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géopolitique - Page 465

  • La gauche américaine : critique d’une faillite

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    par François-Bernard Huyghe

    Ex: http://www.huyghe.fr

    De quoi la gauche américaine est-elle coupable ? Et qu’est-ce que cela nous enseigne à nous autres Européens ? Après l’élection de Trump, beaucoup ont recouru au principe de causalité diabolique : c’était l’interférence russe, Trump avait triomphé de façon déloyale (il avait osé mentir et faire de la démagogie, ce qui est une première dans l’histoire de la démocratie), ou encore c’était de la faute des « déplorables », alcooliques racistes incultes dont il faudrait que le suffrage censitaire nous délivre un jour. L’indignation humaniste ou les appels à la résistance ont servi à faire oublier que la thèse « nous avons perdu parce que nous sommes les meilleurs » n’est pas très subtile. Un général vaincu une fois est excusable, un chef qui s’est laissé surprendre ne l’est guère, mais un stratège qui veut refaire ce qui a échoué et qui attribue sa défaite à la nature perverse de l’adversaire n’est pas un stratège.
    Et puis, il y a des Américains intelligents qui se souviennent que si l’on est vaincu, c’est parce que l’on perd.
    Nous avons déjà cité Y. Mounk (Le peuple contre la démocratie) qui reproche aux libéraux d’en avoir trop fait en méprisant le besoin d’appartenance des classes populaires, de ne pas avoir su faire fonctionner l’État providence au profit de ceux d’en bas. Mais aussi de n’avoir pas compris le rôle des médias sociaux face aux mass médias libéraux bien-pensants.

    Dans un autre genre, F. Thomas (Pourquoi les riches votent à gauche) reproche au démocrates d’outre-Atlantique d’avoir laissé tomber les travailleurs qui formaient leur électorat traditionnel, donc d’avoir oublié les inégalités socio-économiques au profit de « la classe de la connaissance émergente ». Traduction : ce sont sinon les bobos, du moins les bénéficiaires de la globalisation, partisans d’une société ouverte, multiculturelle, méritocratique. Ceux qui se voient comme créatifs, dans le sens de l’Histoire, et moralement supérieurs puisque réceptifs à toutes les différences, donc prêts à s’allier avec toutes les minorités.

    Un troisième livre apporte quelques lueurs complémentaires : La gauche identitairede M. Lilla. Il se penche sur l’hystérie morale qui envahit son camp. Sa thèse est qu’après les grands changements de l’ère Roosvelt (la solidarité pour le bien commun comme programme) et de l’ère Reagan (exaltation de la réussite individuelle), l’Amérique est rentrée, au moins à gauche, dans un période post-politique. Comprenez que l’on ne fait plus de projets de réforme de la société par le pouvoir de l’État ou que l’on ne pense plus les rapports politiques comme affrontements d’intérêts et de valeurs, mais comme des problèmes moraux (et nous ajouterions anthropologiques : les ouverts contre les brutes). Pour Lilla, la gauche américaine révoltée dans les années 60/ 70 contre une Amérique ultra-conformiste, inégalitaire et impérialiste, n’a pas seulement abandonné les classes laborieuses. Elle ne s’est pas seulement choisi d’autres alliés (Noirs, hispaniques, femmes, homosexuels) pour accomplir les principes égalitaires diversitaires d’une société qu’elle approuvait globalement (ou du moins la gauche éduquée recrutée sur les grands campus).
    À l’individualisme reaganien qui exaltait l’homo economicussans entraves étatiques, elle a répondu par un bizarre culte du Moi.
    Ce fut la lutte pour l’accomplissement de soi ou pour la libération des entraves - sexuelles, culturelles, morales, nationales, sociales...- qui empêchait chacun de se construire librement, hors de toute filiation et de tout déterminisme. Le pathos de l’authenticité et et bientôt de l’Autre l’autonomie s’est accompagné d’une dénonciation des dominants, dont l’inévitable quinquagénaire blanc hétérosexuel, rendus responsables d’une situation qu’il s’agissait de déconstruire (tout est culture et oppression, rien n’est nature et filiation). 
    Avec deux dérives dans ce mouvement de libération / dénonciation tous azimuts. La dérive communautaire : l’individualise anthropologique conduit à ne plus considérer les citoyens que comme des composés multi-appartenance (Noir, homo, etc.) parce que multi-souffrance. La dérive politique : puisqu’il ne s’agit plus que de dénoncer des méchancetés, on ne comprend plus la notion de Bien commun et moins encore celle de projet politique (avec ce que cela comporte de conquête de l’opinion, de force symbolique, mais aussi d’alliance de catégories et d’intérêts.

    Pour reprendre la meilleure métaphore de Lilla : c’est « le modèle Facebook de l’identité : le moi comme page d’accueil que j’élabore à l’instar d’une marque personnelle, lié aux autres à travers des associations que je peux « liker » ou pas à volonté... Le modèle Facebook de l’identité a également inspiré un modèle Facebook de l’engagement politique...le modèle Facebook est entièrement consacré au moi, mon moi chéri, et non à nos histoires communes, ni bien commun, ni même aux idées. Les jeunes gens de gauche - par contraste avec ceux de droite - sont moisn enclins de nos jours à relier leurs engagements à un ensemble d’idées politiques. Ils sont beaucoup plus enclins à dire qu’ils sont engagés politiquement en tant que X, concernés par les autres X, et concernés par les problèmes concernant la Xitude »
     
    Le triomphe de l’identitaire sur le social est celui de la supériorité morale sur l’affrontement politique.

