Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

géopolitique - Page 892

  • Le massacre sanglant d'Algérie était complètement prévisible

    La prise d’otages à l’usine gazière de In Amenas a provoqué de nombreux commentaires, visant soit à approuver le gouvernement algérien et son armée soit au contraire à condamner la brutalité des forces de l’ordre qui aurait entrainer le massacre notamment d’un grand nombre d’otages.
    Le journaliste britannique bien connu Robert Fisk, grand connaisseur du Proche–Orient et du monde arabe, grand reporter et correspondant quotidien du journal londonien, The Independent, basé à Beyrouth depuis plus de trente ans a donné à son journal un article qui peut paraître choquant, tant l’explication qu’il donne des horribles événements survenus pourrait dans sa brutalité heurter certains lecteurs.
    Il faut avoir présent à l’esprit que la presse anglo-saxonne est beaucoup moins bridée que la nôtre et qu’elle est peu soumise aux barrières du politiquement correct à la française.
    Enfin, cet article n’engage que la seule responsabilité de son auteur et même si nous ne partageons pas nécessairement toutes les idées exprimées, nous estimons utile de présenter ici à nos lecteurs un éclairage inconnu des médias français.
    Polémia

    Les véritables dirigeants de ce pays sont des militaires qui ont
 « pris le goût du sang » dans une guerre civile qui leur a enseigné à 
prendre aussi peu de soin des innocents que des coupables.

    L'armée algérienne, nous ont dit, hier après-midi, les narrateurs habituels - à la télévision française, de même qu'en Amérique - « ne sont pas tendres avec les terroristes » et sont des « experts » dans la « lutte contre le terrorisme ». C'est bien vrai - mais ce n'est que la moitié de la vérité. Parce qu'ils ne sont pas « tendres » non plus avec les otages. Ils sont aussi impitoyables avec les captifs qu'ils le sont avec les ravisseurs.

    Le massacre des bons et des méchants à l'usine gazière de In Amenas était complètement prévisible, parce que les militaires algériens - les véritables dirigeants du pays - ont « pris le goût du sang » dans une guerre civile qui leur a enseigné à prendre aussi peu de soin pour les innocents que pour les coupables.

    

Ce furent les militaires algériens qui ont envoyé des agents des services secrets à Damas en 1993 pour apprendre comment Hafez el-Assad avait détruit les Islamistes de Hama (*), 11 ans plus tôt - et qui ont ensuite utilisé les mêmes tactiques pour liquider la propre insurrection islamiste de l'Algérie. On dit que des officiers algériens se sont rendus en Syrie l'année dernière pour retourner le compliment : en enseignant aux militaires syriens - qui combattent à présent un soulèvement beaucoup plus dangereux - comment les Algériens ont remporté leur « sale » guerre contre le Groupe Islamique Armé (GIA) et les groupes d'al-Qaïda qui lui étaient affiliés. Les Algériens ont prêté leur « expertise » au Tunisien Ben Ali juste avant son renversement et ont offert la même chose aux hommes de main de Moubarak en Egypte. Aussi opaque que les militaires algériens puissent paraître aux yeux des étrangers, leur mythe fondateur - une brutalité absolue envers leurs ennemis, quel qu'en soit le coût - a plu au Pentagone et aux Français, qui ont tous maintenu leur coopération avec l'élite militaire à Cherchell, dans les environs d'Alger, dans les années 1990 - alors qu'ils savaient fort bien que les soldats et les forces paramilitaires de ce pays se livraient à une orgie de tortures contre les insurgés et les civils.

    Il y a trois choses qui sont devenues certaines la nuit dernière à propos du massacre algérien :

    • – que les Algériens feront porter l'entière responsabilité du massacre des otages aux kidnappeurs inspirés par al-Qaïda ;
    • – que les gouvernements occidentaux dont les ressortissants sont morts seront d'accord sur ce point - et ne prononceront pas un mot de condamnation contre les militaires algériens ;
    • – que d'ici midi, aujourd'hui, toute cette histoire changera jusqu'à en être méconnaissable. Premiers ministres, ministres des Affaires étrangères et salles de rédaction, prenez garde !



    L'ignorance totale de David Cameron quant à la cruauté inhérente du gouvernement algérien a conduit Downing Street, aujourd'hui, à marmonner quelques remarques vraiment stupides. Les Algériens, ont-ils dit, « semblaient déterminés à prendre les devants ».

Tu parles qu'ils l'ont fait ! Parler aux preneurs d'otages est un anathème pour eux, au mieux un moyen d'user les ravisseurs avant de les anéantir. Le Premier ministre du pays, Abdelmalek Sellal, est un homme brillant et intelligent qui plait à des gens comme Cameron et François Hollande : il est décontracté, bien élevé et est un doyen du service civil algérien. Il est donc facile d'oublier que Sellal était ministre de l'Intérieur de 1998 à 1999 lorsque le soulèvement islamiste a été soi-disant détruit. L'un de ses prédécesseurs, Abderrahmane Meziane-Chérif, m'a parlé autrefois de ses principes pour traiter avec les « terroristes ». « Un agriculteur peut être un éliminateur lorsqu'il enlève les mauvaises herbes de son champ », avait-il dit. « Et parfois, un homme doit purifier l'eau et nettoyer les choses des insectes et des parasites. » Meziane-Chérif était surnommé « l'éradicateur ». 

Et bien sûr que les Islamistes qui ont pris autant d'otages en Algérie devaient porter au bout du compte la responsabilité du massacre. Aucun des deux camps ne fait de quartier ; ainsi, les otages, les passants, les civils sont des « dommages collatéraux » - eh oui ! Encore ce vocable odieux - pour les deux camps. Ce n'est pas non plus surprenant. Car le véritable mariage entre al-Qaïda et l'armée algérienne a commencé après l'occupation russe de l'Afghanistan.

    C'est une histoire très largement secrète qui n'a jamais été révélée entièrement, même à ce jour. Prêts à tout pour enrayer leurs pertes, le gouvernement soviétique avait demandé à leurs alliés socialistes algériens de les aider en matière de renseignements ; et les services secrets algériens ont envoyé leurs propres hommes en Afghanistan pour se faire passer pour des « moudjahidin » aux côtés de véritables islamistes algériens combattant pour Oussama ben Laden. Les informations en provenance de ces espions militaires algériens permirent aux forces soviétiques de riposter. Mais lorsque les Russes partirent et que les Algériens rentrèrent chez eux, l'armée donna l'ordre à ses propres hommes de rester sous couverture avec les groupes islamistes.

    Alors, quand la terrible guerre civile débuta, pour maintenir leur couverture, certains agents ont participé aux massacres de civils. Et ils ont donc été contaminés par les atrocités. Ce n'est pas un récit que reconnaît le gouvernement algérien. Et l'Ouest n'examinera pas non plus cette histoire effroyable. Mais la réalité est que les véritables Cobras du monde des renseignements vivent au sein du « pouvoir » militaire algérien. En comparaison, le Cobra de Downing Street - la célèbre « commission » de sécurité de David Cameron - n'est qu'une humble couleuvre assoupie.

    Robert Fisk
    The Independent
    18 janvier 2013 


    Titre original : Algeria's bloody slaughter was utterly predictable

    Traduction : JFG-QuestionsCritiques

    Note de la rédaction :

    (*) Le massacre de Hama résulte de la répression, par le pouvoir syrien d'Hafez el-Assad, des insurgés de la ville de Hama en février 1982. On estime entre 7.000 et 35.000 le nombre de victimes1 lors de la répression de cette insurrection.

    Correspondance Polémia – 24/01/2013

  • Entre l’empire et le royaume, il faut choisir !

