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géopolitique - Page 814

  • Pour une analyse nationale-révolutionnaire des évènements ukrainiens

    A la lecture des débats passionnés et passionnants qui ont alimenté les blogs et fils des réseaux sociaux de la mouvance ces dernières semaines au sujet de la crise ukrainienne il nous a semblé pertinent de porter à la réflexion des lecteurs du CNC certains éléments de l’analyse nationale-révolutionnaire.
    En effet, on a vu et lu s’affronter avec fougue les tenants d’un voie pro-russe dite « continentale » prenant appui sur une nécessité géopolitique dépassant les visées nationales et les tenants d’une ligne « nationaliste », défendant en premier lieu la volonté des ukrainiens de fonder un Etat souverain.
    Ces deux positions résultent de deux démarches fondées sur un même principe : celui de l’efficacité. Les uns pensent que le renouveau passera par un « grand frère », élément moteur d’une contestation de l’ordre établi – entendez l’ordre américain - aujourd’hui incarné selon eux par la Russie de Poutine. Les autres au contraire, trouvent l’élément d’efficacité dans la vivacité de certains peuples qui refusent l’enfermement impérialiste, les mafias oligarchiques et l’autoritarisme népotique, vivacité aujourd’hui représentée par les nationalistes ukrainiens.
    Notons au passage que les deux groupes trouvent leur inspiration à l’Est, c’est-à-dire loin et en dehors du territoire national qui semble-t-il ne remplit plus les conditions minimales, les germes de révolte suffisants à enflammer les consciences. Curieux tout de même à l’examen d’une actualité hexagonale chaque jour plus chargée de contestation et de conflits (certes avec des accents moins jusqu’au-boutistes).
    Nous avons donc en somme une position « géopolitico-continentale » sensiblement pro-russe et négatrice des identités dites « mineures » et une position « identitariste » fondant sa fraternité de combat sur les luttes de libération nationale.
    Ces deux visions, malgré leurs prétention à l’objectivité et à la scientificité analytique, sont toutes deux partantes d’un certain romantisme impatient qui cherche désespérément une étincelle pouvant allumer rapidement l’incendie libérateur. Pour les uns c’est Poutine, mâle russe aux muscles saillants et au verbe incisif qui incarne l’avant-garde du front du refus à l’impérialisme. Pour les autres, ce sont les peuples non encore trop pollués - Hongrois, Serbes, Ukrainiens et même Russes (nous pourrions ici en citer bien d’autres) – qui personnifient la résistance anti-mondialiste et alter-nationaliste.
    Or les partis pris exprimés dans ces deux positions sont fondés sur les opinions, les avis plus ou moins éclairés que se font les uns et les autres des peuples ou leaders dont ils font leur champions.
    A ce stade, il est important de rappeler que l’on peut difficilement fonder une politique de long terme sur des opinions et des impressions. Il est donc fondamental de rebâtir un raisonnement reposant sur des principes intangibles, invariants et donc pérennes. Pourquoi ? Simplement pour ne pas oublier qui nous sommes, ce que nous défendons. Pour savoir toujours marquer la limite, pour ne pas devenir ceux que nous supportons, entrer dans la confusion de la puissance, voire devenir les zélés serviteurs aussi dévoués qu’aveuglés.
    Pour cela, il est utile de faire ré-émerger la grille d’analyse partagée par la mouvance nationale-révolutionnaire. Fondée sur quelques grands principes, celle-ci présente le double avantage apparemment paradoxal d’une mise à distance des faits et d’un engagement profond pour les causes.
    Tout d’abord, redisons-le, les nationaux-révolutionnaires évitent comme la peste le romantisme, fils des Lumières et porteur d’une musique enivrante mais trompeuse. La vie n’est pas un roman, la vie est un combat acharné, une lutte brutale qui demande la mobilisation totale du corps et de l’esprit. L’engagement doit résulter d’un processus décisionnel aussi complet que direct et donc fondé sur une formation et des connaissances profondément labourées. Car sans formation et compréhension logique, étayée du réel, l’engagement se résume vite au bougisme, à la prise de position réflexe, pavlovienne. C’est ce que l’on a pu lire ces derniers temps : « La Russie est contre l’hégémonie américaine, Poutine est pro-syrien et anti-musulman, donc je le soutiens ». Ou encore : « La Russie veut écraser le peuple ukrainien par l’intermédiaire d’oligarchies corrompues, c’est aussi un impérialisme, donc je soutiens les nationalistes ukrainiens ».