    Dans les trois livres de déploration et de remords, l’idée que la gauche américaine a démissionné, donc que plus elle paraît triompher comme idéologie ou comme pensée spontanée des médias et des élites, plus elle abandonne à son adversaire le terrain de la citoyenneté et de la solidarité. C’est sans doute une idée vraie et à laquelle réfléchir chez nous.
  • Syrie • Pour empêcher l’offensive syrienne, la Turquie fait pression sur les djihadistes d’Idleb

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    Affrin 

    Par Antoine de Lacoste 

    Depuis que la Turquie a envahi le nord-ouest de la Syrie pour en chasser les Kurdes, les djihadistes sont chez eux dans la province d’Idleb. Une partie d’entre eux est passée sous pavillon et financement turcs. Elle contrôle environ 30% de la province, dont la fameuse ville d’Affrin, reprise aux Kurdes après de violents combats.

    Les 70% restants sont occupés par l’ex branche syrienne d’Al-Qaïda (ex front al-Nosra également), appelée en ce moment Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Très entraînés après 7 ans de guerre, bien armés, les 10 000 hommes qui composent ce groupe n’ont aucunement l’intention de passer sous contrôle turc.

    Alors que l’armée syrienne préparait cet été une grande offensive contre Idleb, Vladimir Poutine a jugé plus prudent de l’ajourner et de parler avec Erdogan qui menaçait de s’opposer par la force à une éventuelle attaque syrienne.

    Cet attentisme était rendu d’autant plus nécessaire que les Américains avaient averti qu’ils interviendraient contre l’armée syrienne en cas d’attaque chimique. La ficelle était un peu grosse. On sait depuis la grande bataille de la Ghouta, la banlieue de Damas, que les islamistes possèdent d’importantes quantités de chlore et que la mise en scène d’une pseudo attaque chimique est assez aisée. Elle l’est d’autant plus que les medias occidentaux ne sont pas très regardants sur la véracité des faits depuis le début de la guerre…

    La ficelle était si grosse que les Américains ont élargi leur possibilité d’intervention au cas « de grave crise humanitaire » ! Autant dire qu’ils se réservent le droit d’intervenir où ils veulent quand ils veulent. On le savait, mais maintenant c’est officiel.

    Poutine et Erdogan sont parvenus à un accord le 17 septembre dernier à Sotchi. En échange de l’annulation de l’offensive, une zone tampon de 15 à 20 km de large est créée sur le pourtour de la province. Les djihadistes devront se retirer de cette zone  avec retrait définitif de leurs armes lourdes.

    Les Syriens n’ont guère été enthousiasmés par cet accord qu’ils jugent trop favorable à la Turquie. Celle-ci, au fond, souhaitent annexer cette province, comme elle l’avait fait, avec la complicité du Front populaire, pour le sandjak d’Alexandrette en 1937.

    4172919426.jpgMais Poutine a préféré gagner du temps, ne pas se fâcher avec Ankara et laisser Erdogan se débrouiller avec les djihadistes. De plus, cette zone tampon permettra à ses bases de Tartous (photo)  et de Hmeimim de ne plus subir d’assauts de drones.

    Comme on s’en doute, HTC a refusé d’approuver cet accord. Plusieurs dirigeants de ce groupe, parmi les plus durs, ont opportunément été assassinés depuis, d’autres ont été arrêtés et croupissent dans les geôles d’Idleb. Les djihadistes, sachant qu’ils ne sortiraient pas vivants d’un bras de fer avec les Turcs ont alors commencé leur retrait.

    Les occidentaux observent avec inquiétude cette bonne entente russo-turque et ont brocardé cet accord. De toute façon leur voix ne compte guère.

    C’est Damas qui est amer. Et Bachar a rappelé que tout cela n’était que provisoire et qu’Idleb serait un jour reconquise par l’armée syrienne.

    Le dossier est loin d’être clos.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Islamisme, laïcisme et laxisme

    Islamisme, laïcisme et laxisme

    Extrait d’un entretien donné par Yves Michaud, philosophe, dans Le Figaro :

    « J’ai longtemps cru en un communautarisme doux. Un voile, un bonnet jamaïquain ou de matelot, pour moi, c’est du folklore. Mais aujourd’hui, certains signes sont un mode de pression et d’endoctrinement. Il faut marquer les limites autours des valeurs républicaines.

    L’islam est antirépublicain sur deux points : la supériorité de la charia sur le droit positif et le crime d’apostasie. Dans les années récentes, j’ai beaucoup travaillé au Maghreb, avec des intellectuels, des féministes, qui essaient de faire bouger les choses. J’ai découvert des croyants estimant que seulement 5% de la charia était acceptable. Ces gens m’ont fait comprendre à quel point nous étions laxistes. »

    https://www.lesalonbeige.fr/islamisme-laicisme-et-laxisme/

  • Remaniement : tout ça pour ça ! – Journal du mardi 16 octobre 2018

    Politique / Remaniement : tout ça pour ça !
    Il en aura fallu du temps pour annoncer le remaniement… Pourtant, la nouvelle équipe ministérielle n’a rien d’extraordinaire, mis à part certains degrés d’incompétence…

    Union Européenne / Salvini s’en prend à Macron
    Le ton monte entre Salvini et Macron. Le ministre de l’intérieur italien a demandé des explications à la France après que des clandestins ont été reconduits en Italie… Une véritable mise en demeure.

