Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Europe et Union européenne - Page 886

  • « L’Effacement du politique » de Pierre Le Vigan

    Impuissance et inexistence de l’Union européenne

    Le livre de Pierre Le Vigan est consacré au nihilisme qui sévit dans l’Union européenne à un tel point que toute référence à une identité autre qu’individuelle y est interdite ; or, comme l’écrit l’auteur, il ne peut y avoir de politique en l’absence d’identité collective. C’est sans doute la raison pour laquelle cette Union, qui se veut la seule patrie des droits de l’homme, est incapable d’avoir quelque politique que ce soit :

    « Partons de la situation que nous connaissons, en Europe. Notre continent est sans existence politique, sans volonté, sans défense. Un embryon de gouvernement européen existe, mais en fait, ce sont des équipes de technocrates. Le pouvoir européen n’a pas de légitimité démocratique. Il n’a pas non plus acquis une légitimité par son efficacité. Il a beaucoup réglementé mais n’a guère construit. Il est de plus en plus contesté par les peuples (…) Le pouvoir européen prétend faire de l’économie, mais pas de politique. En conséquence, en politique internationale l’Europe n’existe pas. Elle agit, quand elle agit, en éclaireur de la superpuissance américaine. »

    Et il ajoute :

    « Elle n’existe pas pour plusieurs raisons. Pour exister, il faut être porteur d’une certaine idée de soi. Or, l’Europe actuelle se veut d’abord universaliste. Sa seule identité serait d’être le réceptacle des identités des autres. »

    C’est le politique qui doit trancher

    Pour Pierre Le Vigan, il n’y a pas d’essence de la culture européenne :

    « Il n’y a pas d’essence de la culture européenne. Il y a certes des traits communs à l’Europe : ce n’est pas une terre où l’islam ne s’est imposé autrement que par la force, lors des conquêtes de l’Empire ottoman, mais c’est aussi une terre où la christianisation ne s’est pas faite sans violence. L’Europe est une terre de grands philosophes, mais qui n’étaient en général d’accord sur rien. Ils n’ont en aucune façon développé une “philosophie européenne”, à moins d’appeler ainsi un champ de bataille intellectuelle. Il y a eu certes des créations littéraires spécifiques à l’Europe, telles celles d’Homère, mais sont-elles d’abord grecques ou d’abord européennes ? C’est là toute la question. N’est-il pas abusif (bien que séduisant) d’en faire l’emblème de l’Europe ?’ »

    En effet, s’il est vrai qu’il n’y a pas plus proche d’un peuple européen qu’un autre peuple européen, il n’en reste pas moins vrai qu’il n’y a pas plus de culture européenne que de peuple européen. Les cultures des peuples européens se sont différenciées depuis fort longtemps (au moins depuis l’expansion des peuples indo-européens) mais elles ont conservé un air de famille parce qu’elles se sont influencées mutuellement quoique de manière inégale et partielle ; ce qui fait que les cultures européennes forment un patchwork assez harmonieux malgré l’existence de différences parfois importantes.

    « Revenons à la définition de l’Europe par la “culture européenne”, c’est-à-dire à la thèse que les Européens sont tout d’abord des Européens, puis des Croates, des Finlandais, des Ecossais, des Danois, etc. Qu’est-ce qui caractérise cette culture européenne ? Nos “ancêtres” indo-européens ? Mais “indo-européen” désigne un groupe de langues bien plus qu’une race ou un groupe de peuples. Si l’appartenance au rameau (ethnique ou linguistique, qu’importe à ce stade) indo-européen est le critère, alors pourquoi ne pas intégrer à l’Europe Indiens, Sri-lankais (sauf les Tamouls), Afghans, Arméniens, et bien sûr Kurdes et Tziganes (Roms) ? Notons encore que l’un des principaux foyers des langues indo-européennes fut l’Anatolie, dans l’actuelle Turquie, ce qui décidément ne plaide pas pour une Turquie hors d’Europe. On se demande d’ailleurs pourquoi cette origine culturelle commune, puisqu’elle est censée exister et influer, ne produit pas une grande facilité d’intégration des Roms, authentiques indo-européens ? Tandis que nous constaterions d’incessantes difficultés d’intégration avec les Basques ou les Hongrois qui ne sont pas indo-européens ? A moins que ce critère d’indo-européanité n’ait finalement aucun sens actuel, et ne relève du simple plaisir de l’érudition. »

    Il n’y a pas non plus d’essence religieuse de l’Europe, car s’il est vrai que le christianisme a marqué profondément la culture européenne, il n’en est pas moins vrai qu’il a éclaté en plusieurs rameaux qui se sont très souvent opposés de manière très violente. De plus, le christianisme n’est plus une caractéristique propre aux Européens parce qu’il a été adopté par de nombreuses populations dans le reste du monde ; il est impossible de le considérer comme étant la base d’une identité européenne et ce, d’autant plus que la déchristianisation progresse très régulièrement sur notre continent.

