RFI : « Tchad, l’armée au contact » est le troisième et dernier volet (NDCI : voir le 1er volet ici et le 2ème ici) de notre série de reportages, Sur les traces de Boko Haram. Après le massacre de près de 2 000 personnes par Boko Haram dans le village nigérian de Baga, sur les rives du lac Tchad, Ndjamena a déployé son armée sur deux fronts. Deux corps expéditionnaires de 2 500 hommes environ se sont lancés à la poursuite de Boko Haram en terre nigériane.
géopolitique - Page 647
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Sur les traces de Boko Haram – Tchad, l’armée au contact
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Djihad : une structure pour les jeunes de retour de Syrie. Et ils auront la télé dans les chambres ?
Je ne suis sans doute pas la seule à m’être étranglée devant cette information et à l’avoir relue dix fois pour être certaine d’avoir bien tout compris.
Je ne suis sans doute pas la seule à m’être étranglée devant cette information et à l’avoir relue dix fois pour être certaine d’avoir bien tout compris. Voilà en substance ce que nous apprend une dépêche AFP du 29 avril dernier : Le Premier ministre a annoncé la création « d’ici la fin de l’année », d’une structure chargée de prendre en charge les jeunes « de retour de zones de conflit ». Un dispositif s’adressant toutefois à ceux ne faisant pas l’objet de poursuites judiciaires. Et sur la base du bénévolat.
Pardon ?
On parle bien de ces jeunes Français qui ont pris fait et cause pour le djihad, complices de toutes les horreurs perpétrées par l’Etat Islamique, de la lapidation des homosexuels aux attentats commis en France en janvier en passant par l’égorgement et la crucifixion de chrétiens ?
Cette prise en charge se matérialisera par « un accompagnement individualisé, une prise en charge psychologique et un encadrement renforcé » a précisé le chef du gouvernement, ajoutant que « ces jeunes devraient retrouver toute leur place dans notre société ».
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Volontaire pour servir dans une milice chrétienne en Irak
"Sounda" (nom d'emprunt) a 21 ans, ancien soldat de l'armée française, chrétien, et comme un nombre toujours plus important de jeunes Français (ils ont désormais leur page Facebook), il part bientôt rejoindre une milice chrétienne en Irak, la milice Dwekh Nawsha, à 30 km de Mossoul. Il expose ses motivations :
"Cela fait déjà plusieurs mois que je souhaite partir combattre Daesh. La communauté internationale ne fait rien pour défendre ces pauvres gens, et je me sens mal à l'idée de suivre ces événements tragiques sans agir. Moi et d'autres hommes nous engageons donc dans cette cause que nous trouvons juste. Il y a tout de même eu un élément déclencheur, qui m'a fait prendre conscience que j'allais réellement sauter le pas. Quand mon curé m'a donné son feu vert.
Malgré mon appartenance à la religion chrétienne, ce n'est pas pour une raison religieuse que je vais m'engager auprès de cette milice. Je pense simplement que j'aurai plus d'affinité avec les membres de ce groupe, qui se construit comme une vraie famille. Même si la France était plus impliquée dans le conflit, ça ne changerait en rien mon engagement.
"Dwekh Nawsha" signifie "futurs martyrs" en araméen. Cautionnez-vous ce nom ?
Je comprends parfaitement ce nom, qui ne me dérange pas. Mais à titre personnel je ne me rends pas en Irak pour devenir martyr. J'envisage de rentrer vivant en France, une fois que j'aurai le sentiment d'avoir été utile. J'espère pouvoir revenir au mois de septembre.
Comment s'est déroulé votre recrutement dans la milice ?
Le membre de la milice avec lequel je suis en contact m'a demandé de lui retranscrire mes motivations,pour juger de mon état psychologique en quelques sortes. Puis on m'a demandé mes compétences pour intégrer la milice.J'ai été accepté grâce à mon expérience des armes, par mon passage dans l'armée française. La milice cherche du personnel expérimenté, mais pas seulement dans le maniement des armes.Des personnes travaillant dans le domaine médical ou encore le génie civil sont également recherchées. Certains membres n'ont donc aucune expérience des armes avant de se rendre en Irak.[...]
