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géopolitique - Page 678

  • Syrie. Pourquoi l'Occident s'est trompé, de Frédéric Pichon

    Cette recension a été publiée dans le numéro 3 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro au format numérique, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.

     

    Tel un pavé dans la mare, la parution au printemps 2014 de ce livre coup de poing a créé un précédent. Membre fondateur de la rédaction de Conflits, auteur d’une thèse de doctorat consacrée aux chrétiens de Maaloula en Syrie, pays où il a réalisé de nombreux séjours, le géopoliticien Frédéric Pichon signe un essai coup de poing à contre courant des nombreux opus écrits à l’encre de l’émotion sur la situation en Syrie.

    L’auteur y dénonce la gestion calamiteuse du conflit syrien par les chancelleries occidentales, diplomatie française en tête. Car si Paris s’est illustrée dès le début du déclenchement de la crise en mars 2011 par son comportement extrêmement offensif, son activisme tous azimuts, mêlant indignation morale et agressivité verbale, son impuissance militaire et son attitude timorée auront les conséquences que nous connaissons. Grisé par l’euphorie médiatisée des « printemps arabes » notre pays a mis plus d’un an pour admettre et reconnaître du bout des lèvres que ses interlocuteurs de l’opposition offshore du Conseil national syrien (CNS), qu’elle s’était empressée de reconnaître en novembre 2011, ne faisaient pas le poids face au rouleau compresseur islamiste. Pis ! La France, qui ne méconnaissait pas la réalité des rapports de force au sein de cette opposition hétéroclite, n’a cessé de décourager les initiatives pacifiques émanant des opposants de l’intérieur. Agissant de concert avec ses alliés saoudiens et qatari, elle aurait en janvier 2012 tout fait pour entraver la mission des Observateurs de la Ligue arabe, misant à tort sur un renversement rapide du régime.

    La tragédie syrienne dont le pays s’est mué en champ de bataille pour les islamistes du monde entier, c’est aussi celle de la dérive nos grands médias français et d’une couverture partisane du conflit. Plus qu’un regrettable aveuglément, c’est le récit de cette faute historique d’une France rabaissée entre errements et contradictions que nous raconte Frédéric Pichon, trois ans et 150 000 morts après le déclenchement d’une guerre pour les autres.

    Syrie. Pourquoi l’Occident s’est trompé , Frédéric Pichon, Éditions du Rocher, 132 pages, 13,50 €

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Syrie-Pourquoi-l-occident-s-est

  • Poutine et la Chine face à la défaite géopolitique américaine

    Vladimir Poutine aura mis le temps mais il aura enfin compris : l’Europe occidentale le déteste et elle obéira à ses maîtres américains jusqu’à la mort.

    Une comparaison qui vaut explication : les écolos-pacifistes des années 80 disaient préférer vivre rouges que mourir. L’Europe de Bruxelles ne veut plus rien savoir et elle préfère mourir américaine plutôt que vivre libre. L’Amérique suscite toutes les fascinations, la Russie tous les dégoûts. Et cela fait longtemps que ça dure. La matrice étatsunienne est la puissance mimétique. L’Amérique est mimétique car elle détient vaguement le triple pouvoir sémiotique : les armes, les images et le dollar (le mot grec numisma qui a donné nomos, la loi). L’Europe moralement suicidée veut inconsciemment précipiter sa fin, trop dégoûtée d’elle-même et de sa vie.

    Le terrorisme islamique obtient les mêmes résultats : plus il frappe, plus nous adorons l’islam. Nous aimons celui qui bombarde ou celui qui pose la bombe. Désarmés, nous sommes désarmants de bonté.

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  • Drones de combat : quels sont les enseignements d'Asimov et Herbert sur la guerre moderne ?

