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géopolitique - Page 828

  • Espionnage : Snowden lance des accusations contre le Royaume-Uni

    Addendum du 24 juin 2013 : Edward Snowden s’évapore sur le tarmac de l’aéroport de Moscou

    L’ancien employé de l’agence de renseignement américaine (NSA) Edward Snowden n’est pas sorti avec les autres passagers dimanche à son arrivée à l’aéroport de Moscou en provenance de Hong Kong. Certains témoins ont affirmé qu’il avait été emmené à bord d’une voiture diplomatique portant un drapeau équatorien. Les autorités chinoises, elles, s’estiment victimes des cyber-attaques américaines. [...]

    Tribune de Genève

    Les services britanniques de renseignement ont un accès à des câbles à fibres optiques qui en font un acteur majeur dans la surveillance des communications mondiales, selon des documents dévoilés par Edward Snowden au Guardian qui ont indigné les défenseurs des libertés individuelles.

    Le siège du GCHQ à Cheltenham, Royaume-Uni

    Selon l’ex-consultant, inculpé pour espionnage aux États-Unis pour avoir divulgué des programmes américains de surveillance des communications, ce phénomène n’est “pas juste un problème américain“.

    “Le Royaume-Uni joue un rôle majeur”, a déclaré Snowden, cité samedi par le Guardian. “Ils sont pires que les Américains”, ajoute-t-il même à propos du Quartier général des communications du gouvernement (GCHQ), service britannique des écoutes.

    Le GCHQ a quant à lui assuré respecter “scrupuleusement” la loi. “Nous ne faisons pas de commentaires sur les questions touchant au renseignement. Nos agences de renseignement continuent à agir en respectant un strict cadre légal“, a déclaré une porte-parole de l’agence britannique, basée à Cheltenham (centre).

    Selon le journal britannique, GCHQ a obtenu un accès aux câbles transatlantiques à fibres optiques qui permettent le trafic internet et les appels téléphoniques, par des “accords secrets” avec des entreprises privées, et partage les données ainsi rassemblées avec l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA).

    Les données récupérées peuvent être stockées pendant une période allant jusqu’à 30 jours par l’agence britannique à des fins d’analyse, dans le cadre d’une opération portant le nom de code “Tempora”, qui a commencé il y a 18 mois, rapporte le journal.

    Le directeur de la commission parlementaire britannique chargée du renseignement et de la sécurité, Malcolm Rifkind, a indiqué s’attendre à avoir une réponse de la part de GCHQ sur cette affaire dans les prochains jours.

    La question cruciale n’est pas tant de savoir quelle quantité de données (GCHQ) peut en théorie collecter mais ce à quoi il peut avoir accès, s’il s’agit d’une intrusion dans la vie privée des citoyens“, a-t-il résumé sur la BBC, ajoutant que la commission pouvait décider le cas échéant d’entendre directement le directeur de GCHQ et de se pencher sur “tout document permettant de tirer au clair la situation“.

    L’opposition travailliste a estimé que les informations du Guardian soulignaient “l’urgence et l’importance du travail sur cette question de la commission sur le renseignement et la sécurité“, tandis que les militants pour la protection de la vie privée ont exprimé leur inquiétude.

    Si GCHQ a intercepté un grand nombre de communications de personnes innocentes dans le cadre d’une opération de large envergure, je vois mal comment cela peut coller avec la procédure qui prévoit une autorisation (gouvernementale) pour chaque interception de communication individuelle“, a déclaré le directeur de l’association Big Brother Watch, Nick Pickes.

    Cette question doit de façon urgente être abordée au Parlement“, a-t-il dit.

    Shami Chakrabarti, directrice de Liberty, autre association de protection des libertés individuelles, s’est dit “choquée mais pas surprise” des informations du Guardian et accusé GCHQ d’avoir “une interprétation très généreuse de la loi“. “Ils exploitent le fait que l’internet est international par nature“, a-t-elle estimé sur la BBC.

    Selon le Guardian, les données obtenues incluent des enregistrements de conversations téléphoniques, le contenu de courriels, de messages sur Facebook, l’historique de l’activité en ligne d’un internaute.

    Les documents consultés par le Guardian montrent qu’en 2012, l’agence britannique avait accès à plus de 200 câbles à fibres optiques et pouvait traiter 600 millions de communications téléphoniques chaque jour.

    Les deux principales composantes du programme de surveillance de GCHQ sont “Maîtriser l’internet” (“Mastering the Internet”) et “Exploitation des télécommunications mondiales” (“Global Telecoms Exploitation”) et sont, indique le Guardian, menées sans “que le public en ait eu la moindre connaissance ou qu’il y ait eu le moindre débat“.

    AFP (via Yahoo) http://fortune.fdesouche.com

  • Des élections présidentielles en Iran

    Des élections présidentielles en Iran
    Je me vois contraint de revenir sur les résultats de la dernière élection présidentielle qui eut lieu le 14 juin en Iran, tant celle-ci sembla laisser la mouvance indifférente. L'un des problèmes majeurs de la mouvance est justement de s'intéresser par trop aux problèmes strictement franco-français au motif du nationalisme; c'est pourtant là une grave erreur sachant que notre pays ne vit nullement sous un globe de pendule, comme s'il était préservé de toutes influences étrangères. Dans les faits, la plupart des problèmes auxquels nous sommes malheureusement confrontés, ne sont pas endogènes. Faut-il faire preuve d'une clarté quelque peu éblouissante pour les rappeler ?

    1/ Le chômage n'est nullement spécifiquement français.
    2/ L'écart croissant entre les salaires n'est pas spécifiquement français.
    3/ Le retour en force de la pauvreté n'est pas spécifiquement français.
    4/ Les délocalisations ne sont pas spécifiquement française.
    5/ Nos lois sont de plus en plus d'origine européenne.
    6/ L'immigration, par définition, est phénomène d'origine étrangère.
    7/ La délinquance que l'on associe souvent à l'immigration, n'est pas non plus spécifiquement phénomène français.

