DANS La Revue des deux mondes du 15 janvier 1948, sous le titre « de la liberté individuelle », Maurice Garçon, alors célébrissime avocat du Barreau de Paris, commente les évolutions de la notion de liberté individuelle, date et décrit, en fonction des régimes ou de situations historiques exceptionnelles, les avancées et les reculs notamment en ce qui concerne la détention préventive des "accusés". Ses commentaires étaient d'autant plus d'actualité que la France venait de supporter et supportait encore les excès épuratoires des libérateurs dont certains étaient des résistants de la 25e heure. Me Garçon y fait référence en ces termes : « Il n'est pas de progrès véritable dans la condition humaine si l'on n'arrive pas à supprimer les attentats contre la liberté dus à la force [...] devant l'évolution actuelle des esprits et devant la manifestation de quelques tendances oublieuses d'un progrès difficilement réalisé, on ne saurait être trop vigilant lorsqu'il s'agit de défendre un principe sans lequel un droit naturel destiné à sauvegarder la dignité humaine serait bien vite méprisé. » Le sujet reste d'actualité, élargie à la garde à vue, à la présence de l'avocat dès la première heure de la garde à vue, à la mise en liberté.
Alors qu'on n'inculque aux jeunes élèves français - pour célébrer la "liberté", fleuron de la démocratie républicaine - que l'arbitraire des lettres de cachets, présentées comme le symbole de l'absolutisme fantasmé de la monarchie, alors qu'elles avaient pour objet, soit de ménager dans certains cas l'honneur des familles, soit de réprimer les commencements de sédition, soit de garantir l'État des effets d'une intelligence criminelle avec les puissances étrangères, Maurice Garçon rappelle que des ordonnances de Charles VII, dès le milieu du XVe siècle, de Louis XII et de François 1er décrétaient que la détention provisoire n'est pas une conséquence de l'accusation. Plus tard, Louis XIV régnant, l'ordonnance de 1670 ne permit plus de décret de prise de corps que lorsque l'inculpé encourait une peine afflictive (soit la mort, les travaux forcés, la déportation, la détention, la réclusion) et infamante, telles la réclusion et la détention. Un simple ajournement sans arrestation était prescrit lorsque la peine risquée était moindre, et l'on ne devait délivrer qu'une assignation pour être entendu lorsque le prévenu n'était exposé qu'à une peine légère et jouissait d'une bonne réputation.
Pour autant, mais les mœurs étaient plus dures, la recherche des aveux était obtenue par des moyens d'une grande violence, et les condamnés à mort exécutés d'une façon qui nous paraît épouvantable aujourd'hui.
L'idée du droit des hommes à leur liberté individuelle est ancienne. Lors d'un réquisitoire prononcé en cour d'assises, le 6 avril 1826, sous la Restauration, l'avocat général Bayeux a formulé les fondements de sa limitation en ces termes : « Le bien le plus précieux pour l'homme est sans doute sa liberté, et le plus grand sacrifice qu'il ait pu faire, en se constituant en société, est d'avoir donné aux magistrats le droit d'en disposer, mais il n'a voulu le donner qu'aux seuls magistrats investis de sa confiance, dans les cas prévus et dans les formes recommandés par la loi. » Cette sentence devrait être inscrite en lettres d'or au fronton des tribunaux, apprise par les élèves de l'école de la Magistrature, et surtout appliquée. Me Garçon souligne par ailleurs que la « tendance instinctive des gouvernements est de légitimer et d'affirmer leur pouvoir par des principes d'autorité difficilement libéraux. L'opposition, c'est-à-dire la contradiction, est généralement mal supportée par celui qui, voulant diriger, sent sa volonté mise en échec. De là une inclination à limiter la liberté de penser et d'agir, en portant atteinte à la liberté des personnes », et que par conséquent des garanties doivent être décrétées pour assurer la sécurité juridique et physique des citoyens. On pourrait ajouter que des lobbies et de puissantes communautés parviennent à imposer aux législateurs la fabrication de lois de circonstance qui interdisent la liberté d'expression, et même la liberté et l'indépendance de la recherche historique.
Alors qu'il rappelle les principes établis solennellement par la Constituante en vue d'assurer la sécurité juridique et physique des citoyens, Me Garçon ne manque pas d'établir la liste des occasions où les « grands principes » ont été bafoués, notamment « Quand les hommes, placés à la tête du gouvernement, veulent établir la tyrannie dans la forme de la République, une législation oppressive devient un puissant auxiliaire » :
Les conventionnels : alors que la Constitution du 24 juin 1793 reconnaissait aux citoyens le droit de repousser par la force tout acte arbitraire et tyrannique, un décret permettait aux commissaires dans les départements et près des armées de faire arrêter et déporter tous les citoyens suspects ; un autre, du 17 septembre 1793, ordonnait l'arrestation de tous les gens suspects se trouvant encore en liberté sur le territoire de la République.
Le gouvernement d'Edouard Daladier prendra modèle sur les conventionnels : une loi du 3 septembre 1939 permit aux préfets d'interner tout citoyen réputé dangereux, et aucun contrôle ne fut plus admis, même à titre consultatif ; le 18 novembre 1939 un décret-loi permit aux préfets d'éloigner les individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique des lieux où ils résidaient et de les astreindre à résider dans un centre désigné par décision ministérielle. La formule était si vague qu'elle permit des opérations purement politiques.
- Le 4 octobre 1944, le général De Gaulle étant président du gouvernement provisoire, une ordonnance reprenant, dans les mêmes termes, les textes précédents maintint pour les préfets le droit d'interner sans jugement.
- Le 29 janvier 1945, une ordonnance obligea les internés administratifs à payer pension en remboursant leurs frais d'entretien. « Ainsi, des hommes injustement molestés, arrêtés sans cause valable et, par la suite, déclarés innocents se sont vu réclamer des frais d'internement : ce qui est, pour le moins, un comble ! », s'indigne Maurice Garçon. Les internements administratifs ne prirent fin que le 1er juin 1946.
Il serait fastidieux de faire la liste des reculs, c'est-à-dire des privations de liberté, qui ont été décidés sous le 1er Empire, lors de la Restauration — seul Louis-Philippe ne porta jamais atteinte au principe établi. La République prit le relais ; après les journées de juin 1848, on arrêta environ 15 000 personnes, un décret du 27 juin ordonna la transportation en Algérie sans jugement, par mesure de sûreté, de 4 000 individus reconnus pour avoir pris part à l'insurrection.
Après le coup d'Etat du 2 décembre 1852, on confondit volontairement des délinquants de droit commun et des prévenus politiques. Parmi ces derniers près de 10 000 furent déportés à Cayenne ou en Algérie, moins de 3 000 internés, et plus de 5 000 soumis à la surveillance de la police.
DE 1948 À 2011, L'OPINION N'A PAS CHANGÉ
Me Garçon considère que « L'opinion publique, mal instruite, paraît souvent dédaigneuse de ce que peuvent être les droits de la liberté individuelle. Tant de personnes ont été victimes de l'arbitraire qu'elles ne paraissent plus imaginer qu'il doit être évité. Lorsqu'on lit les journaux, on est stupéfait de voir qu'à tout propos on réclame en gros titres des arrestations et qu'on s'indigne contre des mises en liberté. Pour beaucoup, une simple accusation est une raison suffisante d'arrestation. Il semblerait que l'incarcération d'un homme - fût-il accusé d'avoir volé les tours de Notre-Dame - s'impose d'abord comme une mesure nécessaire et quasi rituelle. De même, lorsqu'une mise en liberté est annoncée, l'opinion s'émeut, des articles de journaux contiennent des protestations indignées ou des insinuations ironiques. On s'occupe moins, dans le public, de la culpabilité elle-même que de la mesure préventive qui paraît donner tous apaisements à la conscience générale. » Cette réflexion, ce constat en forme de reproche pourraient être formulés en 2011. Sauf qu'aujourd'hui, l'opinion publique a, en plus, clairement conscience que selon que l'on est ou a été puissant (Chirac, par exemple), ou bien qu'on puisse se payer des avocats fortement médiatisés et bien en cour, le bras de la justice est plus mou, et que des multirécidivistes échappent à toutes sanctions, s'installent dans la délinquance et les trafics les plus variés, narguent la Police et terrorisent leurs voisins, avec la bénédiction de la Justice qui amplifie souvent la mansuétude des lois. Sauf, évidemment, quand il s'agit d'accusés politiques extérieurs au Système...
Dans cet article, cela ne surprendra personne de la part de l'avocat qu'il est, on retrouve les mêmes objections que celles exprimées aujourd'hui par ses confrères, contre la garde à vue hors de la présence d'un avocat, la recherche des aveux, la détention provisoire. « Dans les locaux de la police, on exerce une contrainte physique qui ne tend rien moins qu'à rétablir un système inquisitorial inavoué » déplore-t-il. En ce qui nous concerne, nous considérons que le rôle des policiers est bien de démêler le vrai du faux, de trouver des preuves, d'interroger les suspects en les gardant à disposition. Que les locaux où sont provisoirement maintenus les personnes en garde à vue soient sordides est une autre affaire. Il n'y a en effet aucune légitimité à ce que ces locaux, selon les témoignages de ceux qui les ont occupés, soient des cloaques indignes où, en outre, peuvent séjourner de façon dégradante, ceux qui seront reconnus parfaitement innocents.
L'auteur, pour justifier la limitation de la détention provisoire, donne un certain nombre d'exemples qu'on croirait contemporains. C'est l'accusé qui ne veut pas avouer et qui complique l'instruction ; des toxicomanes à qui on prétend faire subir en prison une pseudo cure de désintoxication et profiter de la circonstance pour obtenir d'eux le nom de leurs revendeurs ; une plainte du ministère des Finances qui prend un caractère officiel et impérieux nuisible à la liberté d'appréciation des magistrats. Mais c'est aussi l'influence du parquet qui limite l'indépendance des juges. Ceux-ci manifestant rarement un désaccord avec son proviseur dont les réquisitions deviennent comme l'équivalent d'un ordre. On lit qu'en 1948, les cellules de la prison de la Santé à Paris prévues pour un habitant en contiennent sept ou huit, « Une promiscuité ignoble, une hygiène déplorable mettent en commun des hommes qui ne devraient ni se connaître, ni se rencontrer. » Rien n'a changé.
Me Garçon insiste, et pour donner plus de poids à son argumentation, il donne la liste des circulaires de 1819, 1855, 1865, 1900, 1946, 1947 qui recommandaient la cessation de la détention provisoire ou préventive dès que disparaissaient les raisons qui la motivaient. On voudrait être certain, qu'à l'exception de certains inculpés politiquement incorrects qui ne bénéficient eux d'aucune indulgence, bien au contraire, la cessation de la détention provisoire ou préventive ne soit pas généralisée pour le plus grand développement de la délinquance et des zones où les autorités administratives et les forces de l'ordre n'entrent plus.
Pierre PERALDI. RIVAROL 29 AVRIL 2011
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Détention préventive ou liberté provisoire : l'éternel débat
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La liquidation des uniates
Un des chapitres les moins connus, mais non les moins douloureux, du martyrologe des chrétiens sous le joug communiste est celui qui a trait à la liquidation de l’Église catholique orientale, laquelle groupait avant la guerre quelque cinq millions et demi d'uniates de Galicie, de Tchécoslovaquie et de Roumanie. Les uniates étaient autrefois des orthodoxes qui, au XVIe et au XVIIe siècles, avaient reconnu l'autorité du pape et qui appartiennent, depuis lors, à l’Église catholique, tout en ayant conservé leurs rites d'origine byzantine, leur langue liturgique, la communion sous les deux espèces et - en Transylvanie et dans le diocèse de Lemberg tout au moins - la tradition orthodoxe du mariage des prêtres.
EN FINIR AVEC L'INFLUENCE DE ROME
Au moment de leur libération par l'Armée rouge de l'occupation allemande, ces populations fort pieuses jouissaient de la pleine liberté du culte et de l'instruction religieuse. Il était évident que les dirigeants soviétiques ne pouvaient tolérer cet état de choses et cela pour deux raisons : d'abord parce que le communisme s'oppose intrinsèquement à toute religion quelle qu'elle soit et ensuite parce que les uniates étaient soumis à l'obédience romaine. La propagande antireligieuse et les mesures habituelles visant à déchristianiser des populations attachées à leur foi ne pouvaient suffire. Le gouvernement soviétique se résolut donc liquider purement et simplement les églises uniates dans les pays soumis à son contrôle et à rattacher ses membres, de gré s'il se pouvait, de force s'il le fallait, à l’Église orthodoxe russe, dont les chefs ont toujours été sous la coupe de Moscou. C'est cette élimination systématique de la confession uniate en Pologne galicienne, en Tchécoslovaquie et en Roumanie transylvaine que nous nous proposons de retracer ici, en nous inspirant de la documentation remarquable qu'avait réunie à ce propos le R.P. jésuite Wilhelm de Vries.
Parmi les uniates, le groupe le plus nombreux, celui des Ukrainiens de Galicie, se rallia à Rome en 1595. Jusqu'en 1945, cette communauté confessionnelle, forte de trois millions six cent mille âmes, fut administrée par un métropolite résidant à Lemberg et assisté d'un délégué apostolique. Elle était divisée en deux provinces. Après l'entrée des troupes russes, les autorités soviétiques commencèrent par exercer diverses pressions sur le clergé afin de l'amener à "coopérer" avec elles. Leurs efforts n'ayant donné aucun résultat, Moscou déclencha l'opération de l'assimilation des uniates en faisant intervenir le patriarche russe - nous aurions le droit, hélas, d'écrire le patriarche soviétique ! - Alexei (devenu « patriarche de Moscou et de toute la Russie » par la grâce de Staline en février 1945, à la suite du décès du patriarche Serge) qui somma les Ukrainiens de renier la foi catholique et de « rentrer au bercail de notre mère l’Église russe orthodoxe ». Dans cet appel comminatoire, il attaqua violemment les dogmes romains et affirma que la grâce n'opérait point par l'intercession de l'Eglise latine. Il soutint que le pape Pie XII avait pris le parti d'Hitler. Cette philippique venimeuse fut suivie d'une action méthodique qui aboutit, comme nous allons le voir, à l'absorption des uniates ukrainiens par l’Église orthodoxe russe.
