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Journal du jeudi 12 janvier 2017 - International / Le retour du Maroc sur la scène africaine
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L’Impérialisme américain est un ennemi de l’humanité
L’impérialisme américain est un des plus grands ennemis de l’humanité depuis au moins un siècle. Il est le vecteur principal de la mondialisation ultralibérale à l’échelle planétaire qui entraîne le pillage des ressources des pays du Tiers-Monde par les multinationales ainsi que l’exploitation extrême qui est infligée à leur classe ouvrière dans des ateliers de misère. En alliance étroite et ferme avec le sionisme international, l’impérialisme américain cherche à soumettre sans pitié les peuples qui luttent pour leur indépendance nationale et à détruire progressivement les différentes nations et cultures au profit d’un monde uniformisé et dominé par la civilisation anglo-saxonne.
Plus récemment cette année il y a eu le 11èmeanniversaire des attentats du 11septembre 2001. Ce fût bien entendu une tragédie qui a coûté la vie à environ 3000 personnes, sans compter les blessés et nous devons de tout coeur compatir à leur sort. Ceci dit le cortège de lamentations dans les médias au service de l’oligarchie mondialiste qui a suivi ces attentats est parfaitement hypocrite et révoltant. La version officielle de ces évènements est loin d’être convaincante et crédible et ne peut que semer le doute dans nos esprits. Il est tout à fait légitime de se demander à qui ce crime a profité. Mais dès que l’on remet en doute la version officielle des attentats du 11 septembre 2001, les défenseurs du système capitaliste apatride et mondialiste s’élèvent en choeur pour nous traiter de conspirationnistes, antisémites, esprits paranoïaques, etc. Leur volonté d’intimidation est plus qu’évidente, car nous risquons de semer des doutes dans la population et ainsi ébranler le pouvoir immense et démesuré qu’ils exercent sur la conscience des gens.
Ces esprits moralisateurs, qui nous ressassent continuellement le même refrain sur le terrorisme islamiste, deviennent par contre silencieux devant les actes de terrorisme d’État perpétrés par les puissances occidentales depuis plus d’un siècle. La liste est très longue et nous pourrions commencer par les bombardements intensifs anglo-américains sur l’Allemagne pendant la Deuxième Guerre Mondiale, qui ont entraîné notamment la destruction de la ville de Dresde. Des centaines de milliers de civils allemands périrent dans le but de provoquer la capitulation totale du gouvernement allemand. Mais bien sûr c’étaient des victimes « collatérales » et les Allemands étant du « mauvais côté » lors de ce conflit mondial et représentant le « mal suprême », ont mérité leur sort! Le peuple allemand a été littéralement mis à genoux pour les crimes supposés ou réels qui étaient reprochés au régime national-socialiste, alors que les alliés Américains, Britanniques et Soviétiques en ont perpétrés une panoplie et ont eu les mains couvertes de sang. Il y a eu également les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki en 1945, le coup d’État de Suharto en Indonésie en 1965 et celui de Pinochet au Chili en 1973, tout deux financés et orchestrés par la CIA, la guerre du Vietnam, l’invasion du Panama en 1989 qui causé la mort de plus de 3000 personnes, etc. Plus près de nous il y a eu les bombardements israéliens sur les territoires palestiniens et le Liban, l’invasion de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye l’année dernière. Toutes ces guerres et agressions impérialistes ont causé un nombre de morts infiniment plus grand que les attentats du 11 septembre 2001 sans pour autant suscité l’indignation des médias contrôlés par l’oligarchie mondialiste. Toujours le même deux poids deux mesures! La vie des civils américains et israéliens a plus de valeur que celle des habitants des pays dont les dirigeants s’opposent tant bien que mal à l’hégémonie de l’empire américano-sioniste, que ce soit les Palestiniens, les Irakiens, les Libyens, les Syriens, etc.
Suite à la destruction des tours du World Trade Center, l’élite dirigeante sioniste américaine a joué la carte de la sympathie auprès de l’opinion publique mondiale et en a profité pour mousser au maximum la fièvre belliciste et militariste en déclenchant la guerre contre l’Afghanistan, soi-disant pour débusquer Oussama Ben Laden et pour renverser le régime des Talibans au nom de la « libération des femmes ». Beaucoup de patriotes américains ont tout de suite reconnu l’influence du lobby pro-Israël dans cette poussée guerrière. Il y avait, et il y a toujours, une réelle volonté de la part des idéologues néoconservateurs de l’administration Bush, et maintenant celle d’Obama, de renforcer la position de l’État sioniste au Moyen-Orient au détriment des régimes arabes, iranien et autres qui veulent conserver leur indépendance nationale face à l’empire américano-sioniste. La convergence de vues entre l’impérialisme américain et le sionisme international a atteint un point extrême et c’est ce qui alarme les patriotes américains qui souhaitent que leur gouvernement se consacrent aux problèmes domestiques plutôt que de jouer au gendarme planétaire.
Aussitôt après la guerre en Afghanistan, les néconservateurs sionistes se lancèrent à l’assaut de l’Irak baathiste et socialiste de Saddam Hussein sous de faux prétextes et qui précipitèrent ce pays dans le plus grand chaos et dans une guerre civile atroce. Ils conclurent même des alliances avec les islamistes qu’ils prétendaient combattre! Saddam Hussein malgré tout ce qu’on peut lui reprocher était un dirigeant laïc, patriotique et socialiste et son gouvernement comprenait des femmes et des chrétiens. Le mouvement d’opposition à cette guerre fût extrêmement large avec des millions de personnes dans les rues, dont une manifestation de 200 000 personnes en mars 2003 dans les rues de Montréal, l’une des plus grande manifestation politique de l’histoire du Québec et du Canada! Mais ceci n’empêcha pas la destruction de la souveraineté irakienne et le pillage éhonté des ressources naturelles de ce pays par l’oligarchie mondialiste. La guerre en Libye en 2011 a été menée sous le prétexte de renverser un dictateur, Mouammar Khadafi, et a mené encore une fois au chaos et au pillage des ressources naturelles dont regorge ce pays.
Cependant il existe des lueurs d’espoir qui sont loin d’être négligeables. Cuba socialiste résiste toujours fièrement à la volonté américaine de renverser son gouvernement pour y restaurer le règne des exploiteurs et des bandits et le Vénézuéla d’Hugo Chavez représente une épine dans le pied des États-Unis qui ont toujours considéré l’Amérique Latine comme leur chasse gardée. En ce moment la Syrie baathiste et socialiste de Bachar El-Assad est au centre de l’actualité depuis plus d’un an à cause de la guerre civile encouragée et entretenue par l’OTAN dans le but de renverser son gouvernement et de le remplacer par une clique entièrement dévouée et soumise à l’hégémonie américano-israélienne sur le Moyen-Orient. L’existence du mouvement indépendantiste québécois inquiète l’impérialisme américain qui le voit comme un facteur de déstabilisation en Amérique du Nord. Dans les années 70, l’oligarchie yankee brandissait le spectre de l’avènement d’un Cuba du Nord si le Québec se séparait. C’est ce qui explique la volonté constante du Parti Québécois de rassurer les investisseurs américains sur les conséquences de l’indépendance du Québec, mais ce souci est loin d’être partagé par l’ensemble des patriotes québécois qui voient plutôt l’impérialisme américain comme un adversaire de leur lutte d’émancipation nationale et sociale. En bref il y a beaucoup de résistances face aux agressions et aux diktats impérialistes du Nouvel Ordre Mondial et les socialistes nationaux ont le devoir de les soutenir dans le but de favoriser la chute du capitalime mondialisé et apatride. C’est ainsi que l’on pourra construire un système politique, économique et social basé sur le socialisme national, seule alternative au chaos mondialiste et à la destruction progressive des nations et des identités nationales.
http://www.voxnr.com/7634/limperialisme-americain-est-un-ennemi-de-lhumanite
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Qui dirige le monde ?
