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géopolitique - Page 829

  • Le laboratoire israélien et les cobayes palestiniens

     

    « The Lab » est un nouveau documentaire israélien avant-gardiste qui redéfinit toute notre compréhension de l’État juif, ses objectifs, son identité et son rôle de destruction globale. Je pense honnêtement que ce film est le commentaire le plus profond et le plus important sur Israël.

    Dans « The Lab », le réalisateur Yotam Feldman dévoile l’industrie militaire israélienne et son fonctionnement, il interviewe des protagonistes majeurs du marché israélien de la sécurité. Il développe sur le rôle de l’industrie au sein de la société et de l’économie israéliennes – durant les dernières années les exportations militaires israéliennes ont atteint le niveau sans précédent de 7 milliards de dollars par an. 20% des exportations israéliennes sont militaires ou d’ordre militaire. Près de 150 000 familles en Israël dépendent de cette industrie. Israël est maintenant le quatrième plus gros exportateur de matériel militaire.

    Dans la dernière décennie, chaque opération militaire israélienne a conduit à une augmentation brusque et immédiate des exportations militaires israéliennes dans le monde : armement, systèmes d’armes, renseignement, tactiques, doctrines, connaissance et expérience.

    Feldman nous fournit un aperçu d’un univers très structuré. Nous visitons les salons de l’armement israéliens à travers le monde, mais nous découvrons aussi des salles de conférence remplies de généraux étrangers, de fonctionnaires d’État et de diplomates. Le message est clair, les 7 milliards de dollars ne sont qu’un élément du dossier. L’élite militaire israélienne est à présent profondément imbriquée dans les élites politiques et militaires de chaque pays au monde. Ce marché israélien émergent achète l’influence et le support de l’État juif.

    « The Lab » fait apparaître de manière très claire que les populations civiles palestiennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont devenues des cobayes des tactiques, armements et philosophie de combat israéliennes ("La Torah combattante", Torat Lechima – comme les Israéliens l’appellent). La destruction des Palestiniens est maintenant devenue une industrie très rentable. Nous avons ici affaire à rien de moins que des meurtres hautement planifiés.

    À travers une série d’entretiens captivants, Feldman transmet un portrait très fidèle des marchants de mort israéliens. Feldman les laisse parler, il intervient à peine. Ils sont clairs, sincères, même amusants à certains moments, parfois pleins d’esprit, et plusieurs d’entre eux pourraient même vous charmer si vous ne saviez pas de qui il s’agit. Mais ne vous y trompez pas, ils sont sinistres, certains d’entre eux sont manifestement psychotiques, ce sont des meurtriers de masse et ils sont libres. Ils vendent de la destruction et du chaos et le font brillamment.

    Étant moi-même né en Israël et étant devenu un musicien et écrivain à succès, je pense être capable de reconnaître le dévouement, la persévérance et la créativité israéliennes quand je les vois, quel que soit le type d’activité dans laquelle ils sont employés (j’ai peut-être été chanceux d’être sauvé par le bebop). Le talent de ces anges de mort israéliens est motivé par l’accroissement de la misère humaine. Les conséquences en sont tragiques.

    Nouvelle donne

    C’est loin d’être un secret qu’un siècle de lutte palestienne n’a pratiquement conduit à rien. L’état du mouvement de solidarité palestinienne est encore plus embarrassant. « The lab » change la donne, car il permet d’expliquer des décennies d’impuissance.

    Nous baignons dans une terminologie déficiente – colonisation, apartheid, conflit, solution, sionisme ne sont que quelques exemples. Gaza est à présent un vaste Laboratoire – les Israéliens en sont les scientifiques et les techniciens, et les Palestiniens en sont les cobayes. Le fait de regarder « The Lab » doit tous nous conduire à fondamentalement remettre en question nos concepts. Nous avons affaire à un crime de guerre prémédité. La notion de résolution (comme dans la solution à deux États), par exemple, ne s’applique pas ici. Il est incontestable que dans le monde réel le scientifique ne négocie pas avec le cobaye. Le scientifique ne considère pas non plus de partager son univers avec le cobaye dans un seul État démocratique. « The Lab » est un aperçu de la mentalité israélienne : vous n’y trouverez certainement pas beaucoup de compassion.

    Durant des décennies nous avons été stupides d’évaluer le succès et l’échec des opérations militaires israéliennes à la lumière des objectifs militaires et politiques israéliens, tels que nous les avons imaginés. Nous avions clairement tort. Tel que nous l’apprenons dans le film de Feldman, l’objectif réel des opérations israéliennes peut aussi bien être d’évaluer de nouvelles doctrines ou de nouveaux systèmes opérationnels dans le but de les distribuer ensuite à l’échelle internationale. Ehud Barak, par exemple, n’était pas vraiment le plus talentueux des ministres israéliens de la défense, il a clairement échoué à défendre son peuple ou même à lui permettre de se sentir en sécurité. Cependant, il a été brillant à vendre des armements et doctrines israéliens.

    Que Tel Aviv soit visée par une pluie de roquettes Qassam peut être vu par les Israéliens comme un fait bouleversant, mais d’un point de vue militaire et industriel, c’était une opportunité en or d’évaluer et de promouvoir le système anti-missiles israélien "Dôme de fer". Si j’ai raison, il apparaît clairement que tout comme les Palestiniens, de plus en plus d’Israéliens deviennent aussi des ‘cobayes’ dans ce laboratoire en constante expansion.

    On peut se demander comment et quand le "rêve sioniste" s’est transformé en un commerce militaire. Seuls certains d’entre nous, écrivains et intellectuels, ont tenté de répondre à cette question. La transformation de l’État juif en une usine d’oppression est apparemment la conséquence directe de l’idéologie suprématiste d’Israël. Si nous voulons comprendre ce qu’il se passe dans l’État juif, nous devons dans un premier temps comprendre les concepts d’élection, de judéité et de politique identitaire juive.

    J’imagine qu’à présent suffisamment de Palestiniens de Gaza réalisent qu’ils ont pris part à une expérience israélienne. Nous apprenons trop souvent de la part de médecins palestiniens qu’en soignant les victimes d’attaques israéliennes ils découvrent de nouveaux types de blessures. « The Lab » explique cela mais il ne s’agit pas que de la Palestine. Nous sommes aussi les témoins d’une similarité grandissante entre les modes d’actions des forces de police dans le monde et le sort réservé aux Palestiniens par l’IDF [(Israel Defense Forces).

    Le documentaire de Yotam Feldman explique tout cela. Nous sommes tous palestiniens. Nous sommes occupés soit par Israël soit par les forces qu’il mandate autour du monde – celles qui sont entraînées en Israël et qui emploient les armements et tactiques israéliens.

    Par Gilad Atzmon, une traduction E&R

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • La révolution turque

     

    La révolution turque
    Natella Speranskaya : La révolution nationale a commencé en Turquie. Quelles sont les forces en présence ? Qui se bat contre qui ?

    Claudio Mutti: Les slogans concernant les «droits humains» et la «démocratie», les agissements des Femen, la solidarité exprimée par Madonna et d'autres stars hollywoodiennes, la rhétorique antifa truffée de "Bella ciao" comme musique de fond, sont les symptômes d'une «révolution orange» ou un «printemps turc », plutôt que d'une révolution nationale. À l'heure actuelle, il est impossible de savoir si les troubles ont éclaté de manière spontanée, ou si ce sont vraiment des agents étrangers qui ont provoqué des troubles, comme prétendu par Erdogan. Mais nous devons considérer que l'ambassadeur américain Francis Ricciardone a répété deux fois en deux jours son message en faveur des manifestants et que John Kerry a fait une déclaration sur le droit de contester. Certes, parmi les manifestants il y a aussi des militants et des activistes d'intérêt national, anti-atlantistes et aussi des mouvements pro-Eurasie (comme, par exemple, le Parti des travailleurs, ISCI Partisi); mais je ne pense pas qu'ils sont en mesure de diriger une masse aussi hétérogène vers l'objectif d'une révolution nationale.

    Natella Speranskaya : Comment se place la révolution turque en terme d'opposition géopolitique de l'eurasisme (Russie, Iran, Syrie) à l'occident et à l'atlantisme (OTAN, USA, UE) ?

    Claudio Mutti : Il est vrai que beaucoup de gens ont été troublés par l'implication de la Turquie dans le conflit syrien. Néanmoins, lorsque les manifestants clament "Nous sommes les enfants d'Atatürk", ils expriment une préoccupation liée à des croyances laïcistes et séculaires, pas à une position de type eurasiste. Malheureusement, je ne vois pas une tendance anti-Atlantique d'importance dans la présente révolte.

    Natella Speranskaya : Votre pronostic quant à l'évolution des événements en Turquie et leurs conséquences sur la situation en Syrie ?

    Claudio Mutti : Il est probable que la révolte turque va pousser Erdogan à penser à l'adage «Qui sème le vent récolte la tempête» et l'amènera à se consacrer davantage aux affaires turques que syriennes, conscient sans doute que les Américains sont toujours prêts à évincer leurs collaborateurs, après en avoir fait usage. Ainsi, il y a deux mois, son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a signé un protocole d'accord avec le SCO. Si le gouvernement turc veut être cohérent avec cette décision, il doit abandonner ce genre de «néo-ottomanisme» qui dissimule un rôle impérialiste, utile aux intérêts nord-américains. Encore mieux, si la Turquie veut vraiment être un point de référence pour les peuples musulmans de la Méditerranée et du Moyen-Orient, il doit rompre ses liens avec l'OTAN et avec le régime sioniste. Il est en effet schizophrène de déstabiliser la Syrie et en même temps d'accuser le sionisme et Israël d'être, selon les mots de M. Erdogan, "un crime contre l'humanité» et «une menace pour la paix régionale".
    Entretien avec Claudio Mutti http://www.voxnr.com
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  • Gouverner le Moyen-Orient par le chaos 3ème partie

    Publié initialement dans le magazine « Rébellion », n° 57, janvier/février 2013. Par Lucien C.