Le 11 avril 1945, tous les évêques résidant dans la partie de l'Ukraine polonaise occupée par les Russes furent arrêtés, de même que le délégué apostolique Nicolas Tcharnecky et le métropolite Josef Slipiy. Ces prélats furent déportés en URSS et condamnés par la suite à une longue peine de travaux forcés (après vingt ans de goulag sibérien, Mgr Slipiy fut expulsé vers Rome où il fut créé cardinal et archevêque métropolite de Lvov par Paul VI ; il mourut en 1984). Les séminaires furent fermés et leurs élèves forcés d'accomplir un service militaire. Rien qu'à Lemberg, environ 500 prêtres furent emprisonnés et dans bien des cas, soit envoyés en URSS, soit même assassinés.
Il se trouva cependant trois ecclésiastiques qui acceptèrent de fonder un « Comité pour la réunification des deux Églises » qui s'employa immédiatement à hâter cette intégration. Dans une adresse envoyée au Kremlin, ce Comité demanda aux Soviets de l'aider à la réaliser. La réponse ne tarda pas : un décret du gouvernement soviétique ordonna la dissolution de l’Église uniate de Galicie et chargea le patriarche moscovite de nommer un évêque orthodoxe à Lemberg. Les 8 et 9 mars 1946, un pseudo-synode de l’Église catholique grecque se réunit dans cette ville et proclama sa fusion dans l’Église orthodoxe. Aucun évêque uniate ne participa à cette comédie de synode, mais tout fut fait par les Russes pour qu'aux yeux des étrangers naïfs la "réintégration" des uniates ukrainiens apparût comme un acte de joyeux et de libre consentement. En réalité, d'après des estimations recoupées, 30 % seulement des membres du clergé uniate se sont ralliés par contrainte à l'Eglise soviétique, tandis que 50 % ont été arrêtés et que 20 % constituent ce qu'on a nommé avec raison l'Eglise du silence... Et qui explique largement l'extrême méfiance manifestée par les Ukrainiens de l'ouest à Moscou lors de la « révolution orange », récupérée et instrumentalisée par des lobbys guère plus favorables aux uniates.
LA DÉCAPITATION DES EGLISES D'EUROPE DE L'EST
Dans la pointe extrême-orientale de la Tchécoslovaquie, dans cette région qu'on appelle la Subcarpatie et que le gouvernement de Prague dut céder à l'URSS après la dernière guerre, vivaient, en 1939, quelque 500 000 uniates, dont les aïeux avaient fait leur soumission à Rome au milieu du XVIIe siècle. Cette région ne possédait qu'un diocèse, celui de Moukatchévo, mais huit monastères et environ 650 prêtres catholiques grecs. Au mois d'octobre 1947, l'évêque de Moukatchévo, Mgr Romsha, fut victime d'un accident d'auto intentionnellement provoqué par les communistes. Il échappa à la mort, mais fut empoisonné sur son lit de souffrances. Comme il n'avait pas voulu se plier aux injonctions des autorités soviétiques, celles-ci avaient jugé plus expéditif de le faire disparaître. Des mesures de coercition à l'égard des uniates subcarpatiques ne furent prises toutefois qu'au début de 1949, lorsqu'il s'avéra que ces chrétiens se refusaient à faire acte d'apostasie. Brusquement, toutes les églises furent enlevées au clergé catholique grec et remises à des officiants orthodoxes. Tous les ecclésiastiques, séculiers ou réguliers, furent chassés de leurs demeures et interdiction leur fut faite de se livrer à l'exercice du culte. L’Église uniate de l'Ukraine subcarpatique avait cessé d'exister.
Ici encore, nous constatons la coopération - un reste de déférence nous retient de dire la complicité - du patriarche de Moscou à un acte de force qui s'est répété dans tous les pays où vivaient des catholiques grecs. En Subcarpatie comme ailleurs, les chefs de l’Église russe se sont faits les humbles exécutants de la politique impérialiste de Staline. C'est le patriarche Alexei qui nomma un certain Malarius évêque orthodoxe du diocèse de Moukatchévo, et c'est sous les auspices de ce dernier que fut proclamée le 15 août 1949, la séparation définitive de l’Église uniate de l'Eglise romaine et la résorption sous contrainte des catholiques grecs par cet instrument de la politique soviétique que l'on ose nommer l’Église orthodoxe russe.
En Slovaquie, il existait, avant la dernière guerre, un diocèse, celui de Prechov, qui comptait 330 prêtres et un peu plus de 300 000 catholiques grecs. Le ralliement de cette population à Rome s'était fait également au milieu du XVIIe siècle. Au lieu de se voir annexée par l'Union soviétique après la défaite du Reich, comme le fut la Subcarpatie, cette région fut réintégrée à l’État tchécoslovaque. C'est du reste pourquoi la liquidation de l’Église uniate slovaque se fit avec quelque retard. Ce n'est qu'en avril 1950, en effet, que fut réuni à Prechov un simulacre de synode, à la suite d'un séjour dans cette ville du métropolite Nicolas de Krutizy (ce « vicaire du patriarche de Moscou » était en même temps haut fonctionnaire soviétique, plus précisément chef du département des Cultes étrangers, membre du Conseil mondial pour la paix et propagandiste remarquable du communisme) : cinq prêtres uniates et plusieurs laïcs prirent part à cette comédie, dont la mise en scène avait été naturellement réglée à Moscou, et votèrent la dissolution de leur Église. L'évêque régulier, Mgr Goïditch, disparut à tout jamais, ses prêtres furent ou déportés en Russie ou contraints, après un long internement à Ouchorod et sous la menace d'être expédiés en Sibérie, de répudier l'Eglise catholique et de se déclarer orthodoxes. En Slovaquie, également, il ne fallut aux communistes que quelques mois pour détruire toute la structure d'une Église qui s'était maintenue pendant trois cents ans.
En Roumanie transylvaine, les persécutions contre les catholiques du rite grec commencèrent en 1948 avec la mise en application de la nouvelle constitution communiste. En 1939, ils étaient plus d'un million. Ce qui les distinguait de leurs coreligionnaires polonais ou slovaques, c'est que leur attachement à Rome, en 1700, avait été une réintégration et non un ralliement. La Roumanie, en effet, a été romaine jusqu'au milieu du IXe siècle et c'est pour des raisons politiques qu'elle passa ensuite sous l'influence de Byzance. Mais il va sans dire que les autorités communistes ne tinrent aucun compte de ce fait lorsqu'elles affirmèrent que le devoir des uniates roumains était de se libérer de l'autorité de « la belle-mère latine » et de « rentrer dans le sein maternel de l’Église orthodoxe ».
Par des mesures de pression et de chantage propres à tous les régimes communistes, la police politique roumaine parvint à circonvenir un certain nombre de prêtre uniates et les amena à prendre part à un congrès devant prononcer la rupture avec Rome. Cette assemblée se tint à Cluj, le 1er octobre 1948, avec la participation de 38 ecclésiastiques transylvains (sur les 16 000 que comptait l’Église uniate) et de quelques fonctionnaires communistes chargés de diriger l'opération. La résolution d'abjuration fut adoptée malgré l'opposition téméraire de quelques congressistes. Le lendemain, les membres du congrès étaient dirigés sur Bucarest et conduits chez le patriarche Justinian, membre de longue date du parti communiste, pour le prier d'accueillir les uniates dans l'Eglise orthodoxe roumaine. Le patriarche marxiste daigna accéder à ce vœu et, accompagné des apostats transylvains, se mit à la tête d'une procession qui s'achemina vers l’Église St-Spiridon. Le 3 octobre, un synode présidé par le patriarche avalisa l'union de l'Eglise catholique grecque à l’Église orthodoxe roumaine et un Te Deum fut célébré dans la cathédrale pour remercier le Seigneur de cet heureux événement. Depuis, cette église s'appelle officiellement la cathédrale de la Réunification.
La première partie du programme était accomplie, celle de la répudiation formelle de Rome par les uniates roumains et de leur « libre adhésion » à la confession orthodoxe. Il restait à réaliser pratiquement ce camouflage d'apostasie, car il va sans dire que l'immense majorité de la hiérarchie uniate et des fidèles de ce rite s'opposaient farouchement, héroïquement parfois, à l'acte de violence dont ils étaient l'objet. Leur refus eut pour première conséquence l'arrestation des six évêques, la réquisition de quatre cathédrales catholiques et la fermeture de presque toutes les églises. Le 2 décembre 1948, un décret gouvernemental sanctionnait la « dissolution volontaire » de l’Église des uniates roumains, en prenant acte de ce « qu'elle avait librement cessé d'exister ». Les diocèses, les paroisses, les ordres religieux, les congrégations, les cloîtres étaient supprimés ou enlevés aux catholiques grecs et remis aux autorités orthodoxes.
Il n'est que trop vrai malheureusement, et cela doit être dit aussi, que la résistance du clergé uniate n'a pas toujours eu l'énergie obstinée que, peut-être, on était en droit d'attendre de lui. La raison de cette mollesse relative se trouve, sans doute, dans l'influence qu'ont exercée sur leurs maris les femmes uniates. En Transylvanie, par exemple, 90 % des membres du clergé séculier sont mariés et l'on ignore pas que beaucoup d'épouses ont conseillé à leurs maris de passer à une confession dont les rites sont fort semblables à ceux de l’Église catholique grecque. Pour beaucoup d'entre elles, une adhésion à l'orthodoxie n'était qu'une apostasie. D'autre part, il faut aussi tenir compte du fait que, pour les uniates, l’Église orthodoxe n'a jamais été aussi étrangère qu'elle l'est aux yeux des catholiques romains. La résignation des uniates a donc des causes très particulières qu'il serait injuste de méconnaître et qui interdisent de comparer leur attitude à celle des catholiques polonais ou hongrois, dont l'attachement à la foi romaine fait partie intégrante de leur religiosité.
OBJECTIF : LA DÉCHRISTIANISATION
Indépendamment de l'aspect théologique du ralliement des uniates à l'orthodoxie, celui-ci a aussi, a surtout peut-être, un côté politique et c'est ce dont les ralliés ne prirent conscience qu'après avoir été englobés dans une Église contrôlée et dirigée par la IIIe Rome communiste. Ils n'ont pas compris que Moscou voulait leur intégration, d'abord pour rompre leurs attaches avec Rome, de façon à les isoler du monde extérieur, et ensuite pour pouvoir procéder d'autant plus facilement à leur lente déchristianisation. Car il ne fait aucun doute que l'appareil hiérarchique de l’Église russe n'a été officiellement reconstitué par les Soviets que pour le mettre au service de leur politique. Les hauts dignitaires de l’Église russe, comme les chefs des Églises orthodoxes autocéphales des pays satellites, étaient en réalité des fonctionnaires soviétiques obéissant aveuglément aux instructions du Kremlin. Il est très pénible de devoir faire cette constatation, mais une étude un peu approfondie de la politique religieuse des Soviets et des agissements synchronisés de leurs propagandistes, revêtus des ornements sacerdotaux, ne permet plus de se faire aucune illusion à cet égard.
Frédéric BARTEL. Écrits de Paris décembre 2008 -
Le droit aux armes
La fusillade de Newton dans le Connecticut aux États-Unis, le 14 décembre 2012, a montré, une nouvelle fois, que les distributeurs patentés de panurgisme hexagonal versent facilement dans l’indignation et l’émotion. Excellents perroquets de leurs confrères yankees, ces médiats-là n’ont pas cessé de critiquer la liberté étatsunienne de porter des armes. Cette garantie due au deuxième amendement de la Constitution mettrait la société en péril. Or nos étincelants folliculaires n’ont pas remarqué qu’une telle interdiction n’empêche pas des meurtres à moins que la ville de Marseille, plus connue maintenant pour son festival sanglant de tir permanent à l’AK47 que pour sa Canebière et sa Bonne Mère, ne soit devenue une city des States…
Les médiats veulent faire croire que la possession de fusils d’assaut, voire de canons ou de blindés, ferait de leurs détenteurs de très probables psychopathes – tueurs de masse. Une fois encore, le système médiatique témoigne de son ignorance. Un voisin de la France, la Suisse, permet à ses citoyens de garder chez l’armement nécessaire aux différentes périodes de service national actif. À notre connaissance, la Confédération n’a pas la réputation d’être l’endroit préféré des cinglés de la gâchette… Si l’on suivait le raisonnement médiatique ambiant, le moindre accident mortel de la route exigerait le retrait de tous les véhicules potentiellement meurtriers. Et puis une fourchette peut aussi tuer… Faut-il l’interdire ? « Les armes ne “ créent ” pas de crimes. Les pays dans lesquels circulent le plus d’armes à feu ne présentent pas de taux de criminalité particulièrement élevés, écrit Paul Lycurgues dans un sympathique opuscule intitulé Aux Armes Citoyens ! Plaidoyer pour l’autodéfense et publié par un éditeur proche de Robert Ménard, ce journaliste tombé au champ d’honneur de la liberté d’expression. Plus ennuyeux pour nous autres Français : le contrôle strict des armes à feu ne réduit pas la criminalité, pas plus qu’il n’empêche les criminels et psychopathes violents de se procurer les armes nécessaires à leurs forfaits (p. 20). » Iconoclaste et provocateur, le propos sonne juste.
Les médiats n’expliquent jamais que les fréquentes tueries qui ensanglantent les États-Unis seraient survenues quand bien même la détention de n’importe quelle arme aurait été proscrite. Le problème de ce pays n’est pas le nombre d’armes en circulation, mais leur usage qui témoigne de la profonde névrose de la société. Modèle planétaire de la modernité tardive, les États-Unis pressurent ses habitants au nom d’une quête à la rentabilité effrénée au point que certains voient leur psychisme flanché. La pratique dès le plus jeune âge de jeux vidéos ultra-violents, la sortie de milliers de films parsemés de scènes sanglantes et la consommation de plus en plus répandue de drogues et de produits pharmaceutiques éclairent le passage à l’acte. Entre aussi en ligne de compte la cohabitation toujours plus difficile d’une société en voie de métissage avancé fondée sur le génocide amérindien et les vagues successives d’immigration de peuplement. Enfin, le mode de vie totalitaire doux avec sa technolâtrie, son vide existentiel, son individualisme outrancier et sa compétition féroce de tous contre tous cher au libéralisme perturbe le cerveau de millions d’individus fragiles. Ce qui est arrivé, le 3 janvier 2013, à Daillon en Suisse dans le canton du Valais confirme le diagnostic : le tueur, un assisté social, alcoolique et fumeur de marijuana âgé de 33 ans, était suivi pour des troubles psychiatriques. En tant que société ouverte, la Suisse pâtit, elle aussi, de tels phénomènes qui seraient quasi-inexistants dans une société vraiment fermée.
