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géopolitique - Page 818

  • Obama, un président sous l’influence du “puissant lobby de la guerre froide”

    L’asile accordé à Edward Snowden était la goutte de trop : le président des Etats-Unis annule sa visite à Moscou. Sur place, la presse est deçue et craint deux ans d’âge de glace dans les relations américano-russes.

     

    C’est une événement sans précédent depuis la fin de la guerre froide. Barack Obama refuse de rencontrer le président russe Vladimir Poutine après que Moscou ait attribué l’asile pour une année au lanceur d’alerte américain Edward Snowden. L’homme, dont Washington demande l’extradition depuis des semaines, n’est pourtant que le dernier litige en date, après plusieurs mois de tensions.

    Les Etat-Unis déplorent notamment l’interdiction faites aux familles américaines d’adopter des enfants russes, l’obligation des ONG recevant des financements étrangers de s’enregistrer comme “agents de l’étranger et l’adoption d’une législation sanctionnant la “propagande homosexuelle” devant mineurs de peines de prison.

    Mais à Moscou, les réactions sont réservées, teintées de déception et de politesse.

     

    La décision de Barack Obama “est liée au cas de l’ex-collaborateur des services secrets américains Edward Snowden, une situation qui n’a pas été créée par nous“, a déclaré Youri Ouchakov, conseiller du président Vladimir Poutine, cité par le journal en ligne Vzgliad. Pour lui, “cela prouve que les Etats-Unis ne sont pas prêts à construire les relations avec la Russie sur des bases d’égalité“.

     

    Le refroidissement entre Washington et Moscou va retarder la discussion sur des questions importantes [la défense anti-missile, la réduction d’armes conventionnels, la guerre en Syrie, le programme nucléaire iranien, l'affaire Snowden, etc.] jusqu’à ce qu’une nouvelle ‘fenêtre d’opportunité’ s’ouvre, mais cela n’arrivera pas avant un à deux ans“, analyse le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta.

     

    De son côté, le directeur de l’Institut russe des Etats-Unis et du Canada, Serguéï Rogov, constate que “la crise dans les relations bilatérales n’a pas pu être évitée, et une chance a été perdue de donner une nouvelle impulsion à l’agenda russo-américain“.

     

    Le quotidien russe Izvestia qualifie la réaction d’Obama d’ “asymétrique, qui “met en péril la relance des relations bilatérales“. L’expert de la Fondation russe pour le développement de la société civile, Maxime Minaev, rappelle qu’en 2010, “la traîtrise de l’agent du service de contre-espionnage russe Alexandre Poteev et l’arrestation d’un groupe d’espions russes qui s’en est suivie, n’ont pas conduit à l’annulation de la visite aux Etats-Unis du président Dmitri Medvedev“.

     

    Pour le directeur de l’Institut de recherche politique russe Serguéï Markov, Obama a été victime du “puissant lobby de la guerre froide au Sénat et au Congrès, et qui l’empêche d’améliorer les relations avec la Russie“.

     

    L’optimisme raisonnable est pourtant de mise, estime dans les pages de Nezavissimaïa Gazeta l’académicien Alexéï Arbatov, car “dès qu’une nouvelle porte politique s’ouvrira, on pourra trouver un compromis, il n’existe pas d’obstacles infranchissables. Par le passé, il y avait aussi des problèmes complexes, mais les deux pays les ont résolus.

     

    Le conseiller du président Youri Ouchakov ajoute que “dans les relations russo-américaines, il y a beaucoup d’émotions négatives, et une discussion entre les deux présidents aurait été utile, mais – hélas – le refus d’Obama de venir à Moscou ne permet pas d’entamer le dialogue“. Mais le spécialiste de tempérer : “Il faut accepter cette décision [d'Obama] calmement. Le monde ne se retournera pas, et le ciel ne tombera pas sur la terre“.

     

    Courrier International   http://fortune.fdesouche.com

  • Hollande et ses Aliés Terroristes veulent Détruire la Syrie et Imposer la Charia …


    Hollande et ses Aliés Terroristes veulent... par Darwin_Kayser

  • Pourquoi faut-il être anti-américain ? par Robert Steuckers

     

    rimland.jpg

    1. Parce que l'Amérique est l'ennemi géopolitique:

    Quand l'Amérique a proclamé la Doctrine de Monroe en 1823, elle souhaitait chasser les puissances européennes hors du Nouveau Monde et les remplacer en Amérique latine. C'était de bonne guerre. Mais elle n'a pas poursuivi cette politique de domination de l'hémisphère occidental, où un nord développé entendait organiser un sud moins développé. Infidèle à la Doctrine de Monroe, elle n'a cessé d'intervenir en Extrême-Orient et en Europe, pour empêcher les processus d'unification continentale à l'¦uvre dans ces régions du monde. D'isolationniste, l'Amérique est devenue interventionniste, mondialiste, globaliste. Elle a cassé les axes de développement nord-sud, créant en chaîne des conflits est-ouest. Or toutes les oppositions est-ouest de l'histoire génèrent des conflits insolubles, des guerres civiles au sein des unités civilisationnelles. Pour nous, l'avenir réside a) dans une collaboration nord-sud eurafricaine, où la Russie est partie intégrante de l'Europe et où les flux migratoires s'écoulent vers le sud, et b) dans une synergie pacifique nippo-centrée où les flux migratoires et culturels s'écoulent également vers le sud, sans interférences américaines.

    2. Parce que l'Amérique est l'ennemi intérieur:

    L'Amérique est en nous, parce que le parti américain détermine la gestion de nos Etats et influe leur diplomatie. L'Amérique parie toujours sur les strates sociales corruptibles pour installer son pouvoir. C'était évident au Sud-Vietnam comme ce l'est depuis toujours en Amérique latine. Mais, à regarder de près, cette règle ne vaut-elle pas pour l'Europe aussi? Lutter contre l'Amérique signifie lutter contre les strates sociales qui hissent l'économisme au rang de valeur cardinale, oubliant que les règles de la politique nécessitent d'autres vertus, non matérielles, et que la "plus-value de légitimité" repose sur la mémoire historique et non sur le présentisme de la jouissance. Le parti américain regroupe ceux qui ont perdu le sens de l'Etat, du devoir politique, pour poursuivre des objectifs lucratifs, toujours axés sur le court terme. A ces politiques à court terme, nous opposons le long terme de la mémoire historique.