    La méthodologie impériale : l’ingénierie sociale négative

    Le remodelage du Moyen-Orient s’appuie donc essentiellement sur des conflits de « basse intensité » et sur la transformation culturelle à marche forcée. Les impérialistes, anglo-saxons, sionistes ou pétro-monarques, cherchent tous à provoquer un pourrissement interne des sociétés car c’est le seul moyen à leur disposition pour étendre leur domination sur de larges zones. Leur méthodologie commune se résume en quelques mots : diviser le bas pour unifier le haut. D’autres noms : destruction créatrice, démolition contrôlée, Ordo ab chao, dissoudre et coaguler, stratégie du choc, stratégie de la tension, problème-réaction-solution, schismogénétique (Gregory Bateson) ou polémogénétique (Gaston Bouthoul).

    Divers compendiums sur ce thème de la production scientifique et rationnelle de conflit à des fins de contrôle social ont été écrits, dont celui intitulé « Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation » (Max Milo, 2010). Rédigé comme un manuel d’introduction aux techniques d’entropie sociale provoquée, cet ouvrage récapitule les fondements théoriques et les grandes orientations de l’ingénierie sociale, laquelle s’est beaucoup appuyée au 20ème siècle sur la cybernétique, les sciences de la gestion et les découvertes de la psychanalyse et de la psychologie comportementale.

    À la suite de cet ouvrage, nous appellerons cette méthode de management volontairement destructeur des groupes humains : l’ingénierie sociale négative. Cette démarche « diabolique » au sens étymologique de « celui qui divise », consiste à faire entrer l’humanité dans un état de crise permanente et perpétuelle, mais toujours sous contrôle, démarche paradoxale et aboutissant à un effet double et apparemment contradictoire : diviser, décentraliser et désorganiser toujours plus le bas de la pyramide sociale, ce qui permet, par effet de vases communicants, d’unifier, de centraliser et d’organiser toujours mieux le haut de cette même pyramide sociale. Accélérer artificiellement l’entropie des groupes humains en amplifiant les tendances centrifuges qui les parcourent, pour produire par contraste de la néguentropie centripète au niveau du contrôle. En un mot : « vampirisation ». Tel est le nom littéraire de ce transfert d’énergie et d’information.

    Exacerber les rivalités mimétiques identitaires

    Cette « division du bas » s’appuie notamment sur ce que René Girard a repéré sous le terme de « rivalité mimétique » (ou Jacques Lacan de « capture imaginaire »). Il s’agit du processus de montée aux extrêmes et de crescendo de violence qui saisit deux acteurs engagés dans un rapport de forces. On le connaît aussi sous les termes de « vengeance », ou de « vendetta », parfaitement exprimé dans la loi du Talion : « Œil pour œil, dent pour dent » (complété, dit-on, par Gandhi : « … et le monde finira aveugle. »)

    D’après René Girard, ce n’est cependant pas l’Hindouisme mais le Christianisme, par l’imitation du Christ refusant la vengeance et s’offrant en bouc émissaire à ses bourreaux, qui doit permettre de sortir honorablement de ce mécanisme comportemental schismogénétique et producteur d’une spirale de violence infinie. Ne pas répondre à la violence par une autre violence en miroir semble bien être le seul moyen d’en finir avec la violence. (Même si, à force de s’effacer devant autrui, on risque tout simplement de disparaître).

    À l’opposé, l’ingénierie sociale négative consiste à produire de la violence, ou du moins du séparatisme, de l’envie de se séparer. Comment ? Dans un premier temps, en s’appuyant sur ce que Freud a appelé les « petites différences narcissiques » pour les exacerber au maximum et les rendre insupportables. Aucune société n’étant parfaitement homogène, il suffira de repérer les éléments hétérogènes pour les stimuler, les cultiver, les amplifier, les grossir. Rompre la coexistence pacifique de gens qui se ressemblent, mais pas totalement, en soulignant leurs petites différences afin d’aboutir à la constitution de camps tranchés, opposés et irréconciliables. Les séparatismes peuvent donc être régionalistes, ethnicistes, culturalistes, mais aussi sexuels (entre hommes et femmes) : ils ont toujours une dimension profondément « identitaire », de droite (ethnico-culturelle) mais aussi de gauche (théorie du genre, homophilie/hétérophobie).

    La dislocation des États-nations (et de tout groupe humain) s’appuie sur la « fabrication des camps » : faire monter les rivalités mimétiques en germes dans tout groupe humain pour aboutir à une situation de « tiers exclu », que l’on se regarde en chiens de faïence sans communiquer, sans médiatisation, sans relation. Il faut arriver à une situation de face à face sans dialogue, ni compromis. Par exemple, certains groupes appartenant à la mouvance nationaliste donnent l’impression de vouloir exacerber les tensions entre musulmans et chrétiens, en s’appuyant sur tous les faits divers glanés dans l’actualité qui soulignent la moindre friction avec l’Islam, et en passant sous silence tous les problèmes bien plus profonds soulevés par le sionisme et le lobby pro-israélien. Il est évident que ces mouvements visent en réalité à stimuler toutes les tendances islamophobes de l’électorat nationaliste et à marginaliser les tendances antisionistes. Le but de la manœuvre est bien évidemment d’aligner l’électorat nationaliste sur les droites européennes identitaires, inoffensives pour l’Empire car régionalistes, sionistes et islamophobes comme il faut pour alimenter le « choc des civilisations », ainsi que néolibérales au niveau économique et en définitive parfaitement compatibles avec l’Union européenne et intégralement solubles dans le mondialisme et la mort des nations.

    Conclusion

    Une quantité non négligeable d’analyses et d’indices convergents semble montrer un relatif désengagement de l’empire anglo-saxon du Moyen-Orient. Affaiblis par une situation économique peu reluisante, les États-Unis seraient de plus en plus tentés par un repli isolationniste, ou par un redéploiement dans la zone pacifique, laissant en plan leurs alliés israélien et pétro-monarchiques ou les confiant à d’autres garde-fous. De fait, judéo-centrisme et islamo-centrisme sont bel et bien deux corps étrangers parasitaires au sein des USA, dont ces derniers devaient se fatiguer nécessairement un jour ou l’autre.

    On notera toutefois que les partisans jusqu’au-boutistes du sionisme impérial ne l’entendent pas de cette oreille et ont bien l’intention d’entraîner de force les États-Unis dans une nouvelle guerre totale à leur service, comme ils le firent déjà deux fois au 20ème siècle. En effet, des informations attestent de la vraisemblable planification d’un coup d’État sous « faux drapeau » sur le territoire américain. Un mémorandum du 21/11/12 publié par la Maison-Blanche et signé de Barack Obama mentionne explicitement l’existence de menaces pour le pays émanant de l’intérieur même du gouvernement : «  Presidential Memorandum – National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs  [1]. »

    On en trouvera un commentaire assez exhaustif sur De Defensa sous le titre « L’extraordinaire mémo de Obama », confirmant ce dont Thierry Meyssan parlait dans « Obama II : la purge et le pacte » : « Cette nouvelle politique étrangère [de Obama] se heurte à de fortes résistances à Washington. En juillet, des fuites organisées dans la presse avaient fait capoter l’accord de Genève et avaient contraint Kofi Annan à la démission. Le sabotage semble avoir été ourdi par un groupe d’officiers supérieurs qui n’admettent pas la fin de leur rêve d’empire global. » Et dans un entretien avec le magazine Geopolitika à propos du 11 Septembre :

    « Ces attentats, ce coup d’État, et les crimes qui ont suivi ont été organisés par ce qu’il convient d’appeler l’État profond (au sens où on emploie cette expression pour décrire le pouvoir militaire secret en Turquie ou en Algérie). Ces événements ont été conçus par un groupe très fermé : les straussiens, c’est-à-dire les disciples du philosophe Leo Strauss. »

    Et pour avoir une vision historique d’ensemble, on se reportera également à l’article très complet de Laurent Guyénot, « Le triple jeu des néoconservateurs », sur le site du Réseau Voltaire [2].

    Le scénario le plus probable est évoqué par Gordon Duff dans « Nuclear Christmas, false flag in America to blame Iran » : en résumé, les réseaux israéliens (straussiens, néoconservateurs) infiltrés au plus niveau de l’appareil d’État américain (double nationalité aidant) et qui ont déjà tenté un putsch sous faux drapeau avec le 11 Septembre pour prendre le contrôle de la politique étrangère et intérieure des USA (invasions diverses, Patriot act) en leur désignant le bouc-émissaire du « terrorisme islamiste », ces réseaux israéliens ne sont pas satisfaits et ils sont prêts à recommencer mais en pire, car les États-Unis commencent à leur échapper de nouveau. Ils vont donc tenter un deuxième coup d’État sous « false flag », nucléaire cette fois-ci, le 9/11 n’ayant pas suffi, et en accusant l’Iran. Or, l’Iran possède bien des armes nucléaires, et depuis 2005 (cette technologie étant toujours appliquée dans le militaire avant le civil).

    D’après diverses sources indépendantes, les USA ont fourni à l’Iran les plans de la bombe atomique par erreur dans les années 1990, avec le coup de pouce d’un Pakistanais. Pour plus d’informations, on se reportera aux sources ouvertes traitant de l’Opération Merlin et aux révélations d’un agent double dans le Washington Times. Le territoire iranien est donc sanctuarisé. Les Renseignements israéliens le savent, et savent aussi qu’une guerre déclarée contre l’Iran aboutirait à rayer Israël de la carte. Mais les espoirs messianiques sionistes d’en sortir vivant malgré tout animent apparemment le cabinet du premier ministre, qui compte s’appuyer comme d’habitude sur l’armée américaine pour mener cette guerre apocalyptique  [3].