    « Cette religion par définition universelle a essaimé hors d’Europe, sachant au demeurant qu’elle n’est pas née en Europe, et dès lors on ne voit pas très bien comment une culture européenne pourrait se définir principalement par rapport au christianisme devenu largement non européen. »

    Existe-t-il une essence géographique de l’Europe qui imposerait l’union de tous les peuples vivant dans le territoire bordé par l’Atlantique, la mer du Nord, l’océan Arctique, l’Oural, le Caucase, les détroits et la Méditerranée ? Si oui, il faut considérer alors qu’une partie de la Turquie est européenne et que la partie de la Russie située au-delà de l’Oural ne l’est pas ; ce qui n’est pas très pertinent.

    De même, il est impossible de faire de la démocratie, de l’idéologie des droits de l’homme ou des Lumières des éléments d’une essence européenne, car dans ce cas il faudrait considérer que les Turcs inspirés par la Révolution française, les Australiens et les Africains du Sud qui vivent dans des pays démocratiques sont aussi des Européens.

    Pierre Le Vigan conclut très justement en disant que l’Europe ne peut être qu’une construction politique alors que la création de la CEE, puis celle de l’UE, ont été conçues dès l’origine comme une sortie du politique :

    « On a en quelque sorte voulu faire l’Europe non seulement pour sortir des guerres intra-européennes (et on n’y est même pas arrivé – voir les Balkans) mais pour sortir du politique. On constate au contraire que si l’Europe se fait, elle se fera par la politique et ni par l’économie ni par la culture. »

    Vers l’Empire ?

    Pierre Le Vigan conclut son livre en plaidant pour la création d’un « Empire européen » mais la notion d’Empire présente l’inconvénient de manquer de précision et de recouvrir des réalités très différentes. De l’Empire romain à l’Empire américain en passant par l’Empire de Charlemagne, le Saint-Empire romain germanique, l’Empire des Habsbourg, le deuxième et le troisième Reich, l’Empire napoléonien, celui de Napoléon III et les empires coloniaux, il y en a pour tous les goûts. Pierre Le Vigan conclut son livre en écrivant :

     « L’Empire c’est le nom ancien, et, pour mieux dire, c’est le nom de toujours du principe fédératif (…) Il faut ouvrir la voie à autre chose : l’association entre nos patries, la coopération sans l’uniformité, la souveraineté commune. Cela porte un nom, et c’est l’idée d’Empire, et cela repose sur un principe, c’est la subsidiarité, et c’est donc la fédération des peuples d’Europe. »

    Pierre Le Vigan ne précise pas ce qu’il entend par fédération ni d’ailleurs s’il pense à une fédération de tous les peuples (ce qui semble ambitieux) ou de certains d’entre eux seulement (ce qui serait plus raisonnable). Par ailleurs, que la notion d’empire et celle de fédération soient synonymes ne va pas de soi. Ainsi Olivier Beaud a écrit que ce sont des notions radicalement différentes parce que les empires ont toujours été coercitifs :

     « Par là, elle se distingue de la notion d’empire, qui agrège des unités politiques par la force et non par un consentement mutuel. »

    Olivier Beaud distingue aussi la fédération, dans laquelle les peuples ne se fusionnent pas, de l’Etat fédéral qui est un Etat unitaire (dans lequel il n’y a pas une pluralité de communautés souveraines) respectant le principe « althusien » selon lequel les décisions doivent être prises au niveau le plus « bas » possible. Pierre Le Vigan écrit que l’Empire devra reposer sur le principe de subsidiarité et que la souveraineté deviendra commune mais Althusius, qui est le grand penseur de la subsidiarité, considérait que dans ce qu’il a appelé la « consociatio symbiotica », chacune des communautés associées conserve son entière souveraineté et délègue, sous condition, une partie seulement de celle-ci tout en en demeurant la seule détentrice (elle ne la partage pas) ; en conséquence, elle conserve la possibilité de mettre un terme à cette délégation.

    Alors, fédération, empire, confédération, état fédéral ou alliance interétatique ? Il y a là un sujet pour un ouvrage passionnant.

     Bruno Guillard, 10/06/2014

    Pierre Le Vigan, L’Effacement du politique / La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, préface d’Eric Maulin, éditions La Barque d’Or, 164 pages.