    Ni l'obésité, ni les phénomènes d'anorexie, ni le culte de la consommation, … etc...

    On comprendra dès lors que se polariser sur les problèmes au motif qu'ils sont français procèdent du ridicule: c'est tenter de soigner les conséquences alors que la démarche curatrice consisterait à soigner les causes.

    D'où mon retour sur la dernière élection iranienne, la Perse étant un des pays phare dans le domaine de la géopolitique. Il n'est d'ailleurs pas impossible que si, guerre mondiale venait à advenir, ce serait très probablement dans cette région du globe qu'on en trouverait l'origine.

    Il ne fallu qu'un tour de scrutin pour que les Iraniens élisent leur nouveau président même si, on s'en doute, la barre des 50% ne fut franchie que de justesse (50,71%). C'est donc Hassan Rohani a été élu président de la République islamique dès le premier tour. La participation a été de 72,7 %. Le candidat arrivé en seconde position, Mohammad Baqer Qalibaf, le maire de Téhéran, n’a recueilli que 6 077 292 voix contre les 18 613 329 voix du vainqueur. Voilà assurément qui constitue un avertissement au Guide Ali Khamenei, situé lui côté conservateur (principaliste).

    Une remarque vient spontanément à l'esprit: comment se fait-il que dans un pays que l'on présente en occident avec autant de tares, des élections démocratiques aient pu avoir lieu, ce au point de renverser la tendance en place. Comment se fait-il qu'il y ait de temps à autres, des manifestation en Iran, alors même que ce régime est si souvent qualifié de dictatorial quand ce n'est pas totalitaire. Pourquoi donc évoquer une théocratie de type médiéval, alors même que des groupes de rock sataniques ont là-bas, pignon sur rue.

    La première victime de cette élection démocratique, c'est l'occident menteur, désormais ridiculisé.
    Childéric Fonteney http://www.voxnr.com

  • Le G8 appelle à des pourparlers de paix afin de fournir une couverture aux préparatifs de guerre américains contre la Syrie

    Le plan en cinq points pour la Syrie, préparé pour le sommet du G8 par le premier ministre britannique David Cameron, s’avère être un plan qui n’a pas vocation à être appliqué.

    Le 39e sommet du G8 a rassemblé le président américain Barack Obama, le président russe Vladimir Poutine, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre japonais Shinzo Abe, le président français François Hollande, le premier ministre italien Enrico Letta, le premier ministre canadien Stephen Harper, le président de l’Union européenne Herman van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

    Cameron a passé deux jours entiers à mettre le maximum de pression sur Poutine pour qu’il signe la demande de démission du président syrien Bashar el-Assad comme condition préalable à tout accord négocié sur la fin de la guerre civile sanglante dans le pays. Cela serait nécessairement rejeté par le régime syrien, lui ferait boycotter un sommet qui est proposé à Genève, ce qui serait par la suite utilisé comme prétexte pour une intervention militaire complète.

    Il était également espéré que la résolution comprendrait des dénonciations de l’usage des armes chimiques, y compris les assertions sans preuve que les forces syriennes s’en étaient servies. Le gouvernement Obama a employé la technique du «gros mensonge», citant les accusations d’utilisation par la Syrie de telles armes pour affirmer qu’Assad avait franchi une «ligne rouge,» qui justifierait la décision de Washington de commencer à envoyer ouvertement des armes à l’opposition syrienne.

    La Russie rejette l’affirmation que des armes chimiques ont été utilisées et a demandé à voir les preuves sur lesquelles s’appuient les États-Unis. Un autre point proposé était un engagement à s’opposer aux opérations des éléments liés à Al-Qaïda en Syrie. Ce point était inclus pour prendre en considération les inquiétudes sur le fait que l’opposition est dominée par des forces islamistes djihadistes.

    Ce plan proposait en outre «une planification dès le premier jour» pour une transition vers un nouveau gouvernement ayant un pouvoir exécutif.

    Le refus de Poutine d’accéder à ces demandes a fait échouer la machination préparée par Cameron et Obama, mais il ne fera rien pour arrêter les préparatifs de guerre qui sont déjà en cours.

    Le communiqué du G8 demande des pourparlers de paix dès que possible, mais ne mentionne pas le sort d’Assad. Bizarrement, il appelle tant les autorités syriennes que l’opposition à s’engager à la destruction de toutes les organisations affiliées à Al-Qaïda.

    Avant le sommet, Cameron a rencontré Poutine au 10, Downing Street, où le premier ministre russe a dénoncé la décision américaine d’armer l’opposition syrienne. Une réunion avec Obama a été tout aussi glaciale.

    La Maison-Blanche a annoncé vendredi soir qu’elle fournirait des armes au Conseil militaire suprême de l’opposition syrienne, ayant déterminé «avec un haut degré de certitude» que les combattants d’Assad avaient utilisé du gaz neurotoxique sarin. Avant de se rendre au sommet de Lough Erne en Irlande du Nord, Obama a fait des entretiens télévisés pour dissimuler la réalité du fait que les États-Unis vont armer des islamistes affiliés à Al-Qaïda et d’autres groupes du genre qui mènent une guerre sectaire brutale en Syrie.

    Obama a rejeté les comparaisons avec l’Irak sans expliquer pourquoi, insistant au contraire pour dire que «Le fait est que nous avons des intérêts sérieux là-bas [en Syrie] […] Nous ne pouvons avoir une situation de chaos qui perdure dans un pays important qui est frontalier d’un pays comme la Jordanie, qui est lui-même frontalier d’Israël. Et nous avons un besoin légitime de nous engager et d’être impliqués.»

    «Nous ne prenons pas partie dans une guerre de religion entre chiites et sunnites,» a-t-il affirmé.

    En fait, les États-Unis sont responsables d’avoir délibérément attisé une guerre civile sectaire, et ils se servent maintenant des morts et du chaos qu’elle a provoqués comme prétexte pour intervenir militairement.

