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géopolitique - Page 744

  • Magali Pernin : "Traité transatlantique, la menace"


    Colloque de la revue Éléments

    Samedi 26 avril — "Europe-marché ou Europe-puissance ?"

    Le rêve européen s'est transformé en cauchemar. L'Union européenne traverse une crise de légitimité sans précédent. Et le spectacle qu'elle offre n'a rien pour enthousiasmer. Le sentiment le plus répandu est que l'Europe se construit désormais contre les Européens. Un sondage Ipsos a révélé que 70 % des Français souhaitent « limiter les pouvoirs de l'Europe ». Comment en est-on arrivé là ?

    Invités du colloque
    • Eric Maulin, professeur à l'université de Strasbourg et vice-président du Forum Carolus,
    • Gérard Dussouy, professeur de géopolitique à l'université de Bordeaux,
    • Magali Pernin, spécialiste en droit public, animatrice du site contrelacour.fr,
    • Françoise Bonardel, philosophe, professeur à l'université de Paris Panthéon-Sorbonne,
    • Paul-Marie Coûteaux, essayiste,
    • Pierre Le Vigan, écrivain et journaliste d'Éléments,
    • Alain de Benoist, essayiste et directeur de Krisis et Nouvelle Ecole.

  • Un Empire sans stratégie militaire

    Le président Obama a précisé sa doctrine stratégique à West Point. Dans son discours, il a réaffirmé la toute-puissance militaire des États-Unis, alors que ceux-ci sont dépassés techniquement à la fois par la Russie et par la Chine. Incapable d’affronter Moscou, il a passé la perte de la Crimée sous silence et a préféré désigner le seul ennemi qui vaille : la tactique du terrorisme. Alors que des camps d’Al-Qaïda sont installés dans des pays sous occupation de l’Otan, voire membres de l’Otan, il a annoncé un vaste programme pour les combattre. Enfin, il a réitéré son soutien à « l’opposition syrienne » et promis qu’il ne manquerait pas de lui apporter de l’aide… lorsqu’il parviendra à obtenir l’aval du Congrès.

    Le président Obama a prononcé, le 28 mai, un important discours précisant sa doctrine stratégique à l’occasion de la remise des diplômes aux cadets de l’Académie militaire de West Point [1].

    Sans surprise, le président a rappelé avoir tenu sa promesse de rapatrier les troupes déployées en Afghanistan et en Irak et être parvenu à éliminer Oussama Ben Laden. Mais ce qu’il a présenté comme un bilan prétendument élogieux n’en est pas un : les GI’s sont revenus épuisés d’Afghanistan et ont fui l’Irak avant d’en être chassés par la résistance populaire. Le coût exorbitant de ces expéditions –plus de 1 000 milliards de dollars— à empêché le Pentagone d’entretenir son arsenal. Quant à la mort de Ben Laden, ce n’est qu’un conte pour enfants : Oussama Ben Laden n’avait rien à voir avec les attentats du 11-Septembre et il était mort de maladie et enterré en décembre 2001, ainsi que l’a attesté le MI6 britannique [2].

    On ne peut qu’être admiratif de la capacité états-unienne à poursuivre sa narration d’une réalité imaginaire, pourtant démentie par des preuves solides, et d’être toujours suivi par la presse atlantiste.

    Dans son discours, le président a décrit son pays comme « une nation indispensable », à la fois la plus puissante militairement et économiquement. Pourtant aucune de ces deux assertions n’est encore vraie. Le 14 mai, le général Martin Dempsey, président du Comité des chefs d’état-major, reconnaissait devant l’Atlantic Council que ses Forces armées seraient définitivement dépassées dans 10 ans si un énorme effort de mise à jour n’était opéré tout de suite [3] ; un effort improbable avec les restrictions budgétaires. Le Pentagone constate que le retard pris dans la recherche militaire est probablement irréversible. Les technologies militaires de pointe de la Russie et de la Chine sont aujourd’hui plus développées que celles des États-Unis. Il est trop tard pour remonter la pente. L’apparente supériorité de Washington ne tient que parce que ses troupes sont les seules déployées dans le monde entier. Elle n’existe donc que sur certains théâtres d’opération, mais ni contre la Russie, ni contre la Chine, qui gagneraient en cas de Guerre Mondiale. Quant à l’économie, la majorité des biens de consommation consommés aux USA est fabriquée en Chine.