    Que les États-Unis d’Amérique soient sous contrôle israélien ou possèdent encore leur souveraineté politique et géopolitique est difficile à discerner et finalement de peu d’importance. Dans tous les cas, l’affaiblissement de l’empire anglo-saxon affaiblirait mécaniquement l’impérialisme sioniste (ainsi que le wahhabite). De sorte à hâter les événements au moyen d’énoncés performatifs à fonction de prophéties auto-réalisatrices, il nous revient donc de « communiquer » sur l’après-Empire pour le faire tomber plus vite. Accélérer la chute de quelque chose qui n’est pas viable et dont la fin est de toute façon inévitable. Des tendances centrifuges profondes, sécessionnistes et séparatistes, traversent déjà les USA et Israël (pinkwashing, sionisme rose), tendances entropiques qu’il nous revient de souligner, de stimuler, d’amplifier, et qui nous autorisent à parler dès à présent de l’après-USA, de l’après-Israël, et de l’après-dictature wahhabite. Ces trois entités fauteuses de guerres, semeuses de troubles et de chaos, soutiennent en définitive le même projet morbide, mélange de capitalisme déchaîné et de religiosité simulée et hypocrite. L’échec de leur vision mondialiste signifiera la survie de l’humanité. Travailler activement à leur disparition définitive et sans retour ne relève donc que de la légitime défense [4].

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

    notes :

    [1] « Presidential Memorandum – National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs », 21/11/2012, Barack Obama. http://www.whitehouse.gov/the-press...

    [2] « Le triple jeu des néoconservateurs », Laurent Guyénot, Réseau Voltaire. http://www.voltairenet.org/article1...

    [3] « Nuclear Christmas, false flag in America to blame Iran », 20/12/2012, Gordon Duff. http://www.presstv.ir/detail/2012/1... « Opération Merlin » http://fr.wikipedia.org/wiki/Opé... « L’Iran a déjà des armes nucléaires » http://www.wikistrike.com/article-n... http://www.washingtontimes.com/news...

    [4] « Les divers usages du "mariage pour tous" : eugénisme, marchandisation des corps et "sionisme rose" » http://www.scriptoblog.com/index.ph...

  • Guyane : Pourquoi le territoire pourrait bien exploser

    La territoire ultra-marin d’Amérique du Sud est dans une situation économique, sociale et démographique qui ressemble à une poudrière.

    On ne regarde pas assez les billets de la Banque de Francfort.

    Tout en bas, à gauche, sur le flanc de l’omega grec, est porté la silhouette d’un territoire lointain et ultra-marin, la continuité de la République française sur le continent sud-américain, la Guyane.

    Terre française de même ancienneté que l’Alsace et bien longtemps avant la Savoie ou le comté de Nice, d’une superficie de 80 000 km² soit plusieurs régions de la métropole, elle aurait pu faire le double sans un malheureux arbitrage pris à la fin du dix-neuvième siècle qui en donna la moitié à l’État d’Amapa de la fédération brésilienne.

    La Guyane française est un produit de l’Histoire et de la volonté qui en a fait une terre française de droit commun alors même que les Guyanes britanniques et hollandaises prendront leur indépendance sous le nom de Guyana et de Surinam, dans des conditions rudes, rupture avec le Commonwealth pour le Guyana et guerre civile à la fin des années soixante-dix pour le Surinam.

    La Guyane française a donné au pays une liste d’hommes et de femmes célèbres, Galmot, Eboué, Monnerville et, plus récemment, la nouvelle icône de la gauche française, Christiane Taubira.

    Pour autant, la “France équinoxiale” est aujourd’hui confrontée à de graves défis qui en font le lieu des plus fortes tensions potentielles de l’outre-mer français.

    La Guyane est le seul territoire de la République qui connaisse un taux de croissance démographique qui la rapproche des pays du tiers-monde ; passée de vingt mille habitants vers 1950 à près de deux cent trente mille habitants aujourd’hui, une augmentation annuelle de près de dix mille personnes par an, soit de quatre pour cent environ, du fait du nombre d’enfants par famille particulièrement élevé et surtout de l’immigration très forte que connait le territoire.

    La Guyane est le premier niveau de vie d’Amérique Latine ; sans doute, certains quartiers de Rio ou de Sao Paulo ont-ils un revenu supérieur mais en moyenne c’est dans le petit territoire, entre les deux fleuves du Maroni et d’Oyapock que se situe le plus grand lieu de richesse du sous-continent avec environ 16 000 euros annuel de Pib par personne.

    Du coup, la Guyane attire des gens venus d’un peu partout : les Surinamais et les Brésiliens en premier lieu, qui sont à ses frontières ; les lignes de séparation sont parfaitement poreuses, traverser l’un ou l’autre fleuve prend en gros vingt minutes, les points de passage se répartissent sur des dizaines de kilomètres ; oh certes il existe bien des check-points fixes tenus par la gendarmerie sur les routes qui mènent à Cayenne et à Kourou mais les contourner par la forêt ou par la côte est un jeu d’enfants.

    Il en va également pour les Haïtiens qui, arrivés sans visa à l’aéroport de Paramaribo (les Surinamais qui savent qu’ils ne resteront pas chez eux ne sont pas regardants), empruntent les mêmes voies; la Guyane est la première destination de l’émigration haïtienne, souvenir de la francophonie oblige, et on peut raisonnablement penser que le tiers de la population du territoire a aujourd’hui cette origine.

    Mais l’attraction guyanaise retentit aujourd’hui encore plus loin : ce sont les Péruviens, qui remontent des filières compliquées le long de l’Amazone, les ressortissants de la République Dominicaine qui suivent les mêmes chemins que les Haïtiens et, même, la petite communauté des Afro-américains de Colombie, particulièrement maltraités dans leur pays d’origine, qui tentent sa chance sur le territoire de la République.

    Bref, la Guyane reçoit à jet continu des flux migratoires auxquels elle ne peut promettre ni des emplois, ni même des maisons malgré une urbanisation galopante des principales agglomérations du territoire.

    C’est que l’économie guyanaise souffre des maux classiques de l’outre-mer français que la croissance de la population porte à l’incandescence.

    L’économie guyanaise a comme cœur la fonction publique qui occupe la moitié des emplois, dont les traitements de base sont de quarante pour cent au-dessus de ceux de leurs collègues métropolitains, agrémentés d’une indemnité dite de “sujétion et d’installation” ( prime moustique selon les indépendantistes) d’un montant de seize mois de traitement pour quatre ans de présence (et que, malgré ses envies évidentes, Bercy n’arrive pas à faire disparaître). Le reste de l’économie est composée d’un peu d’agriculture et de pêche et, surtout, des services que génèrent la présence de fonctionnaires au haut pouvoir d’achat (la base spatiale de Kourou est un monde à part qui n’a que peu de conséquences sur l’économie guyanaise en général).

    Le résultat, eh bien, le résultat est que les prix guyanais sont particulièrement élevés (les quatre yaourts au fruit que l’on paye 1,80 euros à Paris sont à 2,5 ou une petite cylindrée passe de 6000 euros en métropole à 10 000 tout compris) ; et qui dit prix dit, bien évidemment, coûts qui ressemblent à des coûts allemands plongés dans un continent où ils sont plus proches de ceux du Paraguay.

    Autrement dit, les quelques produits sympathiques que produit la Guyane (les jus de fruit de la Caresse Guyanaise, tout un programme, sont délicieux ou encore les confitures à la Goyave et au rhum, un régal) ne peuvent être consommés que sur place faute qu’un quelconque client étranger puisse en payer le prix.

    Le financement de l’économie de la Guyane repose, dès lors, sur les subventions de la République, subventions directes comme pour les autres collectivités territoriales, subventions indirectes de la défiscalisation; et là, mauvaise nouvelle, le Conseil constitutionnel en supprimant le 4% du revenu déductible a renvoyé le dispositif, pourtant essentiel au développement du bâtiment, à la maigre déduction de 10 000 euros par contribuable ; rassurons nous, le ministre de l’outre-mer, Victorien Lurel, au-delà de ses considérations sur Chavez qui est Blum et de Gaulle à la fois, travaille d’arrache-pied à trouver une solution qui permettra de continuer la difficulté. L’affaire est en suspens. On demande des esprits imaginatifs.

    Il y a maintenant deux ans un grand espoir a soufflé sur le territoire : le pétrole ; de bons esprits s’étant avisés que du temps du continent unique de la Pangée, la Guyane se trouvait en vis-à-vis de l’actuel Ghana, et que le Ghana est un pays pétrolier, et qu’au surplus le Vénézuela qui n’est qu’à un peu plus de mille kilomètres de la frontière nord de la Guyane est également un pays pétrolier ; des recherches ont donc été effectuées dans les eaux territoriales, à cent kilomètres au large, par la compagnie Shell qui ont donné des résultats très prometteurs : on a parlé de possibilités allant jusqu’à dix pour cent de la facture pétrolière française et quelques élus locaux discutaient déjà de la part revenant aux collectivités, pourquoi pas jusqu’à soixante quinze pour cent des royalties que verserait la compagnie pétrolière.

    Las ! On sait que l’Amérique du Sud fut le continent de l’El Dorado ; malgré un soutien appuyé des gouvernements français, les socialistes allant jusqu’à virer l’éphémère ministre de l’Ecologie, Nicole Bricq, qui fit mine de s’opposer à la délivrance des permis de recherche, les deux sondages suivants n’ont rien donné et le seul sondage positif ne suffirait pas à rendre l’exploitation rentable ; on est parti pour un quatrième sondage, croisons les doigts pour que l’or noir soit au rendez-vous sinon, la Guyane reviendra à ses difficiles problèmes.

    A 230 000 habitants aujourd’hui, probablement à 500 000 en 2030, date où la ville frontière de Saint-Laurent-du-Maroni dépassera Cayenne en habitants, comment, sans l’apport de la rente pétrolière, pourra t elle les résoudre ?

    L’immigration est, en effet, aujourd’hui un casse-tête ; la reconduite à la frontière des immigrants clandestins est presque sans effet, dès lors que les frontières sont poreuses et qu’il n’existe pas de dispositif de droit avec certains pays comme le Guyana, pourvoyeur d’immigrants souvent impliqués dans la délinquance.

    L’ordre public devient, de plus en plus difficile à maintenir, qui parait, certains jours, échapper en partie aux autorités françaises ; si l’Etat français parait avoir marqué des points dans sa lutte contre l’orpaillage clandestin, la petite délinquance semble se diffuser dans les villes de Guyane, en particulier à Kourou, sans qu’aucune solution apparaisse facile à trouver tant le cumul de l’immigration et du chômage, produit lui-même de la démographie pèse lourdement.