À rebours du prêt-à-penser médiatique fallacieux, Paul Lycurgues soutient le droit des citoyens français à être armés. « Le peuple français […] doit exercer son droit, et assumer son devoir de peuple libre, à reconquérir les armes qui lui ont été dérobées, et à restaurer en France un ordre naturel fondé sur le respect que se doivent des citoyens libres et armés (p. 9). » Ce que Lycurgues oublie d’ajouter est que cette philia entre citoyens responsables n’est possible que dans un cadre communautaire ethniquement homogène comme le constatait déjà Aristote. L’hétérogénéité ethno-culturelle désordonnée n’engendre que de fortes tensions comme le prouvent les États-Unis (et le Brésil !).
Aux belles âmes hexagonales qui crachent qu’un pareil projet ne correspond pas aux « valeurs républicaines », Paul Lycurgues leur rétorque qu’« en France, les armes furent consubstantielles à la conquête des libertés (p. 10) ». En 1885, la loi Farcy autorisait la libre détention d’une arme, voire de plusieurs, sinon comment Manufrance, premier vendeur de cycles et… d’armes, aurait-il connu une audience nationale, européenne et même internationale ? Rappelons que son catalogue annuel offrait une vaste gamme d’armes de point et de fusils de chasse. On a oublié qu’« au début du XXe siècle, […] tout Français avait le droit de porter des armes apparentes, s’il n’en avait pas été privé par jugement (p. 14) ». C’est par un décret-loi liberticide du 23 octobre 1935 signé par Pierre Laval qui commence le désarmement de la population. Cinq ans plus tard, l’État français et l’occupant allemand généralisent la procédure : posséder une simple arme vaut désormais à son propriétaire la peine capitale ! Depuis cette période, quelque soit le régime en place, de nouvelles lois restreignent cette liberté indispensable. Sous prétexte d’idéologie sécuritaire, les autorités hexagonales aux ordres de l’hyper-classe mondialiste et des banksters, cherchent à ôter leurs administrés toute envie de résistance. « Infantilisation, dévirilisation, passivité et conformisme : voilà les véritables raisons de la servitude volontaire dans laquelle vivent nos compatriotes (p. 29). » Et gare à l’honnête homme en état de légitime défense ! « Notre système judiciaire applique désormais une véritable présomption de culpabilité à ceux d’entre nous qui osent encore se défendre (p. 24). » La triste affaire en 2010 de « Papy » Galinier incarcéré tel un assassin par des juges qui préfèrent respecter le droit des voyous est encore dans les mémoires.
Paul Lycurgues est pessimiste parce que « les Français se retrouvent pris entre le marteau et l’enclume – c’est-à-dire entre une criminalité brutale et omniprésente et un État d’autant plus répressif qu’il est en situation de quasi-faillite -, [il] apparaît de plus en plus clairement ce risque terrible : n’avoir plus le choix entre le chaos criminel et l’état policier (pp. 8 – 9) ». Les lecteurs attentifs d’Éric Werner objecteront avec raison que ce choix est en fait impossible puisque la société ultra-moderne fracassée est dorénavant et sciemment chaotique et policière.
Cette situation étrange se vérifie par une incroyable inflation législative. Depuis 2002, le Parlement français a voté une quarantaine de lois sécuritaires pour des résultats quasi-nuls, mais qui renforcent le carcan étatique envers nos concitoyens. La République hexagonale ne privilégie pas la sûreté de ses membres, mais leur surveillance, si bien que les spécialistes évoquent sans fard « l’échec, incontestable […], de toutes les politiques publiques de sécurité menées depuis trente ans (p. 5) ». Loin d’être plus sûr, l’Hexagone tricolore l’est moins, en particulier pour les petites gens. En effet, outre les pertes financières considérables, « nos concitoyens en payent aussi le coût caché, celui de l’érosion de leurs libertés fondamentales face à l’appareil judiciaire et policier, ainsi que la systématisation d’une véritable culture de répression (pp. 6 – 7) ». Ainsi, est-il plus facile à une petite frappe des banlieues de l’immigration de vendre son shit ou de racketter des gamins qu’à un militant identitaire d’occuper le toit d’une mosquée en construction ou de réagir à l’agression de pétasses féministes à moitié dénudées…
Aux détracteurs qui citent constamment le contre-exemple d’outre-Atlantique pour maintenir le désarmement généralisé de la population, Paul Lycurgues commente la riche étude du professeur John Jr. Lott. Celui-ci a démontré que la criminalité est plus basse dans les États fédérés qui autorisent le port d’arme que dans les États plus restrictifs. Cette étude serait aussi intéressante à corréler avec l’application de la peine de mort qui démotive la racaille. Lycurgues estime par conséquent que « la sécurité de tous, en France, doit redevenir l’affaire de chacun (p. 30) ». Que veut-il dire ? L’auteur soutient l’autodéfense et la légitime défense. Pour lui, « chaque innocent qui prend les armes fait reculer le crime partout; ce n’est pas tant une balle que craint fondamentalement le criminel, mais plutôt la possibilité d’une balle. Le devoir de fuite imposé par la jurisprudence, quoique légal par définition, n’est donc pas seulement injuste : il est aussi immoral (p. 27) ». C’est sur cet immoralisme que s’appuie le Moloch étatique, broyeur des personnes et des peuples et nullement des malfrats.
Si les Français – et les Européens – ne veulent ni l’anarchie sociale, ni le désordre sécuritaire anxiogène, ils doivent renoncer à la religion délétère des droits de l’homme et accepter de se réarmer, ce qui suppose de leur part de ne plus tout attendre de l’État tutélaire. Le réarmement du peuple implique de manière inévitable la réduction inévitable des effectifs de policiers, de militaires et de magistrats. Ces professions sont pour l’heure gangrenées par l’humanitarisme dévot.
Il faut donc aller plus loin que le modèle helvétique du citoyen-soldat prêt à défendre sa commune, son canton et sa patrie. « Le XXIe siècle sera celui de la fin d’un monde : le consumérisme, le mondialisme économique, la dilapidation des ressources et la gabegie énergétique ne sont plus tenables. […] La perspective de troubles sociaux, politiques et économiques majeurs est devenue crédible, certains diraient même inévitable. Dans un tel contexte, un peuple désarmé sera plus vulnérable face au chaos, à la prédation et à la violence qu’un peuple en armes (pp. 30 – 31). » Déjà, en Corse, dans la Camargue gardoise ou dans certains coins reculés du Velay et de l’Aubrac, les populations locales conservent leurs armes et répliquent avec virilité aux intrus allochtones.
L’existence de milices populaires d’autodéfense locale, communale et régionale, ouvertes aux femmes, redonnerait à la France son sens originel de « Terre des Francs », c’est-à-dire de « pays des hommes libres » parce que nos lointains ancêtres avaient le droit et le devoir de porter l’épée !
Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/
• Paul Lycurgues, Aux Armes Citoyens ! Plaidoyer pour l’autodéfense, Éditions Mordicus, coll. « Coups de colère », Paris, 2012, 32 p., 4,95 €.
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2003-2013 : les dures leçons de la guerre d’Irak
Par Jean-Dominique Merchet pour RIA Novosti
L’Irak d’aujourd’hui ressemble-t-il à l’Allemagne de 1955 ? Dix ans après la guerre américaine contre l’Irak, déclenchée le 20 mars 2003, cette question semble insensée. Et pourtant ! C’était bien là le projet officiellement affiché par les cercles néoconservateurs de Washington.
Comme après la seconde guerre mondiale, ils voulaient imposer la démocratie, la paix et le développement par la force, une sorte de « wilsonisme botté », en référence au président Woodrow Wilson (1913-21).
Leur projet a sombré corps et âmes, au royaume tragique des plans démiurgiques. Comparons avec l’Allemagne : dix ans après l’invasion alliée en 1945, la République fédérale était un Etat démocratique et libéral, dont l’économie était entrée dans une longue phase d’expansion et qui, se réconciliant avec ses voisins, posait les bases d’une union avec eux. Un immense succès – que l’on vit se reproduire au Japon.
Le contraste avec l’Irak d’après Saddam Hussein est terrible. Force est de constater que ce qu’on appela le « camp de la paix » (France, Allemagne et Russie), l’axe Chirac-Schroeder-Poutine, avait alors raison de crier casse-cou !
L’armée américaine a quitté l’Irak en 2011 : elle y a perdu 4486 des siens (plus 318 morts d’autres nationalités, essentiellement britanniques), sans compter les milliers de blessés, physiquement ou psychologiquement. 4.486 morts américains, des dizaines de milliers de vies brisées, pour quoi ?
Cette guerre a couté au minimum 770 milliards de dollars, selon les chiffres du Pentagone. Des économistes avancent des chiffres encore plus considérables. Tant d’argent dépenser pour quel résultat ?
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Centrafrique : pays chrétien en 2012, islamique en 2013 ?
L'actuel président Bozizé et ses partisans Ce qu'il se passe en ce moment en République Centrafricaine est effarant. Ce pays de 4,5 millions d’âmes, a obtenu son indépendance de la France en 1960, gardant une forte imprégnation de notre culture, gardant le français comme langue officielle, à côté du sango, langue véhiculaire.Sur le plan religieux, 80% des centrafricains se disent chrétiens, 10% animistes et 10%... musulmans.Pourtant, ce qui est en train de se passer dans ce pays dépasse en vitesse tous les processus d'islamisation forcée qu'ont connu dans le passé les 57 pays maintenant 100% musulmans.Profitant de l'élan des « révolutions » arabes, une « rébellion », sous la forme de bandes armées musulmanes locales soutenues par des puissances islamiques étrangères, comme le Tchad, le Soudan, la Libye, infiltre le pays désarmé afin de semer le chaos... et la charia (loi islamique).LE DILEMMEFace à la dégradation de la situation (attaque de l’ambassade de France, menaces éventuelles sur un millier de ressortissants européens, dont des binationaux), Paris a décidé de renforcer son dispositif militaire, qui est aujourd’hui de 600 hommes.Pour quoi faire ? C’est tout le problème. Car, en Centrafrique, la France n’a le choix qu’entre deux mauvaises solutions.Sauver le régime Bozizé, largement discrédité, en « tapant » sur les rebelles du mouvement Seleka ou laisser les choses suivre leur cours sans intervenir. La seconde hypothèse semble avoir la préférence de l’Élysée.
Les centrafricains appellent la France au secours. Mais la France n'entend rien. La France, comme ces dernières années, prend le parti de l'islamisation d'un pays, par son inaction, voire par sa participation active comme ce fut le cas en Libye, en Côte d'Ivoire lorsqu'elle a renversé le président chrétien pour placer un président musulman (rappelez-vous : pour Sarkozy, « soutenir un musulman » au pouvoir est un « signe d'ouverture »).L'alliance rebelle Séléka, constituée de quelques nationaux mais aussi de beaucoup de Toro Boro, rebelles soudanais du Darfour, est clairement inspirée par le wahhabisme, l'islam « originel » venu d'Arabie saoudite.Le ministre de l'Administration territoriale Josué Binoua signale que « M. Dhaffane et M. Nourredine, qui sont les deux principaux responsables de cette rébellion, ont étudié en Arabie Saoudite et au Qatar. Ils prônent le wahhabisme à qui veut l'entendre. Ils le prêchent. » On apprend également que M. Nourredine, « fils d'un imam » d'un quartier de Bangui, est un « ancien étudiant de l'Université islamique de Médine ».Un pasteur de 42 ans, témoigne : « La France doit intervenir ne serait-ce que pour protéger les institutions du pays ! […] Nous vivons dans l’angoisse. Nous vivons la conquête de l’islam en Centrafrique !».La RCA est la preuve que l'islamisation d'un pays peut être un processus foudroyant, éclair, et non sournois comme ce fut le cas au Liban, où il a fallu atteindre un seuil critique de 40% de musulmans pour que tout bascule.Les médias français sont muets sur cet aspect, pourtant crucial, de cette « rébellion ».Sources :Lien permanent Catégories : actualité, géopolitique, insécurité, international, lobby, magouille et compagnie, religion 0 commentaire -
D'uranium en plutonium
Fin novembre 2011, certains média se sont inquiétés d'une présence de radioactivité anormale dans certaines régions de l'hexagone. Les conversations allèrent bon train, particulièrement dans le sud-ouest où la prolifération des champignons est soudainement apparue suspecte à tel point que certains pharmaciens en déconseillèrent vivement la consommation... Mais bien vite, l'apathie reprit ses droits et ce fut de nouveau « RAS., circulez braves gens, il n'y a rien à voir ! »
Comment ignorer cependant que la menace nucléaire d'autrefois est aujourd'hui encore plus dangereuse car plus volatile ?
Graham Alison, ex-secrétariat à la Défense dans l'administration Clinton, a démontré en son temps, combien il était facile de nos jours, de faire passer clandestinement des matériaux fissiles par courrier ou livraison express...
Peut-on donc parler de simple coïncidence lorsqu'un institut de recherche américain s'en alarme, déclarant que de l'uranium hautement enrichi a déjà été détourné et volé dans le passé. Les premiers faits constatés remontant aussi loin qu'aux années 1950 et 1960, sur le site nucléaire de Numec à Apollo, Pennsylvanie. Site désaffecté que l'ingénierie militaire US s'emploie aujourd'hui à nettoyer à un coût de 170 millions de dollars.
Et certains s'insurgeront-ils, criant à l'obsession ou l'acharnement, en apprenant que les enquêteurs affirment avoir la preuve "irréfutable" que ce vol a été commis au profit d'Israël, pour son programme nucléaire - jamais officiellement reconnu, rappelons-le.
Telle est la conclusion sans appel, à partir de documents déclassifiés émanant notamment du « department of Energy et Atomic Energy Commission ainsi que du FBI et de la CIA », comme l'a déclaré Grant Smith, directeur de l'IRmep (Institute for Research : Middle Eastern Policy) au Daily Star de Washington.
« Histoire fabriquée » conteste le fondateur et ancien directeur de Numec, Zalman Shapiro, âgé aujourd'hui de 91 ans. Pourtant, un rapport du département de l'Energie confirme bien que des prélèvements effectués en Israël sur le site de Dimona* portent la même signature isotopique que le matériel produit par le site Portsmouth Gaseous Diffusion, Ohio, fournisseur de Numec.