Ressentez-vous de l'appréhension ?
Oui, bien sûr que j'ai peur. Je sais que je risque ma vie en me rendant en Irak, et qu'il y a un risque que je ne revienne pas. Et si je reviens, j'ai peur de l'accueil qui me sera réservé ici. Je pense même risquer la prison. Mais j'essaye de ne pas penser à tout ça, et de partir sereinement."
Marie Bethanie http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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Pourquoi l'Afrique du Sud est-elle en proie à des émeutes xénophobes ?
Depuis les années 2000, en Afrique du Sud, les émeutes xénophobes constituent un phénomène récurrent[1], inscrit dans un contexte de crise économique, de chômage, d'insécurité, de crise sociale et de flux migratoires incontrôlés.
Les actuelles émeutes débutèrent fin mars 2015 dans la région du Natal, encouragées par le roi des Zulu. Elles s'étendirent ensuite aux townships (zones urbaines réservées aux non-Blancs) de la région de Johannesburg, où les immigrés africains, Malawites, Mozambicains, Somaliens, Zimbabwéens, Soudanais ou encore Nigérians, furent pris pour cible, lynchés ou forcés à se réfugier dans les camps militaires, pendant que leurs maigres biens étaient pillés. Pour tenter de mettre un terme à ces violences, l'armée fut déployée dans les townships, comme dans les années 1980-1990, aux pires moments de la lutte contre le régime blanc.
Au début du mois d'avril, ces violences "xénophobes" prirent une telle ampleur que le Malawi décida d'évacuer ses ressortissants, pendant que le Mozambique demandait fermement aux autorités sud-africaines d'assurer la protection de ses nationaux.
Les Zulu, une des principales ethnies d'Afrique du Sud, apparaissent en pointe dans ces tragiques événements pour trois grandes raisons:
1) C'est par le port de Durban que débarquent nombre de clandestins. Et, la région du Natal a une frontière commune avec le Mozambique, pays d'origine de nombreux immigrés et relais pour ceux venus d'autres régions d'Afrique.
2) Nombreux dans les mines et les industries de la région de Johannesburg, les Zulu dénoncent la concurrence à l'embauche exercée par les immigrés.
3) Dans la perspective des prochaines élections présidentielles auxquelles le président zulu, Jacob Zuma, ne pourra pas se représenter car la Constitution interdit de briguer un 3e mandat. Certains extrémistes zulu craignent des naturalisations massives qui feraient pencher le vote vers un non Zulu.
La xénophobie n'est cependant pas l'apanage des Zulu puisque la région du Cap, où la population zulu est quasiment inexistante, est également touchée.
L'émigration vers l'Afrique du Sud s'explique car le pays a longtemps fait figure d'eldorado. De plus, après 1994, année qui vit l'accession d'une majorité noire au pouvoir, l'idéologie de la nouvelle Afrique du Sud post-raciale fut l'ouverture et le multiculturalisme. Il est également important de rappeler qu'ayant très largement participé à la lutte contre le régime blanc, le Zimbabwe et le Mozambique estimaient qu'en retour, leurs propres ressortissants avaient, en quelque sorte, droit aux fruits de la libération.
Selon les chiffres officiels, les immigrés légaux et illégaux vivant en Afrique du Sud seraient plus ou moins 5 millions pour une population de 45 millions de citoyens. Ces chiffres sont cependant à la fois invérifiables et peu fiables; d'autant plus qu'en 2008, les étrangers vivant dans le pays étaient alors estimés à 8 millions au moins dont 3 à 4 millions de clandestins. Cependant, que ces chiffres soient réels ou fantasmés, la réalité est que la population sud-africaine ressent une forte pression étrangère et comme la machine économique est en panne, des tensions éclatent car le pays est incapable de donner à la fois du travail à ses chômeurs et aux immigrés. Nous sommes là au coeur du problème.