    Le changement institutionnel permettra-t’il au territoire de trouver des solutions plus adaptées à son développement et à la maîtrise de ses rythmes ?

    La Guyane avait jusqu’ici un département et une région superposées; consultés, les électeurs guyanais ont souhaité qu’une seule grande collectivité les remplace. Les élections auront lieu dans deux ans, par désignation d’un élu par grands cantons dont la carte n’a pas encore été établie. La compétition sera rude et complexe tant la situation politique guyanaise n’obéit pas aux règles de la métropole. Car en Guyane tous les élus sont de gauche, à l’exception de Léon Bertrand, maire de Saint-Laurent-du-Maroni qui fut ministre UMP, et pour le moment gêné par le procès où il comparaitra l’automne prochain après sa mise en examen dans des affaires de marché public.

    De gauche, les deux sénateurs et les deux députés, de gauche la majorité du conseil général, qui vient du Parti socialiste guyanais (indépendant du parti socialiste), emmené par M.Tien-Long, de gauche également la majorité du conseil régional, présidé par l’ancien maire de Cayenne, Rodolphe Alexandre, qui vient également du parti socialiste guyanais, mais a crée son propre parti ; la majorité régionale présente l’originalité d’être la seule de la République à être de gauche et à avoir soutenu Nicolas Sarkozy, au point que la région Guyane a quitté l’association des régions de France, vue comme un pseudopode du parti socialiste.

    C’est probablement entre ces deux blocs que se jouera l’élection de 2015 pour laquelle il serait bien hasardeux de faire un pronostic tant les déterminants valables en métropole n’ont pas cours en Guyane dont les électeurs se prononcent le plus souvent en fonction de la capacité qu’ils prêtent aux élus de tenir la dragée haute à l’État.

    En tout état de cause, la prochaine majorité de la collectivité unique aura fort à faire à l’heure des restrictions budgétaires. La seule certitude est que son avenir demandera du travail et de l’imagination.

    Atlantico  http://fortune.fdesouche.com

  • Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

    Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

    Le résultat des élections est il une surprise ?

    A l’évidence, aucun analyste n’avait prévu la victoire d’Hassan Rohani au premier tour de l’élection présidentielle [vendredi dernier]. Mais il ne faut pas oublier que l’Iran est un pays imprévisible qui puise sa créativité et son esprit d’innovation dans une culture poétique inaccessible aux prévisions mathématiques.

    Les réformateurs l’ont ils emporté ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la distinction entre réformateurs et conservateurs s’avère peu opérante en Iran. La preuve en est que parmi les six candidats en lice, cinq étaient classés ultraconservateurs ou conservateurs pragmatiques. Il s’agit de Saïd Jalili, d’Ali-Akbar Velayati, de Mohsen Rezaï d’Hassan Rohani et de Mohammad Ghalibaf. Seul un candidat, Seyed Mohammad Gharazi, était qualifié de modéré. A ce compte, les Iraniens avaient mathématiquement 83% de chances d’élire un conservateur. C’est oublier que le monde iranien est marqué depuis des siècles par un rêve qui n’a rien de conservateur, celui de réformer le monde musulman en prenant sa tête. Mais ce rêve souterrain, qui hante la plupart des hommes d’État iraniens se heurte à deux obstacles : l’Iran n’est ni Sunnite ni Arabe. Il est par conséquent tenu à l’écart par les pays musulmans qui s’effraient de son inépuisable créativité. Devant ce rejet, les Iraniens sont tiraillés entre deux types d’évolutions : soit un basculement vers l’Occident ou à l’inverse une consolidation des liens avec l’Asie. Même si les Iraniens se perçoivent comme des Occidentaux, ils ont été contraints par les sanctions récentes à se rapprocher simultanément de la Russie et de la Chine pour former une alliance plastique que l’on pourrait qualifier de Nouvel Empire Mongol.

    Il conviendrait, par conséquent, de repenser la distinction entre réformateurs et conservateurs au profit d’un nouveau gradient Occident/Orient. Or cette nouvelle distinction bouleverse les schémas établis car il n’est pas plus conservateur de se tourner vers la Chine que vers l’Europe. La véritable question est par conséquent la suivante : qui l’a emporté entre les Océanides – partisans d’un rapprochement avec la puissance maritime américaine – et les Gengiskhanides – qui souhaitaient un rapprochement avec la Russie et la Chine. Les Iraniens nous ont répondu aujourd’hui de façon totalement inattendue avec la victoire des Iranides un tiers parti qui souhaite le retour à une politique d’équilibre internationale. Aujourd’hui, le Nouvel Empire Mongol connaît un vacillement et ce n’est pas tout à fait un hasard si les chancelleries russe et chinoise ont du mal à se positionner ce soir sur le résultat de l’élection.

    Quel est le profil du nouveau président ?

    Parmi les six candidats, les hommes ayant exercé des fonctions diplomatiques importantes étaient surreprésentés : il s’agissait de Saïd Jalili, ancien Vice-Ministre des Affaires Étrangères, d’Akbar Velayati ancien Ministre des affaires étrangères, et d’Hassan Rohani qui a une grande expérience de la diplomatie puisqu’il a été personnellement en charge du dossier nucléaire. A l’évidence, ces diplomates l’ont emporté sur les spécialistes de l’ordre intérieur

    Peut on espérer un règlement de la question nucléaire ?

    Il faut s’attendre à une inflexion sur ce point. Nous avons aujourd’hui un signe fort. Même s’il est improbable qu’Hassan Rohani remette en cause la volonté de l’Iran de mettre en place une filière nucléaire, les négociations peuvent avancer. Leur échec actuel s’explique en partie par la très grande difficulté pour les Occidentaux à prendre au sérieux les spécificités culturelles et juridiques de l’Iran. A la différence de la France, l’Iran a été occupé pendant près de mille ans par des puissances étrangères. Cette occupation a marqué en profondeur ses élites qui ont mis au point des procédés de négociation extrêmement sophistiqués afin d’assurer leur survie politique. Or, depuis la découverte des hydrocarbures, l’Iran est devenu le centre géopolitique de la planète contrôlant simultanément les richesses énergétiques de la mer Caspienne et du Golfe Persique. Cela amène les négociateurs iraniens à réfléchir à chaque mouvement diplomatique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Iran n’a pas donné le signal d’une proche normalisation. D’un point de vue intérieur, il a opéré un rééquilibrage en se repositionnant au centre. Dans ces circonstances, il ne fait guère de doute qu’Hassan Rohani n’acceptera de ralentir la nucléarisation de l’Iran qu’à condition que la communauté internationale accorde à l’Iran le statut de puissance régionale. Car au fond, par delà ses difficultés économiques, l’Iran aspire par dessus tout à une dignité retrouvée sur la scène internationale.

    Thomas Flichy
    Historien du droit et des institutions

    Source : Realpolitik.tv.

    Crédit photo : DR.http://fr.novopress.info

  • Chronique de livre : Anonyme, Gouverner par le chaos - Ingénierie sociale et mondialisation, Max Milo Editions, Paris, 2010, réédition 2012

    Gouverner par le chaos - Ingénierie sociale et mondialisation est un ouvrage anonyme qui s‘intéresse aux méthodes de contrôle des masses au sein de nos « démocraties » occidentales.

    Un point de départ : Tarnac

    L’ouvrage s’inspire de l’Insurrection qui vient, publié en 2007 par le Comité invisible et qui fut au cœur de l’actualité lors de « l’affaire de Tarnac ». Cette affaire politico-médiatique fut l’occasion pour le gouvernement de droite, alors au pouvoir, de contrer une pseudo-menace terroriste issue des rangs de l’ultra-gauche suite aux sabotages de caténaires de la SNCF.

    Ainsi l’auteur* du présent ouvrage estime que des techniques de manipulations furent à l’œuvre lors de cette affaire et élargit son propos sur un certain nombre de techniques mises en place dès le début du XXe siècle mais qui pourraient même remonter à des temps plus anciens, ainsi il cite Sun Tzu qui considère que « Tout l'art de la guerre est basé sur la duperie ».

    C’est donc dans une société qui méprise la réalité, qui fonctionne sur le mensonge que nous serions en train de vivre. Le chaos ne serait donc plus ce que rejette le gouvernement, mais ce qui lui permet de se maintenir au pouvoir et d’accroître sa capacité de contrôle. Nous pouvons songer à quelques exemples récents : l’insécurité est un moyen de justifier la mise en place de la vidéo-surveillance, la loi anti-burqa un moyen d’empêcher tout individu de se masquer le visage, le téléchargement illégal un moyen de justifier le contrôle d’internet, l’usurpation d‘identité une justification à la mise en place les passeports biométriques, le vol favorise le pouvoir des banques (qui gardent l’argent) et l’utilisation de la carte bancaire (munie d’une puce électronique), etc… L’ouvrage démontre aussi rapidement que la crise actuelle est une volonté politico-financière pour augmenter le contrôle social et politique de la finance (ce qui rejoint l’analyse de Michel Drac) comme ce fut toujours le cas et la prise de contrôle de certains organismes financiers (comme JP Morgan, ce qui rejoint ici l’analyse de Pierre Jovanovic).

    L’homme : une machine comme une autre

    En décryptant l’ingénierie sociale, l’auteur nous démontre que les apprentis-sorciers du Nouvel Ordre Mondial considèrent l’être humain comme une machine que l’on peut reprogrammer à souhait en usant d’un certain nombre de techniques. Pour ce faire, différentes disciplines sont employées dans le domaine politique ou médiatique pour manipuler l’opinion : « le marketing, le management, la robotique, le cognitivisme, la psychologie sociale et behaviouriste (comportementale), la programmation neurolinguistique (PNL), le storytelling, le Social Learning, le reality-building. » (p.19)

    C’est un véritable musée des horreurs que dépeint l’ouvrage où toutes les stratégies les plus machiavéliques sont mises au point pour manipuler et contrôler les populations en recourant le moins possible à la violence. L’auteur n’hésite pas à utiliser les termes de « piratage » et de « hacking » pour parler de processus visant à modifier totalement, voire à violer, l’esprit et la pensée des individus. Le terme d’ « ingénierie sociale » qui fait l’objet d’un chapitre et qui revient fréquemment est d’ailleurs assez révélateur puisque théoriquement l’ingénieur travaille sur des machines, du « non-vivant » alors qu’il s‘agit pour ceux qui nous gouvernent de travailler sur des êtres vivants. De fait, nous ne sommes pas surpris à la fin de l’ouvrage de lire quelques considérations sur le transhumanisme dans le chapitre « Le biopouvoir ».

