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« Il n’y a aucune loi qui prévoit que dans une entreprise on a pas le droit d’être embauché parce qu’on a un signe religieux [ndlr: oui mais un règlement intérieur peut l’interdire]et dans ce cas là c’est sanctionné par la loi . Il y a même des politiques de testing que nous sommes en train de mettre en place à l’embauche (…). Et donc vous pouvez être victime de discrimination et dans ce cas là un foulard comme vous le portez n’est absolument pas interdit pour travailler dans une entreprise privée, et si parce que vous portez un foulard ou que vous portez tel ou tel prénom et que vous n’êtes pas embauchée ceci est une discrimination à l’embauche et c’est sanctionné par la loi nous avons renforcé les contrôles [ndlr: de testing] «
A Pessac le 29 février, Emmanuel Macron veut rassurer une femme voilée en disant qu’il va lutter contre les chefs d’entreprises qui refuseraient de les recruter, sauf que…
La loi El Khomri de 2016 a prévu qu’il était possible d’introduire une clause de neutralité (religieuse, philosophique, politique) en entreprise.
La Cour de cassation dans sa décision du 22 novembre 2017, a précisé le cadre de cette fameuse clause (elle avait saisi il y a quatre ans la Cour de justice de l’Union européenne, d’une question préjudicielle sur le sujet).
Il ressort de cette décision que l’entreprise peut licencier un salarié pour le port du voile, mais il faut réunir plusieurs conditions que vient préciser la Cour de cassation.
Ça y est, la sentence est tombée : avec cette affaire du hijab Décathlon®, la France est devenue « la risée du monde ». Carrément. Et ça ne vient pas de n’importe qui : d’un expert en dérision, Yassine Belattar, l’« humoriste » membre du Conseil présidentiel des villes. Une sentence qui fait écho à l’article publié, mercredi, sur le Washington Post dans lequel son correspondant en France, James McAuley, ironise sur cette affaire : « Une fois encore, la France sombre dans le mélodrame à l’idée que les musulmanes puissent choisir quoi porter. »
Le sang de Belattar n’a fait qu’un tour avec cette polémique. Avec la distinction qui sied à un conseiller présidentiel, il a publié sur son compte Twitter une petite « tribune » dans laquelle il explique qu’à son époque (l’artiste rappelle qu’il est né en 1982), « on s’en battait les couilles de savoir qui était musulman, juif, chrétien, noir, gay. On était tous égaux face au club Dorothée ». C’est bien connu, c’était mieux avant. Et avant avant, pourrait-on dire à Belattar, c’était encore plus mieux… Bref, les années Mitterrand étaient un âge d’or. Et il est vrai qu’à cette époque, pour ma génération, qui n’était pas celle du club Dorothée, Belphégor évoquait un feuilleton télévisé avec Juliette Gréco dans les années 60, pas des fantômes croisés dans les rues de certaines de nos cités. On a la mémoire de sa génération, que voulez-vous.
Donc, Belattar est en colère parce que Décathlon® a renoncé à commercialiser le hijab en France, selon lui, sous la pression des populistes. « Décathlon® a pris peur et l’a retiré. » La France serait donc la risée du monde. Car « maintenant, il va falloir demander l’autorisation pour vendre ou pas certains produits. Les cagoules des enfants, est-ce que c’est islamiste ? » Le hijab serait donc tout simplement une sorte de cagoule pour femmes, quelque chose de très anodin, rien d’autre ? Rien d’islamiste ? Du coup, Belattar appelle « à un grand rassemblement, le 13 avril, place de la République, pour montrer notre mécontentement ; ce sera la dignité, c’est tout ce qu’il nous reste ». Mais c’est qui, ce « nous » ? On croyait qu’il n’y avait qu’une seule communauté en ce pays : la communauté nationale !
On voit bien que tous les arguments sont bons pour banaliser, dans notre espace public, des coutumes qui ne correspondent pas à notre civilisation européenne. Par une sorte de manœuvre de contournement, on invoque déjà celui de la liberté des femmes. Le hijab permettrait, aux femmes de confession musulmane, de pratiquer le sport en toute liberté. Interdire le port reviendrait à interdire aux musulmanes le sport. Avec cet argument, il n’y a pas de raison de ne pas revenir sur l’interdiction de la burka (interdiction mollement appliquée en certains lieux) : si les femmes musulmanes pouvaient porter ce voile intégral dans l’espace public, beaucoup moins d’entre elles seraient contraintes au cloître dans l’appartement et à renoncer à aller faire les courses au Franprix®. Ça se défend, n’est-ce pas… Mais un nouvel argument surgit : nous nous ridiculisons aux yeux du monde. Ce qui reste à prouver, mais ça, c’est pas grave… Cet argument ? Au fond, les arriérés, les obscurantistes, c’est ces Français qui s’opposent au libre choix des femmes de se couvrir la tête (ou pas, en option). C’est ainsi que le Washington Post qualifie cette affaire d’« histrionics », que l’on pourrait traduire librement par « mélodrame », « psychodrame », « comédie » et, pourquoi pas, « hystérie collective ».