    Ces deux déductions comportent chacune leur part de vérité mais pèchent par des simplifications idéales, voire idéalisées qui plus ou moins consciemment visent à faire coïncider au mieux les aspirations  rêvées de leurs auteurs avec le réel. La raison en est l’impérieuse nécessité, la puissante attraction du temps. Il faut se positionner vite, choisir tout de suite, montrer le camp auquel on appartient, lever son drapeau et défendre sa position … la plupart du temps d’ailleurs contre un camarade, ce qui frise le non-sens.
    Il y a dans cette cavalcade partisane comme un abandon à la modernité dans ce qu’elle a de plus viral : le temps zéro. Toute stratégie, toute philosophie politique, tout militantisme conscient et toute weltanschauung exprimée ne peut que se fonder sur une temporalité longue. Ceci ne signifie en aucune manière la tergiversation ou une prudence excessive, mais seulement la volonté de résister aux sirènes des propagandes médiatiques croisées, aux rumeurs toujours plus folles, aux engouements aussi séduisants que creux. La civilisation européenne porte en elle cette distance, cette mesure et ce détachement. C’est l’hubris des anciens Grecs, la distance intérieure d’Evola ou de Junger.
    Pas de romantisme donc, pas de démesure non plus. Nécessité aussi de recourir à la longue mémoire, à la temporalité et à la recherche détachée des faits, implications et ressorts cachés d’un phénomène.
    Observation, connaissance mais aussi principes.
    Et les principes des nationaux-révolutionnaires sont clairs : Non-alignement, cause des peuples, méfiance et défiance vis-à-vis des impérialismes, objectifs politiques de puissance, socle européen, préservation des intérêts nationaux français, opposition de l’organique au systémique, rejet de l’occidentalisation du monde, opposition farouche et résolue aux Etats-Unis comme puissance et culture, lutte contre le marxisme - forme symétriquement consubstantielle du capitalisme,  promotion d’une troisième voie organique solidariste et justicialiste.
    Si l’on considère les évènements qui secouent l’Ukraine à l’aune des principes évoqués ci-dessus, on peut alors dégager une position claire est positive, une position de principe.
    D’abord, reconnaitre par le prisme historique que l’Ukraine est une réalité, un ethnos qui cherche à fonder un Etat-Nation. Nation sans Etat aurait dit Jean Mabire, ardent défenseur de l’Ukraine tout comme Maurice Bardèche. De fait, par-delà les vagues de colonisation et l’occupation du territoire, une majorité d’ukrainiens (ukrainophones ou russophones) se reconnaissent « de souche » dans les sondages (2001, 2004, 2009 et 2011), à hauteur d’environ 63% de la population. L’Ukraine existe, au grand malheur de ceux qui la nient. Soutenir le droit du peuple ukrainien à se gouverner en toute indépendance ne relève pas dès lors d’une quelconque forme de romantisme mais au contraire d’un réalisme historiquement étayé.
    Ensuite, si l’Ukraine souhaite son indépendance, elle ne peut le faire sans prendre en compte sa minorité russe et celle plus grande des ukrainiens russifiés. Il appartient donc au peuple ukrainien d’opérer un difficile sursaut patriotique propre à unifier les composantes de son espace.
    De même, la Russie, voisin puissant aux tentations inquisitrices, doit faire la démonstration de sa nouvelle politique tant vantée par le Kremlin. Car, si l’on peut saluer les positions courageuses d’un Vladimir Poutine sur certains grands dossiers de politique internationale (on pense ici bien sûr à la Syrie) ou sur de grandes lois de politique intérieure, on ne peut miser inconsidérément sur la Russie comme champion de la multipolarité, du non-alignement. La Russie fait incontestablement contrepoids aux menées américano-sionistes, c’est un fait. Mais son positionnement géographique eurasiatique, sa géopolitique, son histoire et son passé soviétique ne la conduisent absolument pas à la multipolarité mais a un comportement dominant voir hégémonique propre à créer une bipolarisation naturelle entre elle et son opposant de l’ouest. Dans ce cadre, la Russie « gère » son étranger propre avec un paternalisme parfois pesant et menaçant. Les Baltes, les Bélarussiens et les Ukrainiens en savent quelque chose.
    Préserver un non-alignement consiste dès lors à mesurer l’évolution de ces rapports et à propager une option plus contractualiste de ces relations, faite de respect mutuel et d’égalité de traitement. Faute de quoi, on sera amené à considérer la politique Russe de proximité comme une forme asymétrique d’impérialisme. La Russie a le choix dans ces dossiers, celui de pouvoir modifier les rapports avec les pays qui l’environnent et préserver des liens privilégiés, sereins et salvateurs. L’autre option, celle du rapport de force conduisant irrémédiablement les pays ex « satellites » au pire, c’est-à-dire dans les bras de l’ennemi bruxello-américain.