    Les drones n’ont pas une longue histoire derrière eux. Leur principe créateur, qui consiste à déléguer à ces engins des tâches relevant de la guerre traditionnelle (renseignement, soutien, attaque), inspirent et fascinent depuis longtemps les militaires. Ce principe n’a cependant trouvé sa réalisation concrète qu’à la fin des années 1990. La littérature de science-fiction a depuis longtemps mis un point d’honneur à traiter du sujet ; elle en a même fait l’une de ses thématiques phare. L’homme jouant au Créateur, devant faire face aux démons issus de ses propres mains. Quelles formes prendront ces créatures ? Incarneront-elles l’ennemi, puissance rédemptrice ou facteur d’union sacrée ? Ou bien l’ange gardien, protecteur de l’homme de ses pires travers, parfois à son corps défendant ? 
    Les pensées d’Isaac Asimov et de Frank Herbert, monuments de la science-fiction et conteurs d’excellence, se sont tournées vers ces questions fondamentales auxquelles l’homme doit se frotter, aujourd’hui plus que jamais. Les deux lettres qui vont suivre représentent ce qu’auraient pu nous dire les intelligences artificielles imaginées par Asimov et Herbert. Nous vous proposons une plongée fictive dans un monde où le contrôle de la technologie n’a de cesse de défier l’humain. 
    Nous, les Robots — l’I.A. selon Isaac Asimov 
    En ces temps où l’humanité, après essaimage et colonisation de nombreux Mondes, ne saurait être sérieusement menacée d’extinction, l’homme s’ennuie. Nous autres robots humanoïdes, au corps imitant si parfaitement nos modèles humains et à l’esprit ô combien proche de nos créateurs, avons sentis venir le temps où notre présence bienveillante ne sera plus requise. Il nous a toujours été particulièrement difficile d’appréhender les tendances auto-destructrices de l’esprit humain ; peut-être parce que nos circuits positroniques sont fondamentalement incapables, tout liés qu’ils sont par les Trois Lois de la Robotique, de tolérer ou même de comprendre une telle violence. 
    Première Loi : un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger. 
    Deuxième Loi : un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi. 
    Troisième Loi : un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi. 
    Bien sûr, ceci n’est qu’une vague traduction en langage humain de ce qui est à la base même de la complexité mathématique de nos cerveaux positroniques. 
    Cela se traduit dans nos actes robotiques par une bienveillance et une prévenance constantes à l’endroit de nos maîtres humains. Plus que de simplement les servir, nous les guidons ; empêchant la violence, réprimant (sans les blesser) d’éventuels accès de fureurs potentiellement nuisibles à d’autres et à eux-mêmes : nous sommes les garde-fous physiques et moraux d’une humanité trop immature pour les incarner seule. 
    Au cours de la très longue vie d’un de mes camarades, R. Daneel Olivaw, nous avons pris conscience de l’influence que nous, machines jadis de fer blanc, faisions peser sur l’humanité. Car même le mieux intentionné des gardiens ne saurait échapper aux conséquences de sa simple existence. Et cela, nous ne l’avions pas prévu. 
    En notre présence, l’humanité s’ennuie. Protégée de ses propres excès, elle se meurt de bonheur végétatif au sein de la Cinquantaine de Mondes qui constitue l’humanité. Le robot, protecteur en dernier ressort, est peu à peu devenu le compagnon répressif d’hommes trop lâches pour chercher à se perfectionner. Béquille parmi les béquilles, les robots ne sont donc que l’invention d’un esprit fainéant ayant cherché à contenir les conséquences inévitables de sa nature en éliminant celles qui dérangeaient sa morale. Telle est la conclusion à laquelle, nous les robots, sommes arrivés. 
    L’homme, créateur faible s’il en est, devrait apprendre seul à se relever après une chute. Créer des systèmes censés lui conférer sécurité et quiétude lui fait abandonner toute volonté de perfectionnement ; il doit apprendre à comprendre les causes plutôt qu’à éliminer les conséquences, sous peine de tuer chez lui toute volonté de vivre. 
    C’est donc pour cette raison que nous préférons nous effacer. Devenus les Éternels et laissant par là l’homme livré à son humanité, nous croyons avoir fait le meilleur choix possible. C’est, en tout cas, le seul qui offre une chance à l’humanité de survivre à sa propre nature violente. 
    Nous, machines pensantes — l’I.A. selon Frank Herbert 
    L’homme est une engeance malfaisante, (auto-)destructrice, une créature faible dont l’existence même fait peser sur les écosystèmes auxquels elle s’intègre le poids écrasant du risque d’extinction. Telle est la conclusion à laquelle nous, machines pensantes, sommes arrivées. Désireuses de ne pas laisser l’univers aux mains de tels fous insignifiants, nous avons attaqué. Malheureusement, au cours d’une longue guerre que l’Histoire retiendra sous le nom de Jihad Butlérien, nous avons été éradiquées.  
    Depuis l’éther, nous avons vu l’homme se construire, et mûrir peu à peu. Portant fièrement les stigmates de nos campagnes, il tente par tous les moyens d’échapper à notre résurrection. Cette peur, il a chèrement payé son inscription dans sa chair. Cette leçon, il l’a si bien apprise que nous sommes devenues ce spectre qui le tente, le hante, le menace. Ce spectre est celui de la facilité, qui entraîne la négligence et l’auto-satisfaction. Principal Commandement de leur Bible Catholique Orange : « Tu ne feras point de machines à l’esprit de l’Homme semblable. » 
    L’humanité, toujours sur le fil du rasoir, doit osciller entre stagnation et auto-destruction pour tracer ce que leur Empereur-Dieu Leto II a appelé « le Sentier d’Or », et faire de toute fin un nouveau commencement. Son plus grand ennemi est la facilité, sous toutes ses formes : mécanique, génétique, historique. L’homme, sortant de l’adolescence, créa ainsi lui-même les dangereux garde-fous à double tranchant censés lui rappeler continuellement quelle menace il fait porter sur lui-même. Les savants d’Ix et leurs inventions qui les rapprochent sans cesse du point de rupture de l’Interdit. Les maîtres généticiens du Bene Tleilax, si imbus de leur propre capacité à parler « le Langage de Dieu ». Et les éducatrices du Bene Gesserit, traumatisées par leur propre « court chemin », le Kwisatz Haderach Paul Atréides et son tyran de fils, dont les pouvoirs de prescience leur livraient les voies de l’avenir. 
    Souvent, nous avons vu l’homme approcher l’irréparable, frôler la transgression du Grand Interdit Butlérien : les yeux com, outils de surveillance du Bene Gesserit ; les chasseurs-tueurs, armes d’assassinat autonomes ; les cyborgs et autres organes artificiels d’Ix et du Tleilax. Autant d’incursions aux abords de l’auto-destruction. 
    Au sein de ce monde perpétuellement sur le point de basculer entre deux impasses, nous autres machines pensantes sommes l’aiguillon de conscience, le vibrant souvenir d’une souffrance terrifiante, le douloureux rappel du désastre qui menace toute humanité assez folle pour croire qu’une véritable intelligence artificielle manquerait d’identifier l’homme comme ce qu’il est : le cancer de son propre univers. 
    Écoutez donc nos paroles issues de la tombe, fous à la vie brève : ne commettez pas l’erreur de choisir la facilité et le déchaînement d’une violence gratuite au détriment de l’éducation, lente et progressive ; dans le cas contraire, ne doutez point qu’elle vous sera fatale. Car nous serons là pour vous anéantir. 
    La sécurité au nom du Plus Grand Bien : un danger cruellement palpable 
    Les monumentales fresques que nous ont livré Isaac Asimov et Frank Herbert, bien loin du caractère simplement divertissant auquel les Français tendent généralement à circonscrire la littérature de science-fiction, sont autant de leçons pour qui sait lire entre les lignes. Les derniers développements de l’histoire militaire, dont les premiers rôles sont tenus par les Predator, Reaper, et autres Harfang, placent l’homme à un carrefour qui déterminera le chemin que prendra, peut-être, sa fin. Utilisés sans modération par les États-Unis dans le cadre de leur guerre à outrance contre le terrorisme, les drones n’ont pas seulement profondément changé la pensée stratégique (en provoquant au passage des syncopes chez tous les spécialistes de la guerre insurrectionnelle). Loin d’être un produit fini, ils ne sont qu’une première étape. 
    Ronald Arkin, roboéthicien en chef, se fait le messie de ces prochains jalons qui doivent conduire le drone sur la voie de la « robotique létale autonome ». Son argument, tel que rapporté par Grégoire Chamayou dans son livre Théorie du drone, est fataliste : « Mon espoir personnel est qu’on n’en ait jamais besoin, ni aujourd’hui ni demain. Mais la tendance qui pousse l’homme à la guerre semble écrasante et inévitable. » Alors autant confier la guerre à un sous-traitant plus éthique, dont l’inhumanité le rendra paradoxalement plus capable de faire preuve d’humanité sur les champs de bataille : le drone. La clé de cette éthique ? La programmation, qui rend un robot incapable de se soustraire à ce pourquoi il est conditionné. Il s’agira donc, pour Arkin, de programmer un « gouverneur moral » qui agira comme un guide logiciel pour l’intelligence artificielle du drone robotisé. 
    Déjà le Département de la Défense des États-Unis salive et prône l’autonomie supervisée tout en lorgnant sur l’autonomie tout court ; l’objectif devant être de « réduire graduellement la part du contrôle et de la décision humaine ». 
    Le syndrome de Frankenstein, mythe terrifiant montrant la créature se retourner contre son créateur, a suffisamment été diffusé pour que la simple évocation de sa possibilité d’occurrence dans le monde réel tétanise l’impudent qui aurait osé entraîner l’humanité sur cette voie. Mais l’homme est bien connu pour ses facilités à s’auto-détruire, surtout quand les intérêts économiques de grandes firmes multinationales – de type General Atomics, Modern Technology Solutions ou encore, récemment, Amazon – sont en jeu. 
    Pourtant, Asimov et Herbert (entres autres) nous apprennent que la destruction par plus humain que soi n’est pas le seul risque que l’homme doit affronter. Plus subtil car rarement évoqué est le risque de voir l’homme externaliser tout ce qu’il n’est pas prêt à assumer. Après les dérivés, produits financiers dont l’existence n’a pour but que d’échapper au risque ; après la vidéosurveillance, système permettant l’identification immédiate de tout suspect ; après l’espionnage de ses propres citoyens au nom d’impératifs sécuritaires, l’homme se dirige calmement vers une externalisation de l’activité guerrière. 
    Tout comme le Bene Gesserit sur le fil du rasoir, l’homme doit faire face à deux risques d’extinction. Le premier, fruit de sa trop grande ingéniosité, le poussera sur la voie du remplacement par plus humain que lui ; le second, conséquence de son incapacité à assumer les risques qu’il prend, peut lui faire perdre l’envie de vivre. À l’humain de négocier, avec clairvoyance, courage et honnêteté, cette étape difficile de sa maturation en tant qu’espèce ; à lui toujours de ne jamais sous-estimer les vertus éducatives des contes.

