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insécurité - Page 1021

  • Afghanistan : l’insurrection qui vient (première partie)

    Le retrait des troupes de l’ISAF [en français, Force internationale d'assistance et de sécurité, FIAS] et ses conséquences telles que le transfert complet des responsabilités en matière de sécurité aux forces afghanes, la situation sécuritaire, politique et sociale du pays, la corruption endémique ainsi qu’une présence sans cesse réaffirmée des Talibans laissent entrevoir un avenir sombre pour l’Afghanistan.

    2014 : l’année de tous les dangers

    Le retrait total des troupes de l’ISAF et plus particulièrement américaines prévu pour 2014 suscite de nombreuses appréhensions, notamment au sein de la population afghane. Contrairement aux souhaits du haut commandement militaire américain en Afghanistan, Barack Obama a privilégié un retrait total (le fameux « zero option ») et rejeté l’idée de maintenir une présence militaire minimale afin de soutenir le gouvernement afghan. Le « zero option » d’Obama a suscité de vives réactions au sein de la classe politique afghane et certains parlementaires comme Naim Lalaï (Kandahar) n’ont pas hésité à déclarer que « Si les Américains retirent leurs troupes sans un plan, la guerre civile des années 1990 se répétera. (…) Cela permettra aux Talibans de l’emporter militairement » [1].

    De nombreux doutes ont été émis sur la capacité des forces afghanes à assumer seules la pacification du pays : ces questions ne concernent pas seulement les compétences opérationnelles de l’armée ou de la police afghane mais aussi le soutien et la légitimité dont elles jouissent au sein d’un pays encore tribal et gangrené par la corruption. Un récent sondage mené par les Nations Unies sur un échantillon de 7000 Afghans a montré que 80% de ceux-ci pensaient que les forces de sécurité afghanes n’étaient pas prêtes à prendre le relais de l’ISAF [2]. Cette enquête du PNUD a montré que seulement 2 Afghans sur 10 pensent que les forces de police locales peuvent assumer leurs fonctions et pour la majorité des sondés la corruption est un problème majeur [3].

    La formation des forces afghanes (3500 000 hommes) s’est accélérée mais un transfert total des responsabilités en matière de sécurité semble être prématuré. Pour de nombreux experts et militaires occidentaux, les forces afghanes ne sont pas encore aptes à assumer leur mission sans un soutien étranger conséquent. Ce sentiment est aussi partagé par différents parlementaires afghans : pour Mirwais Yasini, « Si les forces américaines quittent l’Afghanistan sans entraîner adéquatement les forces de sécurité afghanes, et sans les équiper, ce sera un désastre » [4]. Sentiment partagé par la parlementaire Shukria Barakzaï qui ajoute que pour les Etats-Unis, cela équivaudra à reconnaître leur « défaite » [5]. Conscients que le « zero option » prôné par Obama pourrait s’avérer catastrophique, certains hauts fonctionnaires américains affirment que Washington compterait cependant maintenir une présence militaire de 3000 à 9000 hommes en Afghanistan après 2014 [6].

    Cette éventualité a été confirmée et précisée du début du mois de janvier 2013 par le Général John R. Allen : trois options ont été formulé, chacune ayant une conséquence sur la conduite de la lutte antiterroriste ainsi que l’avenir du pays. La première option consisterait à maintenir 6000 soldats dont la mission serait de mener des opérations spéciales contre les Talibans [7]. Dans le cadre de ce plan l’Armée Nationale Afghane ne recevrait qu’un soutien logistique et une formation limités : cette première option est considérée comme comportant un « haut risque d’échec » [8]. La seconde option propose un déploiement de 10,000 G.I.s et un renforcement de l’entraînement des forces afghanes ; elle est considérée comme comportant un risque moyen d’échec [9]. La dernière option, qui comporterait un risque d’échec faible, prévoit un déploiement de 20,000 soldats américains auquel s’ajouterait un contingent de l’US Army chargé de patrouiller dans des zones précisément délimitées [10]. Comme l’ont rappelé des membres du Ministère de la Défense américain, le succès de leur implication et du conflit ne repose pas uniquement sur des facteurs militaires mais aussi sur la capacité d’un gouvernement corrompu à fournir à la population afghane les services et infrastructures de base dont elle a terriblement besoin [11]. Contrairement aux souhaits du Général John R. Allen, Barack Obama reste pour l’instant déterminé à ne maintenir en Afghanistan qu’un contingent de 3000 à 4000 soldats américains [12]. Pour certains experts comme Nazif Shahrani de l’Université d’Indiana, le nombre de soldats américains qui sera effectivement déployé après 2014 sera proche de l’estimation la plus basse dans la mesure où il sera difficile de faire accepter à l’opinion publique américaine le maintien ou le redéploiement d’une large force armée en Afghanistan [13].

    Hamid Karzaï n’est pas opposé au maintien de forces américaines après 2014 mais des points de discorde existent avec Barack Obama dans la mesure où le président afghan souhaite que les soldats américains soient responsables de leurs actes et ne soient plus couverts par une immunité juridique – ce qui est inacceptable pour les Etats Unis [14]. Les relations afghano-américaines se sont tendues au cours des derniers mois et au cours de sa visite à Washington, en janvier 2013, Hamid Karzaï a réitéré ses demandes en y ajoutant le souhait de voir les forces américaines opérer hors des villes et villages afghans [15]. Ces revendications sont cependant limitées par le fait que Karzaï doit négocier avec Washington la fourniture aux forces afghanes d’armes lourdes, d’engins aériens modernes et d’équipement médical [16]. Dans le même temps le montant de l’aide, des investissements et des dépenses des Etats Unis (120 milliards de Dollars américains en 2011) en Afghanistan pourrait se réduire considérablement à cause du contexte économique américain, du retrait des troupes de l’ISAF et du degré de corruption affectant le pays [17].

    Les Etats-Unis ont décidé de réduire drastiquement leur effectif militaire et civil présent ainsi que l’ensemble de l’aide financière ou les dépenses militaires et civiles affecté à l’Afghanistan: le personnel militaire et civil américain ne devrait plus qu’occuper 5 bases ou infrastructures à la fin de 2014 (contre 90 à la fin 2011) et ces importantes coupes budgétaires pourraient à terme sérieusement affecter leur sécurité [18]. Washington devrait cependant dépenser 150 milliards de Dollars supplémentaires à la fin 2014 [19]. Aucun progrès militaire significatif n’a été réellement enregistré [20] et la stratégie de transition est en fait une stratégie de retraite souvent perçue comme étant floue [21]. Aussi bien le Département d’Etat que USAID n’ont pu, en dépit de leurs efforts, convaincre, démontrer et mesurer concrètement les effets ou les progrès produits par le volet civil du “surge” ainsi que les différents programmes d’aide civile, reconstruction et développement [22].
    Comme le rapportent la Banque Mondiale et des officiels afghans, le gouvernement afghan, “est si dépendant de l’aide extérieure et des dépenses militaires dans le pays que le gouvernement entier et l’effort de guerre pourraient s’effondrer au cours de 2014 et des années qui suivent sans efforts d’aide extérieure effectifs” [23]. Les élections de 2014 sont une échéance cruciale mais peu d’espoirs quant à un changement positif ou un sursaut qualitatif existent: le futur chef de l’Etat afghan “présidera une législature afghane corrompue et divisée dont les pouvoirs sont trop faibles pour être effectifs et une structure politique au sein de laquelle les gouverneurs ainsi que les chefs locaux sont nommés et n’ont pas de réelle légitimité populaire” [24].

    Face à ces contraintes et à l’évolution du contexte politique, Karzaï semble vouloir se montrer indépendant et diversifier ses alliés: le président afghan a ainsi refusé de signer un accord militaire contraignant et de long terme avec les Etats Unis car ce traité était perçu comme une menace sur la souveraineté de l’Afghanistan [25]. Dans cette optique Karzaï souhaite mettre fin à l’immunité couvrant les soldats américains et s’est indigné du fait que des Afghans soient enfermés dans des centres militaires de détention contrôlés par les Etats Unis et ce, sur le territoire afghan [26].

    La Police Nationale Afghane : un pilier fragile

    A l’image d’une grande partie de la classe politique afghane et des administrations d’Etat, la police est affectée par la corruption. Ce phénomène sape sa légitimité et toute confiance de la part de la population. La corruption au sein de la police est le résultat de la conjonction de différents facteurs tels que la pauvreté générale du pays, les bas salaires, un manque de professionnalisme, des problèmes propres à l’organisation et à la structure interne des services de police mais aussi propres au fonctionnement de l’Etat ainsi qu’au népotisme généralisé.
    Alors que l’Armée Nationale Afghane avait éclaté suite à la chute du régime communiste et à la guerre civile des années 1990 – causant ainsi sa disparition en tant qu’organe de l’Etat remplacé par divers groupes armés puis reconstituté quasiment ex-nihilo avec le soutien de l’ISAF – la police afghane n’a jamais disparu [27]. Echappant au contrôle de Kaboul durant de nombreuses années, celle-ci a poursuivi une existence autonome au sein des provinces où certains combattants se sont imposés comme officiers de police et responsables des services de police locaux [28]. Les salaires dans la police restent peu élevés en comparaison des salaires versés par les firmes de sécurité privée et la paie versée aux policiers en service dans les zones dangereuses ou en conflit est peu attractive. Les bakchichs sont vus comme un moyen d’améliorer l’ordinaire (alors qu’ils introduisent de graves brèches dans le dispositif policier et sécuritaire afghan) et certains services comme la police routière ou les garde-frontières sont extrêmement demandés de par leur fort potentiel lucratif.

    Le sentiment de méfiance à l’égard de la police est encore plus fort au sein des populations pachtounes bien que de nombreux membres de cette communauté servent au sein de la Police Nationale Afghane. Représentant 1/4 de la population, les Tadjiks se sont taillés la part du lion au sein des forces de police afghane et sont surreprésentés au sein de l’Académie de Police : en 2003 ils constituaient 90% de l’effectif des étudiants [29]. En juillet 2007, sur 223 sous-officiers promus, 167 étaient Tadjiks et le reste était composé de 37 Pachtounes, 11 Hazaras, 6 Sadats, 1 Ouzbek et 1 Gujar [30]. Sur les 376 officiers promus, 210 étaient Tadjiks, 144 Pachtounes, 15 Hazaras, 3 Ouzbeks, 3 Sadats et 1 Pashaï [31]. Pour des raisons salariales ou sécuritaires de nombreux officiers refusent de servir dans les provinces dangereuses et ce sentiment d’insécurité est particulièrement fort parmi les Tadjiks ou Ouzbeks servant dans le Sud. Dans les provinces méridionales de nombreux chefs de la police ont été recrutés localement et pour certains cela peut poser un problème en terme de loyalisme envers les autorités centrales. Le caractère multiethnique des unités de police ou de l’armée est un moyen de renforcer un sentiment d’unité nationale mais peut aussi poser certains problèmes en termes de fonctionnement : ainsi il peut arriver que des tensions inter-communautaires éclatent entre membres des forces de l’ordre et dégénèrent en fusillades se soldant par des morts. De tels drames peuvent aussi se produire pour des raisons criminelles (trafics, corruption), politiques ou personnelles. A la fin du mois d’octobre 2012, de tels incidents avaient entraîné la mort de trois policiers dans la province de Khost [32] et de trois autres de leurs collègues dans la province de Baghlan [33]. Au cours de la même période, dans la province de Herat, un officier de police avait été assassiné par son épouse à cause de son comportement considéré comme déshonorant (consommation d’alcool et mœurs jugées légères) [34].