    Le refus des limites et la volonté de dissoudre non seulement tous les groupes humains, mais l’Homme lui-même semble être l’objectif du Nouvel Ordre Mondial. Une société de zombies reprogrammés par la pensée unique et dirigés par un gouvernement global au sein du « village global ». L’auteur n’est absolument pas dupe de cette volonté affichée par certains individus comme Attali, Minc ou Brzezinski (mentionnés dans le livre) et n’hésite pas à montrer les dangers qui nous guettent à voir se dissoudre la famille, le clan, la tribu ou la nation. Il considère que la frontière est essentielle à l’être humain dans son acception polysémique. C’est l’introduction du chapitre Tittytainment qui attire ici notre attention : « Les architectes** de la mondialisation l’ont parfaitement compris : pour être vraiment efficace, la fabrique du consentement [NDLR : titre chapitre précédent] suppose l’abolition de toutes les frontières. En effet, c’est le maintien de frontières, à tous les niveaux de l’existence, qui rend possible la comparaison, la contradiction, la possibilité de dire « non » et tout le jeu de la dialectique qui s‘ensuit. C’est aussi le maintien de frontières qui appuie le protectionnisme économique, nécessaire si l’on souhaite conserver l’autonomie matérielle et l’indépendance intellectuelle qu’elle permet. » Nous ne pouvons que souscrire à cette réflexion. Dans un autre passage du livre, l’auteur poursuit ce raisonnement à propos du corps humain. La peau (l’épiderme) est la frontière entre l’intériorité et le monde extérieur, l’environnement, cette « frontière naturelle » est ce qui permet à chacun de conserver une part de secret, et c’est cette part de secret, constitutive de notre identité, et source d’imprévu, qui est intolérable pour le Système, qui cherche donc à valoriser au maximum la mise en place de l’identité numérique. Nous ne pouvons que nous désoler de voir autant de prétendus « militants radicaux » épancher leurs faiblesses de cœur ou revendiquer leurs actions sur certains réseaux sociaux, ce qui constitue du pain béni pour le Système qui n’a plus qu’à se créer un simple compte pour contrôler, se renseigner, faire pression et agir.

    Je considère souvent que ce « refus des limites », des frontières, propre à certaines mouvances « politiques », est le signe d’un esprit profondément puéril, celui de l’enfant refusant l’interdit et refusant les règles. Je suis donc assez satisfait de lire dans cet ouvrage un certains nombres de pages bien menées qui montre que le Nouvel Ordre Mondial a besoin d‘infantiliser les populations, de les faire revenir à un stade préœdipien. Songeons à l’usage en politique du terme « pédagogie », qui signifie étymologiquement « l’art d’éduquer les enfants », et montre la façon dont nous sommes considérés par nos gouvernants. Cette infantilisation, doublée d’une forte individualisation, contribue à l’effritement du groupe et à l’abaissement des capacités de raisonnement, et donc à l’abandon du politique.

    Le chapitre intitulé « La théorie de la jeune-fille » est à ce titre fort intéressant et oppose des principes jeunistes et féministes (encouragés par le NOM***) à des principes hiérarchiques et phalliques. Exprimé ainsi, cela peut paraître un peu « caricatural », je vous invite donc à vous plonger dans ces quelques considérations. Ce chapitre fait suite à celui sur le « Management négatif » qui se conclut entre autre par les théories de Lacan : « Chez Lacan, les groupes humains peuvent se comprendre dans les termes de la logique ensembliste, ou théorie mathématique des ensembles. Lacan distingue au moins quatre modes d’organisation, modes relationnels qu’il appelle des discours : le discours du maître, où le chef domine : le discours de l’hystérique, où l’individu domine : le discours universitaire, où le savoir domine : le discours analytique ; où l’incertitude domine. (Lacan a aussi mentionné une fois dans œuvre un cinquième discours, celui du capitaliste, qui nous semble être une variante de celui de l’hystérique). La formation d‘un ensemble humain, donc l’organisation d’un groupe, requiert de soumettre les individus à une hiérarchie verticale, à un discours du maître, une autorité, une Loi, un phallus symbolique en position d’exception par rapport aux membres du groupe. » Pour ma part, et à la suite de certaines réflexions au sein de l’ouvrage, il me semble important que le discours du maître soit soutenu par le discours du savant.

    Au-delà du constat, auquel je souscris pleinement, j’adhère à une bonne partie des réflexions formulées par l’auteur. Cependant certains aspects sont à discuter.

    Une critique : lutte des classes et question ethnique

    Influencé par l’ultra-gauche, l’ouvrage se fait donc au fur et à mesure un plaidoyer pour la lutte des classes et s’avère plutôt critique sur la question ethnique.

    Nous ne nions pas la possibilité d’une lutte des classes, d’ailleurs, la citation du milliardaire Warren Buffett, présente dans l’ouvrage, est édifiante « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui a mené la lutte. Et nous sommes en train de gagner. ». Pour l’auteur, la question ethnique ferait son irruption dans la politique française à la suite de l’action combinée à partir de 1983 du Front national d’un côté, qui exacerberait cette question et de SOS Racisme de l’autre qui en ferait un nouveau combat social. L’auteur précise également que la question ethnique n’a jamais eu une grande importance en France. Le but de cette question « secondaire » serait de détourner de la lutte des classes. J’apporterai un bémol à ses réflexions.

    Tout d’abord, il est vrai qu’autant le FN que la gauche et l’extrême-gauche ont utilisé la question ethnique a des fins électorales. Concernant la gauche, le rapport récent de Terra Nova est un aveu. La gauche s’est débarrassée des classes populaires autochtones au profit des « jeunes », des homosexuels et des immigrés, groupes sociaux pouvant être considérés par eux comme des « minorités ». Le tournant libéral de la gauche coïncide astucieusement avec cette stratégie. Afin de masquer son « à-plat-ventrisme » face au Capital, la gauche a agité le hochet de l’anti-racisme. Dans le cas du FN, et dans ce qu’il est convenu d‘appeler médiatiquement « l’extrême-droite », cette question ne saurait relever d’un simple « calcul » politique. Historiquement, les mouvements dits « nationalistes » voire « fascistes » ont toujours compté une portion congrue de non européens (ce fut le cas lors du 6 février 1934, ce fut le cas au sein du PPF, de la LVF puis après guerre du PFN ou d’Occident). Le nationaliste français n’a jamais été un racisme primaire à la sauce amerloque. Cependant, cette question a cessé d’être secondaire lorsque le Capital a utilisé la main d‘œuvre étrangère contre la main d’œuvre autochtone. L’afflux de millions d’allogènes a déplacé cette question « secondaire » (y compris chez les nationalistes) comme devenant une question centrale. Il est impossible aujourd’hui de nier, même pour un marxiste ou un anarchiste sérieux, que la question ethnique est devenue importante, tant elle est facteur de désordre, désordre voulu pour déstabiliser le « marché du travail », autant que la cohésion sociale, ou tout simplement pour créer de nouvelles formes de « stratégie de la tension » (Occident vs Islam, par exemple). Dans ce qu’on appelait jadis le Tiers-Monde, la reconquête contre les puissances coloniales capitalistes est souvent passée par une quête identitaire (indigénisme sud-américain, souvent catholique, nationalisme hindou, panarabisme, bouddhisme, etc…). D’ailleurs l’auteur ne s’y trompe pas puisqu’il considère bien que le NOM veut détruire les structures traditionnelles… Bien que seulement 1% du livre concerne cette question, il m’a semblé important de faire quelques commentaires. Aussi cela prépare une fin qui ressemble à un soufflet au fromage s’effondrant sur lui-même, un délire sur le CNR et un appel des anciens résistants (dont les sinistres Aubrac et le médiatique Hessel) à s’engager (contre le NOM). On peut émettre autant de réserve qu’on veut sur les régimes totalitaires (particulièrement sur les lobbies pharmaceutiques et chimiques allemands), cela n’empêche pas de rester lucide. Comme le montre bien l’auteur, l’essentiel de ce projet mortifère est un produit des milieux anglo-saxons, et ce bien avant la Seconde Guerre mondiale. Nous n’avons pas souvenir que les « résistants » se soient opposés à cette époque, puis au cours de leur existence à l’influence des milieux anglo-saxons… A l’inverse d’un certain Ezra Pound, qui l’aura chèrement payé.

    En somme, à l’exception des dernières pages, il s‘agit d’un très bon ouvrage, essentiel pour comprendre les mécanismes de contrôle et de programmation de l’esprit humain et le projet du NOM.

    * par commodité j’ai choisi de parler de « l’auteur » au singulier même si l’ouvrage est peut-être écrit par plusieurs personnes.

    ** le choix du terme « architecte » est surement inconscient, mais ne peut que nous faire sourire, lorsqu’on sait que le rôle que joue le « Grand Architecte de l’Univers » dans la franc-maçonnerie.

    *** NOM = Nouvel Ordre Mondial

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Géopolitique et prospective : une nouvelle géopolitique du Maghreb

    Par Mehdi Taje, géopoliticien et spécialiste des méthodologies de la prospective, directeur de Global Prospect

    Remise en cause du modèle économique dominant, crispations identitaires et nationalistes, aspiration des peuples à la liberté et à la gouvernance démocratique,...

    ...restructuration en cours du monde arabe, ruptures technologiques, surprises stratégiques, croissance des dépenses militaires, en particulier au sein d’États contestant la suprématie occidentale, rivalités et tensions croissantes entre États, course à la sécurisation des ressources énergétiques et minérales, démographie galopante[1], primauté de la mer sur la terre[2], exigences environnementales, retour en force du religieux, fragmentation des continents, exacerbation des menaces transnationales, etc. sont autant de marqueurs de la fin d’une époque et de l’ouverture d’une autre, sans pour autant être en mesure d’en dessiner les contours.