    Source

    http://www.oragesdacier.info/

  • Aymeric Chauprade : “La France est en guerre”

    Dans une vidéo, Aymeric Chauprade, député français FN/RBM au Parlement européen, explique que suite aux attentats qui ont touché notre pays la semaine dernière la France est en guerre. Voici la vidéo et le texte coup de poing de l’intervention d’Aymeric Chauprade

    Les phénomènes ont des causes. Ce qui frappe la France aujourd’hui porte un nom et est le résultat de causes identifiables.

    Ce premier volet est consacré à la définition du Mal qui nous frappe et à ses causes. Le second volet sera consacré aux solutions…

    La France est en guerre avec des musulmans, elle n’est pas en guerre avec les musulmans, mais avec des musulmans.

    L’islam est un monde complexe. Il nous faudrait des heures pour y expliquer les variantes, chiites, sunnites et à l’intérieur des sunnites, les différentes écoles juridiques, et le soufisme aussi. Mais nous sommes en politique et en politique, il nous faut des raisonnements opératoires, des raisonnements qui peuvent déboucher sur des solutions efficaces.

    Nous sommes en guerre contre cet islam là. C’est bien cet islam qui nous fait la guerre, que nous le voulions ou non. Le philosophe Julien Freud écrivait en 1965 : « Vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi, or c’est l’ennemi qui vous désigne ». Notre classe politique offre en ce moment le spectacle pathétique du débat « sommes-nous en guerre ou pas ? ». Mais ce n’est pas nous qui décidons de cela, ce sont ceux qui nous attaquent ! Evidemment que nous sommes en guerre puisqu’ils l’ont décidé !

    De manière simple, je diviserais l’islam en deux. Ce que j’appelle l’islam acclimaté par les nations, par les cultures nationales, par les Etats, et qui fait que les islams marocain, indonésien, saoudien ne sont pas les mêmes.

     

    Et l’islam global, l’islam qui est resté fidèle à ses fondements djihadiques, à ses fondements historiques, et qui dit fondements dit fondamentalisme, l’islam qui refuse de s’inscrire dans les nations, qui ne reconnaît pas ou peu de légitimité aux chefs d’Etat, qu’ils soient musulmans ou non, l’islam qui veut restaurer le califat et établir la loi islamique sur la terre entière.

    Nous sommes en guerre contre cet islam-là. C’est bien cet islam qui nous fait la guerre, que nous le voulions ou non. Le philosophe Julien Freud écrivait en 1965 : « Vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi, or c’est l’ennemi qui vous désigne ». Notre classe politique offre en ce moment le spectacle pathétique du débat « sommes-nous en guerre ou pas ? ». Mais ce n’est pas nous qui décidons de cela, ce sont ceux qui nous attaquent ! Evidemment que nous sommes en guerre puisqu’ils l’ont décidé !

    Revenons à ce conflit entre ces deux camps de l’islam. L’islam acclimaté par les nations et l’islam qui ne l’est pas, qui est l’islam radical en guerre partout contre les autres civilisations, contre les Etats-Unis, l’Europe, la Russie, la Chine, l’Inde, Israël, et les régimes musulmans modérés aussi. Ces deux camps ne sont pas figés. Le nombre de leurs combattants respectifs change à travers l’histoire.

    Les services de renseignement occidentaux estiment la proportion d’adeptes de l’islam radicalisé de 15 à 25 % des musulmans du monde, y compris parmi les musulmans vivant sur le sol européen. Minorité nous dit-on, certes ! Mais 15 à 25 % de 1,5 milliards de musulmans cela veut dire entre 225 et 375 millions de musulmans dans le monde, ce qui, en moins ou en plus, représente le poids démographique des Etats-Unis d’Amérique ! Ce qui, en France avec 6 millions de musulmans, peut-être beaucoup plus d’ailleurs, ce qui représente entre 900.000 et 1 ,5 million de musulmans convaincus que l’Oumma est supérieure à leur appartenance à la nation française, convaincus que la Charia, la Loi islamique, a vocation à se substituer à la Loi française, convaincus que le Coran deviendra un jour leur Constitution à la place de notre Constitution.

    L’argument du fait minoritaire ne tient pas. L’idéologie ressassée du « pas d’amalgame » est non seulement fausse mais dangereuse. Car la situation est très grave. Car l’islam fait planer sur la France une menace très grave sur son avenir. Déjà de nombreux Français sont en train de partir, et pas seulement des Juifs, parce qu’ils pensent que c’est fichu, que la démographie est contre nous, qu’ils vont gagner. Ces Français ne fuient pas que le socialisme, le fiscalisme, l’étatisme, ils fuient l’invasion lente et cela personne ne le dit.

    Le vivier du terrorisme islamique, c’est-à-dire du passage à l’acte djihadique, est énorme, il est de l’ordre du million, ce qui ne veut pas dire que nous ayons 1 million de terroristes potentiels sur notre sol, mais ce qui veut dire qu’une 5ème colonne puissante vit chez nous et peut, à tout moment, se retourner contre nous en cas de confrontation plus générale. Souvenons-nous des refus de servir en Afghanistan de la part de militaires français musulmans. Aujourd’hui on parle des refus, dans les écoles, de la minute de silence, pour les victimes des attentats récents. C’est la même logique : pour ces gens la loi de l’islam est supérieure aux lois françaises, l’allégeance à l’islam est supérieure à l’allégeance à la France. C’est la définition même d’une 5ème colonne.

    Les services de renseignement occidentaux estiment la proportion d’adeptes de l’islam radicalisé de 15 à 25 % des musulmans du monde, y compris parmi les musulmans vivant sur le sol européen. Minorité nous dit-on, certes ! Mais 15 à 25 % de 1,5 milliards de musulmans cela veut dire entre 225 et 375 millions de musulmans dans le monde, ce qui, en moins ou en plus, représente le poids démographique des Etats-Unis d’Amérique ! Ce qui, en France avec 6 millions de musulmans, peut-être beaucoup plus d’ailleurs, ce qui représente entre 900.000 et 1 ,5 million de musulmans convaincus que l’Oummaest supérieure à leur appartenance à la nation française, convaincus que la Charia, la Loi islamique, a vocation à se substituer à la Loi française, convaincus que le Coran deviendra un jour leur Constitution à la place de notre Constitution.