Bien que totalisant un quart du PIB de tout le continent, l'Afrique du Sud est en effet en crise. L'état des lieux de son économie a été dressé dans le "Rapport économique sur l'Afrique" pour l'année 2013, rédigé par la Commission économique de l'Afrique (ONU) et l'Union africaine. Pour la période 2008-2012, l'Afrique du Sud a ainsi été classée parmi les 5 pays "les moins performants" du continent, devançant à peine les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland, quatre pays en faillite...
Alors qu'en 2000, il avait été acté par 189 Etats signataires que les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ne pourraient être atteints sans un minimum de croissance annuelle de 7% durant plusieurs années, pour l'année 2014, la croissance du PIB sud-africain ne fut que de 1,8% (1,9% en 2013, 2,6% en 2012 et 3,5% en 2011).
Toutes les branches du secteur industriel sont en crise, à commencer par les industries de main d'œuvre (textile, vêtement, chaussures), qui n'ont pu résister aux importations chinoises. Quant aux secteurs de la mécanique dans lesquels, avant 1994, l'Afrique du Sud produisait la majeure partie des pièces dont ses industries avaient besoin, ils sont aujourd'hui frappés de plein fouet, car ils ne sont plus compétitifs en économie ouverte.
Les mines qui représentent 10% du PIB sud africain, qui emploient 8% de la population active et qui sont le premier employeur du pays avec 500 000 emplois directs, traversent elles aussi une très grave crise. Elles ont ainsi perdu prés de 300.000 emplois au cours des dix dernières années. Les pertes de production et de revenus, qui se conjuguent avec des coûts d'exploitation en hausse constants, ont pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de milliers de mineurs. Or, dans les zones d'extraction, toute l'économie dépend des mines.Pour relancer la production, il est urgent d'investir des sommes colossales, mais le climat social décourage les investisseurs au point que la question se pose désormais d'un glissement d'activité vers les pays émergents dans lesquels le monde syndical est inexistant. Le chômage va donc encore augmenter. L'agriculture a elle aussi perdu plusieurs centaines de milliers d'emplois, car les interventions et les contraintes de l'Etat-ANC au sujet de la main d'oeuvre ont eu pour résultat d'inciter les fermiers blancs à mécaniser, ce qui a amplifié le mouvement de migration des zones rurales vers les villes, essentiellement vers les régions de Johannesburg et du Cap.
Le climat social est donc lourd car, au lieu de se combler, comme l'ANC le promettait en 1994, les inégalités se sont au contraire davantage creusées, nourrissant les sentiments hostiles à l'égard des étrangers. En 2014, 65% des familles noires vivaient ainsi en dessous du seuil de pauvreté. Quant au chômage, il était officiellement de 25% de la population active alors que les agences indépendantes parlaient de plus de 40% avec des pointes à 80% dans certaines régions.
Tout cela a fait dire à Julius Malema, le bouillant leader noir "qu'en Afrique du Sud, la situation est pire que sous l'apartheid. La seule chose qui a changé, c'est qu'un gouvernement blanc a été remplacé par un gouvernement de Noirs". En dépit de ses outrances, Julius Malema dit, en partie vrai, car économiquement et socialement, un abîme s'est en effet creusé entre une minorité de privilégiés noirs les Blacks Diamonds, et des millions de chômeurs, d'assistés[2] et de travailleurs sous-payés qui paralysent le pays avec de continuels mouvements de revendication. N'étant pas entendus par les dirigeants, ces derniers n'ont que la violence pour s'exprimer. L'Afrique du Sud est ainsi quotidiennement secouée par des mouvements sociaux de plus en plus fréquents, qui prennent régulièrement un tour quasi insurrectionnel[3]. Les immigrés en sont les premières victimes.Notes :
[1] Au mois de mai 2008, le township d'Alexandra près de Johannesburg a connu de véritables scènes de chasse à l'étranger et 62 personnes y furent tuées. Parmi les victimes: 21 Sud-africains appartenant aux ethnies Shangaan et Venda et qui avaient été pris pour des étrangers, car ils ne parlaient pas l'isiZulu, la langue des Zulu. Les grandes cités noires de Pretoria et de Durban s'embrasèrent ensuite ainsi que le township de Milnerton au nord du Cap. Le 22 mai 2008, le bilan des violences était de plusieurs dizaines de morts et de 15 à 20.000 déplacés réfugiés dans les commissariats de police ou dans des zones sécurisées par l'armée. En 2010, les mêmes régions furent touchées par de nouvelles flambées xénophobes.