    Faisant une critique explicite de Moscou, Obama a ajouté, «Assad, à ce stade – en partie en raison du soutien de l’Iran et de la Russie – croit qu’il n’a pas à s’engager dans une transition politique, il croit qu’il peut tout simplement continuer à réprimer par la violence plus de la moitié de la population.»

    Le président américain n’a pas pu expliquer comment Assad est censé s’engager dans une transition politique alors même qu’il va en être exclu.

    Obama et Poutine se sont rencontrés pendant une heure lundi, leurs premiers pourparlers en face à face depuis un an, et ont tenu une conférence de presse après. «Bien sûr nos opinions ne coïncident pas,» a dit Poutine, pendant qu’Obama notait que lui et Poutine avaient «des perspectives divergentes sur la Syrie.»

    Ce soir-là, Cameron a organisé un dîner privé pour les chefs de gouvernement uniquement, soi-disant pour permettre à tout le monde de parler franchement. Cependant, l’atmosphère était sans aucun doute ternie par les révélations du lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden qui a dit que la Grande-Bretagne espionne systématiquement tous ceux qui participent à de telles conférences.

    Cameron avait menacé qu’à moins que Poutine n’accepte son plan en cinq points, les sept autres membres du G8 feraient leur propre déclaration. Mais les responsables russes ont clairement dit qu’il n’y aurait aucun accord substantiel.

    Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergei Ryabakov a dit plus tôt que la Russie avait refusé d’accepter une quelconque mention du sort d’Assad dans le communiqué. «Cela ne serait pas seulement inacceptable pour les Russes, mais nous sommes convaincus que ce serait totalement faux, dommageable et modifierait complètement l’équilibre politique,» a-t-il dit.

    Le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov, s’exprimant depuis le Koweït, a dit, «Nous sommes catégoriquement contre […] les déclarations que la conférence devrait être une sorte d’acte de capitulation politique de la part de la délégation du gouvernement [Syrien] suivie d’une passation du pouvoir à l’opposition.»

    Donnant une idée de l’intensité des tensions, Hollande a déclaré publiquement, «Comment peut-on admettre que la Russie continue de livrer des armes au régime d’Assad alors que l’opposition n’en reçoit que très peu – et se fait massacrer ?»

    Après une dernière session non prévue sur la Syrie mardi, au prétexte de discuter du contre-terrorisme, le communiqué final dilué a été publié. La Russie et les États-Unis ont ainsi officiellement accepté de se rendre à des pourparlers de «paix» à Genève le mois prochain, bien que la plupart des commentateurs disent qu’ils s’attendent à présent à ce qu’il n’y ait aucune réunion avant au plus tôt le mois d’août.

    Le Guardian a cité des sources britanniques disant que Poutine aurait affirmé en privé qu’il n’avait aucun engagement personnel envers Assad et accepterait un gouvernement de transition sans lui, tant qu’il n’y aurait aucun vide politique au pouvoir et que le gouvernement comprenait des représentants de confiance du régime actuel et de son armée. Quoi que Poutine ait dit ou non, ceci un appel tacite à un coup d’État pour déposer Assad tout en préservant le régime bassiste.

    Quoi qu’il advienne par la suite sur le front diplomatique, les choses vont se poursuivre rapidement sur la scène militaire. Washington s’engagera dans une discussion sur le type d’armes et d’autres mesures nécessaires pour «faire pencher la balance» en faveur des opposants d’Assad.

    Obama va présenter les envois d’armes sous les termes les plus anodins – de petites armes qui ne sont «pas à la hauteur» de l’armement sophistiqué de l’armée syrienne, alors même que la France s’associe à l’Arabie saoudite pour apporter aux prétendus «rebelles» des missiles anti-aériens MANPADS de la classe Mistral, ainsi que des armes antichars.

    Obama va en outre continuer à questionner publiquement l’efficacité d’une zone d’exclusion aérienne, alors même que l’on en prépare une activement.

    Les États-Unis étudient déjà la possibilité d’établir une zone d’exclusion aérienne en Syrie, proche de la frontière sud avec la Jordanie, d’après deux diplomates occidentaux de haut rang en Turquie et un troisième dans la région. Samedi, les États-Unis ont confirmé que le ministre de la Défense Chuck Hagel avait approuvé une demande jordanienne que les chasseurs F-16 et les missiles Patriot restent dans le pays après un exercice militaire conjoint cette semaine. Des batteries de missiles Patriot ont déjà été stationnées à la frontière turque.

    Pour leur part, les gouvernements de Cameron et de Hollande vont entamer leurs propres discussions sur la question de savoir si le Royaume-Uni et la France se joindront aux États-Unis dans leurs envois officiels d’armes à l’opposition.

    La guerre contre la Syrie est refusée par la grande majorité des travailleurs aux États-Unis et en Europe. 70 pour cent des Américains s’opposent à l’armement de l’opposition, d’après l’institut Pew Research, tandis que 17 pour cent seulement des Britanniques soutiennent l’initiative américaine. Mais la guerre va continuer à être préparée à l’insu des peuples pour que les grandes puissances puissent se partager entre eux les pays riches en pétrole du Moyen-Orient.

    Chris Marsden http://www.mondialisation.ca

    Article original, WSWS, paru le 19 juin 2013

  • Le gaz sarin est aussi volatile que les promesses de Washington

    La Syrie a-t-elle ou non utilisé du gaz sarin contre son opposition armée ? Après avoir hanté les colonnes des journaux, la question a trouvé pour Paris, Londres et Washington une réponse positive. La ligne rouge aurait été franchie. La guerre serait donc imminente. En réalité, ce jeu médiatique arrive trop tard. En termes de droit international, la Syrie n’est pas signataire de la Convention sur les armes chimiques et peut donc les utiliser librement. Inutile d’inventer l’usage par Damas d’armes de destruction massive, la guerre touche à sa fin.