    Sur cette base fantasmagorique, selon l’expression du Washington Post qui ne fait référence qu’à la relative faiblesse militaire des États-Unis [4], le président Obama a annoncé que son pays n’hésiterait pas à intervenir à l’étranger lorsque ses intérêts directs sont mis en cause, mais recourrait à des coalitions internationales pour traiter des problèmes plus lointains. Il a affirmé que, contrairement à la période de la Guerre froide, la Russie ne représentait plus un danger imminent, mais que le principal adversaire, c’est le terrorisme.

    Peu importe donc l’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie. Washington ne combattra pas contre ce qu’il présente par ailleurs comme une « annexion » violant gravement le Droit international, n’hésitant pas à comparer le président Vladimir Poutine à Adolf Hitler.

    Surtout, à l’issue de 13 ans de « guerre contre le terrorisme », Washington prétend avoir éliminé les quelques fanatiques qui composaient la direction internationale d’Al-Qaïda, mais doit désormais affronter un problème plus grave : de très nombreux groupes affiliés à Al-Qaïda qui se sont formés presque partout dans le monde.

    Cette « guerre sans fin » a l’avantage de tout autoriser. Se présentant depuis 2001 en légitime défense, Washington s’autorise à violer la souveraineté des autres États pour y enlever ou y bombarder qui lui chante, quand cela lui chante. Pour poursuivre cette guerre, le président Obama a annoncé la création d’un « Fonds de partenariat contre le terrorisme », abondé à hauteur de 5 milliards de dollars. Il aura pour but de former les services de sécurité des États alliés. Qui peut croire en un tel programme ? Actuellement les terroristes sont formés dans plusieurs camps permanents d’Al-Qaïda, situés dans le désert libyen, pays occupé par l’Otan. Tandis que trois camps d’Al-Qaïda sont installés à Şanlıurfa, Osmaniye et Karaman, en Turquie, pays membre de l’Otan [5].

    Les Syriens se souviennent des aveux télévisés de cet émir du Front Al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) qui transporta des missiles chimiques d’une base militaire turque jusqu’à la Ghouta de Damas. Selon cet homme, non seulement les armes lui furent fournies par une armée membre de l’Otan, mais l’ordre de s’en servir « sous faux drapeau » pour justifier un bombardement de la Syrie par les États-Unis provenait des États-Unis.

    13 ans après les événements du 11-Septembre 2001, qui peut encore croire qu’Al-Qaïda est l’ennemi principal de la « nation indispensable », alors même que Barack Obama décrivait les éléments affiliés à Al-Qaïda comme « moins capables » que leur maison-mère lors de son discours à l’Université nationale de Défense, le 28 mai 2013 ? [6]. Il déclarait alors que le danger était devenu relatif et que les États-Unis ne devaient plus en faire leur priorité.

    À propos de la Syrie, le président Obama poursuivit à West Point en déclarant que l’on doit « aider le peuple syrien à tenir tête à un dictateur qui bombarde et affame son peuple » (sic). C’est pourquoi Washington aidera « ceux qui se battent pour le droit de tous les Syriens d’être les artisans de leur avenir » (comprenez : pas les Syriens eux-mêmes qui votent pour élire leur président, mais uniquement ceux qui sont prêts à collaborer avec un gouvernement colonial composé par l’Otan).

    Au demeurant, pourquoi intervenir seul en Syrie ? Parce que « la guerre civile syrienne se propage au-delà des frontières du pays, la capacité des groupes extrémistes aguerris de nous prendre pour cible ne fera que s’accroître ». En d’autres termes, après avoir incendié la Syrie, les États-Unis pourraient être atteints par le feu qu’ils ont allumé.

    « Nous allons intensifier nos efforts pour soutenir les voisins de la Syrie —la Jordanie et le Liban, la Turquie et l’Irak— qui gèrent le problème des réfugiés. Je vais travailler avec le Congrès pour accroître le soutien aux éléments de l’opposition syrienne qui offrent la meilleure alternative aux terroristes et à un dictateur brutal. En outre, nous continuerons à collaborer avec nos amis et alliés en Europe et dans le monde arabe en vue d’une solution politique à cette crise et pour veiller à ce que ces pays, et pas seulement les États-Unis, assument une part équitable des mesures de soutien au peuple syrien », a-t-il poursuivi.