La France, l’histrion, c’est-à-dire le bouffon, de la planète ? Sur certains sujets peut-être… Mais sur celui de son identité profonde, cette affaire du hijab Décathlon® révèle peut-être que les Français ont encore quelques ressorts. La risée du monde entier, donc ? Il faudrait peut-être que M. Belattar pose la question aux femmes de certains pays, par exemple, aux Iraniennes, qui se battent pour ne plus être voilées.
Par Nicolas Gauthier, journaliste et écrivain ♦ Tout arrive : des hebdomadaires tels que Le Point et L’Express se rendent enfin compte que des humains persistent à vivre au-delà du périphérique parisien et des abords des grandes métropoles. C’est tout bonnement épatant.
Dans Le Point, Jérôme Fourquet, interrogé pour son dernier ouvrage, L’Archipel français, dresse un portrait de notre pays venant compléter les travaux du démographe Christophe Guilluy, connu pour avoir mis en lumière cette fameuse France périphérique. Son diagnostic ? En ces temps d’universalisme républicain, la France n’a jamais été aussi divisée.
D’un côté, ces Français issus de l’immigration, relégués dans leurs cités pour mieux venir travailler dans les mégapoles. De l’autre, des Français « de souche », économiquement encore plus déshérités, assignés à résidence dans les campagnes reculées ou réfugiés dans les zones pavillonnaires. Fracture géographique, mais aussi religieuse et culturelle : en 2016, 18 % des nourrissons portaient un prénom arabo-musulman, alors que celui de Marie n’était donné qu’à 0,3 % de la population. Dans le même temps, c’est l’explosion des Kevin et des Dylan, prénoms si populaires dans une France de Johnny votant majoritairement Marine Le Pen. D’ailleurs, la tête de liste de cette dernière aux prochaines élections européennes ne se prénomme-t-elle pas Jordan ?
À ces deux France en proie au mal-être, on peut encore ajouter celle de la bourgeoisie conservatrice. En face et au-dessus ? Cette France hors-sol vivant à l’heure de la mondialisation, as de la finance et intellectuels précaires ; soit ces libéraux et ces libertaires ayant tous deux voté pour Emmanuel Macron, fêtant ainsi un troisième mandat, après ceux de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.
Ces trois France entrées en dissidence sont souvent étanches les unes par rapport aux autres, chacune cultivant ses revendications spécifiques. La France des cités, ce sont les émeutes urbaines, sans véritable revendication politique, si ce n’est celle consistant à manifester pour les Journées de retrait de l’école, alors qu’on l’a assez peu vue lors de la Manif pour tous, apanage de la France traditionnelle. Logique : pour le monde des cités, le mariage homosexuel est un vice de centre-ville ne le concernant pas. Mais dès lors que cette même propagande homosexuelle touche l’école publique, la banlieue a déjà plus tendance à descendre dans la rue, sachant qu’au contraire de la bourgeoisie, elle n’a pas toujours les moyens financiers de mettre ses enfants dans des écoles privées. Les voix conservatrices peuvent donc, au-delà de la religion de chacun, aller dans le même sens, sans forcément se rencontrer. Quant à la révolte de la France des pavillons, elle s’incarne évidemment dans celle des gilets jaunes.
Pour se maintenir au pouvoir, il suffit à la France d’en haut de stigmatiser tour à tour les trois autres. LMPT, c’est l’ordre moral de Vichy. Les cités, c’est Daech. Les pavillons, ce sont les beaufs racistes. Et chaque fois que l’une de ces trois France déshéritées, chacune à leur manière, tente de se rapprocher des deux autres, l’ordre politico-médiatique hurle à la collusion des extrêmes.
Ce sont ces leaders religieux musulmans – voire même l’État islamique – accusés d’accointances avec la Manif pour tous ; laquelle est à nouveau clouée au pilori pour se mêler parfois à la foule des gilets jaunes où, semble-t-il, des islamistes présumés tenteraient aussi de faire leur pelote. Le tout sous l’égide de ce terroir arriéré persistant à fumer des clopes et à rouler au diesel. Ou de l’art de mieux diviser pour mal régner.
On notera que ce sont les mêmes qui, pointant du doigt ceux qu’ils accusent de dresser les uns contre les autres, n’en finissent plus de dresser les autres contre les uns. En attendant un possible retour de bâton ? Ce dont L’Express s’inquiète, qui vient de titrer sur la colère qui gronde, celle des « petits Blancs ». À force d’insister, ces gens arriveront peut-être par enfin dégager ce consensus tant souhaité par Emmanuel Macron.