    La question de l’usage de gaz sarin par les troupes régulières syriennes ressemble à un jeu de dupes. Interrogé à ce sujet, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdisi, déclarait, le 23 juillet 2012, que son pays était susceptible d’en disposer et d’en faire usage exclusivement contre des ennemis extérieurs. Cette déclaration a été interprétée par la presse des États de l’OTAN et du CCG comme une menace à l’encontre des « rebelles », dans la mesure où Damas affirme qu’ils sont —comme jadis au Nicaragua— des « Contras », largement étrangers. Elle désignait en fait, et sans contestation possible, à la fois les membres de l’OTAN et Israël. Le porte-parole avait été extrêmement clair sur le fait qu’aucune arme de ce type ne serait utilisée contre des « insurgés » syriens.

    Peu importe, les propos de Jihad Makdisi étaient trop beaux pour une OTAN qui, en 2003, n’avait pas hésité à inventer des « armes de destruction massive » irakiennes. Par deux fois, les 20 août et 3 décembre 2012, le président Barack Obama mettait en garde la Syrie contre le recours à l’arme chimique. « Si nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation », déclarait-il d’abord. Puis « Je veux être absolument clair pour Assad et ceux qui sont sous son commandement : le monde vous regarde, l’utilisation d’armes chimiques est et sera considérée comme tout à fait inacceptable. Si vous faites l’erreur tragique d’utiliser ces armes chimiques, il y aura des conséquences et vous en répondrez ».

    Les faucons libéraux et les néoconservateurs font alors campagne pour une intervention militaire occidentale. Selon eux, la Syrie connaîtrait un « printemps arabe » sauvagement réprimé par un « dictateur  ». La communauté internationale se devrait d’intervenir au nom de grands idéaux. Pas un mot évidemment sur les années de préparation et le financement de ce « printemps arabe », par l’OTAN et le CCG, pour s’approprier les hydrocarbures syriens et imposer un régime sioniste islamiste. Ainsi, le professeur Anne-Marie Slaughter, ancienne directrice de la planification auprès d’Hillary Clinton (2009-2011), compare le laissez-faire d’Obama en Syrie au cas rwandais dans le Washington Post [1].

    En 2003, la preuve des « armes de destruction massive » irakiennes était venue d’un témoin surprise. Alors que le chef de la mission d’inspection des Nations Unies, Hans Blix, confirme devant le Conseil de sécurité que de telles armes n’existent plus en Irak depuis 1991, Hussain al-Shahristani, un scientifique en exil, expose un témoignage donnant raison au secrétaire d’État Colin Powell : Saddam Hussein dispose d’armes chimiques, bactériologiques et nucléaires. Ses propos sont confirmés par l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres. Aucune de ses affirmations ne résistera aux faits. Une fois, l’Irak envahi, pillé et détruit, Washington admettra s’être trompé, tandis que son faux témoin deviendra Premier ministre adjoint de l’Irak « libéré » et que l’IISS continue ses opérations de propaganda.

    Cette fois, le travail d’intoxication revient à la France et au Royaume-Uni. Les deux puissances coloniales qui s’étaient partagées le Proche-Orient en 1916 poussent à une intervention militaire occidentale malgré les trois vétos russes et chinois. Le 27 mai, à la veille d’une réunion cruciale des ministres européens sur la possible livraison d’armes aux « rebelles », Le Monde publie une enquête de Jean-Philippe Rémy attestant de l’usage de gaz sarin à Damas. Le reporter a rapporté des échantillons de sang et d’urine qui ont été testés par un laboratoire militaire français. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, réagit au quart de tour, puis le gouvernement britannique qui dénonce un « crime de guerre ». En définitive, selon la Maison-Blanche : « notre communauté du Renseignement atteste que le régime d’Assad a utilisé des armes chimiques, incluant du gaz sarin, à une petite échelle, contre l’opposition de multiples fois durant l’année passée ».

    Le problème est qu’il n’y a pas de problème : premièrement l’usage du gaz sarin est interdit depuis 2007 par la Convention sur les armes chimiques qui n’a été ratifiée ni par Israël, ni par la Syrie [2] De facto, ces deux États peuvent en fabriquer, en détenir et en utiliser légalement sans commettre de « crime de guerre ». Deuxièmement, l’usage de gaz sarin par les troupes régulières a beau être confirmé par Paris, Londres et Washington, elle reste fort peu probable. Le cas rapporté par Le Monde ne peut que surprendre : l’Armée arabe syrienne en aurait fait usage dans Damas, dans le quartier de Jobar, sans que le gaz franchisse la rue et atteigne la population civile du reste de la capitale. Les combattants touchés ne souffriraient pas de convulsions, indiquant une dissémination très faible. Ils se soigneraient avec des ampoules d’atropine, mais aussi avec des traitements locaux, notamment des gouttes dans les yeux, ce qui paraît inutile pour un gaz qui pénètre par la peau. Bref, les preuves franco-anglo-US ne résisteront probablement pas plus à l’épreuve des faits que celles accumulées par George W. Bush et Tony Blair contre l’Irak.

    Transmises par Washington à Moscou, les preuves occidentales ont fait rire Yuri Ushakov, le conseiller de politique étrangère du Kremlin. Il n’a pu s’empêcher de penser à la prétendue fiole d’anthrax brandie par Colin Powell au Conseil de sécurité.

    Dans la cas où l’usage de gaz sarin serait considéré comme une abomination nécessitant une intervention internationale, on se demande bien pourquoi les allégations de Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête du haut Commissariat aux Droits de l’homme, n’ont pas suscité les mêmes réactions. Elle déclarait, le 5 mai 2013, à la télévision suisse, que : « Lors de notre enquête – c’est-à-dire que notre équipe d’enquête interroge dans les pays voisins les diverses victimes ainsi que les médecins dans les hôpitaux de campagne sur place – j’ai lu la semaine dernière dans un rapport qu’il y a des indices concrets, même s’ils ne sont pas encore prouvés de façon irréfutable, que du sarin a été utilisé. On peut déduire cela de la façon dont les victimes ont été traitées. Et qu’il a été utilisé par les opposants, donc par les rebelles, et non pas par le gouvernement ». Les propos de la magistrate ne faisaient que confirmer les revendications de l’Armée syrienne libre qui, le 5 décembre 2012, montrait de pénibles tentatives de se doter d’armes chimiques et menaçait les alaouites d’en faire usage contre eux [3]. Toutefois, il n’y eut aucune réaction, vu le démenti cinglant apporté par sa propre Commission à la demande de la Haut-Commissaire, Navy Pilai. En l’absence de consigne politique, les propos de l’ex-procureure helvétique n’engagent qu’elle même.