    En d’autres termes, la Maison-Blanche discute avec le Congrès de la manière de soutenir les ambitions personnelles des membres de la Coalition nationale. Selon la presse, Washington pourrait dispenser des formations militaires dans les États limitrophes et distribuer des armes plus performantes. Seulement voilà : 

    - Si Washington se met à former et armer des Collaborateurs syriens, il faudra bien admettre ne pas l’avoir fait à grande échelle auparavant et avoir eu principalement recours à des mercenaires étrangers dans le cadre d’Al-Qaïda. 

    - Si 250 000 mercenaires jihadistes ont été incapables de renverser l’État syrien au cours des trois dernières années, comment quelques milliers de Collaborateurs de la colonisation occidentale pourraient-ils y parvenir ? 

    - Pourquoi les États limitrophes, déjà engagés dans une guerre secrète, accepteraient-ils d’entrer dans une guerre ouverte contre la Syrie, avec les risques que cela implique pour eux ? 

    - Quelles armes plus sophistiquées pourraient être livrées à ces Collaborateurs du colonialisme qu’ils ne puissent pas utiliser un jour contre d’autres cibles, notamment la suprématie aérienne d’Israël ? 

    - Et —the last, but not the least— sachant que tout cela est discuté depuis trois ans, quelle nouveauté pousserait à croire que ces questions pourraient trouver une réponse aujourd’hui ?

    Le discours d’Obama est celui de l’impuissance : il se vante d’avoir retiré ses troupes d’Afghanistan et d’Irak et d’avoir assassiné un fantôme qui n’existait depuis une décennie que dans les cassettes d’Al-Jazeera. Il annonce qu’il va combattre le terrorisme que partout il protège. Il déclare qu’il va soutenir plus efficacement l’« opposition syrienne », mais se défausse immédiatement sur le Congrès —qui ne voulait pas le voir bombarder le pays durant la crise des armes chimiques—, certain que celui-ci se limitera au minimum.

    Les nouveaux diplômés de l’Académie militaire de West Point n’ont pas réservé de standing ovation au président Obama.

    Ce discours n’est qu’un verbiage de façade tentant de masquer un déclin irréversible. Il a stupéfait l’assistance qui a compris la fin de ses rêves de conquêtes. Contre toute attente, moins d’un quart des 1 064 nouveaux diplômés de l’Académie militaire de West Point a applaudi le président, tandis que la majorité restait de marbre. L’Empire se meurt lentement.

    notes

    [1] « Discours de Barack Obama à l’académie militaire de West Point », par Barack Obama, Réseau Voltaire, 28 mai 2014.

    [2] « Réflexions sur l’annonce officielle de la mort d’Oussama Ben Laden », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 mai 2011.

    [3] « Le Pentagone adopte la formule "2, 2, 2, 1" », par Alfredo Jalife-Rahme, Traduction Arnaud Bréart, La Jornada (México), Réseau Voltaire, 27 mai 2014.

    [4] “President Obama’s foreign policy is based on fantasy”, éditorial de la rédaction du Washington Post, 2 mars 2014.

    [5] “Israeli general says al Qaeda’s Syria fighters set up in Turkey”, par Dan Williams, Reuters, 29 janvier 2014. « Lettre ouverte aux Européens coincés derrière le rideau de fer israélo-US », par Hassan Hamadé, Réseau Voltaire, 21 mai 2014.

    [6] « Discours de Barack Obama à la National Defense University », par Barack Obama, Réseau Voltaire, 23 mai 2013.

    Thierry Meyssan

    http://www.voltairenet.org/article184041.html

  • Eric Maulin : "De l'occidentalisation du monde à la provincialisation de l'Europe"


    Colloque de la revue Éléments

    Samedi 26 avril — "Europe-marché ou Europe-puissance ?"

    Le rêve européen s'est transformé en cauchemar. L'Union européenne traverse une crise de légitimité sans précédent. Et le spectacle qu'elle offre n'a rien pour enthousiasmer. Le sentiment le plus répandu est que l'Europe se construit désormais contre les Européens. Un sondage Ipsos a révélé que 70 % des Français souhaitent « limiter les pouvoirs de l'Europe ». Comment en est-on arrivé là ?

    Invités du colloque
    • Eric Maulin, professeur à l'université de Strasbourg et vice-président du Forum Carolus,
    • Gérard Dussouy, professeur de géopolitique à l'université de Bordeaux,
    • Magali Pernin, spécialiste en droit public, animatrice du site contrelacour.fr,
    • Françoise Bonardel, philosophe, professeur à l'université de Paris Panthéon-Sorbonne,
    • Paul-Marie Coûteaux, essayiste,
    • Pierre Le Vigan, écrivain et journaliste d'Éléments,
    • Alain de Benoist, essayiste et directeur de Krisis et Nouvelle Ecole.