    Lequel ennemi est toujours prompt à la destruction, en perpétuelle embuscade, fomentant contre la Russie et l’Europe des pièges, des trappes, des opérations false-flags dans le seul but de déstabiliser une région, des économies, de fragiles équilibres ethniques ou religieux. Bien sûr qu’il est à l’œuvre en Ukraine, cela nous le savons et cela les nationalistes ukrainiens le savent. C’est à eux de jouer contre cet ennemi mortel, notre principal ennemi : l’Amérique. Nous, nous ne pouvons que dénoncer l’ingérence américaine, montrer ses vecteurs d’attaque. Le sort de l’Ukraine ne nous appartient pas.
    Ce qui nous appartient en revanche, c’est de poser la question fondamentale qui doit toujours être « en quoi cela sert-il les intérêts de l’Europe, de la France ? ».
    Car si l’on peut dénoncer sans ambages l’hydre étatsunienne et reconnaitre le caractère naturellement plus engageant – au moins en surface – de la politique russe ; c’est un pari dangereux que de consacrer la Russie alliée et protectrice de l’Europe, voire partie de cette Europe.
    D’abord parce que le régime russe ne se prévaut pas d’une lutte acharnée contre le capitalisme et le libéralisme, fondant ainsi un modèle autoritaro-libéral assez semblable à ce que produit la Chine (ce qui conduit également à la répression en Russie de mouvements NR et NA).
    Ensuite parce que les Russes eux-mêmes ne se définissent pas européens mais « Russes », tenant à cette particularité réelle et observable.
    Enfin, parce que la doctrine de l’Eurasisme implique l’hégémonie de l’imperium russe et l’extension de la vision continentale à sa partie asiatique. En tant qu’européens, cette vision séduisante en surface, recèle d’un péril mortel. Celui de la dépossession de l’héritage gréco-romain et chrétien au profit d’un socle plus asiato-centré et donc immanquablement concurrent en terme de vision du monde.
    La Russie a son destin, un grand destin. En tant qu’européens nous devons le soutenir tout comme nous devons soutenir la recherche d’un partenariat privilégié avec Moscou. Mais il nous reste un destin à accomplir le nôtre, celui de l’Europe.
    Car l’Europe est certes en bien mauvaise posture, gangrénée par l’occidentalisation rampante, par les supplétifs de Washington aux commandes à Bruxelles, par l’invasion de masse en provenance d’Afrique et d’Orient (proche ou lointain), par le rachat de son économie par les pétromonarchies …
    Mais l’Europe est notre berceau, notre socle et notre espace géopolitique, culturel et ethnique naturel de combat. Nous ne pouvons déroger à notre destin en cherchant ailleurs l’homme providentiel, le pays-phare qui réalisera au loin ce que semble-t-il nous sommes incapables de générer ici. Et c’est précisément parce que nous sommes conscients des limites des modèles, que nous avons l’impérieux devoir de bâtir le nôtre. Les nationalistes ukrainiens, en particulier ceux du Pravyi Sektor (le Secteur Droit de la place Maïdan) se revendiquent européens et proposent un programme de Reconquista très semblable à celui que nous formulons. En ce sens, on peut dire que leur action a quelque chose de vivifiant, comme un coup de fouet dans le champ du possible.
    Il est donc temps de dépassionner le débat sur la crise ukrainienne, de cesser de l’essentialiser, de le ramener à ses dimensions réelles qui sont celles de nos intérêts propres.
    Saluons la vitalité renaissante de la Russie, saluons également le courage et la ténacité des nationalistes radicaux ukrainiens qui ont impulsé une révolte du peuple contre l’oligarchie corrompue nous montrant par-là la direction à suivre.
    Et surtout ne perdons pas de temps à gloser infiniment sur les mérites de telle ou telle alliance hypothétique, tel ou tel allié/leader fantasmé. Nous y perdons beaucoup d’énergie, sans parler des facteurs éventuels de divisions, de nouvelles fractures que nous créons par nos prises de positions extrêmes. Il est pourtant vital pour notre survie et à long terme pour le développement de nos idées que nous soyons enfin capables d’exprimer une troisième voie géopolitique fondée sur nos intérêts propre, ceux de l’Europe que nous voulons, ceux de la France que nous aimons.
    Revenons donc au réel, revenons à nos principes.
    Arnaud de Robert pour le Cercle Non Conforme
    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/02/25/pour-une-analyse-nationale-revolutionnaire-des-evenements-uk-5307591.html