    Source et compléments: Polémia

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Kosovo : Le mur du silence

    Les Albanais rêvent d’un Kosovo « ethniquement pur », c’est-à-dire sans les Serbes qui y étaient pourtant majoritaires jusqu’au XIXe siècle.   

    En 1997, le patriarche orthodoxe serbe Pavle, interrogé au sujet des extrémistes albanais membres de l’UÇK naissante, répondait au Figaro Magazine : « On ne va quand même pas installer des barbelés et des remparts autour de la maison du Seigneur ».

    Dix-sept ans plus tard, c’est pourtant la décision que vient de prendre, à contrecœur, le père Sava, supérieur du monastère de Visoki Dečani, une petite enclave serbe du Kosovo.

    Ce n’est pas la mort qui leur fait peur : « Notre vie, nous l’avons déjà donnée », précise-t-il, mais « si le martyre doit être accepté, il ne peut être recherché : si nous pouvons l’éviter, sans renier notre foi, nous avons le devoir de le faire ».

    Mais ce n’est pas tout. La destruction du monastère, classé au patrimoine de l’UNESCO, serait dramatique pour les chrétiens du Kosovo, déjà largement menacés. Ils ont besoin de ce havre de paix et de réconfort pour oublier quelque temps l’hostilité dont ils sont la cible à l’extérieur. Sur le plan spirituel, mais également matériel. Les terres entourant le monastère sont cultivées : les produits servent d’abord à faire vivre les moines mais sont également distribués aux villageois les plus démunis. Si le monastère venait à disparaître, beaucoup de chrétiens seraient forcés à l’exil et le Kosovo-Métochie, vieille terre chrétienne et berceau de la Serbie, livrée aux mains des musulmans albanais, ne serait plus.

    Lire la suite 

  • L’armée ukrainienne utilise des bombes incendiaires contre les populations pro-russes

    La Russie dénonce les bombardements de Slaviansk, cible des lance-roquettes multiples BM-21 Grad, des obusiers et des mortiers automoteurs de l’armée ukrainienne qui a également procédé au bombardement des villages de Semenovka et Tchérevkovka, en utilisant des bombes incendiaires.

    Le ministre des Affaires étrangères de Russie Serguei Lavrov a exprimé son mécontentement devant l’évolution de la situation et s’est dit fort préoccupé par l’usage de telles armes sur des populations civiles :

    « Nous sommes de plus en plus inquiets de voir l’absence d’un quelconque progrès dans les efforts d’apaisement de la violence, de cessation des affrontements, à commencer par la fin de l’opération répressive. Nous savons que les insurgés dans le sud-est sont prêts à cesser le feu, mais le premier pas doit être fait par les autorités de Kiev. Les informations sur l’emploi par les forces ukrainiennes de bombes incendiaires et d’autres types d’armes non-sélectives suscitent une inquiétude particulière. Ces informations nécessitent une vérification urgente. »

    L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine a reçu des rapports confirmant l’emploi de ce type de munitions et demande aux Nations unies de se mobiliser davantage.

    La Garde nationale ukrainienne a démenti ces accusations. Quant à l’Union européenne, elle a, hypocritement souligné la légitimité de la répression des mouvements séparatistes, tout en appellant Kiev « à la retenue ».

  • La Manif Pour Tous s'oppose à la candidature de Juncker à la tête de la Commission européenne

    ... et s'étonne qu'il soit soutenu par les députés de l'UMP. Ludovine de La Rochère, Présidente de La Manif Pour Tous, déclare :

    "L'arrivée de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission serait un message très hostile vis à vis des millions d’européens qui voient dans la famille et dans la filiation père-mère-enfant la cellule de base de nos sociétés. Alors que les 28 pays membres de l'Union ne sont pas encore sortis de la crise économique et sociale, il faut une personnalité qui rassemble. C'est une urgence".

    La Manif Pour Tous souligne la contradiction des membres français du Parti populaire européen (PPE), groupe majoritaire au sein du Parlement européen. Alors que de nombreuses personnalités et militants de droite et du centre ont défilé dans les rues depuis 2012 pour s’opposer au projet de loi de Madame Taubira et défendre l'intérêt supérieur de l'enfant, le groupe PPE soutient officiellement Jean-Claude Juncker, fervent partisan de la dénaturation du mariage.

     "En reniant leurs engagements, les députés européens de droite et du centre risquent de faire naître au sein de leur électorat de dangereuses fractures".

    "Comment Jean-Claude Juncker pourrait-il être soutenu par ceux qui souhaitent défendre la famille, le mariage Homme-Femme et la filiation Père-Mère-Enfant ? C'est un destructeur du mariage. Il n’est pas possible de le soutenir pour prendre la tête de la Commission européenne lorsque l’on entend défendre l'intérêt supérieur de l'enfant".