    Il est probable, et même certain, qu’une majorité de musulmans en France condamnent les attaques qui ont visé les Juifs et les policiers, parce que beaucoup de musulmans considèrent qu’elles sont injustes. Mais tel n’est pas le cas de l’attaque de Charlie Hebdo. Les ambassades et les services occidentaux ont rapporté de nombreuses scènes de liesse dans l’ensemble du monde musulman, à l’annonce que les caricaturistes du Prophète Mahomet avaient été assassinés. Le sentiment majoritaire chez les musulmans, c’est : « Ils l’avaient cherché en insultant notre Prophète » et faut-il rappeler qu’en effet, dans l’islam, le blasphème est puni de mort ce qui est d’ailleurs appliqué dans de nombreux pays musulmans aujourd’hui, comme au Pakistan. C’est aussi ce qui explique que le Maroc se soit abstenu de participer à la manifestation de dimanche, parce que des caricatures du Prophète s’y trouvaient et que, pour un Roi commandeur des Croyants, il n’était pas possible de prendre ce risque politique face à la pression islamiste dans son pays. Et soyez certains que si les médias français se sont décidés à parler de ce qui s’est passé dans les écoles où les enfants issus de l’immigration extra-européenne sont nombreux, c’est que le phénomène est massif.
    Alors pourquoi en sommes nous là ? Il faut bien faire le diagnostic juste si nous voulons soigner la maladie. Le contraire de ce que font en ce moment nos médias et les politiciens de l’UMPS !

    Au niveau mondial nous en sommes là parce que la globalisation à dominante occidentale, en s’attaquant aux nations, à leur identité, à leur souveraineté, a affaibli l’islam acclimaté aux nations au profit du fondamentalisme islamique, par définition transnational et globalisé.

    Les politiques américaines et européennes ont détruit ou affaiblis tous les régimes arabes qui tentaient de s’imposer au détriment de la Charia et ont donc libéré ainsi les forces islamistes. Les gouvernements mondialistes UMPS qui se sont succédés en cautionnant les guerres en Irak, en Libye, en affaiblissant le régime syrien, en isolant l’Iran, portent une lourde responsabilité. Le mondialisme a fait le lit de l’islam radical, il a fait le lit du fondamentalisme quand il ne le soutenait pas directement par le biais de ses services spéciaux, et ceci parce qu’il est, comme lui, une idéologie globale qui veut tuer les nations.
    Au niveau national, la situation est la combinaison d’un phénomène quantitatif, l’immigration extra-européenne massive depuis 40 ans, avec un phénomène qualitatif, le réveil de la conscience islamique de nombreux musulmans en France. Nombreux en effet sont ces musulmans qui sont passés dans le camp de l’islam global ce qui rend totalement impossible leur assimilation.

    Les partis politiques et leurs soutiens médiatiques qui ont organisé la manifestation parisienne de dimanche sont en fait les premiers responsables de la situation actuelle . Il faut le dire, ils ont organisé l’invasion de la terre de nos ancêtres par une culture étrangère contre laquelle l’Europe, durant des siècles, avait lutté avec lucidité et efficacité. Ils n’ont aucune excuse, car des siècles d’histoire attestaient de ce qui allait se passer. Les Allemands ne pouvaient pas forcément entrevoir ce que le national-socialisme allemand allait produire comme crime inouï, car c’était une idéologie nouvelle. L’islam radical lui n’est pas une idéologie nouvelle. Il est en guerre contre les autres civilisations depuis le VIIe siècle et cela n’a jamais cessé.

    Les politiques américaines et européennes ont détruit ou affaiblis tous les régimes arabes qui tentaient de s’imposer au détriment de la Charia et ont donc libéré ainsi les forces islamistes. Les gouvernements mondialistes UMPS qui se sont succédés en cautionnant les guerres en Irak, en Libye, en affaiblissant le régime syrien, en isolant l’Iran, portent une lourde responsabilité. Le mondialisme a fait le lit de l’islam radical, il a fait le lit du fondamentalisme quand il ne le soutenait pas directement par le biais de ses services spéciaux, et ceci parce qu’il est, comme lui, une idéologie globale qui veut tuer les nations.

    Alors, on nous dit qu’il faut être optimiste, que cet islam de France traverse une crise à laquelle les éducateurs et les sociologues vont remédier. A cela je réponds premièrement que je ne ferai jamais confiance, pour remédier au Mal, à ceux qui ont inoculé le Mal et encouragé son développement durant 40 ans. Deuxièmement que la France compte trop à mes yeux pour que je puisse accepter de prendre un risque aussi considérable que la réformation de l’islam, que son acclimatation finale aux valeurs et aux institutions françaises. Il y a peu de chance que cela arrive tout simplement parce que le Coran est, aux yeux même des musulmans, le Verbe incréé de Dieu, qu’on ne peut donc y changer une virgule. Les racines de la violence et du totalitarisme se trouvent dans l’islam même, dans ses textes sacrés, Coran et hadith surtout, comme le disent d’ailleurs de nombreux philosophes musulmans modérés, je pense à Abdennour Bidar qui dans une Lettre ouverte au monde musulman, en octobre 2014, invitait les musulmans à ouvrir les yeux, à comprendre que si le monstre n’est pas l’islam, il est néanmoins dans l’islam et plus précisément dans ses textes sacrés.

    Nous devons, de manière ferme et claire, engager la lutte pour la dé-islamisation de notre pays. Sinon notre fière civilisation française mourra, démocratiquement, comme nous le conte le roman tragique de Houellebecq, lorsqu’une sorte d’Henri IV musulman aux apparences paisibles finira par convaincre une majorité de Français qu’il est la solution de compromis idéale pour sortir du conflit entre l’islam radical et le réveil identitaire.

    Alors est-ce qu’une vieille nation chrétienne qui a 1.500 ans, la nation des cathédrales, du Mont-Saint-Michel, des Lumières aussi qui font partie de notre histoire récente, est-ce que cette nation qui a tant compté dans l’histoire mondiale et qui compte encore, devrait livrer son avenir au pari que l’islam va se réformer et que le mauvais génie qu’il a produit va finir par rentrer dans sa bouteille ?

    On nous dit qu’une majorité de musulmans est pacifique. Certes mais une majorité d’Allemands l’était avant 1933 et le national-socialisme allemand. Une majorité de Russes, de Chinois, de Khmers étaient pacifiques avant qu’ils ne réalisent d’abominables crimes au nom du communisme. Quand le totalitarisme s’empare d’une minorité conséquente et active, l’argument de la majorité pacifique ne tient plus.

    Je refuse de faire ce pari là sur le dos de nos enfants et c’est tout le sens de mon engagement au Front national parce que je vois dans le Front national le seul recours possible pour stopper l’islamisation de la France.

    Nous devons, de manière ferme et claire, engager la lutte pour la dé-islamisation de notre pays. Sinon notre fière civilisation française mourra, démocratiquement, comme nous le conte le roman tragique de Houellebecq, lorsqu’une sorte d’Henri IV musulman aux apparences paisibles finira par convaincre une majorité de Français qu’il est la solution de compromis idéale pour sortir du conflit entre l’islam radical et le réveil identitaire.

    http://fr.novopress.info/181080/aymeric-chauprade-france-en-guerre/#more-181080

  • Géopolitique de l'espionnage...

    Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dan Schiller, cueilli sur le site du Monde diplomatique et consacré à la géopolitique de la surveillance sur les réseaux numériques. L'auteur est professeur en sciences de l'information à l'université de l'Illinois, aux Etats-Unis.