    3. Parce que l'Amérique est l'ennemi culturel:

    Les Etats-Unis véhiculent une culture purement individualiste et dépourvue de racines pluriséculaires voire plurimillénaires. Cet individualisme et cette absence de mémoire ont un effet dissolvant sur les cultures périphériques, ne disposant pas d'emblée d'un "marché" de 250 millions de consommateurs. Sur l'ensemble de la planète, la culture léguée par les ancêtres fait peu à peu place à une culture artificielle, construite à l'aide d'affects psychologiques, de lambeaux de mythe, de fiction minable, collés bout à bout. Cette culture artificielle n'est pas arrivée en Europe et en Asie de manière fortuite: elle y a été sciemment greffée. Rappellons que la France a été mise au pied du mur en 1948: ou elle acceptait sans restriction l'importation massive de produits culturels et cinématographiques américains ou elle était rayée de la liste des bénéficiaires du Plan Marshall. L'Amérique, en tant que puissance dominante, pratique l'ethnocide culturel; quand les peuples auront perdu leur mémoire, ils seront archi-mûrs, c'est-à-dire suffisamment pourris, pour accepter le super-ersatz offert par Washington. Mais cette éradication à l'échelle planétaire des mémoires recèle le danger de l'uniformité: elle ôte quantité de potentialités à l'humanité, quantité d'alternatives, qui auront été gommées irrémédiablement.

    4. Parce que l'Amérique est l'ennemi du genre humain:

    L'Amérique a réintroduit dans la pratique politique et diplomatique la notion d'"ennemi absolu", c'est-à-dire d'un ennemi qu'il ne s'agit plus seulement de vaincre mais d'exterminer. Tous les peuples de la planète peuvent devenir, au gré des circonstances, ennemis de l'Amérique. Ils risquent l'extermination, à l'instar des populations amérindiennes, liquidées par des couvertures vérolées, de l'alcool frelatée, les balles de la cavalerie, etc. Le XVIIIième siècle et l'Europe du XIXième, régie par la Pentarchie (France, Angleterre, Prusse, Autriche, Russie), avaient tenté d'humaniser la guerre, de traiter correctement les prisonniers, de soigner les blessés, de mettre les populations civiles à l'abri des conflits. L'irruption de l'Amérique dans les conflits du monde, surtout à partir de la dernière guerre mondiale, a conduit à la destruction massive d'objectifs civils (Dresde, Hiroshima, Hanoï, villages vietnamiens, Panama), au pilonnage de colonnes en retraite (Koweit/Irak), au meurtre collectif des prisonniers de guerre (les "morts pour raisons diverses", dont a parlé l'historien canadien James Bacque). Cette déshumanisation de la guerre dérive en droite ligne de l'idéologie messianique américaine: quand une personne, un pouvoir ou une puissance politique croit détenir la Vérité Ultime, elle ne tolère plus la moindre déviation idéologique, la moindre entorse à sa volonté. Et elle frappe. Cruellement. Sans égard pour autrui. Parce qu'il incarne le Diable. Aux guerres messianiques, réintroduites par les Etats-Unis, nous entendons substituer un nouveau jus publicum qui redonnera à la guerre une dimension moins absolue.

    The_Faces_of_Capitalism_by_Pit_Kuruma.jpg5. Que faire ?

    A l'heure où le capitalisme américain semble triompher, où il est de fait la dernière idéologie économique en lice, des lézardes strient déjà l'édifice. Au sein de l'économie-monde capitaliste, des contradictions apparaissent; ses pôles accusent des divergences entre eux parce que des mémoires culturellement déterminées les agissent en dépit de l'arasement que Washington avait voulu. Incontournable demeure la solidité des communautés japonaises et de l'épargne allemande, soit autant de signes que les peuples non-américains, même largement américanisés, ont le sens de la durée et ne se contentent pas de jouir de l'instant. Qu'ils privilégient le long terme et ne s'abandonnent pas entièrement à l'"individual choice", indice économique de l'American Way of Life. Et que ce pari pour le long terme, amorcé depuis plusieurs décennies déjà, en dépit de Reagan et de Thatcher,engrange désormais de formidables succès. L'éducation japonaise, le taux d'épargne nippon, scandinave et germanique, la formation des apprentis allemands en tous domaines, la plus-value que donnent tous les enracinements, battent à platte couture la permissivité américaine, l'économie basée sur le crédit, l'absence d'investissements pour la formation du personnel, l'absence de racines stabilisantes. Les Etats-Unis battent de l'aile parce que leurs écoliers demeurent analphabètes, ne maîtrisent même plus un anglais simplifié, parce que leurs ménages dépensent plus qu'ils ne gagnent, parce que l'angoisse de vivre, dû à l'absence de racines solides, conduit à la toxicomanie. Les rodomontades de Panama ou du Golfe n'y changeront rien.
    Nous Européens devons adopter le modèle rhénan du capitalisme (comme nous l'enjoint Michel Albert dans Capitalisme contre capitalisme), car ce modèle, malgré ses insuffisances, porte quand même en lui la volonté de parier sur l'éducation, d'investir dans la recherche et dans la formation, parce qu'il
    lie le passé au futur grâce à l'épargne de ses citoyens. En germe, cette forme incomplète de capitalisme génèrera la puissance,précisément parce qu'elle conserve des formes qui ne sont pas libérales: rigueur de l'enseignement et de la formation, qui ne sont possibles que si l'on ne se laisse pas aveugler par le profit à court terme, tare du libéralisme. Concrètement, lutter contre l'américanisme aujourd'hui, c'est soutenir toutes les politiques qui visent le renforcement de l'épargne des ménages, l'investissement massif dans la recherche et dans l'éducation, l'euro-centrage de nos énergies. Car alors nous aurons les armes qu'il faudra pour contenir les folies américaines au-delà de l'Atlantique. Et pour laisser, là-bas où le soleil se couche, l'anomalie historique américaine imploser, lentement mais sûrement.

    Robert Steuckers

    Source: http://robertsteuckers.blogspot.fr/2012/09/pourquoi-faut-...

    Note du C.N.C: Bien que nous soyons plutôt favorable au socialisme qu'à n'importe quelle forme de capitalisme, y compris rhénan, nous jugeons secondaire cet aspect du texte de M. Steuckers dont la pertinence est totale sur la question "américaine".