    International / Idlib, terrain d’attentes
    Alors que la province syrienne d’Idlib devait être évacuée lundi, les djihadistes ont finalement décidé de poursuivre le combat. Fragilisé, l’accord russo-turc dépend désormais des réelles volontés de Recep Tayyip Erdogan.

    International / Khashoggi : L’Arabie Saoudite fait volte face

    Serveur TVL

    Lien dailymotion

  • Le succès au Brésil de Jair Bolsonaro est rationnel !

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    Dimanche dernier, à la surprise générale, Jair Bolsonaro remportait quasiment la victoire au premier tour de l’élection présidentielle brésilienne. Avec 46 %, il devance de presque 20 points Fernando Haddad, le porte-voix de Lula, empêché de concourir car en prison depuis le mois d’avril de cette année.

    En lisant la presse « mainstream », on est frappé par le manque d’imagination des journalistes qui reprennent, quasiment au mot près, la même description de Jair Bolsonaro : « nostalgique de la dictature militaire »« homophobe, mysogine, rasciste ». Nous avons aussi la variante « l’élection de Bolsonaro constitue un danger pour la démocratie, le peuple doit se réveiller »… Ça tombe bien, c’est ce même peuple qui vient de le propulser à quelques marches du palais présidentiel. Résumer le choix des électeurs à un « dégagisme » est un peu réducteur, et les 49 millions de Brésiliens qui ont choisi Bolsonaro ne sont pas « homophobes, mysogines ou rascistes ».

    Le Brésil est un pays complexe, plus grand que l’Europe, avec de grandes disparités sociales, des populations aux origines bien différentes et pourtant avec quelques facteurs d’unité comme la langue portugaise, le drapeau et même son équipe nationale de football. Vouloir expliquer le choix des Brésiliens en quelques lignes est impossible sans tomber dans des analyses simplistes ou même caricaturales.

    Il est cependant vrai que les affaires de corruption ont littéralement dégoûté la population brésilienne. Depuis l’éclatement de l’affaire Lava Jato en 2014, il ne se passe quasiment pas une semaine sans qu’une personnalité politique d’envergure nationale ne soit mise en cause par la Justice. Des ministres, des gouverneurs, des députés, même le président Temer : beaucoup de figures des partis bien en place sont impliquées dans des affaires. Lula a été condamné à une peine de douze ans de prison pour avoir reçu un triplex en bord de mer, mais il reste une dizaine d’affaires pour lesquelles il attend encore d’être jugé…

    Il est également vrai que le Brésil vit une crise sécuritaire sans précédent. Avec plus de 63.000 homicides par an, une criminalité organisée florissante, la troisième population carcérale au monde, une crise migratoire à la frontière vénézuélienne, personne n’est épargné par les problématiques de sécurité. Chaque jour, les journaux dégueulent de faits divers les plus sordides les uns que les autres et la lenteur de la Justice donne un véritable sentiment d’impunité aux auteurs. « O crime compensa », autrement dit « le crime vaut le coup », comme disent les Brésiliens !

    Il est vrai, enfin, que la crise économique, le coût exorbitant des emprunts dû à un manque de concurrence du secteur bancaire, les lourdeurs administratives et des taxes douanières impressionnantes font du Brésil un pays dans lequel entreprendre et créer de la richesse revient à un chemin de croix.

    Jair Bolsonaro répond à ces trois défis en promettant plus de moralité dans la vie publique, plus de sécurité et un programme économique libéral. Mais ce n’est pas tout.

    Jair Bolsonaro représente à merveille le besoin vital des Brésiliens à être dirigés par une personnalité au caractère fort. Des empereurs du Brésil à Lula en passant par Getúlio Vargas ou la dictature militaire, les Brésiliens ont très souvent eu à leur tête des individus qui ont garanti une forme d’unité brésilienne. Malgré ses frasques, Bolsonaro est, aujourd’hui, le seul candidat qui possède cette stature d’homme fort, et sa devise de mettre le Brésil « au-dessus de tout » ne fait que renforcer cette image.

    L’autre point est que Bolsonaro a raison de dire que le Brésil est un pays chrétien, bien qu’il soit officiellement laïc. Des crucifix sont accrochés dans tous les tribunaux, commissariats et édifices publics, et la population est globalement très attachée aux valeurs familiales traditionnelles chrétiennes. Encore une fois, Bolsonaro est en phase avec la majorité des Brésiliens sur ces points. Les vierges effarouchées du politiquement correct auront bon crier au scandale, Jair Bolsonaro a fait une excellente campagne en phase avec les préoccupations brésiliennes, fruit de quatorze ans de gauchisme.

    Et non, le Brésil, qui est une démocratie certes jeune mais solide, ne va pas sombrer dans les ténèbres du fascisme, il s’agit tout bonnement d’une volonté de changement en testant un président très conservateur. Verdict final au deuxième tour, le 28 octobre.

    Sébastien Ferreira

    http://www.bvoltaire.fr/le-succes-au-bresil-de-jair-bolsonaro-est-rationnel/

  • Le gouvernement mondial à l’œuvre : l’ONU somme l’Algérie d’arrêter d’expulser des migrants

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    L’Algérie vient d’expulser des milliers de migrants. Au terme d’un rapport incendiaire qui la condamne, l’ONU la somme d’arrêter. Il s’agit d’une ingérence manifeste dans les affaires d’un pays souverain en matière d’immigration : le gouvernement mondial s’installe et nous menace.
    Hodie sibi, cras nobis : ce qui arrive à l’Algérie et aux Algériens aujourd’hui peut nous arriver demain en France si nous menons une politique de fermeté comparable à celle que mènent les autorités algériennes en Algérie.