[2] Environ 17 millions de Sud-africains reçoivent des prestations, cependant que plus 13 millions ne survivent que grâce au versement d'une allocation (Social Grant) qui leur assure le minimum vital.
[3] Pour les années 2011-2013, le Ministre de la Police Nathi Mthetwa, a donné les chiffres suivants:
2010/2011: protestations pacifiques 11.843 contre 974 protestations violentes
2011/2012: protestations pacifiques 10.832 contre 1226 protestations violentesSource :
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Les milices chrétiennes ont leur page Facebook
Amine (un pseudonyme qui veut dire en arabe “celui à qui on peut faire confiance”), jeune Français catholique, a lancé une page Facebook sur les milices chrétiennes d’Irak et de Syrie. Il explique à l'hebdomadaireChristianophobie :
"Il y a un débat parmi les chrétiens occidentaux sur l’opportunité pour les frères de Syrie et d’Irak de se constituer en milices. Qu’en pensez- vous ?
Je pense que, face à la barbarie, les armes sont les seuls moyens d’arrêter ces fous d’Allah. De plus, la légitime défense est un droit et un devoir pour tout chrétien, les croisades ou les combats des Forces libanaises dans les années 80 n’avaient pas d’autres objectifs. En outre, la communauté internationale refusant d’envoyer des troupes au sol, il faut bien se défendre, puisque personne ne le fait ! Ce n’est pas un hasard si un véritable génocide des chrétiens d’Orient a lieu dans l’indifférence coupable de l’Occident pile un siècle après celui commis par les Turcs en 1915. Il n’est pas question que nous laissions nos frères se faire rayer de la carte une deuxième fois.
Que pensez-vous de la présence aux côtés de ces combattants de volontaires occidentaux ?
C’est une excellente chose ! Et d’ailleurs, ma page Facebook a reçu de nombreux messages de personnes souhaitant rejoindre ces milices, et, parmi elles, une majorité d’anciens militaires. Je les ai mis en relation avec ces groupes via les réseaux sociaux, et j’espère qu’ils ont pu rejoindre le Moyen-Orient pour combattre l’EI…
Selon vous, de quoi ces milices chrétiennes ont-elles le plus besoin ?
Elles ont besoin d’argent, afin d’acheter armes, munitions, médicaments, vêtements, véhicules, nourriture, etc. Elles ont besoin que l’Occident sache ce qui se passe là-bas et connaisse la noblesse de leur combat. Mais surtout, parce que nous sommes chrétiens et que nous croyons à sa force, elles ont besoin de notre prière !"
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Chrétiens d'Orient : il faut absolument une protection militaire
Me Trémolet de Villers déclare dans un entretien au quotidien Présent :
"Les chrétiens d’Occident commencent à se mobiliser très sérieusement. Avec des prières sur le plan spirituel. Et dans le domaine caritatif, en multipliant les aides financières et sanitaires. Toutefois, comme le rappelait l’un des patriarches avec lequel j’ai eu récemment l’occasion de m’entretenir : « Tout cela est bien, mais maintenant il nous faut une protection miliaire. » Je ne parle pas de reconquête. Mais simplement si, aujourd’hui, nous voulons protéger ces populations et faire en sorte que leurs filles ne finissent pas esclaves sexuelles des terroristes islamistes, après que leurs pères, leurs mères et leurs frères se sont fait égorger ou crucifier, eh bien il faut absolument une protection militaire. Nous en revenons à une nouvelle forme de chevalerie. De chevalerie moderne. Ce devrait être le souci principal des gouvernements occidentaux.Après le spirituel, il nous faut maintenant entrer dans le domaine temporel : politique et militaire. Je sens un frémissement d’indignation et d’impatience chez beaucoup de jeunes gens que je rencontre et qui me disent : « Ce n’est plus possible, on va s’engager. » Mais s’engager où ? Dans quelle armée ? Il faut qu’il y ait une réflexion et des décisions prises dans ce sens.