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Hervé Juvin : la fin de la mondialisation et le retour des identités
On croyait que la mondialisation conduirait à l'uniformisation du monde sous la bannière du modèle occidental. Mais l'auteur de La grande séparation montre que celle-ci réveille au contraire les particularismes identitaires.Hervé Juvin est un écrivain et essayiste français. Il poursuit un travail de réflexion sur la transformation violente de notre condition humaine qui, selon lui, caractérise ce début de XXIè siècle. Il est par ailleurs associé d'Eurogroup Consulting. Son dernier livre La grande séparation, pour une écologie des civilisations a été publié aux éditions Gallimard (Le Débat, 2014).Figarovox : Votre livre s'intitule La grande séparation. Qu'est-ce que cette grande séparation ? De quoi nous séparons nous ?Hervé Juvin : La condition politique repose sur la séparation des groupes humains qui assure leur diversité. Jusqu'ici cette séparation entre les hommes provenait de la langue, des mœurs, des lois et des cultures, et se traduisait par le phénomène universel de la frontière: on traçait des séparations matérielles entre «nous» et les «autres». Il s'agissait d'une séparation géographique, matérielle, et horizontale. La Nation était la traduction politique de cette séparation. Depuis une trentaine d'années, on assiste à un phénomène nouveau, une forme de transgression qui se traduit par le «tout est possible» ou «le monde est à nous». Tout cela est en train de faire naitre une nouvelle séparation qui bouleverse radicalement tout ce qui faisait le vivre-ensemble et le faire société. Ce que j'appelle «grande séparation», c'est cet espoir un peu fou, très largement dominant aux États-Unis, notamment à travers le transhumanisme, de s'affranchir totalement de la condition humaine. L'ultra-libéralisme, l'hypertrophie du capitalisme financier, le retour du scientisme sont l'une des faces d'un visage dont le transhumanisme, la transexualité, le transfrontiérisme sont l'autre face. Il faut en finir avec toutes les limites, toutes les déterminations de la nature. Ainsi Google a pour objectif affiché de lutter contre la mort à travers sa filiale Calico. L'idéologie transgenre veut que chaque homme et chaque femme puisse choisir leur sexe. Des entreprises très «humanistes» comme Goldman Sachs remboursent les opérations de changement de sexe de leurs employés !Cette idéologie des «trans» vise à construire un homme hors-sol, délié de toute origine, et déterminé uniquement par sa propre volonté. C'est le retour du mythe de l'homme nouveau appuyé sur un délire scientiste qui voudrait que chacun soit à lui-même son petit Dieu autocréateur, pur produit de son désir, de ses intérêts ou de sa volonté propre. C'est cela, la grande séparation: la fabrique d'un homme sans origines, sans liens et sans foi, mais qui a chaque instant se choisit lui-même et choisit qui il est.«Plus rien ne nous est étranger», tel est le résultat de la mondialisation. Pourtant à mesure que l'on cherche à détruire le même, l'autre revient toujours plus fort. L'uniformisation a pour conséquence un retour des particularismes. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?On peut considérer qu'à bien des égards la mondialisation est achevée. J'ai la chance de voyager beaucoup dans le monde: il n'y a plus de jungles, de mangroves, de déserts, aussi perdus soient-ils où vous n'avez pas des gens qui sortent un téléphone portable de leur poche. La mondialisation des outils techniques - pour la plupart conçus en Occident- est à peu près aboutie. Le phénomène auquel on ne s'attendait pas, ce que j'appelle dans mon livre «l'aventure inattendue», c'est que l'uniformisation du monde est en train de réveiller les différences. L'exemple le plus frappant est celui de l'islam radical. Malraux parlait de «l'invincible sommeil de l'islam»: il y a trente ou quarante ans, l'islam était quelque chose d'endormi, d'immobile et d'assez pacifique. On peut dire ce qu'on veut sur les dérives extrémistes de l'islam, mais une chose est sûre: le retour (et dans certains cas l'invention) d'un fondamentalisme musulman (pratiques, cultes et doctrines rigoureux et agressifs) est généralement le produit direct d'une confrontation avec la modernité occidentale. Ceux qui vont combattre le djihad, en Syrie ou ailleurs, ceux qui ont commis des attentats en Occident, notamment le 11 septembre n'étaient pas des pauvres sans boulot ni éducation, mais des ingénieurs, des gens diplômés, parfaitement intégrés à la civilisation moderne. Il est intéressant de voir qu'une partie des mouvements fondamentalistes en Afrique - je pense notamment à Boko Haram- sont directement l'effet de l'agression de sociétés traditionnelles par les évangélistes et les missionnaires financés souvent par les fondations américaines. La mondialisation, dans laquelle on a voulu voir une homogénéisation du monde est en train de déboucher sur son contraire : le retour des particularismes identitaires, des singularités, et plus généralement un retour du «nous».L'illusion du multiculturalisme du «village monde» a-t-elle vécu ?Depuis 40 ans on avait assisté à la proclamation de l'individu absolu, sans aucune appartenance, seul face au monde. On a aujourd'hui un retour de bâton de la réalité : on ne vit pas riche et seul dans un océan de ruines, on ne vit bien que quand on sent qu'on appartient à un ensemble, à un groupe, quand on est dans le faire-société avec d'autres, et c'est probablement ce que cette phase très déroutante de la mondialisation est en train de nous révéler.Est-ce à dire que chacun va retourner chez soi et se confiner dans le séparatisme ethnique ?Quelle forme la séparation politique va-t-elle prendre en réaction à cette grande séparation ? Difficile de le dire. Mais ce qu'il est important de comprendre c'est qu'on ne peut dire «nous» que lorsqu'on a déterminé qui sont les «autres». Il y a quelque chose de profondément mensonger et dangereux dans la grande séparation qui fait de tous les hommes sont les mêmes - les hommes réduits à l'idiot utile des économistes! Si tous les hommes sont les mêmes, je suis absolument isolé, seul et incapable de dire «nous». Dans la plupart des pays occidentaux, on assiste à cet isolement croissant des individus, qui n'ont plus de repères, plus de structures, plus de capacité à dire «nous». Pour dire «nous», il faut qu'il existe des «autres» qui ne sont pas appelés à devenir les mêmes. Nos amis américains disent volontiers : tout homme ou femme sur cette terre n'aspire qu'à une chose: devenir un américain comme les autres. C'est la négation absolue de l'altérité. C'est aussi l'inverse du respect pour l'Autre, celui qui ne sera jamais le même, celui qui à ce titre m'aide à sentir mon identité. La paix dans le monde repose sur l'idée inverse : indépendance et différence. j'ai trop longtemps vécu et travaillé à Madagascar, eu des amis marocains, fréquenté l'Inde, je respecte trop les Malgaches, les Marocains, les Indiens, pour vouloir qu'ils deviennent des Français comme les autres. Ils ont leurs identités, leurs coutumes religieuses, leurs mœurs, qui sont éminemment respectables: au nom de quoi puis-je dire que je suis supérieur à eux ? Quel droit m'autorise à dire que l'avenir d'un malgache, d'un marocain ou d'un hindou est de devenir un Français comme moi ?C'est quelque part le crime de l'universel : de penser que ce qui est bon pour moi est bon pour le reste de l'humanité.Oui, mais nier l'universel, n'est-ce pas nier le propre de la culture européenne ?C'est le grand débat des Lumières et de la prétention au règne universel de la raison. L'idée que nous, Occidentaux, Européens, Français, Américains, aurions mis en place depuis les Lumières un modèle idéal de vie pour l'humanité, entre la croissance économique et la révolution industrielle, la démocratie et les droits de l'homme. Je ne le crois absolument pas. Je crois que d'autres sociétés qui vivent avec d'autres lois, d'autres mœurs, selon d'autres règles, ont su offrir les conditions du bonheur à leurs habitants. Je ne souscris pas à l'idée selon laquelle notre régime politique, notre musique, notre art, notre culture seraient le point d'aboutissement de l'humanité vers lequel tous les autres peuples devraient converger. Il y a une voie chinoise, une voie hindoue, des voies africaines, qui feront des sociétés équilibrées et heureuses, sûres de leurs identités, différentes de la voie américaine ou de la voie européenne.Toutes les civilisations se valent, alors ? Il n'y a pas de valeurs transcendantes, pas de droits de l'homme, pas d'universel… L'excision et le mariage forcée des petites filles est de même valeur que la quasi égalité hommes-femmes en Occident ?On a le droit de défendre un système de valeurs qu'on croit universel. Vous n'allez pas me faire dire que je suis pour la lapidation ! Personne évidement ne peut souhaiter être mis en détention sans jugements, être torturé, etc… Mais on ne peut pas ne pas constater les désastres que produit l'imposition par le haut du modèle occidental dans les sociétés traditionnelles. L'universalisme européen et américain n'a abouti qu'à des champs de ruines : en Afrique, en Afghanistan, en Irak, en Libye… Et la folle course en avant du développement menace la survie de l'humanité ; au nom de quoi arracher ces millions d'hommes qui vivaient hors de l'économie du capitalisme, de l'accumulation, dans un équilibre avec la nature, pour les précipiter dans un système qui détruit les biens vitaux et les services gratuits de la nature ?Les motifs humanitaires masquent souvent des ingérences guerrières. Le «droit au développement» masque l'agression impitoyable de l'obligation de se développer, qui a fait des ravages en Asie et en Afrique. Les limites à l'universel ne sont pas seulement morales, mais physiques. La pénétration sans limites d'internet répand dans des populations entières des rêves qu'elles n'auront aucun moyen de satisfaire, à moins de faire exploser la planète. Il est impossible que 9 milliards d'humains vivent comme un Américain moyen. Ne pas se rendre compte de cela, c'est créer les conditions d'une humanité frustrée. Non seulement cet universalisme sème les graines du malheur, mais il est contre-productif : plus il essaie de s'imposer, plus il réveille des particularismes de plus en plus agressifs.C'est là un point essentiel en géopolitique aujourd'hui : l'agression des modèles universels réveille les logiques de la différence politique. Je cite dans mon livre celui que je considère comme le plus grand ethnologue du XXème siècle Elwin Verrier, pasteur britannique marié avec une fille de la tribu des Muria : au bout de quarante ans passés à côtoyer les tribus indiennes, il a abouti à la conclusion suivante : laissons-les vivre comme ils sont, hors du développement économique. Mêlons-nous de ce qui nous regarde : sagesse qui nous éviterait bien des bêtises !Lien permanent Catégories : actualité, entretiens et videos, géopolitique, international 0 commentaire -
Un nouveau jeu de carte au Moyen-Orient et en Europe ?