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  • Le problème Palantir : la France livre-t-elle ses secrets aux Etats-Unis ?

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    Les services secrets américains ont-ils un accès direct aux informations collectées par les services secrets français ? Le sujet commence enfin à être abordé par quelques médias. Le nœud du problème : la société américaine Palantir, considérée comme experte dans l’analyse des données et de la prédiction, et qui a pour clients en France des entreprises stratégiques telles qu’Airbus ainsi que la DGSI, direction générale des services de renseignement intérieur.

    Fondée en 2004, la start-up Palantir, créée par Peter Thiel (qui siège au conseil d’administration de Facebook et est un entrepreneur proche de Donald Trump) et dont le lancement a été soutenu financièrement par la CIA, s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux du traitement massif de données via des algorithmes et travaille désormais avec de nombreuses agences de renseignement américaines telles que la National Security Agency (NSA).

    Or, en mai 2016, Palantir décroche un contrat de 10 millions d’euros auprès du renseignement intérieur français, la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure).

    De quoi susciter des questions essentielles au sujet du risque qu’une porte dérobée soit cachée dans le logiciel américain et permette de s’emparer des secrets français.

    Thomas Gassilloud, député LREM et corédacteur d’un rapport parlementaire sur la numérisation des armées, tire enfin la sonnette d’alarme :

    « Ne pas contrôler ses outils peut avoir de graves conséquences technologiques »

    « Nous l’avons vu avec le système GPS : c’est un outil performant et gratuit, mais qui peut être coupé ou bridé sur décision des Etats-Unis, et c’est pourquoi nous avons développé Galileo en Europe. Sans compter qu’il existe toujours un risque de fuites d’informations : même si on pouvait être certains que le logiciel de Palantir ne comporte aucune porte dérobée, il restera toujours le fait que vous dites à leurs employés ce sur quoi vous travaillez (…) » 

    https://www.medias-presse.info/le-probleme-palantir-la-france-livre-t-elle-ses-secrets-aux-etats-unis/99128/

  • L’esclavage ? Parlons-en !

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    Pratiqué sur tous les continents, l’esclavage est vieux comme l’humanité. Sort de fait affreux que celui de l’esclave, objet ou meuble pour son propriétaire, soumis à sa volonté, son désir ou ses caprices. L’État de droit prohibe cette sujétion d’un être humain : ainsi, en son article 224-1B, notre Code pénal définit l’esclavage comme « l’exercice, à l’encontre d’une personne, d’un des attributs du droit de propriété » ; et punit de vingt ans de réclusion criminelle la réduction avérée de quiconque à cet état.

    Pas de problème, donc : qui prônerait l’esclavage aujourd’hui ? Et pourtant… Car tout un demi-monde académique, journalistique et associatif dénonce bruyamment l’esclavage (comment lui donner tort ?) mais condamne cependant les seuls Européens, pour la seule traite négrière triangulaire (Europe-Afrique-Amériques), en gros, du XVIe au XVIIIe siècle. Racistes, avides, les Européens sont seuls coupables et devraient, dit ce chœur vengeur, expier et payer pour cela jusqu’à la fin des temps.

    Mais obnubilés par leur cause, ces militants à œillères ignorent – à dessein ? – l’esclavage persistant encore sur notre sol même, toujours aussi cruel et brutal. Ouvrons-leur les yeux.

    En mai 2018, des maquerelles ayant prostitué de force une cinquantaine de jeunes femmes sont jugées à Paris pour « proxénétisme aggravé » et « trafic d’êtres humains ». Souvent issues de la ville nigériane de Benin City, les victimes sont infiltrées en Europe comme « migrantes » par leurs proxénètes, dans les pires dangers, à travers l’Afrique puis la Libye, et embarquées pour l’Italie sur des radeaux de fortune. Concernant au minimum des centaines de femmes africaines, des dizaines de ces affaires ont déjà été jugées en Europe. Rien qu’en France, dit la police, vingt de ces réseaux furent démantelés en 2017.

    Ces procès résonnent tous des mêmes insoutenables récits. Les victimes parlent toutes de « calvaire ». Battues, scarifiées par leurs « propriétaires », soumises par des sorciers à des rituels de magie noire où elles doivent avaler le sang et les organes crus d’animaux ; elles sont violées (collectivement, même) avant d’être vendues. Passant d’un proxénète à l’autre, elles sont « à l’abattage », multipliant les « passes » dans des foyers de travailleurs ; forcées d’avorter quand elles tombent enceintes – mais « travaillant » quand même, épuisées et sanglantes. Bien sûr, leurs maîtres récupèrent l’argent si cruellement gagné. À Marseille, une de ces bandes criminelles accumule ainsi, en quelques mois, 180.000 euros en espèces.