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com

  • Syrie : Bachar al Assad optimiste sur la fin prochaine des hostilités

     

    Syrie : Bachar al Assad optimiste sur la fin prochaine des hostilités

    DAMAS (NOVOpress) – Bachar al Assad (à gauche sur la photo en compagnie de Bernard Kouchner en 2010) a déclaré lundi que seule une défaite militaire des insurgés permettrait de mettre fin à la guerre civile qui déchire la Syrie depuis plus de deux ans. Le président syrien a souligné que son armée était en mesure de vaincre les insurgés « d’ici quelques mois » à condition d’être soutenue par le peuple. Le camp gouvernemental a engrangé depuis plusieurs mois une série de victoires, aidées par les chiites libanais du Hezbollah. Elles ont notamment permis à l’armée loyaliste de chasser les rebelles de Damas et de gagner du terrain dans la province centrale de Homs.

     

    « Le terrorisme et la politique sont diamétralement opposés », a souligné Bachar al Assad. « Il ne peut y avoir d’action politique et de progrès sur ce plan tant que le terrorisme frappera partout », a-t-il noté. Le remède ? « Aucune solution ne peut être trouvée face à la terreur, sauf en la frappant d’un poing de fer ». « Si en Syrie nous n’étions pas sûrs de la victoire, nous n’aurions pas eu la capacité de résister et nous n’aurions pas pu poursuivre (la bataille) », a ajouté le dirigeant syrien.

    Crédit photo : francediplomatie , via Flickr, (cc). http://fr.novopress.info

  • L’Iran, de la “révolution blanche” à la révolution tout court

     

    shah011.jpgJanvier 1978-janvier 1979. C’est au moment où elle se modernisait que la monarchie des Pahlavi s’est défaite dans la confusion. De là date l’essor de l’islamisme radical.

    Une tasse de thé, un dernier regard, Mohammad Réza Pahlavi quitte son palais presque vide, le 16 janvier 1979. Dans les jardins, il retrouve la chahbanou, puis gagne l’aéroport international de Téhéran. Un petit groupe les attend, mais ni ambassadeur étranger ni ministre. Des militaires supplient le chah de rester. Le général Badreï, chef de l’armée de terre, s’agenouille selon un vieil usage tribal et lui baise les genoux. Le chah enlève ses lunettes, le relève. Il pleure en public. À Chapour Bakhtiar, nommé à la tête du gouvernement deux semaines plus tôt, le 31 décembre 1978, il dit : « Je vous confie l’Iran et vous remets entre les mains de Dieu. »

    Le chah pilote lui-même son Boeing 707 jusqu’à la sortie de l’espace aérien iranien. Il craint une attaque surprise. Commence pour le souverain une longue errance. Rongé par un lymphome, repoussé par tous, il trouve asile en Égypte où il mourra le 27 juillet 1980. Il régnait depuis le 16 septembre 1941 et allait avoir 61 ans.

    Moins de dix ans plus tôt, il avait célébré à Persépolis les 2 500 ans de l’Empire perse dont il se voulait le continuateur. En même temps, son régime exaltait la modernisation de l’Iran et la “révolution blanche”, ce plan ambitieux de réformes lancé en 1963. La “grande civilisation” à laquelle le chah avait rendu hommage semblait de retour.

    Mais à quel prix ! Omniprésence de la Savak (la police politique), pouvoir autocratique, cassure entre la capitale et la province, fracture entre une élite occidentalisée et le peuple, autisme du chah qui ignore l’aspiration de la société à intervenir dans la vie politique, corruption, vénalité, et hausse des prix. À ceux qui évoquent les ravages sociaux et politiques de l’inflation, le chah répond : « Mon gouvernement m’assure du contraire. Vous ne répercutez que des bavardages de salon ! »

    La “révolution blanche” a heurté les plus traditionalistes de la société iranienne, les chefs de tribus et une partie du clergé conduite par un mollah nommé Ruhollah Khomeiny. Né en 1902, celui-ci nie toute valeur au référendum qui doit approuver la “révolution blanche”. C’est surtout la proclamation de l’égalité entre homme et femme et la modernisation du système judiciaire qui le font réagir car il estime que ce sont deux atteintes aux préceptes de l’Islam et du Coran. Sans oublier que la réforme agraire est, dit-il, préparée par Israël pour transformer l’Iran en protectorat…

    De Qom, ville sainte du chiisme, Khomeiny provoque le chah le 3 mai 1963. Il est arrêté. Suivent trois jours d’émeutes, les 15, 16 et 17 juin, 75 victimes, 400 arrestations et un constat : l’alliance “du rouge et du noir”, une minorité religieuse active et fanatisée avec les réseaux clandestins du Toudeh, le parti communiste iranien. Pour éviter la peine de mort à Khomeiny, des ayatollahs lui accordent le titre de docteur de la loi faisant de lui un ayatollah. Libéré, il récidive en 1964 et s’installe en Irak.

    Ces oppositions, le chah les connaît. Elles le préoccupent. Il lance un appel aux intellectuels pour qu’ils en discutent en toute liberté. En avril 1973 se réunit le “Groupe d’études sur les problèmes iraniens”, composé de personnalités indépendantes. En juillet 1974, un rapport est remis au chah qui l’annote, puis le transmet à Amir Abbas Hoveida, son premier ministre. « Sire, lui répond-il, ces intellectuels n’ont rien trouvé de mieux pour gâcher vos vacances. N’y faites pas attention, ce sont des bavardages. » En fait, il s’agit d’un inventaire sans complaisance de l’état du pays complété de mesures correctives avec cet avertissement : si elles ne sont pas prises au plus vite, une crise très grave pourrait éclater. Cinq mois plus tard, le chef de l’état-major général des forces armées remet à son tour un rapport confidentiel et aussi alarmant que celui des intellectuels : l’armée résistera à une agression extérieure mais un grave malaise interne peut mettre en danger la sécurité nationale.

    Ces deux avertissements venus du coeur même du régime restent lettre morte. Un nouveau parti officiel créé en 1975, un nouveau premier ministre nommé en août 1977 ne changent rien : les ministres valsent, les fonctionnaires cherchent un second emploi, le bazar de Téhéran gronde. Or dès l’année 1976, le chah sent que la maladie ronge son avenir. « Six à huit ans », lui a dit le professeur français Jean Bernard. C’est un homme fatigué qui affronte la montée de la violence révolutionnaire dans son pays.