Une évidence significative, si prouvée, fait remarquer Victor Gillinsky, membre de la Nuclear Regulatory Commission de 1975 à 1984, qui ajoute : « Ce site produisait de l'uranium hautement enrichi, plus enrichi que ce qui était [alors] d'usage aux Etats-Unis ou ailleurs car utilisé exclusivement comme carburant pour la Marine de guerre. Enfuit, Portsmouth était le seul endroit au monde à le produire... Des échantillons prélevés par des agents de la CIA à Dimona ne pouvant qu'être minimes, peut-on vraiment s'assurer qu'ils proviennent de Portsmouth ? »
Mais les faits sont têtus et contredisent ce scepticisme... En effet, de nouveau en 2001, un document précisait que 269 kg de ce même uranium avait disparu de Numec sous la direction de Z. Shapiro, de 1957 à 1968. Fait troublant, cette même année 1968, les plus notoires des espions israéliens avaient visité le site de Numec, comme le prouve la permission accordée par AEC (Atomic Energy Commission) mentionnant quatre noms : Rafaël Eitan, Avraham Ben-Dor, Ephraim Biegun and Avraham Hermoni.
- Ancien membre du Mossad, Eitan dirigea l'opération aboutissant à la capture d'Adolf Eichmann en Argentine. Il fut ensuite nommé directeur du Israel's Bureau of Scientific Relations (connu en hébreu sous l'acronyme Lekem, organe de renseignement spécialisé dans l'acquisition d'informations confidentielles tant scientifiques que militaires, en provenance de l'étranger).
On retrouvera d'ailleurs Eitan dans l'affaire Jonathan Pollard **.
- Ben-Dor fut le bras droit d'Eitan dans la capture d'Eichmann et servit longtemps comme agent du Shin Bet. Il fut forcé à démissionner en 1986.
- Chef de la section technique du Mossad, Biegun était spécialisé dans l'électronique et la communication.
- Hermoni, quant à lui, fut le directeur technique (nucléaire) de RAFAEL/ Rafaël, acronyme hébraïque de « Autorité pour le développement de l'armement », connu actuellement sous le nom de Rafaël Advanced Défense Systems Ltd et collaborant également avec différentes sociétés américaines (Lockheed Martin, Raytheon) et européennes (Thales, EADS, BAE) sur plusieurs projets de missiles, drones et systèmes d'armements.
Comme le souligne encore Grant Smith, cette question de vol d'uranium est particulièrement importante au moment où les États-Unis tentent d'enrayer le programme nucléaire iranien.
« Nous pensons essentiel, dit-il, de connaître la vérité au sujet de la collaboration US, intentionnelle ou pas, dans le programme nucléaire israélien ». D'autres révélations, pas moins inquiétantes, ont été rendues publiques par l'European Trans-Uranium Instruite (ETUI) de Karlsruhe, en Allemagne où des scientifiques traquent la circulation de matériaux fissibles en provenance de l'ex-Union Soviétique.
LE RÔLE TROUBLE D'ISRAËL
Qui sait ou se souvient qu'en 2002, une quantité d'uranium 235 est trouvée dans l'appartement parisien de trois individus, courtiers en armes ? Raymond Loeb en est le locataire, ses deux co-équipiers, Serge Salfati et Yves Ekwella, voyagent sous passeports camerounais. Les services de renseignements français y découvrent des billets d'avion en provenance du Kazakhstan. L'ETUI établit que l'uranium provient du site nucléaire de Chelyanbisk-70 dans les profondeurs de l'Oural, ayant cheminé de l'Ukraine en Pologne, puis d'Allemagne en France - transporté par le chef de la mafia russe, Semyon Yokovich Moglivich, spécialiste en stupéfiants, blanchiment d'argent sale, trafic d'armes et d'humains. Depuis 1991, Loeb s'est positionné, attendant l'effondrement de l'Union soviétique. Il obtient, comme assistance, un passeport israélien pour lui-même et 23 de ses associés et les documents de voyage leur sont fournis par l'ancien tycoon, Robert Maxwell et Edmund Safra, un banquier millionnaire, basé en Amérique.
Maxwell sera assassiné plus tard par une équipe du Mossad après qu'il eut menacé de divulguer ses liens aux services secrets. Safra meurt mystérieusement dans l'incendie de sa penthouse de Monte-Carlo...
Moglivich, quant à lui, est toujours à la tête de la plus grosse famille "criminelle" de Moscou, la Rising Sun en anglais, et fait des matériaux fissibles, sa spécialité. Les 5 grammes d'uranium trouvés à Paris sont à 85 % de l'uranium enrichi - ce qui est suffisant pour produire une bombe. Mais bien heureusement, pour cette fois, les services français ont pu s'en emparer avant l'intervention du Mossad dont le rôle fut ainsi mis au grand jour, par la petite mais très sophistiquée unité de renseignement hollandaise Intel-1 ; celle-ci étant depuis des mois sur la brèche, dans un bunker justement construit autrefois pour la famille royale en cas d'attaque soviétique sur Amsterdam !
Comme le concède l'équipe de l'ETUI : « Tracer l'origine militaire ou civile de cet armement de haut risque est semblable à la traque d'un voleur sans empreintes digitales ».
Aujourd'hui transformé en gare centrale, l'ancien bunker est lieu de transit de matériel nucléaire volé dans les laboratoires russes, en particulier le Arzamas-16 de Nizhnii Novgorod (ex Gorky).
Des officiers du Mossad se sont empressés de préciser qu'ils s'étaient procuré ce matériau volé pour éviter qu'il ne tombe entre les mains d'islamistes. Déclaration plausible qui n'a pas convaincu les détectives d'Intel-1 persuadés que ce nucléaire a été secrètement transporté de l'aéroport de Schipol, Amsterdam à la centrale de Dimona, Israël.
En fait, tout commence lorsqu'en octobre 1992, un avion cargo de la compagnie israélienne El Al s'écrase juste après le décollage. Intel-1 est informé qu'il transportait des produits chimiques capables d'être utilisés comme gaz neurotoxiques.
Depuis six ans, le Mossad s'est établi au sein de El Al, dans l'aéroport de Schipol au 2e étage de bureaux connus sous le nom de « Petit Israël » et Intel sait que leur lien avec la compagnie d'aviation fait partie intégrale de ce trafic d'armes. Assurée de ne pas être poursuivie, une taupe avoua à Intel avoir passé du matériel nucléaire d'Ukraine en Allemagne puis en Hollande ; d'avoir ensuite rencontré un homme à la gare centrale qu'il identifia grâce à des photos. Il s'agissait d'un agent du Mossad basé à Schipol.
Le réacteur de Dimona, mis en service en 1963, produisait déjà suffisamment de plutonium pour équiper l'armée israélienne d'une bombe atomique avant la Guerre des Six Jours. Aujourd'hui, avec ses 200 engins nucléaires du Negev, Israël a la capacité de décimer ses voisins arabes. Comment donc s'étonner que l'Iran, même s'il n'est pas encore en capacité de le faire, ne veuille légitimement se protéger d'une telle éventualité ?
Michelle FAYARD-JIRARD. Rivarol du 20 janvier 2012
* Dimona est une centrale nucléaire située dans le désert du Néguev à 12,7 km au sud-est de la ville de Dimona en Israël qui en reconnaît l'existence mais refuse de communiquer sur son objectif militaire. Sa construction débuta en 1958, avec l'aide de la France, selon les Protocoles de Sèvres, accord secret en sept points entre Israël, la France et l'agrément discret de la Grande-Bretagne. Notons que le complexe a été construit en secret et en dehors du régime d'inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
** D'origine juive mais né au Texas, on se souviendra que Jonathan Pollard, spécialiste du renseignement de la Marine américaine, fut inculpé pour espionnage au profit d'Israël et condamné à la prison à vie en 1987. Il lui a été reproché en particulier, d'avoir livré à Israël le manuel des codes d'accès et de cryptage des écoutes de la NSA dans le monde, manuel qui aurait été ensuite livré (en pleine guerre froide) aux Soviétiques en échange de l'émigration vers Israël d'un million de juifs. Son histoire a directement inspiré le personnage de Jeremy Pelman dans le film Les Patriotes d'Éric Rochant. Source Wikipedia. Pollard a reçu la citoyenneté israélienne en 1998. Le 12 mai de cette même année, le Premier ministre d'alors, Benjamin Netanyahu, admet que Pollard est un espion opérant pour les services secrets israéliens, espérant négocier sa libération. George Tenet, ancien chef de la CIA, aurait alors menacé de démissionner. Source : < newsbbc.co.uk > -
11 septembre 2001: « Rien n'explique que les avions aient pu pénétrer aussi facilement l'intérieur des zones les mieux protégées du monde »
Journaliste d'investigation, Eric Raynaud se passionne depuis huit ans pour les attentats du 11 septembre 2001. Auteur d'un livre intitulé 11 septembre, les vérités cachées, il est convaincu que les tours du World Trade Center avaient été piégées avant que les avions ne les percutent. Il s'explique pour Monde et Vie.
M&V : Le 11 septembre 2001, le monde entier a assisté en direct à l'écroulement des tours du World Trade Center à New-York, heurtées de plein fouet par des avions de ligne détournés par des terroristes. Pour tout le monde, ces terroristes et leur chef, un certain Oussama ben Laden, jusqu'alors inconnu du grand public, en étaient seuls responsables. Comment en êtes-vous arrivé à douter de la version officielle des événements ?
- Eric Raynaud : A l'époque,je suis resté «scotché», le souffle coupé, devant ma télévision jusqu'à cinq heures du matin et je ne me suis pas posé de question sur la manière dont l'événement avait pu se produire. Les questions sont venues plus tard, d'abord à la lecture du livre de Thierry Meyssan sur l'attentat visant le Pentagone, « L'Effroyable imposture », puis lors de la publication des conclusions de la commission d'enquête américaine conduite par l'administration Bush-Cheney, absolument pas crédibles. Des scientifiques de premier rang sont d'ailleurs montés au créneau pour critiquer cette version officielle des faits, avec des arguments puissants. Après l'élection de Barack Obama, la parole s'est un peu libérée.
Elle est plus libre aux Etats-Unis qu'en France...
- En effet, de nombreuses associations s'y sont créées et se sont pour la plupart fédérées au sein d'un Mouvement pour la vérité sur le 11 septembre, afin de réclamer l'ouverture d'une nouvelle enquête. Des associations de victimes et de familles de victimes, de pompiers, de témoins, de Professionnels du bâtiment - architectes et ingénieurs -, d'anciens agents des services secrets, une association de personnalités religieuses et une autre rassemblant des dirigeants politiques internationaux ont demandé que la lumière soit faite sur les nombreuses obscurités de ce drame.
Selon vous, que s'est-il réellement produit le 11 septembre ?
- Il s'agit indubitablement d'attentats perpétrés par des terroristes - nous avons tous vu les avions percuter les tours -, mais je suis convaincu que Georges Bush et les membres de son administration avaient des éléments démontrant qu'ils allaient se produire. Les services secrets d'au moins quinze pays, dont le Mossad, les services secrets afghans et la DGSE française (dès le mois de janvier !), les avaient prévenus qu'un attentat allait avoir lieu avec des avions détournés. La CIA en avait aussi fait état le 6 août 2001, lors du briefing quotidien en présence de George Bush. L'administration en place a volontairement laissé faire et probablement accompagné le mouvement. On ne s'explique pas autrement que les avions aient pu pénétrer aussi facilement à l'intérieur des zones les mieux protégées du monde : New-York, Washington et le Pentagone. Il faut savoir qu'autour du Pentagone est tracé un cercle virtuel, baptisé P 56, dans lequel on n'entre pas sans émettre un message accompagné d'un code qui est changé tous les jours. Si ce message codé n'est pas reçu, des missiles sont immédiatement lancés contre l'appareil intrus. Les avions qui ont percuté les tours auraient également dus être interceptés par la chasse américaine dans les six minutes. À 8 h 30, deux appareils étaient prêts à décoller et à se porter sur l'adversaire en 5 ou 6 minutes. Or ils sont restés au sol pendant une heure et demi, laissant le deuxième avion se fracasser sur la deuxième tour...
Vous évoquez dans votre livre la découverte d'un scientifique, Niels Harrit ? De quoi s'agit-il ?
- Niels Harrit est un scientifique danois, spécialisé en nanochimie. En mars dernier, il a publié dans un bulletin scientifique à comité de lecture - ce qui pour un scientifique est un gage de sérieux - une étude dans laquelle il expliquait avoir trouvé, dans les poussières de béton des tours écroulées, des particules de nanothermite. Il s'agit d'un mélange chimique qui possède des propriétés explosives ou de fusion et dont les ouvriers des chemins de fer se servaient naguère pour couper les rails. Plus c'est petit, plus c'est exogène, et plus ça «pète». Cet explosif atteint très rapidement des températures de 2 500 degrés et brûle sans apport d'oxygène. Le kérosène que contenaient les réservoirs des avions ne brûle, lui, qu'à une température de 800 à 850 degrés. Or, l'acier ne fond pas à moins de 1580 degrés... Par ailleurs, la nanothermite peut servir, soit comme explosif, soit pour découper. Il est probable qu'il y a eu à la fois des charges de découpe et d'explosion, ce qui expliquerait que des poutres de plusieurs tonnes aient été expulsées à 180 mètres, ainsi que la vitesse à laquelle les tours sont tombées : 10 secondes, vitesse de la chute libre, au lieu des 30 secondes minimum qu'il aurait fallu pour écraser 110 étages, selon les spécialistes.
Vous soupçonnez les Américains d'avoir eux-mêmes miné les tours. Pourquoi ?
- Cet explosif est fabriqué sous licence militaire, dans des laboratoires militaires, à usage militaire. Il est donc permis de se demander ce que font ces particules dans les poussières du Worl Trade Center. Je vois mal des islamistes fabriquer la nanothermite dans les grottes d'Afghanistan... Ils auraient pu l'acheter, mais encore aurait-il fallu pouvoir placer les explosifs dans les tours. Car, selon Niels Harrit, il aurait fallu plus de 10 tonnes de nanothermite répartie dans tous les étages des deux tours et de la tour 7 - la troisième à être tombée - pour provoquer de tels dégâts. On sait par des témoins que des explosions ont eu lieu dans les tours, on les entend distinctement lorsqu'on consulte les archives filmées. Un témoin nommé Rodriguez, qui travaillait dans les « Twins Towers » et dont George Bush a fait un héros national car il a sauvé plusieurs personnes, a été brûlé par une énorme explosion dans les sous-sols.