    Est-ce le seul type d’esclavage pratiqué dans l’Europe de 2018 ? Non : des handicapés ou simples d’esprits, vivant chez eux dans une misère noire, sont contraints à mendier par de modernes esclavagistes. Pire : des enfants de parfois sept ans sont soumis au même enfer. Tyrannisés pour rester des heures à la même place, il leur faut rapporter chacun de 30 à 300 euros par jour. Ils échouent ? Humiliés, attachés nus à des arbres, ils sont fouettés, coupés au couteau, affamés, etc. Parfois, on leur brise un membre ou on leur roule dessus en voiture (tout est consigné sur procès-verbal, à l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante). Des « registres de comptes » saisis révèlent que ces esclaves sont vendus 500 euros « pièce » par leurs maîtres et leur servent aussi d’esclaves sexuels.

    Ici, le lecteur se demande : qui sont ces bourreaux ? Ce sont, dans le premier cas, les membres de groupes criminels organisés nigérians (Black Axe, Authentic Sisters, Supreme Eye Confraternity) ; dans le second, des « familles rom » ou des « clans rom » criminalisés, issus des Balkans. Les fortunes extorquées aux victimes leur servant à tous à vivre en nabab, dans de luxueuses villas.

    Nul Français dans les multiples cas d’esclavage ci-dessus mentionnés. Peut-être est-ce là le motif du désintérêt de nos anti-esclavagistes a posteriori, pour ces affaires qu’ils ignorent totalement. Impossible de culpabiliser ces criminels vivants et dangereux ? Nulle prébende à attendre d’eux ? Prudence. « Stigmatisons » plutôt l’esclavage de grand-papa, dont les acteurs sont morts depuis belle lurette, ce qui est rassurant. Accablons, encore et toujours, leurs descendants de reproches. Ces commodes cibles s’excusent tant et plus – voire paient pour soulager leur conscience. Moins dangereux qu’un tueurs à gages de Black Axe et sa magie juju ; ou qu’un surineur balkanique. Et bien plus lucratif.

    NB : les détails et sources des affaires ci-dessus narrées sont à disposition de tout fact-checkervétilleux.

    Xavier Raufer

    http://www.bvoltaire.fr/lesclavage-parlons-en/

  • Pour un Front de la liberté… réaliste!

    europe-des-nations-276x300.jpgLes gros médias, c’est le moins que l’on puisse dire,   n’ont pas beaucoup fait état de la rencontre qui s’est déroulée hier entre Marine Le Pen et Matteo Salvini à Rome.  La présidente du RN répondait à l’invitation de l’Union générale du travail (UGT), syndicat (à ne pas confondre avec son homonyme espagnol) proche de la Ligue, pour intervenir sur le thème de « la croissance économique et les perspectives sociales dans une Europe des nations. » Une réunion qui fut donc boudée par la grosse presse française  - couverte en revanche de manière très exhaustive par RT –  mais pourtant hautement symbolique  en ce qu’elle permettait de lier, sous l’égide d’un syndicat très en pointe dans la défense des intérêts des travailleurs, questions économico-sociales et problèmes migratoires.   Elle matérialise, à quelques mois des élections européennes dont Marine a rappelé le caractère décisif,  la lutte des nationaux, des populistes/souverainistes contre une idéologie mondialiste qui est le ciment de cette Europe technocratique. UE dont les dérives totalitaires s’accélèrent. On le constate notamment avec les persécutions qui ne se démentent pas contre les eurosceptiques,  discriminations dénoncées de nouveau par Bruno Gollnisch dans l’affaire dite des assistants parlementaires lors de sa conférence de presse du 2 octobre.

    Marine et Matteo ne se  sont pas contentés d’afficher leur identité de  vue «contre les ennemis de l’Europe que sont Juncker et Moscovici, fermés dans le bunker de Bruxelles»;  leurs constats communs sur «l’Europe, l’agriculture, le travail, la lutte contre l’immigration», la nécessité de «construire (une autre Europe) avec d’autres Européens »,  sur la base du  triptyque «sécurité, identité, prospérité»,  «pour remplacer ce qu’est devenu au fil des ans l’Union européenne. »

    Cette conférence a aussi été le lieu d’une annonce importante, au moment ou les nationaux cherchent à mener à bien le rassemblement le plus large et le plus efficace possible pour mener la lutte contre le système bruxellois à tuer les peuples. La présidente du RN,  le dirigeant  de laLigue et  vice-président du conseil des ministres italien ont ainsi annoncé le lancement  du  Front de la liberté, une alliance électorale dans la perspectives des élections de mai prochain.

    Les aspirations des peuples européens à plus de libertés, de protections, d’identité sont non seulement légitimes, mais elles peuvent être satisfaites et Marine a d’ailleurs loué les résultats obtenus par le nouveau gouvernement italien sur le front de la lutte contre la submersion migratoire. Beaucoup ont été frappés dans ce domaine par les propos de Gérard Collomb,  lors de son discours  de passation de pouvoir le 3 octobre . Le ministre démissionnaire a avoué ses échecs et ceux de ses prédécesseurs, malgré les milliards déversés dans les quartiers pluriels, par une  gauche et une droite pareillement immigrationnistes,   pour favoriser le vivre-ensemble.  « Je suis allé dans tous ces quartiers » a déclaré M. Collomb,  «la situation est très dégradée. On ne peut plus continuer à travailler commune par commune, il faut une vision d’ensemble pour recréer de la mixité sociale. » « Aujourd’hui, on vit côte à côte. Moi, je le dis toujours : je crains que demain on vive face à face. »

    La seule vision d’ensemble qui tienne  est celle développée et défendue  par l’opposition  nationale, et M. Collomb  le sait peut-être  dans son for intérieur,  mais aura-t-il le courage de le dire, de confesser clairement  que les politiques des partis du Système peuvent conduire la France à la guerre civile,  si un changement radical n’est pas  amorcé?  Valéry Giscard d’Estaing  lui au moins, a  fait son  mea culpa en  se confiant à son biographe, dans un livre à paraître dont Le Point publie quelques extraits (repris sur le site fdesouche).