  • Ukraine: les apprentis sorciers ?

    A trop présenter un peuple ukrainien uni contre un dictateur corrompu, on oublie un peu trop que la population de ce pays comporte une minorité russe, de culture et de langue, minorité qui devient majorité quand on considère le Sud et l'Est. Et cette minorité, tout comme la majorité du puissant voisin qui voit dans dans l'Ukraine son berceau historique (la Rouss de Kiev), n'est pas forcément enthousiasmée par le genre de démocratie qui lui est imposé ces derniers jours. Par analogie, avec mille précautions, on pourrait dire qu'une partie de l'Ukraine est à la Russie ce que le Kosovo est à la Serbie. Mais on peut aussi dire que Poutine n'est pas Milosevic. C'est en quelque sorte ce que rappelle Philippe Grasset dans l'analyse qu'il propose aujourd'hui au sujet des développements de la crise concernant la Crimée. Extrait.

    "Les idéologues mondains du bloc BAO, qui sortent peu de leurs conférences climatisées où résonnent les seuls dialectes anglo-saxons, ont une vision extrêmement surréaliste de la situation russe. Ainsi de Andrew Wilson, professeur des études ukrainiennes à l’University College de Londres et auteur de Ukraine’s Orange Revolution, le 23 février 2014 dans The Independent. Sa thèse est que l’évolution “démocratique” en Ukraine va susciter un “effet de domino” et entraîner une “évolution démocratique” en Russie et un cataclysme pour Poutine. Cette thèse étrange, qui ferait penser que la politique est devenue une annexe de ce qu’on nomme l’“art contemporain”, se résume dans ce paragraphe...

    Notre perception assez simple, sinon évidente, est qu’il s’agit à peu près de l’inverse. Si Poutine veut éviter des difficultés, il devra suivre une politique qui tienne compte des exigences du patriotisme et du nationalisme historique russes. C’est-à-dire que, quelle que puisse être sa volonté de compromis, si elle existe, Poutine ne pourra pas céder sur l’essentiel dans la crise ukrainienne ; et le maximalisme du bloc BAO autant que des extrémistes ukrainiens de l’Ouest font que cet “essentiel”-là ne cessera de grandir dans ses projections et dans ses exigences pour les Russes. Ainsi, comme le voit justement Justin Raimondo (Antiwar.com, le 24 février 2014), si Poutine était menacé chez lui, en Russie, ce serait bien plus par sa droite nationaliste que par le pseudo-courant démocratique et occidentaliste, et pour la cause d'absence de fermeté en face à l'Ukraine."

    Où cela nous mènera t'il ?

    Paula Corbulon

  • Ukraine, les partis d'extrême droite contrôle Kiev

    Des militants, notamment de « Secteur droit », contrôlent toujours la mairie de la capitale ukrainienne, alors que le pays semble encore largement désorganisé.

    Des journalistes gauchistes de France 2 (pardon pour le pléonasme) y font un véritable voyage en enfer et n’en croient pas leurs yeux.
    Il est vrai qu’il y a un côté un peu surréaliste.

  • Vladimir Poutine, fou de rage contre Ianoukovitch…

    Entretien avec Pierre-Alexandre Bouclay

    Au vu des événements en Ukraine, Vladimir Poutine va-t-il lâcher Ianoukovitch pour jouer la carte Timochenko ?

    Poutine est un pragmatique, qui souhaite avant tout la stabilité à ses frontières – principalement avec l’Ukraine, pièce centrale de sa géopolitique vers les mers du Sud et l’Europe, notamment pour l’acheminement des hydrocarbures.

    Il est fou de rage contre Ianoukovitch, qui a saboté les Jeux olympiques auxquels il accordait la plus grande importance, en précipitant la révolution par des maladresses en cascades. En faisant tirer sur le peuple, Ianoukovitch a déclenché une crise irréversible. Poutine a refusé de lui accorder une audience la semaine dernière, se contentant de le saluer entre deux tribunes, dans un stade, alors que le président ukrainien avait fait le déplacement à Sotchi. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev l’aurait engueulé, le traitant d’incapable et lui demandant où étaient passés les milliards d’euros versés à l’Ukraine par la Russie. De fait, au lieu d’être employé pour prendre des mesures sociales d’urgence dans ce pays au bord de la faillite, l’argent s’est volatilisé.

    Lire la suite

  • Ukraine: les leçons de l'Euro Maidan

    Intéressante analyse proposée par Alexandre Latsa.  Extrait de la fin. (nota, de nombreux liens, intéressants eux aussi, insérés dans l'article).

    "En 1945, le monde s’est retrouvé scindé en deux espaces dont les projets pour l’avenir étaient fondamentalement opposés et similaires à la fois, d’un mondialisme à l’autre. La chute de l’URSS n’a cependant pas arrêté la poussée occidentale que l’on aurait pourtant pu imaginer atténuée récemment par la crise financière de 2008. La prise de pouvoir politique de l’Amérique sur l’Europe via la construction européenne (François Asselineau l’a parfaitement expliqué ici) a permis la constitution d’un territoire utilisé pour y déployer territorialement l’Otan afin de permettre sa projection continentale mais également permettre la création d’un gigantesque marché économique dont les contours se dessinent de plus en plus clairement ces derniers mois : l’union transatlantique, cette nouvelle Otan économique.