    En dépit des efforts fournis, la composition ethnique de la Police Nationale Afghane et le comportement de certains de ses policiers reste une source de mécontentement pour de nombreux Pachtounes. Les véhicules provenant des provinces à majorité pachtoune sont sujets à de fréquents contrôles à l’entrée de Kaboul et ces contrôles sont souvent ressentis de manière discriminatoire. De nombreux Pachtounes se rendant dans la capitale afghane pour affaires, raisons familiales ou médicales se sont fréquemment plaints du racket exercé à leur encontre par des policiers souvent décrits comme Tadjiks ou Ouzbeks [35].

    L’Armée Nationale Afghane : un miroir des relations inter-ethniques

    Les forces armées afghanes qui ont un rôle crucial à jouer dans la pacification du pays sont aussi sujettes aux mêmes problématiques : les Pachtounes, majoritaires au sein de la population afghane, y sont sous-représentés alors que les Tadjiks dominent largement le corps des officiers. En prenant en considération le contexte social, politique et sécuritaire de l’Afghanistan, il n’est pas déraisonnable de penser que « Le changement massif dans la composition ethnique de l’ANA au cours des dernières années (…) [peut] mener à une autre guerre civile, entre les Pachtounes et une coalition anti-pachtoune dirigée par les Tadjiks, similaire à celle qui a suivi la chute du régime soutenu par les Soviétiques en 1992 » [36].

    Pour les Pachtounes ce poids des Tadjiks est perçu comme un déni de leur rôle historique et autrefois dominant alors que les Tadjiks restent méfiants voire hostiles envers les Pachtounes qu’ils considèrent comme des alliés objectifs des Talibans [37]. Depuis sa création en 2002 l’ANA et plus particulièrement son corps d’officiers est dominé par les Tadjiks mais la composition de la troupe reste plus ou moins équilibrée ou représentative. Les recommandations du Général Karl Eikenberry ainsi que les efforts produits dans ce domaine par l’armée américaine ont permis, selon une étude de la RAND Corporation, d’arriver à recruter en 2008 40% de volontaires pachtounes et moins de 30% de volontaires tadjiks [38]. L’année suivante un rapport de l’Inspecteur Général Spécial pour l’Afghanistan montrait cependant que les effectifs de troupes entraînées comptaient 41% de Tadjiks (environ 25% de la population) pour 30% de Pachtounes [39].

    La forte présence de Tadjiks au sein de l’ANA est notamment due aux problèmes de recrutement dans les zones rurales des provinces pachtounes de Kandahar et du Helmand [40]. Ainsi, dans la province de Zaboul, le nombre de Pachtounes servant au sein des « kandaks » (bataillons) locaux ne s’élevait qu’à environ 5% des effectifs [41]. En dépit d’un accord conclu entre Hamid Karzai et l’armée américaine prévoyant de corriger ce problème de composition ethnique, les cadres de l’ANA et du Ministère de la Défense, placés par le Maréchal Fahim et ayant servi pour la plupart au sein de l’Alliance du Nord, continuent de dominer l’appareil militaire afghan [42]. Malgré la disgrâce de Fahim en 2004, la prééminence des Tadjiks a été sauvegardée par la présence du Général Bismullah Khan à la tête des forces armées et de l’état-major afghan [43].

    En 2008 au moins 70% des kandaks étaient commandés par des Tadjiks et dans la province pachtoune de Zaboul 2 commandants de kandaks sur un total de 6 étaient d’origine pachtoune [44]. Cet état de fait serait le précurseur d’une possible guerre civile : de nombreux Pachtounes refusent de servir au sein de l’ANA et le fait que le Dari soit devenu de facto la langue de l’ANA a accru le sentiment parmi les Pachtounes que cette dernière est une institution étrangère [45]. Les réformes menées afin d’arriver à un certain équilibre ethnique n’ont pas eu nécessairement les effets escomptés : les craintes ou la méfiance des Pachtounes à l’égard de l’ANA ont fait place à celles des Tadjiks, Ouzbeks ou Hazaras. Mohammed Mohaqiq, un des leaders de la communauté hazara, a affirmé que « L’armée est ethniquement structurée d’une manière à ce qu’elle ne puisse pas combattre les Talibans. Il est possible qu’ils [les soldats afghans] se rendent lorsque les Talibans attaqueront » [46].

    Pour certains analystes américains l’ANA est incapable d’empêcher l’éclatement d’une guerre civile et elle ne pourra que l’atténuer [47]. Pour Matthew Hoh, cette guerre civile est proche et ira en s’aggravant à moins que l’accent ne soit mis sur « la réconciliation politique afin « d’intégrer tous les éléments de la société au sein du gouvernement afghan et des forces de sécurité » [48] – une priorité essentielle et pourtant négligée par les précédentes conférences internationales [49]. Hoh se souvient aussi d’un fait marquant dont il avait été le témoin à Zaboul au cours de la fête de l’indépendance nationale : l’ANA semblait être pour les officiers tadjiks leur création et un avatar de l’Alliance du Nord dans la mesure où, au cours des cérémonies officielles regroupant militaires et policiers, des portraits des commandants de l’Alliance du Nord – dont feu Ahmad Shah Massoud – avaient été installés alors qu’aucun portrait de Hamid Karzaï n’était visible [50]. Dans la province de Zaboul, le Major Général Jamaluddin Sayed (Tadjik) de l’ANA a démis de leurs fonctions l’ensemble des policiers pachtounes qu’il soupçonnait d’entretenir des relations avec les Talibans et a demandé à ce que le recrutement de policiers se fasse à l’extérieur de cette province : « Si nous recrutons des membres de la Police Nationale Afghane originaires de la province de Zaboul, ils auront probablement des relations avec les Talibans » [51].

    Quand l’allié se fait ennemi : la recrudescence des actes de félonie

    Si de nombreux afghans sont craintifs quant à l’avenir du pays après 2014, une part tout aussi importante de la population éprouve une lassitude envers les réalités politiques de l’Afghanistan démocratique (corruption, népotisme, abus de pouvoir, etc.) et certains aspects de la présence militaire étrangère (« dommages collatéraux », atteintes aux biens faisant pourtant généralement l’objet de réparations matérielles ou compensations financières, attitude parfois irrespectueuse de certains militaires, etc.). Cette lassitude a pu se transformer en réelle hostilité suite à des événements tels que la profanation de Corans à Bagram en février 2012. S’il est peu aisé de mesurer précisément l’étendue ou l’évolution de cette hostilité et plus particulièrement la possible radicalisation de certaines parties de la population, une nouvelle tendance inquiétante permet de saisir certains aspects de ce phénomène. Marginales par le passé, le nombre d’attaques menées par des membres des forces de sécurité afghanes contre leurs collègues de l’ISAF n’a cessé d’augmenter.

    L’année 2012 a été particulièrement significative. A la fin du mois de janvier 2012 quatre soldats français perdirent la vie suite à un acte de félonie. A la fin du mois de février 2012 deux officiers américains furent abattus dans l’enceinte du Ministère de l’Intérieur à Kaboul par un garde afghan alors que dans le village de Robat (district de Spin Boldak, province de Kandahar) le capitaine Feti Vogli et le caporal Aleksandr Peci furent assassinés par des policiers afghans alors qu’ils se rendaient à l’inauguration d’un dispensaire et de deux écoles [52]. Le meurtre des deux militaires albanais (un autre militaire étranger de l’ISAF fut blessé) mena à l’arrestation de 11 policiers afghans [53].

    Au cours de la même année, une altercation éclatant dans une salle de sport entre militaires américains et afghans fut conclue par une fusillade ; durant le Ramadan des militaires américains furent abattus lors d’un repas par un collègue afghan ; en août 2012 des militaires américains perdirent la vie suite à un incident similaire dans le Helmand [54]. Ce type d’attaques n’a pas épargné les forces de sécurité afghanes: à la fin des mois de mars et décembre 2012 des policiers félons abattirent respectivement 9 puis 17 de leurs collègues, durant leur sommeil, dans les provinces d’Oruzgan et Paktika [55].

    Comme l’explique Matthew Rosenberg, la recrudescence de ce type d’attaques refléterait l’hostilité croissante d’une partie de la population à l’encontre de la présence étrangère en Afghanistan : « De nombreux officiels de haut rang de la Coalition et afghans considèrent qu’après presque 12 ans de guerre, la vision qu’ont les Afghans des étrangers en est venue à refléter celle des Talibans » [56]. Les réalités du nouvel Afghanistan suscitent désormais plus de lassitude et de haine que d’espoir au sein d’une partie de la population. Anonymement, un officier de haut rang de l’ISAF a expliqué qu’un grand pourcentage de ces actes de félonie étaient motivés par une perception du conflit proche de celle des Talibans, à savoir chasser les « infidèles » d’Afghanistan [57].

    A l’origine, ces actes de félonie (appelés « green on blue attacks » ou « insider attacks » en anglais) semblaient être marginaux mais leur fréquence, ce qu’ils reflètent et la publicité qui en découle traduisent une tendance lourde et profonde. La faiblesse de l’appareil d’Etat afghan et la radicalisation d’une partie de la population inscrivent l’avenir du pays dans une perspective sombre et bien éloignée des spéculations les plus optimistes. Le 11 mai 2012, un jeune soldat afghan de 22 ans nommé Mahmoud ouvrait le feu sur des membres des forces américaines sur une base de la province du Kunar (un mort et deux blessés) [58]. Fier de son acte, Mahmoud put fuir et rejoindre un groupe de combattants Talibans qui l’accueillit chaleureusement [59].

    En mai, Mahmoud avait contacté des Talibans et leur avait fait part de son projet d’assassiner des militaires américains lors de leur prochain passage à son checkpoint [60]. Le soldat félon leur avait aussi demandé de l’accueillir en cas de fuite mais ces derniers s’étaient montrés plutôt sceptiquesdans la mesure où, par peur, de nombreux militaires afghans avaient finalement refusé de passer à l’acte [61]. Mahmoud a confié qu’il avait des camarades partageant ses opinions au sein de l’ANA mais a ajouté qu’il a tenu son projet secret afin que celui-ci ne soit pas éventé [62]. Le soldat félon a grandi à Tajikan, un village du Helmand situé dans une zone sous contrôle taliban en dépit des offensives britanniques et américaines [63]. Le Colonel Khudaidad, qui est en charge du centre de recrutement de l’ANA pour le Helmand, a déclaré que Mahmoud avait été recruté il y a environ quatre ans et provenait d’un milieu modeste: travaillant chez un tailleur afin d’aider les sept autres membres de sa famille, il avait vu dans l’armée la chance de recevoir un salaire régulier, d’apprendre à lire et à écrire ainsi que d’avoir de nouvelles perspectives d’avenir [64]. Mahmoud portait rarement une barbe mais a déclaré qu’il avait grandi et été éduqué dans l’idée que les Américains, les Britanniques et les Juifs "sont les ennemis de notre pays et de notre religion“ [65].