    La France, et c’est son génie profond, a hérité des Grecs cette méfiance de l’Hybris, la démesure. Au grand, il est toujours possible d’ajouter une quantité supplémentaire, indéfiniment... Face à la démesure des monuments barbares ou des empires asiatiques aux limites jamais indépassables, les Grecs opposaient un idéal d’harmonie issu de justes proportions. C’est au moment « où elle ne fut qu’elle-même, qu’Athènes fut le genre humain » remarquait Charles Maurras ; ce fut sa fin lorsque les Macédoniens de Philippe et Alexandre l’entraînèrent à se répandre dans le monde, de l’Indus au Nil.
    La France s’est volontiers (et peut-être un peu abusivement) attribué le rôle ambigu d’institutrice du monde ; mais cette prétention n’est possible qu’au prix d’une renonciation à l’empire du monde. Dans les sociétés indo-européennes, comme en Chrétienté, l’autorité spirituelle doit toujours être distincte du pouvoir politique... On le sent : rien n’est plus contradictoire au génie territorial de la France que cette Europe sans frontières, à six, à douze ou à trente-six, avec ou sans la Turquie, l’Angleterre ou le Kamtchadka...
    La singularité de la France
    Les Flamands n’ont pas grand chose à perdre avec l’Europe, les Polonais peuvent espérer mieux subsister dans un vaste conglomérat que partagés entre la Prusse, la Russie et l’Autriche.
    L’identité des Sardes, des Grecs, des Hongrois ou des Irlandais s’est maintenue sous la domination piémontaise, turque, autrichienne ou anglaise, pourquoi ne parviendrait-elle pas à se maintenir au sein de l’empire européen ? Et tant mieux si l’on profite un peu de la manne bruxelloise accordée aux contrées sous-développées... La réalité ethnique est dotée d’une force organique qui lui permet de tolérer les formes d’organisation politique les plus diverses.
    La “Germanie”, tant est évidente la fraternité (les germains c’est-à-dire les frères), les liens de sang et de langue, s’est maintenue 1870. Jusqu’à ce que la France, au XIXe siècle, veuille dans sa passion idéologique exporter le principe de l’État-nation qui lui avait si bien réussi.
    Les grandes cités peuvent même trouver quelque intérêt à ne dépendre que d’un État assez lointain pour ne pas trop les contraindre : un Milanais restera Milanais, qu’il soit rattaché à l’Italie, à la Padanie, ou à quelque empire européen.
    Italiens ou Allemands n’ont pas grand-chose à sacrifier en acceptant de voir transférer à un État supranational une souveraineté qui ne date au fond que de quelques dizaines d’années. Ne parlons même pas des Tchèques, des Maltais ou des Biélorusses... L’État belge a été créé par un compromis entre l’Angleterre et la France, il ne trouve sa légitimité que dans l’utilité des services qu’il peut rendre à ses habitants, et n’importe quelle autre puissance publique ne sera-t-elle pas aussi légitime si elle parvient à rendre des services équivalents ?
    La France n’est pas une
    Mais au milieu de ces États fonctionnels et de ces ethnies, la France apparaît comme une communauté non ethnique, un État nation paradoxal. La nation française, à l’évidence, n’est pas une ethnie ; et plutôt que de parler du peuple français, ne devrait-on pas parler des peuples de France : celtes, gallo-romains, germaniques, catalans, basques, corses, arvernes, ligures ou flamands... ?
    La France n’est même pas une langue ; même si le français est le bien commun des Français. D’abord parce que ce bien commun, les Français le partagent avec bien d’autres peuples plus ou moins partiellement francophones.
    Par ailleurs, l’unification linguistique n’est qu’une réalisation tardive due en grande partie au jacobinisme de la République qui s’acharna méthodiquement contre les langues provinciales qu’elle jugeait menaçantes pour l’unité d’une nation qui avait perdu son fédérateur historique. Or ces langues provinciales, breton, occitan, flamand, basque, corse ou catalan c’est aussi le patrimoine de la France...
    La France n’est pas une unité ethnolinguistique ; elle ressemble par ce trait à la Suisse, fédération de peuples et de cultures. Dans ces deux cas, il s’agit d’un rassemblement politique dont la cause réside dans un fédérateur. Fédérateur externe pour la Suisse - il s’agit d’échapper à l’emprise des Habsbourg -, fédérateur interne pour la France : l’État capétien. Si le jardin de France est l’oeuvre d’art de la dynastie capétienne, il n’y a pas de raison de penser que la diversité des essences puisse nuire à ce jardin.
    Creuset des identités réelles
    Cependant la France n’est pas qu’un État, c’est aussi une nation ; non une ethnie, mais un ensemble de peuples que des siècles d’histoire commune, un héritage plutôt heureux, ont progressivement transformé en une communauté de destin originale.
    La France est le type même de l’État-nation : État coïncidant avec une communauté humaine, communauté rassemblée et modelée par cet État, comme un jardin longuement amendé devient différent des terres qui l’environnent.
    L’illusion, d’abord celle des Français facilement portés à théoriser et à universaliser leur propre situation, puis celle de ceux qui ont voulu à toute force les imiter, a été de vouloir normaliser et exporter l’exception française : on sait les ravages provoqués par le principe des nationalités au XIXe siècle, le démantèlement de l’Empire austro-hongrois au début du XXe, et l’on peut douter de la pertinence d’États souverains comme la République centrafricaine ou celle de Bosnie... Mais on a réussi à faire croire que la dignité des peuples ne pouvait se passer de ces fantômes de souveraineté et de ces apparences d’États...
    Certes, il y a au composé français une base que je me garderais bien de mépriser et dont l’identité ethno-culturelle doit être, elle aussi, respectée : pour caricaturer celle des franchouillards à béret basque et à baguette de pain sous le bras qui peuvent dire : nos ancêtres les Gaulois. Dans cet ensemble peuvent s’insérer, parfois dans la douleur, des minorités que les hasards de l’histoire ont amenées sur notre sol : Arméniens, Juifs, habitants des territoires d’Outre-mer, immigrants de anciennes colonies ou d’ailleurs. L’assimilation de ces minorités dépend de nombreux facteurs dont les moindres ne sont pas la santé des communautés préexistantes qui forment la société française et l’existence d’une identité française nette qui ne saurait se maintenir en l’absence d’un État souverain.
    Faute de vraies communautés historiques de référence, et pour nous Français de notre État-nation, il y a fort à parier que dans un magma “européen”, les plus démunis ne chercheront leur salut que dans les identifications les plus frustes. Faute d’être béarnais ou même français, on se retrouvera, comme aux États-Unis : blacks, beurs, juifs, chinois ou comme on dit là-bas caucasiens.
    Une Europe artificielle
    Une Europe sans histoires (et donc sans l’histoire) ; une Europe sans passion, sans souffrance, sans tragique, mais sans lyrisme : aucun désir ne vient perturber la grisaille institutionnelle de cet O.P.N.I. (Objet Politique Non Identifié). On comprend la bourde des Américains d’avoir nommé Eurodisney le parc des petits Mickeys.
    Le concept est mauvais et il vaut mieux payer très cher pour tout rebaptiser Disneyland Paris. Paris, c’est au moins quelque part.
    Pour la première fois dans l’Histoire, on allait voir se construire un ensemble politique entièrement fondé sur ce que Max Weber appelait « la légitimité rationnelle légale ». Jamais une construction politique n’a tant ressemblé au modèle du contrat social, celui auquel rêvaient tous les “bons sauvages” et autres “Hurons” des salons français du XVIIIe siècle.
    Enfin, des individus, débarrassés des préjugés et autres aliénations liées aux conditionnements historiques, parviennent à accéder à la rationalité, à la volonté générale, c’est-à-dire à la volonté du général ! Les jacobins avaient dû mener de violents combats pour interdire toutes les particularités historiques communautaires, parlements provinciaux, corporations, jurandes, congrégations ou autres langues provinciales. L’Europe se bâtit directement sur les abstractions de la philosophie des “Lumières”. Aussi n’est-ce que par antiphrase que les institutions européennes ont pu pour un temps, être nommées “communauté”.
    Bien sûr, on peut s’interroger sur la stabilité et la continuité de ce zombie de la politique fondée sur une utopie aussi décharnée. On comprend que l’on puisse mourir pour sa foi, pour son roi, sa patrie, sa famille ou son honneur ; on a même pu mourir pour un drapeau. Mais qui accepterait de se sacrifier pour le traité de Maëstricht ou pour la défense des institutions bruxelloises ? Tant que ça n’est pas éprouvé, ça va, mais à la première tempête, que restera-t-il du château de cartes laborieusement laborieusement construit par tant d’érudits constitutionnalistes ?
    Il en est de cette Europe comme du volapuck, de l’espéranto et des deux-cents langues artificielles inventées depuis le XVIIIe siècle “pour que les hommes se comprennent enfin”... Pour que la langue qui abolira la malédiction de Babel soit la langue de tous, il importe qu’elle soit d’abord la langue de personne. D’où le caractère arbitraire, sous couvert de rationalité, de la fixation des racines du lexique ou des règles de la syntaxe. Mais on constate que, très vite, les disciples entrent dans une relation oedipienne avec le fondateur. À un usage arbitraire, on peut toujours substituer un autre usage que la faiblesse humaine trouvera toujours meilleur puisqu’il est susceptible d’illustrer celui qui le propose. C’est ainsi qu’au volapuck succède un volapuckbis et un volapuckter et que la langue qui était faite pour communiquer avec tout le monde a pour destin de ne communiquer avec personne.
    Quel mythe fondateur ?
    Pourtant il serait possible de sortir le projet européen de ces utopies fantomatiques de la philosophie française des Lumières. L’histoire de l’Europe ne manque pas d’événements qui pourraient servir de mythe fondateur. Mais ils présentent de sérieux inconvénients,  surtout pour nous autres Français, et sont susceptibles de diviser autant que d’unir. On pourrait par exemple s’appuyer sur le thème de la vieille culture indo-européenne (au risque de chagriner les Basques, Étrusques, Hongrois et autres Finnois), mais au-delà de quelques érudits comme Dumézil, l’idée a trop été marquée par les nazis.
    L’Empire romain ? Cela ravirait les héritiers des Gibelins, en Italie ou ailleurs. Mais cela concerne tout le monde méditerranéen et en rien l’Europe du Nord.
    Politique capétienne
    Il y aurait bien des raisons d’enraciner l’Europe dans la Chrétienté : la structure épiscopale a maintenu un semblant d’administration lors de l’effondrement de l’Empire romain, les ordres monastiques, les bénédictins au premier rang, ont établi une certaine unité spirituelle et intellectuelle dans l’anarchie et les replis locaux du haut Moyen-Âge, les pélerinages (Saint-Jacques-de-Compostelle, Jérusalem) ont relancé la circulation des personnes, et la papauté a longtemps joué un rôle d’autorité spirituelle commune. L’aventure des Croisades, celles du Proche-Orient, celles de la Reconquiesta fondatrice de l’Espagne et du Portugal, celles des chevaliers teutoniques au Nord, pourraient donner ce supplément d’héroïsme qui manque tant à notre construction marchande sans État spécifique jusqu’en et technocratique. Mais la Chrétienté s’est brisée lors de la Réforme, et dans nos sociétés “séculières”, on voit mal comment ce thème pourrait servir de mythe fondateur ; sans compter l’opposition résolue de tous les adeptes d’une laïcité de combat. La politique capétienne s’est toujours exercée contre les tentatives d’instauration d’empire européen que ce soit celle du Saint- Empire othonien ou celles de la Maison de Habsbourg .
    Qui en France connaît la date où les Turcs furent repoussés de Vienne ? Comment fêter avec les autres peuples d’Europe la grande victoire de Lépante ? L’histoire scolaire ne nous a pas transmis ces références pour la bonne raison qu’à l’époque Charles IX était l’allié des Turcs, comme plus tard Richelieu fut l’allié des princes protestants contre la Maison d’Autriche.
    Toute l’existence de la France suppose un travail systématique de lutte sourde ou ouverte contre la mise en place d’une hégémonie impériale en Europe. C’est pourquoi l’Europe que prétendent promouvoir les gouvernements français est si ectoplasmique. Le contraire amènerait à révéler la contradiction entre deux traditions antagonistes en Europe, celle de l’empire et celle du royaume.
    On peut vouloir la constitution d’une Europe supranationale, on peut vouloir persévérer dans l’identité française, mais on ne peut vouloir les deux. Entre l’empire et le royaume, il faut choisir.
    Michel MICHEL L’Action Française 2000 du 20 septembre au 3 octobre 2007
    Sociologue Université de Grenoble II