    Les centres de gouvernances occidentaux et Otano-centrés viennent de clairement démontrer avec l’Ukraine que leurs objectifs d’extensions à l’Est continuent et que les révolutions de couleurs de nouvelle génération ne devraient pas utiliser les libéraux comme fantassins mais bel et bien les nationalistes afin de briser l’espoir de certains pays de constituer de potentiels grands espaces, voir des pôles indépendants.

    Ce faisant on peut imaginer que les micro-nationalismes tout comme les régio-nationalismes confirment et confirmeront dans un proche avenir leur rôle de meilleurs alliés de l’extension de l’Otan et d’intégration des nations européennes au sein de la matrice globale occidentale sous domination américaine. Une extension qui devrait permettre à l’Amérique de continuer à tranquillement « dépecer l’Europe » en la privant sans doute définitivement d’une alliance avec la Russie."

    Alexandre Latsa donnera mardi 4 mars une conférence à Paris. Des précisions ici.

    Paula Corbulon

  • La situation des femmes en Irak est devenue un véritable enfer

    Hanaa Edwar, secrétaire générale d'»Al-Amal», une organisation de défense des droits humains basée à Bagdad, est venue présenter à Genève son rapport au Comité de la «Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes» (CEDAW). Elle déclare à l'agence Apic :

    "Il faut d'abord rappeler que l'Irak a été longtemps le pays le plus progressiste de toute la région en ce qui concerne les droits des femmes. La «loi du statut personnel» de 1959, qui s’appliquait de manière uniforme à tous les Irakiens musulmans, était considérée comme l’une des lois sur la famille les plus progressistes du Moyen-Orient. L'Irak connaissait alors l’interdiction du mariage des fillettes, et rendait la polygamie plus difficile, alors que c'est une pratique autorisée par la charia, la loi islamique.

    Selon des chiffres non officiels, il y a actuellement en Irak 1,5 million de veuves – en raison notamment des diverses guerres, violences et attentats – sans parler des femmes abandonnées ou divorcées. Près de 11% des ménages sont tenus par des femmes seules. Il leur est très difficile de trouver du travail pour nourrir leur famille – 71% sont sans travail – et seule une minorité reçoit une rente de veuve de guerre. Alors qu’en 1970 la quasi-totalité des Irakiennes étaient alphabétisées, seules 40 % fréquentent aujourd’hui les salles de classe. [...]

    L'invasion américaine de 2003 a renforcé les divisions sectaires et ethniques, ainsi que la domination des partis islamiques. Ni les responsables américains ni les nouveaux gouvernants irakiens n'ont voulu imposer les principes d'égalité fondamentale entre hommes et femmes. Ils ont plutôt permis aux éléments extrémistes de promouvoir leurs traditions tribales et leurs coutumes religieuses et d'exploiter la loi pour renforcer leurs positions conservatrices en ce qui concerne le droit des femmes. C'est ainsi que les femmes ne sont plus vues que dans leur fonction reproductrice, au service de la famille, et dans la subordination aux hommes. [...]"

    Michel Janva

  • Bernard Lugan : Centrafrique: point de situation

    Philippe Meunier, député du Rhône, Secrétaire de la commission Défense rentre d’une mission parlementaire en RCA effectuée le 17 février dernier. L’Afrique Réelle lui a demandé un point de situation au moment où les organisations humanitaires parlent d’une "épuration" des musulmans par les chrétiens.

     

    Quelle est aujourd’hui la situation sécuritaire à Bangui ?

    Philippe Meunier : Une sécurité précaire est revenue à Bangui grâce et uniquement à la présence de nos militaires français, même si certains groupes sous couvert d’anti balakas commettent des délits. La tension reste néanmoins palpable et des incidents peuvent éclater à tout moment.

    A lire les médias, ce sont les chrétiens qui massacrent les musulmans alors que pendant un an, ces derniers les martyrisèrent. Avez-vous pu mesurer le degré de haine entre les communautés ? Pourquoi les chrétiens en veulent-ils à ce point aux musulmans ?

    Philippe Meunier : Les islamistes du Seleka, avec la complicité de leurs collaborateurs, ont procédé à Bangui et dans l’ensemble du pays à des massacres sans nom des mois durant à l’encontre des chrétiens. Conséquence de ces viols et massacres de masse, les chrétiens ne veulent et ne peuvent plus aujourd’hui vivre avec et aux côtés des musulmans. [...]