Les Etats-Unis ont accéléré leur tournant vers le Pacifique en 2011, année qui correspond à l'apparition de l'Etat islamique. On ne sait pas encore ce que décidera Donald Trump, mais à travers ses positions – contestables – sur le réchauffement climatique, il s'est déjà fait l'écho de sa volonté de ne pas laisser à la Chine les mains libres.
La présence des Etats-Unis ayant fortement diminué au Moyen-Orient, deux acteurs ont placé (ou défendu) leurs pions : la Turquie et la Russie. Après une période de frottement, les deux pays ont probablement su s'entendre pour se partager le Moyen-Orient : à la Turquie, les sunnites et à la Russie, la Syrie alaouite et chrétienne.
Dans un regard sur l'actu publié le 15 octobre 2015 et intitulé « Le nouveau contexte global pour les Nuls », je portais un regard critique sur ce rapprochement qui pose d'évidents problèmes pour nous autres, Européens. De nombreux signaux avaient été envoyés, depuis l'inauguration de la mosquée de Moscou en passant par le soutien sans faille de Poutine à Erdogan lors du coup d'Etat raté de l'été 2016.
Poutine et Erdogan poursuivent des politiques similaires, l'un restaurant un néo-impérialisme russe basé sur l'orthodoxie et reconnaissant une place particulière à l'islam, l'autre aspirant à un impérialisme ottoman islamique. Dans un article du 23 juin 2015 intitulé « Vers un nouvel ordre impérial sans l'Europe ? », j'écrivais que « La politique néo-ottomane d'Erdogan, l'absence de réaction vis-à-vis de l'Etat islamique, les mauvaises relations avec la Syrie baassiste sont autant d'indicateurs qui tendent à démontrer que la Turquie ne voit pas d'un mauvais œil la reconstitution d'un Califat émergeant des cendres des anciens états. »
Après avoir vu d'un bon œil l'émergence de l'Etat islamique, s'appuyant sur les sunnites irakiens et diffusant un discours hostile à l'occupation occidentale débutée par les français et les britanniques et symbolisées par les accords Sykes-Picot, la Turquie ne perçoit plus aujourd'hui l'EI, du moins d'après les récents signaux (exécution filmées de deux soldats turcs, attentats qui se multiplient sur le sol turcs) comme un allié potentiel. Rappelons, comme je l'avais fait dans la chronique de l'ouvrage de Jean-Pierre Luizard, Le piège Daech, que la domination par les occidentaux du Moyen-Orient a été favorisée par le recul de l'empire ottoman. Ce recul pourra peut-être apparaître comme une « parenthèse », à l'instar de ce que furent les Etats latins d'orient au cours du Moyen Âge. Mais à l'heure où j'écris ces lignes, toute prospective paraît trop complexe. Cela atteste peut-être d'un retrait durable des Etats-Unis qui pourrait permettre à la Turquie d'agir plus directement en faveur des minorités sunnites de la région. Mais cela démontre aussi probablement une compétition interne au monde sunnite.
Le Qatar qui comptait sur la France a du être douché dans ses espoirs de s'implanter en Syrie, ce qui explique peut-être le rapprochement actuel avec la Russie via différents contrats dans des entreprises d'hydrocarbures. Le Qatar a besoin de faire passer son gaz par la Syrie et l'acteur clef en Syrie c'est désormais la Russie.
L'Arabie saoudite est, semble-t-il, écartée du processus, et on connaît son rôle dans la propagation du salafisme. Peut-être est-ce donc ce pays qui œuvre contre le rapprochement russo-turc avec les vestiges de l’administration Obama-Clinton.Les Frères musulmans qui sont à la fois partout et nul part ont en tout cas un intérêt tout particulier à ce nouveau positionnement turc favorisé, il est vrai, par la Russie.
A ces différentes forces il faut ajouter l'Iran qui pourrait bénéficier de l'explosion de l'Irak en retrouvant sa position favorable vis à vis des chiites irakiens et qui étend son influence potentielle jusqu'en Afghanistan où vivent de nombreuses populations d'origine iranienne. Russes et Iraniens ont aussi des intérêts communs à faire reculer l'influence occidentale en Afghanistan. De nombreux chiites afghans combattent d'ailleurs au côté de l'armée syrienne contre les pseudo-rebelles mais vrais islamistes.
En Europe, l'Allemagne entretient des liens avec la Turquie et avec la Russie. Ce pays a besoin d'hydrocarbures pour son industrie et ne se ferme aucune porte. Par ailleurs, l'UE dessine une ligne beaucoup plus pragmatique en matière de politique étrangère depuis l'année 2016 (lire ici), ligne qui va être renforcée par le Brexit qui amenuise l'influence anglo-saxonne sur l'Europe. Mais la proximité historique de l'Allemagne avec les Etats-Unis ne permet pas encore de dessiner une orientation claire dans la politique de Merkel, qui ne sait pas non plus quel est son avenir électoral. L'élection de Trump permet d'envisager différents scénarios, dont celui d'une plus grande autonomie européenne en matière de politique étrangère, scénario renforcé par les annonces du nouveau président contre le TAFTA.
Qui sont pour l'instant les victimes (supposées) de cette redistribution (supposées) des cartes ?
L'Europe du sud, qui en plus de subir l'ordo-libéralisme allemand est un point d'entrée en Europe (Grèce, Italie, Espagne) des clandestins, la France qui perd ses intérêts un peu partout et se retrouve contrainte d'être à la remorque de l'Allemagne, et enfin les pays de l'Europe centrale et orientale qui sont au cœur du jeu russo-allemand (exemple de l'Ukraine) et refusent la politique migratoire imposée par l'Allemagne de Merkel en partie pour conserver ses intérêts avec la Turquie.
A l'heure actuelle, un scénario pourrait émerger. Si le basculement des Etats-Unis vers leurs intérêts dans le Pacifique se confirme avec Trump, un trio Allemagne-Russie-Turquie pourrait se mettre progressivement en place (hégémonisme allemand sur l'Europe, russe dans l'ex espace soviétique et turc dans le monde sunnite). Cette situation serait assez défavorable à la France qui a perdu pied en Syrie et qui ne pourrait pas bénéficier d'un éventuel (et non souhaitable de prime abord) soutien britannique. Ce sont bel et bien les accords Sykes-Picot qui sont en passe d'être écrasés au Moyen-Orient sous l'influence conjointe d'abord des islamistes surfant sur un panarabisme moribond, ensuite et désormais à la faveur du rapprochement russo-turc. Pour dire les choses clairement, ce sont les intérêts français qui ont reculé en Syrie au profit des intérêts russes et notre diplomatie n'a pas suffisamment perçu à quel point l'émergence de l'Etat islamique pouvait fragiliser la cartographie du Moyen-Orient héritée de la Première Guerre mondiale. Les Français devraient donc se réjouir avec précaution de l'action russe qui a peut-être désormais coupée la France de ces anciens relais proche-orientaux. Ce qui n'empêche pas de considérer la libération d'Alep-est comme une meilleure chose que sa domination par les islamistes. Dans l'Etat actuel des choses, on ne voit plus aucun Etat, en dehors peut-être d'Israël qui a eu des relations compliquées avec l'administration Obama, qui pourrait accueillir la France comme un acteur crédible du Proche et du Moyen-Orient et du monde arabe en général. Une première pour un pays qui a toujours eu une politique plutôt favorable au monde arabe...