    Au début de l’année 2012 Mahmoud avait été envoyé dans le district de Ghaziabad (Kunar) où la population locale, exaspérée par les abus commis par des militaires américains et l’inaptitude des soldats afghans à assurer la sécurité au-delà du périmètre de leurs postes avancés, avait de fortes sympathies pour les insurgés talibans [66]. Influencé par les sentiments de la population de Ghaziabad, le jeune soldat afghan a progressivement acquis la certitude que les Américains avaient causé la mort de trop d’Afghans et avaient insulté le prophète Mahomet à de trop nombreuses occasions [67]. Résolu à venger dans le sang ces affronts, Mahmoud put contacter les Talibans par l’intermédiaire d’un villageois peu disposé à l’aider et qui se contenta de demander aux insurgés de ne pas abattre le soldat félon en cas de fuite réussie [68]. Le jour fatidique, le soldat félon attendit que certains de ses collègues américains déposent leurs gilets pare-balles et leurs armes avant d’ouvrir le feu: surpris, ces derniers se crurent attaqués de l’extérieur et Mahmoud profita de la confusion générale pour s’enfuir [69]. Traité en héros, Mahmoud reçut le titre honorifique de „Ghazi“ de Ghaziabad, des colliers de fleurs et fut acclamé par une foule d’anciens (les „barbes blanches“), de Talibans et d’hommes de différents âges [70].

    La vidéo de propagande de la défection de Mahmoud et son « interview » par un journaliste du Kunar ont eu un impact considérable. Jusqu’à cet événement les membres des forces afghanes qui souhaitaient faire défection pouvaient hésiter de passer à l’acte dans la mesure où ils n’étaient pas sûrs du traitement qui leur serait infligé par les Talibans. Avec la défection de Mahmoud et la diffusion de cette vidéo les Talibans ont clairement invité les membres de l’ANA ou de l’ANP à faire de même et les ont assuré de leur bienveillance. Les Talibans entendent exploiter ce nouveau type d’attaques et les intégrer à une stratégie cohérente : affaiblir l’ANA et l’ANP ainsi que l’Etat afghan, augmenter le sentiment d’insécurité et d’incertitude au sein des forces de la Coalition mais aussi de tous les acteurs de la présence étrangère dans le pays et enfin recruter de nouveaux combattants (qui ont l’avantage d’avoir fait défection avec leur arme ou une partie de leur équipement, d’avoir reçu une formation militaire et surtout de connaître les dispositifs de l’ANA, de l’ANP ou de l’ISAF). Les Talibans ont non seulement pu infiltrer avec succès les forces de sécurité afghanes mais ils peuvent compter désormais sur le ralliement à leur cause de militaires ou de policiers afghans prêts à s’en prendre aux forces étrangères [71].

    Au cours du mois d’août 2012 six G.I.s furent tués par leurs collègues afghans dans le Helmand puis deux attaques similaires coûtèrent la vie à deux soldats américains et dix militaires afghans [72]. Le dimanche 30 septembre 2012 un militaire américain, un “contractor” et trois de leurs collègues afghans furent tués dans le district de Saidabad (province du Wardak) [73]. A l’approche d’un checkpoint tenu par sept militaires afghans, un groupe de soldats américains menant une mission de recherche biométrique fut touché par un tir de mortier et répliqua, tuant 3 soldats de l’ANA et en blessant 3 autres [74]. Les autorités du Wardak et les officiels de l’ISAF ont présenté des versions différentes de cet incident et de ses causes. D’après le seul soldat afghan qui n’a pas été blessé au cours de l’attaque, une dispute aurait éclaté et le félon aurait ouvert le feu sur la patrouille américaine avant que celle-ci ne réplique et qu’un soldat américain ne jette une grenade dans le checkpoint afghan (le témoin s’étant entre temps réfugié derrière un Humvee de l’ANA) [75]. Le porte-parole des autorités provinciales du Wardak, Shahidullah Shahid, a déclaré qu’après avoir reçu un tir de mortier provenant d’insurgés talibans, une patrouille américaine s’est crue attaquée par des soldats de l’ANA et a ouvert le feu sur le checkpoint de ces derniers, menant à une fusillade et à ce drame [76]. Le Ministère de la Défense afghan a sobrement affirmé de son côté que ce dramatique incident était le résultat d’une „incompréhension“ entre militaires américains et afghans [77].

    D’après la version officielle de l’ISAF, des soldats américains ont eu une courte conversation avec leurs collègues afghans avant d’être la cible de tirs blessant mortellement un GI et tuant un „contractor“ civil [78]. Trois soldats de l’ANA furent tués dans la fusillade qui s’en suivit [79]. Le commandant en second des forces de l’ISAF, le Lieutenant-Général Adrian Bradshaw, a confirmé que l’incident se serait produit après une courte discussion entre militaires américains et afghan mais il a aussi ajouté que „Ce qui a été rapporté à l’origine comme étant une suspicion d’acte de félonie est désormais compris comme ayant possiblement impliqué des tirs provenant des insurgés“ [80]. En plus de cet incident, 3 policiers afghans furent tués par des Talibans lors de l’attaque de leur checkpoint dans le Helmand le 30 septembre 2012 [81].

    Ces actes de félonie ne sont plus à considérer comme des actes marginaux et encore moins comme le fait d’individus instables ou isolés : ces actes sont devenus un des phénomènes majeurs de violence les plus typiques de l’année 2012 [82] et ont coûté la vie à 63 soldats de l’ISAF (sur un total de 405 soldats étrangers tués en 2012) [83]. Le quart des soldats britanniques tués dans la province du Helmand ont perdu la vie au cours d’attaques de ce type et les 6 soldats britanniques décédés au cours des six derniers mois ont tous été victimes d’attaques similaires (439 soldats britanniques ont perdu la vie en Afghanistan depuis 2001) [84]. Ces actes de félonie sont en croissance : ils ont coûté la vie à 5 soldats britanniques en 2009 et à 14 autres en 2012 [85]. Une tendance nette s’est dessinée : le taux de mortalité au sein des forces de l’ISAF imputable aux actes de félonie était de 6% en 2011 et en 2012 il a atteint 15% alors qu’il n’était que de 2% au cours des dernières années [86]. Le Pentagone a recensé 45 actes de félonie entre 2007 et la fin 2011 et estime que 75% de ceux-ci se sont produits entre 2010 et 2011 [87]. En 2012 seulement, 47 de ces actes furent recensés alors qu’en 2011 on en avait compté 21 coûtant la vie à 35 soldats [88].

    D’après les officiers de haut rang de l’ISAF, 25% des attaques de ce type peuvent être imputées directement ou indirectement aux Talibans [89]. A Washington on s’inquiète aussi des effets perturbateurs produits par cette nouvelle forme de violence sur le processus de formation des forces de sécurité afghanes et qui est un des éléments clés de la stratégie de retrait des Etats Unis [90]. Ainsi, suite à la recrudescence d’actes de félonie, la formation des nouvelles recrues de la police afghane par des membres des forces spéciales a été suspendue au cours du mois de septembre 2012 [91].

    Après le retrait de l’ensemble des forces combattantes de l’ISAF, les forces afghanes verront leur accès à certaines ressources considérables telles que la force aérienne (reconnaissance, drones, hélicoptères et avions de combat, transport de troupes ou de matériel) ou l’aide médicale se réduire drastiquement [92]. Il n’est pas inutile de préciser que les Talibans disposent d’informateurs au sein des administrations d’Etat, entreprises (comme ce fut le cas en 2008 au sein de la compagnie de télécommunications « Roshan ») et évidemment au sein des organes répressifs afghans : ce dernier élément peut s’avérer être critique dans la mesure où, conjugué aux actes de félonie et les défections de militaires ou de policiers, il pourrait donner naissance à une stratégie visant à saper durablement et profondément l’ANA et l’ANP. Les Talibans ne cessent d’affirmer qu’ils ont infiltré les forces de sécurité afghanes et se sont toujours empressés de revendiquer ces attaques mais ils reconnaissent cependant que dans les faits, ces actes sont majoritairement spontanés et imputables à des soldats ou policiers frustrés par le contexte politique afghan et la présence étrangère [93].

    Ainsi, au début du mois de janvier 2013 un soldat afghan nommé Sheikh (Qasim d’après une vidéo de source talibane) et originaire de Laghman a ouvert le feu sur ses collègues afghans et britanniques sur la base avancée de Hazrat (district de Nahr-e Saraj), dans la province troublée du Helmand [94]. Le soldat félon a pu tuer un soldat britannique du 28ème Régiment du Génie et en blesser 6 autres avant d’être abattu [95]. Ce soldat avait été recruté il y a environ un an et était connu pour son caractère pieux, il dirigeait souvent la prière comme l’ont rapporté certains de ses camarades [96]. Cette attaque (la 73ème de ce type depuis janvier 2008) [97] a été aussitôt revendiquée par les Talibans qui ont précisé que le soldat félon était un militant infiltré [98] mais le gouvernement afghan s’est empressé de démentir cette affirmation: ce drame serait la conséquence d’une dispute entre soldats de l’ANA [99]. La province du Helmand a été le théâtre de 18 attaques similaires au cours des 5 dernières années et au début du mois de juillet 2012, 3 conseillers militaires britanniques et un autre membre de l’ISAF avaient déjà perdu la vie dans le même district de Nahr-e Saraj suite à l’attaque d’un policier afghan félon [100].

    Au cours des trois années précédentes les effectifs des forces armées afghanes ont grossi au point d’attendre 195000 hommes mais le processus de vérification des nouvelles recrues s’est avéré être quasi-inexistant [101]. Conscients de la menace représentée par l’infiltration et les actes de félonies, les forces de la Coalition et le NDS (services afghans de renseignement) ont déclaré intensifier leurs efforts de contre-espionnage en matière de contrôle et de vérification des nouvelles recrues: les soldats afghans revenant de permission devront ainsi être interrogés sur de possibles menaces ou tentatives d’inflitration les ayant visé ou ayant visé leurs familles [102]. Pour Quentin Sommerville, il s’agit « de la reconnaissance du fait que les Talibans contraignent ou obligent les militaires afghans à attaquer les soldats étrangers. Et d’une acceptation sinistre de la part des commandants de l’ISAF que les attaques internes ne peuvent être complètement prévenues » [103]. Les insurgés Talibans peuvent recruter des informateurs et pousser des policiers ou soldats félons à passer à l’acte pour des raisons idéologiques ou plus précisément religieuses, par le biais d’affiliations claniques ou tribales, par la contrainte (menaces de mort sur la personne ou ses proches, enlèvement d’un proche, chantage) ou par la corruption. Ce dernier moyen est facilement utilisable par les Talibans qui disposent d’importantes ressources financières provenant de la production et du trafic d’opium dans leurs bastions du sud : les Talibans peuvent aisément corrompre et recruter un félon en lui versant une somme bien supérieure à sa solde [104].