    Michel Janva

  • Nommer Jean-Claude Juncker est-il un gage de démocratie pour l'Europe ?

    La nomination de l'ancien Premier ministre luxembourgeois est considérée par de nombreux responsables politiques comme une nécessité démocratique. Rien n'est pourtant moins sûr. 

    Depuis le soir des élections européennes, l'Europe semble divisée en deux. D'un côté, les méchants, les affreux, souvent des chefs d'Etats ou de gouvernements qui sont prêts à fouler aux pieds « les choix démocratiques » du peuple souverain de l'Union européenne en refusant à Jean-Claude Juncker. De l'autre, les bons, les gentils, ceux qui exigent de voir l'ancien Premier ministre luxembourgeois à la présidence de la Commission afin de respecter la volonté du « peuple européen. » Tout semble désormais se réduire à ce combat. Mais, évidemment, ce n'est pas si simple.

    Les changements du traité de Lisbonne

    L'argument « démocratique » des seconds est en effet particulièrement fragile. Pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'elle ne repose sur aucun fondement institutionnel. Le Traité de Lisbonne a en effet modifié à la marge seulement la procédure de nomination du président de la Commission. C'est bien toujours le Conseil qui propose un candidat. Comme auparavant (on oublie souvent ce détail), le parlement peut l'accepter ou non. Il n'y a que deux changements formels. D'abord, le Conseil doit, dans son choix « tenir compte du résultat des élections européennes. » Ensuite, le parlement doit « élire » le candidat à la majorité absolue des élus.

    Pas d'automatisme dans la nomination du président

    Ces deux changements impliquent-ils la nomination « automatique » de Jean-Claude Juncker ? Le parti de ce dernier ne dispose pas de la majorité absolue au parlement européen. Rien d'automatique, donc. Sauf si plusieurs autres groupes se rangeaient derrière lui pour constituer spontanément une majorité. Pour le moment, malgré quelques tentatives (les sociaux-démocrates autrichiens, par exemple, ou quelques écologistes), ce n'est pas le cas. Martin Schulz et Guy Verhofstadt espèrent secrètement être le « recours » et donc se gardent bien de se rallier. Être en tête ne suffit pas à être nommé dans une démocratie parlementaire (ce que n'est pas par ailleurs l'UE), il faut constituer une majorité. Or, Jean-Claude Juncker semble partir du principe qu'il doit « naturellement » être désigné sans que cette majorité ne soit constituée. Il y a là un déni de démocratie.

    Le Conseil aussi a une légitimité démocratique

    D'autant que le Conseil européen lui-même dispose d'une vraie légitimité démocratique. Les chefs d'États et de gouvernements sont également issus d'élections et toujours d'élections où la participation et la légitimité des candidats est plus importante qu'aux européennes. Il est donc normal que le Conseil ait son mot à dire dans la nomination d'un président de Commission qui est un rouage essentiel des institutions de l'UE. « Automatiser » la nomination d'un candidat désigné par les partis, c'est écarter cette vraie légitimité démocratique du Conseil au profit de celle d'un candidat qui, compte tenu du résultat des élections, ne peut y prétendre.

    Plusieurs interprétations possibles des élections

    Par ailleurs, si le Conseil « tient compte » du résultat des élections, il a le choix des interprétations. Il peut certes constater que le PPE reste le premier groupe au parlement européen, mais il peut aussi constater que c'est le grand perdant du scrutin, celui a subi le plus large revers avec une perte de quarante sièges. Il ne s'agit pas d'un détail dans le contexte de montée des euroscepticismes. Ne faut-il alors interpréter ce recul du PPE comme une défaite personnelle de Jean-Claude Juncker et trouver un candidat plus neutre et plus à même de contenir le mécontentement des Européens ?

    Aucun « droit » à la présidence

    Le système des Spitzenkandidaten, autrement dit des candidats désignés par les partis européens, sur lequel s'appuie l'ancien premier ministre luxembourgeois ne repose donc sur aucun fondement institutionnel. En cela, il ne donne aucun « droit » à Jean-Claude Juncker. C'est une création de la campagne électorale, née principalement de l'ambition personnelle démesurée de Martin Schulz, le candidat social-démocrate. Ce système pourrait prétendre à une certaine légitimité démocratique s'il avait fonctionné. Mais en réalité, il a lamentablement échoué dans l'opinion. Et c'est la deuxième faiblesse de la candidature Juncker.