    D’Irak, Khomeiny redouble ses attaques. Le chah, dit-il, n’est qu’« un agent juif, un serpent américain dont la tête doit être écrasée avec une pierre ». Le 8 janvier 1978, un article paru dans un quotidien du soir de Téhéran fait l’effet d’une bombe. Il s’agit d’une réponse virulente à Khomeiny, qui a été visée au préalable par le ministre de l’Information. Or la polémique mêle vérités et mensonges. Le lendemain, à Qom, des manifestants envahissent la ville sainte : un mort, le premier de la révolution. Le 19 février, quarante jours après ce décès, le grand ayatollah Shariatmadari organise à Tabriz une réunion commémorative. À nouveau, du vandalisme, des morts, des blessés. L’engrenage manifestation-répression est engagé. Et à chaque quarantième jour, à Téhéran, à Tabriz, à Qom, se déroule une manifestation qui tourne à l’émeute. La police appréhende des jeunes gens rentrés récemment des États-Unis et connus pour leur appartenance à des groupes d’extrême gauche, ou des activistes sortis des camps palestiniens, des individus ne parlant que l’arabe. Les forces de l’ordre ne tentent quasi rien contre eux.

    Le pouvoir s’affaiblit et s’enlise. Le chah nie la réalité, ignore le raidissement du clergé, continue à raisonner en termes de croissance de PIB. Et puis les Britanniques et les Américains ont leur propre vision de la situation ; ils conseillent de pratiquer une ouverture politique et de libéraliser le régime : le général Nassiri, cible de la presse internationale et qui dirigeait la Savak depuis 1965, est écarté en juin 1978. Loin de soutenir le chah, comme le faisait Richard Nixon, le président Carter envisage son départ et son remplacement. Au nom des droits de l’homme, les diplomates américains poussent aux dissidences les plus radicales. Une ceinture verte islamiste, pensent-ils, est plus apte à arrêter l’expansion du communisme soviétique.

    Le 5 août 1978, le chah annonce des élections “libres à 100 %” pour juin 1979, une déclaration considérée comme un signe de faiblesse. Le 11, débute le ramadan. Des manifestations violentes éclatent à Ispahan : pour la première fois, des slogans visent directement le chah. Le 19, se produit un fait divers dramatique : un cinéma brûle, 417 morts. Un incendie criminel. L’auteur ? Des religieux radicaux ? La Savak ? Le soir même, la reine mère donne un dîner de gala. L’effet sur l’opinion est désastreux, alors que les indices orientent l’enquête vers l’entourage de Khomeiny.

    Le nouveau premier ministre, Jafar Sharif- Emami, surnommé “Monsieur 5 %” tant il prélève de commissions, déclare sous le coup de l’émotion “la patrie en danger”. Le 7 septembre, 100 000 personnes manifestent à Téhéran avec des ayatollahs : des portraits de Khomeiny apparaissent. La loi martiale est décrétée pour le lendemain 8. Les manifestants prennent de vitesse police et armée. Ils veulent occuper la “maison de la Nation” et y proclamer une “République islamique”. Le service d’ordre tire en l’air, des tireurs embusqués ouvrent le feu sur la foule. C’est le “vendredi noir”, soigneusement « préparé et financé par l’étranger » affirment les auteurs. Au total, 191 victimes. La rupture entre le régime et les partisans de Khomeiny est totale.

    Le chah est anéanti. « Jamais, confie-t-il, je ne ferai tirer sur mon peuple ! » Lui qui croyait être tant aimé se sent trahi : « Mais que leur ai-je donc fait ? ». Un seul souci l’habite : éviter la guerre civile, sa hantise. Le “vendredi noir” marque le début de son inexorable chute.

    Le désordre et l’anarchie s’installent ; Khomeiny gagne la France, reçoit intellectuels et journalistes (mais pas ceux de Valeurs actuelles à qui les auteurs de l’ouvrage que nous citons en référence rendent hommage) qui raffolent de l’ermite de Neauphle-le-Château ; en Iran, les marches en sa faveur se multiplient et façonnent l’image d’une révolution romantique et démocratique ; les Américains organisent en secret la phase finale de leur plan : neutraliser l’armée iranienne et le haut état-major fidèles au chah. Les jeux sont faits.

    « L’Iran des Pahlavi n’était certes pas parfait, mais il était en pleine modernisation, écrira Maurice Druon dans le Figaro du 12 novembre 2004. Fallait-il pousser à le remplacer par un régime arriéré, animé par un fanatisme aveugle ? L’essor de l’islamisme radical date de là. »

    À lire Mohammad Réza Pahlavi. Le Dernier Shah/ 1919-1980, de Houchang Nahavandi et Yves Bomati, Perrin, 622 pages, 27 €.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Proche Orient: l'Occident, comme "un éléphant dans un magasin de porcelaine" Medvedev

    En s'ingérant dans les affaires intérieures de certaines régions, notamment au Proche-Orient, l'Occident se comporte comme "un éléphant dans un magasin de porcelaine", a déclaré le premier ministre russe Dmitri Medvedev dans une interview à la chaîne de télévision Russia Today.

    "Nos partenaires occidentaux se comportent souvent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils interviennent, détruisent tout à l'intérieur et puis ne savent pas qu'en faire. Je suis parfois étonné par leurs analystes et par le manque de cohérence de leurs projets", a souligné le chef du gouvernement russe.

    "Le printemps arabe, qu'est-ce qu'il a apporté de bien? La Liberté? Partiellement. Dans la plupart des pays, [il a eu pour conséquence] des affrontements sanglants, des changements de régimes et des troubles perpétuels", a poursuivi M.Medvedev avant d'ajouter que souvent l'Occident basculait des peuples entiers vers le point du non-retour.

    Sous prétexte d'une lutte pour les intérêts nationaux et pour les droits de l'homme, ils ont procédé à une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de plusieurs pays et ont conduit au pouvoir des régimes politiques favorables à leurs intérêts, a expliqué le premier ministre russe.