    Les forces de l’ISAF ont réagi à ces risques en renforçant leurs protocoles de sécurité sur leurs bases avancées et lors des patrouilles : des soldats de la Coalition appelés « anges gardiens » ont désormais la tâche de veiller sur leurs compatriotes et de prévenir tout acte de félonie [105]. Lorsqu’ils sont en opération ou en présence de leurs collègues afghans, les soldats de la Coalition doivent porter un gilet pare-balles et ne doivent jamais quitter leur arme qui doit toujours être chargée [106].

    En février 2012 l’Armée américaine a distribué à ses troupes un manuel de 35 pages (« Inside the wire threats – Afghanistan ») devant les préparer à faire face à ces nouveaux risques [107]. De manière saisissante, ce manuel se référait fréquemment au cas de la lutte menée par l’Armée Rouge contre les Moudjahidines et qui à bien des égards semblait refléter les appréhensions et la situation actuelles : « L’Armée afghane était un allié non-fiable. (…) Elle fit face à des constantes défections dès le début, pas seulement d’individus ou d’unités mais aussi de divisions entières qui rejoignirent les Moudjahidines, prenant leur équipement personnel et leurs fusils ainsi que des tanks et des véhicules blindés » [108]. Ledit manuel ajoutait que « Le plan soviétique originel consistant à pousser l’Armée afghane sur le terrain pour combattre les Moudjahidines fut écarté. Les effectifs limités, le manque d’entraînement et les loyautés douteuses de l’Armée afghane rendirent ce projet trop risqué à mettre en œuvre » [109].

    La crainte et la méfiance croissantes des militaires de l’ISAF à l’encontre de leurs collègues afghans a mené à une dégradation de leurs relations (notamment au cours d’opérations conjointes) mais d’un côté comme de l’autre, les officiels de l’ISAF et des forces afghanes s’accordent à dire que les actes de félonie sont le résultat d’un « clash des cultures » [110]. De nombreux soldats afghans seraient outrés par la décadence occidentale et frustrés de recevoir des ordres de militaires étrangers, ce qui en mènerait certains à passer à l’acte et constitue ainsi un vivier de recrutement potentiel pour l’insurrection talibane [111]. De plus, ces sentiments se sont renforcé suite à la profanation des Corans à Bagram et des cadavres de combattants talibans par des militaires américains ainsi qu’aux raids nocturnes ayant causé de nombreux morts civils [112]. Une enquête menée en 2011 par l’Armée américaine a révélé de son côté qu’ « en moyenne, les soldats américains pensent que 50% de l’ANA est composé d’islamistes radicaux » vulnérables à un possible recrutement taliban [113]. Les résultats de cette enquête ont donné lieu à un rapport non classifié intitulé « Une crise de confiance et d’incompatibilité culturelle » (« A crisis of trust and cultural incompatibility ») et citant de nombreux soldats américains dont un affirmant qu’ « Un reporter attaché à mon peloton m’a dit que durant une conversation avec des soldats de l’ANA, ces derniers ont dit que si les Talibans commençaient à gagner la guerre, ils changeraient de camp et rejoindraient les Talibans » [114].

    Ce « choc des cultures » est à l’origine de certains actes de félonie impliquant des soldats ou policiers afghans outrés par le comportement irrespectueux des militaires américains qu’ils côtoient (mépris de la culture et des traditions afghanes, comportement abusif lors de contrôles ou d’opérations, etc.) [115]. Matthew Rosenberg rapporte que „Dans certains cas, le comportement abusif et corrompu des officiers afghans pousse le tueur à s’en prendre aux Américains, qui sont vus comme soutenant les commandants locaux“ [116]. Il arrive aussi qu’un nombre marginal de ces attaques soit dénué de toute raison logique ou motivation rationnelle, comme ce fut le cas lorsqu’une policière afghane tua à la fin du mois de décembre 2012 Joseph Griffin, un „contractor“ américain de DynCorp International travaillant pour le programme de l’OTAN visant à former la police nationale afghane [117].

    A la fin de l’été 2012 le nombre d’opérations conjointes avec les forces afghanes et impliquant des unités inférieures à la taille d’un bataillon (de 400 à 800 soldats) a été réduit (alors que l’ensemble de ces opérations conjointes mobilise principalement des unités américaines inférieures à un bataillon) et celles-ci doivent désormais être approuvées par un général commandant une des six régions militaires du pays [118]. Le Lieutenant-Général Adrian Bradshaw a expliqué que ces nouvelles règles n’étaient pas le fruit de la recrudescence d’actes de félonie mais était une mesure de précaution après le scandale causé par le film américain calomniant le prophète Mahomet sur Youtube [119].

    Gilles-Emmanuel Jacquet

    À propos de l’auteur
    Titulaire d’un Master en Science Politique de l’Université de Genève et d’un Master en Études Européennes de l’Institut Européen de l’Université de Genève, Gilles-Emmanuel Jacquet s’intéresse à l’Histoire et aux Relations Internationales. Ses champs d’intérêt et de spécialisation sont liés aux conflits armés et aux processus de résolution de ces derniers, aux minorités religieuses ou ethnolinguistiques, aux questions de sécurité, de terrorisme et d’extrémisme religieux ou politique. Les zones géographiques concernées par ses recherches sont l’Europe Centrale et Orientale, l’espace post-soviétique ainsi que l’Asie Centrale et le Moyen Orient.

    Source : Realpolitik.tv. 

    Notes
    [1] Hamid Shalizi, « Afghans say total U.S. pullout would trigger disaster, Reuters », 09/01/2013
    [2] « Afghans Feel Police Not Ready for Security Control », Voice of America, 31/01/2012
    [3] Ibid.
    [4] Hamid Shalizi, « Afghans say total U.S. pullout would trigger disaster, Reuters », 09/01/2013
    [5] Ibid.
    [6] Ibid.
    [7] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [8] Ibid.
    [9] Ibid.
    [10] Ibid.
    [11] Ibid.
    [12] Frederick et Kimberley Kagan, « How to Waste a Decade in Afghanistan », The Wall Street Journal
    [13] « British Soldier Killed in Afghan ‘Insider’ Attack », Voice of America, 08/01/2013
    [14] Ibid.
    [15] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [16] Ibid.
    [17] Ibid.
    [18] Anthony Cordesman, « A Mindless Debate over U.S. Troops in Afghanistan », War News Update, 05/01/2013
    [19] Ibid.
    [20] Anthony H. Cordesman, « The War In Afghanistan at the End of 2012: The Uncertain Course of the War and Transition », Center for International and Strategic Studies, 22/01/2013
    [21] Anthony Cordesman, « A Mindless Debate over U.S. Troops in Afghanistan », War News Update, 05/01/2013
    [22] Ibid.
    [23] Ibid.
    [24] Ibid.
    [25] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [26] Ibid.
    [27] « Reforming Afghanistan’s police », Asia Report n°138, 30/08/2007, International Crisis Group
    [28] Ibid.
    [29] Ibid.
    [30] Ibid.
    [31] Ibid.
    [32] Sajad, « Clashes among Afghan leaves 3 dead in Khost province » , Khaama, 20/10/2012
    [33] « Clashes among Afghan police leave three dead », The News, 27/10/2012
    [34] Ibid.
    [35] Antonio Giustozzi, Decoding the New Taliban, Insights from the Afghan field, Hurst and Company, 2009
    [36] Gareth Porter, « Tajik Grip on Afghan Army Signals New Ethnic War », Dissident Voice, 30/11/2009
    [37] Ibid.

    [38] Ibid.
    [39] Ibid.
    [40] Ibid.
    [41] Ibid.
    [42] Ibid.
    [43] Ibid.
    [44] Ibid.
    [45] Ibid.
    [46] Rob Taylor et Mirwaïs Harouni, «
    Afghan Hazara leader skeptical of Taliban peace », Reuters, 30/01/2012
    [47] Gareth Porter, « Tajik Grip on Afghan Army Signals New Ethnic War
    », Dissident Voice, 30/11/2009
    [48] Ibid.
    [49] Gilles-Emmanuel Jacquet, « Les conférences internationales sur l’Afghanistan : une décennie d’approche diplomatique erronée ? », Realtpolitik.TV, 27/11/2012
    [50] Gareth Porter, « Tajik Grip on Afghan Army Signals New Ethnic War », Dissident Voice, 30/11/2009
    [51] Ibid.
    [52] « Afghan police suspected of killing Albanian soldier », Telegraph, 21/02/2012 ; Talia Ralph, « Albanian soldier dead after men in Afghan police uniforms open fire on NATO forces », The Global Post, 20/02/2012 et « First two Albanian soldiers killed in Afghanistan », Xinhua, 21/02/2012

    [53] Ibid.
    [54] Gilles-Emmanuel Jacquet, « Les conférences internationales sur l’Afghanistan : une décennie d’approche diplomatique erronée ? », Realtpolitik.TV, 27/11/2012
    [55] « Afghan policeman kills 9 sleeping fellow officers
    », The Telegraph, 30/03/2012 et Rod Nordland, « Betrayed while asleep, 17 Afghan policemen killed », The New York Times, 27/12/2012