    La crise syrienne est révélatrice de l’exacerbation des rivalités entre les forces de l’unipolarité visant à maintenir les États-Unis en tant que moteur de la transformation du monde à leur image et les forces de la multipolarité œuvrant à l’émergence d’un monde multipolaire (Chine, Russie, Inde, Iran, etc.). Les rivalités s’exacerbent au fur et à mesure que la concurrence s’aiguise et que les rapports de puissance s’inversent : la tendance est à l’érosion du leadership américain et « la bagarre multipolaire » est engagée selon les propres termes d’Hubert Védrine. Ces pôles de puissance portent une vision du système international qu’ils entendent modifier en fonction de leurs intérêts stratégiques et de leurs propres agendas et ils bâtissent des projections géopolitiques d’envergure et des représentations collectives de l’avenir. [...]

    La suite sur RealpolitikTV

    http://www.actionfrancaise.net

  • Gouverner le Moyen-Orient par le chaos 2ème partie

    Publié initialement dans le magazine « Rébellion », n° 57, janvier/février 2013. Par Lucien C.

    Le séparatisme comme méthode de l’Empire
    Chacun de ces trois acteurs, anglo-saxon, sioniste, wahhabite, travaille à son destin impérial. S’il faut les distinguer par souci de vérité et de précision, il faut aussi reconnaître qu’ils convergent, voire fusionnent sur certains points. Ils sont, par exemple, totalement entrelacés et interdépendants sur le plan logistique, notamment en raison d’agréments et de contrats énergétiques, financiers ou d’armement, comme le pacte du Quincy conclu entre les USA et l’Arabie Saoudite en 1945.
    Cette interdépendance se fait à la manière des nœuds borroméens : la disparition de l’un entraînerait dans sa chute la disparition des deux autres, ou du moins compliquerait singulièrement leur existence et hypothéquerait gravement leurs chances de survie à long terme.
    Même s’ils sont liés « à la vie, à la mort », chacun des trois possède néanmoins ses propres raisons et dynamiques internes, indépendantes de celles des autres. Leur attelage est donc fragile et parcouru de fractures actuelles et potentielles. On peut les deviner par l’expérience de pensée consistant à envisager la disparition de leur ennemi commun, au principe du ciment qui les soude : l’État-nation. La liquidation totale et sans retour de l’État-nation, ainsi que de toute forme de souveraineté populaire, de service public et de protectionnisme aux frontières, est le rêve de l’Empire (dont Negri et Hardt, très influents à l’extrême gauche, se rendent complices, prouvant par là que la critique simplement altermondialiste de l’Empire se laisse facilement récupérer par lui). Mais si la multitude des nations souveraines venait à disparaître réellement, les trois impérialismes se retrouveraient alors sans objet, et se retourneraient les uns contre les autres pour la dernière étape de la compétition dans une phase d’entre-dévoration et de destruction mutuelle.
    Emblématiques des trois polarités impériales, les familles Rockefeller, Rothschild et Saoud commenceraient alors à s’attaquer et à s’exterminer. Les alliés stratégiques, alliés objectifs d’hier deviendraient ennemis mortels d’aujourd’hui pour la domination exclusive du monde selon l’adage : « Il ne peut en reste qu’un ». Ne résultant pas d’affinités profondes, leur alliance est donc conjoncturelle, circonstancielle et disparaîtrait jusqu’au dernier atome en cas de réussite de la première étape de leur plan mondialiste : l’abolition des principes westphaliens.
    Sur le plan doctrinal, leur unité et point de convergence réside effectivement dans leur ennemi commun, l’État-nation, dont les fondements ont été définis par les Traités de Westphalie de 1648. Par définition, l’Empire prétend à la totalité et à l’englobement. Sa caractéristique est l’absence de bords et de limites. Il récuse donc le principe même de frontières fixes, qui rétablissent un extérieur, donc une altérité, donc un contre-pouvoir, et il soutient toujours le sans-frontiérisme, ainsi que toutes les structures multinationales, transnationales et supranationales (les structures du Capital).
    Le problème majeur de l’Empire réside dans le concert des nations multiples et aux frontières intègres réintroduisant de l’extériorité et empêchant une tutelle unifiée. L’obstacle à surmonter pour l’Empire loge donc dans le nationalisme et la multipolarité, comme le soulignent Alain Soral ou Alexandre Douguine. Outre l’aspect logistique, le facteur de solidarité des trois branches de l’Empire peut donc être également trouvé dans la méthodologie qu’ils emploient pour parvenir à leurs fins, détruire la souveraineté nationale « une et indivisible », ce qui en géopolitique porte un nom : le séparatisme.

    Du côté anglo-saxon
    La question qui se pose à l’Empire est en fait toujours la même : comment faire monter les séparatismes ? Comment diviser les peuples et les nations pour régner dessus ? L’éclatement des unités nationales permet effectivement d’abolir les seules organisations humaines suffisamment puissantes pour être actrices de l’Histoire et former un contre-pouvoir sérieux et crédible à l’Empire. La démarche anglo-saxonne de production de séparatisme ne date pas d’hier, mais plutôt d’avant-hier, comme en témoignent les écrits du général britannique maintes fois décoré, Frank Kitson, ou les résultats de la Commission Campbell-Bannerman, au début du 20ème siècle.
    Pour réfléchir aux moyens d’empêcher le monde arabe de s’unifier et perpétuer ainsi la domination européenne au Proche et Moyen-Orient, Sir Henry Campbell-Bannerman, le premier ministre britannique de l’époque, réunit en 1907 un groupe d’experts dans le cadre de ce que l’on appelait alors « The Imperial conference » (ou « Colonial conference » jusqu’en 1907). Le compte-rendu des speeches de Campbell-Bannerman au Parlement anglais est accessible sur Internet : on y voit les questions posées par les parlementaires pour obtenir des éclaircissements auxquels le premier ministre se dérobe, arguant du fait qu’il ne lui appartient pas de publier les résultats des discussions mais que c’est à la Commission d’en décider de manière indépendante [1].
    La substance des débats a néanmoins fuité et nous est résumée par Pierre Démeron dans « Contre Israël » (J.-J Pauvert, 1968, pp. 44-45) :
        « L’impérialisme anglais très vite voit le bon usage du sionisme. En 1907 déjà, le premier ministre britannique, Campbell-Bannerman, inquiet de l’éveil des nationalismes chez les peuples colonisés, réunit une commission d’historiens et de sociologues pour étudier les moyens susceptibles de perpétuer la domination européenne : "Les empires se forment, s’agrandissent et se stabilisent un tant soit peu avant de se désagréger et de disparaître... Avons-nous un moyen d’empêcher cette chute, cet effondrement, nous est-il possible de freiner le destin du colonialisme européen actuellement à son point critique ?" (…) À ces questions angoissées la commission répond en montrant la nécessité de lutter "contre l’union des masses populaires dans la région arabe ou l’établissement de tout lien intellectuel, spirituel ou historique entre elles" et recommande de chercher "tous les moyens pratiques pour les diviser autant que possible" et notamment, comme moyen d’y parvenir, l’édification d’une "barrière humaine puissante et étrangère à la région – pont reliant l’Asie à l’Afrique – de façon à créer dans cette partie du monde, à proximité du canal de Suez, une force amie de l’impérialisme et hostile aux habitants de la région". »

    Du côté israélien
    La fameuse « barrière humaine étrangère à la région » et hostile à ses habitants voyait le jour en 1948. Rappelons les paroles mémorables de Yehudi Menuhin au moment de la création de l’entité sioniste : « Le monde ne connaîtra plus jamais la paix. » Un consensus se dégage chez les connaisseurs les plus impartiaux du sionisme, juifs y compris, pour s’accorder sur le fait qu’il semble bien que le cœur du projet sioniste soit de réduire en esclavage ou de détruire, juifs y compris. De fait, le sionisme n’est pas strictement juif, et peut même se révéler antisémite ou antisioniste à l’occasion : des juifs sionistes ont collaboré avec le nazisme, dans la banque ou ailleurs, le Hamas a été créé par Israël, ce sont des juifs sionistes qui ont assassiné Yitzhak Rabin, et par extension les espoirs de paix, etc., etc., etc.
    Dans les pays où ils existent, les réseaux dormants du Mossad, les sayanim en hébreu, font de l’ingérence politique et fonctionnent comme une véritable « cinquième colonne », mais ils recrutent au-delà des individus de confession juive au sens strict. Une étude objective aboutit à la conclusion que le sionisme a aujourd’hui totalement fusionné avec le capitalisme (et qu’il est en train de fusionner avec le transhumanisme). Jusqu’en 1948, le contrôle des médias ou de l’économie par l’usure financière suffisait à l’avancement de ce projet de domination mondiale par l’argent. Depuis 1948, il faut y ajouter l’occupation militaire.
    La parabole talmudique du petit coq juif qui pousse les gros coqs « goyim » – comprendre « chrétiens et musulmans » – à s’entretuer pour régner sur eux nous est rappelée par l’inénarrable Ron Chaya dans une vidéo bien connue qui a fait le tour du Net. Une expression contemporaine de cette volonté de destruction appliquée aux Proche et Moyen-Orient est contenue dans la publication datée du 13 juin 1982, comprenant l’article d’Oded Yinon, haut fonctionnaire israélien du Ministère des relations étrangères, accompagné de sa préface d’Israël Shahak, et intitulé « Israël, une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe » :
        « L’article qui suit, d’Oded Yinon présente, me semble-t-il, de façon exacte et détaillée, le projet qui est celui du régime sioniste actuel – le régime de Sharon et Eitan – concernant le Moyen-Orient, à savoir la division de la région en petits États, et le démantèlement de tous les États arabes. Je voudrais, en guise de préambule, attirer l’attention du lecteur sur quelques points : 1 – L’idée que tous les États arabes doivent être fragmentés en petites unités, par l’œuvre d’Israël, est une idée récurrente dans la pensée stratégique israélienne. 2 – On perçoit très clairement le lien étroit qui existe entre ce projet et la pensée néoconservatrice américaine, particulièrement dans les notes de l’auteur pour son propre article [2]. »
    Plusieurs doctrines apparemment sans lien, voire contradictoires, peuvent être liées par des racines communes, effacées par le temps ou par une intention dissimulatrice active. Aujourd’hui, un certain nombre de visions politiques qui semblaient naguère antagonistes se révèlent sorties de la même inspiration et du même moule. Le fil conducteur de ces doctrines issues de l’ésotérisme et l’occultisme réside dans leur fascination commune pour le phénomène de la « destruction », que l’on retrouve à l’identique dans la Kabbale, la Torah (Deutéronome, Lévitique), le Talmud, mais aussi dans la récupération du swastika lévogyre, soit la « croix gammée » orientée à gauche, ou encore dans l’Ordo ab chao illuministe à l’origine du programme capitaliste de « destruction créatrice » chez Schumpeter et de « stratégie du choc » chez Friedman comme du projet révolutionnaire et progressiste de faire « table rase du passé ».