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    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Les réalités stratégiques du Traité Transatlantique/TAFTA par Christian Harbulot

     

    Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique et auteur du récent livre « Sabordage – Comment la France détruit sa puissance » (164 p. Ed. Thermos, disponible ici) revient sur les enjeux du traité transatlantique, et sur la nécessité pour les pays européens de « couper le cordon » avec les Etats-Unis.

     

  • Contre-offensive russe sur le front oriental

    « L’art de la guerre » : « Le « East Stream » est désormais ouvert. »

    La tentative états-unienne d’isoler économiquement la Russie pour l’empêcher de secourir la population ukrainienne a eu l’effet contraire de celui escompté : elle pousse Moscou dans les bras de Pékin. De sorte, qu’à long terme, le bloc est européen-asiatique qui est en train de se consolider dépassera la puissance des occidentaux.

    Pendant que l’OTAN convoque demain à Bruxelles ses 28 ministres de la Défense pour potentialiser ses forces dans une fonction anti-russe, en intensifiant aussi l’entraînement de militaires et paramilitaires de Kiev (y compris les bandes armées qui ont tenté d’assassiner le secrétaire du Parti communiste ukrainien), et que l’Union européenne prend de nouvelles sanctions contre la Russie, la réponse vient non pas de Moscou, mais de la lointaine Pékin.

    Le président Poutine commence aujourd’hui sa visite officielle en Chine, durant laquelle sera signée une trentaine d’accords bilatéraux, dont le premier effet sera celui de rendre vain le plan de Washington visant à « isoler la Russie de Poutine en coupant ses liens économiques et politiques avec le monde extérieur ».

    La portée des accords est stratégique. Un contrat d’une valeur de 270 milliards de dollars entre la compagnie publique russe Rosneft et la China’s National Petroleum Company prévoit que la Russie fournira à la Chine dans les 25 prochaines années plus de 700 millions de tonnes de pétrole. Un autre contrat prévoit que la compagnie publique russe Gazprom fournira à la Chine, d’ici 2018, 38 milliards de m3 de gaz par an, c’est-à-dire environ un quart de celui qu’elle fournit aujourd’hui à l’Europe. Se servant aussi d’investissements chinois prévus pour 20 milliards de dollars, Moscou projette de potentialiser l’oléoduc entre la Sibérie orientale et le Pacifique, en le flanquant d’un gazoduc de 4.000 km pour approvisionner la Chine. Pékin est intéressé pour effectuer des investissements en Crimée aussi, en particulier pour la production et l’exportation de gaz naturel liquéfié, pour la modernisation de l’agriculture et la construction d’un terminal céréalier. En même temps Moscou et Pékin sont en train de penser à abandonner le dollar comme monnaie pour les échanges dans la région asiatique. Et la Russie est en train de projeter son propre système de paiements, sur le modèle du chinois Union Pay, dont les cartes de crédit peuvent être utilisées dans plus de 140 pays, se plaçant au second rang mondial après les Visa.

    La coopération russo-chinoise ne se limite pas au domaine économique. Les présidents Xi Jinping et Vladimir Poutine, d’après des sources diplomatiques, feront une « déclaration substantielle  » sur la situation internationale. La convergence d’intérêts stratégiques sera exemplifiée par la manœuvre conjointe que les marines des deux pays effectueront en mer de Chine méridionale, justement après que s’est déroulée aux Philippines une grosse manœuvre aéronavale étasunienne. Et un accord militaire est pratiquement conclu : dans le cadre de cet accord, Moscou fournira à Pékin des chasseurs multi-rôles Soukhoï Su-35, des sous-marins de classe Lada et les systèmes de défense missilistique les plus avancés, S-400.

    Pour souligner la convergence d’intérêts entre Moscou et Pékin, Poutine intervient à la Conférence sur les mesures d’interaction et de renforcement de la confiance en Asie (Cica) qui, présidée par Xi Jinping, se tient à Shanghai les 21 et 22 mai prochains, avec la participation notamment du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, du président afghan Hamid Karzai et de l’iranien Hassan Rouhani. Une claque aux États-Unis qui, après avoir dépensé dans les guerres en Irak et Afghanistan 6 000 milliards de dollars, voient maintenant la Chine de plus en plus présente économiquement dans ces pays. En Irak, elle achète environ la moitié du brut produit et effectue de gros investissements dans l’industrie pétrolifère ; en Afghanistan, elle investit surtout dans le secteur minier, après que des géologues du Pentagone ont découvert de riches gisements de lithium, cobalt, or et autres métaux. Et, ouvrant à l’Iran des débouchés à l’est, Russie et Chine rendent de fait vain l’embargo effectué par les USA et l’UE.