  • Mali-Algérie Comment éviter un nouvel Afghanistan ?

    Bernard Lugan*
    le 21/01/2013
    modifié le 21/01/2013 à 16:49h

    L’intervention française au Mali conduit à quatre grandes réflexions :
    1.Compte tenu des réalités frontalières, l’action de la France ne peut réussir que si l’Algérie la soutient. Or, la prise d’otages d’In Amenas, site stratégique hautement protégé, montre soit qu’Alger ne contrôle pas son territoire, soit que les islamistes ont des complicités au plus haut niveau de l’appareil sécuritaire d’Etat. Dans les deux cas, les conséquences pour l’opération Serval sont de la plus haute importance.
     
     
    2.Nous payons aujourd’hui au prix fort la politique de désengagement initiée sous Jacques Chirac puis amplifiée sous Nicolas Sarkozy à savoir, fermeture de bases et abandon de ces irremplaçables implantations qui étaient nos yeux et nos oreilles.
    3.La place laissée libre par la France fut prise par les Etats-Unis qui investirent de gros moyens, notamment au Mali. Ignorant la tectonique ethno-raciale sahélienne, ils y formèrent des cadres qui désertèrent au mois de janvier 2012 et contre lesquels nos soldats sont aujourd’hui engagés.
    4.Ceux qui ont lancé la guerre contre le colonel Kadhafi étaient des irresponsables et je n’ai cessé de le dire depuis le premier jour. Outre qu’ils ont provoqué une réaction déstabilisatrice en chaîne, ils ont armé les jihadistes. Il faut en effet savoir que certaines des armes aujourd’hui utilisées contre nos soldats proviennent de nos propres arsenaux et qu’elles furent généreusement parachutées aux « démocrates » libyens chers à BHL.
     
    Ceci étant, quelle est la réalité de la situation ?

    Concernant l’Algérie, il est difficile de croire que les islamistes qui ont investi une station gazière saharienne dans un secteur hautement surveillé proche de deux frontières sensibles n’ont pas bénéficié de complicités au plus haut niveau de l’État. D’autant plus que les centaines de véhicules utilisés par les jihadistes sont ravitaillés en carburant depuis l’Algérie. Tout le monde sait également que la sécurité algérienne a des contacts avec les groupes islamistes les plus radicaux puisque c’est elle qui les créa jadis dans le contexte de la guerre civile, afin de discréditer et diviser ses adversaires.
     
     
    Comme je l’ai exposé dans un précédent numéro de l’Afrique Réelle consacré à l’Algérie, une sourde lutte de clans se déroule actuellement en coulisses à Alger dans le contexte de la succession du président Bouteflika. Or, contre toute attente, ce dernier semblant vouloir s’engager dans la course pour un quatrième mandat, bien des appétits se retrouvent frustrés ; tout ce qui pourrait affaiblir le président potentiellement candidat peut donc leur être utile, à commencer par un dérapage de la situation sécuritaire.
  • Le Qatar financerait les groupes islamistes du Nord Mali !

    Le Qatar, c’est ce petit pays qui rachète la France morceau par morceau, comme nous avons déjà eu l’occasion de le manifester sur ce site.

    En juin dernier, l’hebdomadaire satirique français “Le Canard Enchaîné”, citait une source de la Direction du renseignement militaire français (DRM) selon laquelle le riche émirat gazier du Qatar,  le prince al-Thani, financerait les groupes islamistes qui avaient pris le contrôle de l’Azawad, dans le Nord-Mali.

    Selon cette source, « les insurgés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA indépendantiste et laïc), les mouvements Ansar Eddine, Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) ont reçu une aide en dollars du Qatar ».

    Au début de l’année, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) aurait transmis plusieurs notes à l’Élysée, informant la présidence des « activités internationales » du Qatar. Apparemment sans grand effet, le prince al-Thani étant un grand allié de l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

    Cette hypothèse paraît aujourd’hui confirmée par le Figaro. Le 20 janvier dernier, celui-ci évoquait l’équipement des djihadistes, auteurs de l’attaque du site gazier d’In Amenas : «On a trouvé parmi leurs kalachnikovs un modèle typiquement ­libyen, l’AK104, confie une source proche des militaires. Mais aussi des roquettes F5, petits modèles apparus pendant la guerre en Libye.» Leurs tenues aussi venaient de Libye : «Il s’agit de celles données par le Qatar aux rebelles du CNT (Conseil national de transition), reconnaissables à leur couleur ».