Comment aurait-on pu introduire discrètement plus de 10 tonnes d'explosifs dans les tours ?
- Des journalistes de la télévision danoise l'ont demandé à Niels Harrit, qui leur a répondu : « sur des palettes », et leur a conseillé d'aller poser la question aux responsables de la société qui était en charge de la sécurité des tours, Securacom. Cette société, qui assurait aussi la sécurité de l'aéroport de Dulles, d'où est parti l'avion qui se serait écrasé sur le Pentagone, était dirigée... par Marvin Bush, le propre frère de George Bush, et par leur cousin Wirt Walker. Les responsables de Securacom n'ont jamais été interrogés par la commission d'enquête... Ils auraient pu expliquer pourquoi les chiens renifleurs d'explosifs avaient été retirés du World Trade Center quinze jours avant les attentats ? Des familles ont demandé des explications, elles n'ont jamais reçu de réponse. Peu de temps avant les attentats aussi, il avait été procédé à une opération de réfection des ascenseurs, au cœur d'une colonne d'acier qui monte dans la cage d'ascenseur. Ces ascenseurs avaient pourtant déjà été révisés à peine dix-huit mois plus tôt...
Vous avez abordé aussi dans votre livre le cas de la tour 7, la troisième à s'être écroulée, sans avoir été percutée par aucun avion...
- Le rapport final de la commission d'enquête passe purement et simplement sous silence la chute de cette tour, dans laquelle se trouvaient les bureaux de la CIA, mais aussi le bunker du maire de New-York, à l'époque Rudy Giuliani. On a avancé pour expliquer son écroulement que des débris entrés par les fenêtres de cette tour y avaient allumé des incendies qui auraient affaibli sa structure. Or cette tour, d'une hauteur de 165 mètres, est tombée elle aussi à la vitesse de la chute libre, en 6,5 secondes, dans son empreinte et sans qu'un seul des immeubles qui l'entourent ait été touché.
Vous doutez également de la version officielle concernant l'attentat contre le Pentagone. Pourquoi ?
- Le toit du Pentagone, censé avoir été également frappé par un Boeing, s'est écroulé seulement trois quarts d'heure après l'impact. Des photos prises par des militaires présents à ce moment-là laissent apparaître, au point d'impact, un trou de 5 mètres sur 5... fait par un avion de 38 mètres d'envergure ! En outre, une association rassemblant à la fois des pilotes de ligne et de chasse a fait savoir qu'il aurait fallu exécuter, pour se planter dans le Pentagone de cette manière, une manœuvre en spirale impossible à exécuter ! Le pilote de chasse qui a inspiré le film Top Gun, membre de l'association des pilotes pour la vérité sur le 11 septembre et qui affiche 400 missions de combat, a déclaré que lui-même ne saurait pas la faire - or, le terroriste qui est censé avoir réussi cette même manœuvre avec un Boeing 757 s'était vu refuser deux semaines auparavant la location d'un Cessna, parce qu'il n'arrivait pas à le piloter. Enfin, on ne trouve pas de débris de l'avion sur la pelouse : ni sièges, ni bagages, juste des pièces de métal qui font la surface d'une main.
Autre chose : le 757 est censé avoir traversé trois anneaux du Pentagone celui-ci est constitué de cinq «anneaux», bâtiments concentriques en béton armé, avec d'énormes poutres de protection. A la sortie, dans le sixième mur (il y a deux murs par anneau), on voit un trou circulaire de 2,30 mètre, dont on nous dit que c'est le nez de l'avion. Or le nez d'un 757 n'est même pas en aluminium, mais en fibre de carbone pour que les communications soient meilleures. De la fibre de carbone qui traverse des murs en béton armé ? Je demande à voir... Mais justement, en dépit des 84 caméras qui surveillaient l'endroit, on ne dispose pas d'une seule image montrant le choc et l'avion qui s'engouffre dans le mur : le FBI refuse de les montrer, en dépit des demandes des plaignants.
Mais que sont devenus l'avion et ses passagers - car il a bien décollé ?
- C'est une question à laquelle je suis incapable de répondre. On n'a rien retrouvé à l'intérieur du pentagone. La commission d'enquête a expliqué que la chaleur avait été telle que l'avion s'était volatilisé - moyennant quoi, sans crainte de se contredire, on a affirmé aux familles que leurs proches présents dans l'avion avaient été identifiés grâce à des traces d'ADN ou des empreintes digitales... Tout ce que je peux dire, c'est qu'il est impossible qu'un 757 ait percuté le Pentagone. Selon l'hypothèse la plus courue, il se serait agi d'un missile. Cette hypothèse pourrait être renforcée par les résultats obtenus par une spécialiste qui est allée mesurer la radioactivité sur place : elle est dix fois supérieure à ce qu'elle était à l'origine.
De même, je ne sais pas ce qu'il a pu advenir des personnes qui se trouvaient dans l'avion qui se serait écrasé en Pennsylvanie. On a trouvé un trou de 30 mètres dans un champ, là encore sans une valise, ni un siège, ni un morceau de fuselage. Selon une hypothèse, cet avion-là aurait été abattu par l'armée : après les attaques contre les tours et le Pentagone, il pouvait sembler préférable de le descendre et de tuer 47 personnes pour en sauver 4 000. Aujourd'hui, le gouvernement ne dément plus formellement cette hypothèse.
On a dit que des passagers de cet avion avaient téléphoné à leurs proches...
- Lors du procès de Moussaoui (survivant du groupe terroriste, ndlr), ses avocats ont demandé les expertises du FBI concernant les conversations téléphoniques d'avion jusqu'au sol. Les experts ont expliqué qu'il ne pouvait pas y avoir eu de telles conversations avec la terre ferme, de la hauteur à laquelle volait l'avion. En 2001, on n'avait pas encore la technologie suffisante. Il n'est pas impossible en revanche que les gens, au sol, aient reçu des coups de téléphone - mais de qui, comment, par qui ? Je ne le sais pas.
Pourquoi tout cela ? En se rendant complice des terroristes, le gouvernement américain aurait pris des risques énormes...
- Ce cas de figure s'est déjà vu : on sait aujourd'hui qu'avant Pearl Harbor, par exemple, les Américains avaient été prévenus de l'attaque japonaise. Pour les Américains, il était important d'aller en Irak et en Afghanistan, à cause du pétrole. Un an auparavant, un groupe néoconservateur avait d'ailleurs publié un Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC, Project for a New American Century), dont les rédacteurs expliquaient que les Etats-Unis étaient en train de perdre la guerre de l'énergie et qu'il fallait établir des bases au Moyen-Orient, mais que l'opinion publique américaine n'était pas prête à la guerre, « sauf à ce qu'un élément moteur n'advienne, du type Pearl Harbor, qui retournerait l'opinion et permettrait de passer immédiatement à l'action. » Je pense que Bush était au courant qu'il allait se produire quelque chose. La nuit précédente, il couchait dans un hôtel et contrairement à l'habitude, il y avait une batterie anti-missile sur le toit. Mais je crois qu'il ne pensait pas que ça irait si loin et qu'il a été doublé par Dick Cheney.
Propos recueillis par Hervé Bizien monde & vie 12 octobre 2009 -
CRISE BALKANIQUE, CRISE EUROPÉENNE
◘ 1. Les Balkans, point d'acupuncture en Europe
Toute vision géopolitique de l'Europe pose celle-ci comme un organisme vivant, qui a des points vulnérables et d'autres mieux protégés, en bref, des points faibles et des points forts. Tous les pays et tous les peuples européens ont leur fonction propre dans l'ensemble continental mais certains territoires ou certaines ethnies ont une importance prépondérante, si prépondérante que la santé ou la maladie du corps-Europe entier en dépend. Aujourd'hui, vu les circonstances, personne ne niera que les Balkans sont un point particulièrement sensible dans l'ensemble géopolitique européen. Dans cette région en effervescence, 3 forces géopolitiques majeures de l'Eurasie se trouvent face à face, créant de la sorte un noud inextricable de problèmes. S'il y a harmonie dans les Balkans, l'organisme européen fonctionne plus ou moins bien. Quand on touche à l'équilibre toujours précaire des Balkans, quand on y suscite des conflits, quand on se livre à des provocations dans cette région instable, quand les grandes puissances européennes interviennent dans les conflits balkaniques, les répercussions se font immédiatement ressentir dans tout le continent et on risque une guerre européenne comme en 1914.
En effet, la Première Guerre mondiale a commencé à Sarajevo. Pendant la seconde guerre mondiale, les territoires de la Yougoslavie – surtout les nouveaux États croate et serbe – ont été les foyers de conflits atroces, tragiques et sanglants. En vase clos, les peuples balkaniques vidaient leurs querelles : oustachistes croates, musulmans pro-allemands, tchetniks serbes monarchistes et nationalistes, internationaux communistes de Tito, Bulgares alliés à l'Axe, Albanais et Macédoniens, etc. s'entretuaient à qui mieux mieux. Ces luttes intérieures étaient marquées par une violence extrême, par des génocides épouvantables, par la guerre ou plutôt la guerilla totale, où participaient et mouraient femmes, enfants et civils, sans exception. Aujourd'hui, l'histoire se répète : la guerre est revenue dans les Balkans. Et une fois de plus, c'est une guerre totale. Génocides, massacres de civils, déportations, tortures, viols, atrocités, décapitations, étripages, yeux crevés font partie du décor quotidien. Hallucinant !
Le conflit dans l'ex-Yougoslavie est pourtant différent des autres conflits sanglants qui agitent l'Eurasie. Arméniens et Azéris, Moldaves et Russes "transnistriens", Géorgiens et Abkhazes, etc. luttent pour des intérêts locaux, étroitement déterminés parles appartenances ethniques. Ni en Azerbaïdjan ni en Armenie, on ne parle de guerre religieuse. Les Azéris ne parlent pas de djihad. Les Arméniens ne font aucune référence à la défense de la Chrétienté. Dans l'ex-Yougoslavie, la situation est radicalement différente ! C'est une guerre entre Slaves : avec, comme protagonistes, les Serbes orthodoxes, les Bosniaques (Serbes et Croates ethniques convertis à l'Islam il y a 5 siècles) et les Croates (Slaves catholiques). Il s'agit donc d'une guerre religieuse, où toutes les parties sont profondément conscientes de l'essence métaphysique et de la perspective géopolitique qu'ils défendent.
La guerre actuelle dans les Balkans risque d'être le commencement d'une grande guerre continentale. Les arguments des pacifistes ne compteront plus. Tant sont profondes les forces mises en jeu dans cette région. Le site géographique de cet affrontement est trop important pour l'Europe et pour l'harmonie continentale. Ceux qui disent d'ores et déjà que la guerre grande-continentale a commencé, n'ont peut-être pas tout-à-fait tort.
◘ 2. Trois forces, trois peuples
Dans les Balkans, on aperçoit 3 forces géopolitiques qui sont entrées en conflit mortel.
• a) Les Serbes
Quand on parle des Serbes dans le conflit actuel, il s'agit des Serbes de Serbie et de la Kraïna (terres peuplées de serbes et gouvernés par des irréguliers serbes dans les territoires de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie). En Bosnie, les territoires contrôlés par les Serbes occupent 60 % de la superficie de la République. Ces serbes de la Kraïna et de Bosnie ont proclamé une "République serbe" indépendante. Ils représentent le monde de l'orthodoxie. Ils s'identifient à la Russie, et par logique géopolitique, à l'Eurasie, mais au sens limité, petit-eurasien, que lui donnaient les philosophes eurasistes russes, qui posaient l'équation "Russie = Eurasie" et soulignaient la présence, dans l'ensemble étatique, impérial, culturel et religieux russe, d'une grande composante territoriale asiatique. Les Serbes représentent une force qui s'identifie à l'Orient de l'Europe. Aujourd'hui, à cette heure critique et dramatique de leur histoire, tous les Serbes, depuis les intellectuels jusqu'aux simples paysans, en passant par tous les soldats et les miliciens, ont conscience que leur pays représente quelque chose de beaucoup plus grand que la petite Serbie, que la petite ethnie slave du Sud-Est européen. Certains Serbes sentent derrière eux la présence des vastes étendues sibériennes; un pays du Nord de la Bosnie, s'appelle "Simberie"; il est peuplé de Serbes. Le célèbre peintre et mystique serbe Milosc de Matchva affirme que les mots "Serbie" et "Sibérie" ont une même racine ancienne. Serbes et Monténégrins ont un dicton : "Nous et les Russes sommes 200 millions d'hommes". Et encore : "Du haut des plus hautes montagnes des Balkans, on peut apercevoir Moscou si la nuit est claire".
• b) Les Croates
Ils vivent sur 70 % du territoire de la République croate. Les 30 % restants relèvent de la Kraïna serbe. Les Croates occupent également 20 % du territoire de la Bosnie-Herzégovine, où ils ont annoncé la création d'un nouvel État croate de Bosnie-Herzégovine. La langue des Croates ne diffère guère de celle des Serbes. Ils sont en majorité catholiques. Dans la situation actuelle, les Serbes convertis au catholicisme (qui habitent surtout dans les régions méridionales de la Croatie) sont absolument solidaires des Croates. Ceux-ci représentent dans les Balkans l'Europe centrale, la Mitteleuropa, bien qu'il ne faut pas oublier qu'à l'époque de la création de la Yougoslavie et de la désintégration de l'empire austro-hongrois, les Croates étaient les premiers à voter pour la sécession d'avec l'empire danubien/centre-européen et pour l'unification avec les autres Slaves du Sud.
Quoi qu'il en soit, les Croates, pendant la seconde guerre mondiale et aujourd'hui, s'associent explicitement aux intérêts de la Mitteleuropa, de l'Autriche catholique et de l'Allemagne. Ils se considèrent comme "européens" et "civilisés" par contraste avec les Serbes qu'ils décrètent "asiatiques" et "barbares". Chez les Croates – du moins chez ceux qui soutiennent Tudjman ; ce n'est pas le cas de ceux qui sont engagés dans les rangs du HOS de Dobroslav Paraga – l'idée d'Europe et le mythe de la Mitteleuropa s'associent avec l'engouement pour le "monde moderne". Mais en dépit de ce modernisme, on repère chez eux une certaine "judéophobie", répondant à une certaine "judéophilie" des Serbes. En effet, chez les Serbes, on éprouve une certaine sympathie pour les juifs, parce qu'on se sent proche d'eux; on est solidaire du peuple hébreu qui a subi un génocide, à l'instar des Serbes.