    "L'Irak est en proie à des tensions. Des dizaines de personnes y perdent la vie quotidiennement. (…) La Libye déchirée par cette guerre reste à ce jour morcelée, sans parler du sort horrible de [l'ex-dirigeant du pays Mouammar] Kadhafi. (…) La Syrie, elle aussi est au seuil d'un conflit armé. Ce pays est secoué par une guerre civile, ce qui est lamentable", a dit M.Medvedev avant de conclure que l'ingérence étrangère dans les affaires de ce pays, risquait d'engendrer encore un Etat de l'instabilité permanente.

    http://fr.rian.ru/

  • Bachar al-Assad : "La crise ne sera résolue que sur les champs de bataille"

    Bachar al-Assad : Le président syrien Bachar el-Assad a exprimé dimanche soir sa détermination à écraser d’une "main de fer" la rébellion islamiste qui depuis plus de deux ans tente de le renverser, quelques jours après avoir affiché l’image d’un régime sûr de la victoire.
    "Aucune solution ne peut être trouvée avec le terrorisme, excepté en le réprimant avec une main de fer", a déclaré le président Assad au cours d’une allocution retransmise à la télévision publique. Dans ce discours d’une durée de 45 minutes, le président a encouragé les forces armées à continuer à combattre les rebelles, qualifiés de terroristes. "La crise ne sera résolue que sur les champs de bataille", a-t-il lancé.
    Fort de deux importants succès militaires, le président Bachar el-Assad avait déjà adressé jeudi un message aux militaires à l’occasion de la fête de l’armée. "Si en Syrie nous n’étions pas sûrs de la victoire, nous n’aurions pas eu la capacité de résister et nous n’aurions pas pu poursuivre [la bataille]" après plus de deux ans de guerre, avait-il souligné.
    Il avait aussi effectué un déplacement hors de Damas dans un ex-bastion rebelle et les autorités avaient diffusé des images de lui saluant des soldats. Au cours de son discours prononcé dimanche lors d’un iftar - repas de rupture du jeûne, au coucher de soleil, pendant le mois de ramadan -, Bachar el-Assad a par ailleurs estimé que la Coalition nationale syrienne (opposition) avait échoué et qu’elle n’a aucun rôle à jouer dans la recherche d’une solution pour mettre fin au conflit qui ensanglante le pays depuis 28 mois. Selon lui, elle "n’est pas fiable" et est "à la solde de plus d’un pays du Golfe".
    En présence de personnalités politiques et religieuses et de membres de la société civile, il a aussi souligné les "réalisations héroïques de l’armée syrienne dans la défense du pays" et a salué le peuple syrien "pour s’être rangé du côté des forces armées, afin de défendre la Syrie et ses ressources".
    Sur le plan diplomatique, le nouveau président iranien Hassan Rohani a affirmé dimanche que rien ne pouvait affecter les relations de l’Iran avec la Syrie, en recevant à Téhéran le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi, selon l’agence officielle Sana.

  • La Syrie voit pour la première fois une proposition de cessez-le-feu émaner de l’opposition

    La Syrie voit pour la première fois une proposition de cessez-le-feu émaner de l’opposition

    10/07/2013 – 15h30
    PARIS (NOVOpress/Bulletin de réinformation) – Le chef, fraîchement élu de la coalition nationale de l’opposition syrienne, Ahmad Jabra; a appelé, avant-hier, à une halte au feu dans les combats de Homs pendant la durée du ramadan. Un piège ?

    La ville tenue par les rebelles est encerclée par l’armée et sous le feu nourri des forces gouvernementales selon les médias occidentaux.

    On peut cependant s’interroger sur cette proposition très politique qui force Bachar Al‑Assad à justifier de la poursuite des actions militaires alors qu’il est sur le point de reprendre cette importante ville. Homs (Hims en arabe sur la carte ci-dessus) est la troisième ville du pays, et un centre industriel majeur.

    Cette proposition sous ces atours pacifistes semble un piège dangereux tant pour le camp fidèle au régime que plus généralement pour la population notamment chrétienne qui risque de payer son absence de soutien à l’un et à l’autre camp.

    Crédit carte : The World Factbook, domaine public.

    http://fr.novopress.info

  • Les contradictions de l’Union européenne face au Hezbollah

    En désignant la branche militaire du Hezbollah comme organisation terroriste, l’Union européenne manifeste son incompréhension de la Résistance libanaise, qui n’est pas et ne veut pas devenir un parti politique, même si elle participe au jeu politique libanais. Bruxelles exprime son allégeance au bloc anglo-saxon (incluant Israël) au détriment de ses propres principes.
    C’est avec trois jours de retard que le Conseil européen a publié son relevé de décision relatif à l’inscription de la branche militaire du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes. Contrairement aux habitudes, la nouvelle avait déjà fait le tour de la terre et le Hezbollah y avait répondu.
    Le document officiel a été accompagné d’une déclaration commune du Conseil et de la Commission soulignant que cela « n’empêche pas la poursuite du dialogue avec l’ensemble des partis politiques du Liban et n’affecte pas la fourniture d’assistance à ce pays ». Ce commentaire vise à expliciter la distinction entre branches civile et militaire du Hezbollah qui permet à l’Union européenne de discuter avec la première tout en condamnant la seconde.
    Dans la même veine, l’ambassadrice de l’Union européenne, Angelina Eichhorst, est allée rendre visite à Beyrouth au responsable des relations internationales du Hezbollah, Ammar Moussaoui, pour lui dire que cette décision ne changeait rien à leurs relations.

    Le problème, c’est que cette décision n’a aucun sens.
    Masquer l’aspiration mystique du Hezbollah
    Par essence, le Hezbollah n’est pas un parti politique, mais un réseau de résistance à l’invasion israélienne, constitué par des familles chiites sur le modèle des basidjis iraniens dont il a adopté le drapeau. Progressivement, la Résistance a incorporé des non-chiites au sein d’une structure ad hoc, et s’est substitué à la défaillance de l’État libanais aussi bien pour venir en aide aux familles de ses blessés et martyrs que pour reconstruire le Sud du pays, entièrement rasé par l’aviation israélienne. Cette évolution l’a conduit à présenter des candidats aux élections et à participer au gouvernement.
    Son secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, n’a cessé d’exprimer sa réticence face à la politique qui n’est pour lui qu’une activité corruptrice. Au contraire, il a saisi toutes les occasions pour réaffirmer son idéal de mourir en martyr sur le champ de bataille, comme son fils aîné Muhammad Hadi, suivant ainsi la voie tracée par l’imam Hussein lors de la bataille de Kerbala.
    Par essence, le Hezbollah est le fruit d’une démarche mystique et ne saurait être comparé à un parti politique européen. Ses soldats n’ont rien à gagner à se battre et ont leur vie à perdre. Ils se lancent dans la guerre parce que leur cause est juste et qu’elle est une occasion de sacrifice, c’est-à-dire de développement humain. C’était le sens de la révolution de l’ayatollah Rouhollah Khomeini et c’est le leur.
    Malgré l’ambiguïté que fait surgir la traduction de son nom, Hezbollah, en « Parti de Dieu », ce réseau n’est pas une formation politique et n’entend pas le devenir. Sa dénomination, extraite du Coran, figure sur son drapeau : « Quiconque prend pour alliés Dieu, Son messager et les croyants, [réussira] car c’est le parti de Dieu qui sera victorieux ». Il faut comprendre ici l’expression « parti de Dieu » au sens eschatologique : c’est en définitive Dieu qui triomphera du Mal à la fin des temps.
    Très étrangement, les Européens —qui majoritairement considèrent comme un acquis démocratique la séparation entre pouvoirs temporel et religieux—, reprochent donc au Hezbollah son essence spirituelle et veulent le « normaliser » en parti politique. Dans leur esprit, les résistants libanais ne sont pas concernés par la colonisation de la Palestine et de la Syrie. Ils feraient mieux de s’occuper de leur carrière politique que de risquer leur vie au combat.
    La décision du Conseil européen sera de peu de portée pratique. Elle consiste surtout à interdire aux membres de la « branche militaire » de voyager dans l’Union et gèle leurs avoirs bancaires : mais on ne voit pas pourquoi des clandestins luttant contre les puissances coloniales iraient ouvrir des comptes bancaire chez elles.
    Pourquoi donc ce remue-ménage ? L’inscription du Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes est une vieille revendication de Tel-Aviv, soutenue par l’Empire anglo-saxon. C’est un effort de communication visant à affirmer que les « Bons » sont les Israéliens et les « Mauvais » ceux qui refusent de se faire voler leur terre. Elle a été présentée par le président israélien Shimon Peres aux gouvernements de l’Union, puis au Parlement européen, le 12 mars dernier. Elle a été portée au Conseil européen par les ministres britannique et français des Affaires étrangères, William Hague et Laurent Fabius. Ils ont été rejoints par leurs collègues néerlandais et autrichiens, Frans Timmermans et Michael Spindelegger, après une forte mobilisation des sionistes états-uniens, dont l’ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzeneger.