    L'échec du système des Spitzenkandidaten

    Rappelons l'argument imparable alors des partisans des Spitzenkandidaten : en personnalisant la campagne, on augmentera l'intérêt des Européens pour l'élection et l'on donnera plus de légitimité démocratique à l'heureux « élu. » L'ennui, c'est que cette personnalisation est contraire au fonctionnement même des institutions européennes. Dans une campagne personnalisée, en théorie, on divise, on tranche, on tente de se démarquer de l'autre. On rend donc difficile une future cohabitation. Or, le parlement européen est fondé sur le consensus et les coalitions larges. Pas moyen, donc, pour les deux principaux candidats de se démarquer l'un de l'autre de façon franche. D'où ces débats assez mous devant lesquels les Européens auront pu s'assoupir tranquillement. Mais d'où aussi cette radicalisation sur la question de la présidence. Ne pouvant personnaliser le débat de fond, les candidats ont personnalisé à outrance la question de la présidence de la Commission, sans s'inquiéter de leur légitimité.

    La faiblesse de la légitimité démocratique de ces candidats

    Car cette dernière est très faible. Désignés par des partis européens qui ne sont que des collections de partis nationaux, les deux candidats principaux ont bien été en peine de s'imposer dans les opinions publiques nationales. Qui, dans l'UE, a « voté » pour Jean-Claude Juncker ou Martin Schulz ? Comment sérieusement attribuer à ces candidats les scores réalisés ? La mayonnaise a d'autant moins prise côté PPE que l'ex-premier ministre luxembourgeois a été imposé par Angela Merkel comme candidat. On a ainsi vu l'UMP en France cacher assez soigneusement ce candidat encombrant durant la campagne. Mais on a vu aussi certains partis faire campagne pour un Spitzenkandidat et passer ensuite dans un autre groupe. C'est le cas des Libéraux roumains qui, après avoir fait campagne pour Guy Verhofstadt, rejoignent le PPE… Tout ceci rend la « légitimité » des candidats bien faible.

    Très clairement, le pari a donc été manqué. La personnalisation de la campagne n'a pas eu d'impact sur la participation qui est restée stable et basse (43,1 % en 2014 contre 43 % en 2009). Il n'y a donc pas eu d'élan en faveur des candidats comme on tente de le faire croire. Les divers candidats ont obtenu des scores assez médiocres puisque, à l'exception d'Alexis Tsipras (qui a obtenu moins d'élus que prévu), tous les groupes qui présentaient des Spitzenkandidaten ont reculé ou sont restés stables. Au final, il paraît hasardeux de parler de « choix » populaire concernant ces candidats.

    La mise à jour du malaise démocratique de l'UE

    En réalité, ce débat autour de la candidature de Jean-Claude Juncker révèle un malaise dans l'Union européenne vis-à-vis de la question démocratique. L'UE prétend certes s'appuyer sur la démocratie qui est une condition sine qua non pour adhérer, mais elle est, dans son fonctionnement interne, mal à l'aise avec elle. Mieux même, elle s'en méfie. Elle préfère le consensus entre élites, la négociation entre institutions et la réflexion entre experts. L'indépendance de la BCE, la surveillance en amont des budgets nationaux par la Commission ou encore le « pacte budgétaire » sont autant de preuve de cette méfiance - très forte dans le domaine économique - vis-à-vis d'une démocratie qui serait le lieu des « passions déchaînées. » On pourrait même affirmer qu'avec les nouvelles institutions issues de la crise, cette méfiance s'est encore accrue.

    Un vernis qui ne doit pas rendre dupe

    L'UE tente donc de contourner ce paradoxe en mettant en place des « apparences démocratiques », mais en contenant l'exercice réel de la démocratie au niveau européen. Le traité de Lisbonne et sa prétendue « élection » du président de la Commission en est une illustration frappante. On comprend la manœuvre : il s'agit de rendre plus acceptable grâce à un vernis démocratique l'intrusion de la Commission dans les procédures budgétaires nationales, notamment. Le débat autour de la nomination de Jean-Claude Juncker rend compte de cette tension entre la réalité d'une UE qui se méfie de la démocratie et la volonté de polir les apparences démocratiques de ses institutions.

    Il serait donc naïf de croire que l'élection du Luxembourgeois serait une « victoire de la démocratie » dans l'UE. Les Européens eux-mêmes devraient ne pas en être dupes, pas davantage qu'ils ne l'ont été lors d'un scrutin où, encore une fois, le seul vrai vainqueur a été… l'abstention.

    Romaric Godin

    source : La Tribune 

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EupkyElpFkHjduypCg.shtml

  • Où les 352 milliards d’euros des fonds européens vont-ils aller ?

    Une enveloppe d’un montant identique à se partager entre régions jusqu’en 2020, mais des objectifs différents. Les demandes de fonds européens devront porter en priorité sur l’innovation, la croissance verte et la formation professionnelle. Autre nouveauté : les régions devront désormais rendre des comptes au prêteur.