    Nous admettons donc nous être trompés en constatant que le Qatar rachetait la France morceau par morceau : manifestement, avec son argent et ses jeux d’alliances, il semble vouloir acheter la terre entière et y asseoir sa domination…

    http://www.contre-info.com/

  • « Du djihad aux larmes d'Allah : Afghanistan, les sept piliers de la bêtise » du Colonel Cagnat

    Lorsque François Hollande s’est adressé aux Français, en novembre dernier, pour les assurer de son engagement à ne pas intervenir militairement au Mali en y envoyant des troupes au sol, on aurait pu penser qu’il avait lu le livre du colonel Cagnat, publié peu de temps avant. Avec une plume de révolté, cet ancien officier supérieur d’infanterie cherche à faire réfléchir son lecteur à travers son expérience de terrain en Asie centrale et sa riche carrière militaire sur les enseignements à tirer de plus de dix ans d’intervention occidentale en Afghanistan. Cet ouvrage, dont Polémia présente ici une recension à ses lecteurs de Bertrand Renouvin, est à verser au dossier de la guerre du Mali. L’auteur redoute, après le départ de Kaboul de l’OTAN, une contagion de la déstabilisation dans les pays voisins. En Afrique, après avoir constaté, suite à la chute de Kadhafi, les désordres survenus au Mali frontalier, ne peut-on pas craindre dans cette ancienne Afrique occidentale française les mêmes phénomènes ?
    Polémia
     

    Colonel d’infanterie, docteur en sciences politiques, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, René Cagnat s’est établi au Kirghizstan après avoir été attaché militaire dans plusieurs pays de l’Est et en Asie centrale.

     

    L’ouvrage qu’il vient de publier (1) dénonce les erreurs tragiques commises par les Américains en Afghanistan, analyse les conséquences de leur échec et ouvre le débat sur les moyens d’y remédier.

     

    René Cagnat fait partie de ceux qu’on n’écoute pas. Ils sont nombreux dans cette confrérie formée d’hommes et de femmes riches d’expériences et de savoirs toujours généreusement offerts pour le service de la France. En haut lieu, on refuse de les connaître, au mieux on lit leurs notes sans rien en retirer parce qu’elles sortent du cadre assigné. De droite ou de gauche, les dirigeants tiennent un anti-discours de la méthode : ils prennent au sérieux les experts qui sont de leur avis et de leur monde mais récusent sans les discuter les analyses dérangeantes et novatrices. Le coup à jouer, le plan de communication efficace, le respect de la Pensée correcte nationale et mondialisée sont les critères d’une réussite attestée par les éditoriaux du Monde et de Libération.

     

    C’est ainsi que Jacques Chirac et Lionel Jospin et surtout un Nicolas Sarkozy qui a longtemps bénéficié de la complicité du Parti socialiste, ont jeté la France et ses soldats dans le piège afghan. Décisions insensées, qui marquent cruellement la dérive occidentaliste de nos oligarques. Décisions jamais soumises au débat dans notre pays car je sais de source sûre que l’Elysée a pris soin, entre 2007 et 2012, de contrôler étroitement tout ce qui était écrit dans la grande presse sur l’Afghanistan. Bien entendu, les spécialistes pouvaient librement publier des livres et des articles – y compris dans la revue Défense nationale – mais l’audience de Jean-Dominique Merchet (2), de René Cagnat, de Gérard Chaliand (3) restait limitée.

     

    Pourtant, ceux qui ont averti que l’affaire afghane était mal engagée, puis expliqué pourquoi les Américains perdaient cette guerre, étaient dans le vrai. René Cagnat présente et reproduit dans son livre les articles qu’il a publiés depuis 2001. Ce ne sont pas ceux d’un anti-américain : il a espéré que les Etats-Unis joueraient un rôle positif en Asie centrale puis montré comment l’OTAN pourrait se redéployer utilement dans cette région du monde. Ce ne sont pas ceux d’un prophète de malheur : il propose une politique permettant d’éviter que le Très Grand Jeu ne se fasse au détriment de la France et de la grande Europe. C’est pour préparer l’avenir que René Cagnat fustige les sept piliers de la bêtise américaine dont il a pu constater les effets désastreux depuis Bichkek et sur place, à Kaboul :

     

    1/ Le bombardement de l’Afghanistan à partir du 7 octobre 2001 est un acte de vengeance qui consiste à faire payer à des Afghans innocents – surtout des Pachtouns – l’attentat qui a tué les Américains innocents du World Trade Center. « C’est une victoire pour Ben Laden, car les bombes rassemblent les Pachtouns derrière les Talibans dressés contre les infidèles et tenants du devoir d’hospitalité ». Contre Al-Qaïda, c’est une guerre de renseignement qu’il aurait fallu mener.
    2/ Les Américains n’ont pas tenu compte des leçons de leur échec au Vietnam et de l’échec soviétique en Afghanistan : ils ont mené une guerre classique mais la maîtrise du ciel, les systèmes d’armes hautement performants et le contrôle des grandes villes n’ont pas pu détruire les Talibans qui, au contraire, se sont renforcés après avoir abandonné Kaboul.
    3/ Bénéficiant du soutien plus ou moins actif d’une partie de la population afghane, les Talibans ont pu mener leurs opérations à partir de leurs bases au Pakistan, pays allié des Etats-Unis mais qui a mené un double jeu afin d’assurer à terme son influence prépondérante à Kaboul et sur les territoires pachtouns.
    4/ Parce qu’ils ignoraient délibérément les réalités afghanes, les Etats-Unis ont voulu démocratiser à l’américaine un pays musulman composé de peuples différents, dominé par des seigneurs de la guerre et résolument hostile aux agressions étrangères. « Au lieu d’installer un fantoche de plus à Kaboul [le douteux Hamid Karzaï], il fallait recourir à la famille royale autour de Zaher Shah. Avec une restauration véritable de la royauté, il y aurait eu à Kaboul, grâce à l’immense prestige de Zaher Shah, une autorité respectée en mesure de rétablir les subtils équilibres ménageant une paix relative entre les ethnies ».
    5/ Trop faible et mal répartie, l’aide financière n’a pas permis de reconstruire l’Afghanistan selon un plan méthodique de développement. L’aide étrangère est la source d’une immense corruption, qui touche les dirigeants afghans mais aussi les milieux occidentaux.
    6/ L’islamisme a été sous-estimé. Dans les zones tribales, les Talibans ont pu former des fanatiques toujours prêts au sacrifice suprême. « La conception stratégique aussi bien que l’action tactique sur le terrain ont incombé le plus souvent à des responsables et officiers totalement ignorants de l’histoire, de la sociologie, des spécificités de l’Afghanistan et même de l’islam ». Le sursaut d’intelligence incarné par le général Petraeus n’a été qu’une parenthèse sans incidence positive sur le déroulement de la guerre. Au lieu de freiner l’insurrection, les campagnes d’élimination des cadres talibans en Afghanistan et, au moyen de drones, au Pakistan, n’ont fait qu’ajouter la haine à la haine.
    7/ La lutte contre la drogue n’a pas été engagée. Pourtant, les Talibans l’avaient interdite et les contrevenants étaient exécutés. Mais les Américains n’ont pas voulu déplaire à leurs alliés de l’Alliance du Nord, grands producteurs de pavot. Au contraire, à Kaboul en 2003, les milieux bien informés m’avaient affirmé que la CIA encourageait la culture du pavot afin de s’attirer les bonnes grâces des seigneurs locaux. Le résultat de cette brillante politique ? Tout simplement ceci qui est à tous égards accablant : « les narcotiques ont rapporté en 2007 plus de 80 milliards de dollars aux trafiquants afghans qui s’efforcent de « commercialiser » un tonnage d’opium qui est équivalent à 92% de la production mondiale ». En Asie centrale, en Russie, en Europe de l’Ouest, nous constatons les effroyables dégâts engendrés par ce commerce.

     

    Ce que je présente comme un bilan des erreurs, des fautes et des crimes américains a été dénoncé tout au long de la décennie par ceux, civils et militaires, qui avaient appris à connaître et à aimer l’Afghanistan. Décidé par Nicolas Sarkozy pour plaire aux Américains et marquer le retour complet de la France dans l’OTAN, l’envoi en 2009 de soldats français dans des zones très dangereuses fut une aberration couverte, il faut le répéter, par le Parti socialiste : la guerre était manifestement perdue dès 2007 et l’engagement français n’a été précédé d’aucune discussion sur les buts de la guerre, sur la stratégie, sur la tactique, sur la présence de mercenaires, sur le gouvernement du pays. On s’est contenté, à l’Elysée, de reprendre les slogans de la guerre contre le terrorisme alors que nul n’ignore que le terrorisme se combat par les actions de renseignement et les opérations spéciales. L’armée française, qui s’est comportée avec courage et intelligence, sans se livrer aux actes insultants et criminels des Américains, a durement payé les rodomontades qui cachaient l’alignement sarkozyste : au mois d’août 2012, nous déplorions 88 tués et 700 blessés.