Il faut que les chrétiens d’Orient en train d’être massacrés obtiennent l’appui militaire qu’ils attendent de nous. On ne peut plus se contenter de leur dire : « On prie pour vous et on vous envoie de l’argent. »
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Arrestation abusive à Reims : entretien avec Mariam Laziri
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A Moscou, Kirchner scelle son rapprochement avec Poutine par des accords dans l’énergie
La présidente argentine, Cristina Kirchner (photo à Fête de la Patrie), a signé jeudi à Moscou une série d’accords ouvrant la voie à la participation d’entreprises russes à des projets dans le nucléaire, l’hydroélectricité et le gaz en Argentine, au moment où la Russie, en froid avec l’Occident, cherche à renforcer ses liens avec d’autres états non‑alignés.
La Russie tente de se rapprocher de l’Amérique latine et d’y augmenter son influence depuis qu’elle a mis en place un embargo sur la majorité des produits alimentaires provenant de l’Union européenne et des Etats‑Unis, qui avaient adopté une série de sanctions contre Moscou en raison de la crise ukrainienne.
Cristina Kirchner, qui se bat de son côté contre la justice des Etats‑Unis dans son litige l’opposant à deux fonds spéculatifs, affiche une proximité de vues avec Moscou.
Arrivée à Moscou mardi, elle a souligné mercredi la force des liens entre l’Argentine et la Russie, qui entretiennent des relations diplomatiques depuis 130 ans.
« Nous sommes deux pays qui, au-delà d’une longue histoire d’amitié, ont des économies complémentaires », a‑t‑elle déclaré, lors d’une rencontre avec des hommes d’affaires russes et argentins.
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Face aux massacres anti‑chrétiens de l’Etat islamique, la France ne réagit toujours pas
Cette semaine, l’organisation islamiste a diffusé une nouvelle vidéo de propagande. On y montre d’abord la vie de dhimmi, c’est‑à‑dire de chrétiens vivants dans un pays islamique jouissant d’une très relative liberté en l’échange d’une taxe annuelle. La vidéo s’achève sur des images d’une dizaine de chrétiens éthiopiens abattus par balles, tandis que 16 autres ont été égorgés, dans une mise en scène similaire à celle des coptes ayant subi le même sort en février dernier. A la fin, l’un des bourreaux, tenant à la main un couteau encore ensanglanté, s’adresse aux chrétiens du monde entier en déclarant « L’Etat islamique va s’étendre par la permission d’Allah, et celui qui refuse, il n’aura que le tranchant de l’épée ». Les chrétiens de Libye n’en finissent plus de payer le prix de l’intervention désastreuse de Nicolas Sarkozy…
…Et leur sort n’est guère plus enviable en Syrie et en Irak
Ils continuent d’être persécutés par les islamistes, à qui la France a fourni des armes, comme l’a rappelé cette semaine le président Bachar al‑Assad dans un entretien pour France 2. On se demande si la France finira par se souvenir de ses racines chrétiennes, et s’engager vraiment pour venir en aide aux chrétiens d’Orient comme elle l’a toujours fait par le passé. Cela pourrait lui redonner de la crédibilité sur le plan international, qu’elle semble avoir bien perdu actuellement, à force de suivre servilement le grand frère américain, du moins aux dires de Bachar al‑Assad et Vladimir Poutine.