Parti comme c’est, ça pourrait bien être contre eux.
Bonne nouvelle : la résistance face à l’emprise islamiste en France ose enfin se manifester, sans craindre les culpabilisations des faiseurs de morale. La société française Décathlon, qui se vantait mardi matin d’”assumer complètement” la commercialisation prochaine d’un hidjab pour les pratiquantes de course à pied, annonçait mardi soir qu’elle suspendait son initiative, en prétextant “une vague d’insultes et de menaces” sans précédent. En réalité, Décathlon semble surtout avoir pris la mesure des appels au boycott de sa marque. Même Aurore Bergé, porte-parole de LaRem à l’Assemblée nationale, avait estimé dans un tweet : “Mon choix de femme et de citoyenne sera de ne plus faire confiance à une marque qui rompt avec nos valeurs”.
Il y a encore peu, la dénonciation de l’islamisme se heurtait aux intimidations de ceux qui feignaient d’y entendre une critique portée aux musulmans en général. Cette attitude est, certes, encore répandue. Mardi soir, lors d’un débat sur CNews, la députée LaRem Fiona Lazaar m’a reproché de rapprocher hidjab et islamisme, en estimant que ces mots n’avaient “rien à voir” entre eux. Reste que de plus en plus d’esprits lucides reconnaissent dans ce signe distinctif la revendication d’un séparatisme culturel et l’appartenance à une civilisation qui, notamment, considère la femme comme un être inférieur. Ceux qui, comme la ministre de la justice Nicole Belloubet ce mercredi sur BFMTV, dénoncent une “hystérisation” du débat, prennent le risque de se faire les “complices du pire”, pour reprendre une expression qu’Emmanuel Macron a réservé hier à ceux qui participent aux manifestations des Gilets jaunes.
Décathlon a le droit de commercialiser ce type de vêtement communautaire. Aucune loi ne l’interdit. Mais l’argument commercial n’est pas suffisant quand, en Iran des femmes défient le régime dictatorial de mollahs en enlevant courageusement leur voile en public. Actuellement, en Algérie, se développe un mouvement similaire. Sous le hastag “”Les prisonnières du voile en Algérie”, des musulmanes dénoncent le hidjab qu’elles voient comme un “instrument d’oppression”. Elles disent combattre le voile et non l’islam. La place de la France des Lumières et de l’émancipation est d’être auprès de ces musulmanes qui refusent leur infantilisation culturelle et le sexisme de la culture coranique appliquée à la lettre.
C’est pourquoi Décathlon, société française, aurait déshonoré la mémoire de la nation en se soumettant aux exigences de visibilité d’une idéologie d’essence totalitaire qui prospère sur les faiblesses des démocraties molles. Les complices du pire sont ceux qui, par souci d’apaisement ou de compréhension, sont prêts à toujours plus d’accommodements avec ceux qui n’entendent pas se plier aux exigences d’intégration de la société française. Faut-il rappeler l’article 21-24 du code civil, qui fait toujours de l’assimilation la condition nécessaire pour obtenir la naturalisation française ? Jusqu’alors, le sport était l’endroit neutre par excellence. La tentative de l’islam radical de le subvertir justifierait, à l’instar de ce qui s’est fait pour protéger l’école de la pression fondamentaliste, une réflexion sur l’interdiction du voile dans cette activité. Qu’en pensez-vous?
En quelques décennies, tout a changé. La France, à l’heure des gilets jaunes, n’a plus rien à voir avec cette nation soudée par l’attachement de tous aux valeurs d’une république une et indivisible. Et lorsque l’analyste s’essaie à rendre compte de la dynamique de cette métamorphose, c’est un archipel d’îles s’ignorant les unes les autres qui se dessine sous les yeux fascinés du lecteur. C’est que le socle de la France d’autrefois, sa matrice catho-républicaine, s’est complètement disloqué.
Jérôme Fourquet envisage d’abord les conséquences culturelles et morales de cette érosion, et il remarque notamment combien notre relation au corps a changé (le développement de certaines pratiques comme le tatouage et l’incinération en témoigne) ainsi que notre rapport à l’animalité (le veganisme et la vogue des théories antispécistes en donnent la mesure). Mais, plus spectaculaire encore, l’effacement progressif de l’ancienne France sous la pression de la France nouvelle induit un effet ” d’archipelisation ” de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d’un réduit catholique, instauration d’une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes.
La candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika ne fait pas que des heureux. De nombreuses manifestations ont lieu dans toute l’Algérie pour protester contre la probable réélection d’un vieillard de plus de 81 ans, profondément handicapé par un accident vasculaire cérébral. Qu’il l’emporte ou non, la relève n’est pas prête et la stabilité du pays est loin d’être assurée. Mohamed Sifaoui, journaliste franco-algérien, va même jusqu’à prédire que « 10 à 15 millions de personnes peuvent arriver en France, en cas de catastrophe ».
Mohamed Sifaoui, l’auteur de Où va l’Algérie ?, s’il fait parfois l’objet de polémiques, est un spécialiste reconnu du monde musulman et du terrorisme. Il ne porte pas dans son cœur le président algérien et l’on ne peut écarter que ce cri d’alarme ait aussi pour objectif de nuire à la candidature d’un membre du FLN qui a fait carrière et tient en bride l’Algérie, avec l’aide de sa famille et de son clan. Il reste qu’il annonce une menace réelle, que nos dirigeants feraient bien de prendre publiquement en considération.
Il estime que les manifestations ne sont pas encore à leur paroxysme, parce que les Algériens les plus âgés ont gardé en mémoire la guerre civile des années 1990. Mais la dernière génération ne l’a pas connue (la moitié de la population a moins de 20 ans) et ne se voit guère d’avenir dans son pays, s’il continue d’être dirigé par un homme sourd et grabataire, qui apparaît rarement en public. Il explique que plusieurs centaines de cadres et de diplômés cherchent déjà à fuir l’Algérie, via l’Espagne, pour rejoindre la France.
Mais, en cas de crise politique majeure, ce sont plusieurs millions d’Algériens qui pourraient débarquer en France, le plus légalement du monde. Beaucoup d’entre eux ont, en effet, des liens de parenté avec des personnes nées en France ; les regroupements familiaux feraient le reste. Il appelle donc les pays européens, à commencer par la France, à soutenir les forces démocratiques en Algérie et non les partisans d’un gérontocrate qu’il qualifie de « dictateur ».
Officiellement, la situation en Algérie n’est pas la première préoccupation de Macron et de son gouvernement. Mais cette non-ingérence cacherait une profonde inquiétude. Selon L’Obs du 24 février, « le cauchemar du président de la République, c’est l’Algérie […]. Les plus hautes autorités de l’État sont terrifiées par la perspective d’une grave déstabilisation de notre ancienne colonie après la mort de Bouteflika. » Pour des raisons multiples : importations de gaz, poids de l’immigration algérienne en France et de sa descendance, risque d’exode de centaines de milliers de jeunes vers la France, importance géopolitique dans la lutte contre l’islamisme…
Mais mettre cette question au premier plan de l’actualité, ce serait faire la part trop belle aux partis qui dénoncent depuis longtemps l’absence de maîtrise de l’immigration, comme le Rassemblement national ou Debout la France et, dans une moindre mesure, les Républicains de Laurent Wauquiez. À quelques mois des élections européennes, ce serait malvenu. Il n’y a pas de stratégie sur l’après-Bouteflika : on redoute sa disparition de peur du chaos mais, par manque d’anticipation, en pratiquant l’immobilisme, on risque de l’aggraver.
Bien sûr, Macron hérite d’une situation ancienne et compliquée. Il faudrait mettre en cause la manière dont ses lointains prédécesseurs ont mis fin à la guerre d’Algérie sans prévoir que le FLN n’était pas composé de petits saints et pouvait se servir avant de servir le peuple algérien. Il est grave, pour un gouvernement quel qu’il soit, de ne penser à l’avenir que lorsqu’il est trop tard.
Il y a quelques mois, Emmanuel Macron, qui s’est fait une spécialité de salir la France et le peuple français à l’étranger, était allé se mettre à plat ventre devant les autorités algériennes, nous accusant d’avoir commis un crime contre l’humanité pour avoir fait faire un bond en avant de 1 000 ans à l’Algérie moyenâgeuse.
Nous avons un président ignoble, qui s’est cru obligé de faire allégeance aux Algériens, insultant nos soldats et les Pieds-noirs, lesquels, en 132 ans, ont transformé un désert en jardin et des marécages en vergers. Ils ont bâti des villes, des routes, des voies ferrées, des ports, des aéroports, des hôpitaux, des usines et des écoles, au point qu’en 1962 l’Algérie avait les plus belles infrastructures de tout le continent avec l’Afrique du Sud.
Ces Pieds-noirs qui ont chéri l’Algérie bien davantage que le peuple algérien aujourd’hui, ont tracé des milliers de kilomètres de pistes sahariennes, mettant en valeur les gisements de pétrole et de gaz, qui représentent aujourd’hui une rente colossale pour l’Algérie, lui évitant la misère totale, tant l’héritage colonial a été dilapidé par une caste de prédateurs, aussi voraces qu’incompétents.