     

    Maintenant amorcé, le départ de nos soldats ne doit pas détourner la France de l’Asie centrale. Tels que les présente René Cagnat, les scénarios pour l’Afghanistan sont d’une plus ou moins grande noirceur : constitution d’un narco-Etat par improbable consensus entre Afghans, guerre civile, parachèvement de la domination talibane sur une partie du pays. Il est donc urgent de concevoir une action politique et militaire pour la défense de l’Asie centrale, qui est en continuité territoriale avec l’Europe continentale et qui la pénètre – par exemple au Tatarstan (4).

     

    Quant à cette défense de l’avant, nous avons déjà fait écho aux analyses et aux propositions de René Cagnat, dans l’espoir de susciter un débat public qui n’a pas eu lieu (5). Nous continuons à le demander, car les dirigeants socialistes risquent fort de mettre un terme à notre présence militaire en Asie centrale sous prétexte d’économies budgétaires, en laissant les Etats-Unis faire n’importe quoi.

     

    Les échecs des Américains au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, prouvent leur incompréhension totale des guerres non-conventionnelles et leur manque d’intérêt pour les nations et les peuples au sein desquels ils déploient leurs troupes. Leur doctrine de la guerre d’anéantissement (6) est à l’opposé de la nôtre, toujours inspirée par le souci politique. Cette opposition radicale des conceptions et des méthodes devrait nous conduire à quitter définitivement l’OTAN et à nous garder de toute action militaire aux côtés des Etats-Unis.

     

    Les affrontements violents qui se sont déroulés en juillet à Khorog , principale ville du Pamir, soulignent le risque de déstabilisation, au Tadjikistan et au Kirghizstan, des zones proches de l’Afghanistan. Notre présence militaire à Douchanbe et nos relations cordiales avec les gouvernements nationaux et avec les troupes russes basées au Tadjikistan et au Kirghizstan devraient permettre des actions communes contre les infiltrations islamistes et les trafiquants de drogue.

     

    Plus généralement, il nous faudrait tracer avec la Fédération de Russie et avec les nations ouest-européennes qui le souhaitent les lignes de défense de l’Europe continentale et une doctrine d’intervention qui, loin de tout occidentalisme, permettrait de protéger et de promouvoir les intérêts communs.

     

    Bertrand Renouvin, http://www.polemia.com/
    Le blog de Bertrand Renouvin
    31/12/2012

     

    Notes

     

    (1) René Cagnat, Du djihad aux larmes d’Allah, Afghanistan, les sept piliers de la bêtise, Editions du Rocher, 2012. Toutes les citations sont tirées de ce livre.
    (2) Jean-Dominique Merchet, Mourir pour l’Afghanistan, Jacob-Duvernet, 2008.
    (3) Gérard Chaliand, L’impasse afghane, L’aube, 2011.
    (4) Cf. ma Lettre de Kazan sur mon blog
    (5) Cf. Entretien avec René Cagnat, Royaliste n° … ainsi que mon éditorial du numéro 1010 « Défendre l’Asie centrale ».
    (6) Cf. mon compte-rendu de l’ouvrage du Général Vincent Desportes : Le piège américain dans Royaliste n° 997, et notre entretien avec Thomas Rabino, pour son ouvrage De la guerre en Amérique, dans Royaliste n° 1017.

     

    Article publié dans le numéro 1020 de Royaliste - 2012

     

    René Cagnat, Du djihad aux larmes d’Allah : Afghanistan, les sept piliers de la bêtise, Editeur : Editions du Rocher, Collection : Documents, Septembre 2012 148 pages

  • En fin de compte, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu

    Ex: http://mediabenews.wordpress.com/


    iran-wide

    La guerre contre l’Iran n’aura pas lieu… pour le moment. La guerre d’Iran n’aura pas lieu de sitôt même si ‘Pierrot le fou’ – Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël – crie « Aux loups, aux loups » à la Knesset – parlement israélien – pendant qu’Ahmadinejad – le Président iranien – ne l’écoute pas, ne l’entend pas, et pour cause…

    L’Iran connaît parfaitement les plans de l’hyène américaine et l’Ayatollah Khamenei sait également que le renard israélien ne commande pas au loup états-unien. C’est plutôt l’inverse (1).

    Tout ce que la Terre porte d’analystes, d’observateurs, d’experts militaires se sont émus la semaine dernière à l’annonce qu’un porte-avions de la Ve flotte américaine, furetant dans le secteur du détroit d’Ormuz, loin de son port d’attache, avait été chassé de la région par un exercice militaire iranien. Le navire risquait en effet de provoquer un incident-accident entre les deux belligérants se disputant le Golfe persan (2).

    L’incident n’était pourtant qu’un exercice de réchauffement avant la conflagration à venir. Après avoir assisté à ce coup monté, dites-vous que l’une des prochaines fois sera la bonne et que cet incident provoqué déclenchera non pas la ‘troisième guerre mondiale’ mais l’attaque américano-israélienne contre l’Iran que l’Amérique attend depuis si longtemps.

    Pourquoi pas cette fois, ni la prochaine, mais la suivante seulement ? Et pourquoi en 2013 et pas avant ? Pour répondre à ces questions il faut savoir pourquoi les USA en veulent tant à l’Iran. Si l’on ne sait pas répondre à cette question préalable, on en est réduit à conjecturer – à spéculer – à colporter les papiers d’intoxication médiatique des éditorialistes américains et israéliens.

    Posons d’abord une prémisse évidente. Neuf pays de par le monde possèdent l’arme atomique. Ce sont les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – entre 100 et 200 ogives – (3). Y a-t-il plus criminel que le gouvernement états-unien ? Y-a-t-il plus hystérique que le gouvernement israélien ? Y-a-t-il plus instable que le gouvernement pakistanais ? Y-a-t-il plus imprévisible que le gouvernement coréen ? Y-a-t-il plus soumis que le gouvernement du Royaume-Uni ? Y-a-t-il plus cynique que le gouvernement de Russie ? Y a-t-il plus agité que le gouvernement de Sarkozy ? Pourtant, ni l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) ni l’ONU ne suggèrent le désarmement nucléaire de ces gouvernements menaçants et incompétents.

    Il faut en conclure que la propagande à propos du danger nucléaire iranien n’est qu’un faux-semblant qui cache autre chose, d’autant plus que celui qui s’en dit le plus préoccupé-menacé est justement le seul qui ait utilisé l’arme atomique deux fois plutôt qu’une (Hiroshima et Nagasaki) et qu’il menace encore une fois de l’utiliser contre l’Iran – bombes de type Blu-117 – (4). Qui plus est, les États-Unis possèdent 2 200 têtes nucléaires et 800 vecteurs, de quoi détruire la planète toute entière (5). Que feront les deux ou trois bombes nucléaires iraniennes – à supposer qu’elles existent – montées sur des missiles Shihab-3 – 2 200 km de portée maximum – alors que les États-Unis se situent à 11 000 kilomètres du Golfe persique ? Moins d’une heure après une prétendue attaque iranienne, mille bombes nucléaires américaines pulvériseraient l’Iran ne laissant plus une âme qui vive (77 millions d’habitants). Espérons que nous en avons terminé avec cette fadaise de la menace nucléaire iranienne tout juste bonne à effrayer les retraités des salons de thé.

    Mais alors qu’est-ce qui justifie l’acrimonie états-unienne à l’encontre de la destinée iranienne ? Dans un papier, il y a tout juste une année, nous avions répondu à cette question – « Regardez du côté du détroit d’Ormuz », disions-nous (6).