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Les sanctions unilatérales violent les accords internationaux
Interview du professeur Alfred de Zayas, spécialiste du droit international, Genève*
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
A la fin de sa session printanière, le président du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a nommé un rapporteur spécial pour mener des investigations au sujet des violations des droits de l’homme lors de mesures coercitives unilatérales (par exemple des sanctions économiques). Cette nomination fut précédée de longues années de débats concernant la mise en cause du droit international par de telles sanctions. (cf. «Horizons et débats» no 6/7 du 9 mars 2015)
Le spécialiste du droit international Alfred de Zayas explique dans l’interview ci-dessous à quel point des sanctions unilatérales portent atteinte au droit international.Horizons et débats: Dans votre rapport adressé au Conseil des droits de l’homme que vous avez déposé personnellement le 10 septembre 2014, vous mentionnez les mesures coercitives unilatérales, comme par exemple les sanctions économiques, comme étant non-pacifiques et pas en accord avec les objectifs et les principes des Nations Unies. Que vouliez-vous dire par là?
Alfred de Zayas: Non seulement les mesures coercitives unilatérales, mais souvent aussi les mesures multilatérales, violent autant la lettre que l’esprit de la Charte des Nations Unies, notamment le Préambule et les articles 1 et 2. L’organisation repose sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres. Les sanctions unilatérales et les embargos violent de nombreux accords internationaux et «les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées» (Statuts de la Cour internationale de justice, art. 38).
De quels principes de droit s’agit-il là?
Ce sont notamment le principe de la souveraineté étatique, le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres Etats, la liberté de commerce internationale et, entre autres, la liberté de navigation. En outre, elles violent des principes de droit international, pacta sunt servanda, car les sanctions et les embargos empêchent l’exécution de traités de droit international en vigueur. L’application extraterritoriale de lois nationales représente une nouvelle forme de colonialisme qui revient à l’usurpation de compétences, presque une sorte d’annexion d’autres juridictions par le biais de moyens d’extension de la juridiction nationale.
Y a-t-il aussi des résolutions de l’ONU violées par les mesures coercitives unilatérales?
Plusieurs résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU sont violées, entre autres la Résolution 2625 (du 24 octobre 1970) concernant les relations amicales et la coopération entre les Etats, dont le préambule stipule que les Etats ont l’obligation «de s’abstenir d’intervenir dans les affaires de tout autre Etat». C’est «une condition essentielle à remplir pour que les nations vivent en paix les unes avec les autres». En outre, ils ont le devoir «de s’abstenir, dans leurs relations internationales, d’user de contrainte d’ordre militaire, politique, économique ou autre, dirigée contre l’indépendance politique ou l’intégrité territoriale de tout Etat.»
Et l’Assemblée générale de préciser: «Aucun Etat ni groupe d’Etats n’a le droit d’intervenir, directement ou indirectement, pour quelque raison que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre Etat. En conséquence, non seulement l’intervention armée, mais aussi toute autre forme d’ingérence ou toute menace, dirigées contre la personnalité d’un Etat ou contre ses éléments politiques, économiques et culturels, sont contraires au droit international. Aucun Etat ne peut appliquer ni encourager l’usage de mesures économiques, politiques ou de toute autre nature pour contraindre un autre Etat à subordonner l’exercice de ses droits souverains et pour obtenir de lui des avantages de quelque ordre que ce soit.»Que faut-il entendre par mesures de toute autre nature?
Par exemple un «blocus des ports ou des côtes d’un Etat par les forces armées d’un autre Etat» représente une agression contre le droit international (Assemblée générale, Résolution 3314, article 3?c).
Y a-t-il des prises de position de la communauté internationale à ce sujet?
Les mesures coercitives unilatérales sont régulièrement désignées par la plupart des Etats comme étant contraires au droit international, comme par exemple dans les 23 résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU concernant l’embargo contre Cuba (cf. résolution 69/5 du 28 octobre 2014). A l’occasion de l’adoption de cette résolution – 188 Etats étaient en faveur, deux se sont opposés (USA et Israël) et 3 se sont abstenus – plusieurs Etats ont désigné l’embargo explicitement d’«illégal».