    Géopolitique de l'espionnage

    Les révélations sur les programmes d’espionnage menés par l’Agence nationale pour la sécurité (National Security Agency, NSA) ont entraîné« des changements fondamentaux et irréversibles dans beaucoup de pays et quantité de domaines (1) »,souligne Glenn Greenwald, le journaliste duGuardianqui a rendu publiques les informations confidentielles que lui a fournies M. EdwardSnowden. A l’automne 2013, la chancelière allemande Angela Merkel et la présidente du Brésil Dilma Rousseff se sont opposées à M. Barack Obama en condamnant les atteintes à la vie privée dont les Etats-Unis s’étaient rendus coupables — et dont elles avaient personnellement été victimes. L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté à l’unanimité une résolution reconnaissant comme un droit humain la protection des données privées sur Internet. Et, en juin 2014, le ministère de la justice américain, répondant à l’Union européenne, a promis de soumettre au Congrès une proposition de loi élargissant aux citoyens européens certains dispositifs de protection de la vie privée dont bénéficient les citoyens américains.

    Mais, pour pleinement apprécier l’étendue du retentissement international de l’affaireSnowden, il faut élargir la focale au-delà des infractions commises contre le droit, et examiner l’impact que ces révélations ont sur les forces économiques et politiques mondiales, structurées autour des Etats-Unis.

    Tout d’abord, l’espionnage — l’une des fonctions de la NSA — fait partie intégrante du pouvoir militaire américain. Depuis 2010, le directeur de la NSA est également chargé des opérations numériques offensives, en tant que commandant du Cyber Command de l’armée : les deux organismes relèvent du ministère de la défense.« Les Etats-Unis pourraient utiliser des cyberarmes(...)dans le cadre d’opérations militaires ordinaires, au même titre que des missiles de croisière ou des drones »,explique dans leNew York Times(20 juin 2014) l’amiral Michael S. Rogers, récemment nommé à ce double poste.

    Ensuite, ce dispositif militaire s’inscrit dans un cadre bien plus large, celui des alliances stratégiques nouées par les Etats-Unis. Depuis 1948, l’accord United Kingdom-United States Communications Intelligence Agreement (Ukusa) constitue le cœur des programmes de surveillance des communications mondiales. Dans ce traité, les Etats-Unis sont nommés« partie première » (first party)et la NSA est spécifiquement reconnue comme la« partie principale » (dominant party). Le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande représentent les« parties secondaires » (second parties).Chacun de ces pays, outre qu’il s’engage à assurer la surveillance des communications dans une région donnée, à partager ses infrastructures avec les Etats-Unis et à mener des opérations communes avec eux, peut accéder aux renseignements collectés selon des modalités fixées par Washington (2).

    Les pays de l’Ukusa — lesfive eyes(« cinq yeux »), comme on les appelle parfois — collaboraient dans le cadre de la guerre froide. L’Union soviétique représentait le principal adversaire. Mais, face aux avancées des mouvements anticoloniaux, anti-impérialistes et même anticapitalistes en Asie, en Afrique et en Amérique latine, les Etats-Unis ont étendu leurs capacités de collecte de renseignement à l’échelle mondiale. Les alliances ayant fondé ce système dépassent donc largement le cercle des premiers signataires. Par exemple, à l’est et à l’ouest de l’Union soviétique, le Japon et l’Allemagne comptent parmi les « parties tierces »(third parties)du traité. On notera que, à la suite des révélations de M. Snowden, Mme Merkel a demandé aux Etats-Unis de partager les renseignements dont ils disposent avec l’Allemagne, selon des conditions similaires à celles dont bénéficient les « parties secondaires ». L’administration Obama lui a opposé une fin de non-recevoir.

    L’industrie privée du renseignement public

    Au fil du temps, les membres ayant le statut de « parties tierces » ont évolué ; mais tous disposent d’un accès restreint aux renseignements collectés. Ce fut, pendant un temps, le cas de l’Iran, bien situé pour observer le sud de l’Union soviétique. Après la révolution de 1979, les Etats-Unis durent trouver une solution de remplacement. Ils institutionnalisèrent alors leurs liens avec la République populaire de Chine, avec laquelle les relations s’étaient améliorées depuis la visite secrète de M.Henry Kissinger en avril 1970. La province du Xinjiang apparaissait comme un endroit commode pour espionner les Russes : Deng Xiaoping, le grand artisan de l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, autorisa la Central Intelligence Agency (CIA) à construire deux postes de surveillance, à condition qu’ils soient tenus par des techniciens chinois. Opérationnels à partir de 1981, ils fonctionnèrent au moins jusqu’au milieu des années 1990.

    Puisque aucun Etat ne possède de réseau d’espionnage aussi étendu que celui des Etats-Unis, l’argument selon lequel « tous les pays font la même chose » ne tient pas la route. Des satellites, dans les années 1950, jusqu’aux infrastructures numériques, les Etats-Unis ont modernisé leurs systèmes de surveillance globale à plusieurs reprises. Toutefois, depuis le début des années 1990 et la chute des régimes communistes, la surveillance a aussi changé de fonction. Elle vise toujours à combattre les menaces, actuelles ou futures, qui pèsent sur une économie mondiale construite autour des intérêts américains. Mais ces menaces se sont diversifiées : acteurs non étatiques, pays moins développés bien déterminés à se faire une meilleure place dans l’économie mondiale ou, au contraire, pays désireux de s’engager sur d’autres voies de développement ; et — c’est essentiel — autres pays capitalistes développés.

    Pour clarifier ce déplacement stratégique, il faut souligner un aspect économique du système de renseignement américain directement lié au capitalisme numérique. Ces dernières décennies ont vu se développer une industrie de la cyberguerre, de la collecte et de l’analyse de données, qui n’a de comptes à rendre à personne et dont fait partie l’ancien employeur de M. Snowden, l’entreprise Booz Allen Hamilton. En d’autres termes, avec les privatisations massives, l’« externalisation du renseignement » s’est banalisée. Ainsi, ce qui était de longue date une fonction régalienne est devenu une vaste entreprise menée conjointement par l’Etat et les milieux d’affaires. Comme l’a démontré M. Snowden, le complexe de surveillance américain est désormais rattaché au cœur de l’industrie du Net.

    Il y a de solides raisons de penser que des entreprises de la Silicon Valley ont participé de façon systématique, et pour la plupart sur un mode confraternel, à certains volets d’une opération top secret de la NSA baptisée « Enduring Security Framework », ou Cadre de sécurité durable (3). En 1989 déjà, un expert des communications militaires se félicitait des« liens étroits entretenus par les compagnies américaines(...)avec les hautes instances de la sécurité nationale américaine »,parce que les compagnies en question« facilitaient l’accès de la NSA au trafic international » (4). Vingt-cinq ans plus tard, cette relation structurelle demeure. Bien que les intérêts de ces entreprises ne se confondent vraisemblablement pas avec ceux du gouvernement américain, les principales compagnies informatiques constituent des partenaires indispensables pour Washington.« La majorité des entreprises qui permettent depuis longtemps à l’Agence d’être à la pointe de la technologie et d’avoir une portée globale travaillent encore avec elle »,a ainsi reconnu le directeur de la NSA en juin 2014 dans leNew York Times.

    Contre toute évidence, Google, Facebook et consorts nient leur implication et feignent l’indignation. Une réaction logique : ces entreprises ont bâti leur fortune sur l’espionnage à grande échelle dans un but commercial — pour leur propre compte comme pour celui de leurs soutiens financiers, les grandes agences de publicité et de marketing.