Dans ce cadre reste à la France quelques options possibles. La condition sine qua non de cette optique est d'apparaître comme l'unique solution interne à l'UE contre la politique menée par Merkel. Il faut donc multiplier dans cette perspective les liens entre la France et les pays d'Europe du sud dans le cadre d'une union latine élargie que je défendais dans l'article suivant : « Le couple franco-allemand doit-il faire chambre à part ? » Sans en reprendre toutes les conclusions ici, il parait évident que nous avons des intérêts convergents avec les pays méditerranéens, en matière d'immigration, mais aussi en matière de défense. La Grèce par exemple, ne pourrait compter que sur la France pour se protéger à la fois des attaques économiques de l'Allemagne et des provocations militaires éventuelles de la Turquie. On ne voit pas bien comment la Russie pourrait à terme être d'un quelconque secours pour les Grecs.
Ensuite il faut mener une politique de rapprochement de la France avec l'Intermarium, avec la Pologne comme pivot pour au moins deux raisons, faire pression avec le groupe de Visegrad sur une nouvelle orientation de l'UE et devenir un partenaire de ces pays de l'OTAN pour progressivement substituer à l'OTAN de nouveaux accords de défense comprenant la France, les pays d'Europe Méditerranéenne et l'Intermarium. Cela obligerait Allemands, Russes et Turcs à ne pas s'engager dans des politiques expansionnistes inappropriées. Au-delà, la France pourrait se doter d'une politique maritime ambitieuse via ses territoires ultra-marins et certains territoires de la francophonie, en particulier le Vietnam pour la mer de Chine, ce qui lui permettrait de contester également la politique chinoise agressive dans cette région.
Une politique des mers et des océans (Méditerranée, Atlantique, mer du Nord, Baltique, mer Noire, Pacifique et mer de Chine) qui permettra de conserver un équilibre des puissances à toutes les échelles et de garantir nos intérêts vitaux. Cela permettrait également de faire émerger des groupes d'intérêts rivaux mais non pas ennemis situés entre le continent et l'Etat-nation.
L'inconnu réside ici encore dans la nouvelle politique des Etats-Unis. En réalité Trump ouvre plus de questions qu'il n'apporte pour le moment de réponses et cette incertitude profite à de nouveaux acteurs au Moyen-Orient et devrait sérieusement inviter notre diplomatie à revoir sa copie.
Jean / C.N.C.
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/le-cercle-non-conforme/
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Trump élu, à la veille d'entrer en fonction, quels indices (sur les orientations de sa présidence? (Deuxième Partie)
Nous avons vu dans la première ; partie de cet article (RIV. du 22 décembre 2016) la persistance des basses manœuvres des démocrates cherchant absolument à contester, ou du moins à délégitimer, l'élection de Donald Trump, le 8 novembre 2016. Elles se sont poursuivies fin décembre jusqu'au plus haut niveau, avec les accusations réitérées du président sortant Obama contre la Russie, dont l'espionnage électronique aurait biaisé l'élection présidentielle américaine au-delà de la volonté de créer une crise diplomatique grave avec un grand pays par un président sur le départ, il y a encore et toujours la propagande visant à faire de Trump un agent russe, ce qui est absurde, faut-il le rappeler.
Trump appliquera-t-il son programme de construction du Mur, étanche, à la frontière avec le Mexique, et d'expulsion massive des dizaines de millions de clandestins ? Ce n'est plus si évident, car il a édulcoré, sitôt élu, ces promesses électorales essentielles, même s'il est attendu sur ces engagements forts, centraux dans son élection. En revanche, il est demeuré "une fermeté exemplaire sur sa vision ultrasioniste du monde que nous ne partageons pas du tout à Rivarol ! -, soutenant explicitement l'œuvre colonisatrice sioniste dans ce qui liste de lambeaux de terres en Cisjordanie aux Palestiniens. A l'inverse, le président sortant Obama a tenu subitement, à quelques jours de son départ, à s'élever contre de telles pratiques colonisatrices , cette position nouvelle d'Obama est du reste tout sauf sur une remise en cause de l'Entité Sioniste en tant que telle et de sa légitimité, malgré les hauts cris de son Premier ministre Benjamin Netanyahu. Quels seraient les autres axes essentiels de la politique future de son gouvernement, précisés par Donald Trump avant son entrée en fonction le 20 janvier 2017?
Sortir de la logique d’affrontement et coopérer avec la Russie ?
Les présidents Bush II puis Obama ont campé sur une ligne constante d'affrontement avec la Russie. Le président Obama a tenu à déclencher durant ses derniers jours de mandat une crise diplomatique avec Moscou, sur le thème de l'espionnage électronique russe aux États-Unis, et a ordonné l'expulsion de 35 diplomates russes. Beaucoup de membres du parti républicain, par réflexe antirusse remontant aux années 1950 et à la lutte idéologique contre le communisme soviétique - idéologie à laquelle ne se rattache pas, ou plus, depuis 1990, Vladimir Poutine, quoi que l'on puisse penser par ailleurs de son patriotisme russe, prosioniste et islamophile - ont chaudement approuvé cette conduite irresponsable. Le sénateur républicain John MacCain a même tenu à visiter dans les derniers jours de décembre 2016 l'Ukraine de l'Est, y compris Marioupol sur la ligne de front, pour y fans de dangereuses déclarations bellicistes antirusses. Barack Obama n'a apporté nulle preuve effective de tels agissements russes, et le pays qui espionne le plus les autres États du monde, et toutes les populations du monde, n'est autre que les États-Unis, dont les dirigeants font preuve une fois de plus d'une hypocrisie formidable. Obama a agité le spectre d’une imaginaire menace russe contre les États-Unis, et il a été cru.
Les extrapolations à partir de divergences majeures au Proche-Orient ou en Europe de l'Est ne tiennent pas : la Russie y défend ses intérêts stratégiques, indiscutables dans le premier cas, vitaux dans le second, sans qu'il y ait une volonté agressive contre les États-Unis en tant que tels. Ces derniers se conduisent de manière agressive contre la Russie et ses alliés, tout en accusant Moscou, selon la rhétorique habituelle de la prétendue « communauté internationale », ou camp du "Bien", d'agressivité. Washington a en effet très longtemps soutenu des groupes armés djihadistes sunnites en Syrie contrairement à Moscou soutenant le gouvernement syrien. Soutenir des mouvements rebelles contre un Etat reconnu est en outre contraire en principe à la Charte de l'ONU, car sapant à l'évidence toute possibilité de paix nationale et internationale. En Europe de l'Est, l'Ukraine antirusse depuis la Révolution de Maïdan est obstinément soutenue dans son effort de guerre contre les républiques sécessionnistes de Nouvelle-Russie - soutenues elles par Moscou -. Des combats, de faible intensité pour l'instant, s’y poursuivent. De même les soutiens les plus ostensibles, avec des grandes manœuvres de l'Otan, sont-ils accordés à l'Estonie et à la Lettonie, pays anciennement soviétiques et russes depuis le début du XVIIIe siècle. Toutefois, peuples non russes, ils ont été soumis de manière coercitive à la Russie, et colonisés après 1945. Ils ont connu deux brèves périodes d'indépendance, de 1918 à 1940 et depuis 1991. Leur crainte se conçoit compte tenu de leur contentieux historique avec la Russie, mais le zèle otanesque n'est peut-être pas la plus habite stratégie de long terme. Il y a là pour les États-Unis une claire provocation envers Moscou, non seulement dans ces manœuvres mais aussi dans leur publicité.