Ces salauds de colonisateurs ont éradiqué la dysenterie, la peste, le choléra, le typhus, le choléra, la variole et autres fléaux mortels.
Mais de tout cela, pour Macron, il ne reste qu’un « crime contre l’humanité », et pour Bouteflika un « génocide culturel ».
Didier Maïsto, président de Sud Radio, a accordé un long entretien à Boulevard Voltaire.
Gilets jaunes, politique, médias, sujets sociétaux : sans langue de bois, il apporte son analyse personnelle et percutante sur ces thèmes d’actualité.
Peut-on dire que vous êtes pro-gilets jaunes ?
Je suis le président de Sud Radio dont le slogan est « Parlons vrai ». Quand je les ai vus marcher et se rassembler dans la rue, j’ai voulu comprendre. J’avais déjà une sympathie naturelle pour le mouvement. J’ai cherché à mieux comprendre. Je me suis dit que, pour comprendre d’où venait ce mouvement, ce qui était revendiqué et quel changement de société ils voulaient, le mieux était de marcher avec eux. Plus je marche avec eux, plus je les comprends. Et moins les médias les comprennent. Je les comprends parce que je suis au milieu de la foule. En fait, ce sont les gens les plus courageux de la société française qui ont envie de reprendre en main leur destin. Ce destin leur échappe. On parle souvent de démocratie représentative, mais ça fait quarante ans qu’on leur fait le coup… Mitterrand, Chirac, « la fracture sociale », « l’ascenseur social est en panne », etc. Ensuite, Sarkozy et, aujourd’hui, Macron. Macron n’est certes pas responsable de tous les maux, mais il récupère un peu tout ce qui s’est fait, sans changer d’un iota la politique. Il y a probablement aussi un peu d’inexpérience et d’arrogance qui viennent mâtiner le tout. Les Français, en tout cas ceux-là, ont envie de reprendre en main leur destinée. D’où le succès du RIC, référendum d’initiative citoyenne. Même s’ils ne sont pas d’accord entre eux, ils veulent avoir une prise sur leur destin. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je comprends donc tout à fait ce mouvement. Il est, en fait, assez loin de l’idée qu’on peut s’en faire dans les partis politiques et dans les médias « mainstream », simplement parce qu’on y est le séant sur son fauteuil et qu’on juge le monde tel un procureur divin, pensant qu’on peut trier le bon grain de l’ivraie et décider souverainement ce qui est bien de ce qui n’est pas bien. Ce manque d’humilité aboutit à un divorce, à une faille sans cesse croissante entre une partie de la population et les corps intermédiaires (appelons-les comme cela) censés les représenter.
Avez-vous été surpris par la Ligue du LOL ?
Je ne suis pas du tout surpris. Finalement, aujourd’hui, un journaliste est quelqu’un qui fait de la resucée de dépêches AFP. Il est bien tranquille sur son desk à regarder ce qui se passe à l’infini, à l’envi, voir un peu quelle est la tendance de la profession, qui doit quoi et ensuite se positionne par rapport à l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. On décrète que c’est la pensée. Mais non, c’est au contraire la défaite de la pensée. Heureusement, il reste un journalisme de terrain qui naît avec les réseaux sociaux et les Facebook live. La Ligue du LOL en est la négation, avec cette espèce de mépris de classe. Parce que certains pensent être devenus quelque chose, ils se permettent de juger ce qui est bien de ce qui n’est pas bien, et de juger nos concitoyens. Mais au nom de quoi on devrait juger une partie de nos concitoyens ? Je ne me sens pas capable de juger mes concitoyens. J’essaye de rendre compte du réel. Nous sommes un certain nombre à faire cela, pas nombreux, mais je pense que le nombre va grossir. Les Français s’informent aujourd’hui de manière un peu alternative. Chaque mouvement social voit la naissance, l’émergence de nouvelles formes de communication, beaucoup plus directes, beaucoup moins ampoulées. Là aussi , ces corps intermédiaires bourgeois, au sens primaire du terme, seront balayés par le vent de l’Histoire.
L’affaire du « fichage des auditeurs d’Europe 1 » ?