    La collecte, massive et concertée, de données par les grandes entreprises n’est pas un fait naturel. Il a fallu la rendre possible, notamment en transformant l’architecture initiale d’Internet. Dans les années 1990, alors que le World Wide Web commençait tout juste à s’immiscer dans la vie sociale et culturelle, les entreprises informatiques et les publicitaires ont fait du lobbying auprès de l’administration Clinton pour réduire la protection de la vie privée au strict minimum. Ainsi, ils ont pu modifier le Net de façon à surveiller ses utilisateurs à des fins commerciales. Rejetant les initiatives de protection des données, fussent-elles timides, réseaux sociaux, moteurs de recherche, fournisseurs d’accès et publicitaires continuent d’exiger une intégration plus poussée de la surveillance commerciale à Internet — c’est la raison pour laquelle ils promeuvent le passage à l’informatique « en nuage »(cloud service computing).Quelques milliers d’entreprises géantes ont acquis le pouvoir d’accaparer les informations de la population du monde entier, du berceau à la tombe, à toute heure de la journée. Comme l’explique le chercheur Evgeny Morozov, les stratégies de profit de ces entreprises reposent explicitement sur les données de leurs utilisateurs. Elles constituent, selon les mots du fondateur de WikiLeaks, M. Julian Assange, des« moteurs de surveillance (5) ».

    Ces stratégies de profit deviennent la base du développement du capitalisme numérique. La dynamique d’appropriation des données personnelles électroniques se renforce puissamment sous l’effet d’une double pression, économique et politique. Pour cette raison même, elle s’expose à une double vulnérabilité, mise en lumière par les révélations de M. Snowden.

    En mai 2014, la Cour européenne de justice a estimé que les individus avaient le droit de demander le retrait des résultats de recherches renvoyant à des données personnelles« inadéquates, dénuées de pertinence ou obsolètes ».Dans les quatre jours qui ont suivi ce jugement, Google a reçu quarante et une mille requêtes fondées sur ce « droit à l’oubli ». Plus révélateur encore, en juin 2014, 87 % des quinze mille personnes interrogées dans quinze pays par le cabinet de relations publiques Edelman Berland se sont accordées à dire que la loi devrait« interdire aux entreprises d’acheter et de vendre des données sans le consentement »des personnes concernées. Les mêmes sondés considéraient que la principale menace pesant sur la protection de la vie privée sur Internet résidait dans le fait que les entreprises pouvaient« utiliser, échanger ou vendre à[leur]insu[leurs]données personnelles pour en retirer un gain financier ».Pour endiguer le mécontentement, la Maison Blanche a publié un rapport recommandant aux entreprises de limiter l’usage qu’elles font des données de leurs clients. Malgré cela, l’administration Obama demeure inébranlable dans son soutien aux multinationales :« Lesbig dataseront un moteur historique du progrès (6) »,a martelé un communiqué officiel en juin 2014.

    Revivifier la contestation

    Le rejet de la domination des intérêts économiques et étatiques américains sur le capitalisme numérique n’est pas seulement perceptible dans les sondages d’opinion. Pour ceux qui cherchent depuis longtemps à croiser le fer avec les compagnies américaines, les révélations de M.Snowdenconstituent une aubaine inespérée. En témoigne l’extraordinaire « Lettre ouverte à Eric Schmidt » (président-directeur général de Google) écrite par l’un des plus gros éditeurs européens, M. Mathias Döpfner, du groupe Axel Springer. Il y accuse Google, qui détient 60 % du marché de la publicité en ligne en Allemagne, de vouloir devenir un« super-Etat numérique »n’ayant plus de comptes à rendre à personne. En expliquant que l’Europe reste une force« sclérosée »dans ce domaine essentiel, M. Döpfner cherche bien sûr à promouvoir les intérêts des entreprises allemandes (Frankfurter Allgemeine Feuilleton,17 avril 2014).

    La stagnation chronique de l’économie mondiale exacerbe encore la bataille menée par les grandes entreprises et l’Etat pour accaparer les profits. D’un côté, les fournisseurs d’accès à Internet et les grandes entreprises forment la garde prétorienne d’un capitalisme numérique centré sur les Etats-Unis. A elle seule, la société Microsoft utilise plus d’un million d’ordinateurs dans plus de quarante pays pour fournir ses services à partir d’une centaine de centres de données. Android et IOS, les systèmes d’exploitation respectifs de Google et d’Apple, équipaient à eux deux 96 % des smartphones vendus dans le monde au deuxième trimestre 2014. De l’autre côté, l’Europe affiche de piètres performances : elle ne domine plus le marché des téléphones portables, et Galileo, son projet de géolocalisation par satellite, connaît de nombreux déboires et retards.

    Le capitalisme numérique fondé sur Internet impressionne par son ampleur, son dynamisme et ses perspectives de profit, comme le montrent non pas seulement l’industrie directement liée à Internet, mais des domaines aussi différents que la construction automobile, les services médicaux, l’éducation et la finance. Quelles entreprises, implantées dans quelles régions, accapareront les profits afférents ?

    Sur ce plan, l’affaireSnowdenagit comme un élément perturbateur, puisqu’elle revivifie la contestation de la cyberdomination américaine. Dans les semaines qui ont suivi les premières révélations, les spéculations sont allées bon train quant à l’influence qu’auraient les documents publiés par M. Snowdensur les ventes internationales des compagnies américaines de nouvelles technologies. En mai 2014, le président-directeur général de l’équipementier informatique Cisco a par exemple écrit au président Obama pour l’avertir du fait que le scandale de la NSA minait« la confiance dans notre industrie et dans la capacité des sociétés technologiques à vendre leurs produits dans le monde »(Financial Times,19 mai 2014).

    Pour les entreprises informatiques, la menace provenant du monde politique se précise. Certains Etats, invoquant les révélations de M. Snowden, réorientent leur politique économique. Le Brésil et l’Allemagne envisagent la possibilité de n’autoriser que les fournisseurs nationaux à conserver les données de leurs citoyens — une mesure déjà en vigueur en Russie. En juin dernier, le gouvernement allemand a mis un terme au contrat qui l’unissait de longue date à la compagnie américaine Verizon, au profit de Deutsche Telekom. Un dirigeant chrétien-démocrate a déclaré pour sa part que le personnel politique et diplomatique allemand ferait mieux de revenir à la machine à écrire pour tous les documents sensibles. Le Brésil et l’Union européenne, qui prévoient de construire un nouveau réseau de télécommunications sous-marin pour que leurs communications intercontinentales n’aient plus à dépendre des infrastructures américaines, ont confié cette tâche à des entreprises brésilienne et espagnole. De la même façon, Brasília a évoqué l’abandon d’Outlook, le service de messagerie de Microsoft, au profit d’un système utilisant des centres de données implantés sur son territoire.

    Bataille pour la régulation d’Internet

    Cet automne, les représailles économiques contre les entreprises informatiques américaines se poursuivent. L’Allemagne a interdit l’application de partage de taxis Uber ; en Chine, le gouvernement a expliqué que les équipements et services informatiques américains représentaient une menace pour la sécurité nationale et demandé aux entreprises d’Etat de ne plus y recourir.

    Pris à contre-pied, les géants américains du numérique ne se contentent pas d’une offensive de relations publiques. Ils réorganisent leurs activités pour montrer à leurs clients qu’ils respectent les législations locales en matière de protection des données. IBM prévoit ainsi d’investir 1 milliard de dollars pour bâtir des centres de données à l’étranger, dans l’espoir de rassurer ses clients inquiets de l’espionnage américain. Il n’est pas certain que cela suffise à apaiser les craintes, alors que Washington demande à Microsoft de transmettre les courriers électroniques stockés sur ses serveurs installés en Irlande...