    «Son grand regret» , est-il écrit, « le regroupement familial, décidé par un simple décret de Jacques Chirac en 1976. (…) L’idée de faire venir les familles des immigrés paraissait, à l’époque, naturelle. Avec l’augmentation massive de l’immigration en provenance de pays musulmans, elle divise profondément. Raymond Barre, d’ailleurs, le suspendit pour trois ans, avant que le Conseil d’État annule cette décision au motif que le regroupement familial faisait désormais partie de principes généraux du droit.»

    « Avec le recul, Valéry Giscard d’Estaing regrette cette initiative : L’idée en soi était juste et généreuse (…) Mais elle a été mal appliquée, et j’ai eu le tort de ne pas plus surveiller l’application ; j’en ai donc la responsabilité (…).  Dans son essai, Le sens de la République, l’historien (de gauche, spécialiste de l’immigration et  favorable à sa poursuite, NDLR)  Patrick Weil a aussi révélé que (VGE) avait eu le projet de dénoncer les Accords d’Evian pour pouvoir rapatrier quelque 500 000 Algériens en cinq ans.»

    A l’évidence, les lignes bougent et nous verrons certainement dans les mois et les années à venir certaines personnalités contraintes, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle, à certaines révisions déchirantes, même s’il  n’est jamais facile – ego quand tu nous tiens ! - d’avouer ses erreurs ou de faire le deuil de ses illusions. Michel Onfray lui ne varie pas dans ses convictions d’homme de gauche réaliste comme il se décrit;  l’homme par qui le scandale arrive en endossant dernièrement le costume du pamphlétaire attaquant la cour. Il a créé l’émoi avec sa seconde lettre  publique adressée  au président de la République  dans laquelle il pourfend  avec ironie, mais non sans une assez grande violence verbale,   l’épisode de  Macron et du  selfie-doigt d’honneur lors  du déplacement de ce dernier  à Saint-Martin  (voir ici et ici)

    Accusé d‘homophobie et accessoirement d’atteinte à la dignité du chef de l’Etat, M. Onfray affirme que son ton voltairien et son insoumission expliquent que son passage prévu sur France 5 pour parler de son dernier livre en date,  ait été déprogammé.  Bref, l’essayiste libertaire et  philosophe athée subirait à peu de chose près le sort d’un Eric Zemmour aujourd’hui banni du service public. Michel Onfray  a rappelé aussi les attaques dont il a été l’objet par le candidat Macron au cours de la campagne présidentielle, du fait de ses critiques virulentes contre l’Europe bruxelloise et  de la soumission à celle-ci  de la classe politique.

    Par mesure de rétorsion contre sa liberté de ton,  l’Elysée aurait aussi fait pression  pour que France Culture renonce à diffuser  les cours qu’il donne  à l’Université populaire de Caen (UPC)  dont il est le créateur. Il a annoncé le  27 septembre sur le site de l’UPC que dans ces conditions  il arrêtait ses activités. Il concluait son propos  par l’avertissement suivant: «La lutte contre les idées du FN qui avait motivé la création de l’Université Populaire en 2002, doit désormais être élargie à tous ceux qui mettent en péril la liberté de conscience, de pensée et d’expression. Ils sont bien plus nombreux qu’à l’époque. Plus nombreux et d’autant plus dangereux qu’ils sont désormais au pouvoir. »

    Ni Marine, ni Macron nous dit M. Onfray,  c’est son choix et c’est son droit ! Mais rassurons-le, il gardera sa liberté de ton et de parole si les Français nous confient les destinées de notre pays. Certes, et cela ne date pas d’aujourd’hui,  la liberté de conscience, de pensée et d’expression est en effet menacée, mais  par ceux qui sont les adversaires les plus acharnés des idées défendues par  l’opposition nationale. Ce ne sont  pas des groupes de pression émanant de notre famille de pensée qui concoctent des lois liberticides, communautaristes,  entendent  interdire la libre expression de M Onfray ou d’autres, quand bien même nous ne la partageons pas.  Quant principe de réalisme dont il se targue, il devrait  le conduire à mieux jauger et juger de l’action politique menée par notre courant politique qui en est épris. Et pour citer un philosophe qu’il apprécie, Nietzsche,  disons que le RN, la Ligue, tous les nationaux lucides se veulent    comme «l’Helléne ( qui ) n’est ni optimiste, ni pessimiste. Il est  essentiellement viril; il voit les choses terribles telles qu’elles sont et ne se les dissimule pas. » C’est bien au fond le reproche principal qui nous est fait par nos adversaires…

    https://gollnisch.com/2018/10/09/pour-un-front-de-la-liberte-realiste/

  • Michel Geoffroy : « Le rêve mondialiste est périmé ! »

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    Michel Geoffroy vient d’écrire un gros livre sur La super-classe mondiale contre les peuples. L’ancien haut fonctionnaire, pétri par la culture du secret, découvre, pour nous, les arcanes d’un nouvel ordre. 

    La super-classe mondiale, née d’un rapport de force entre finance mondialisées et souveraineté politique

    Monde & Vie : Qu’appelez-vous « la super-classe-mondiale » ?