C’est une majorité écrasante …
Lors des débats devant l’Assemblée générale, les représentants du continent sud-américain ont tous soutenu Cuba. Au nom de la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes (CELAC), qui comprend les 33 pays des deux Amériques sauf les Etats-Unis et le Canada, l’ambassadeur du Costa Rica auprès de l’ONU, Juan Carlos Mendoza, a dénoncé l’effet ex-territorial des lois de blocus américaines dont sont concernés également des Etats tiers. «Les mesures unilatérales prises dans le contexte du blocus portent atteinte à de nombreuses entreprises qui, en accord avec le droit international, y compris les règles établies par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ont des relations commerciales avec Cuba.» Les représentants du Mouvement des Etats non-alignés ont également précisé que les sanctions contre Cuba étaient «illégales».
Les Etats-Unis sont-ils l’acteur principal en matière de sanctions?
Selon les informations du Trésor américain, les Etats Unis entretiennent actuellement 26 «Sanctions Programs» (www.treasury.gov/resource-center/sanctions/Programs).
L’application ex-territoriale de lois nationales, tel par exemple le Helms-Burton Act du 12 mars 1996, violent également les droits de nombreux d’Etats tiers et ont souvent été condamnées par la communauté des Etats comme violant le droit international.Selon vos explications, il est évident que les sanctions unilatérales portent massivement atteinte au droit international.
Oui, la question de leur illégalité est claire. Le problème reste de savoir comment le droit international peut être appliqué de façon effective. Jusqu’à présent, il n’y a pas de possibilité pour l’ONU de forcer l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à se comporter en conformité avec le droit international. Ils ont une impunité de fait.
On pourrait toutefois lancer une procédure de réclamation d’un Etat auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU, selon l’article 41 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ce qui forcerait l’ONU à prendre la chose en main, au moins pour discuter la situation et trancher, même si rien ne change. Une condamnation a quand même une certaine valeur morale.Quelles normes relatives aux droits de l’homme peuvent être violées par des sanctions?
Le droit à la vie (article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques). Les sanctions contre l’Irak, l’Iran, Cuba, le Soudan, le Venezuela, le Zimbabwe, etc. ont aggravé la situation de l’approvisionnement dans ces pays. Des gens sont morts par manque de nourriture, d’eau potable, de soins médicaux et de médicaments. Par ailleurs, l’exercice des droits économiques et sociaux, protégé par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, se voit ainsi bafoué. Les sanctions peuvent également être en violation des Conventions de Genève et d’autres traités de droit international humanitaire.
Dans ce cas, les nouvelles sanctions contre la Russie sont également problématiques?
Une décision juridique éclairante sur cette question serait souhaitable comme, par exemple, un avis de la Cour internationale de justice conformément à l’art. 96 de la Charte des Nations Unies. Cela serait utile pour l’analyse plus détaillée des divers aspects des sanctions et de leurs implications pour les droits de l’homme.
Si les sanctions sont illégales, qu’est-ce que cela signifie pour les Etats qui les soutiennent?
Il en naît le devoir de se racheter, en particulier lorsque les droits de l’homme sont violés; quand, par exemple, les sanctions mènent à une famine, à l’utilisation de la force, à une immigration de masse ou au nettoyage ethnique. Selon le principe erga omnes (concernant tous les Etats), les Etats n’ont pas le droit de reconnaître les violations du droit par d’autres Etats ou d’y apporter un quelconque soutien, par exemple financier. Mais comme je l’ai dit ci-dessus, le droit international n’est pas automatiquement mis en application. Pour cela, nous avons besoin de la volonté politique de la communauté internationale. Mais hélas, la solidarité internationale n’est pas coutume et la plupart des medias jouent le jeu des puissants.
Quand peut-on dire que des sanctions sont «légales»? Cette notion ne se cristallise-t-elle pas toujours dans une zone grise?