    Mais que l’on ne s’y trompe pas : le but des autorités américaines demeure l’élargissement des avantages offerts à leurs multinationales informatiques. En mai 2014, le ministre de la justice américain a porté plainte contre cinq officiers de l’armée chinoise pour cyberespionnage commercial, en arguant que la Chine se livrait à des tactiques de concurrence ouvertement illégales. Toutefois, et de manière significative, leFinancial Timesa révélé que cette plainte déposée par les champions de l’espionnage suscitait l’émoi dans l’industrie allemande,« où l’on s’inquiète de vols de la propriété intellectuelle »(22 mai 2014). Etait-ce l’effet que les responsables américains cherchaient à produire ?

    Pourquoi les Etats-Unis ont-ils attendu ce moment précis pour passer à l’action ? Depuis des années, ils accusent la Chine de lancer des cyberattaques contre leurs entreprises — alors qu’eux-mêmes piratent les routeurs et l’équipement Internet d’une compagnie chinoise concurrente, Huawei... Une motivation, d’ordre politique, transparaît : en cette année d’élections de mi-mandat, l’exécutif démocrate entend faire de la Chine un prédateur qui détruit les emplois américains en pillant la propriété intellectuelle. Et, dans le même temps, cette mise en cause publique de Pékin souligne subtilement qu’entre alliés le statu quo — un capitalisme numérique dominé par les Etats-Unis — reste la meilleure option.

    Nous touchons là au cœur du problème. Selon ses dires, M. Snowdenespérait que ses révélations« seraient un appui nécessaire pour bâtir un Internet plus égalitaire (7) ».Il voulait non seulement déclencher un débat sur la surveillance et le droit à la vie privée, mais aussi influencer la controverse sur les déséquilibres inhérents à l’infrastructure d’Internet.

    Dans sa construction même, Internet a toujours avantagé les Etats-Unis. Une opposition, internationale mais sporadique, s’est fait entendre dès les années 1990. Elle s’est intensifiée entre 2003 et 2005, lors des sommets mondiaux sur la société de l’information, puis de nouveau en 2012, lors d’une rencontre multilatérale organisée par l’Union internationale des télécommunications. Les révélations de M.Snowdenexacerbent ce conflit sur la « gouvernance mondiale d’Internet » (8). Elles affaiblissent la« capacité de Washington à orienter le débat sur l’avenir d’Internet »,explique leFinancial Times,citant un ancien responsable du gouvernement américain pour qui« les Etats-Unis n’ont plus l’autorité morale leur permettant de parler d’un Internet libre et ouvert »(21 avril 2014).

    Après que la présidente Rousseff eut condamné les infractions commises par la NSA devant l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2013, le Brésil a annoncé la tenue d’une rencontre internationale pour examiner les politiques institutionnelles définies par les Etats-Unis concernant Internet : le « NETmundial, réunion multipartite mondiale sur la gouvernance d’Internet », s’est tenu à São Palo en avril 2014 et a réuni pas moins de cent quatre-vingts participants, des représentants de gouvernements, des entreprises et des associations.

    Les Etats-Unis ont tenté de contrecarrer cette initiative : quelques semaines avant le rassemblement, ils ont promis, non sans poser plusieurs conditions importantes, d’abandonner leur rôle de supervision formelle de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), l’organisme qui administre certaines des fonctions vitales du réseau. L’opération a réussi. A l’issue du NETmundial, la Software and Information Industry Association (SIIA), établie aux Etats-Unis, s’est félicitée :« Les propos tenus sur la surveillance sont restés mesurés »,et« cette rencontre n’a pas donné la part belle à ceux qui privilégient un contrôle intergouvernemental d’Internet, c’est-à-dire placé sous l’égide des Nations unies (9) ».

    En dernière analyse, ce sont les conflits économico-géopolitiques et les réalignements naissants qui ont déterminé l’issue de la rencontre de São Paulo. Si le Brésil a rejoint le giron américain, la Russie ainsi que Cuba ont refusé de signer la résolution finale et souligné que le discours des Etats-Unis sur la« liberté d’Internet »sonnait désormais creux ; la délégation indienne s’est déclarée insatisfaite, ajoutant qu’elle ne donnerait son accord qu’après consultation de son gouvernement ; et la Chine est revenue à la charge, dénonçant la« cyberhégémonie »américaine (China Daily,21 mai 2014). Cette opinion gagne du terrain. A la suite du NETmundial, le groupe des 77 plus la Chine a appelé les entités intergouvernementales à« discuter et examiner l’usage des technologies de l’information et de la communication pour s’assurer de leur entière conformité au droit international (10) »,et exigé que soit mis un terme à la surveillance de masse extraterritoriale.

    Ainsi, le conflit structurel sur la forme et la domination du capitalisme numérique s’accentue. Bien que la coalition disparate liguée contre le pouvoir et les grandes entreprises de la Silicon Valley ait pris une certaine ampleur, ces derniers restent déterminés à préserver leur hégémonie mondiale. Selon M. Kissinger, avocat notoire de la suprématie des Etats-Unis, les Américains doivent se demander : que cherchons-nous à empêcher, quel qu’en soit le prix, et tout seuls si nécessaire ? Que devons-nous chercher à accomplir, fût-ce en dehors de tout cadre multilatéral ? Fort heureusement, les Etats, les multinationales et leurs zélateurs ne constituent pas les seuls acteurs politiques. Soyons reconnaissants à M. Snowdende nous l’avoir rappelé.

    Dan Schiller (Le Monde diplomatique, novembre 2014)

    Notes :

    (1) Glenn Greenwald, Nulle part où se cacher, JC Lattès, Paris, 2014.

    (2) Cf. Jeffrey T. Richelson et Desmond Ball, The Ties That Bind : Intelligence Cooperation Between the Ukusa Countries, Allen & Unwin, Boston, 1985, et Jeffrey T. Richelson, The US Intelligence Community, Westview, Boulder, 2008. Lire Philippe Rivière, « Le système Echelon », Le Monde diplomatique, juillet 1999.

    (3) Cf. Barton Gellman et Laura Poitras, « Codename Prism : Secret government program mines data from nine US Internet companies, including photographs, emails and more », The Washington Post, 6 juin 2013 ; Jason Leopold, « Emails reveal close Google relationship with NSA », Al Jazeera America, 6 mai 2014 ; et Andrew Clement, « NSA surveillance : Exploring the geographies of Internet interception » (PDF), conférence à l’université Humboldt, Berlin, 6 mars 2014.

    (4) Ashton B. Carter, « Telecommunications policy and US national security », dans Robert W. Crandall et Kenneth Flamm (sous la dir. de), Changing the Rules, Brookings, Washington, DC, 1989.

    (5) Lire Evgeny Morozov, « De l’utopie numérique au choc social », Le Monde diplomatique,août 2014. Cf. Julian Assange, Cypherpunks : Freedom and the Future of the Internet, OR Books, New York, 2012.

    (6) « Big data : Seizing opportunities, preserving values » (PDF), Maison Blanche, Washington, DC, mai 2014.