Bush II avait réalisé en 2004 l'élargissement de l'Otan jusqu'aux pays baltes, immédiatement frontaliers de la Russie pour la Lettonie et l'Estonie, chose jugée inadmissible à Moscou, à l'époque comme aujourd'hui. Pire, Bush II comme Obama ont aidé les éléments antirusses en Géorgie et en Ukraine, en promettant une intégration à terme à l'Otan, perspectives encore plus insupportables pour la Russie. Il en est résulté la guerre de Géorgie de 2008, perdue par les alliés de Washington, et celle d'Ukraine de l'Est, en cours depuis 2014. Loin de reculer encore, la Russie a au contraire annexé la Crimée en 2014, région stratégique essentielle en Mer Noire. De même a-t-on assisté à un affrontement stérile avec la Russie dans le cadre du conflit syrien, en cours depuis 2011 les États-Unis ont ainsi systématiquement soutenu les mouvements armés rebelles islamistes, dits faussement "modérés" Cette politique américaine aberrante a, involontairement mais effectivement, conduit à l'émergence du Califat à partir du printemps 2014, qui résiste encore en janvier 2017 à Mossoul, Raqqa, Palmyre. Le prétendu nouvel impérialisme russe n'est donc finalement qu'une réaction défensive contre un impérialisme, lui, très réel.
Cet impérialisme américain, qui se réclame d’un messianisme émancipateur universel confus ne sert nullement les vrais intérêts nationaux des États-Unis. Donald Trump l’a fait maintes fois remarquer avec un bon sens jusque-là trop rare, sacrilège, interdit. Il a promis de changer radicalement les choses. Il est toutefois déjà revenu sur ses déclarations de campagne envisageant alors sereinement là dissolution pure et simple de l'Otan. Un assainissement radical de long terme de la politique internationale n'est donc pas à attendre probablement, même si l'on peut espérer une sortie a minima de la logique dangereuse des manœuvres antirusses. Les présidents Poutine et Trump ont d'ailleurs échangé des mots aimables dans les derniers jours de décembre. Le président russe a eu la sagesse d'ignorer les graves provocations d'Obama, évidemment multipliées pour imposer mordicus une logique conflictuelle à son successeur. Cette basse et dangereuse manœuvre devrait heureusement rester sans effets.
Ainsi, il n'existe pas de raisons profondes d'entretenir une nouvelle guerre froide avec la Russie. À ce sujet, Donald Trump fait preuve d'un bon sens indiscutable. Les "rebelles" syriens sont des djihadistes indéfendables. Le plus simple et pertinent serait de laisser la Russie repousser, sinon détruire, l'insurrection islamiste sunnite en Syrie, en lien avec le régime de Damas. Quant aux alliés géorgiens et ukrainiens de Washington, qui ont du reste échoué dans la gestion de leurs pays, ils pourraient être sacrifiés sans trop de dommages à un rapprochement majeur entre Moscou et Washington.
Un basculement stratégique antichinois ?
À l'inverse de l'agressivité contre la Russie, Bush II et Obama ont été systématiquement conciliants avec la Chine. Le libre-échange, à peu près général et total en principe entre les deux pays, profite massivement à la Chine, avec des décennies de lourds déficits commerciaux américains cumulés, ce qui tue certains secteurs entiers de l'industrie américaine, et à terme en menace beaucoup d'autres. Bush II comme Obama ont toujours récité le credo libre-échangiste, dans son approche la plus naïve tous les partenaires du libre-échange y gagneraient. C'est faux en réalité, et d'autant plus faux si un des partenaires triche, protégeant subtilement son marché intérieur, comme c'est le cas de la Chine. Tout au plus les présidents américains antérieurs ont-ils émis, rarement, des protestations symboliques, ou de timides gesticulations navales, devant l'avancée territoriale de la Chine. En Mer de Chine Méridionale, l'armée chinoise transforme par poldérisation des îlots rocheux, à la souveraineté initialement contestée, à peine, voire pas du tout émergés, en îles véritables et bases aériennes et navales chinoises, ce qui inquiète tous les pays voisins. Cet alignement général sur la Chine n'a, au plus, pas exclu quelques gesticulations symboliques minimales face à un impérialisme régional chinois indiscutable, afin de manifester une solidarité minimale envers les alliés régionaux traditionnels, comme les Philippines ou le Japon. Les Nippons ont été déçus du soutien fort modéré obtenu de Washington face aux contestations régulières de souveraineté émises désormais par la Chine sur de petites îles isolées et inhabitées, mais japonaises, sises entre l'archipel nippon méridional des Ryükyü et la Chine. Donald Trump a abordé la question chinoise avant tout sous l'angle économique : ces importations chinoises massives détruisent depuis des décennies des pans entiers de l'industrie américaine, en particulier dans le secteur de l'acier. Demain, l'automobile pourrait également être menacée, en suivant la trajectoire actuelle. Dans une perspective de rudes négociations, impliquant l'application de droits de douane sévères, avec des représailles inévitables sur le charbon et les blés américains exportés en Chine, Donald Trump a manifesté sa fermeté sur ce sujet, ainsi qu'un franc soutien aux adversaires régionaux de la Chine, comme le Japon, la Corée du Sud, et même Taïwan. Il a accepté de recevoir directement les félicitations téléphoniques de la présidente de l'île de facto sécessionniste, ce qui a été considéré comme une provocation inadmissible par Pékin.
La question se pose de savoir s'il s'agit d'une agitation, pour l'instant seulement verbale, afin de faire passer sans difficulté les nécessaires mesures protectionnistes, sous la menace d'une guerre froide régionale effective aux frontières effectives de la Chine, ou s'il s'agit au contraire d’une approche de refoulement, non seulement des marchandises chinoises, mais de la puissance chinoise. Ce refoulement s'appuierait sur les alliés régionaux des États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, les Philippines, qui seraient fermement soutenus. Nombre d'indices laissent envisager plutôt la deuxième hypothèse. Peut-être s'agit-il d'une grande stratégie reaganienne voulant ruiner la Chine, comme l'URSS dans les années 1980, par un effort d'armement disproportionné. Cette stratégie comporterait des risques de dérapages réels, comme une invasion de Taïwan par la Chine continentale, qui en a les moyens. Donald Trump a également manifesté de la compréhension pour le nouveau président philippin Duterte et sa politique énergique, fort discutée, de maintien de l'ordre : elle comporte des milliers d'exécutions sommaires de "drogués" Duterte fait figure d'épouvantail pour la bonne conscience progressiste internationale, loin de s'en offusquer, le président philippin s'en amuse beaucoup. Donald Trump a osé encore une fois briser les tabous médiatiques définissant arbitrairement le bien et mal, le fréquentable et l'infréquentable. Il déclaré comprendre Duterte et sa politique. Le président élu espère certainement maintenir, sinon dans l'alliance américaine, Duterte dans une position équilibrée entre Pékin et Washington.
Face à un adversaire chinois clairement désigné, il faut donc s'attendre a priori à la plus fermeté du futur président américain. Ses déclarations de campagne avaient pu recevoir deux interprétations : ou un retrait des États-Unis de la zone Asie-Pacifique, ou un maintien sur place mais avec un effort militaire national supplémentaire des alliés régionaux, en particulier la Corée du Sud et le Japon, invités ni plus ni moins à acquérir leur propre armement nucléaire. Il ne serait du reste pas plus illégitime que celui de la Corée du Nord. Ces capacités nucléaires autonomes asiatiques donneraient davantage de marges de manoeuvre à Donald Trump en cas de conflit, quoi qu'il en soit. Signalons simplement le deux poids deux mesures consistant d'une part à envisager sereinement une capacité nucléaire militaire pour Tokyo et Séoul, et d'autre part à devenir hystérique au sujet d'un programme iranien semblable, pour le moins très hypothétique, probablement abandonné depuis de nombreuses années. (À suivre...)
Scipion de SALM Rivarol du 5 janvier 2017
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Russophobie et haine de Poutine : les chiens aboient
En effet ”les chiens aboient, la caravane passe ”, c’est-à-dire que Moscou ne se laisse pas impressionner. La majorité des médias occidentaux a présenté l’intervention russe en Syrie comme une entreprise criminelle et impérialiste. C’est dans la logique stratégique de la diabolisation de Poutine ; le but est d’entraver le rétablissement de la Russie comme puissance internationale. Inventer une menace militaire russe, répéter que la Russie vit sous une dictature, prétendre que la Crimée a été annexée et l’Ukraine agressée – prétexte des sanctions occidentales, totalement contre–productives – tout cela fait partie d’une politique pensée dès 2011 pour relancer la guerre froide mais aussi pour contrer le ”mauvais exemple” idéologique que donne la Russie de Poutine : patriotisme, restauration des valeurs traditionnelles, refus de l’idéologie gaucho– libertaire, populisme, défense de l’identité nationale, etc. La nouvelle Russie incarne tout ce que qu’abhorrent les classes dirigeantes occidentales, oligarchies coupées de leurs peuples. (1)
L’intervention russe en Syrie : mensonges et réalités.