    Michel Geoffroy : Fondamentalement, ce n’est rien d’autre que le Pouvoir économique et financier, dérégulé et mondialisé dans la seconde moitié du XXe siècle. Car en 1989, après la disparition de la menace communiste, la fonction marchande se met à tout diriger en Occident. C’est ce qui me différencie par exemple des travaux d’un Henry Coston, autrefois : je ne pointe pas telle ou telle minorité à l’œuvre dans l’histoire, même si cette méthode a eu son intérêt, mais je décris un système, que je caractérise ainsi : l’usurpation de la souveraineté politique par le pouvoir économique et financier mondialisé et dérégulé en Occident. Il faut bien se dire que les 100 premières entreprises mondialisées, qui sont américaines en grande majorité, représente un PIB supérieur à celui de l’Union européenne. Ajoutons qu’elles peuvent se localiser où elles veulent pour payer le moins possible d’impôts aux États. Eh bien ! La super-classe mondiale, c’est le milieu humain qui naît du nouveau rapport de force entre l’économie et la finance mondialisées d’une part, la souveraineté politique d’autre part.

    Que craignez-vous de cette super-classe ?

    L’Américain Christopher Lasch a bien expliqué le renversement de perspective auquel on est confronté par l’émergence de cette nouvelle hégémonie. Jusqu’à la fin du XXe siècle, note-t-il, on a eu peur de ce que l’Espagnol Ortega y Gasset appelait « la révolte des masses » assimilée au risque révolutionnaire. Aujourd’hui, il se passe le contraire : les peuples aspirent à la stabilité. Et ce sont les élites qui ont décidé de changer le monde à leur profit. Leur nouvelle toute-puissance se manifeste médiatiquement tous les ans au sommet de Davos par exemple. On n’est plus dans le vieux discours national des 200 familles, parce qu’aujourd’hui les 200 familles n’ont plus peur de rien : elles se sont alliées avec les classes dirigeantes des autres pays occidentaux contre les peuples. C’est tout le sens de la formule de Warren Buffet, l’un de ces grands oligarques, troisième fortune mondiale en 2016, que je cite au début de mon livre ; il a déclaré dans le New-York Times du 26 novembre 2006 : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, la classe des riches, qui la mène, et nous sommes en train de la gagner ». Quel cynisme !

    Une super-classe relativement ouverte

    D’où vient cette expression de super-classe ?

    Je n’ai pas inventé ce concept. C’est Samuel Huntington, l’homme du choc des civilisations, qui l’emploie le premier, en 2002, dans son livre Qui sommes-nous. Il pointe le rôle d’une oligarchie nouvelle. Plus tard, en 2009, David Rothkopf reprend le terme dans son étude La Caste. Il évalue à 6 000 personnes le nombre des membres de cette caste, parce qu’il ne compte que les super-milliardaires. Huntington, qui inclut les millionnaires dans son décompte, en est, lui, à plusieurs millions d’influenceurs dans le monde.

    Vous êtes d’accord avec cette expression de Rothkopf : « la caste » ?

    Non pas tout à fait, parce qu’une caste est quelque chose de métaphysiquement fermé, à quoi l’on n’accède pas si l’on n’y est pas né. La super-classe est au contraire relativement ouverte. Ses membres se renouvellent périodiquement. Elle est formée de cercles concentriques, au travers desquels tout un chacun peut accéder au cœur du réacteur : le pouvoir économique et financier. Regardez : le président Obama, dans un discours tenu en Afrique du sud, à l’occasion d’un hommage à Nelson Mandela en juillet dernier emploie l’expression : « nouvelle élite internationale ». On peut lui faire le crédit qu’il sait de quoi il parle.

    Trump face à Clinton comme Staline face à Trotski

    Ce pouvoir transnational est largement d’origine américaine. Mais comment se fait-il que le président Trump rencontre en ce moment une telle opposition à travers le monde ?

    L’épicentre de ce nouveau pouvoir mondial est effectivement aux Etats unis, mais l’un des aspects intéressants de la présidence Trump, que l’on voit effectivement en butte à l’État profond américain, c’est que les Américains sous son égide, contre le mainstream mondialiste, sortent de tous les organes multilatéraux. On peut risquer une analogie un peu audacieuse : Trump face à Hillary Clinton, c’est un peu Staline face à Trotski, c’est « le communisme dans un seul pays » face à « l’internationale prolétarienne ». Au nom de ce nationalisme (voyez le slogan America first), Trump fait partie de ces nombreux présidents américains qui se heurtent à la puissance financière, aujourd’hui plus cosmopolite que jamais.

    Des cercles de pouvoir

    Revenons, pour mieux prendre la mesure de cette nouvelle classe, à l’image que vous utilisez des cercles concentriques…

    Il faut imaginer un caillou lancé dans l’eau. Plus les vagues concentriques sont éloignées de l’impact, moins elles sont fortes…Ce n’est pas « Une main cachée dirige le monde », mais un jeu permanent d’influences à différents niveaux. Le cœur, je vous l’ai dit, c’est évidemment la nouvelle puissance économique et financière mondialisée et dérégulée ; c’est le premier cercle, mais dans ce Système, au sens cybernétique du terme, différentes composantes rétroagissent. Les cercles ne sont pas fermés les uns aux autres.

    Quels sont les autres cercles ?