    Les choses ne vont pas mieux pour Washington sur le front occidental. La possibilité, exposée par l’administration Obama, de réduire de plus de 25 % en une décennie les fournitures de gaz russe à l’Europe pour les remplacer par du gaz naturel liquéfié fourni par les États-Unis, est en train de se révéler être du bluff. Ce que confirme le fait que, malgré les sanctions annoncées par Berlin, des sociétés allemandes continuent à investir dans l’industrie énergétique russe : la Rma Pipeline Equipment, productrice de valves d’oléoducs et gazoducs, est en train d’ouvrir son plus gros site dans la région de la Volga. Et Gazprom a déjà signé tous les contrats, dont un de 2 milliards d’euros avec la firme italienne Saipem (Eni), pour la réalisation du gazoduc South Stream qui, contournant l’Ukraine, apportera le gaz russe à travers la mer Noire jusqu’en Bulgarie et, de là, dans l’UE. Même si les États-Unis arrivaient à bloquer le South Stream, la Russie pourrait dérouter le gaz jusqu’à la Chine.

    Le « East Stream » est désormais ouvert.

    Manlio Dinucci, 20/05/2014

    Traduction : Marie-Ange Patrizio

    Source : Il Manifesto (Italie)

    http://www.polemia.com/contre-offensive-russe-sur-le-front-oriental/

  • En Centrafrique, la sauvagerie est de retour

    Le nombre de conflits interethniques ne fait que croître. Le flot des Africains subsahariens cherchant à gagner l’Europe n’est pas près de se tarir.   

    On peut craindre de voir un jour Paris accusé injustement, comme au Rwanda, d’avoir favorisé l’épuration confessionnelle en Centrafrique.

    Après un certain calme depuis le début de l’opération Sangaris, la situation est en effet désolante, marquée par des drames à répétition. Le 25 mai, trois jeunes musulmans qui se rendaient à un match de football de « réconciliation » sont massacrés. La presse locale précise que « leurs organes sexuels et leur cœur ont été retirés ». Le 28 mai, l’église Notre-Dame-de-Fatima est attaquée et au moins une quinzaine de chrétiens, dont l’abbé Paul-Émile Nzalé, sont massacrés par des assaillants venus du PK5, dernier quartier musulman de Bangui. En représailles, les chrétiens s’en prennent alors à une mosquée.

    Rien ne semble désormais arrêter l’escalade.

    Les Français, qui n’étaient que 1.600 au début de leur mission, pour un pays plus grand que la France, ont cherché d’abord à s’interposer entre les communautés. Désormais, les 2.000 soldats français et les 5.800 soldats africains de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) sont vilipendés par une partie de la foule au côté de Catherine Samba-Panza, la présidente de transition, qui est perçue comme la protégée de Paris.

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  • Boko Haram : le prétexte US-raélien ou le 11/9 bis, par Laurent Glauzy

    « Le groupe sanguinaire Boko Haram, de mouvance salafiste, qui revendique la création d’un État islamique dans le Nord du Nigeria, serait-il une construction des États-Unis servant à justifier une intervention au Nigeria ? Ainsi, Boko Haram ne serait qu’une répétition du fameux le 11 septembre, qui a permis, en 2001, l’invasion de l’Afghanistan et du puissant Irak de Saddam Hussein.

    Alain Chouet, officier du renseignement français, ancien chef de poste de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) à Damas, avance dans la publication numérique Mondafrique (certainement avec l’approbation de ses supérieurs, dont celui de Hollande) que « Boko Haram est un monstre utile ». Concernant le chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau, Chouet demande s’il est « un fou, un drogué irrationnel, un ancien chef de bande ? Les média l’ont décrit ainsi. Mais je l’ai entendu sur des vidéos faire ses revendications dans un arabe classique parfait. Ce qui est loin d’être commun en Afrique. »

    Le groupe armé Boko Haram existe depuis 2002. Mais, aujourd’hui, il ressemble à une armée de milliers d’hommes. Or, un fou drogué et inculte ne peut pas gérer une telle rassemblement.
    Avec l’enlèvement, à la mi-avril, de 223 étudiantes, Aboubakar Shekau donne même l’impression qu’il inscrit sa mouvance dans une logique internationale. Cette action terroriste a nécessité une importante organisation et a entraîné un coût économique.