La reprise d’Alep par les troupes et les alliés chiites de Bachar el–Assad, aidés de manière décisive par l‘aviation et des détachements russes, a donné lieu à des accusations de « crimes de guerre » contre des populations civiles ; Vladimir Poutine a été accusé d’être le premier responsable, en tant que principal soutien d’ Assad. Ce dernier n’est certes pas un enfant de chœur mais il n’est pas pire que d’autres grands amis d’un Occident qui ferme par exemple les yeux sur les massacres que commet l’Arabie au Yémen. Les médias occidentaux ont exagéré, mensonges à l’appui, les exactions d’Assad, au cours de cette guerre civile, et caché des faits gênants.
La propagande anti-russe a dissimulé que les massacres de civils, femmes et enfants, commis à Alep, ne l’ont pas été par les troupes d’Assad et ses alliés ou par l’aviation russe, mais par des tirs d’artillerie des ”gentils rebelles”, qui sont en réalité des islamistes fanatisés. Ils sont armés par les Américains, les Saoudiens et les monarchies du Golfe. Les assassins ne sont pas ceux qu’on croit.
La Russie est clouée au pilori, alors que tout le monde sait bien que toute opération militaire aérienne – y compris celles que mène la France, sous le commandement du suzerain américain – donne lieu à des dégâts collatéraux. On n’a jamais accusé de « crimes de guerre » les dirigeant américains, alors que, depuis un peu plus de 70 ans, l’USAF a, au nom de la ”guerre juste”, commis le plus grand nombre de massacres de civils et de destructions de toute l’histoire. Les derniers en date concernaient la Serbie et l’Irak.
Dans cette affaire, les États–Unis et le gouvernement français qui lui obéit prennent objectivement le parti de l’islamisme sunnite terroriste, qui devrait être l’ennemi principal. Il l’est en parole – par la bouche de M. Le Drian – mais pas dans les faits. Ivan Rioufol remarquait justement et courageusement : « la menace que fait courir aux démocraties le totalitarisme islamique mériterait une riposte qui ne vient pas. Au contraire : les ”rebelles” islamistes d’Alep–Est (Syrie), soutenus par Al–Qaida, le sont aussi par les États–Unis et la France, qui se désolent de leur défaite. Cette inconséquence hisse Vladimir Poutine, protecteur des chrétiens d’Orient ciblés par les djihadistes, en leader respectable » (Le Figaro, 16/12/2016).
Quant à l’ ASL (Armée syrienne libre) qui combat Assad, financée par l’Occident, il s’agit de troupes très louches, à la frontière du terrorisme islamiste, susceptibles de changer de camp comme de chemise. En voulant maintenir (pour l’instant…) Assad et les Alaouites au pouvoir en Syrie, la Russie joue la carte de la stabilité.
Si les Russes n’étaient pas intervenus pour empêcher la chute d’Assad, la Syrie serait devenue un enfer islamiste. Assad aurait été remplacé par Dae’ch et le chaos fondamentaliste se serait installé. Avec toutes les conséquences que l’on devine en Occident.
Provocations occidentales contre la nouvelle Russie
Ce sont d’ailleurs les interventions américaines en Irak, qui ont déstabilisé le Moyen–Orient et favorisé l’islamisme. C’est depuis la chute de Saddam Hussein que les chrétiens d’Orient sont éradiqués. L’Occident, suicidaire, a allumé le feu, là où la Russie veut l’éteindre. À ce propos, il faut rappeler la genèse de la nouvelle guerre froide (voulue) entre les gouvernements européens et leur suzerain d’outre Atlantique et la Russie de Poutine.
Après la chute de l’URSS en 1991, la Russie, dirigée par le faible Eltsine, en perte de puissance, a été dominée par les États–Unis qui cherchaient à la neutraliser et à la vassaliser. Le réveil russe, opéré grâce à Poutine, n’a pas été accepté par les dirigeants occidentaux. On a donc inventé une ”menace russe”. La stratégie choisie, élaborée par la CIA et les planificateurs de l’Otan – américains et européens obéissants– fut celle de la provocation. Avec deux cibles : la Géorgie et l’Ukraine. En promettant à ces deux pays, contrairement aux engagements pris envers les Russes en plein désarroi lors de disparition de l’URSS, de les intégrer dans l’Union européenne et dans l’Otan, en sachant que ces deux hypothèses étaient absurdes économiquement et stratégiquement.
Le but de la provocation occidentale était seulement d’amener les Russes à réagir violemment, afin de créer un espace conflictuel. Mais cette stratégie a échoué, non seulement à cause de la mollesse et de l’indécision du président Obama qui devait gérer une situation décidée par d’autres que lui, mais aussi parce que le gouvernement de Poutine, contrairement à celui de Eltsine, a procédé à un redressement de la puissance russe et a décidé de ne pas se laisser impressionner et de ne pas céder.
Trump et la Russie : promesses et contradictions
Normalement, lorsque Donald Trump entrera en fonction fin janvier 2017, il rompra avec cette politique sournoisement pro–islamique, anti–israélienne et russophobe de l’administration Obama. Mais, il faut surtout espérer que, suivant son programme révolutionnaire de politique étrangère, il osera une convergence USA–Russie, en rupture complète avec la politique des États–Unis depuis 1945. Si Donald Trump tient parole et résiste aux puissantes forces qui veulent infléchir sa politique, ce rapprochement avec la Russie, virage à 90°, sera un bouleversement majeur dans la géopolitique mondiale. Très hostile à Pékin, le nouveau président américain, s’il est bien conseillé – car il ne brille pas par sa subtilité – peut créer un séisme : une alliance Washington–Moscou (Trump–Poutine) constituerait une redistribution mondiale de toutes les cartes. Avec, à la clé, la fin de l’atlantisme. Les castes politiques et médiatiques européennes seraient déstabilisées, ne sachant plus à quel saint se vouer. Un axe Amérique–Europe–Russie est au bout de cette logique qui passe au dessus des petits calculs des dirigeants européens qui seraient complètement dépassés. L’Europe est le maillon faible. Les promesses de Trump – comme je l’ai déjà dit dans ce blog– sont tellement porteuses de bouleversements fondamentaux qu’on se demande si elles sont sérieuses et si elles pourront être tenues.
Le sérieux problème auquel se heurtera Trump après sa prise de fonctions le 20 janvier est qu’il devra concilier sa volonté affichée de se rapprocher de la Russie avec l’implication de cette dernière aux côtés de l’Iran : coopération dans la guerre en Syrie, livraisons d’armes, etc. bref, relations au beau fixe. Car Trump, tout comme le gouvernement israélien, veut rompre avec la politique d’Obama favorable à Téhéran et dénoncer l’accord sur le nucléaire. Cette contradiction – s’allier avec l’ami d’un ennemi – sera très difficile à gérer.
Vladimir Poutine a récemment déclaré, voulant réinstaurer la Russie comme très grande puissance : « Nous devons renforcer le potentiel militaire de nos forces nucléaires stratégiques, en particulier avec des installations de missiles qui puissent pénétrer tous les systèmes de défense anti–missiles existants et futurs. » Allusion au ”bouclier anti–missiles” installé par les Américains en Europe centrale… Peut-être Poutine a–t–il voulu répondre à son imprévisible ”ami”, le futur président Trump, qui avait fait savoir, quelques jours auparavant, prenant le contrepied des positions d’Obama : « Les États–Unis doivent considérablement renforcer et étendre leurs capacités nucléaires, en attendant le moment où le monde deviendra raisonnable ». Il aurait confié à Mika Brzezinski de MSNBC : « Qu’il y ait donc une course aux armements ! On les surpassera à tous les coups et on leur survivra tous. » Bref, les choses ne sont pas claires.
Le déshonneur du gouvernement français
Les médias et le gouvernement français considèrent Poutine comme un affreux autocrate. En refusant de le recevoir à l’inauguration de la cathédrale orthodoxe de Paris, M. Hollande a commis une très grave faute diplomatique, obéissant probablement à un ordre venu d’outre Atlantique. Le président français n’a même pas humilié M. Poutine ou la Russie, c’est la France et son indépendance qu’il a humiliées.
