresseuse, gouvernée aujourd'hui par des communistes et autres trotskards qui puent. Ces pays ont subi le gouvernement communiste et connaissent la dialectique du double et triple langage. Le retour dans le monde libre leur a coûté très cher, et s'ils voient la lumière du jour au bout du tunnel, ils ne vont pas se le laisser boucher. Dans les PECOs sont la Bulgarie et la Roumanie, deux pays misérables au niveau de vie inférieur à celui de la Grèce mais qui ne mouftent pas puisqu'ils ne seront jamais dans l'Eurozone si les critères sont maintenus. Ils sont bien conscients quand même que l'argent englouti à Athènes n'ira ni à Sofia ni Bucarest. 

    Viennent ensuite les pays latins. Ce sont les philhéllénistes... jusqu'à un certain point, car tous sont malades, même si l'état d'agravation ou de rémission est différent pour chacun d'eux. Parmi ces pays (Portugal, Espagne, France et Italie) c'est la France qui pose problème à cause de sa taille et de ses déficits chroniques (triple déficit¹). L'incapacité de sa classe politique à réformer une République pachydermique qui a enfanté l'Etat le plus invasif du monde après les références cubaines ou nord-coréennes, est un must. Même en Chine vous avez plus de liberté qu'en France si vous ne vous occupez pas de politique. Or c'est le grand cancéreux qui veut prendre le "lead", et de posture avantageuse en mine réfléchie devant les caméras, le meilleur rôle que la pièce va nous laisser est celui de Reine des Gitans. Nous aurons tout fait pour !
    L'Espagne dynamique veut raccrocher les wagons avec l'Allemagne ; l'Italie, c'est l'Italie.
    Les pays actifs non zonés, Royaume-Uni, Royaume du Danemark, Royaume de Norvège (∈EEE), Royaume de Suède observent le massacre et identifient parfaitement le risque... français, la Grèce étant peanuts à l'échelle du continent depuis que tous les investisseurs institutionnels et bancaires se sont débarrassés des bons et obligations grecs (après cent milliards de retructuration à leur frais, on peut les comprendre).
    Reste le gorille de neuf cent livres dans le coin de la pièce, qui ne dort jamais. Ceux qui ont suivi la propagande française de ces derniers jours auront entraperçu que la délégation française gesticulait beaucoup, mais pour son opinion intérieure, car les photos et vidéos montrent que tout le monde nous sourit et personne ne nous parle ! Le gorille a fait le service minimum en venant à Paris. Cela devra nous suffire, car l'Allemagne a d'autres soucis que de jacasser avec un élu local. 
    Pour la première fois de son histoire d'après-guerre l'Allemagne a toutes les décisions entre ses mains. Elle crée de la stratégie, elle ne la subit plus. L'Allemagne n'est telle que bismarckienne. Elle n'est pas rhénane, goethique ou bavaroise, son Etat qui la structure est poméranien ! Où est la Prusse est l'Allemagne. Merkel, Schäuble et Gabriel ne jouent pas le destin de l'Europe ; ils jouent celui de l'Allemagne revenue. Jean-Luc Mélenchon ne s'y est pas trompé qui a débondé sa haine du Boche dès qu'il a compris qu'il ne pourrait plus rien contre eux. C'est assez minable de sa part, mais n'empêchera rien.

    Déjà ailleurs... !

    Le train de la France est passé. Nous en avons englouti les promesses que donnait le plus beau pays du monde dans une gabegie phénoménale nourrissant le fameux millefeuille des intérêts bunkérisés ; nous saignons à milliards dans un modèle qui fait rire ; nos représentants sont des ploucs qui n'ont aucune autorité naturelle, aucune aura, et que personne n'écoute, à l'exception près de la négociation iranienne dans laquelle Laurent Fabius est très actif (il fut premier ministre à l'époque). C'est tout !

    Nous regardons maintenant passer le train des autres comme des vaches dans le pré.
    Très corrézien !

    (1) Le triple déficit est le cancer généralisé : déficit budgétaire, déficit des comptes sociaux hors-budget, déficit commercial.

    http://royalartillerie.blogspot.fr/