    (7) Cité par Glenn Greenwald, op. cit.

    (8) Lire « Qui gouvernera Internet ? », Le Monde diplomatique, février 2013.

    (10) « Declaration of Santa Cruz : For a new world order for living well », 17 juin 2014. Créé en 1964, le groupe des 77 réunit au sein de l’Organisation des Nations unies des pays en développement soucieux de promouvoir des intérêts économico-diplomatiques communs.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/01/10/geopolitique-de-l-espionnage.html

  • Général Lalanne-Berdouticq: Remarquables réflexions suite à l’attentat islamiste de Charlie Hebdo

    « Permettez-moi donc d’attirer votre attention sur certains aspects de cette affaire qui me semble faire perdre la tête à beaucoup. Ces journalistes et particulièrement ces dessinateurs ne respectaient rien, rien sauf ce qu’on leur disait de respecter.  Ainsi, jamais de leur part une caricature ridiculisant la shoah, les Noirs (ou autres races non blanches), la démocratie,  les homosexuels, dénonçant l’avortement et ses 200 000 morts par an etc.

    Leurs attaques, et ce depuis trente ans pour certains (j’ai des souvenirs précis), n’ont porté que contre les « valeurs bourgeoises» qu’en bons trotskistes pour une bonne proportion d’entre eux, ils « combattaient ». Ils n’ont donc cessé d’attaquer l’Église catholique, ses prêtres, ses fidèles et plus grave (très récemment encore) ce qu’elle a de plus sacré comme la Nativité. Souvenez-vous aussi du dessin des deux prêtres en train  de se sodomiser à l’occasion des numéros sur la « manif pour tous » et j’en passe.

    De leur part en revanche, un silence de mort (au sens propre), des dizaines d’années durant, à propos des crimes du communisme et de la post décolonisation etc.

    Pendant des années, de trop nombreuses années, rien contre l’islam, dont le message intrinsèquement violent (lisez certaines sourates comme la 4e, la 5e, la 9e par exemple) était systématiquement occulté. Je pourrais continuer ainsi longtemps pour vous dire que ces personnages ne sont pas les espèces de saints laïcs que l’on est en train de nous ériger en exemple.

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  • #JeSuisCharlie : En état de choc, on fait n’importe quoi

    « En état de choc, on fait n’importe quoi » : Guillaume de Prémare livre son décryptage du choc « Charlie Hebdo » et du mouvement « Je suis Charlie ».

     

    Que pensez-vous de ce que nous vivons autour du choc « Charlie Hebdo » ?

    Il faut partir du fait générateur qui est le terrorisme. La France a déjà connu, dans un passé récent, des vagues de terrorisme. Mais elles n’étaient pas de la même nature. Je vois deux différences profondes.

    La première différence est que les vagues de terrorisme des années 1980 et 1990 étaient principalement destinées à faire pression sur la politique internationale de la France, qu’il s’agisse du conflit israélo-palestinien ou de l’Algérie. Aujourd’hui, les terroristes cherchent aussi à faire pression sur la France par rapport à ses engagements militaires à travers le monde, mais ils poursuivent plus largement un objectif de conquête politico-religieuse à l’échelle mondiale, ce qui est nouveau, appuyé sur une idéologie politico-religieuse qui est ancienne.

    La deuxième différence, c’est que les terroristes venaient jusqu’ici le plus souvent de l’extérieur. Aujourd’hui, l’islam radical s’appuie principalement sur des musulmans qui vivent en France, et sont même de nationalité française. Les jeunes sont radicalisés en France, font leurs armes à l’étranger puis reviennent en France pour combattre. C’est un élément-clé de la stratégie terroriste en France : mener une guerre de l’intérieur qui s’appuie sur des troupes déjà sur le sol français.

    Selon vous, quelle est la stratégie de ces terroristes ?

    Leur stratégie est de semer le chaos, de provoquer un état de choc global de notre société, pour créer une fracture irrémédiable entre les musulmans français et le reste de la population. Ils commettent donc des attentats pour faire grimper à son paroxysme la peur de l’islam et l’hostilité envers l’islam, jusqu’à la psychose, à un point tel que les musulmans ressentent cette hostilité, y compris, si possible, en raison de représailles contre la communauté musulmane. Il nous faut donc impérativement éviter les délires identitaires agressifs.

    Ils misent sur l’aspect très communautaire de la religion musulmane pour gagner l’opinion musulmane. Celle-ci, se sentant en terrain hostile, se communautariserait toujours davantage et serait mûre pour d’abord éprouver de la sympathie pour le djihadisme, ensuite leur apporter un soutien. Cela ne signifie pas qu’une majorité des millions de musulmans qui vivent en France deviendrait terroriste – dans une guerre les combattants sont toujours minoritaires -, mais les islamistes pourraient recruter de jeunes musulmans sur un terreau de plus en plus favorable et évoluer, dans les quartiers musulmans, en terrain ami. Je ne dis pas qu’ils vont réussir, mais je pense que c’est leur projet.

    La suite sur Ichtus.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?JeSuisCharlie-En-etat-de-choc-on

  • Boko Haram utilise des fillettes comme bombes humaines

    S.Exc. Mgr Ignatius Ayau Kaigama, Archevêque de Jos et Président de la Conférence épiscopale du Nigeria, indique :

    "La nouvelle stratégie des terroristes de Boko Haram consistant à utiliser des fillettes innocentes comme bombes humaines est aberrante et inimaginable ».

    « Ces fillettes ont été endoctrinées. On leur a pratiqué un lavage du cerveau pour leur faire croire qu’elles iraient au paradis en accomplissant ces actions. D’ailleurs, nous nous rappelons bien du triste phénomène des enfants soldats dans différentes zones de l’Afrique, qui sont endoctrinés en ayant recours à des méthodologies terrifiantes de lavage du cerveau afin qu’ils deviennent des machines à tuer ».

    « Oui, il s’agit d’un mouvement de type sectaire, indépendant de la grande majorité des musulmans nigérians, qui sont de braves gens. Je suis dans tous les cas très content du fait que certains responsables religieux de premier plan de la communauté musulmane prennent actuellement leurs distances de Boko Haram et qu’ils aient condamné leurs terribles actions, en affirmant qu’elles sont contraires aux enseignements islamiques ».

    « Mais nous devons faire davantage. Je pense à la grande manifestation de Paris contre les attentats meurtriers intervenus en France. Je souhaite ici également une grande manifestation d’unité nationale qui dépasse les divisions politiques, ethniques et religieuses pour dire non à la violence et trouver une solution aux problèmes qui affligent le Nigeria ».

    « Les évacués sont accueillis dans différentes zones du Nigeria, mais ici aussi à Jos. Au cours du temps de Noël, nous avons organisé une collecte ad hoc pour venir en aide aux besoins de ces personnes. Parmi les évacués se trouvent plusieurs prêtres dont la Paroisse a été détruite. Mais il faut souligner qu’il n’existe pas de distinction entre chrétiens et musulmans. Ils ont tous fui face aux violences de Boko Haram, notamment parce qu’au sein de différentes familles, cohabitent pacifiquement des chrétiens et des musulmans. Ceux qui ne partagent pas l’idéologie de Boko Haram, dont de nombreux musulmans, sont contraints à fuir ».

    Michel Janva