Mais, dans le même temps, Ségolène Royal, ministre représentante de l’État, aux obsèques de Fidel Castro, a fait officiellement l’éloge de ce tyran assassin, petit Staline tropical. Donc Poutine est infréquentable pour l’État français, pas le criminel Castro.
Le record de gaffes détenu par Mme Royal n’est pas en cause ; toutes les semaines, elle en commet une sur tous les sujets. Ce qui est en cause, c’est que la France, les gouvernements européens et l’UE, qui diabolisent le Kremlin, entretiennent d’étroites relations (intérêts financiers et corruption obligent) avec des monarchies du Golfe absolutistes et tyranniques, en fermant les yeux sur leurs exactions : notamment l’Arabie saoudite et le Qatar. L’adoration des ”droits de l’homme” est un culte à géométrie variable.
Ambiguïtés et reculades de François Fillon
François Fillon, qui espère être élu président, commence déjà à se démarquer de Poutine, après avoir pris une position pro–russe en demandant l’arrêt des sanctions et la reprise d’un dialogue avec Moscou. Il a été très gêné que le président russe fasse son éloge. Poutine avait qualifié Fillon, de « grand professionnel qui se distingue fortement des hommes politiques de la planète ». François Fillon avait pris partie pour la Russie en reconnaissant que c’est le parlement ukrainien qui refuse de voter l’accord sur l’autonomie des parties orientales russophones de l’Ukraine. Mais très rapidement, il a reculé. Passer la marche arrière est une habitude chez ce ”pilote de course” autoproclamé.
Son porte–parole et conseiller, Jérôme Chartier, a cru bon préciser le 18 décembre : « ils se connaissent et se respectent mais ce ne sont pas des amis ». Être l’ ”ami” de Poutine est infâmant. Si M. Fillon est élu, on peut parier qu’il trouvera un prétexte pour changer d’option et ne pas exiger une levée des sanctions de l’UE contre la Russie.
Le gagnant de la primaire a fait cette déclaration d’allégeance humiliante à Washington, empreinte d’une russophobie bas de gamme : « l’intérêt de la France n’est évidemment pas de changer d’alliance en se tournant vers la Russie plutôt que les États–Unis. […] Nous sommes les alliés des États–Unis, nous partageons avec les États–Unis des valeurs fondamentales que nous ne partageons pas avec les Russes et nous avons une alliance de sécurité avec les États–Unis, donc nous n’allons pas la remettre en cause » (débat télévisé du 24 novembre l’opposant à Alain Juppé). Quelle soumission… Et en même temps, le pseudo pilote de course parle de « retisser un lien avec la Russie et l’amarrer à l’Europe ». Il juge la politique de Hollande « absurde » qui « conduit Moscou à se durcir, à s’isoler, à actionner les réflexes nationalistes ». Il affirme que la Russie, puissance nucléaire, est « un pays dangereux si on le traite comme nous l’avons traité depuis cinq ans . Propos contradictoires, où l’on change d’avis comme de chemise sans affirmer une véritable position
Victoire géostratégique de la Russie
Le 20 décembre, réunis à Moscou, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense russes, iraniens et turcs ont déclaré conjointement que « le combat contre le terrorisme » était leur objectif et non pas de renverser le régime de Bachar el–Assad. C’est un camouflet pour les États–Unis et l’Union européenne, pour qui l’expulsion d’Assad est un préalable, et qui n’ont même pas été invités à la réunion de Moscou. La victoire du Kremlin est totale puisqu’il a réussi à faire renoncer la Turquie à sa volonté d’éliminer Assad. Seul Poutine décidera de son sort. Sergueï Shoïgou, ministre russe de la Défense, a déclaré que les Occidentaux avaient tout faux, ayant totalement échoué au Moyen–Orient et « n’avaient plus d’influence sur le terrain ».
La victoire de la stratégie de Poutine en Syrie et au Moyen Orient enrage les Occidentaux, d’autant plus que la Russie, par ce biais, a réussi à redevenir une puissance internationale pour tous les pays du monde. « Les Russes se substituent aux Américains comme grande puissance de référence de la région », note Renaud Girard en parlant du Moyen–Orient (Le Figaro, 20/12/2016).
Les relations ”amicales ” entre la Russie et la Turquie sont factices et calculées. Les deux puissances sont rivales depuis des siècles, les Sultans contre les Tzars. Le Kremlin joue une carte machiavélienne vis–à–vis de la Turquie du néo-sultan Erdogan qui voudrait ressusciter la puissance ottomane. La Russie s’est réconciliée avec la Turquie malgré l’incident aérien où un avion russe a été abattu. Et l’assassinat d’Andreï Karlov, ambassadeur à Ankara, le 19 décembre, a peut-être des causes très louches et tortueuses, dans lesquelles le pouvoir turc est impliqué pour faire pression sur la Russie. Il est possible aussi qu’il s’agisse tout simplement d’une négligence du pouvoir turc, qui n’a pas su repérer le policier tueur. Ce qu’il faut retenir de cette partie d’échecs, c’est que la Russie a pu rallier à sa stratégie un pays pilier de l’Otan, la Turquie. Ce qui inflige un douloureux revers à la politique mondiale américaine. Le Kremlin a arraché à Washington un de ses alliés, pardon, un de ses vassaux.
Mais bien entendu, le Kremlin n’a pas commis l’erreur de céder, comme l’UE, au chantage des Turcs pour admettre sur son territoire des centaines de milliers de réfugiés !
Pour le système, la menace russe est d’abord idéologique
La Russie de Poutine est devenue l’ennemie (bien plus que la Russie soviétique !) parce qu’elle restaure et incarne des valeurs et des principes de patriotisme, d’enracinement et de traditions, honnies par l’idéologie dominante à l’Ouest. Poutine est détesté parce qu’il semble s’inspirer du Tzar Alexandre III, qui s’appuyait sur l’Église orthodoxe et le populisme (c’est–à–dire l’esprit du peuple) et pratiquait l’autorité souveraine. Les oligarchies occidentales ont la hantise de la démocratie directe ou ”césarisme”, ou encore ”populisme” – dont le bonapartisme et le vrai gaullisme furent des déclinaisons – qui menacent leur pouvoir.
Donc, la russophobie des castes politiques dirigeantes et des médias occidentaux s’explique pour des raisonsidéologiques et non pas pour des raisons géostratégiques de menace militaire – totalement inventée– de la Russie. Ce dont ils ont peur, c’est que l’exemple du régime russe actuel, les valeurs qu’il défend n’influencent les opinions publiques occidentales, lassées par le décadentisme, et les dangereux partis ”populistes”. Le FN et d’autres abominables partis d’ ”extrême–droite” ne sont-ils pas pro-russe ? Paradoxe suprême : de même que pour l’ancien pouvoir soviétique, l’exemple du capitalisme occidental du ”monde libre” représentait un péril, de même, pour les pouvoirs occidentaux actuels, l’exemple du patriotisme et de l’idéologie identitaire de la Russie de Poutine constitue un très grave danger d’influence et d’encouragement des mouvements ”populistes” honnis.
Poutine dérange parce qu’il défend une idéologie patriote qui est détestée par l’hyperclasse médiatique, politique, ”intellectuelle” et culturelle occidentale, idolâtre du cosmopolitisme. Poutine et le gouvernement russe ne sont pas du tout ciblés par les oligarchies parce qu’ils représentent un régime tyrannique ou qu’ils risqueraient de déclencher une agression militaire contre leurs voisins. Personne ne croit à cette hypothèse stupide, même la propagande de l’Otan qui la diffuse pourtant en permanence. C’est encore moins crédible que l’attaque de l’Occident par l’URSS, menace agitée du temps de Brejnev. Poutine essaie de restaurer la dimension spirituelle de la souveraineté, héritée de l’ère tsariste, associant orthodoxie religieuse et pouvoir patriote fort. Avec le recours aux grandes figures historiques russes, comme le prince Vladimir, équivalent chez nous de Jeanne d’Arc. On comprend que cela soit diabolique aux yeux de la majorité de nos journalistes et politiciens.
(1) Voir autres articles de ce blog sur les rapports entre la Russie et l’Occident.
http://www.gfaye.com/russophobie-et-haine-de-poutine-les-chiens-aboient/
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Bachar Al-Assad : « La France tient un discours déconnecté de notre réalité »
Charlotte d’Ornellas était dimanche à Damas, où elle a rencontré Bachar Al-Assad.