    Alain Chouet souligne que Boko Haram possède d’importants capitaux lui permettant de rémunérer ses hommes de main, ainsi que d’embrigader et de séquestrer des personnes. Alain Chouet évoque même le va-et-vient, entre Ryad et Kano (repaire de Boko Haram), de valises pleines de dollars.

    L’officier du renseignement ajoute que des valises ont été vues, avec des porteurs différents, transiter par le Soudan, l’Afghanistan, la Lybie, la Syrie, le Mali et la Tunisie.

    Il affirme qu’« il y a une grande quantité de riches donateurs privés » en Arabie Saoudite et au Qatar prêts à fournir des fonds à Boko Haram. Alain Chouet assure que le Nigeria « est un pays où l’intégralité de la rente pétrolière est confisquée par les élites. Ce système a tenu pendant une vingtaine d’années, parce que les cadres de l’administration d’État et de l’armée étaient essentiellement des musulmans du Nord (45 % de la population est islamique), qui distribuaient une petite partie des bénéfices, assez pour calmer la colère populaire, chaque jour confrontée à la corruption du pouvoir. Cependant, à partir de 2000, la situation s’est inversée : la population du Sud a augmenté son contrôle sur le secteur public et l’armée. La finance islamique, entre les mains des banques internationales, a permis d’instrumentaliser cette colère. Jusqu’alors, Boko Haram était un mouvement de révolte locale, agité par des revendications économiques locales. Il n’était donc pas intéressé par le djihad, qui sort plutôt du moule saoudien.

    L’enlèvement des lycéennes, leur conversion de force annoncée le 12 mai par Aboubakar Shekau, et leur libération en échange de celle de prisonniers du groupe islamiste aux mains du gouvernement, ont bien entendu suscité la plus grande indignation dans le monde (à commencer par la femme du président américain Obama). Cette mise en scène sonne bien comme un prétexte orchestré pour légitimer une nouvelle ingérence « humanitaire » occidentale en Afrique. Plusieurs organisations non gouvernementales ont d’ailleurs appelé à l’intervention de l’entité supranationale Illuminati qu’est l’ONU.

    Il est à ce propos intéressant de constater que le nom officiel du groupe est Jama’atu Ahlul Sunna Lidda’awati Wal Djihad, est traduit en arabe par « la communauté des disciples de la tradition de l’Islam pour la prédication et la guerre sainte ». Quant à l’appellation de Boko Haram, qui proviendrait des populations locales du Nord-est du Nigeria, elle signifie en langue haoussa « l’éducation occidentale est un péché » : « boko », de « book », « livre » en anglais, et « haram », « interdit » en arabe - soit le rejet d’un enseignement perverti par l’occidentalisation. Dans un tel contexte terroriste, montée de toute pièce et aussi grossier que le 11 septembre, l’intervention de l’Occident devient une « nécessité ».

    Comment aussi ne pas imaginer que le président nigérian, Jonathan Goodluck a provoqué l’enlèvement de ces étudiantes pour consolider son pouvoir, et celui du pétrole anglo-américain ? De plus, Jonathan Goodluck, évangéliste baptiste – mouvance religieuse proche des États-Unis et de la CIA à laquelle appartient John Davison Rockefeller - a demandé l’aide d’agents secrets israéliens, dans le but unique de libérer les étudiantes (Nigeria News du 20/5/14) ! Voilà une belle occasion offerte à Israël pour s’ingérer dans les affaires de la première puissance économique d’Afrique, pays que connaît néanmoins Jonathan Goodluck pour y effectuer ses pèlerinages. »

     Laurent Glauzy

    http://www.contre-info.com/boko-haram-le-pretexte-us-raelien-ou-le-119-bis-par-laurent-glauzy#more-32873

  • Quand les SAS britanniques attaquaient une colonne de civils serbes

    A l’antenne de TV Libertés, le colonel Hogard (ER), alors en poste au Kosovo pendant le conflit entre l’OTAN et l’UCK contre les Serbes, révèle un crime de guerre de l’armée britannique : des SAS ont attaqué une colonne de réfugiés serbes.
    C’est à 21’35, et c’est en écho à son livre L’Europe est morte à Pristina(disponible ici).

    Un crime de guerre, méconnu et impuni, par ceux qui se battent et attaquent des peuples au nom des droits de l’homme.

    http://www.contre-info.com/