Les Croates sont extrémistes dans leur catholicisme. On voit chez eux des prêtres qui bénissent les armes et encouragent les "opérations spéciales" de "purification ethnique", car ils considèrent que la guerre contre les Serbes est une guerre sainte contre l'"Asie".
Derrière les Croates, il y a la Mitteleuropa, l'Allemagne et surtout le catholicisme des provinces méridionales et de l'Autriche. Les Croates se veulent des représentants de l'Occident européen, face aux Serbes orthodoxes et aux Bosniaques musulmans. Les Serbes appellent les Croates les "Oustachistes" et parfois même les "Allemands". De leur côté, les Croates appellent les soldats du bataillon russe de l'ONU, les "tchetniks russes". Pour les Croates "allemands", les Serbes sont "russes" et les Russes sont "serbes".
• c) Les Bosniaques
Les Bosniaques vivent dans le territoire de la République de Bosnie-Herzégovine, mais leurs terres sont éparpillées, dispersées sur toute la surface de la république. Il n'y a que 3 espaces homogènes, relativement grands, en Bosnie-Herzégovine, qui sont peuplés de Musulmans : le rayon de Bekhatch (nord-ouest de la République), les terres autour de Tuzla (dans le Nord) et l'espace au Sud de Sarajevo. La population de cette dernière ville est à 60 % musulmane.
Les Bosniaques sont des Serbes ethniques qui sont entrés en Islam à l'époque de la conquête turque. Paradoxalement, les Musulmans bosniaques sont ethniquement plus "purs" que les Serbes orthodoxes. Beaucoup de Musulmans de l'ex-Yougoslavie présentent des types dolicocéphales à pigmentation claire. Pour quelle raison ? Les troupes turques-ottomanes ne violaient pas les femmes de ceux qui s'étaient convertis à l'Islam. Les Serbes orthodoxes sont beaucoup plus turquisés que les Musulmans bosniaques sur le plan racial. N'omettons pas de signaler un événement historique très important dans l'évolution de la mosaïque balkanique : les Musulmans actuels sont en gros des anciens Bogomils, une secte dualiste opposée aux églises constituées et persécutée tant par Rome que par Byzance; le roi des Bogomils, Tverdko, s'est converti à l'Islam pour des raisons religieuses plus que par opportunisme. En fait ce sont les Musulmans de Bosnie qui sont les descendants de la noblesse serbe médiévale, surtout dans le sud du pays. Les paysans et les serbes de condition modeste ont conservé en revanche la foi orthodoxe, surtout dans le Nord de la république.
Les Musulmans bosniaques se considèrent comme partie intégrante de l'Umma islamique malgré leur parenté ethnique avec les Serbes orthodoxes. Pour eux, le modèle est la Turquie, quoiqu'Alia Izetbegovitch, le président de la République de Bosnie actuelle, est un fondamentaliste, très influencé par les idées de la Révolution islamique iranienne. Du fait qu'il ait affirmé jadis que la République de Bosnie-Herzégovine était un "pays musulman", il a déclenché la rebellion des Serbes orthodoxes et des Croates catholiques.
Les Bosniaques, sur le plan territorial, sont dans une situation désastreuse; leur territoire n'est pas homogène, leurs frontières sont démembrées et il n'y a aucune zone compacte dans laquelle ils pourraient se rassembler. Mais ils sentent que le monde musulman les appuie. Et que la Turquie est prête à les aider pour reprendre pied dans les Balkans. Enfin, que les Saoudiens sont prêts, eux aussi, à leur apporter de l'aide, surtout sur le plan financier. Paradoxalement, malgré les sympathies pro-iraniennes d'Izetbegovitch, le facteur iranien est fort peu présent en Bosnie.
Les Musulmans se considèrent comme les représentants du Grand Sud islamo-turc ou islamo-arabe. Pour eux, les Serbes sont des "nationaux-bolchéviques", des "soviétiques" ou des "tchékistes". Les Croates sont "modernistes" et "utilitaristes". Ils sont prêts à proclamer la guerre sainte, la djihad, pour protéger la foi islamique et établir l'État islamique. Ils soutiennent l'idée de "Grande Turquie" annoncée par Özal, "de la Mongolie jusqu'à Sarajevo". Les Bosniaques forment plus ou moins 49 % de la population de Bosnie-Herzégovine mais sentent derrière eux l'appui de plusieurs centaines de millions de Musulmans.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Bosniaques musulmans étaient solidaires des Croates, la Bosnie-Herzégovine faisant d'ailleurs partie de l'État oustachiste croate d'Ante Pavelic ; selon les Serbes, les Musulmans étaient partie prenante dans le génocide anti-serbe. Aujourd'hui, la situation est légèrement différente : il y a une certaine solidarité entre Bosniaques et Croates dans les régions contrôlées par les Serbes, mais, en même temps, il y a aussi un antagonisme entre Musulmans et Croates dans le Sud-Ouest du pays, là où les Croates ont proclamé la République croate de Bosnie-Herzégovine. À Sarajevo, les Croates subissent le même traitement brutal que les Serbes dans les quartiers de la ville contrôlés par les milices d'Izetbegovitch et, souvent, dans de tels cas, les Croates collaborent avec les Serbes pour tenter de quitter Sarajevo.
En conclusion, nous pouvons dire que le conflit actuel qui secoue l'ex-Yougoslavie est un conflit d'importance continentale voire mondiale. Trois forces métapolitiques voire métaphysiques majeures sont entrées en conflit et risquent de faire basculer la Grande Europe dans une guerre terrible. Si ces forces vivaient en harmonie et s'alliaient, l'Europe vivrait dans la stabilité et la sécurité. À cause du conflit balkanique, on risque une nouvelle querelle entre Russes et Allemands (l'axe Orient-Occident) ou, autre scénario, on verra se former une alliance entre Russes et Allemands contre le monde musulman turc et arabe (l'axe Nord-Sud). À qui profiteront ces conflits potentiels ?
◘ 3. Chercher l'intérêt américain
L'opposition entre l'atlantisme et l'eurasianisme est la constante géopolitique majeure dans l'histoire moderne; les représentants les plus sérieux de la discipline géopolitique le reconnaissent : depuis Mackinder et Kjellen jusqu'à von Lohausen et Béhar, en passant par les Américains Spykman et Gray. L'histoire du XXe siècle a confirmé plusieurs fois la pertinence des thèses de Karl Haushofer : la défense de l'Europe dépend directement de la possibilité de l'alliance géopolitique des puissances du bloc eurasien, soit l'Axe Berlin-Moscou-Tokyo. Les puissances continentales conscientes de leurs intérêts géopolitiques ont toujours soutenu cette alliance. La politique atlantiste, anglo-saxonne, depuis quelques siècles et, dans le chef des Américains, depuis 1945, a toujours cherché à briser ce bloc continental, à provoquer des luttes intérieures sur le continent pour mieux pouvoir réaliser la "stratégie de l'encerclement", ou la "politique de l'anaconda".
La France et l'Angleterre ont provoqué la création de la Yougoslavie pour détruire l'Empire centre-européen qu'était l'Autriche-Hongrie, de façon à affaiblir l'Allemagne et pour engager la Russie dans l'alliance suicidaire, contre nature, avec l'Occident, contre la seule puissance logiquement amie de la Russie, la Mitteleuropa unifiée ou l'Allemagne. En guise de récompense, la Russie a reçu la révolution bolchévique et l'Allemagne, en guise de punition, le Traité de Versailles. Les Croates, eux, ont reçu la Yougoslavie artificielle qui a réduit en bouillie leurs libertés ethniques. Seules les puissances atlantiques et anglo-saxonnes ont tiré des avantages des carnages de 1914-18 : des positions fortes dans les rimlands de l'Eurasie qui leur permettaient de préparer la domination géopolitique et stratégique du monde.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, un scénario identique s'est répété. Les Allemands ont attaqué les Russes qui, après avoir encaissé un choc très rude, se sont ressaisis et ont écrasé les Allemands. Les Soviétiques soutenaient Tito, communiste croate ; les Anglais et les Américains soutenaient les tchetniks serbes contre l'Europe centrale unie sous la poigne allemande. Après 1945, la Russie souffre d'"hypertension impériale" parce qu'elle doit défendre des frontières immenses sur le continent et contrôler des groupes d'États différents et opposés les uns aux autres. Pendant ce temps, les Américains préparent dans leur Grande Île facilement défendable le dernier round pour obtenir la domination mondiale unipolaire, qu'ils nommeront, lors de la guerre du Golfe, le "Nouvel Ordre Mondial".
Après la destruction de l'URSS, les atlantistes devaient, tout logiquement, inventer un autre moyen d'affaiblir le continent rival (l'Eurasie). On connaît la recette : susciter une nouvelle guerre inter-européenne. Et la faire débuter dans les Balkans, parce que c'est le point le plus sensible de l'architecture européenne, comme on l'enseigne dans tous les collèges militaires et dans les écoles de diplomates, tous lieux où on n'oublie pas les vieilles leçons de la géopolitique.
Détail intéressant : les 3 parties engagées dans le conflit actuel qui ravage l'ex-Yougoslavie s'accusent mutuellement d'être "les marionnettes du Nouvel Ordre Mondial". Les Serbes sont bien conscients de la campagne mondiale anti-serbe, dont les exagérations, la fausseté et le caractère manipulatoire sautent aux yeux aujourd'hui. Les sanctions contre la Serbie auraient été prises sans qu'aucune preuve tangible n'ait vraiment été établie. Tout cela a été orchestré par les Américains qui, après avoir soutenu une monstruosité géopolitique (la Yougoslavie) en soutiennent deux autres, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie dans leurs frontières actuelles qui ne correspondent à aucune réalité historique, ethnique ou religieuse. Or, face à ces critiques serbes, les Croates sont bien conscients du rôle fatidique que jouent les États-Unis dans la région : bon nombre d'observateurs croates accusent les "atlantistes" de pratiquer leur stratégie habituelle : soutenir l'Orient de l'Europe pour mieux écraser la Mitteleuropa germano-centrée.
Pour des raisons plus précises encore, les Musulmans de Bosnie considèrent que leurs ennemis sont les "agents géopolitiques des États-Unis" parce que, disent-ils, Serbes et Croates luttent objectivement en Bosnie contre le régime "traditionaliste" et "fondamentaliste" d'Izetbegovitch, donc contre une alternative vivante et efficace au monde moderne dont la citadelle est l'Amérique. Les Serbes se mobilisent, se mettent en état d'alerte, face à la perspective d'une intervention américaine. Plusieurs combattants serbes de Bosnie-Herzégovine m'ont confirmé qu'ils étaient prêts à lutter contre les troupes américaines au cas où celles-ci pénètreraient de force dans le pays.
Après l'Irak, c'est donc la deuxième guerre contre l'Europe que mènent les Américains (pour reprendre l'expression du Général Jordis von Lohausen) depuis le début de la décennie 90. Mais cette fois, les forces vives de l'Europe, les grandes puissances européennes, sont beaucoup plus directement impliquées.
Il me semble parfaitement légitime de qualifier le conflit actuel dans les Balkans comme une "guerre des atlantistes contre les Eurasiens". Comme une guerre de l'Amérique contre l'Europe.
◘ 4. Trois révolutions conservatrices méconnues
De la tragédie post-yougoslave, on peut donner une autre analyse, qui n'est plus globale, géopolitique, qui ne situerait plus seulement le drame des Balkans dans le cadre d'une stratégie atlantiste, visant à semer le chaos et à ébranler la stabilité continentale de l'Eurasie. Cette autre analyse part d'une prise en compte de la dimension intérieure des événements, dimension qui interpelle directement les peuples et qui révèle des choses extraordinaires.
Quand la Yougoslavie s'est définitivement effondrée, quand cette création chimérique fondée sur la politique de Tito qui consistait à participer à l'encerclement de la masse continentale socialiste avec l'appui de Washington, tout en conservant (paradoxe apparent) des liens économiques et surtout stratégiques avec l'Union Soviétique et l'Europe orientale socialiste, les peuples ont perdu toute une série d'illusions modernistes. Après la disparition du communisme yougoslave, philo-américain et d'orientation nettement mondialiste, les peuples de l'ex-Yougoslavie ont été entraînés dans un courant très différent de celui dans lequel les autres peuples des pays ex-socialistes, Russie comprise, ont plongé. Si les autres pays ex-socialistes ont accepté le modèle du libéralisme cosmopolite, le paradigme américain et ont infléchi leur politique extérieure dans un sens clairement pro-américain, la guerre brutale entre Serbes et Croates, puis entre Serbes et Musulmans de Bosnie-Herzégovine, a provoqué les réveil de consciences nationales voire traditionnelles sans précédent. Les limites conventionnelles de l'utopie mondialiste ont été rompues, dépassées, et les énergies profondes des divers héritages religieux, nationaux, historiques et traditionnels se sont déchaînés dans le processus violent et ardent de cette triple révolution conservatrice balkanique, de ce Grand Retour aux essences traditionnelles et nationales, aux valeurs oubliées de l'identité.
Lorsque j'ai rencontré le Président de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, Mr. Karadjic, il a prononcé devant moi ces paroles extraordinaires : "On nous accuse d'être des "barbares", des "Asiatiques", etc. C'est vrai. Nous, les Serbes, nous ne sommes pas modernes. Parce que nous sommes orthodoxes, conscients de nos racines slaves, fiers de notre passé héroïque. Ici, dans la République serbe de Bosnie-Herzégovine, nous ne luttons pas contre les Musulmans et les Croates, nous luttons contre le monde moderne, contre la modernité. Ici, il n'y a plus de "temps vulgaire". Ici, notre temps est le temps national. Les héros serbes qui sont morts lors de la bataille du Kossovo, il y a plus de 600 ans, ceux qui sont morts pendant notre longue lutte contre les Turcs au cours du XIXe siècle, ceux qui sont tombés pendant les deux guerres mondiales de ce siècle, et ceux qui combattent aujourd'hui, tous appartiennent à un seul moment historique, à l'instant éternel de la Tradition, de notre Tradition religieuse et nationale. Aujourd'hui, c'est l'éternité nationale du peuple qui s'ouvre, qui se réveille, qui s'affirme au milieu de l'horreur, de la souffrance, de la violence, de l'héroïsme, de la guerre. Nous sommes reconnaissants vis-à-vis de nos ennemis : ils nous ont réveillés".