Dans cet entretien, le président syrien évoque la libération d’Alep, la guerre qui mine la Syrie depuis plus de cinq ans, la reconstruction et l’absence de relations avec la France. Il évoque aussi les promesses de François Fillon.
Un entretien nécessaire, passionnant.
Bachar el-Assad – Entretien sur Boulevard Voltaire par bvoltaire -
Obamexit ! Fin d’un monde ou d’une parenthèse sans grand intérêt ? [1]
Rarement le départ d’un locataire de la Maison-Blanche aura fait couler autant d’encre. &, par opposition, celle de son successeur, à la fois, suscité autant de craintes & d’espoir. Épitaphe grinçante sur une fin de règne aussi décevante que l’homme qu’elle concerne. 1ère partie.
« Ni oubli, ni pardon, ni reconnaissance diplomatique, ni négociations. Destruction du pseudo-État islamique. Totale. Partout. Maintenant ».
Une amie Internaute sur Facebook. Dorénavant, cette phrase sera notre Delenda Carthago est1.Quid du débat sur le remplacement express d’ambassadeurs mis en place par Trump ?
Jacques Borde. Là c’est du grand n’importe quoi ! Et, comme l’a souligné à juste titre Eber Addad, rappelant que « … la presse française excelle dans la fausse information ». Tout ceci n’est que la norme Outre-Atlantique où « Chaque président nomme de nouveaux ambassadeurs quand il prend ses fonctions mais il ne s’agit que du remplacement des ambassadeurs amis de l’ancien et qui ont été nommés ou en remerciement de leurs donations, ou à titre honorifique pour leur prestige comme ça avait été le cas de Shirley Temple nommée ambassadrice au Ghana par Reagan. Ces diplomates sont peu nombreux et, en général, secondés par de vrais professionnels. Les diplomates de carrière, eux, ne sont pas affectés par le changement d’administration ».
Pourquoi ce débat, alors ?
Jacques Borde. En raison de la volonté politique de dénigrer Donald J. Trump par tous les moyens, pardi. Mais, pour reprendre encore Eber Addad, « Çà n’a pas beaucoup d’importance et en général on en parle très peu, la presse étrangère jamais mais là comme on œuvre dans la propagande et non pas dans l’information on fait feu de tous bois ».
Mais ce qu’on appelle, aux États-Unis, le Spoils system, qui fait qu’une nouvelle administration arrive avec une partie de ses personnels pour remplacer ceux de l’équipe sortante fait partie des habitudes.
Le Spoils system ?
Jacques Borde. En français : système des dépouilles. Le principe2 veut que tout nouveau gouvernement, devant pouvoir compter sur la loyauté partisane des fonctionnaires – partisane au sens étasunien de parti, évidemment – substitue à ceux qui sont en place ses fidèles. Historiquement, le Spoils system est mis en place sous la présidence d’Andrew Jackson qui, après son élection, remplace la quasi-totalité des membres de l’administration fédérale. Jackson considérait que le peuple donne mandat au gagnant pour choisir les fonctionnaires dans ses rangs. Qui plus est, pour Jackson, le service public ne devait pas être réservé à une élite mais accessible à tous.
Ce qui est, effectivement, la trame que privilégie Donald J. Trump, qui d’ailleurs n’a pas hésité à installer une personnalité de sensibilité démocrate au poste de National Security Adviser, le lieutenant-général Michael T. Mike Flynn3.
C’est parce que Trump se définit comme Jacksonien que cela inquiète ?
Jacques Borde. Inquiéter qui ? Nos media analphabètes, alors !
Rappelons que, verbatim Wikipédia, « L’apogée du système se situe des années 1850 jusqu’au milieu des années 1880, date à laquelle le Pendleton Civil Service Act (1883) rationalise la fonction publique fédérale ».
Concrètement, la transition entre les administrations Obama et Trump, fera que quatre mille cent (4.100) membres de l’administration seront nommés par le président élu. Douze cents d’entre eux (1.200), ceux qui occuperont des postes à haute responsabilité (secretaries, assistants, dirigeants des principales agences gouvernementales et ambassadeurs), devront d’abord être auditionnés au Sénat4, qui validera au rejettera leur nomination.
Donc, on voit mal de quels abus on va bien pouvoir nous rebattre les oreilles.
Comme toujours, c’est l’émoi instrumentalisé de nos media perfusés à l’or golfique qui est à la fois imbécile et grotesque. Pas de quoi troubler les Américains, en tout cas. Les faire rire, à peine.
Pour rester dans l’original quid de cette histoire d’Obama se faisant décorer pour services rendus au pays ?
Jacques Borde. Apparemment, sauf méga-montage, elle est vraie à 100%. Le président sortant s’est fait remettre sa médaille en chocolat.
Qui plus est par son US Secretary of Defense, Ashton Baldwin Ash Carter. Les familles des morts et des vétérans de ces fronts ou Obama et ses prédécesseurs ont envoyé leur jeunesse se faire tuer apprécieront.
Comme l’a fait remarquer Eber Addad, « Quand on dit qu’on a jamais vu un président avec un tel ego, sans la moindre notion du ridicule et n’ayant honte de rien on est encore loin de la réalité. Ni Mussolini, ni Caucescu ni même Bokassa 1er n’avaient osé s’attribuer une médaille honorant leur service public, ils l’ont peut être rêvé mais Obama l’a fait! Il se fait décorer par son ministre de la Défense nationale, Ash Carter, comme le montre cette photo… Ubu roi ! Je ne me souviens pas avoir vu dans une démocratie un président en fonction s’attribuer une médaille pour s’honorer ! Il va pouvoir l’exposer dans sa bibliothèque à côté de son petit prix Nobel… ».
Nous sommes au comble du grotesque, mais on n’est jamais si bien servi que par soi-même !
Notes
1 En français : Il faut détruire Carthage, ou plus littéralement : Carthage est à détruire). Selon la tradition, Caton l’Ancien prononçait cette formule à chaque fois qu’il commençait ou terminait un discours devant le Sénat romain, quel qu’en fût le sujet.
2 Qui existait déjà dans les colonies britanniques. Quelque part, donc un héritage très british.
3 Ancien directeur, de 2012 à 2014, de la Defense Intelligence Agency (DIA, Agence du Renseignement militaire), répond aux besoins du président des États-Unis, du US Secretary of Defense, du Joint Chiefs of Staff (JCS, Comité des chefs d’état-major interarmées). Michael T.Flynn est l’auteur avec Michael Ledeen de The Field of Fight: How We Can Win the Global War Against Radical Islam & Its Allies. St. Martin’s Press. ISBN 1250106222.
4 Public hearings (audiences publiques) dans la majorité des cas, ce me semble.http://www.voxnr.com/7617/obamexit-fin-dun-monde-ou-dune-parenthese-sans-grand-interet-1
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Le Yak-130, un « petit cauchemar » pour l’Otan
Le fameux Yak-130, chasseur d’entraînement avancé russe, est qualifié de « petit cauchemar » par des spécialistes américains, selon la revue bimensuelle américaine Le National Interest.
Le Yak-130 comporte plusieurs caractéristiques qui alertent l’Otan. Premièrement, grâce à ses systèmes d’accroche spéciaux, le chasseur est capable d’emporter trois tonnes d’armements modernes, comme des missiles air-air ou air-sol, des bombes guidées ou non-guidées et des roquettes.
Deuxièmement, un canon de 23 millimètres peut être fixé sous le fuselage du Yak-130, tandis que des roquettes air-air peuvent être accrochées aux bouts ses ailes.
De surcroit, un Yak-130 totalement équipé et rempli ne pèse que 10.300 kilogrammes ce qui fait un peu plus de la moitié du poids d’un chasseur multi-rôle, F-16 qui est le principal avion utilisé par les Etats-Unis et par leurs alliés.
Actuellement, les Yak-130 sont en service dans l’armée de l’Algérie. Le Bangladesh et la Biélorussie ont également signé des contrats visant à la fourniture de ces chasseurs russes.Le Yak-130 a été construit dans le bureau d’études russe Yakovlev. Il a été choisi comme principal avion pour l’entrainement des pilotes des Forces aériennes de la Russie. Les Yak-130 permettent d’instruire les pilotes pour les avions russes et étrangers de génération 4+ et 5.
http://www.voxnr.com/7598/le-yak-130-un-petit-cauchemar-pour-lotan