    Masquer l’échec israélien en Argentine
    Il y avait urgence pour les communicants israéliens à agir. En effet, depuis 1994, ils accusent le Hezbollah et l’Iran d’avoir fait sauter l’immeuble de la mutuelle juive de Buenos Aires, faisant 85 morts. Cette version des faits est présentée comme une certitude dans de nombreuses encyclopédies et manuels scolaires. Pourtant, la justice argentine l’a remise en cause depuis des années. En janvier 2013, l’Argentine et l’Iran ont créé une commission de juristes indépendants pour faire toute la lumière. D’ores et déjà, il apparaît que l’attentat était une machination ourdie par l’ancien ministre de l’Intérieur, l’israélo-argentin Vladimir Corach.
    Puisque cette affaire ne tient pas, Tel-Aviv a accusé le Hezbollah et l’Iran d’avoir fait sauter un autobus israélien en Bulgarie, faisant sept morts (dont un kamikaze), le 18 juillet 2012. Dans un premier temps, le gouvernement de centre-droit bulgare avait relayé l’accusation, avant d’être contredit par son successeur de centre-gauche. Peu importe, pour le Conseil européen, le Hezbollah est politiquement l’auteur d’un attentat sur le territoire de l’Union à défaut de l’être judiciairement.
    D’une manière générale, Israël accuse le Hezbollah d’avoir fomenté et parfois exécuté une vingtaine d’attentats contre des civils un peu partout dans le monde, en trente ans, ce que récuse la Résistance.
    La encore, très étrangement, les Européens — qui considèrent la présomption d’innocence comme un acquis démocratique — condamnent le suspect avant même qu’il ait été jugé, ni même mis en examen.

    Masquer l’échec européen en Syrie
    Sur le fond, il n’a échappé à personne que la vraie nouveauté dans ce dossier n’y figure pas : c’est l’intervention du Hezbollah dans la guerre en Syrie. Puisque nous trahissons notre engagement de renverser le président Bachar el-Assad, apportons au moins notre soutien aux « rebelles » en condamnant le Hezbollah, pense t-on à Bruxelles. C’est cet argument qui, semble t-il, a emporté la décision du Conseil européen. A contrario, cela montre l’incapacité des Britanniques et Français à peser plus longtemps sur un conflit qu’ils ont sciemment déclenché pour s’emparer de la Syrie en brandissant le drapeau de la colonisation, qui est devenu celui de l’Armée syrienne libre.
    Surtout cette condamnation a le mérite de clarifier les camps : d’un côté la résistance à l’oppression coloniale, de l’autre les puissances colonisatrices.
    Si l’attitude britannique n’est pas étonnante, le Royaume-Uni revendiquant son statut colonial, elle l’est plus en ce qui concerne la France qui a alterné dans on histoire des périodes révolutionnaires et impériales.
    Ainsi, la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, adoptée en 1789, énonce en son article 2 quatre droits fondamentaux, dont la « résistance à l’oppression ». C’est sur cette base qu’en 1940, Charles De Gaulle s’opposa à l’armistice entre la France et le Reich nazi, prenant la tête de la Résistance.
    A l’opposé, au cours des années 1880, Jules Ferry incarna l’expansion française voulue par une faction du patronat qui y prévoyait une bien meilleure rentabilité pour ses investissements qu’en France, dans la mesure où c’était le contribuable et non lui qui payait l’armée coloniale. Pour enrégimenter le pays, Ferry rendit l’école publique gratuite et obligatoire. Les instituteurs, appelés « hussards noirs de la République » devaient convaincre les jeunes gens de servir dans les troupes coloniales. Et c’est sous les auspices de Jules Ferry que l’actuel président français, François Hollande, a placé son quinquennat.
    Si la France moderne, c’est Charles De Gaulle, elle aurait pu être Philippe Pétain ; un maréchal raisonnable qui considérait la soumission au Reich victorieux d’autant plus souhaitable qu’il y voyait un moyen d’en finir avec l’héritage de 1789. Il est certainement trop tôt pour que les élites françaises le réhabilitent, mais condamner la Résistance libanaise, c’est condamner une seconde fois à mort Charles De Gaulle pour terrorisme.
    En définitive, les idéaux qui firent la gloire de la France sont aujourd’hui mieux défendus à Beyrouth qu’à Paris.

    Thierry Meyssan http://www.voxnr.com

  • Réinventer l'Occident (H. El Karoui)

    Le parcours personnel d'Hakim El Karoui le désigne d'emblée comme un homme du sérail. Normalien, fils de la responsable du Master d'analyse financière à Dauphine, fondateur du club du XXIème siècle (dont le but était de promouvoir la diversité au sein des classes dirigeantes et dont fut notamment issue Rachida Dati), ancien professeur d'université devenu banquier d'affaires chez Rothschild, plume de Raffarin, c'est un homme connaissant les arcanes du pouvoir – même s'il en est temporairement écarté, après la tentative infructueuse qu'il mena avec Emmanuel Todd sous le gouvernement Villepin pour promouvoir le patriotisme économique.