    Une fois admis l’usage de gaz sarin par l’armée régulière, la Maison-Blanche dispose d’un argument pour légaliser ce qu’elle fait depuis le début du conflit : livrer des armes aux « Contras » [4]. S’engouffrant dans la brèche, le général Salim Idriss, commandant en chef de l’Armée syrienne libre, a passé commande de roquettes antichar et de missiles sol-air. Elles peuvent être utiles, mais pas décisives, car ce dont son « armée » a besoin, c’est d’hommes bien plus que de matériels. Cependant les livraisons US devraient se limiter à des armes légères et à des munitions : la guerre tire à sa fin. Washington n’espère plus conquérir la Syrie, juste faire liquider le Front Al-Nosra par l’ASL. Ceux qui ont cru en ses promesses en paieront les frais. La Turquie est paralysée par un soulèvement contre la politique des Frères musulmans, incarnée par Recep Tayyip Erdoğan, tandis que Washington vient de contraindre l’émir Hamad Al-Thani à céder le trône du Qatar à son fils Tamim. Le moment du nouveau partage du Proche-Orient, entre Russes et États-uniens, approche.

    [1] « Obama should remember Rwanda as he weighs action in Syria », par Anne-Marie Slaugter, The Washington Post, 26 avril 2013.

    [2] Cf. le site officiel de l’OPWC.

    [3] « L’ASL expose son laboratoire d’armes chimiques », Réseau Voltaire, 5 décembre 2012.

    [4] « Exclusive : Obama authorizes secret U.S. support for Syrian rebels », par Mark Hosenball, Reuters, 1er août 2012.

  • Russie : Selon Marine Le Pen, “les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste”

    Interview exclusive de Marine Le Pen, réalisée le 19 juin 2013, à l’occasion du voyage officiel en Russie de la présidente du Front national.

    Marine Le Pen, accompagnée de Ludovic De Danne, conseiller chargé des Affaires étrangères et des Relations internationales, a été reçue par Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma à Moscou en Fédération de Russie.

    RIA Novosti: C’est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d’une telle visite, pourquoi la Russie?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l’avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l’impression que depuis plusieurs années, l’Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités? Quelles sont vos impressions à chaud?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d’actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l’intervention en Libye. Le président de la Douma m’a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J’ai d’ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d’adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s’arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m’a dit qu’il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l’aéronautique, les technologies, l’industrie du médicament. Ça peut être l’énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu’avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d’une Europe des nations “de Brest à Vladivostok“, une idée jadis énoncée par De Gaulle. L’Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j’y œuvre. Je pense que l’Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l’identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l’Europe pourrait tout à fait aller jusqu’à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l’extension de l’Otan vers l’est et le déploiement d’un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l’égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne?

    Marine Le Pen: D’abord je suis pour la sortie de l’Otan. Je ne comprends pas aujourd’hui quelle est aujourd’hui son utilité. Quel est l’ennemi? C’est très bien d’avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n’y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l’est sous domination américaine.

    Que les États-Unis défendent leurs intérêts, c’est tout à fait légitime, tout comme pour l’Allemagne. Il n’y a qu’un malheur, c’est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L’intérêt de l’Europe est plus de développer les relations avec l’est, plutôt qu’avec l’ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l’UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet?

    Marine Le Pen: J’en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les États-Unis, ce sera la ruine de l’agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l’affaiblissement de l’Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l’entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l’indépendance de l’Europe, et particulièrement de la France, qui m’intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: … Les Français traités de “réactionnaires” par M. Barroso en raison de leur “exception culturelle”…

    Marine Le Pen: L’Union européenne montre son vrai visage. C’est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d’ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s’éloignent. La France légalise le mariage gay à l’heure où la Russie interdit la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l’Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C’est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l’adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d’ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l’engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l’Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l’intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes “des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller“. Êtes-vous d’accord avec cette analyse? Un “réveil” est-il en marche?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L’excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d’intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d’une partie de la population française, qui s’est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d’opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu’il a posé. Chaque jour pousse les Français à s’intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J’ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l’indépendance, le patriotisme économique, et le retour d’un État stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d’argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu’ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c’est l’amour des siens, et c’est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.

    Ria Novosti   http://fortune.fdesouche.com/

  • Iran : recherche printemps désespérément

    Encore un modéré, ce n’est pas le premier

    Les médias qui tentent désespérément de trouver des espoirs de démocratisation dans le monde arabo-musulman ont un nouveau chouchou. Déçu cruellement par « l’islamiste conservateur » Erdogan, au pouvoir en Turquie, ils ont trouvé l’ayatollah modéré Rohani (photo), en Iran. On pourrait sourire si ce n’était désespérant. Voilà maintenant qu’en Turquie, les islamistes se tournent vers l’armée qu’ils ont brisée par peur de la voir s’opposer à l’islamisation d’un état laïc et kémaliste. L’armée sauvant les islamistes d’une révolte laïque…. Ce n’est tout de même pas gagné pour le pouvoir.

    En ce qui concerne la théocratie iranienne, on fera remarquer que la bête noire de l’occident et d’Israël, le président Ahmadinejad, présenté parfois comme le nouvel Hitler n'a pas été battu contrairement à ce que croient beaucoup de gens mal informés par les médias. Il a joué le jeu démocratique ou en tout cas constitutionnel et ne s’est pas représenté. Drôle de dictateur tout de même !