    [56] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [57] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [58] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [59] Ibid.
    [60] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [61] Ibid.
    [62] Ibid.
    [63] Ibid.
    [64] Ibid.
    [65] Ibid.
    [66] Ibid.
    [67] Ibid.
    [68] Ibid.
    [69] Ibid.
    [70] Ibid.
    [71] Ibid.
    [72] Emma Graham-Harrison, « Six US soldiers killed by Afghans », The Guardian, 11/08/2012 et Qadir Seddiqi, « Afghan security forces kill 2 U.S. troops, 10 Afghan soldiers in 2 attacks », CNN, 27/08/2012
    [73] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [74] Ibid.
    [75] Ibid.
    [76] Heidi Vogt et Rahim Faiez, « US and Afghan forces clash, leaving 5 dead », Associated Press, 30/09/2012
    [77] Ibid.
    [78] Ibid.
    [79] Ibid.
    [80] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [81] Heidi Vogt et Rahim Faiez, « US and Afghan forces clash, leaving 5 dead », Associated Press, 30/09/2012
    [82] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [83] « British Soldier Killed in Afghan ‘Insider’ Attack », Voice of America, 08/01/2013 ; Mina Hasib, « Individual in Afghan uniform kill NATO soldier in South », Khaama, 08/01/2013 ; Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012 et Conflict Barometer 2012, Heidelberg Institute for International Research Conflict (HIIK), 2012, p.103
    [84] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [85] Ibid.
    [86] Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [87] « Afghan police suspected of killing Albanian soldier », The Telegraph, 21/02/2012
    [88] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [89] Mina Hasib, « Individual in Afghan uniform kill NATO soldier in South », Khaama, 08/01/2013
    [90] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [91] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [92] « As Plans for Afghan Exit Are Sketched, Hope Turns to Hatred », At War, 04/01/2013
    [93] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [94] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013 et Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [95] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [96] Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [97] Ibid.
    [98] « British Soldier Killed in Afghan ‘Insider’ Attack », Voice of America, 08/01/2013
    [99] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [100] Lisa Lundquist, « Afghan soldier kills 1, wounds 6 in latest insider attack », The Long War Journal, 08/01/2013
    [101] Quentin Sommerville, « British soldier killed by Afghan army gunman in Helmand », BBC, 08/01/2013
    [102] Ibid.
    [103] Ibid.
    [104] Stuart Ramsay, « Afghanistan: Green On Blue Attacks Rising », 08/01/2013
    [105] Ibid.
    [106] Ibid. et Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [107] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [109] Ibid.
    [110] Stuart Ramsay, « Afghanistan: Green On Blue Attacks Rising », 08/01/2013
    [111] Ibid.
    [112] Ibid.
    [113] Paul Sperry, « Afghan Allies, Now even top officials in the Kabul government vow to kill Americans », The New York Post, 29/12/2012
    [114] Ibid.
    [115] Matthew Rosenberg, « An Afghan Soldier’s Journey From Ally to Enemy of America », The New York Times, 04/01/2013
    [116] Ibid.
    [117] Ibid. ; Rod Nordland, « Motive Unclear in Killing by Woman in Afghan Force », The New York Times, 25/12/2012 et Alexandra Zavis et Hashmat Baktash, « Georgia man identified as victim of suspected Afghan insider attack », The Los Angeles Times, 24/12/2012
    [118] Ron Nordland, « 5 Are Dead After Clash Between U.S. and Afghan Troops », The New York Times, 10/01/2012
    [119] Ibid.

    http://fr.novopress.info

  • Soigner ou éliminer les récidivistes

    L'Institut pour la justice fait-il fausse route ?
    L'Institut pour la justice a été fondé la même année que celle où la jeune Anne-Lorraine Schmitt a été assassinée dans le RER par un récidiviste. Le général Schmitt, père de la victime, a rejoint cette association et lui a donné une voix qui a porté, et c'est pourquoi nous écoutons toujours avec sympathie les prises de position de l'Institut pour la justice.
    Cependant celui-ci semble amputer son action d'un élément fondamental en tenant pour définitivement acquise l'abrogation de la peine de mort que Jacques Chirac a voulu faire inscrire dans la Constitution de 1958.
    Cette position est une erreur qui obère son action par ailleurs louable. Car c'est ignorer que les règles européennes imposées interdisent aussi les peines d'enfermement perpétuelles.
    Et c'est pourquoi le communiqué de l'Institut du 10 février 2011 est plutôt injuste car il impute la responsabilité du meurtre de Laetitia pour une part aux magistrats, et il conclut que leur grève est indécente et irresponsable.
    Pourtant c'est bien le législateur qui a prévu que toutes les peines d'emprisonnement seraient aménagées, c'est-à-dire raccourcies ou changées (sauf quelques exceptions que nous verrons plus loin), et en tout cas, toutes les peines ayant une fin, il est inéluctable que les condamnés sortent un jour.
    Rappelons pour mémoire que c'est le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy qui a voulu que les délinquants étrangers restent sur notre sol après l'exécution de leur peine, en faisant voter la loi du 26 novembre 2003 qui a considérablement restreint le cas où l'étranger criminel pouvait être expulsé.
    Qui est laxiste, de la magistrature ou du législateur ?
    Les magistrats sont chargés d'appliquer la loi et il est malvenu que le gouvernement les accuse d'un laxisme qui se trouve dans la loi qu'ils appliquent. Nous n'entrerons pas dans la querelle de la prétendue séparation des pouvoirs qui semble hors de propos ; de même nous laisserons de côté la question de savoir s'il est loisible et opportun de critiquer les magistrats et les décisions de justice.
    Il est évident que Sarkozy dès 2003, avec sa loi contre la prétendue double peine, a fait preuve de démagogie et de la volonté de plaire à une gauche inspiratrice des médias, et dont l'idéologie sévit partout au sommet de l'État. L'Institut pour la justice appelle cette attitude « compassionnelle » et la stigmatise en ce qu'elle oublie constamment les victimes au bénéfice des condamnés qui ont droit à toutes les attentions de la Justice et en particulier de la Chancellerie.
    Le point que semble ignorer l'Institut est qu'en vertu d'une règle non écrite mais souvent rappelée, les institutions européennes excluent l'emprisonnement à vie ; ainsi la Cour européenne des droits de l'homme a par un arrêt du 12 février 2008 distingué les peines d'emprisonnement perpétuelles (qui sont admises) des peines perpétuelles incompressibles (qui sont prohibées) [Kafkaris c. Chypre].
    C'est pourquoi un système extrêmement compliqué a été mis en place pour tenter de maintenir de longues peines et des mesures de sûreté sans tomber sous la censure de la CEDH.
    L'impossible peine perpétuelle
    Ne cherchons pas plus loin que dans les règles pénitentiaires européennes qui ont été élaborées en 1973 par le Comité européen de coopération pénologie et révisées à plusieurs reprises sur mandat du Comité des ministres du Conseil de l'Europe ; le 11 janvier 2006 le Comité des ministres a adopté la dernière révision sous la forme d'une recommandation.
    La règle n° 6 des principes fondamentaux confirme qu'il ne saurait y avoir de peine perpétuelle car chaque détenu doit un jour « réintégrer la société libre » et la vie en prison doit être organisée dans cette perspective.
    Nous ne contesterons pas que la prison perpétuelle est un enfer ; cf. Prisons françaises ? L'état des lieux, Ed. Atelier Fol'Fer.
    Mais que faire des criminels dangereux et récidivistes ?
    Pour tourner les injonctions européennes, le législateur français pétri d'incohérence (il s'agit de « la femme sans tête » stigmatisée par Maurras, à moins que ce ne soit l'hydre de Lerne qui étouffe notre France agonisante) a choisi plusieurs voies.
    - Les lois sur la récidive. Ces dernières années il y en eut quatre :
    —Loi du 9 mars 2004 dite Perben II ;
    —Loi du 12 décembre 2005 sur la récidive ;
    Loi du 10 août 2007 sur la récidive des majeurs et des mineurs ;
    Et la dernière loi du 10 mars 2010 sur la récidive.
    Plus ou moins appliquées (et applicables) ces lois n'ont pas changé le cours de l'Histoire ou celui de la Justice, car des causes plus profondes poussent à la récidive, dans une société hédoniste et matérialiste, où tout s'effondre à commencer par la famille, pilier de la société.
    • D'autres lois ont visé à mettre hors d'état de nuire les criminels les plus dangereux en les maintenant plus longtemps derrière les barreaux avec la période de sûreté ; instaurée en 1977 elle avait été réduite à 22 ans par le nouveau Code pénal de 1992.
    Par la loi 94-89 du 1er février 1994 dite de « perpétuité réelle ou incompressible » on a étendu la période de sûreté à 30 ans « lorsque la victime est un mineur de 15 ans et que l'assassinat a été accompagné de tortures ou d'actes de barbarie » (articles 221-3 et 221-4 du Code pénal).
    Toutefois l'article 720-4 du Code de procédure pénale permet au Tribunal de l'application des peines de faire bénéficier le condamné qui a purgé 20 ans d'emprisonnement des mesures d'aménagement qui lui avaient été refusées par la cour d'assises. Mais cela est subordonné à une expertise médicale réalisée par un collège de trois experts.
    - La rétention de sûreté prévue par la loi 2008-174 du 25 février 2008 a pour but de maintenir enfermés en fin de peine les condamnés qui « présentent une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive en raison d'un trouble grave de la personnalité » : des « centres médico-socio-judiciaires de sûreté » leur sont destinés.
    De la même façon des expertises médicales sont prévues ainsi qu'une période d'observation.
    Cependant l'article 706-53-16 prévoit que la décision de rétention de sûreté, qui est reconductible, n'est valable qu'un an et l'article suivant prévoit qu'elle peut être remise en cause par le détenu tous les 3 mois.
    - Lorsque, inéluctablement, le condamné est remis en liberté, soit en libération conditionnelle soit en fin de peine, il lui est appliqué la surveillance judiciaire ou le suivi socio-judiciaire (loi 2010-242 du 10 mars 2010). La première mesure est décidée par le Tribunal de l'application des peines tandis que la seconde est de la compétence de la juridiction de jugement (tribunal correctionnel ou cour d'assises) et peut atteindre 30 ans. Elles sont toutes deux exécutées sous le contrôle du juge de l'application des peines et du Service pénitentiaire d'insertion et de probation.
    Enfin lorsque la rétention de sûreté a pris fin, et si le condamné présente toujours des risques de récidive, la juridiction régionale de la rétention de sûreté peut placer celui-ci sous surveillance de sûreté pour une durée de 2 ans.
    Toutes ces mesures sont essentiellement fondées sur des soins médico-psychologiques ou psychiatriques, sur les contrôles des agents de probation et le cas échéant sur l'efficacité du bracelet électronique.
    L'expertise psychiatrique et les malades mentaux
    Avec les progrès de la chimiothérapie, et en particulier l'usage de neuroleptiques très puissants et efficaces, les médecins psychiatres se sont persuadés qu'ils avaient trouvé les moyens de soigner et même de guérir des malades mentaux jusque-là enfermés dans des asiles ou des hôpitaux psychiatriques.
    Le vrai problème est que l'efficacité de ces produits cesse dès que le malade ne les absorbe plus et il est de plus en plus difficile de suivre ces malades, faute de personnel suffisant et aussi très souvent parce que le patient refuse d'être traité et tente d'échapper à la surveillance du personnel médical.
    C'est ce qui rend particulièrement dangereuse pour l'ordre public et la sécurité des personnes la médecine ambulatoire des malades mentaux qui sont libérés précocement alors qu'auparavant ils demeuraient internés.
    Le même problème se pose en prison où les malades mentaux à divers stades de leurs maladies sont nombreux.
    Pour eux la question posée à la Justice est celle du degré de leur responsabilité ou de leur irresponsabilité. Ils ne seront évidemment pas traités de la même façon selon l'un ou l'autre cas.
    L'enfermement des criminels récidivistes
    La prison n'est pas une panacée. D'abord parce que les gardiens y risquent leur vie et même la perdent, compte tenu de la dangerosité de certains détenus.
    En outre s'il existait une véritable peine d'enfermement à vie, certaines catégories de prisonniers n'hésiteraient pas à risquer le tout pour le tout et mettraient en danger toute la prison.
    Le reproche le plus couramment fait à la prison est que c'est l'école du crime. C'est en grande partie vrai. C'est aussi un lieu de délinquance parce qu'on a abaissé l'autorité du personnel pénitentiaire et qu'il est de plus en plus difficile d'y maintenir la discipline.
    Certains condamnés peuvent être soignés et réadaptés tels les alcooliques, plus difficilement les drogués et les malades mentaux.
    Mais certains pervers sexuels sont malheureusement irrécupérables. Quelques-uns sont conscients du problème et demandent à subir la castration. Précisons que comme pour les malades mentaux, la castration chimique n'a d'effet qu'aussi longtemps que le traitement est suivi. Dès qu'il est interrompu (et quel personnel peut le contrôler ?) la dangerosité est à nouveau entière.
    Alors la castration chirurgicale est peut-être la solution envisageable si elle est volontaire.
    Enfin après avoir démontré que les peines d'emprisonnement perpétuelles sont actuellement exclues par le législateur et de toute façon très difficiles à mettre en œuvre, il faut reposer la question de la peine de mort pour les crimes les plus graves et les récidivistes dangereux car Salus populi est suprema lex.