    Cette appartenance au système des élites ne l'a pas empêché de prendre, dès 2006, une position originale (à cette époque) en faveur du protectionnisme économique. En 2007, il appelait à voter au second tour pour Ségolène Royal dans les tribunes du Monde, consommant sa rupture avec le camp sarkozyste, coupable à ses yeux de « dérives identitaires ». L'ouvrage « Réinventer l'Occident » permet donc d'appréhender le constat d'un homme de l'intérieur du système, demeurant  lucide quant aux retombées des politiques libérales, et aux conséquences de l'érosion de la Nation, dont il se veut le défenseur (à l'image de Todd).

    L'ouvrage marque tout d'abord une évolution. Alors que le premier essai d'Hakim el Karoui portait avant tout sur la France (« L'avenir d'une exception en 2006 »), celui-ci traite de l'Occident dans son ensemble; défini comme une réalité géographique (Europe et USA comme centres et Amérique latine, Russie comme périphéries), une altérité par rapport aux autres civilisations (notamment l'Orient), une histoire et une réalité idéologique (liberté individuelle, démocratie, etc...).

    El Karoui dresse un constat sans appel de la situation actuelle occidentale : L’Occident serait passé en quelques années d'une crise de superpuissance (dont l'invasion en Irak fut l'apogée) à une crise d'impuissance (dont la crise de 2008 serait l'un des symptômes).

    Dans le premier chapitre (La désoccidentalisation du monde), El Karoui indique que l'Occident est en train de se vider de lui-même. Cette anomie lui semble se déployer dans trois domaines:

    -Politique : pour El-Karoui, l'anomie y est provoquée par l'abandon des élites du cadre de la Nation alors que l'échelon national sert toujours de référence pour les populations.

    -Economie : L'anomie y provient d'une crise de la demande globale conjuguée à la perte de l'avance économique. Selon El Karoui, la situation de la Grèce, où une faible croissance dans un contexte de hausse des déficits publics ne peut constituer que l'amorce d'une récession sans fin, est donc appelée à se généraliser. Il considère en outre qu'une bipolarisation durable du marché du travail (entre les emplois protégés des insiders et les autres) est inévitable. Les énergies renouvelables et le développement durable ne seront pas capables de compenser ces évolutions défavorables.

    -Identité : L'éducation est ici pour l'auteur la cause  principale de l'anomie (en ceci, il reprend le schéma de pensée de Todd, en ne prenant pas en compte l'impact éventuel de l'immigration ou de la montée de l'individualisme). L'Occident a perdu les trois monopoles sur lesquels il avait bâti sa domination (histoire, instruction et avenir). L’auteur note ainsi que 39% des étudiants chinois choisissent des matières scientifiques contre seulement 5% des étudiants américains.

    El Karoui conclut donc que l'ensemble des anomies de l'Occident sont le résultat d'évolutions internes plutôt que de facteurs externes.

    Dans le deuxième chapitre, intitulé « Les musulmans ne sont pas coupables », il met en garde contre la désignation de l'islam comme ennemi de l'Occident pour masquer nos faiblesses internes, tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur.

    Sur le plan intérieur, il estime que c'est justement parce que les musulmans sont en train d'être assimilés que les enfants maghrébins suscitent de la haine, à l'image de l'affaire Dreyfus qui aurait éclaté lorsque les Juifs étaient en voie d'assimilation. Cette analyse se limite cependant uniquement aux Maghrébins et n'évoque jamais les populations arrivées plus tardivement, notamment d'Afrique noire, dans un contexte où la politique d'assimilation était en recul, et qui sont moins bien intégrées. Sa position, qui s'appuie sur des statistiques évidemment parcellaires et anciennes, demeure optimiste, et elle est sans doute très contestée au sein même de l'institution universitaire.

    Sur le plan extérieur, El-Karoui présente l'islam comme une religion en pleine crise de transition, même si celle-ci fut amorcée avec retard par rapport à l'Occident. Il récuse donc le choc des civilisations pour proposer l'expression de « choc des temporalités ». Cette approche est séduisante, même si elle repose sur une vision progressiste un peu naïve de l'histoire, assez répandue dans son milieu. Cette croyance dans le caractère unidirectionnel de la marche de l'histoire qui irait de la tradition (fermée) à la modernité (ouverte) transparaît par exemple lorsqu'il analyse un film du Maghreb qui incarnerait pour lui la modernité car il est « universel et global ».

    Afin de vaincre les présupposés à l'encontre de l'islam, El Karoui propose enfin la mise en place d'une « CECA migratoire », pour renforcer les migrations circulatoires, permettant d'éviter l'établissement des immigrés sur la durée, établissement synonyme de crispations au sein des sociétés d'accueil.

    Dans le troisième chapitre, intitulé l'aveuglement occidental face à la Chine, El Karoui témoigne de l'inquiétude grandissante des élites occidentales face à la montée de ce  pays, même s'il se montre circonspect quant à ses capacités de s'imposer comme leader de la société internationale. Récusant les théories des économistes libéraux, il démontre que la Chine se comporte absolument à l'inverse de ce que supposerait le schéma ricardien des avantages comparatifs. Elle présente trois anomalies par rapport à ce modèle : elle a connu une montée très rapide dans le haut de gamme, elle a maintenu artificiellement la faiblesse de sa demande intérieure, et elle a consolidé un protectionnisme économique par rapport aux importations occidentales.

    Pour El Karoui, la clef de la réussite de la Chine vient de son non respect de la doxa libérale qui lui permettrait d'éviter les déboires rencontrés par le Japon au début des années 90. Ceux-ci étaient en effet dus à une surévaluation du yen et à une forte inflation. Au contraire, les dirigeants chinois laissent perdurer de manière autoritaire la sous-évaluation de leur monnaie et restreignent l'inflation salariale.

    Dans le quatrième chapitre, El Karoui estime que « L'Asie n'est pas l'avenir de l'Occident ». Ce constat est renforcé par l'analyse des thèses de l'économiste Yu Yongding, actuellement très en cour à Pékin. Celui-ci remet en cause le modèle d'exportations comme moteur indispensable du développement chinois. L'avenir de la Chine ne serait donc pas à l'ouverture mais à la fermeture. Cette tendance commença d'ailleurs à se dessiner lors du plan de relance chinois mis en place pour répondre à la crise de 2008, où les entreprises occidentales furent systématiquement exclues au profit de concurrentes chinoises.