    L’Iran a commis le crime de lèse-majesté de ne pas trembler quand Georges W. Bush l’a désigné à la vindicte de sa ‘communauté internationale’. L’Iran a l’outrecuidance de développer sa propre politique nationale plénipotentiaire. L’Iran a le culot de vendre son pétrole à la Chine en devises souveraines iraniennes. L’Iran s’approvisionne en armement auprès de la Russie honnie. L’Iran a choisi le camp de l’impérialisme chinois – l’ennemi irrédentiste de l’impérialisme américain. Enfin, l’Iran a le mauvais goût de posséder une frontière sur le détroit d’Ormuz par où transite près de 35 % du pétrole mondial, point de passage pétrolier que les États-Unis entendent bien entraver ou faire entraver  ! Pour que ce plan machiavélique fonctionne, les États-Unis doivent cependant colmater au moins deux brèches dans le dispositif de verrouillage pétrolier de la région du Golfe persique. Le projet Nabucco, un oléoduc irano-irako-syrien destiné à acheminer le pétrole iranien et irakien jusqu’en Méditerranée via le territoire syrien et le projet d’oléoduc des Émirats Arabes Unis destiné à contourner le détroit d’Ormuz pour l’acheminer directement jusqu’au port de Foujeirah (7). Pour ce dernier oléoduc ce ne sera pas compliqué ; les Émirats Arabes Unis sont sous protectorat américain et leur pétrole sera acheminé aux clients que Washington aura accrédités ; pour le premier cependant, rien n’est assuré et la subversion récemment entreprise contre la Syrie vise justement le contrôle de cet oléoduc.

    Dans un récent article nous demandions pourquoi la France et l’Euroland endossent la stratégie américaine visant leur propre étranglement pétrolier (8) ? En effet, si le détroit d’Ormuz est interdit à la navigation, c’est la Chine et l’Europe qui seront privées de carburant et non les États-Unis qui s’approvisionnent autrement. Ceci nous amène à conclure que l’Union Européenne devrait réviser ses politiques vis-à-vis de la Syrie et de l’Iran prochainement.

    China Marks 60 Years Of The Chinese Navy

    L’agression américaine contre la Syrie et l’Iran s’inscrit comme une étape de la guerre que se livrent les trois grands camps de l’impérialisme mondial – le camp états-unien – le camp de l’Euroland allié au camp américain jusqu’au 8 décembre dernier et dont il tente dorénavant de s’éloigner pour ne pas couler avec le dollar plombé – et le camp chinois, la superpuissance industrielle montante à laquelle sont associées l’Iran, la Syrie et la Russie.

    Un expert affirme que ce que nous décrivons ci-haut : « ce modèle militaire mondial du Pentagone en est un de conquête du monde » (9). Les États-Unis n’envisagent nullement de conquérir le monde. Leur puissance technico-militaire est énorme mais leur capacité militaire conventionnelle – humaine – est bien en-deçà de telles ambitions. Les Américains souhaitent simplement détruire les infrastructures urbaines, les infrastructures portuaires et les raffineries iraniennes de façon à punir ce pays pour sa dissidence ; faire un exemple auprès de tous les autres pays en voie de développement qui caressent des rêves d’indépendance nationale.

    Les États-Unis ne cherchent pas à s’emparer du pétrole iranien, ils en seraient bien incapables puisqu’ils ne songent nullement à débarquer des détachements de Marines et à s’installer à Téhéran. Quand on est impuissant à mater les talibans afghans, on ne songe même pas à occuper l’Iran.

    Les États-Unis cherchent plutôt à provoquer une crise économique, financière, monétaire mondiale qui frappera toutes les puissances impérialistes, dépréciera leurs monnaies (le Yuan et l’Euro – le Dollar, lui s’en va déjà à vau-l’eau) et les rendront dépendantes des marchés boursiers et des ressources énergétiques du monde anglo-saxon (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada) où la valeur des entreprises pétrolières s’élèvera de façon vertigineuse en même temps que la valeur de l’or noir (Golfe du Mexique, Alaska, Sables bitumineux de l’Alberta et Mer du Nord).

    Ce coup de « poker » démentiel et meurtrier ne provoquera pas la ‘troisième guerre mondiale’ – les deux autres blocs impérialistes concurrents ne sont pas encore prêts à engager un affrontement militaire contre la superpuissance nucléaire américaine représentant la moitié des dépenses militaires de la planète (10).

    Les peuples du monde souffriront énormément de cette crise économique profonde accompagnée d’une inflation importante, d’une hausse du chômage déjà catastrophique, d’une déprime boursière, de l’effondrement des hedge funds et des caisses de retraite des travailleurs ; cette crise enclenchera des soulèvements ouvriers, des grèves et des occupations d’usines jalonneront la guerre de classe – travail contre capital – sur le front économique que les opportunistes petits-bourgeois auront mission de liquider en proposant divers slogans réformistes pour sauver le système capitaliste.

    L’attaque américano-israélienne contre l’Iran n’aura pas lieu en 2012 – année d’élection américaine. Le sort de la Syrie doit d’abord être tranché ; pour Méphisto Obama et pour le Minotaure Netanyahu rien ne presse. Après l’élection il sera temps d’ouvrir les portes de l’enfer et de libérer les Cerbères des Guerres puniques contemporaines.

    Un indice pour ceux qu’il presse de savoir quand cela surviendra : il suffit de compter les grands navires de guerre américains qui mouillent dans le Golfe persique ; quand il n’en restera plus aucun, le combat de l’Armageddon tonnera dans la fournaise persane.

    Robert Bibeauhttp://euro-synergies.hautetfort.com/

    ________________________________________

    (1) « Déclarations d’Hillary Clinton et du secrétaire à la Défense Leon Panetta : « aucune option n’est écartée ». Panetta a toutefois indiqué qu’« Israël ne devrait pas envisager d’action unilatérale contre l’Iran », tout en soulignant que « toute opération militaire d’Israël contre l’Iran doit être appuyée par les États-Unis et coordonnée avec eux ». (Déclaration de Leon Panetta le 2 décembre au Saban Center, cité dans U.S. Defense Secretary : Iran could get nuclear bomb within a year – Haaretz, 11 décembre 2011. C’est l’auteur qui souligne.).

    (2) Il faut souligner toutefois que la flotte de guerre iranienne est chez-elle près des côtes d’Iran alors que la Ve flotte américaine est une intruse à 11 00 kilomètres des côtes américaines. 3.1.2012. http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/03/le-bras-de-fer-entre-l-iran-et-l-occident-se-poursuit_1624979_3218.html

    (3) Mordechaï Vanunu en entrevue avec Silvia Cattori. 2005. « non seulement on ne s’en prend pas à Israël, mais on aide même ce pays en secret. Il y a une coopération secrète entre Israël et la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Ces pays ont décidé de contribuer à la puissance nucléaire d’Israël afin de faire de ce pays un État colonial, dans le monde arabe. Ils aident Israël, parce qu’ils veulent que ce pays soit à leur service, en tant que pays colonialiste contrôlant le Moyen-Orient, ce qui leur permet de s’emparer des revenus pétroliers et de maintenir les Arabes dans le sous-développement et les conflits fratricides. Telle est la principale raison de cette coopération. ». http://www.silviacattori.net/article2313.html

    (4) Michel Chossudovsky 6.1.2012. Mondialisation. « (…) attaque contre l’Iran, mais aussi que cette attaque pourrait inclure l’utilisation d’armes nucléaires tactiques antiblockhaus ayant une capacité explosive allant de trois à six fois celle d’une bombe d’Hiroshima. » http://www.centpapiers.com/l%E2%80%99iran-face-a-une-attaque-a-l%E2%80%99arme-nucleaire-%C2%AB-aucune-option-n%E2%80%99est-ecartee-%C2%BB/91431

    (5) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/1089606/2010/04/06/Arsenal-nucleaire-americain-sur-terre-mer-ou-ciel-des-ogives-par-milliers.dhtml

    (6) La guerre contre l’Iran aura-t-elle lieu ? 14.01.2011.  http://bellaciao.org/fr/spip.php?article112543 et dans cet écrit datant de novembre dernier, Menacer l’Iran préparer l’invasion de la Syrie. 17.11.2011. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27724

    (7) http://www.voltairenet.org/Les-Etats-Unis-suspendent-leurs et http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/201201/09/01-4484169-emirats-un-oleoduc-pour-eviter-le-detroit-dormuz-bientot-operationnel.php

    (8) Deux mille douze avant et après ? http://www.centpapiers.com/deux-mille-douze-avant-et-apres/91333

    (9) Pierre Khalaf. Guerre au Proche-Orient : anatomie d’une menace. 24.10.2011. http://www.voltairenet.org/Guerre-au-Proche-Orient-anatomie-d

    Manlio Dinucci. Les USA ‘tournent’ la page et s’apprêtent à de nouvelles guerres. 7.1.2012. http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=28526

  • Mali : Tant que l'argent afflue, l'Ouest ne semble pas troublé par l'idéologie des monarchies du Golfe

    La France espère que les monarchies arabes du Golfe vont apporter leur aide à la campagne contre les rebelles djihadistes au Mali, a déclaré hier son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En visite aux Emirats Arabes Unis, M. Fabius a présenté brièvement les différentes aides possibles : en fournissant du matériel ou du financement - une requête ironique étant donné que l'on pense que les donateurs privés de ces pays sont les principaux soutiens d'al-Qaïda en Irak et en Syrie. P.C.