    Le budget est identique, mais les objectifs sont bien différents et les méthodes évoluent. Avec une enveloppe de 352 milliards d’euros sur la période 2014-2020, comparable à la période 2006-2013, les financements de la politique régionale et de cohésion de l’Union européenne dessinent une Europe engluée dans une crise économique sans précédent mais qui souhaite innover.

    Les régions les plus avancées devront répondre à la stratégie “Europe 2020” définie par les institutions européennes et qui met l’accent sur la croissance économique et l’emploi. Leurs demandes de fonds devront entrer dans 11 priorités thématiques axées sur le développement de l’innovation par la recherche, la croissance verte et la formation professionnelle. “C’est une approche totalement différente de la politique de cohésion européenne qui s’est déroulée les quinze dernières années et qui cherchait à aider les nouveaux entrants à combler leur retard de développement, nous indique Marjorie Jouen, conseillère au groupe de réflexion Notre Europe. Il s’agit de promouvoir le développement économique. Je considère que l’effort mis sur la transition énergétique est la plus grande nouveauté.”

    Retours d’expérience

    Concrètement, l’Union européenne demande aux régions de définir leurs points forts et leur spécialisation. “Dans le détail, elles doivent poser un diagnostic de leurs problèmes, présenter des objectifs chiffrés, comme baisser le taux de pauvreté, et montrer à la Commission comment elles vont y parvenir en s’appuyant sur leurs points forts”, poursuit Marjorie Jouen.

    Autre nouveauté, les régions devront rendre des comptes au prêteur. Analysés depuis 2010, les retours d’expérience de l’utilisation des fonds par les nouveaux entrants de l’Europe centrale et orientale – comme la Bulgarie, la Roumanie ou la République tchèque – ont montré un emploi parfois défaillant des subventions européennes. L’Europe tient donc à s’assurer que les territoires les plus riches suivent un cadre ciblé. Chaque année, ils devront envoyer un rapport chiffré sur l’état de chaque projet à Bruxelles.

    Lutte contre l’exclusion

    Mais Bruxelles n’oublie pas les régions les plus pauvres. Parmi les 10 nouveaux entrants de 2004, seule la Pologne a vraiment connu une croissance de son économie. Ces régions “de transition” bénéficieront largement de la politique de cohésion. “Elles ne devront pas cibler leur recherche de fonds et pourront utiliser les subventions européennes comme bon leur semble pour leurs investissements lourds comme les infrastructures routières, le chemin de fer ou les politiques d’assainissement de l’eau en Bulgarie et en Roumanie”, ajoute Marjorie Jouen.

    Autre nouveauté, l’“inclusion sociale” constitue un volet important du nouveau programme de fonds. Entre 2008 et 2012, en plein cœur de la crise économique, les 27 États membres de l’Union européenne ont augmenté leur population menacée de pauvreté de 6 millions de personnes. Elles sont désormais 125 millions de personnes à être à la limite de l’exclusion sociale. “On s’est aperçu que l’argent du Fonds social européen (FSE) avait été utilisé dans des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande comme fonds d’urgence pour lutter contre le chômage car c’était le seul instrument à pouvoir être mobilisé très rapidement”, précise Marjorie Jouen. L’Union européenne exige donc que 20 % du FSE soient désormais utilisés par les régions pour des programmes de formation des chômeurs et des personnes en difficulté.

    Jean-Bernard Gallois

    source

    http://www.acteurspublics.com/2014/06/12/ou-les-352-milliards-d-euros-des-fonds-europeens-vont-ils-aller

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EupkyEZuElcFURRONO.shtml

  • Où les 352 milliards d’euros des fonds européens vont-ils aller ?

    Une enveloppe d’un montant identique à se partager entre régions jusqu’en 2020, mais des objectifs différents. Les demandes de fonds européens devront porter en priorité sur l’innovation, la croissance verte et la formation professionnelle. Autre nouveauté : les régions devront désormais rendre des comptes au prêteur.

    Le budget est identique, mais les objectifs sont bien différents et les méthodes évoluent. Avec une enveloppe de 352 milliards d’euros sur la période 2014-2020, comparable à la période 2006-2013, les financements de la politique régionale et de cohésion de l’Union européenne dessinent une Europe engluée dans une crise économique sans précédent mais qui souhaite innover.