Ces paroles, complètement inattendues dans la bouche d'une personnalité politique européenne de la fin du XXe siècle, me paraissent prophétiques. Elles témoignent que, chez les Serbes, après l'effondrement du communisme, c'est une sorte de révolution conservatrice qui se déploie, qui devient modèle national, qui refuse le cosmopolitisme libéral. Karadjic annonce une "troisième voie" serbe, à la fois traditionnelle et nationale. Le peuple serbe qui, il y a quelques années seulement, était une masse inconsciente, consumériste, conformiste, subissant deux tentations également perverses, celle du bureaucratisme soviétique et celle du capitalisme occidental, s'est transformé, s'est transfiguré en un organisme vivant, en un tout organique. Ce n'est pas un pas en arrière comme l'affirment les progressistes libéraux ou sociaux-démocrates, mais un Retour à l'Archétype national, qui, comme tous les archétypes, est a-temporel. En Serbie, partout on voit des popes orthodoxes, des militaires et des civils (travailleurs et paysans) armés : les 3 castes de la trifonctionalité indo-européenne sont ressuscitées, réanimées, après tant d'années sous le règne de la quantité, de facture communiste ou démocratique. Cette guerre a guéri les Serbes, mais aussi les Croates et les Bosniaques islamiques, des miasmes de l'occidentalisme. Karadjic voit juste : c'est la guerre, en tant que manifestation purificatrice, et les ennemis, en tant qu'instruments du destin, qui ont guéri le peuple de sa médiocrité.
Justement, que se passe-t-il chez les ennemis des Serbes ? Chez les Croates et les Bosniaques musulmans, la situation est tout-à-fait comparable. Alia Izetbegovitch, le Président actuel de la Bosnie-Herzégovine, est un partisan convaincu du gouvernement islamique, anti-libéral, traditionnel et fondé sur la S'hariat. Pour lui, la création d'un État fondamentaliste islamique en Europe signifie organiser un bastion d'avant-garde, un avant-poste, dans la lutte de l'Islam eschatologique contre le "Dar-ul Daddjal", le "monde du Satan". Il associait au "Dar-ul Daddjal", la Yougoslavie athée, pro-américaine et moderniste. Pour son engagement islamique, il a purgé une dizaine d'années de prison, avant que les modernistes communistes ne baissent la garde, avec la perestroïka de Gorbatchev. Les Musulmans bosniaques luttent non seulement pour le maintien de leur république (face à un ennemi supérieur en nombre et avec des forces dispersées sur l'ensemble du territoire) mais découvrent leur identité spirituelle et traditionnelle. C'est une véritable révolution conservatrice musulmane qui s'est déclenchée en Bosnie. On y assiste au même retour à l'"instant éternel" dont parle Karadjic, le principal ennemi d'Izetbegovitch. Pour les Bosniaques, la guerre actuelle est une véritable djihad, une guerre sainte menée contre la modernité, contre le Nouvel Ordre Mondial.
Chez les Croates, même scénario. Pour eux, la lutte tragique qu'ils mènent, la défense acharnée de Vukovar – le "Stalingrad croate" – leur guerre totale, ont provoqué le réveil de la conscience nationale, de l'identité populaire et de la Tradition. S'il y a encore en Europe des Catholiques au sens intégral et médiéval du terme, il faut aller les chercher en Croatie. Pour ces Croates, la foi et la culture typiques de la Mitteleuropa, représentent aujourd'hui les valeurs existentielles pour lesquelles ils n'hésitent pas à mourir, à sacrifier tous leurs biens, y compris leurs familles. Ils associent les Serbes à la dictature aliénante et artificielle qui a empêché le peuple croate de suivre son destin, de se développer sur les plans national et culturel. La Croatie de Tudjman vit une révolution conservatrice croate qui a pour objectif de créer un nouveau régime traditionnel croate, ouvert à l'Europe et surtout aux autres pays de la Mitteleuropa, de l'ancienne monarchie austro-hongroise. Là-bas aussi, l'"instant éternel" est revenu et se heurte au mondialisme explicite de cette fin de siècle, incarné, à leurs yeux, dans la Yougoslavie moderne de Tito.
Une question légitime se pose : quelle sera la force qui l'emportera au bout du compte, dans cet affrontement plein de paradoxes : sera-ce la force extérieure "atlantiste" qui répète les provocations et incite 3 régimes anti-modernes à lutter les uns contre les autres au lieu de s'entendre et de créer un front anti-mondialiste commun ? Ou seront-ce les énergies profondes des révolutions conservatrices balkaniques, vectrices d'essences immortelles, qui, quoi qu'il arrive, demeureront à l'état latent ? En d'autres termes, le lobby planétaire atlantiste pourra-t-il contrôler la situation, poursuivre ses manipulations, si les forces révolutionnaires-conservatrices et nationales se réveillent totalement et partout ? Les mondialistes peuvent bien se moquer des soldats serbes qui ont décidé de combattre les Américains si ceux-ci intervenaient directement. Mais qu'ils réfléchissent : si demain, au lieu d'avoir en face d'eux des Serbes, ressortissants d'un peuple numériquement faible, ils auront des Russes, dotés d'armes nucléaires ? Dans ce cas, les marionnettes de Washington n'auraient plus que des pouvoirs très limités, si de grandes nations européennes commençaient à refuser la logique du Nouvel Ordre Mondial, avec la même énergie que les Serbes, les Croates ou les Musulmans de Bosnie.
Les tenants du Nouvel Ordre Mondial eux-mêmes cherchent à résoudre le problème : certains d'entre eux envisagent déjà de laisser l'Eurasie tranquille, acceptant, du même coup, qu'une nouvelle superpuissance voie le jour, combinant la haute technologie allemande et les matières premières sibériennes; d'autres, des faucons, veulent provoquer le plus vite possible un conflit balkanique de grande envergure, à l'échelle de toute la masse continentale eurasienne. La Russie actuelle serait le terrain idéal pour déclencher pareil cataclysme. Mais si les mondialistes optent pour cette stratégie bellogène, ils risquent, dans la foulée, de réveiller les nationalismes et les traditionalismes russe, allemand et musulman, de susciter cette gigantesque révolution conservatrice en 3 volets qui, à terme, menacera l'existence des États-Unis en tant que puissance mondiale et les chassera de l'Eurasie.
◘ Notre réponse
L'expérience actuelle des Serbes, des Croates et des Bosniaques est importante pour l'Europe, pour l'Eurasie. Pour comprendre d'avance la logique de notre futur, il faut absolument se rendre dans l'une ou l'autre des républiques de l'ex-Yougoslavie. J'estime que c'est un impératif catégorique pour chaque Européen, soucieux des intérêts de son peuple, de son pays, de sa nation, de sa tradition, d'aller voir et de s'efforcer de comprendre ce qui se passe dans les Balkans. Il faut aller y sentir l'odeur de la mort, percevoir l'horreur de la torture et des violences, se rendre compte de la douleur, de la misère, de l'héroïsme. Il faut participer au drame balkanique parce que c'est notre drame. Sarajevo est en quelque sorte plus proche de Paris, de Bonn, d'Istanbul, de Rome, de Moscou que leurs propres banlieues! Les Balkans, au fond, sont à l'intérieur de nous-mêmes. Nous n'avons pas le droit d'être indifférents : ni par pacifisme abstrait ni par ignorance. Quel que soit le parti que nous soutenons là-bas, dans ce conflit atroce, nous devons prendre nos responsabilités. Le sang qui coule dans l'ex-Yougoslavie nous oblige à redevenir sérieux. Dorénavant, nos engagements réclament du sang, de la sueur, des larmes. Le fantasme de la "fin de l'histoire", c'est fini. Symboliquement, Fukuyama et les adeptes de ses thèses sont morts, les yeux crevés par un couteau oustachi ou tchetnik, étranglés par les mains poilues d'un combattant de la djihad bosniaque.
Mais trêve de lyrisme. Quelle est notre réponse au défi balkanique ? Elle est simple : il faut "chevaucher le tigre", il faut accepter le jeu, aller jusqu'au fond de l'abîme pour entrevoir, enfin, la perspective d'une révolution conservatrice grande-continentale. La provocation cynique des Américains nous offre la possibilité de "convertir le poison en remède", de retrouver "l'instant éternel" de notre Tradition, de nos traditions aux modalités différentes, mais unies dans un même refus du matérialisme américain. L'aliénation qui nous éloigne aujourd'hui de notre propre identité est trop grande. Si, pour redevenir nous-mêmes, nous avons besoin de la guerre, de la mort, d'une "balkanisation", finalement, c'est mieux que la "fin de l'histoire" que nous suggérait Fukuyama, que la cellule dorée et confortable qui nous attendait dans cette prison planétaire qu'aurait été le Nouvel Ordre Mondial, la Pax Americana.
Donc tel est notre choix : accepter la "balkanisation" de l'Europe, de l'Eurasie, puis nous efforcer de réorienter l'attention des révolutions conservatrices nationales pour qu'elles se retournent, en pleine pan-conflictualité, contre l'ennemi principal. Pour créer la Pax Eurasiana, nous avons besoin de sujets nationaux, libres, traditionnels et réveillés, régis par les principes de leur propre révolution conservatrice. L'Europe libérale-capitaliste, l'Eurasie libérale-capitaliste, ce sera la victoire totale des Américains, ce sera la fin de l'Europe et de l'Eurasie, ce sera le Nouvel Ordre Mondial.
Les peuples actuels sont sourds. Pour qu'ils ré-entendent, il faut faire tonner les canons. Parfois, la haine guérit mieux que l'amour. Mais la future élite eurasienne doit être au-dessus des sentiments explosifs, passionnels, émotifs, violents et puissants de la masse. Notre tâche, c'est de consolider lentement les assises de la Grande Alliance Continentale, l'alliance des élites anti-modernes qui pourra véritablement transcender les conflits.
Selon la perspective de la Tradition (dans ses modalités chrétienne, musulmane, hindouiste, etc.), le Nouvel Ordre Mondial n'est pas une simple construction abstraite et utopique, sortie des cerveaux rationalistes modernes. C'est la réalisation d'un événement cyclique extrêmement important. Pour certaines religions, cet événement est même décisif (tel est le cas de l'Église chrétienne). Les peuples de la Terre se définissent aujourd'hui par l'acceptation ou par le refus du modèle eschatologique que proposent les Américains et les mondialistes ou plutôt qu'ils essayent de nous imposer par la force.
Ce choix actuel est inévitable. Les peuples des Balkans payent aujourd'hui leurs doutes, leurs hésitations, leur refus de ce modèle. Mais pas un seul pays, pas un seul peuple ne peut échapper à ce choix. Tous les espoirs en une "évolution pacifique" sont désormais dérisoires. Les canons de Vukovar ont tonné. Ils nous ont interpellés. Avons-nous entendu leur fracas ?
► Alexandre Douguine, Vouloir n° 97/100, 1993. VOULOIR -
Congo ex-belge : « Sire, ils vous ont cochonné votre Congo »
La Belgique sans vrai gouvernement a pris la présidence de l'Union européenne le 1er juillet alors que son roi participait la veille aux festivités de l'indépendance du Congo ex-belge. Un roi muet qui n'a pas plus parlé de Tintin au Congo que de la querelle linguistique au plat pays. Un roi trop absent estiment certains Belges et présent là où il aurait pu tout de même se dispenser d'aller. Car si l'indépendance est fêtée en tant que telle, elle fut le début de cinquante ans de malheur pour le centre de l'Afrique francophone non française et un calvaire pour certains Belges et Africains.
Lorsque Léopold II avait été forcé de remettre l'État indépendant du Congo, jusqu'alors possession personnelle de la Belgique. il avait murmuré : « J'espère qu'ils ne vont pas me le cochonner ! » Le général Janssens, quelques jours après l'indépendance, de retour du chaos congolais. convoqua les journalistes devant la statue équestre de Léopold II à Bruxelles, près du Palais Royal, déposa une gerbe et s'écria : « Sire, ils vous l'ont cochonné ! »
L'indépendance du Congo était déjà alors indiscutablement un naufrage sanglant, l'un des pires de la décolonisation.
UN VOYAGE DU ROI POUR LE MOINS INOPPORTUN
Mais il faut remonter à un autre Congo. L'État indépendant du Congo était un territoire sur lequel le roi Léopold II de Belgique exerça une souveraineté de fait de 1885 à 1908. Cet État était constitué par le territoire actuellement connu sous le nom de République démocratique du Congo. Le Congo belge fut le nom porté par le même territoire de l'actuelle RDC entre la fin de l'État indépendant du Congo et l'accession à l'indépendance congolaise effective le 30 juin 1960.
La controverse historique sur ces deux possessions belges personnelles puis étatiques est toujours d'actualité et, sous la pression de l'anticolonialisme triomphant, dans la recherche historique orientée. Il convient cependant d'admettre que tout ne fut pas toujours pour le mieux dans la meilleure des colonies possibles. Mais depuis c'est pire.
L'actuel roi des Belges a cru devoir participer cependant aux commémorations du 50e anniversaire d'une indépendance marquée par des actes de sauvagerie dans la plus pure tradition de cette Afrique au « cœur des ténèbres » Les massacres de Belges, le calvaire des religieuses, les épurations ethniques semblent passés par profits et pertes. Ce n'est pas cela en tout cas qui trouble les media quant à la présence du roi des Belges. Le voyage royal est plutôt perçu comme un soutien au pouvoir en place, qui se caractérise par des assassinats et de la corruption, rien de bien nouveau sur le fleuve Congo.