    La suite sur Afrique Réelle

  • L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu, par Aymeric Chauprade

    ia Realpolitik.tv
    Le coup de force organisé par les États-Unis et l’Union européenne soutenant Tiagnibok (seul leader qui contrôlait les émeutiers) pendant les Jeux de Sotchi (les Russes ayant alors les mains liées) a donc fonctionné et débouché à l’effondrement du pouvoir légal la veille de la fin des Jeux (le 23 février).

    Quelles leçons pouvons-nous tirer ?

    1) Les récents événements dramatiques démontrent qu’il n’existe aucune solution politique viable et durable pour l’Ukraine dans les frontières actuelles car l’Ukraine est divisée géopolitiquement.

    2) Le président Ianoukovitch qui a quitté le pouvoir de lui-même, et afin que le bain de sang cesse, avait certes des torts sérieux (corruption, incapacité à agir dès le début de la crise) mais il avait été élu démocratiquement (aucune contestation de l’OSCE) et était le président légal. C’est donc un coup de force, un coup d’État même, qui l’a poussé vers la sortie et ce coup d’État a bel et bien été soutenu par l’Union européenne.

    3) Le sang a coulé parce que l’opposition a tiré la première à balles réelles sur les forces de l’ordre. Les premiers morts ont été des policiers. Qu’aurait fait un gouvernement occidental si des manifestants avaient tiré à balles réelles sur ses forces de l’ordre? On se souvient que l’autoritaire M. Valls aura quand même fait jeter en prison des petits jeunes de la Manif pour tous ou de Jour de Colère pour un simple jet de canette !

    4) Dans cette situation dramatique, l’Union européenne et les États-Unis portent une très lourde responsabilité. Ils ont encouragé la rébellion qui a débouché sur la violence ; ils ont cautionné un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu.

    5) La trame de fond de cette affaire, ne l’oublions pas, est, premièrement l’affrontement entre les États-Unis et la Russie, les premiers voulant otaniser l’Ukraine, les seconds voulant y conserver leur influence stratégique.

    C’est, deuxièmement, un affrontement historique entre l’Allemagne qui a toujours voulu contrôler (Hitler) l’ouest de l’Ukraine (ce qui explique les néo-nazis de Svoboda) et la Russie qui tente de refouler cette influence (ce qui explique les slogans anti-nazis des ouvriers de Donetsk).

    6) L’affaire ukrainienne, après la Syrie, la Libye et tant d’autres depuis 1990, apporte la démonstration que l’antifascisme et l’antisémitisme sont une posture pour les partis dominants en France et non un combat réel, posture qui ne vise qu’à diaboliser les forces politiques réellement alternatives. Ce n’est en effet pas une conviction puisque, au nom de l’Union européenne, ces partis inféodés aux oligarchies pro-américaines ont soutenu les néo-nazis ségrégationnistes et antisémites de Svoboda, le fer de lance du coup de force contre le gouvernement légal d’Ukraine.

    Une fois de plus, l’Union européenne prouve qu’elle n’est rien devant les tendances lourdes de l’Histoire et les enjeux de puissance. Sa rhétorique sur la démocratie et les droits de l’Homme est instrumentalisée. Les gesticulations bellicistes de BHL en sont l’illustration pathétique.

    L’Ukraine face au réel

    L’opposition est divisée : que peut-il y avoir de commun en effet entre Ioulia Timochenko et les néo-nazis de Svoboda ?

    Les différents clans d’opposants vont devoir faire face à la réalité économique et géopolitique :

    - banqueroute de Naftogaz, la compagnie gazière

    - plus de service public, fonctionnaires non payés, caisses vides. L’UE ne donnera pas suffisamment. Donc Iatsenouk va devoir aller mendier l’argent russe et on imagine comment il sera accueilli.

    - chaos dans l’Ouest de l’Ukraine où des bandes ont pris le contrôle.

    - qui fera partir les extrémistes qui tiennent Maïdan ?

    Le retour à la Constitution de 2004 n’arrangera rien. Bien au contraire. Leonid Kuchma sentant le vent tourner en sa défaveur pendant la Révolution orange, avait imaginé une constitution perverse qui diluait tout les pouvoirs si bien que personne ne dirigeait vraiment l’Ukraine.

    Revenir à cette Constitution sera une catastrophe quand on connaît la fragilité géopolitique intérieure de l’Ukraine et ses difficultés économiques. Selon Standard&Poors, l’Ukraine fera défaut sur sa dette (elle doit rembourser 13 milliards de dollars cette année) si la Russie arrête son aide, ce qui est désormais probable.

    Que peut-on souhaiter ?