    Les régions les plus avancées devront répondre à la stratégie “Europe 2020” définie par les institutions européennes et qui met l’accent sur la croissance économique et l’emploi. Leurs demandes de fonds devront entrer dans 11 priorités thématiques axées sur le développement de l’innovation par la recherche, la croissance verte et la formation professionnelle. “C’est une approche totalement différente de la politique de cohésion européenne qui s’est déroulée les quinze dernières années et qui cherchait à aider les nouveaux entrants à combler leur retard de développement, nous indique Marjorie Jouen, conseillère au groupe de réflexion Notre Europe. Il s’agit de promouvoir le développement économique. Je considère que l’effort mis sur la transition énergétique est la plus grande nouveauté.”

    Retours d’expérience

    Concrètement, l’Union européenne demande aux régions de définir leurs points forts et leur spécialisation. “Dans le détail, elles doivent poser un diagnostic de leurs problèmes, présenter des objectifs chiffrés, comme baisser le taux de pauvreté, et montrer à la Commission comment elles vont y parvenir en s’appuyant sur leurs points forts”, poursuit Marjorie Jouen.

    Autre nouveauté, les régions devront rendre des comptes au prêteur. Analysés depuis 2010, les retours d’expérience de l’utilisation des fonds par les nouveaux entrants de l’Europe centrale et orientale – comme la Bulgarie, la Roumanie ou la République tchèque – ont montré un emploi parfois défaillant des subventions européennes. L’Europe tient donc à s’assurer que les territoires les plus riches suivent un cadre ciblé. Chaque année, ils devront envoyer un rapport chiffré sur l’état de chaque projet à Bruxelles.

    Lutte contre l’exclusion

    Mais Bruxelles n’oublie pas les régions les plus pauvres. Parmi les 10 nouveaux entrants de 2004, seule la Pologne a vraiment connu une croissance de son économie. Ces régions “de transition” bénéficieront largement de la politique de cohésion. “Elles ne devront pas cibler leur recherche de fonds et pourront utiliser les subventions européennes comme bon leur semble pour leurs investissements lourds comme les infrastructures routières, le chemin de fer ou les politiques d’assainissement de l’eau en Bulgarie et en Roumanie”, ajoute Marjorie Jouen.

    Autre nouveauté, l’“inclusion sociale” constitue un volet important du nouveau programme de fonds. Entre 2008 et 2012, en plein cœur de la crise économique, les 27 États membres de l’Union européenne ont augmenté leur population menacée de pauvreté de 6 millions de personnes. Elles sont désormais 125 millions de personnes à être à la limite de l’exclusion sociale. “On s’est aperçu que l’argent du Fonds social européen (FSE) avait été utilisé dans des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande comme fonds d’urgence pour lutter contre le chômage car c’était le seul instrument à pouvoir être mobilisé très rapidement”, précise Marjorie Jouen. L’Union européenne exige donc que 20 % du FSE soient désormais utilisés par les régions pour des programmes de formation des chômeurs et des personnes en difficulté.

    Jean-Bernard Gallois

    source

    http://www.acteurspublics.com/2014/06/12/ou-les-352-milliards-d-euros-des-fonds-europeens-vont-ils-aller

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EupkyEZuElcFURRONO.shtml

  • Convergences et divergences anglo-allemandes

    Hollande a rangé depuis 2012 la France, dans la pratique, aux abonnés absents du jeu diplomatique international. Ceci s'applique aussi, quoi que l'on cherche à nous faire croire, aux prises de décisions institutionnelles en Europe. Nous pouvons, peut-être, déplorer cette éclipse. D'autres s'en féliciteront. Mais cette réalité objective est constatée par tous les acteurs.

    Or, depuis plus d'un quart de siècle, les conceptions dominantes, celles qui avaient conduit à la rédaction, à la négociation et à la ratification du traité de Maastricht en 1991-1992, étaient conduites par des équipes essentiellement parisiennes. Celles-ci, notamment les rédacteurs Delors et Lamy, se montraient alors particulièrement influencées par le type d'idées socialistes que l'on professe dans notre hexagone en voie de décomposition, celles qui s'étalent dans nos médiats médiocres, celles qui s'imposent, à droite comme à gauche, dans toutes nos instances de pouvoir. On doit les rejeter comme celles qui conduisent n'importe quel pays sur les voies de la décadence et, à plus ou moins long terme, de la servitude. Il ne s'agit, soulignons-le, pas seulement de l'économie, trop souvent analysée sur la base de statistiques artificielles, il s'agit de toute la société.

    Que de telles influences mortifères puissent être mesurées en recul doit donc être salué comme une bonne nouvelle par tous les esprits libres.

    La scène européenne ne comporte certes pas seulement de gros États, autrefois puissances rivales. Elle ne se limite pas non plus aux 28 membres actuels de l'UE. Elle ne saurait négliger les aspirations et les influences de pays aussi importants que l'Italie, l'Espagne, ou la Pologne.