    
Custos Présent du 25 février 2011

  • Exclusif : la défense va[-t-elle] sauver les meubles contre les exigences de Bercy (actualisé) ?

    Le "scénario Y" a été validé ce matin en conseil de défense.

    Un conseil de défense s’est réuni ce matin à l’Elysée (1) au cours duquel un premier arbitrage extrêmement important a été rendu. Le "scénario Y", celui avancé par le ministère de la défense, a été validé.

    En revanche, l’autre hypothèse, dite scénario Z, défendue par Bercy n’a pas été approuvée comme nous l’évoquions précédemment sur ce blog. Globalement, la défense va donc sauver les meubles, même s’il faut rester prudent. Des coups de théâtres sont possibles, jusqu’à la décision finale sur le Livre balnc qui doit intervenir le 10 avril. Le président de la République pourrait néanmoins évoqué ce sujet lors de son intervention télévisée, demain soir.

    Au cours des six prochaines années (2014-19), les crédits de la défense devraient être en moyenne d’environ 30 milliards par an. Une partie de cette somme - de l’ordre de 3 à 5 milliards sur l’ensemble de la période - proviendra de "recettes exceptionnelles", comme cela avait déjà le cas lors de la précédente loi de programmation. Après les fréquences et l’immobilier, on parle aujourd’hui de vendre les participations de l’Etat dans les entreprises de défense. [...]

    La suite sur Secret Défense

    En contrepoint, l’analyse de Novopress

    http://www.actionfrancaise.net

  • États-Unis-Corée du Nord : rien ne va plus

    09H30-DERNIÈRE MINUTE. La Corée du Nord vient d’annoncer que son armée coupait la ligne téléphonique d'urgence avec son homologue de la Corée du Sud, plusieurs jours après avoir suspendu le "téléphone rouge" entre les deux gouvernements et menacé son rival et son allié américain d'une attaque nucléaire.
    L
    a Corée du Nord menace de frapper les États-Unis. L’ état communiste a en effet placé mardi son armée en ordre de combat et demandé à ses unités spéciales "stratégiques" de se préparer à d'éventuelles frappes contre les États-Unis, une nouvelle menace prise "très au sérieux" par Washington, "prêt à répondre à toute éventualité".
    "Le commandement de l'armée du peuple coréen déclare que toutes les troupes d'artillerie, y compris les unités stratégiques de missiles et les unités d'artillerie à longue portée doivent être placées en alerte prêtes au combat", selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
     
    Ces unités doivent se tenir prêtes à attaquer "toutes les bases militaires américaines dans la région Asie-Pacifique, y compris sur le continent nord-américain, Hawaï et Guam" ainsi qu'en Corée du Sud, a ajouté le commandement nord-coréen dans un communiqué transmis par KCNA.
    "Nous sommes préoccupés par toute menace brandie par les Coréens du Nord. Nous prenons très au sérieux tout ce qu'ils disent et font", a réagi à Washington le porte-parole du Pentagone, George Little, pour qui les menaces continuelles de Pyongyang "n'aident personne".
    Washington est prêt à défendre son territoire et la Corée du Sud, a-t-il ajouté.
    Pour la Maison Blanche, "la rhétorique belliqueuse et les menaces de la Corée du Nord suivent un modèle destiné à accroître les tensions et à intimider les autres".
    Cette nouvelle bravade "s'inscrit dans ce modèle et nous y répondons de la manière dont nous l'avons toujours fait", a affirmé son porte-parole Jay Carney.
    Malgré le tir réussi d'une fusée le 12 décembre dernier --assimilé par Séoul et ses alliés à un missile balistique--, les experts jugent que Pyongyang est loin de maîtriser la technique requise pour lancer un missile intercontinental, capable de frapper les États-Unis.
    Hawaï et Guam sont également considérés comme hors de portée des missiles de moyenne portée développés par la Corée du Nord, qui pourraient en revanche atteindre les bases américaines au Japon et en Corée du Sud.
    Mais face à la perspective d'une menace future bien réelle, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel avait annoncé le 15 mars le renforcement de la défense antimissile américaine, par le déploiement d'ici 2017 de 14 intercepteurs supplémentaires en Alaska, en sus des 30 missiles déjà installés sur le territoire des États-Unis.
    Le porte-parole du Pentagone a convenu mardi que cette décision répondait "dans une large mesure aux menaces nord-coréennes croissantes et au développement de leurs programmes balistiques".
    La semaine dernière, Pyongyang avait par ailleurs déjà menacé de s'en prendre aux bases américaines au Japon et à Guam, en riposte aux vols de bombardiers B-52 au-dessus de la Corée du Sud.
    Cela n'a pas empêché l'armée américaine de les poursuivre, puisqu'un nouveau vol de bombardier stratégique au-dessus du Sud a eu lieu lundi, selon M. Little.
    Les tensions sur la péninsule coréenne sont actuellement au plus haut depuis 2010. Un test nucléaire le 12 février, le troisième réalisé par le Nord, a entraîné de nouvelles sanctions de l'ONU et des menaces de représailles de la part de Pyongyang.
    La nouvelle présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a de son côté prévenu Pyongyang que "le seul chemin vers la survie" résidait dans l'abandon de ses programmes nucléaire et balistique et a appelé le Nord "au changement", lors d'un discours prononcé à l'occasion du troisième anniversaire du naufrage d'une corvette sud-coréenne, torpillée par Pyongyang, selon Séoul.
    Le torpillage avait causé la mort de 46 marins sud-coréens. Le Nord a toujours nié en être responsable.

    Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/

  • Trop d’insécurité, trop de chômage, trop d’immigration

    Il n’y a pas que Karim Benzema sous le maillot de l’équipe de France qui ne trouve pas le chemin des buts. Faute d’être capable de changer de modèle économique, de  penser national,  le gouvernement Ayrault  s’avère bien impuissant à  marquer des points, que ce soit dans la bataille contre l’insécurité comme dans celle contre le chômage. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a choisi hier d’anticiper la hausse de la délinquance en indiquant, lors de son audition devant l’Assemblée nationale,  que celle-ci découle de l’introduction de nouveaux indicateurs dans le cadre de la réforme de l’outil statistique.  Bref, selon M.  Valls, si la criminalité progresse c’est donc de  la faute du thermomètre… les Français sont vraiment pris pour des crétins.  Pourtant, il a fallu pas moins de  130 policiers et gendarmes mobiles, assistés du Raid et du GIPN (groupe d’intervention de la police nationale) pour procéder à l’interpellation  hier à l’aube, dans les quartiers pluriels d’Amiens-Nord,  de neuf « jeunes ». Ils sont soupçonnés d’avoir participé aux  émeutes qui avaient occasionné  des millions d’euros de dégâts et   fait 17 blessés parmi les policiers, parfois touchés par des tirs d’armes à feu. Il a fallu aussi ce mercredi matin à Grigny (Essonne) et à Montreuil (Seine-Saint-Denis),  la mobilisation de deux cents policiers, de membres du  Raid et du GIPN,  pour effectuer  une douzaine  d’interpellations dans le cadre de  l’assaut d’un RER D,  le samedi 16 mars, par une vingtaine de « jeunes »  qui avaient mené l’attaque  et dévalisé les occupants d’une rame à Grigny.

     Espérons que  la très controversée  Sihem Souid, engagée par Christiane  Taubira dans son ministère  pour traquer les comportements discriminatoires (voir notre article en date du 26 février),   ne  verra pas dans ses opérations de la police  la marque d’un insupportable racisme.  Dans un texte publié puis retiré précipitamment  le  20 mars du site LePoint.fr, Mme Souid tirait à boulet rouge sur « Manuel Valls », « son menton prognathe »  et « sa cohorte d’islamophobes » le comparant à Nicolas Sarkozy. M. Valls a en effet des affinités communautaires sélectives et il avait  critiqué la décision de la Cour de cassation  d’annuler l’arrêt de la Cour d’appel de Versailles rendu en octobre 2011, qui avait confirmé le licenciement en 2008 de Fatima Afif, une employée de la crèche Baby-Loup située dans le quartier pluriel de Chanteloup-Les-Vignes (Yvelines), parce qu’elle refusait d’ôter son foulard islamique.

     Sur le  front de  l’emploi également,  François Hollande, comme M. Valls et ses collègues,  se  complait dans la Méthode Coué. Il   ne peut que répéter, comme il l’a fait encore mardi,  qu’il maintenait son objectif d’inverser la courbe du chômage d’ici à la fin 2013.  Le pic de 1997 a été frôlé, le nombre de chômeurs a poursuivi sa hausse, pour le 22e mois consécutif en février   avec 18 400 chômeurs de plus (+0,6%), soit un total de 3,187 millions d’inscrits en métropole . Sur un an, la hausse est de 10,8%.  

     « En incluant les personnes ayant une activité réduite (catégories B et C), précise l’Afp,  26 500 personnes sont venues grossir les rangs des demandeurs d’emploi, soit 4,7 millions d’inscrits à la fin février en métropole, un record. Parmi eux, 16% sont bénéficiaires du RSA et plus de 2 millions de personnes sont désormais au chômage depuis plus d’un an, du jamais vu. Le nombre des chômeurs de longue durée bondit de 1,4 point par rapport à janvier, et de plus de 14% en un an. Hormis un seul mois de baisse, en octobre 2010, le nombre de chômeurs avec ou sans activité (catégories A, B et C) connaît une hausse ininterrompue depuis mai 2008, précise le ministère. Avec l’outre-mer, le nombre de chômeurs dépassait 4,9 millions à la fin février. »

     La question du poids de l’immigration dans les chiffres du chômage  n’est pas politiquement correcte. Elle est pourtant centrale indique Bruno Gollnisch.  Il existe dans ce domaine également  un consensus gauche-droite pour ne pas l’évoquer  mais le Front National à l’honnêteté et le courage de la mettre sur la table .