    Pour ramener la paix, il ne reste qu’une solution viable. Diviser l’Ukraine en deux États. Une Ukraine de l’Ouest tournée vers l’Allemagne, la Pologne et donc l’Union européenne. Ce sera l’Ukraine pauvre, nous serons perdants, sauf les Allemands qui vont y trouver une main d’œuvre à bas coût pour continuer à maintenir leur avantage compétitif sur nous.

    Une Ukraine de l’Est, indépendante ou rattachée à la Russie (après tout les habitants y sont russes) avec la Crimée bien sûr, éminemment stratégique pour Moscou.

    Conclusion

    Nous ne sommes qu’au début du chaos ukrainien et l’Union européenne porte une très lourde responsabilité. Manipulée par les États-Unis, l’Union a voulu exclure la Russie, acteur essentiel dans la zone, du règlement. Rappelons qu’après le Sommet de Vilnius de novembre 2013, le Kremlin a proposé de régler la question de l’Ukraine lors d’une conférence qui aurait rassemblé les Ukrainiens, les Russes et les Occidentaux.

    La crise ukrainienne est donc une nouvelle preuve de l’échec de l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas un facteur de paix, elle est un facteur de guerre.

    Aymeric Chauprade

    http://fr.novopress.info/157604/lue-soutenu-putsch-contre-gouvernement-democratiquement-elu-aymeric-chauprade/#more-157604

  • Ukraine, un point en bref

    bullet Le président déchu Viktor Ianoukovitch reste introuvable. Il aurait déjà tenté en vain de s’envoler vers la Russie, et l’on suppose qu’il se cache dans une région russophone  de l’Est ou du Sud de l’Ukraine (il a été vu pour la dernière fois en Crimée). Le nouveau ministère de l’Intérieur a émis un mandat d’arrêt à son encontre – il est donc théoriquement recherché – pour « meurtre de masse ».

    bullet Probablement occupée par les Jeux Olympiques, Moscou semble avoir été prise de court par l’accélération des événements et par la fuite du président. « Sonnée, la Russie prend acte de l’impensable. En témoigne le ton des présentateurs des principales chaînes de télévision, sous contrôle de l’État: après avoir vilipendé à longueur d’antenne les «nazis» du Maïdan, les voici à court d’arguments. Bafouilles et hésitations se multiplient, signe que la ligne éditoriale n’est pas fixée. »  (source)

    bullet L’ancien premier ministre et rivale de Ianoukovitch, Ioulia Timoshenko, une oligarque libérale réputée pro-Occident, est hélas en bonne position pour prendre sa suite. Un choix dont s’accommoderait bien le Kremlin ! Eh oui ! En 2009, quand il a fallu renégocier les contrats gaziers, elle s’est très bien entendue avec Vladimir Pou­tine. « Timochenko convient aussi bien à Vladimir Poutine qu’à l’Union européenne. Récemment, Poutine a redit publiquement qu’il avait très bien travaillé avec le gouvernement Timochenko. Dans son langage, cela signifie qu’il est prêt à recommencer si elle donne des garanties », assure Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Échos de Moscou.

     bullet Côté nationaliste, Oleg Tyagnibok, président du parti nationaliste Svoboda, espère récolter les fruits de la mobilisation de son parti – élément essentiel de la contestation de ces derniers mois – lors des prochaines élections, qu’il envisage dans le cadre d’une coalition électorale large.
    Les activistes nationalistes de « Secteur droit », s’ils n’entendent pour l’heure pas participer aux élections, souhaitent que la révolution continue.

    bullet Des statues de Lénine ont été (enfin !) abattues à travers le pays, de même que des locaux du Parti communiste ukrainien ont été attaqués ; la lutte contre le régime de Ianoukovitch étant aussi envisagée comme un combat contre le soviétisme…

    http://www.contre-info.com/

  • Le « néo-komintern », tribune libre de Xavier Moreau

     

    “Les ennemis  [de ce « néo-komintern »] sont désormais la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie de Viktor Orban, la Croatie catholique, tous ces maudits pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas subi depuis les années 50 la longue et insidieuse propagande américaine, issue des rapports Kinsey.”

     

    À la suite de la révolution bolchévique, les communistes soviétiques décident en 1919 de la création d’une troisième internationale ouvrière, qui vise à coordonner les actions des partis communistes dans le monde en général et en Europe en particulier. C’est cette structure qui, au moyen d’agents plus brillants les uns que les autres, favorisera le socialisme et le pacifisme en Europe, tout en recrutant les volontaires des brigades internationales pour l’Espagne. Ses agents d’influence se répandent en Europe et aux États-Unis et obtiennent l’adhésion de l’intelligentsia européenne au stalinisme (nous recommandons la lecture de « La fin de l’innocence » de Stephen Koch à ce sujet).