Ni dans le milieu de la radio ni dans le milieu de la télé, de la presse écrite ou des partis politiques. J’ai eu une première vie où j’étais au Figaro. Ensuite, j’ai fait de la politique. J’ai vu de l’intérieur comment fonctionnaient les partis politiques et j’ai vu et je vois aujourd’hui comment fonctionnent les médias. J’ai été témoin de la façon dont est attribué, par exemple, le canal 23. Au nom de toutes les minorités, les Arabes, les Noirs, les homosexuels, soudainement, ces gens qui sont de grands bourgeois, souvent des hommes blancs de plus de 50 ans, se réveillent et s’enthousiasment benoîtement en voulant s’occuper des homosexuels, des Arabes et des Noirs. En fait, tout cela sonne faux. Ça sonne faux parce que ce n’est pas leurs préoccupations, ce n’est que du marketing. Ça fait une dizaine d’années que je le dénonce. L’architecte de tout cela est d’abord les pouvoirs publics qui, au lieu de régler les problèmes, font des lois d’affichage. Le premier des salopards, comme je l’ai dit l’autre fois, c’est François Mitterrand, qui a fait « Touche pas à mon pote ». J’ai grandi dans un quartier populaire de Toulon, je ne regardais pas si les gens étaient noirs, arabes ou juifs. Nous avons tous grandi ensemble. Il y a avait cette espèce de mixité qui est consacrée par la Constitution française, une République indivisible et laïque. « Touche pas à mon pote » a été la première faille. On était dans le droit à l’indifférence. On est parti dans le droit à la différence. Tu es différent de moi, donc tu es un super citoyen et donc je te protège, je te discrimine positivement. Cela a été le début de la faille. Ensuite, vous avez des associations comme le CRAN (le Conseil représentatif des associations noires). Il faut battre sa coulpe, remonter à Clovis en passant par Napoléon, etc. Il faut reconnaître qu’on est un salop de Français, reconnaître que « j’ai maltraité les gens de couleur », etc. Mais, justement, la France est ce melting-pot. Ce n’est pas du tout une histoire de couleur de peau ou de religion. C’est quelque part une idée. Des gens de toute origine et de tout pays ont versé du sang pour constituer les frontières de ce qui est aujourd’hui la France. Or, on oppose sans arrêt, aujourd’hui, par des systèmes de clientèle. La politique est devenue un métier, le métier de ceux qui n’en ont pas. Ils s’inscrivent donc dans des politiques à court terme. On tronçonne, on saucissonne, on fait des petites clientèles, on oppose arbitrairement les gens les uns contre les autres et on aboutit à cela. Que fait le CSA ? Je vous parle du CRAN parce que le CSA a un baromètre de la diversité. Cela veut dire qu’il faut voir à la télévision les minorités visibles. Est-ce qu’on se perçoit comme blanc, comme non blanc, comme café au lait, comme gris, grisâtre ? Mais enfin, on est où, là ? On est dans l’eugénisme, dans une société complètement communautarisée. Vous avez, sous la pression d’associations comme celles-là qui poursuivent des buts propres, une anti-France en construction. Elles veulent morceler la société française. Et le CSA répond à la volonté du législateur. Le CSA n’est, de toute façon, que la chambre d’enregistrement de la volonté élyséenne. Ce n’est pas propre à Macron. Ça a toujours été comme cela. Du temps de la Haute Autorité jusqu’au CSA aujourd’hui. On tronçonne la population française. On compte les Noirs, les Arabes, les gens de différentes confessions, de différentes couleurs de peau. C’est totalement anticonstitutionnel et tout à fait scandaleux. On oppose ces Français qu’on considère comme des clientèles. Ensuite, on s’étonne que les gens suivent finalement ou anticipent cette façon de compter. Lui, il est juif, lui, c’est une vieille pédale, et toutes ces horreurs qu’on peut lire, lui est séropositif, lui a un accent juif tunisien… Mais dans quel pays vivons-nous ?
Peut-on critiquer ceux qui luttent contre les discriminations ? Le combat semble juste…
On assiste à une espèce de lutte pour savoir qui est le plus champion de la lutte contre l’antisémitisme, le champion de la lutte contre le racisme. Mais, en réalité, les gens qui font la promotion de cela ne sont pas sincères. Ils s’en moquent ! C’est uniquement du marketing. Je n’ai pas attendu les gilets jaunes ou même Europe 1 pour le dire. Ce qui leur arrive, ce n’est pas bien, ils en sont accablés. Mais je ne pense pas qu’il y ait une volonté de la station. Je ne veux pas accabler Europe 1, mais je dis que ça participe de quelque chose de général dans la société française. C’est ce que les gilets jaunes ne veulent plus. Ils le comprennent très bien quand on arrive à parler. Mais il y a toute une intelligentsia, essentiellement parisienne, qui vit dans un monde parallèle. J’ai eu un journaliste, hier, dont je tairai le nom. Nous nous sommes engueulés pendant une heure. Il me dit : « Je ne comprends pas que tu aies encore de la sympathie pour ce mouvement. » J’ai essayé de lui expliquer, mais je pense qu’ils sont dans un monde qui ne leur permet pas de le comprendre, ni même de le concevoir ou le ressentir.
Assiste-on à l’autodestruction d’un camp du bien ?