    Il se trouve cependant que deux gouvernements principaux risquent fort de se trouver, et ils s'inscrivent dès maintenant, au cœur des débats sur le devenir de notre continent : celui de Londres et celui de Berlin.

    Leurs divergences traditionnelles sont suffisamment connues pour ne pas avoir à y revenir. Elles ont joué un rôle essentiel (1)⇓ dans le déclenchement du premier conflit mondial, – responsabilités à partager, évidemment, avec les revendications territoriales des gouvernants de France et de Russie. Depuis l'époque de la Déclaration Schuman de 1950, considérée comme texte fondateur, on sait aussi que les conceptions européennes respectives se sont séparées. Ce qu'on appelle "construction européenne" ne tend pas en effet à "bâtir" l'Europe : celle-ci existe depuis des siècles, pour ne pas dire des millénaires. Le mouvement ainsi maladroitement dénommé ne saurait se proposer que de la doter d'institutions communes.

    Or sur quoi celles-ci doivent-elles porter ? Quelle communauté de destins s'agit-il de gérer ? Londres se refuse à une ingérence trop grande dans la vie des nations notamment parce que l'on croit de moins en moins en Angleterre à des "projets de société" à des "redistributions", à des interventions économiques, conduites par des bureaucrates. On ne veut surtout pas d'un "Super-État", éternel procès d'intention lancé contre la Commission européenne.

    Mais à y regarder de plus près, on constate d'abord que l'idéologie "constructiviste" n'émane pas spécialement des Allemands. Elle reflète surtout l'influence des idées "françaises" que l'on devrait, d'ailleurs, plutôt qualifier … d'antifrançaises, idées chères à nos technocrates, bons élèves du jacobinisme, du bonapartisme, du saint-simonisme, etc.

    De plus ni la chancelière, ni d'ailleurs les trois partis de sa "große Koalition", constituée au lendemain de la victoire historique d'Angela Merkel de septembre 2013 ne semblent désormais enthousiastes à l'idée de continuer vraiment dans la voie artificiellement idéologique tracée par Delors et ses successeurs.

    Car à Berlin comme à Londres on croit aux idées basées sur des faits, on croit un peu moins aux dogmes de notre république égalitaire et centralisatrice.

    De graves négociations concrètes vont donc se développer en vue du tournant 2015-2017, qui s'annonce pour décisif quant à l'appartenance britannique à l'UE et pour le devenir du Royaume-Uni lui-même. Elles ont commencé. Elle se dérouleront sans les dirigeants français, faut-il le redire ?

    On saisira donc très prochainement l'occasion d'évoquer bientôt ces anciennes divergences et ces nouvelles convergences entre Anglais et Allemands.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1)  cf. "Psychologie de la Guerre" rééditée aux Editions du Trident
    .http://www.insolent.fr/2014/06/convergences-et-divergences-anglo-allemandes.html

  • Persécution de la dictature grecque contre l’Aube dorée : un nouveau député emprisonné

    L’avocat Nikos Kouzilos est le septième député du mouvement nationaliste Aube dorée à être jeté en prison depuis septembre dernier.
    En plus d’emprisonner des députés, la dictature se fait désormais remarquer en incarcérant, sans motif valable, des avocats. Le militant nationaliste, âgé de 37 ans, est accusé, après neuf mois d’enquêtes, d’avoir participé à la direction d’une « organisation criminelle », à savoir un mouvement légal dont aucun dirigeant n’a jamais été condamné.

    Les juges le soupçonneraient en réalité simplement d’avoir été présent lors d’une manifestation contre un squat d’extrémistes en janvier à Athènes. Un autre député s’est vu imposer un contrôle judiciaire extrêmement sévère : il ne peut plus quitter son domicile sauf pour aller à l’hôpital, ou au parlement.

    Source JN

  • Persécution de la dictature grecque contre l’Aube dorée : un nouveau député emprisonné

    L’avocat Nikos Kouzilos est le septième député du mouvement nationaliste Aube dorée à être jeté en prison depuis septembre dernier.
    En plus d’emprisonner des députés, la dictature se fait désormais remarquer en incarcérant, sans motif valable, des avocats. Le militant nationaliste, âgé de 37 ans, est accusé, après neuf mois d’enquêtes, d’avoir participé à la direction d’une « organisation criminelle », à savoir un mouvement légal dont aucun dirigeant n’a jamais été condamné.

    Les juges le soupçonneraient en réalité simplement d’avoir été présent lors d’une manifestation contre un squat d’extrémistes en janvier à Athènes. Un autre député s’est vu imposer un contrôle judiciaire extrêmement sévère : il ne peut plus quitter son domicile sauf pour aller à l’hôpital, ou au parlement.

    Source JN