Un pouvoir qui n'est même plus souverain sur l'ensemble du territoire puisque des troupes angolaises sont toujours basées à la frontière et que la guerre civile fait rage dans certaines régions de l'immensité congolaise. Marquée par un grand défilé militaire devant un parterre d'invités, dont des chefs d'Etat africains, le secrétaire général de l'ONU et le roi des Belges, ex-puissance coloniale, la cérémonie était en effet d'importance pour le pouvoir du président Kabila. Parmi les chefs d'État africains présents figurent le Rwandais Paul Kagame, réconcilié depuis 2009 avec son homologue congolais, l'Ougandais Yoweri Museveni, le Centrafricain François Bozize, le Congolais Denis Sassou Nguesso. Robert Mugabe (Zimbabwe), Idriss Deby Itno (Tchad), Paul Biya (Cameroun), Ali Bongo Ondimba (Gabon), étaient également présents à cette cérémonie. Initialement annoncé, le président sud-africain Jacob Zuma n'est pas venu. Rien que des protecteurs de la démocratie. Environ 15 000 militaires et policiers congolais, 400 chars et véhicules ont défilé sur le « boulevard Triomphal », totalement refait à neuf, qui jouxte le stade des "Martyrs". Excusez du peu ! Des Casques bleus des Nations unies, dont le patron Ban Kimoon est arrivé le mardi 29 juin au soir à Kinshasa, ont participé également au défilé militaire. Bruxelles en a, en revanche, exclu la présence de soldats belges. Tout de même.
ÇA COMMENCE MAL ...
Dans l'armée du nouvel État indépendant, en effet, les officiers belges blancs gardent le contrôle. La radio accuse alors les anciens colons de complot contre le nouvel État, ce qui provoque la colère des soldats bangalas et balubas qui se mettent à persécuter la communauté blanche. Le tribalisme n'aura pas attendu longtemps pour imposer ses lois de la jungle. La Belgique menace alors d'intervenir militairement. Sur ce, le premier ministre Lumumba appelle l'Union soviétique à l'aide. Les soldats balubas et bangalas n'étant pas représentés dans le gouvernement, ils commettent alors un coup d'État et renversent le Premier ministre. Au sein de l'armée, devenue complètement africaine, le général Mobutu Sese Seko prend les rênes et installe un gouvernement de commissaires. Mobutu est bientôt soutenu par les États-Unis, qui voient d'un mauvais œil le socialisme de Lumumba. C'est de ce coup d'État que profiteront, le 11 juillet 1960, les dignitaires du Katanga, sous la direction de Katenga Tshombé Moïse, pour faire sécession. (On peut relire sur cette sécession la formidable Chimère noire de Jean Lartéguy). Les autorités du Katanga créent alors leur propre monnaie et leur propre police. Lumumba accepte la venue des Casques bleus. Le Sud Kasaï proclame également son indépendance. Ainsi le gouvernement central perd-il ses deux provinces minières et Lumumba se retrouve-t-il sans argent. Les troupes de l'ONU censées intervenir pour mettre fin à la sécession n'agissent pas, tandis que Lumumba, prisonnier de Mobutu, est déporté au Katanga où il trouvera la mort.
La première guerre du Congo commence en 1962. Le gouvernement central s'attelle à reconquérir les provinces sécessionnistes. L'assassinat de Patrice Lumumba en 1961 et la reprise du Katanga et du Sud-Kasaï marqueront le début de l'ascension du général Mobutu Sese Seko.
Le titre « République démocratique », un nouveau drapeau et une nouvelle devise sont adoptés. En 1964, Stanleyville, aujourd'hui Kigaliville, est occupée par les guerriers Simbas qui prennent la population en otage. Stanleyville est reprise au cours de l'opération Dragon rouge menée par le 1er régiment para commando de l'armée belge.
En 1965, le Congo est pacifié. Toutes les révoltes tribales, ethniques ou des partisans de Lumumba ont été matées. Mais ce n'est qu'une parenthèse. Toute la région de Kigali vit des atrocités qui firent au moins 500 000 morts, civils et militaires. Il faudra l'intervention de troupes étrangères pour mettre fin à ce carnage .
... ET ÇA CONTINUE
En fait, des provinces entières (par exemple l'Équateur, le Katanga, le Kivu du Nord, le Kivu du Sud, le Maniema et le Kasaï oriental) sont passées progressivement sous contrôle étranger, c'est-à-dire presque la moitié du territoire national. Beaucoup de Congolais constatent que ces provinces sont désormais gérées par l'Ouganda et le Rwanda comme des "protectorats" mis à leur disposition. Des colonies de peuplement tutsis s'y sont constituées et un plan secret prévoyait une réduction des populations autochtones bantoues.
En plus du Rwanda, de l'Ouganda, de l'Angola, du Zimbabwe et de la Namibie, plusieurs autres pays sont intervenus directement ou indirectement dans le conflit au Congo-Kinshasa : le Burundi, le Tchad, le Soudan, l'Érythrée et même le Maroc. La France, pour sa part, a été accusée d'apporter une assistance alimentaire aux rebelles sous forme d'« aides humanitaires » et les États-Unis, de leur côté, de former les militaires rwandais, ougandais et rebelles, auxquels ils apportent une aide logistique et financière. Enfin, l' Afrique du Sud est accusée d'assurer un appui militaire important au Rwanda et aux rebelles du Congo. Pour bien des observateurs, la présence des 40 000 soldats angolais, zimbabwéens, namibiens et tchadiens (sans oublier l'appui logistique de la Libye) aux côtés des Congolais rappellerait celle des soldats français, belges et marocains aux côtés des Zaïrois à l'époque de Mobutu ; on pourrait évoquer aussi la participation des milices togolaises, maliennes et sénégalaises à l'époque de Léopold II. Ce pays est un trou noir.
FÊTER QUELLE INDÉPENDANCE ?
Après quelques jours de désarroi et de tension autour de la mort de Kabila 1er surnommé depuis le Mzee (le "Sage"), le « Parlement provisoire » du Congo-Kinshasa choisit alors la « solution dynastique » et proclama, le 24 janvier 2001, en tant que « président de la République », le général-major Joseph Kabila, fils aîné du président assassiné. Depuis son arrivée au pouvoir, Kabila II a vu son pays s'enfoncer dans les guerres ethniques. Le Congo-Kinshasa est aux prises avec des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants en train de se faire massacrer parce qu'ils ne sont pas de la « bonne ethnie ». Cet immense pays semble trop grand au point que cela devient son drame. Les cérémonies du mercredi 30 juin avaient un côté surréaliste.
On peut dire aussi que le conflit linguistique belge s'est invité dans le Congo d'aujourd'hui ou ce qu'il en reste. Les Wallons investissent dans ce territoire alors que les Flamands préfèrent de loin l'Afrique du Sud. Où le racisme, linguistique ne va-t-il pas se cacher ? Le Congo est aussi dans le jeu de la France-Afrique et pas besoin même de parler du Katanga ou du Rwanda. Sur le terrain diplomatique, Mitterrand puis Chirac ont encouragé leur ami Mobutu, au grand dam de Bruxelles. D'un point de vue financier, la percée spectaculaire de grands groupes français comme Thomson montre que Paris veut s'imposer dans la région. Enfin, Kinshasa a été intégrée dans la politique de francophonie par la France et non par la Belgique.
Mais aujourd'hui la Chine pourrait mettre tout le monde d accord, l'ancien colonisateur comme le parrain francophone, sans toutefois répondre à la question : le Congo ex-belge est-il viable en tant qu'État indépendant ? Et plus généralement, la colonisation a-t-elle été une fatalité ou une nécessité ?
Pierre-Patrice BELESTA. Rivarol du 16 juillet 2010 -
Quand la communauté du renseignement se rebelle contre la stratégie suicidaire de la France en Syrie
Selon un ex-officier des renseignements français, « la crise syrienne a réveillé l’ours russe… Assad tiendra et notre politique doit changer ».
A. D., ex-officier de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure française) parie sur le temps pour rattraper les erreurs commises par le gouvernement français, dans la gestion de la crise syrienne, tout au long de ces deux dernières années. De retour de Beyrouth (il refuse d’avouer s’être rendu en Syrie et y avoir rencontré des responsables de différents services de sécurité), il énumère les erreurs commises par la France :
- Le ralliement à la politique américaine d’alliance avec les islamistes, sans tenir compte des intérêts historiques de la France en Syrie.
- Le renoncement à la précieuse mine syrienne de renseignements que lui fournissaient les services anti-terroristes syriens et qui protégeaient la France du terrorisme depuis de nombreuses années.
- Le pari irréfléchi sur la chute du régime de Bachar al-Assad, un pari qui a réveillé l’ours russe acculé, depuis le précédent libyen, à défendre férocement ses intérêts. Il en résulte une nouvelle guerre froide qui met à mal les fragiles intérêts de la France à travers le monde.
- La perte de la coopération stratégique avec la Syrie, en matière de sécurité et de politique au profit d’une situation dont le dénouement est amer dans le meilleur des cas et dans le pire des cas, un immense chaos qui risque de ne pas épargner les rues de Paris dont les banlieues contiennent une forte concentration de populations musulmanes.
Que fait un ancien officier de renseignement français au Liban et à proximité de la frontière syrienne ?
Réponse d’un autre expert des politiques sécuritaires occidentales : « Chez vous, un officier des renseignements à la retraite devient soit un fermier soit un intellectuel soit un commerçant soit un fou. En France, continue l’expert, il devient chercheur, par engagement personnel ou met ses compétences au service de l’un des nombreux instituts ou cabinets d’experts qui offrent leurs services de consultants au pouvoir en place ou à l’opposition ou bien à des parties influentes dans les deux camps. »
Notre officier retraité A. D., devenu chercheur, estime que la France a commis en Syrie des erreurs stratégiques et stupides, car elle est entrée dans un jeu (contre le régime syrien) dans lequel elle est perdante d’avance et dont les seuls gagnants, s’il en est, sont les Américains. Quant aux pertes, la France en aura la part du lion si le régime triomphe de ses ennemis armés et financés par les pays de l’Otan et des monarchies du Golfe.
À propos de la coopération franco syrienne dans le passé, l’ex-officier français confie : « L’escalade politique entre la France et la Syrie n’est pas un problème en soi, car entre États, il n’y a ni amitié ni animosité éternelles ; seuls les intérêts décident de la nature des relations. La grande perte de la France est la perte de sa coopération sécuritaire avec la Syrie ». Il ajoute : « Les services de sécurité syriens ont épargné à la France, à plusieurs reprises, de terribles catastrophes que des terroristes d’origines arabes s’apprêtaient à provoquer. Seuls les renseignements fournis par les services syriens nous ont permis de les déjouer et de sauver des vies innocentes. »
La parole est toujours à l’ex-officier :
« Jusqu’aux débuts de la crise actuelle, la coopération continuait encore et des officiers des deux côtés coopéraient étroitement contre le terrorisme international. Mais la stupidité des politiciens français a acculé les services anti-terroristes syriens à mettre fin à cette coopération. Je ne les blâme pas ! Comment peut-on mettre sur la liste des sanctions françaises et européennes un officier (Hafez Makhlouf) blessé lors d’une opération contre des terroristes qui visaient les ambassades française et américaine à Damas ? ! Imaginez quelqu’un qui sauve nos enfants d’une mort certaine, et au lieu de l’en remercier, notre diplomatie le traite de terroriste et le met tel un criminel sur une arrogante liste de sanctions. »
Et de poursuivre : « Hafez Makhlouf et bien d’autres officiers syriens ont mené à bien des missions dont les retombées positives ne se sont pas limitées à la seule Syrie, mais ont bénéficié au peuple français et à d’autres peuples de l’est et de l’ouest. Je ne divulguerai pas un secret en disant que cet homme a reçu les remerciements de grands groupes pharmaceutiques pour avoir démantelé des fabriques clandestines de faux médicaments et pour avoir arrêté de grands trafiquants de drogues qui utilisaient la filière syro-libanaise pour écouler leurs marchandises de mort en Europe et surtout en France. Au lieu de les remercier, nous les avons mis sur la liste des sanctions ! »
La source française continue : « Nous avons obtenu, grâce à la coopération avec la Syrie, de précieux renseignements qui nous ont conduits à déjouer en 2008 un plan terroriste qui aurait fait des milliers de morts dans le métro de Paris. Les services de renseignement syriens ont obtenu leurs précieux renseignements après avoir arrêté, par le colonel Makhlouf, un groupe des plus dangereux terroristes d’Al-Qaïda dont Aymen el Daher alias Khaled Elkashef, Abdallah Azzam (qui n’a rien à voir avec le célèbre théoricien palestinien, aujourd’hui disparu, qui fut le mentor de Oussama Ben Laden et qui portait le même nom), Ghassan Abou Qassab, Abdelhakim Qassem, Naaman el Mandou, Layth Badran et le plus dangereux d’entre tous, Asaad Hourieh le chef de l’opération avortée du « métro de Paris » qui aurait fait des milliers de morts si elle n’avait pas été déjouée à temps. Cette opération, Al-Qaïda a mis des années pour la mettre au point, et ce groupe a été arrêté sur le chemin de la France, à travers la Syrie et le Liban et son aéroport de Beyrouth. Ils s’y rendaient pour mettre à exécution leur plan terroriste. »
Les officiers des services anti-terroristes français avaient presque élu domicile à Damas. Ils s’entretenaient avec les chefs des services de sécurité syriens. « Ces chefs vont-ils continuer à coopérer avec nous contre le terrorisme qui cible nos civils en France, alors que nous les avons mis sur la liste noire et leur avons interdit l’entrée de notre territoire ? ! », s’interroge cet ancien officier français qui connaît sur les bouts des doigts ce dossier ? « Les politiciens français sont-ils raisonnables quand ils croient qu’ils rendent service aux aspirations légitimes du peuple syrien en soutenant des terroristes, ceux-là même que nous avons combattus côte à côte avec nos homologues syriens ? L’État syrien nous a sauvés des attentats terroristes et nous sommes en train de les remercier en finançant des attentats terroristes sur leur territoire ! Est-ce une politique raisonnable ? ! »
Cette analyse désabusée de cet ancien officier français, qui a l’aval d’une écrasante majorité des services anti-terroristes français, finira-t-elle par peser sur les décideurs politiques à Paris et les amener à changer d’orientation avant qu’il ne soit trop tard ?
A cette question, l’ancien officier français répond : « Oui ! Il y a beaucoup de gens raisonnables dans les services français. Ils sont capables de peser sur le cours de l’actuelle politique française à l’égard de la Syrie, surtout après le fiasco du scénario libyen conçu et mis en œuvre par Paris et Londres. La position russe finira par conforter le camp des pragmatiques et mettra dans l’embarras les jusqu’au-boutistes qui cherchent à satisfaire les États-Unis. D’autant plus qu’il est devenu clair que le régime syrien tiendra, que le soutien russe au régime n’est pas conjoncturel : il est stratégique, constant et ne changera pas. C’est à nous de changer et il faut qu’on le fasse pour l’intérêt même de la France ».Arabi Press http://www.voxnr.com