Bien qu’il existe de nombreuses «zones grises» dans le droit international, la situation est un peu plus claire ici. Conformément à l’article 41 de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité peut imposer des sanctions économiques, mais seulement après s’être assuré, sous l’égide de l’article 39 de la Charte, que la paix a été compromise. Celles-ci ont été utilisées avec succès par exemple dans la lutte contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid en Rhodésie/Zimbabwe et en Afrique du Sud.
Un embargo sur les armes pourrait être absolument légal si le but final est de promouvoir la paix et de permettre une solution diplomatique à un conflit. Un embargo sur les armes devrait être imposé à toutes les parties d’un conflit, et la communauté internationale doit s’engager activement pour un cessez-le-feu et des négociations de bonne foi. Mais la plupart des sanctions ne sont pas efficaces ou s’avèrent même contre-productives. Les sanctions par le Conseil de sécurité des Nations Unies peuvent dégrader considérablement non seulement la situation des droits de l’homme dans un Etat, mais aussi faciliter ou y mener à la corruption et à la criminalité.Qu’est ce qu’on peut dire en conclusion jusqu’à présent?
Tout régime de sanctions – unilatéral ou multilatéral – doit être soumis aux contrôles réguliers et sa conformité avec le droit international doit être jugé par un système légal compétent. En outre, il ne suffit pas que les sanctions soient juridiquement légales; elles doivent également poursuivre un but concis, légitime, servir la paix et respecter le principe de proportionnalité. Les régimes de sanctions doivent être vérifiés régulièrement – et s’ils violent les droits humains et n’apportent aucun effet positif, ils doivent être supprimés. Dans un monde globalisé, les sanctions ne peuvent être imposées en raison d’intérêts géopolitiques ou économiques, et si elles blessent les droits des personnes et des Etats, c’est alors qu’émerge pour l’émetteur le devoir de compensation adéquate envers les victimes de ces sanctions.
Quels sont les derniers développements sur cette question à l’ONU?
En mai 2014, le Conseil des droits de l’homme a organisé une conférence sur les sanctions unilatérales et multilatérales, à laquelle j’ai participé activement. Denis Halliday, ancien coordinateur humanitaire en Irak, y a dénoncé les sanctions insensées contre l’Irak de 1991 à 2003, ayant coûté la vie à plus d’un million de personnes. Le rapport de cet atelier a été discuté lors de la 27e session du Conseil des droits de l’homme en septembre 2014. Par la suite, le Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a été invité à réaliser une étude et à préparer des recommandations, qui viennent maintenant d’être présentées au Conseil dans sa 28e session. Le 28 mars, en outre, Idriss Jazairy (ancien Ambassadeur de l’Algérie auprès des Nations Unies) a été nommé Rapporteur spécial sur les conséquences négatives des mesures coercitives unilatérales par rapport aux droits de l’homme.
Sinon, que peut-on faire contre de telles sanctions?
Les médias doivent également participer. Dans la plupart des cas, les populations ne savent pas quels crimes sont commis en leur nom, quelles mesures nos Etats prennent, causant alors des conséquences terribles pour les populations d’autres pays. Il est aussi de notre responsabilité, en tant que citoyens, de protester là-contre: «Pas en notre nom!» Le 19 mars 2015 a eu lieu une réunion scientifique à Londres, où j’ai participé avec plusieurs professeurs d’Oxford, de Londres, de Paris, etc. Le consensus était que les régimes de sanctions soulèvent davantage de problèmes qu’ils ne peuvent en résoudre et que le dialogue et la médiation de l’ONU sont meilleurs que des mesures punitives affectant principalement les populations civiles et causant beaucoup de souffrances.
Monsieur le Professeur, merci beaucoup de cette interview.
(Interview réalisée par Thomas Kaiser)
* La conversation correspond à l’opinion personnelle du professeur de Zayas et n’a pas été officiellement tenue en sa qualité de Rapporteur spécial.
Cf. www.alfreddezayas.com et http://dezayasalfred.wordpress.com