Quand le droit diverge de la morale, il y a un problème. Des gens ne sont que dans le droit absolu. Mais c’est un peu l’antinomie entre Antigone et Créon. Antigone est dans les lois naturelles. Ce n’est pas la peine de dire tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne prendras pas la femme de ton frère, pour rester dans la tradition biblique. Les civilisations dites évoluées ont intégré tout cela. Quand il y a ce divorce dans la société et qu’on est uniquement dans la satisfaction de l’ici et maintenant pour une certaine classe dirigeante, on aboutit à un divorce sans cesse croissant, une faille qui s’agrandit et, finalement, une classe politico-médiatique autoproclamée. On voit bien que si les gens sont élus légalement, ils ne sont plus trop légitimes. Macron, par exemple, fait 15 % des inscrits au premier tour, les 85 % qui restent ne se sont pas volatilisés. Ils existent toujours dans la société française. L’influence de ce petit monde se rétrécit comme peau de chagrin. Il ne dit plus rien du réel et fait partie d’une démocratie de faible intensité, qui émet des signaux faibles. Ses membres continuent à s’invectiver d’abord entre eux et ensuite donnent des leçons de bien et de mal, etc. La société française d’aujourd’hui est mûre pour que des gens de même sexe s’aiment. En revanche, le prosélytisme des minorités, qu’il soit religieux, sexuel, en matière de mœurs, les Français n’en veulent pas. Ils le disent clairement. Ils étaient un million pour la Manif pour tous à manifester lors du mariage homosexuel. Quand j’entends et quand je lis, aujourd’hui, Marlène Schiappa, ministre important du gouvernement Philippe, qui dit que l’idéologie de la Manif pour tous, c’est-à-dire de ces gens-là, c’est à peu près la même chose que les islamistes terroristes. Mais comment peut-on aboutir à cette défaite de la pensée ? C’est une monstruosité de la pensée. Voilà où on en est, aujourd’hui. Ces gens ne sont pas contre les homosexuels. Ils sont simplement dans une société qui doit s’établir de manière ordonnée et calme, avec des mythes fondateurs. On sait bien que nos ancêtres ne sont pas forcément des Gaulois, mais à faire du prosélytisme avec des minorités, on aboutit à une société complètement éclatée, atomisée, balkanisée, et qui se détruit petit à petit avec une élite qui ne dit plus rien de ce que vivent les gens au quotidien. Le problème des gens au quotidien, ce n’est pas les homosexuels, ce n’est pas le sort d’Israël et de la Palestine, même si cela peut les intéresser. C’est quand même très très loin dans leurs préoccupations.
Donc, la marque Décathlon voulait commercialiser un voile islamique pour les femmes désireuses de courir halal en France.
Pour moi la France n’a pas vocation à être musulmane, ni même dans les « territoires perdus », et cette culture est résolument un corps étranger dont nous devons évidemment les effets aux docteurs Folamour qui gouvernent ce pays depuis 40 ans ; mais dans cette affaire comme dans bien d’autres, les musulmans n’ont rien demandé ; et surtout pas d’être, une fois encore, les victimes idéales d’un piège à con où les seuls gagnants auraient du être les petits malins, ces capitalistes « apatrides » dont Lénine disait qu’ils étaient tellement stupides qu’il vendraient la corde pour se faire pendre.
Aux dernières nouvelles, une levée de boucliers, un boycott et des « menaces » sur les sites Décathlon auraient décidé du revirement de la marque qui renonce, finalement, de ne pas commercialiser ce fameux hiquab.
Pour autant, si j’ai décidé désormais de ne plus rien acheter chez Décathlon, c’est non seulement parce leur came made in China ne vaut rien et, ensuite, parce que, contrairement à Marine Le Pen qui tombe décidément dans tous les panneaux, ce n’est pas le hiquab qui me dérange mais ceux qui voulaient le vendre ; c’est-à-dire les actionnaires de la boîte qui – après eux le chaos ! – préfèreront toujours la guerre commerciale plutôt que la paix civile.
Car, évidemment, en popularisant un signe religieux unanimement rejeté par les non-musulmans, à quoi s’attendaient ces ordures sinon à davantage de tensions au sein de la population sommée de choisir désormais entre le string et la burqua, entre la sainte et la putain, entre « le bien et le mal ».
Dans cette affaire, Décathlon est un cas d’école, un échantillon de cette mondialisation heureuse, ce système anarcho-capitaliste et schizophrène, qui, s’appuyant sur sa logique, dénonce le hidjab à Kaboul « au nom des femmes » mais entend le commercialiser à Tourcoing pour les même raisons parce qu’il existe un marché. C’est bien là le problème : est-ce que le « marché » et ses plus sûrs partisans ont pour unique vocation de foutre le bordel partout et tout le temps ?