    En parallèle à cette fermeture aux exportations occidentales, la Chine cessera certainement selon El Karoui de financer l'Occident aussi largement qu'elle le fit au cours des années 2000. Ces deux facteurs laissent donc accroire que l'Occident ne profitera que faiblement de la croissance asiatique annoncée.

    El Karoui semble cependant penser que le futur de la Chine ne correspondra pas aux prévisions optimistes actuelles. Il évoque  la bulle spéculative s'y développant, et qu'il compare au modèle de Dubaï qui fit faillite en 2009. Pour l'Occident, une trop grande dépendance à l'égard de la Chine comporte donc le risque d'être entraîné dans d’éventuelles difficultés économiques additionnelles. Il est tentant d'établir un parallèle avec la transmission de la crise américaine à l'ensemble du monde en 2008...

    Sur le plan politique, l'auteur rappelle que l'idéal chinois est celui d'un monde fermé plutôt que d'un monde universel, ce dont témoigne l'érection progressive d'une « grande muraille à l'envers » en Mer de Chine, afin de constituer un glacis face à l'influence occidentale. Cette politique est d'ailleurs assez différente de celle du Japon, qui vise à constituer une zone d'influence en Asie du Sud-Est. Il semble donc illusoire de compter sur la Chine pour gérer les affaires du monde en collaboration avec les autres puissances. Elle agira en fonction de ses intérêts nationaux (analyse d’El Karoui, qui semble donc partir du principe que les USA, eux, n’agissent pas en fonction de leurs propres intérêts…).

    Enfin, le cinquième chapitre propose des pistes afin de « réinventer l'Occident ».Deux pistes principales apparaissent : une réflexion sur l’identité, une réflexion sur l’économie.

    Sur le plan de l'identité, Hakim el Karoui pose le principe selon lequel la Nation ne viendrait pas du fond des âges. Pour lui, il s'agit d'un plébiscite de tous les jours (il appuie sa démonstration sur une analyse partielle du célébrissime discours sur la Nation de Renan), et d'une invention de tous les jours. Il avance ainsi l'idée qu'il faut cesser de mettre en avant la transmission, et privilégier plutôt l'invention, pour tout ce qui touche aux valeurs et cultures nationales. Ainsi, dit-il, la nation permettra-t-elle d'atteindre une universalité métisse, propice à refonder un « lien collectif souple à l'image du PACS », comme l'appelle de ses vœux le sociologue François de Singly. Cette Nation recomposée permettrait l'émergence d'un véritable individualisme relationnel.

    Ce développement a du mal à remporter l'adhésion, notamment à la lumière de l'analyse du retour de la Chine sur l'arène internationale à laquelle s'était livrée El Karoui au chapitre précédent. Il y avait en effet démontré que c'était le retour aux vertus traditionnelles du confucianisme, légèrement réinterprétées selon les exigences de la modernité, qui avait permis aux Chinois de retrouver leur fierté millénaire. Or, le projet d'El Karoui pour la Nation occidentale repose justement sur le rejet de la tradition occidentale, qui menacerait d'enfermer les individus dans une mono-identité alors que l'identité est selon lui par définition plurielle. Alors, vérité en Chine, mensonge en Occident ?

    Sur le plan économique, la solution prônée par El Karoui demeure le protectionnisme raisonné, qu'il décrit comme une écluse. C'est un protectionnisme qui ne pourrait cependant se déployer qu'à l'échelle supra-nationale (européenne), notamment afin de réduire les risques de constitution de rentes, traditionnellement dénoncées par les économistes libéraux quand une telle mesure est évoquée. Si l'idée protectionniste est séduisante de prime abord, El Karoui ne répond qu'imparfaitement à deux problèmes qu'elle soulève :

    Au-delà de la question de la constitution des rentes (qui relève du choix politique), le vrai désavantage du protectionnisme vient plutôt du risque de décrochage technologique qu'il peut induire, selon les études empiriques d'économistes libéraux. Or, en admettant que le protectionnisme se mette en place dans le cadre européen dans un contexte où l'Asie est déjà en train de prendre l'avantage technologique, un tel décrochage est susceptible de s'en trouver accéléré.  La question peu paraître assez théorique de prime abord, puisque le décrochage semble déjà en cours dans de nombreux domaines (notamment les énergies renouvelables). En fait, elle révèle une faiblesse de l'argumentation d'El-Karoui, selon lequel il ne peut exister de protectionnisme qu'européen, au nom du maintien de la compétitivité internationale.

    Un présupposé internationaliste, assez révélateur de l'état d'esprit des élites, innerve donc la démonstration. Il semble d'ailleurs s'être accentué par rapport à l'essai précédent datant de 2006, du même auteur. Alors qu'il y détaillait un moyen de mettre en place un protectionnisme européen par la collaboration entre la France et l'Allemagne en tant que Nations, il préconise en 2010 une solution beaucoup plus « atlantiste » : pour convaincre l'Allemagne de l’intérêt du protectionnisme (vaste programme!), il faut selon lui d'abord gagner la bataille des idées en se servant d'institutions scientifiques américaines de renom. Alors que la France de 2006 était présentée comme maîtresse de son destin par la négociation, celle de 2010 semble avoir besoin d'une courroie de transmission américaine pour influencer l'Allemagne...

    La deuxième faiblesse de la solution protectionniste est donc d'ordre politique : dans le contexte actuel, la majorité des élites ont tout à perdre de mesures allant dans ce sens. Certes, El Karoui exhorte les élites allemandes mercantilistes de s'y rallier au nom de « la morale », mais cela risque de ne pas être suffisant.

    Enfin, sur le plan politique, El-Karoui estime vital l'invention d'un intérêt général européen, prélude à la formation d'une identité européenne. Il voit dans le protectionnisme l'outil pour faire émerger cette notion d’intérêt général européen, d'abord au niveau français, grâce à une campagne présidentielle portant sur la question de l'Europe. Cette proposition recoupe un discours de plus en plus répandu parmi les intellectuels de l'élite française, qui annoncent une campagne présidentielle de 2012 axée sur l'Europe (on peut penser à Jacques Sapir qui exhortait il y a déjà un an les politiques à se saisir pour la prochaine présidentielle du thème du protectionnisme européen, afin d'éviter de laisser le champ libre au Front National dans ce domaine). Mais là encore, il n'est pas certain que la volonté politique puisse l'emporter sur les logiques antérieures de la construction européenne…

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