    Le modéré a gagné, car les conservateurs étaient divisés. Une victoire qui dés le premier tour est tout de même une surprise. La joie des femmes et des jeunes montrent cependant que ce vote a un sens : une demande de libéralisation de la vie dans le cercle privé. Avec 18,6 millions de voix, Hassan Rohani a largement devancé les cinq adversaires conservateurs qui se présentaient face à lui. En recueillant 50,68 % des suffrages, il est élu septième président de la République islamique d’Iran dès le premier tour, reléguant le favori, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf, à 12 millions de voix derrière lui. Il y aura donc plus un changement de forme que de fond.

    Le dossier nucléaire en est un exemple.

    Rohani veut la reconnaissance des droits de l’Iran qui ne sont pas négociables mais il promet le dialogue dans la transparence. Il a été surnommé le «cheikh diplomate» pour son rôle en tant que chef de la délégation de son pays, de 2003 à 2005, dans les négociations avec les européens sur le nucléaire iranien, ayant abouti à la suspension du programme d’enrichissement de l’uranium. Mahmoud Ahmadinejad avait ensuite mis fin à l’embellie. «On ne s’attend pas à un bouleversement, mais c’est l’occasion peut-être de prendre les choses différemment», commente un diplomate européen, selon lequel le nouveau président «ne va rien changer de fondamental dans le fond, mais peut-être dans le style», forcément différent de celui de Mahmoud Ahmadinejad.

    A l’annonce de la victoire d’Hassan Rohani, la plupart des états se sont dits prêts à travailler avec lui, l’invitant à trouver «une nouvelle voie», notamment sur le dossier nucléaire et la crise syrienne. Denis McDonough, secrétaire général de la Maison Blanche, ce dimanche sur la chaîne de télévision CBS, a voulu voir dans son élection «un signe porteur d’espoir».

    Israël craint un état de grâce qui permette à l’Iran, au contraire, d’atteindre son objectif alors qu’une ligne rouge militaire avait été élaborée contre le nucléaire de l’ancien président. Benjamin Netanyahu a appelé à ne pas «se bercer d’illusions», à maintenir la pression et à faire cesser le programme nucléaire iranien «par tous les moyens nécessaires». Il n’y croit pas et redoute que des partenaires ne se laissent abuser.

    Geneive Abdo, du groupe de réflexion Stimson Center à Washington, prédit, reprise par Libération, «une probable lune de miel au début», mais se dit «très sceptique sur de réels progrès dans le dossier nucléaire» et «en Syrie, je pense qu’il n’y aura pas de changements», souligne-t-elle. Le régime iranien estime en effet que la Syrie était d’un intérêt vital et stratégique. L’Iran est un pays qui a une stratégie à long terme et le président aura du mal à tempérer le vrai pouvoir, celui du guide Khamenei.

    Âgé de 64 ans, Hassan Rohani (dont le nom de famille signifie “religieux” en persan) possède un long passé de responsable politique en République islamique. Fervent soutien du fondateur du régime, l’ayatollah Khomeiny, il a été député entre 1980 et 2000, avant d’être élu membre de l’Assemblée des experts, une instance chargée de superviser le Guide suprême. Il est d’ailleurs toujours le représentant de l’ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale. C’est dire si les deux hommes se font confiance. Hassan Rohani est également membre de l’Association du clergé combattant, qui réunit les religieux conservateurs.

    Un “modéré”, au discours plat, dépourvu de charisme et d’envergure politique, que personne en Iran ne voyait triompher il y a à peine un mois. Mais le soutien prononcé des deux anciens présidents Khatami et Rafsandjani puis le renoncement du seul candidat réformateur, Mohammad Reza Aref, en faveur de Rohani ont propulsé ce dernier au rang de candidat frondeur. À Téhéran, ce sont des milliers de personnes qui sont descendues, à pied ou en voiture, dans la rue pour célébrer la victoire à coups de klaxon et même avec de danses endiablées. Ces images rappellent la victoire tout aussi inattendue du réformateur Mohammad Khatami à la présidentielle de 1997, et surtout les scènes de joie et d’espoir de la campagne réformatrice de 2009, rebaptisée Mouvement vert, qui se sont achevées dans le sang.

    À l’époque, Hassan Rohani n’avait eu aucun mot pour condamner la répression féroce des manifestants pacifiques, dont beaucoup ont voté pour lui aujourd’hui. Durant la campagne de 2013, le candidat modéré a veillé à ne pas prononcer, au cours des débats télévisés, les noms de Mir Hossein Moussavi et de Mehdi Karroubi, les deux leaders du Mouvement vert, emprisonnés à domicile depuis plus de deux ans. De la même manière, il s’est bien gardé d’évoquer la chape de plomb sécuritaire qui s’abat depuis quatre ans sur les journalistes, activistes, avocats ou politiciens réformateurs en Iran.

    Modéré peut-être, mais pas dans tous les domaines apparemment.

    Jean Bonnevey  http://fr.novopress.info/

    Source : Metamag.

  • Chypre : Le nouveau cauchemar des Européens

    L’appel au secours du président chypriote doit être pris au sérieux par les Européens, s’ils ne veulent pas que Chypre redevienne un cauchemar. Car les avantages de l’euro s’estompent pour le pays.

    Comme la lettre du président chypriote vient de le rappeler, l’affaire chypriote n’a rien perdu de son caractère exemplaire pour le reste de l’Europe. A l’heure où le FMI reconnaît – à la grande fureur de la Commission européenne et de la BCE – des erreurs dans la gestion de la crise grecque, la troïka semble en passe de doubler la mise avec Chypre.

    La quadrature du cercle bancaire

    L’aide à cette petite république a en effet été montée en urgence, sous la pression de la BCE qui brandissait la menace d’une sortie de Chypre de la zone euro. Nul n’a semblé réellement prendre la mesure des conséquences et de la faisabilité des recettes préconisés. Surtout, un seul critère a servi de fil conducteur : engager le moins possible les contribuables des autres pays, tout en maintenant Chypre dans la zone euro.