    Du côté wahhabite
    La dissension entre sunnisme et shiisme est pratiquement native de l’islam. Aujourd’hui, le pôle sunnite wahhabite, piloté par l’Arabe Saoudite et le Qatar, est clairement engagé dans une guerre avec l’Iran shiite et ses alliés baasistes. On en voit les résultats en Syrie dans le cadre d’un « hard power » ultra-violent, mais aussi en France, dans le cadre d’un « soft power » d’influence dont la finalité coloniale est la même. De nombreux chercheurs s’accordent à penser que la France sera musulmane à 50% sur le plan démographique à la fin du 21ème siècle. La question est : sunnite ou shiite ?
    L’impérialisme wahhabite étant l’ami de circonstance des impérialismes anglo-saxon et sioniste, on devine pour quelle version de l’islam balance le cœur de Washington et de Tel-Aviv. Le plan de partage de la France entre les trois impérialismes apparaît clairement dans le « Projet Rivkin » révélé par Wikileaks, ainsi que chez divers cadres du sionisme impérial s’exprimant tous en faveur des investissements du Qatar en France. On le voit, se prêtant main-forte, de gros efforts sont déployés par les trois impérialismes pour faire monter les séparatismes ethniques et religieux en Syrie comme en France, et en définitive partout où c’est possible, que ce soit par le financement du terrorisme ou par le soutien aux communautarismes identitaires.
    En outre, il semble que cette compétition sunnite/shiite pour le leadership au sein du monde islamique cache un projet d’encore plus grande ampleur, et qui serait une sorte de Vatican II de l’islam sous pilotage mondialiste. En 2005, un rapport de la Rand Corporation, le think-tank du lobby militaro-industriel américain, intitulé « Civil democratic Islam. Partners resources and strategies », rédigé par l’auteur féministe Cheryl Benard, détaillait de manière extrêmement précise un vaste programme d’ingénierie sociale visant à introduire dans l’islam des clivages et des fractures obéissant aux intérêts occidentaux, de sorte à pouvoir adapter cette religion plus facilement à la modernité libérale anglo-saxonne. Traduction d’un extrait du plan par le site Islamotion.tv :
        « Pour encourager le changement positif dans le monde islamique vers une plus grande démocratie, une plus grande modernité, et une meilleure compatibilité avec le nouvel ordre international contemporain, les États-Unis et l’Occident ont besoin de considérer chaque élément avec beaucoup d’attention : − les tendances et les forces internes à l’islam qu’ils entendent renforcer ; − quels sont vraiment les buts et les valeurs de leurs divers alliés potentiels et protégés ; − quelles vont être les conséquences plus larges dans l’avancement de leurs projets respectifs «  [3]. »
    L’Islam de marché (Le Seuil, 2005) de Patrick Haenni rapportait déjà ces tendances modernisatrices et réformatrices qui travaillent l’islam contemporain et qui sont impulsées par divers courants officiellement musulmans, sans que l’on sache très bien s’ils sont vraiment autonomes et émanent authentiquement de l’intérieur de l’islam ou sont en réalité impulsés et sponsorisés depuis son extérieur et, in fine, contre son intérêt. L’islamisme, entièrement placé sous tutorat occidental et capitaliste, pourrait devenir à l’islam ce que le sionisme est au judaïsme. L’application du programme de la Rand Corporation transparaît dans une vidéo réalisée en 2007 par As-Sahab, la maison de production d’Al-Qaïda. On y apprend que les manuels scolaires en Arabie Saoudite sont révisés et modifiés à la demande des États-Unis et que le roi Abdoullah s’oriente vers un dialogue interreligieux d’inspiration syncrétique et labélisé par l’ONU, trahissant de ce fait le devoir de da’wa, c’est-à-dire l’affirmation de la primauté absolue de l’islam sur les autres religions ou institutions, dont découle l’obligation au prosélytisme et au travail de conversion du monde entier.
    Le catholicisme est passé également par cette phase édulcorante, consistant à vider la religion de son principe actif, l’absolutisme, sous prétexte d’adaptation au monde et aux autres cultures. La vidéo commence par une déclaration de Gonzo Gallegos, porte-parole du Département d’État américain : « Depuis plusieurs années nous travaillons avec l’Arabie Saoudite sur la nécessité d’éradiquer tout ce qui pourrait faire allusion au fanatisme envers les autres religions dans les enseignements scolaires en Arabie Saoudite et ailleurs.
    Ainsi, au mois de juillet 2006, le gouvernement saoudien a reconnu la nécessité de réviser et mettre à jour les manuels scolaires et d’effacer tous les passages qui incitent à la haine contre les autres groupes et religions, et il nous a confirmé qu’au début de l’année 2008, ce serait chose faite. » Puis une voix off commente, suivie par le roi Abdoullah lui-même :
        « L’étape la plus dangereuse est celle qu’a entamée le roi Abdoullah en préconisant le rapprochement des religions et l’accord autour d’une religion qu’agréent les Nations-Unies et dont s’acquitteraient tous les peuples. (…) Et si Dieu veut, le plus tôt possible, lorsque nous, toutes les religions, nous serons mis d’accord sur toute bonne chose, je me rendrai aux Nations-Unies. »
    En apparence pacifique, cette démarche de dialogue et d’ouverture relativiste représente en fait la violence ultime pour la religion à laquelle elle s’applique, l’obligeant à renoncer à son absolutisme, à sa dogmatique, à son prosélytisme, donc à son identité, donc à elle-même. Pour détruire, il suffit parfois d’ouvrir [4].
    http://www.egaliteetreconciliation.fr
    Notes :

    [1] Hansard 1803-2005 : Digitised editions of Commons and Lords. Hansard, the Official Report of debates in Parliament. http://hansard.millbanksystems.com/...

    [2] « Israël – Une stratégie persistante de dislocation du monde arabe » http://www.info-palestine.net/artic... http://www.cairn.info/revue-conflue... http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Yinon

    [3] Civil democratic Islam. Partners resources and strategies », 2004, Cheryl Benard. http://www.rand.org/content/dam/ran... « Le plan américain pour corrompre l’Islam », 22/04/2011. http://islamotion.tv/articles/121-r...

    [4] Vidéo postée le 09/11/2012 par Al Mansour Tounsi. http://www.youtube.com/watch?v=-Lao...

  • Gouverner le Moyen-Orient par le chaos

    Publié initialement dans le magazine « Rébellion », n° 57, janvier/février 2013. Par Lucien C.

    La doctrine du remodelage du Grand Moyen-Orient
    À toutes les époques, des crises de toutes sortes ont eu lieu. L’état de crise n’était cependant pas la norme. Les crises du passé relevaient du courant faible qui vient se superposer à un état normal de stabilité en tant que courant fort. Des discontinuités venaient interférer avec une ligne de base continue mais sans remettre en question la dominance de cette dernière. Or, il semble que notre époque nous donne à voir une inversion des courants faible et fort. La crise deviendrait la règle et la stabilité serait l’exception. D’où vient cette inversion ? A-t-elle une cause naturelle ou procède-t-elle d’une intentionnalité, d’un dessein, d’un programme ?
    Emmanuel Kant écrivait en 1795 son projet de « paix perpétuelle ». L’étude attentive de l’histoire des idées montre qu’il existe également un « Projet de guerre perpétuelle », ou de « crise perpétuelle ». En effet, l’observation des crises du passé a permis à quelques fins esprits de noter que les états de crise introduisaient toujours un changement. À partir de la deuxième moitié du 18ème siècle et de la montée en puissance du capitalisme, les mêmes fins esprits se sont alors demandé s’ils ne pouvaient pas s’emparer à leur avantage de ce mécanisme de crise productrice de changement. Ils se sont posé la question en ces termes : « Plutôt que d’attendre que les crises arrivent toutes seules, pourquoi ne pas les faire arriver artificiellement, d’une manière aussi contrôlée par nous que possible, de sorte à opérer les changements qui nous arrangent ? » Le principe « révolutionnaire », de 1789 au pseudo « printemps arabe », était né.
    Expression par excellence de ce principe de chamboulement sous contrôle : le remodelage du Grand Moyen-Orient. C’est en 2003 que Georges W. Bush, alors président des États-Unis, expose officiellement cette doctrine dans des allocutions médiatisées. Pendant une quarantaine d’années, la « guerre froide » avait gelé les positions dans une guerre de tranchées aux limites relativement fixes. Les années 1990 constituèrent un round d’observation. Il fallut attendre les attentats du 11 Septembre 2001 pour que les vannes d’une nouvelle ère néocoloniale soient franchement ouvertes. On assista alors à un déchaînement de démagogie et de propagande de guerre usant d’éléments de langage stéréotypés, le fameux storytelling, atteignant les mêmes niveaux de désinformation, de déréalisation et de réécriture révisionniste instantanée de l’Histoire que pendant les deux guerres mondiales et poursuivant les mêmes objectifs de redéfinition des frontières et de l’ordre géopolitique préexistant.
    Une nouvelle discipline apparaît dans les think-tanks de Washington : la transitologie, qui se donne pour mission de réfléchir aux « regime changes » (changements de régimes) et aux moyens de les provoquer artificiellement. Sous prétexte de la guerre aux dictateurs ou au terrorisme, les deux parfois confondus, et d’attaques préventives pour lutter contre les « rogue states » (États voyous), il s’agira en fait de prendre le contrôle de vastes zones géographiques qui vont du Maroc au Pakistan. Les concepts de « nation building » et de « shaping the world » (façonnage du monde) apparaissent aussi à ce moment. Ce programme impérial procédera par des « révolutions de couleurs » et des « guerres justes », en réalité de simples putschs, coups d’État et guerres d’invasion accomplis avec le soutien d’ONG complices et de plus en plus interventionnistes au nom du « droit d’ingérence », de sorte à placer des hommes liges aux postes de pouvoir et de redessiner les frontières selon les intérêts de l’envahisseur.
    Détruire l’ordre des choses existant pour le remplacer par un autre ordre que l’on a défini, voire par l’absence d’ordre tout court, en un mot la Révolution, telle est donc la méthode de travail du Pouvoir et du Capital. (Où l’on voit que le clivage droite/gauche n’a véritablement aucun sens et que l’abandonner est le préalable à toute pensée politique sérieuse.) Que le désordre soit un moyen ou carrément une fin en soi, il est troublant d’observer qu’il est ici considéré positivement, à rebours du sens moral commun. Cette capacité à considérer positivement un mal relève d’un profil psychologique qui est celui du sociopathe. La place nous manque ici pour développer cette piste et nous nous en tiendrons à l’aspect géopolitique des choses. Sous cet angle, comment identifier plus précisément l’auteur du chaos provoqué, l’acteur révolutionnaire par excellence ? À la suite de plusieurs penseurs, Toni Negri et Michael Hardt dans « Empire » (2000), Emmanuel Todd dans « Après l’Empire » (2002) ou Alain Soral dans « Comprendre l’Empire » (2011), nous l’appellerons l’Empire.