     

    Les plus connus de ces personnalités sont Otto Katz et Willy Münzenberg. C’est ce dernier qui organisa avec brio la manipulation de l’opinion publique française. C’est aussi lui qui définit les principes de l’ « agit-prop » : suprématie de l’émotion contre la raison, égalité du mensonge et de la vérité en communication, rejet du débat d’idées au profit du terrorisme intellectuel. Désormais, celui qui est contre le bolchévisme et Staline serait un fasciste.

     

     

     

    La propagande anti-russe d’aujourd’hui fonctionne sur les mêmes principes. Pas de débat, il suffit de regarder une émission sur la Russie sur les chaines de télévision françaises, « C dans l’air » en est l’exemple le plus frappant. Terrorisme intellectuel, ne pas dire du mal de Vladimir Poutine vous ferait passer pour « fasciste ». Mensonge de masse et indifférenciation entre le mensonge de la vérité, enfin et surtout émotivité, incarné par un Bernard-Henri Lévy pleurnichant sur Canal+, sans personne pour lui apporter la contradiction. Pour illustrer ces principes de propagande, il faut absolument regarder la vidéo du séminaire anti-Poutine du 16 février 2014 sur le site « La Règle du jeu », tout y est, à commencer par le mensonge de masse.

     

    Bernard-Henri Lévy n’a d’ailleurs pas vu de « fascistes ou d’antisémites » à Kiev. Il est vrai qu’au moment où il s’exprimait sur la tribune, il n’y en avait pas. Mais où est donc passé le membre le plus déterminé du trio infernal, Oleg Tiagnibok ? La question qui nous vient à l’esprit, est de savoir si le leader fasciste a refusé de poser avec un représentant d’une communauté que son électorat hait, ou si BHL a jugé de mauvais goût de s’afficher avec l’héritier de Stepan Bandera. BHL a donc eu droit à l’insignifiant Iatseniouk et à l’inénarrable, Klitschko, dont les saillies oratoires en ont fait désormais le « Jean-Claude Van Damme » de la politique ukrainienne [lien à 01 :53].

     

    Notre référence au Komintern n’est pas gratuite. C’est là que se trouve l’explication du soutien de BHL aux milices fascistes, malgré ses origines. « Le petit télégraphiste » s’efforce d’accomplir pour l’administration américaine ce qu’Otto Katz a accompli pour l’URSS au moment du pacte germano-soviétique. Il soutiendra n’importe quelle alliance avec les idiots utiles des milices néo-nazies ukrainiennes, pourvu que triomphe l’idéologie américaine et que la Russie soit défaite. L’écrivain Arthur Koestler avait rompu avec le stalinisme au moment du pacte germano-soviétique, mais il n’y a pas de « Koestler » au sein du « néo-komintern », ni par le talent, ni par le courage. Il y a en revanche beaucoup de « Katz » et s’attaquer à eux est dangereux lorsqu’on est du « milieu » intellectuel. Au moment du Kosovo, il n’y eu guère qu’Elisabeth Levy et Régis Debray pour tenter de rétablir la vérité, ou, au moins, de nuancer la propagande anti-serbe.

     

    Pour BHL ou pour Médiapart, qui appelle en renfort un aréopage d’intellectuels ukrainiens américanophiles (nous n’allons pas vérifier les noms de ces illustres inconnus mais nous constatons d’emblée que sur 41 signataires, 19 sont basés aux États-Unis où dans leurs « dominions »), le recul de la Russie vaut bien une alliance avec des milices néo-nazies et un parti fasciste. Nous ne sommes pas étonnés de les voir soutenir « les héros de Maïdan » (et la fraternité blanche ?) au côté de l’extrême droite française. Les ennemis sont désormais la Russie de Vladimir Poutine, la Hongrie de Viktor Orban, la Croatie catholique, tous ces maudits pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas subi depuis les années 50 la longue et insidieuse propagande américaine, issue des rapports Kinsey. La renaissance des Églises orthodoxe et catholique en Europe, leur réconciliation inéluctable, le rejet consécutif du modèle libertaire américain, c’est ce qui justifie le soutien atlantiste aux fascistes ukrainiens. C’est aussi et enfin un avertissement des États-Unis vis-à-vis des nations européennes, sur ce qu’ils sont capables de faire et d’organiser en cas de velléité d’indépendance. Le sort de l’Europe ne se joue pas à Maïdan, en revanche une bataille pour la liberté et la souveraineté des peuples européens se déroule bien en Ukraine.

     

    Xavier Moreau

    Source : Realpolitik.tv.

    http://fr.novopress.info/157423/le-neo-komintern-tribune-libre-de-xavier-moreau/#more-157423