    Ainsi a-t-on exclu 15 milliards d’euros d’engagements grecs de toute participation au sauvetage afin de préserver les banques grecques que l’on ne voulait pas à nouveau recapitaliser. Ainsi a-t-on également maintenu dans le bilan de la Bank of Cyprus 9 milliards de créances sur la BCE au titre de l’aide à la liquidité d’urgence, l’ELA. Autant de poids que le système bancaire chypriote ne peut supporter, lui qui n’a guère dans son bilan que des dépôts qui, depuis mars, ont fondu de près d’un cinquième, malgré le contrôle des capitaux.

     

    Depuis plusieurs mois, Nicosie et la troïka tente de résoudre la quadrature du cercle en tenant de monter une restructuration viable du système bancaire chypriote dans ces conditions. C’est évidemment impossible, à moins de faire sortir le pays de la zone euro et de payer en nouvelle monnaie ou d’augmenter le montant de la solidarité européenne. Deux options exclues pour le moment. Mais la situation ne pourra rester indéfiniment bloquée.

    L’économie se délite

    Car, pendant ce temps, l’économie chypriote se désintègre progressivement. Les prévisions de la troïka étaient de toute évidence irréalistes. Le PIB chypriote va reculer de 9 % cette année, peut-être 5 % selon le FMI l’an prochain, En deux ans, la richesse du pays sera réduite de 15 %. Même la Grèce n’a pas connu une telle cure.

    Les mesures d’austérité imposées par la troïka pèsent bien sûr, mais c’est surtout l’absence de vrai secteur bancaire et d’investissement en raison du contrôle des capitaux qui asphyxie l’économie chypriote. Tout ceci amène l’absence absolue de confiance dans l’avenir qui gèle encore le fonctionnement de l’économie. Et cette fois, il sera difficile de faire admettre que cette potion permettra d’assurer la « croissance future » du pays.

    Quitter l’euro est-il une solution ?

    En réalité, la zone euro est devenue un enfer pour Chypre. Il est désormais difficile de penser qu’une sortie du pays de l’UEM – aussi catastrophique soit-elle – donne lieu à une situation pire que celle que connaît le pays aujourd’hui.

    Sans doute, les Chypriotes devront-ils compter avec l’inflation générée par la dévaluation rapide de leur monnaie. Sans doute, l’Etat chypriote, devenu insolvable et incapable d’emprunter sur les marchés, devra-t-il serrer les vis. Mais, du moins, une nouvelle monnaie permettrait de faire fonctionner à nouveau l’économie, en particulier le système bancaire.

    Prendre le risque de laisser sortir Chypre ?

    La question se pose donc à nouveau de savoir si Chypre doit rester ou non dans la zone euro. Si l’Europe pense pouvoir régler le problème en l’ignorant, elle se trompe. Une sortie de l’île de la zone euro pourrait coûter cher à cette dernière. L’OMT, dont se vante tant Mario Draghi, le gouverneur de la BCE mais qui n’est encore qu’une menace, pourrait bien alors devoir être actionné. Les marchés seraient en effet tentés de tester la BCE sur le fameux « whatever it takes » (quoi qu’il en coûte) pour sauver l’euro de Mario Draghi. Or, ce dernier doit craindre un tel scénario, lui qui n’a pas encore, malgré ses promesses, publier le cadre légal de l’OMT (9 mois après son annonce !). Sans compter que si Nicosie quitte la zone euro, il y a fort à parier que le MES et la BCE doivent encaisser des pertes. Que l’Europe se méfie donc : la bombe chypriote est encore bourrée d’explosifs. Et c’est ce qu’a voulu dire Nikos Anastasiadès avec son appel au secours. L’ignorer serait inconscient.

    La Tribune  http://fortune.fdesouche.com

  • Marine Le Pen: les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste

    Marine Le Pen: les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste
    RIA Novosti: C'est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d'une telle visite, pourquoi la Russie ?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l'avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l'impression que depuis plusieurs années, l'Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités ? Quelles sont vos impressions à chaud ?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d'actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l'intervention en Libye. Le président de la Douma m'a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J'ai d'ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d'adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s'arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m'a dit qu'il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer ?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l'aéronautique, les technologies, l'industrie du médicament. Ça peut être l'énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu'avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d'une Europe des nations "de Brest à Vladivostok", une idée jadis énoncée par De Gaulle. L'Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental ?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j'y œuvre. Je pense que l'Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l'identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l'Europe pourrait tout à fait aller jusqu'à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l'extension de l'Otan vers l'est et le déploiement d'un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l'égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne ?

    Marine Le Pen: D'abord je suis pour la sortie de l'Otan. Je ne comprends pas aujourd'hui quelle est aujourd'hui son utilité. Quel est l'ennemi? C'est très bien d'avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n'y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l'est sous domination américaine. Que les Etats-Unis défendent leurs intérêts, c'est tout à fait légitime, tout comme pour l'Allemagne. Il n'y a qu'un malheur, c'est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L'intérêt de l'Europe est plus de développer les relations avec l'est, plutôt qu'avec l'ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l'UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet ?

    Marine Le Pen: J'en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les Etats-Unis, ce sera la ruine de l'agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l'affaiblissement de l'Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l'entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l'indépendance de l'Europe, et particulièrement de la France, qui m'intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: ... Les Français traités de "réactionnaires" par M. Barroso en raison de leur "exception culturelle"…

    Marine Le Pen: L'Union européenne montre son vrai visage. C'est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d'ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s'éloignent. La France légalise le mariage gay à l'heure où la Russie interdit la promotion de l'homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal ?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l'Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C'est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l'adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d'ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l'engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l'Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l'intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes "des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller". Etes-vous d'accord avec cette analyse ? Un "réveil" est-il en marche ?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L'excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d'intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d'une partie de la population française, qui s'est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d'opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant ?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu'il a posé. Chaque jour pousse les Français à s'intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J'ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l'indépendance, le patriotisme économique, et le retour d'un Etat stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d'argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu'ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c'est l'amour des siens, et c'est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.
    source : RIA Novosti :: lien