    Sur  le site  du ministère du travail, on pouvait lire  le 31 octobre 2012, qu’ officiellement  «  en 2011, 4 millions d’immigrés âgés de 15 à 64 ans (résidaient) en France métropolitaine, représentant 10 % de la population en âge de travailler. 30 % d’entre eux sont nés dans un pays de l’Union européenne (UE), 31 % au Maghreb, 15 % en Afrique subsaharienne, et 24 % dans un pays européen hors UE ou sur un autre continent que l’Afrique. » Or, «le taux de chômage des immigrés nés hors de l’Union européenne est beaucoup plus élevé que celui des non immigrés. En 2011, il approche 23 % pour ceux originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, contre 8,5 % pour les non immigrés. Une fois pris en compte l’âge, le sexe, le niveau de qualification et le lieu de résidence, l’écart de risque de chômage entre les immigrés extra-communautaires et les non immigrés reste important (…)».

     Sur son blog, le professeur  Yves-Marie Laulan citait des chiffres moindres,  mais   relevait en mars 2012  que « les difficultés d’insertion d’une population, peu ou pas qualifiée, sur un marché du travail déjà saturé sautent aux yeux. Avec un taux de chômage de 13,2 %, sur les trois millions d’immigrés que compte la population active, 2,6 millions d’immigrés seulement auraient un emploi, 400 000 seraient au chômage »…à la charge de la collectivité nationale.

     Il notait encore l’évidence : «ou bien les immigrés ne trouvent pas d’emplois et sont donc au chômage ;  ou ils trouvent des emplois, mais poussent les natifs vers le chômage ; ou ils trouvent bien des emplois, mais ce sont des emplois aidés, donc qui coûtent cher à l’Etat. En conséquence, en termes de coûts,  celui des immigrés au chômage serait de 3,4 milliards ». « Mais le plus important est ailleurs : le coût des natifs chassés par éviction vers le chômage peut être estimé à 22 milliards (à 700 euros par mois, soit 8 500 euros par an, pour 2,6 millions de nouveaux chômeurs natifs). » « En d’autres termes, en période de sous-emploi chronique et de quasi stagnation économique, -c’est le cas depuis 10 ans et plus-, l’immigration, quelle soit légale ou non, exerce directement ou indirectement un effet fortement négatif sur les chiffres du chômage et sur les charges budgétaires. »

     Il n’y  aura donc pas d’amélioration tangible, durable, conséquente sur le front de l’emploi comme plus largement pour l’économie française et nos comptes sociaux,   sans inversion des flux migratoires.

    http://www.gollnisch.com

  • La crise en Syrie va-t-elle provoquer le retour de la Russie au Moyen-Orient ?

     
    Étranger
    La crise en Syrie va-t-elle provoquer le retour de la Russie au Moyen-Orient ?
    Le conflit en Syrie vient d’entrer dans sa seconde année, et il est bien loin le temps où l’on nous assurait que la chute du régime était imminente (mai 2011), que l’étau se resserrait (octobre 2011), que la fin du régime d’Assad était une question de semaines ou de mois (décembre 2011) ou même était très proche, comme l'avait déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton en janvier 2012.

    Il semble que l’objectif quasi obsessionnel de vouloir renverser le régime Assad, objectif partagé pour des raisons différentes tant par les nations occidentales que par certaines grandes puissances sunnites (monarchies du Golfe et de Turquie principalement) reste un objectif encore hors de portée pour l’instant. Au contraire, la guerre en Syrie a ces derniers mois baissé en intensité et cela est en partie dû à l’hiver bien sûr mais pas seulement. L'armée syrienne n’a pour l’instant connu aucune défaite nette pendant ce conflit. Parmi les soldats du régime, plusieurs milliers ont été blessés ou tués et certains ont fait défection, mais le gros des troupes est resté en place. De plus, l'armée s’est vue récemment renforcée par la création d’une organisation armée de défense nationale composée de volontaires civils.

    Sur le terrain

    Sur le terrain si l’Etat a vacillé, il ne s’est pas effondré loin de là. L’analyste Fabrice Balanche estime que "le régime abandonne à la rébellion les campagnes qui lui sont hostiles mais a choisi de se maintenir dans les grandes villes comme Alep, Idlep, Der Zor, Racca dont les rebelles n’ont pas réussi à s’emparer" ou encore que: "l'armée est solide, cohérente et hiérarchisée (…) Quant aux forces de l'opposition armée, si elles semblent gagner du terrain au moins dans le nord, leur avancée ne paraît pas pouvoir être décisive avant des mois, voire des années, compte tenu des rapports de force sur le terrain".

    Même analyse pour le premier ministre irakien Nouri al-Maliki qui vient d’annoncerque "le président syrien Bachar al-Assad pourrait résister aux tentatives d’être renversé pendant plus de deux ans", ce que par ailleurs Bachar al-Assad vient de confirmer en rappelant que "l'armée syrienne a à sa disposition des hommes et des armes qui suffiraient à faire la guerre pendant des années pour défendre la Syrie contre les insurgés".

    Pour l'expert Aymeric Chauprade, le pouvoir syrien a aujourd’hui le soutien d’une majorité des habitants du pays, c'est-à-dire l’addition de toutes les minorités et sans doute 30 à 40% des sunnites du pays, ce qui représente au total 60 à 70% de la population syrienne. Cela donne au régime une base légitime très forte bien que de nombreux médias occidentaux continuent à marteler que 80% des habitants du pays seraient opposés au pouvoir en place à Damas. La guerre en Syrie se transforme donc de plus en plus en un affrontement entre les forces conventionnelles (Etat, armée) et une rébellion armée qui a un fort soutien étranger, s’islamise de plus en plus, et dont les aspirations dépassent le cadre syrien. Malgré tout, pour Aymeric Chauprade, le régime syrien est en train de gagner la guerre sur le terrain, mais aussi sur le plan politique.

    Si Assad devait l’emporter, ou tout du moins son régime ne pas s’effondrer militairement, il est évident que celui-ci deviendrait un symbole et un héros au sein du monde musulman, et apparaîtrait comme celui qui aura su déjouer le complot étranger et occidental. Cette victoire renforcerait l’axe chiite (Iran – Syrie – Liban) et affaiblirait symboliquement l’axe sunnite (Turquie, monarchies du golfe) qui aurait ainsi collaboré sans succès avec les pays Occidentaux.

    L’axe Paris-Londres de nouveau ?

    Alors face à cette situation, quelle solution? Il semble que la France et la Grnade-Bretagne aient fait le choix d’une solution militaire, puisque les deux pays se disent prêts à livrer des armes à l’opposition syrienne, en violation de l’embargo européen en vigueur et alors même que l’islamisation de la rébellion semble avoir atteint un point qui inquiète la plupart des pays occidentaux. Pour leur part, les Etats-Unis semblent même se préparer à exécuter des frappes de drones pour liquider les islamistes radicaux en Syrie, ce qui au passage devrait ravir Bachar al-Assad. Paris et Londres sont-elles en train de faire le premier pas vers une intervention militaire indirecte activement encouragée par les émirats du Golfe et la Turquie? On peut aussi naturellement se demander ce qui adviendrait des armes livrées à la rébellion, si elles tombaient dans les mains de djihadistes qui décident de s’en servir ailleurs qu'en Syrie, dans l’avenir, et pourquoi pas contre les intérêts occidentaux, européens ou français, comme par exemple au Mali contre les soldats français.

    La Russie: clef du dossier Syrien ?

    Lorsque l’on évoque cette guerre cruelle à laquelle font face l’Etat et le peuple syrien, les regards se dirigent désormais systématiquement vers la Russie. Le pays soutient lui l’idée d’une solution politique et non militaire, et s’il est souvent présentée comme l’allié indéfectible du régime, et donc comme empêchant la chute du pouvoir syrien, il semble évident que la Russie est aujourd’hui le pion essentiel pour trouver un règlement à la situation.

    Une victoire d’Assad verrait en effet la Russie conforter sa position dans la région, et non comme le prévoient nombre d’analystes sa sortie totale de la géopolitique du Moyen-Orient. Par sa politique qui ne varie pas, la Russie apparaît en effet non seulement comme le protecteur du droit des minorités mais aussi comme le garant d’un droit international bafoué, comme ce fut le cas en Libye récemment.

    Pour Roland Lombardi, "dans le monde arabe, c’est la parole qui engage l’honneur; on y est respecté en fonction de ses amitiés. (...) Quand, devant un Arabe, on laisse tomber ses propres amis, fussent-ils des ennemis de l’Arabe en question, on se déconsidère". De fait, Vladimir Poutine, qui ne prend pas ses conseils auprès de pseudo-philosophes mondains mais plutôt auprès de ses efficaces services de renseignements et aussi, comme on l’a vu, auprès d’éminents spécialistes, sait qu’avec sa politique pragmatique et cohérente dans la région, la Russie signe finalement son grand retour sur la scène internationale et moyen-orientale.

    En définitive, elle pourrait très bien aussi redevenir l’acteur incontournable dans le traitement des problèmes du Moyen-Orient.
    Alexandre Latsa http://www.voxnr.com

  • Patricia Adam (PS) : "Bercy veut tuer le ministère de la défense"

    Patricia Adam, présidente socialiste de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, estime qu’"on ne peut plus descendre" davantage le budget de la défense.

    LE MONDE : Vous demandez au président de préserver le budget de la défense, comment le convaincre ?

    Patricia Adam : Nous n’avons jamais été dans une période aussi importante, au regard des options stratégiques du pays à l’horizon des vingt prochaines années. Le retour à l’équilibre des comptes publics est aujourd’hui l’enjeu principal pour le président de la République. Respecter un déficit de 3 % du PIB comme le veut l’Europe est un enjeu stratégique. Mais il faut trouver un bon équilibre : mesurer, s’il doit y avoir des efforts sur la défense, les conséquences que cela peut avoir sur nos capacités à intervenir comme nous le souhaitons (seuls sur une durée courte et "en premier" comme on l’a fait au Mali, ou uniquement avec d’autres alliés), sur l’entraînement de nos forces, et sur notre industrie.

    Le scénario de Bercy vise à tuer le ministère de la défense. Dès 2015, si on le suit, il ne lui restera que la sécurité nationale (la gendarmerie), les forces spéciales et la dissuasion. Toutes les forces conventionnelles auront disparu.

    Ce n’est pas en tuant le budget de la défense que l’on équilibrera les comptes. Sur ce point, une communion d’idées avec l’opposition règne à la commission de la défense, car l’enjeu est la sauvegarde des intérêts nationaux.

    Les députés socialistes ont adressé à François Hollande une lettre pour lui rappeler que le budget de la défense baisse depuis cinquante ans et que si un ministère a fait des efforts de rationalisation, c’est bien celui-là. Le budget représentait 4,3 % du PIB en 1966, 2,97 % en 1981, 1,6 % en 2002, 1,56 % en 2012. On ne peut plus descendre.

    La défense a devant elle une "bosse budgétaire" – des commandes qui ne sont pas financées – de 45 milliards d’euros, et il manque 4 milliards sur la loi de programmation 2009-2014. Comment faire ?