Jean Messiha analyse la crise politique en Algérie et, en particulier, les enjeux de l’élection avec la candidature de Rachid Nekkaz, opposant médiatique au président Abdelaziz Bouteflika. Il incarne, selon lui, « un faux nez de l’islamisme ».
Rachid Nekkaz semble faire partie des candidats médiatiques à la succession de Bouteflika. Il s’était fait connaître, en France, pour avoir combattu Marine Le Pen sur la question du burkini. La candidature de Rachid Nekkaz est-elle crédible ?
C’est aux Algériens d’en décider. Je crois qu’il est assez populaire dans la jeunesse algérienne qui, aujourd’hui, le porte. En ce qui concerne l’intérêt national français, c’est-à-dire ce qui me regarde, si la candidature de Rachid Nekkaz permet de stabiliser et de garder les jeunes Algériens chez eux, cela me va. Les vagues de migrants qui arrivent d’Algérie sont souvent des jeunes qui n’ont aucune perspective d’avenir. Ils ne croient plus dans le système politique incarné par Bouteflika et se cherchent une raison d’espérer ou de rester sur place pour avoir un avenir meilleur. Si, pour cette jeunesse, Rachid Nekkaz incarne cet espoir qui lui permet de se stabiliser dans son pays en lui offrant des perspectives, alors je dis : pourquoi pas ? Le personnage de Rachid Nekkaz reste sulfureux. Il a déjà été condamné en France, d’une part pour avoir été un marchand de sommeil et, d’autre part, pour avoir monnayé des parrainages à l’élection présidentielle. Je crains surtout que ce ne soit un faux nez de l’islamisme. Au temps de la révolution égyptienne, en 2011, les islamistes égyptiens (les Frères musulmans) s’étaient acoquinés avec Mohamed El Baradei. C’était l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Il était sérieux et présentait bien. C’était un intellectuel et un fonctionnaire international, etc. Les islamistes l’avaient choisi comme une espèce de faux nez pour s’accaparer le système politique et la scène politique égyptienne. Je crains qu’on n’ait à peu près le même schéma dans le cadre de l’Algérie avec, évidemment, la différence flagrante de personnage. Monsieur Nekkaz n’est ni fonctionnaire international ni une personnalité sérieuse. Les islamistes cherchent toujours un faux nez qui présente bien, qui soit assez populaire et qui soit en dehors des clous qu’on imagine de l’islamisme, sans barbe, sans djellaba, etc.
Rachid Nekkaz s’était opposé violemment à Marine Le Pen sur la question du burkini. Décathlon® est, aujourd’hui, dans la tourmente pour avoir proposé un hijab spécial course à pied. Ces deux phénomènes sont-ils liés ?
Je crois qu’il y a, en effet, une coïncidence étrange. Cela étant, il est indéniable que l’islamisme pousse ses pions partout à travers le monde. Certains pays comme l’Égypte ou la Syrie parviennent à l’arrêter. On peut les critiquer sur des tas d’autres sujets, mais sur cette question-là, il y a eu un coup d’arrêt. L’Europe, et singulièrement la France, apparaît comme un centre mou. En réalité, cet islamisme a plusieurs caractéristiques que nous n’avons plus. Il a des finances infinies provenant de certains pays du Golfe, une volonté de conquête et d’asservissement, et surtout une certitude de lui-même d’incarner ce qui est juste et vrai. Or, tout cela, nous ne l’avons plus, à commencer par la volonté et la certitude. Nous ne sommes plus sûrs de rien. Nos élites nous ont appris un scepticisme absolu sur tout, y compris sur notre identité, sur notre histoire et sur ce que nous sommes. C’est un peu le combat du zombi et du fanatique.
Si l’élection de Bouteflika en Algérie se passe mal, craignez-vous qu’il y ait des répercussions sur la sécurité en France ?
Il est évident que l’Algérie est quasiment une question intérieure française. Ce n’est même plus une question de politique étrangère. Des millions de Français d’origine algérienne ou descendants d’origine algérienne ont des liens plus ou moins étroits avec ce pays. L’Algérie est le cas spécifique d’un pays exorbitant du droit commun du reste des nations avec lesquelles nous avons une politique extérieure. La stabilité de l’Algérie nous importe beaucoup. Si, demain, le pays est déstabilisé et qu’il y a des vagues de migrants et une submersion migratoire en provenance de ces pays, je crains que nos dirigeants politiques ne soient pas à la hauteur. Sachant que notre gouvernement se fait en permanence le commentateur de sa propre impuissance, il serait même capable de venir nous expliquer qu’il est du devoir de la France d’accueillir l’Algérie tout entière en raison de nos engagements internationaux et de la Cour européenne des droits de l’homme. Il y a donc bien là un très très grand danger et je crois qu’il faut s’en inquiéter.