  • Syrie : levée de l'embargo sur les armes destinées aux rebelles islamistes

    Sous la pression des diplomaties britannique et française, les pays européens ont adopté, avec une grande réticence, une résolution sur la levée de l'embargo sur la Syrie et la fourniture d'armes aux rebelles. Toutefois, aucune livraison ne devrait être effectuée dans les deux prochains mois afin de ne pas compromettre l'initiative de paix russo-américaine.
    Sur le terrain, l'armée syrienne marque des points. Avec un soutien accru de l'Iran, mais aussi l'aide de plusieurs milliers de combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah, elle repousse les rebelles, qui expliquent leurs échecs par leur dénuement en armement. Un argument discutable.
    Voilà maintenant plusieurs mois que les armes européennes arrivent via la Turquie et la Jordanie aux insurgés. Sans guère s'en cacher la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France approvisionnent l'Armée Syrienne Libre (ASL) et des groupes d'activistes sélectionnés parleurs services de renseignements. De même, les monarchies du Golfe fournissent en armes les insurgés les plus radicaux (Al Nusra Al Qaeda).
    L'Europe est réticente à l'envoi d'armes sophistiquées
    Mais ce dont les rebelles ont surtout besoin est de matériel lourd : batteries antiaériennes et missiles antichars. Cependant l'Europe est réticente à l'envoi d'armes sophistiquées. Les voir tomber en de mauvaises mains est la crainte des décideurs européens ayant un peu de jugeote comme Angela Merkel. Impossible d'oublier les précédents afghan et libyen : les missiles Stinger fournis par les États-Unis aux moudjahidines contre le régime prosoviétique à Kaboul ont été retournés contre les Américains sitôt les Russes chassés ; et en Afrique, on le sait, la chute de Kadhafi a entraîné la dispersion d'armes qui sont tombées entre les mains des groupes armés salafistes du Sahel.
    À noter, ces armes existent en grande quantité dans les stocks de l'Arabie Saoudite et des autres pays du Golfe, qui sont les alliés et les soutiens financiers des insurgés. On peut se
    demander pourquoi ces derniers réclament ces armes à l'Europe plutôt qu'à leurs riches parrains arabes ?
    Toujours est-il que l'Union européenne (prix Nobel de la paix !) va armer les rebelles. À Bruxelles, les 27, très divisés sur le sujet, sont convenus de desserrer l'embargo et de fournir aux « bons rebelles » de l'autoproclamée Armée Syrienne Libre des armements perfectionnés dans deux mois ; en dépit du fait que l'ASL est clairement noyautée par des islamistes hostiles à l'Occident. Concrètement, aucune livraison n'interviendra avant le 1er août prochain.
    Lors du sommet de Bruxelles un invité transporté incognito par l'armée de l'air britannique, le chef d'état-major de l'armée jordanienne, le Lieutenant-général Mashal Mohammad Al-Zaben, s'est, paraît-il, longuement entretenu avec des officiers occidentaux pour peaufiner les préparatifs de transfert d'armes lourdes françaises et britanniques via la Jordanie. L'armée jordanienne serait chargée de distribuer à des « djihadistes modérés » ce matériel. Le roi Abdallah II de Jordanie avait pourtant affirmé en décembre dernier que son pays ne participerait pas à une opération militaire contre la Syrie ; mais il est soumis à de fortes pressions franco-britanniques.
    La Russie, informée, aurait menacé de fournir une aide militaire directe importante, dont des avions, à la Syrie si la France et la Grande-Bretagne passent à l'acte. Merkel est au courant d'où sa réticence à lever l'embargo de l’UE pour armer l'ASL et consorts.
    Moscou et Washington se sont mis d'accord pour organiser une conférence internationale pour une sortie de crise diplomatique et non militaire. Russes et Américains misent sur l'organisation d'une nouvelle conférence de paix en juin prochain, à Genève, après l'échec de la première, en juin 2012. Cette fois, le sommet, baptisé Genève 2, devait réunir autour d'une même table dirigeants syriens et responsables de l'opposition.
    Paralysée par les rivalités internes, l'opposition syrienne (la prétendue « Coalition nationale ») a fait savoir qu'elle ne se rendrait pas à cette réunion tant que l'Iran et le Hezbollah soutiendraient le régime de Damas. Selon elle « toute discussion sur une conférence internationale ou un règlement politique en Syrie relève du bavardage insignifiant » en raison des massacres perpétrés par l'armée syrienne...
    Or, plus que jamais, le conflit est régional. De toute évidence, sa solution ne pourra être que régionale notent des observateurs comme Georges Malbrunot du Figaro. Pour avoir une chance de réussir, la prochaine conférence internationale de Genève doit donc réunir toutes les puissances de la région : le régime syrien et ses opposants, les voisins turc, jordanien, libanais, puis l'Arabie Saoudite, l’Égypte, le Qatar, mais également l'Iran. À raison, la Russie l'exige. Les Nations unies pensent que sans Téhéran, on ne pourra pas obtenir du Hezbollah qu'il retire ses milices de Syrie. Pragmatiques, les États-Unis pensent de même. Il n'y a que les monarchies du Golfe, la France et, à un degré moindre, la Grande-Bretagne pour s'opposer à une participation iranienne à cette conférence. L'Iran est partie du problème et ne peut pas être partie de la solution, soutient-on avec obstination à Paris. Laurent Fabius se crispe de manière inexplicable quand on lui parle du régime de Téhéran.
    Dans ces conditions la conférence a peu de chances de réussite et le conflit va s'intensifier, et probablement hélas s'étendre au Liban. Ce petit pays, en proie à de sérieux troubles, est menacé d'implosion. On ne peut croire que ce soit ce que souhaite Laurent Fabius...
    Henri Malfilatre monde & vie 11 juin 2013

  • Poutine à Cameron sur la Syrie : “Est-ce ces gens que vous voulez soutenir et armer ?”