     

    L'Ouest a dépeint les dirigeants du Golfe comme des alliés
 naturels pour encourager les révolutions démocratiques

    Les Etats-Unis et les pays occidentaux se sont tournés depuis longtemps vers les monarchies du Golfe pour financer leurs actions dans le monde musulman et au-delà. Quelques fois, le financement a été direct, comme l'aide financière et matérielle que le Qatar a apportée aux rebelles libyens en 2011. D'autres fois, cela a été des subventions indirectes à des groupes, comme les moudjahidin afghans qui combattaient les Soviétiques, et avec lesquels l'Ouest ne voulait pas trop être associé publiquement. M. Fabius a dit que les donateurs se réuniraient vers la fin janvier à Addis-Abeba, pour financer une campagne africaine contre al-Qaïda. Il a déclaré : « Tout le monde doit s'engager à combattre le terrorisme. Nous sommes assez confiants que les Emirats iront aussi dans cette direction ».

Les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, d'une part, et les monarchies absolues du Golfe, de l'autre, ont été très contradictoires depuis que le Printemps Arabe a commencé, il y a deux ans. L'Ouest a décrit les rois et les émirs du Golfe, qui dirigent quelques-uns des Etats les moins démocratiques du monde, comme des alliés naturels pour promouvoir et financer les révolutions démocratiques en Libye et en Syrie.

Une contradiction supplémentaire est que l'Arabie Saoudite et ses dirigeants sunnites ont encouragé les salafistes dans tout le monde musulman - des militants fondamentalistes défendant une interprétation littérale du Coran - en payant pour leurs écoles et leurs mosquées. Tandis que la plupart des salafistes sont non-violents, leur idéologie est similaire à celle d'al-Qaïda.

La Libye de Mouammar Kadhafi était un donateur et un investisseur important en Afrique sub-saharienne et il est peu probable que les Arabes du Golfe soient prêts à dépenser autant d'argent. Même les rebelles syriens disent que les fonds qu'ils reçoivent arrivent épisodiquement et qu'ils sont inadéquats, conduisant au pillage généralisé par les chefs rebelles. Tandis que la France justifie son intervention au Mali en affirmant que celle-ci fait partie de la « guerre contre la terreur », son action pourrait provoquer plus de troubles dans cette région. Chose intéressante, un groupe rebelle au Nord, le MNLA séparatiste qui veut une patrie pour les Touaregs au Nord du Mali, aurait soutenu l'intervention française.
 

     

    Patrick Cockburn

    The Independent,
    16 janvier 2013
    Titre original : As long as the cash rolls in, the West appears untroubled by Gulf monarchies' ideology

     

    Traduction : JFG-QuestionsCritiques
    Correspondance Polémia – 21/01/2013

  • Lettre ouverte à Mohamed Moussaoui – par Michel Delenclos

    «Salamalikoum» (Bonjour)
    Le 12 janvier 2012, l'hôte de l'Élysée annonçait: «La France, à la demande du président du Mali et dans le respect de la Charte des Nations unies, s'est engagée pour appuyer l'armée malienne face à l'agression terroriste qui menace toute l'Afrique de l'Ouest.».
    Cela dit, vous vous êtes réjoui de cette déclaration car, selon vous, le chef de l'État évite : « à juste titre...de qualifier d'islamistes les éléments terroristes visés par l'intervention… Le CFCM salue cette précaution utile et nécessaire du président de la République dans le choix des mots, écartant ainsi tout amalgame et toute confusion entre islam et terrorisme...». 
    Désolé, mais pour ce qui me concerne, le suffixe «isme» est pertinent et il me parle: islamisme, mouvement politico-religieux qui préconise l'islamisation radicale, l'application des lois islamiques aux institutions, au droit, etc. Ce terme est d'autant plus pertinent que ces «terroristes» se revendiquent, eux-mêmes, comme tels: Front islamique du salut «FIS», Groupe islamique armé «GIA», Al Qaïda au Maghreb islamique «AQMI».
    «Terroristes ou terrorisme», de par le monde et en tout temps, toute forme de terrorisme s'est exprimée pour le malheur d'innocents, de femmes et d'enfants devenus des objets. Dénoncer le terrorisme islamique c'est l'identifier, l'isoler et l'incriminer comme tel. Alors, je vous propose, Monsieur Moussaoui, lors d'un prêche ou publiquement, de faire cette fois-ci le choix des acteurs (et non pas des mots), des responsables incontestables et, de sommer ces terroristes de ne plus se revendiquer de l'islamisme «écartant ainsi tout amalgame et toute confusion entre l'islam et terrorisme», selon vos propres termes. Adressez-vous à ces «saints» pour leur rappeler que Allah est amour, tolérance et paix. Comme président du Conseil français du culte musulman «CFCM» et comme membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme «CNCDH» qui, en son sein rappelle les principes élémentaires de la civilisation, je veux croire que vous serez entendu. Et puis, toute ambiguïté disparaîtra, votre posture s'affermira et vous serez mieux compris de tous, davantage écouté.
    J'étais enseignant en Algérie et j'ai aimé les enfants qui m'étaient confiés, tous les enfants qui me le rendaient bien, tout comme leurs parents qui me disaient: «Ah Kouhia, tu es bon comme la mie de pain.». Alors, lorsque je vois cette photo de classe, prise récemment en Algérie, je suis révulsé. Pas de religion dans l'enseignement scolaire. En dehors. Dehors.
    Photo publié sur le site «Soleil d'Algérie»
    Accompagnant cette photo (ci-contre), voici ce que l'éditorialiste algérien, Benchenouf Djamaledine, exprimait: «On est foutus les gars!».
    Bientôt, ils vont les prendre au berceau. Certains, en regardant cette scène, vous diront «ma cha allah! (comme Allah veut, traduction de l'auteur). Ils oublient juste, qu'à cet âge-là, l'esprit de l'enfant est une page blanche, où on peut inscrire ce qu'on veut, n'importe quelle religion, et n'importe quoi. 
    C'est juste prendre possession d'une innocence, et la formater de la même manière que nous avons nous même été cintrés au même âge et, ainsi de suite jusqu'à ce que mort de la conscience vive s'ensuive. Cela s'appelle du conditionnement. De l'endoctrinement. Et, le pire, est que ce qu'on fourgue à ces gosses, c'est juste de faire comme les aînés, d'adopter leurs mêmes attitudes, faussement dévotes, pour tromper l'ennemi, pour tromper Dieu lui-même. Parce que, dans ces attitudes hypocrites, il y a tout ce qu'on veut, sauf de la foi.»
    Nier le terrorisme islamique, c'est nier et renier ces enfants déjà sacrifiés. Et cela, c'est du terrorisme.
    Non, je ne peux comprendre que vous vous félicitiez qu'un président, qui s'est dit «normal»*, lequel en adoptant votre rhétorique, nie l'Histoire, nie les réalités et abandonne ces enfants condamnés dès le berceau. Séparez le bon grain de l'ivraie.
    «Assalami aalaykum» M. Mohamed  Moussaoui. (la paix soit avec vous, traduction de l'auteur)