    Il y a ensuite le cercle médiatique et culturel. Les médias exercent un double pouvoir d’ahurissement et de présélection des personnels politiques, comme nous l’a montré en France l’émergence d’Emmanuel Macron. Évidemment, ces médias sont entre les mains de membres du premier cercle, comme en France Patrick Drahi (pour BFM) ou Arnaud Lagardère par exemple. Par le biais du mécénat, ils tiennent aussi la culture. L’art déraciné marchand que nous appelons « contemporain » est ce que l’on pourrait appeler du Financial art (Aude de Kerros), car les œuvres d’art ne sont pas imposables et constituent un juteux placement. Dans ce pouvoir culturel, il faut encore inclure les géants du net : la grande révélation de cet été est le rôle de Facebook, de twitter ou de Google dans la censure des opinions dissidentes. Vous remarquerez qu’autrefois la censure était le fait d’institutions relevant de la souveraineté temporelle ou spirituelle comme l’État ou l’Église, alors que les marchands essayaient de rester neutres. Aujourd’hui ce sont au contraire les « marchands » – c’est-à-dire les grandes entreprises mondialisées –qui censurent, et qui, tel le vice-président de Google, Ken Walker, dans une vidéo révélée récemment par le site Breitbart et le Daily Mail, s’engagent à lutter contre le populisme.
    On peut noter, en outre, l’étrange traçabilité de la préoccupation des fake news en Occident : le sujet est parti de Davos fin 2016. Il a été repris au Bilderberg, six mois plus tard, puis au congrès international des journalistes où l’on a entendu les géants du Net annoncer leur intention de « mettre un terme à la neutralité du net ». Enfin en 2018, Emmanuel Macron veut faire passer sa loi sur les fake-news, montrant bien qu’il est avant tout le serviteur dévoué du nouvel ordre mondial, appliquant les consignes des organisations prescriptrices, situées au-delà de la sphère étatique.

    Justement ces organisations forment ce que vous appelez le troisième cercle ?

    Le troisième cercle, ce sont toutes les organisations non gouvernementales, dont la plupart (90 %) sont d’origine anglo-saxonne. Parmi elles, je classe la franc-maçonnerie, la plus ancienne des ONG ! Autre ONG célèbre et qui a elle aussi un rôle mondial : l’Open society du milliardaire George Sorros, qui reconnaît travailler, comme la FM d’ailleurs, à la promotion de l’avortement, à la suppression des lois pro-vie dans le monde et à la promotion du chaos migratoire. Mais elle a un rôle plus large et encourage tous les agents de la déconstruction sociale, dans 140 pays au monde.

    De façon générale, alors que les liens sociaux tendent à disparaître (There is not such a thing as society disait Madame Thatcher), on parle désormais de « la société civile », en désignant à travers ce curieux pléonasme, toutes les forces qui appuient les intérêts de la super-classe mondiale. La reconnaissance de la légitimité de ladite société civile permet de faire pièce si nécessaire à la souveraineté des États.

    Les instances politiques et administratives peuvent participer elles aussi de la super-classe mondiale, mais leur pouvoir est résiduel et leur autorité marginale. C’est le quatrième cercle. Emmanuel Macron est à lui tout seul le symbole d’un politique qui est avant tout au service de la Davocratie mondialiste. Et de façon générale, le rôle de l’appareil d’État est à la fois de gérer les conséquences catastrophiques du libre-échangisme mondialiste et de donner un vernis démocratique à la gouvernance de l’oligarchie.

    Des déclarations limpides

    N’avez-vous pas peur que l’on taxe votre approche de « complotisme » ?

    En vérité ce serait un curieux complot que celui-là, un complot à ciel ouvert. Tout est sourcé dans mon livre. Les travaux du forum de Davos sont par exemple accessibles sur Internet. Nous avons en effet affaire à des comploteurs qui ne cachent pas leur projet.
    Dès 1970, le français Edmond de Rotschild déclarait par exemple : « Le verrou qui doit sauter à présent, c’est la nation ». C’est dans le magazine L’Entreprise du 18 juillet de cette année 1970. L’injonction est plus actuelle que jamais. Voyez aussi DSK, il se fait prophète le 15 novembre 2010 sur France Inter : « Le grand pari du XXIe siècle, c’est l’invention d’une gouvernance mondiale. Elle prend aujourd’hui la forme du G20 et au cœur de cette gouvernance, il y a le nouveau FMI ». James Paul Warburg, membre du Council of Foreign relations (CFR) déclarait au Sénat américain, le 7 février 1950 : « Nous aurons un gouvernement mondial que nous le voulions ou non. La seule question est de savoir si le gouvernement mondial sera organisé par l’adhésion ou par la conquête ».
    Avouez que les comploteurs ont de la suite dans les idées et qu’ils le font savoir.

    Et malgré tout vous êtes optimiste ?

    Optimiste je ne sais pas, mais je crois que l’on assiste en ce moment à une désoccidentalisation du monde et que ce genre de rêve mondialiste, qui confond le monde et l’Occident, est d’ores et déjà un rêve périmé.

    Propos recueilli pour Monde & Vie par l’abbé de Tanoüarn

    Michel Geoffroy, La super-classe mondiale contre les peuples, éd. Via Romana, 472 p., 24€.

    Source : Monde & Vie – Septembre 2018

    Crédit photo : Thierry Ehrmann [CC BY 2.0], via Flickr

    https://www.polemia.com/michel-geoffroy-reve-mondialiste-perime/