    Le delta par rapport à la trajectoire financière est impossible à combler, même avec une croissance économique retrouvée importante, à laquelle nous ne pensons pas. Autour de nous, les menaces ne sont pas en diminution, le monde se militarise, et les Etats-Unis n’ont plus la même posture vis-à-vis de l’Europe. Nous demandons au moins le maintien en l’état du budget à 31 milliards d’euros pendant deux à trois ans en volume, en escomptant un rebond de croissance en 2016. La défense peut encaisser deux-trois ans d’apnée, mais pas plus.

    Quelles solutions concrètes proposer ?

    Nous pouvons encore repousser quelques programmes d’équipement. Les états-majors ont des solutions d’attente et ont fait des propositions d’économies intéressantes. Mais il nous faut des recettes exceptionnelles : elles peuvent venir de la vente des participations de l’Etat dans les groupes industriels de défense, c’est une proposition que nous faisons.

    Faut-il sortir la défense de la règle des 3 % ?

    La France est le seul pays en Europe avec le Royaume-Uni à continuer à faire un effort de défense. Même si l’on met de côté la dissuasion, cet effort est aussi l’assurance-vie des autres Européens. Nos engagements internationaux, les opérations que nous menons doivent être considérés dans la sécurité collective. La question de l’agrégat retenu pour le calcul du déficit devient essentielle. La question peut être débattue. Nous n’avons pas le choix. C’est un débat entre les pays qui ont la volonté de faire et les autres.

    Quel rôle va jouer l’expérience du Mali dans les arbitrages ?

    Le président a pris au Mali une décision rapide, en connaissance et en responsabilité. Il a parfaitement conscience de la qualité de son armée, de la formation de ses hommes et de ses capacités, mais aussi de ses manques. Il a aussi conscience de l’importance de la voix de la France au plan international, au conseil de sécurité de l’ONU, vis-à-vis des Américains qui nous apportent leur aide, et face aux Européens.

    On ne peut pas vouloir des avancées de l’Europe en matière de défense en baissant la garde. Si nous le faisons, nous envoyons un signal complètement négatif. Compte tenu du point auquel nous sommes arrivés, la seule question à se poser est : que veut-on faire de notre outil de défense ?

    LE MONDE  http://www.actionfrancaise.net

  • Taubira : attention, cette femme est dangereuse !

     Après le jet privé pour faire 400 kms, la préférence étrangère, le gel des retraites, l'augmentation des cotisations sociales, rien ne nous sera épargné. Les Français ont voté pour Hollande et celui-ci a mis un irresponsable à la tête de chaque ministère.

    En plus de vouloir imposer le « mariage gay », Taubira en est un triste exemple avec sa volonté d'instaurer en France ce qu'elle appelle une « justice réparatrice » : Votre fils s'est fait écraser par un chauffard... Il faut absolument que les parents entretiennent une correspondance avec le meurtrier pour que celui-ci se sente moins coupable ! Votre cousin a été tué dans un hold-up ?... La famille de la victime doit se rendre à la prison et dialoguer avec le criminel pour faciliter sa réinsertion ! "Les victimes doivent aider les criminels à se reconstruire" !... Le monde à l'envers !!! Les racailles seraient donc plus à plaindre que les victimes !...
     
    Éric Zemmour a raison, Madame Taubira est dangereuse dans ses décisions et dans son comportement. S'’il y a racisme, c’est un racisme anti-blancs, et SOS racisme qui la soutient en est un bel exemple.
    En 32 ans d’'activité, ils n’ont jamais défendu un seul blanc victime de racisme. Abolis les tribunaux pour mineurs, même récidivistes ! Que va-t-elle faire de 4 mineurs de 1,80m, âgés de 17 ans, auteurs de viol sur une jeune fille de 13 ans ? Que va-t-elle faire des 4 mineurs arrêtés dernièrement, âgés de 16 ans, poursuivis pour proxénétisme ?
    Elle relâche des jeunes voyous dans la nature sans aucune sanction sauf un « rappel à l’ordre » par la justice...
    Hollande est responsable de cette folie et de toutes les conséquences à venir...¢
  • La Turquie: plaque tournante des trafics de chair humaine

    Les réseaux criminels de la mafia turque et les “Kacakci”

    La Bulgarie et la Roumanie, qui sont les deux pays qui ont adhéré le plus récemment à l’UE, insistent depuis un an, avec force véhémence, pour être inclus dans l’ “espace Schengen”, demande qui a été refusée jusqu’ici grâce au veto qu’opposent les Pays-Bas. L’Autriche, comme un brave petit chien, ne s’y est pas opposée. L’adhésion de ces deux pays à l’espace Schengen, où les frontières sont abolies, pourrait augmenter considérablement le nombre de migrants illégaux en Europe. Déjà actuellement de plus en plus de personnes, venues de Turquie, entrent dans l’UE via le territoire bulgare, considéré comme le pays de transit idéal. Dès que ces migrants arrivent en Bulgarie, ils empruntent une route qui les mène en Macédoine puis en Serbie; depuis le territoire serbe, ils débarquent en Hongrie et se retrouvent dans l’espace Schengen. Une autre route les amène de Serbie au Monténégro et, de là, via la Bosnie en Croatie puis en Slovénie, donc dans l’espace Schengen.

    Les autorités bulgares ont constaté un doublement du nombre des migrants ayant franchi la frontière en octobre et en novembre 2012, mais elles ne peuvent rien entreprendre contre les bandes de passeurs, apparemment bien organisées. Tout cela se passe alors que dans les cercles bien pensants de l’eurocratie on répète à satiété que la Bulgarie est presque prête à faire partie de l’espace Schengen. Vu les chiffres et les faits, cette adhésion ne devrait même pas être envisagée. Reste à espérer que la Bulgarie et la Roumanie, derniers pays arrivés au sein de l’UE, ne seront reçus que le plus tard possible dans l’espace sans frontières et que les passeurs devront abandonner leurs routes balkaniques, circonstancielles et difficiles, vu les nombreuses frontières à franchir, et seront dès lors plus facilement démasqués.

    La politique la plus efficace et la plus intelligente à mener serait évidemment de combattre les passeurs et de les neutraliser dès leur point de départ. Les autorités turques pourraient, à ce niveau, avoir un champ d’action idéal pour prouver qu’elles sont mûres pour entrer dans l’UE et qu’elles utilisent de manière appropriée les milliards d’euro qu’elles perçoivent grâce à la générosité de l’UE, qui vise encore et toujours une politique d’intégration de la Turquie dans l’orbite européenne. Mais au lieu d’agir, les autorités turques pratiquent la politique de l’autruche, plongent la tête dans le sable et observent la contrebande de chair humaine sans lever le petit doigt.

    Les passeurs, installés dans la métropole turque du Bosphore, sont désignés par les candidats à l’immigration dans l’UE sous le nom de “kacakci”. Chaque groupe ethnique parmi les migrants a ses propres réseaux de “kacakci”. Les plus puissants d’entre eux disposent de cellules à l’intérieur de l’UE. Dans la plupart des cas, ils sont éparpillés en plusieurs domaines d’activités, constate un diplomate de l’UE: ils ne confondent pas narco-trafic et trafic d’êtres humains.

    Il semble qu’il n’existe pas d’organisation générale chapeautant le travail des passeurs, impliqués dans la contrebande d’êtres humains au départ de la Turquie et à destination de l’UE, c’est-à-dire une organisation qui règlerait l’ensemble du voyage des candidats à l’immigration, par exemple depuis l’Afghanistan jusqu’à l’Autriche. Mais il existe assurément en Turquie un solide réseau mafieux coordonnant les activités des passeurs. Ces réseaux ne sont pas directement impliqués mais fournissent aux passeurs des contacts, des informations sur les données locales et sur les infrastructures, de même que tout autre renseignement utile. Pour les “kacakci”, ces réseaux sont bien entendu indispensables pour corrompre les fonctionnaires turcs.

    Chaque démarche entreprise par les passeurs est bien organisée et planifiée. Ils savent toujours parfaitement qui sont les migrants qui arrivent et surtout combien d’argent ils ont sur eux. Sur base de ce savoir relatif aux personnes candidates à l’immigration dans l’UE, les “kacakci” programment individuellement l’entrée des migrants en Europe. Les “kacakci” sont répartis en différentes cellules qui, chacune pour elle-même, encadrent une portion du voyage. Les candidats à l’immigration doivent au départ de chaque portion de route payer immédiatement 50% des frais de transit aux passeurs, le reste étant payé à l’issue de la partie effectuée du voyage.

    Pour un Afghan, le passage d’Istanbul en Grèce coûtait environ 1500 euro en novembre 2012. L’ensemble du trajet de Kaboul à Athènes coûte actuellement entre 5000 et 8500 euro, selon la qualité des services offerts par les passeurs et selon les difficultés qui se présentent. Nous examinerons les politiques envisagées par l’UE dans un prochain article.

    Dietmar HOLZFEIND.
    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°11/2013; http://www.zurzeit.at/ ).
    Merci R.Steuckers

  • Livre : Mourir pour Sarajevo, de Maya KANDEL

     

    Un conflit qui oppose une armée à des civils, l’ONU paralysée par ses divisions, le monde entier saisi d’effroi face au drame des réfugiés et à la mise en œuvre du « nettoyage ethnique »… C’était la dernière guerre européenne du XXe siècle, conséquence sanglante de la chute du mur de Berlin et jalon essentiel pour comprendre les débuts de l’après-Guerre froide.

    Vingt ans après, Maya Kandel de voile les dessous de la guerre de Bosnie et de l’intervention américaine. L’histoire d’une paralysie européenne qui marque aussi l’apogée de l’« effet CNN », avec la diffusion des images de camps de prisonniers et le parallèle avec l’Holocauste pour mobiliser les opinions publiques. Une guerre d’un genre nouveau, soulignant le poids des lobbies américains, l’implication des cabinets de relations publiques au service de chacune des parties, de Milosevic a Tudjman, le rôle des organisations juives américaines aux cotés des musulmans de Bosnie…

    Après trois années de tergiversations et de massacres, les Américains vont recourir aux vieilles méthodes pour renverser la situation : faire la guerre aux Serbes par Croates interposés. Sur la base d’archives inédites, Maya Kandel révèle qu’en 1994, pour contourner l’embargo onusien, Clinton donne son feu vert aux livraisons secrètes d’armes iraniennes et turques aux Croates puis aux Bosniaques.

    Un décryptage historique à rebours des interprétations dominantes sur la désintégration de la Yougoslavie.

    Prologue écrit par le colonel Michel GOYA (IRSEM).

    Editions du CNRS, 384 pages, 25 €

    L’auteur

    Docteur en histoire de l’Institut d’Études politiques de Paris, Maya Kandel est également diplômée de Columbia University, chargée d’études à l’Institut de Recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et chercheuse associée au sein de l’Observatoire de la Politique américaine de l’université Sorbonne Nouvelle (Paris 3)

    http://theatrum-belli.org