    Les trois « têtes chercheuses » de l’Empire
    En 1997, Zbigniew Brzezinski publiait son « Grand échiquier », sous-titré « American Primacy and Its Geostrategic Imperatives », pour y exposer sans fard un programme néocolonial dirigé contre la zone eurasiatique. On y lit entre autres ce genre de déclaration : « Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique. La mise au point d’un plan géostratégique relatif à l’Eurasie est donc le sujet de ce livre. » Mais Brzezinski était loin d’être isolé et son livre n’est que la partie visible de l’iceberg. En 1998, une publication française résumait sur une centaine de pages les tenants et les aboutissants de cette politique étrangère des États-Unis en montrant qu’elle obéissait à un dispositif infiniment plus large que le seul individu Brzezinski. Au travers d’une dizaine d’articles, un collectif de chercheurs en géopolitique coordonné par Alain Joxe et Maurice Ronai, exposait les tendances les plus agressives et impérialistes de l’Oncle Sam, les tendances isolationnistes étant bien réelles dans le peuple américain, mais malheureusement minoritaires dans les élites.
    Le Groupe de sociologie de la défense de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) titrait ainsi son Cahier d’Études Stratégiques n°21 : « Le débat stratégique américain, 1997. Contrôler l’Eurasie. » Les pays de la zone eurasiatique étaient donc prévenus ! Au cas où une ambiguïté aurait subsisté, la quatrième de couverture du document récapitulait les impératifs de cette stratégie militaire états-unienne en ces termes : « La recherche de la supériorité opérationnelle absolue, dans le présent et dans l’avenir, demeure le mot d’ordre. » Les choses étaient ainsi clairement posées : moins de dix ans après la chute de leur rival communiste, les USA s’inscrivaient dans une logique d’expansion globale visant à prendre le contrôle de l’Eurasie.
    De son côté, le lobby israélien aux États-Unis avait déjà produit le manifeste intitulé « A clean break : a new strategy for securing the realm » en 1996. Quelques années plus tard, les néoconservateurs sionistes enfonceraient le clou avec un autre texte du même acabit, « Program for a New American Century », le célèbre PNAC et ses espoirs catastrophistes de nouveau Pearl Harbour visant à détourner définitivement les USA de toute tendance isolationniste et à les transformer en une sorte de Golem au service exclusif des intérêts israéliens.
    Point d’orgue de ce coup d’État élaboré sur des années, les attentats du 11 Septembre 2001, dont le véritable cerveau semble plutôt être Benjamin Netanyahu que « Photoshop » Ben Laden, et qui devaient permettre à Tel-Aviv de prendre le contrôle de la politique étrangère de Washington par la désignation schmittienne d’un ennemi commun : le « terrorisme islamiste ».
    Enfin, à la faveur de la crise syrienne et de la transformation de la France en zone d’influence et parc d’attraction, on vit nettement l’émergence d’un nouvel acteur hyperactif : les pétromonarchies du Golfe persique, Arabie Saoudite et Qatar en tête, nourrissant des projets d’expansion et fourbissant leurs armes depuis longtemps en attendant d’avoir atteint la taille suffisante pour se lancer dans la bataille contre le monde shiite et ses alliés.
    De cette accumulation de couches et de strates d’intérêts convergents allaient sortir en 2007 les révélations fracassantes du général Wesley Clark, de l’US Army, lequel rapportait à l’occasion d’un talk-show télévisé la feuille de route impériale dont on lui avait fait part au Pentagone à la fin 2001 : envahir sept pays, nommément l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, la Somalie et le Soudan. Si l’on récapitule les acteurs du programme impérial actuel, on en découvre donc trois :
    http://www.egaliteetreconciliation.fr
    1. l’empire anglo-saxon, déjà existant, élaboré entre Londres pour la branche franc-maçonne et Washington pour la branche WASP,
    2. l’empire juif, en gestation depuis la composition de la Torah et l’invention de l’idée d’une race supérieure « élue » pour dominer le monde,
    3. l’empire pétro-monarchique sunnite, qui ne rêve que d’en finir avec ses rivaux shiites et nationalistes laïcs arabes (baasistes).

  • Libre-échange transatlantique : les Européens paieront !

    L’Europe paiera. C’est ce que pensent très fort et que disent – pas si bas que cela – les responsables de la négociation sur le futur accord de libre-échange transatlantique aux Etats-Unis. Avec un argument de base : l’Europe a désespérément besoin de croissance. Plus que les Etats-Unis, où la situation est meilleure sans être néanmoins brillante. L’Europe est demandeuse et doit donc payer, c’est-à-dire faire davantage de concessions.

    Et nos amis américains de faire la preuve par neuf et de demander des gages que la Commission n’a été que trop heureuse et prompte à donner dans le domaine agricole en particulier : les Etats-Unis ont posé un ultimatum en décembre, exigeant que l’Europe prouve sa bonne foi en acceptant, par exemple, la viande de bœuf d’animaux élevés et abattus dans des conditions sanitaires indescriptibles, mais nettoyés à l’acide lactique avant envoi aux consommateurs. Les prétendues contreparties que la Commission affirmait exiger de leur partenaire américain n’ont toujours pas été mises en œuvre.

    À lire les remerciements enthousiastes qui ont accompagné l’annonce du lancement des négociations par le Président américain dans son discours sur l’état de l’Union, en provenance des différents chefs de gouvernement européens, à voir l’empressement servile de la présidence irlandaise à faire avancer le mandat de négociation, on comprend que l’exercice est moins un dialogue d’égal à égal qu’un rapport de vassal à suzerain.

    S’il fallait une preuve supplémentaire, elle vient d’être donnée. En décembre dernier, le régulateur financier américain, la Réserve Fédérale, a publié de nouvelles exigences à l’encontre des banques étrangères – et européennes en particulier – qui ont deux conséquences : réduire mécaniquement le champ d’activités des banques européennes aux Etats-Unis, et rompre avec la tradition de dialogue avec les régulateurs européens. Deux conséquences qui s’inscrivent directement contre l’esprit de l’accord de “partenariat”, mot choisi par l’administration américaine, manteau de Noé pour couvrir un accord de libre-échange que le parti démocrate ne saurait voir.

    À ceux qui espéraient que le sujet pourrait être évoqué dans le cadre des négociations transatlantiques le négociateur américain a apporté un démenti cinglant devant le Sénat : il y aura, a-t-il assuré, une “exception prudentielle” pour les services financiers, et la question sera placée hors du champ des négociations. Une délégation de cinéastes européens a posé la question de cette exclusion à José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne n’obtenant pour réponse qu’un silence édifiant.

    C’est dans ce contexte que la question de l’exception culturelle prend tout son sens. Il en va bien sûr de la question du rapport entre commerce et culture, de la volonté – ou non ? – de l’Europe d’échapper au “tout marchandise” qui est la règle américaine, de défendre une identité et une diversité à l’opposé du monde hollywoodien. Mais il en va aussi, au-delà, du premier test de la volonté et de la capacité européenne d’échapper à l’oukase américain.

    Si, pour des raisons qui sont les leurs (un président de la Commission qui a déjà démontré sa capacité à rentrer dans la “coalition of the willing” chère à George W. Bush ; un commissaire – plus libéral tu meurs ; un français à la tête de la DG Commerce – on n’est jamais trahi…), la Commission met son drapeau dans sa poche, les citoyens français et les citoyens européens ont du souci à se faire.

    Demain, ce sont les lobbies agricoles américains qui exigeront l’ouverture des frontières européennes aux produits OGM. Le blé Monsanto, qui n’avait, parait-il, pas quitté les laboratoires pousse actuellement gaiement dans l’Oregon.

    Après demain, les multinationales de l’Internet exigeront que les Européens respectent les règlementations américaines en matière de protection des données. Autant dire que l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) aura un accès plus facile encore à nos conversations téléphoniques, nos échanges de courriels, et notre intimité.

    Non, l’exception culturelle n’est pas négociable. Car avec elle c’est l’art de vivre européen, ce sont les valeurs de notre continent qui seraient mises à l’encan.

    Le Monde  http://fortune.fdesouche.com