    (*) Si, en 2004, pour «Paris-Match», V. Trierweiller avait établi un portrait de «l'homme normal», c'est le récit de Kader Arif qui rapporte que, le 08.12.2010 à Alger, sortant d'une visite de la basilique Notre-Dame-d'Afrique, Hollande a lâché spontanément aux quelques journalistes présents : « Le temps d'un président normal est venu… »

    http://www.francepresseinfos.com/

  • L’Ukraine, l’Otan et « l’Europe de la défense »…

    Evènement passé largement sous silence du fait de l’actualité au Proche-Orient, le Parlement ukrainien a enterré jeudi dernier le souhait du précédent président ukrainien, « l’ami des Américains » Viktor Iouchtchenko qui défendait l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan. 253 députés sur 450, soit les soutiens de l’actuel chef de l’Etat, Viktor Ianoukovitch, ont adopté en première lecture une loi qui, si elle évoque « la poursuite d’une coopération constructive avec l’Otan », passe à la trappe toute possibilité d’adhésion. Ce texte prône « le maintien par l’Ukraine d’une politique de non-alignement, ce qui signifie sa non participation à des unions militaro-politiques ». Une incontestable victoire pour Moscou qui voyait d’un très mauvais œil cette nouvelle « conquête » de l’Alliance atlantique à ses frontières, confirmant la manœuvre d’encerclement de la Russie menée avec constance par les Etats-Unis depuis la chute du communisme…
    « Je suis sûr que (ce statut de pays non aligné,) correspond aux exigences du temps et nous allons la maintenir rigoureusement », a déclaré M. Ianoukovitch qui a opéré depuis son arrivée au pouvoir un très sensible rapprochement avec la Russie. L’opposition gravitant dans l’orbite de Washington a vivement réagi. L’ex ministre des Affaires étrangères, Boris Tarassiouk, a estimé que l’abandon de l’adhésion à l’Otan « fait (de l’Ukraine) une colonie de l’Etat voisin (la Russie)». «Ce projet de loi relève de la réalisation de la volonté du Kremlin » a estimé le député d’opposition, Ivan Zaïats. Reste qu’il est facile de répliquer à MM. Tarassiouk et Zaïats qu’il est tout aussi permis de s’interroger sur le fait de savoir « à la réalisation de quelle volonté » œuvre les partisans de l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan…
    Le texte voté par le parlement ukrainien est aussi une réponse au souhait formulé par le président russe, Dimitri Medvedev, lors de sa visite à Kiev en mai dernier, de voir l’Ukraine adhérer à l’Organisation du Traité de sécurité collective (ODKB) qui a vu le jour en juin 2009. Un groupement régional que Moscou espère utiliser comme contrepoids à l’Otan, qui est composé, outre la Russie, d’anciennes républiques soviétiques, le Belarus, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.
    Si la France et l’Allemagne étaient assez clairement opposées à l’entrée de l’Ukraine au sein de l’Alliance atlantique, Viktor Ianoukovitch, à l’instar de son prédécesseur, reste favorable à l’adhésion de son pays à l’UE. Une « intégration européenne (qui) reste la priorité supérieure de notre politique extérieure » a déclaré M. Ianoukovitch.
    Une Union Européenne elle-même largement sous contrôle américain, notamment via l’Otan, qui ruine l’idée même d’une « Europe de la défense » proposée par certains partisans de l’intégration européenne. Comme le note Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération et animateur du blog Secret défense, « la défense européenne ne verra pas le jour. Déjà moribonde, elle a sans doute reçu le coup de grâce avec le retour de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’Otan, en 2009. Qui, au delà des discours, se soucie aujourd’hui de construire une Europe de la défense à Vingt-sept ? Et pour quoi faire d’ailleurs ? ». That is the question…
    « Durant des années, rappelle-t-il, la France opposait défense européenne et Otan. Une posture tellement solitaire qu’il a fallu l’abandonner pour une simple raison : on ne peut construire l’Europe tout seul. Puis vint l’époque dont nous sortons progressivement : ne plus opposer défense européenne et retour dans l’Otan, mais les considérer comme les deux jambes d’une même politique. En rassurant nos alliés atlantistes, la réintégration de la France allait permettre de renforcer ce que l’on appelait jadis le pilier européen de l’Alliance. Nous en sommes loin. En matière militaire, l’Europe ne peut être que la somme des capacités et des volontés nationales. Que voit-on ? De nouvelles réductions des budgets, et donc des moyens, dans tous les pays: Italie, Allemagne, Espagne, Grèce, Royaume-Uni et bien sûr France. Difficile pour Paris de se poser en donneur de leçons alors que la loi de programmation militaire va être amputée de plusieurs milliards (…) ».
    « Rentrer dans l’Otan pour faire avancer l’Europe. Seuls les naïfs y croyaient vraiment » poursuit M. Merchet qui évoque pour finir le cas de notre actuel ministre de la Défense, Hervé Morin, qui « appartient à une famille politique, les centristes de Jean Lecanuet, partisans du fédéralisme européen et de l’atlantisme ». « Une famille qui ne s’est jamais ralliée que du bout des lèvres, et sur le tard, à la politique gaullienne d’indépendance nationale et de dissuasion nucléaire. Les choses sont plus complexes avec l’UMP, qui est, pour partie, l’héritière de la famille gaulliste. En principe » conclut-il. Personne n’ignore en effet que cette notion d’indépendance nationale, attachée effectivement dans l’inconscient collectif à l’héritage gaulliste, a été depuis longtemps jetée aux orties par la droite mondialiste.
    http://www.gollnisch.com

  • L’idéologie contre l’Afrique

    Allons-nous longtemps encore faire semblant de croire que les échecs de l’Afrique seraient dus à un déficit de démocratie, à l’absence de classes moyennes, au sous-équipement ? Ce continent n’aurait-il, comme ambition, que celle de nos experts, à savoir les courbes du PIB ou du PNB et les "bons points" de l’ajustement structurel ?
    Les pays "développés" s’obstinent dans le consensuel refus de trois réalités :
    1) les problèmes africains ne sont pas économiques mais culturels ;
    2) nos cultures sont incompatibles car, comme le disait le maréchal Lyautey, les Africains sont "autres" ;
    3) notre approche culpabilisée de l’Afrique fait que nous tuons le continent en voulant pourtant désespérément sa survie. Un exemple : on nous dit que l’Afrique manque de cadres. La vérité est autre : au fur et à mesure qu’ils sont formés, les cadres africains s’expatrient. C’est ainsi que la CEE et le Canada donnent du travail à plusieurs dizaines de milliers de Déserteurs de haut niveau (médecins, vétérinaires, ingénieurs, etc.). En référence a nos principes philosophiques d’accueil et de générosité, nous privons ainsi l’Afrique des plus diplômés de ses enfants.
    Au lieu de continuer à vouloir transfuser un impossible développement à l’Afrique, c’est une renaissance, une réhabilitation de ses valeurs culturelles qu’il faudrait au contraire favoriser. Or, cette démarche passe par un désengagement européen pour que l’Afrique trouve en elle-même les conditions d’une éventuelle réaction, notre arrogant universalisme idéologique doit cesser d’y exercer ses ravages.
    Le continent dispose, pour le moment, de deux solides points d’ancrage : les ethnies et le monde de la brousse ; mais le temps est compté car, chaque jour, l’Afrique vivante, c’est-à-dire l’Afrique rurale, celle qui possède encore dynamisme et cohésion, s’affaiblit au profit des villes artificielles et improductives.
    Or, la démocratisation qui est imposée à l’Afrique détruit la cohésion ethnique par la recherche du plus petit commun dénominateur qui est la tribu. Elle transforme l’ethnisme en tribalisme, ce qui n’est pas la même chose. Le processus risque alors de devenir irréversible, ce qui est dramatique pour l’avenir, car seul l’ethnisme est capable de donner naissance aux ensembles humainement cohérents qui naîtront un jour des décombres de bien des frontières actuelles.
    Que l’on y réfléchisse : ce n’est pas par la démocratie que se constituèrent les Etats-Nations d’Europe ou d’Asie, mais par la force, par la volonté de puissance, par la ruse et par la durée. Ce n’est pas le préalable démocratique qui forgea l’unité allemande, mais l’énergie prussienne canalisée par Bismarck. Or, en Afrique, les "Prusses" potentielles ont été détruites lors de la conquête coloniale, d’abord, mais surtout avec les indépendances octroyées aux plus nombreux, c’est-à-dire souvent aux vaincus de l’histoire africaine.
    La colonisation philanthropique s’était, en effet, appuyée sur les groupes dominés, condamnés et qui étaient venus à nous pour être protégés des peuples prédateurs. Au nom de la charité, de la justice et même des "droits de l’homme", notions insolites et même traumatisantes en Afrique, nous avons ainsi brisé les séculaires équilibres naturels africains.
    Mais, plus le temps passe et plus nos a priori philosophiques se heurtent aux réalités. Là est d’ailleurs l’espoir de l’Afrique. Cependant, c’est en Europe et en Amérique que se pose le vrai problème : comment faire comprendre aux intellectuels et aux charitabilistes de profession qu’en organisant la survie artificielle, et hélas provisoire, de populations à la croissance incontrôlable ils engluent l’Afrique dans la catastrophe ? Comment leur expliquer que les peuples dont les femmes ont le ventre le plus fécond ne sont pas forcément les plus doués pour diriger, pour commander, pour administrer ?
    Bernard Lugan  http://www.francecourtoise.info