insécurité - Page 948
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Les armes à l'uranium appauvri : un crime contre l'humanité occulté (Reynouard)
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Bruno Gollnisch interrogé par Var-matin
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Renaud Camus : "Les politiques ont menti : la guerre a déjà commencé !"
ENTRETIEN SUR BOULEVARD VOLTAIRE
L’affaire du braquage à Nice n’en finit plus de faire réagir. 1,5 million de personnes ont manifesté sur Facebook leur soutien au bijoutier qui a abattu un de ses agresseurs. Une mobilisation incroyable… Qu’en pensez-vous ?
Renaud Camus : Je suis obligé de répondre en deux temps, ou en deux couches, si vous voulez bien.
Au premier niveau, il est évident que le bijoutier de Nice mérite les plus larges circonstances atténuantes. Je comprends parfaitement son exaspération, je ressens la même, et des millions de Français la ressentent comme nous, les marques de soutien en témoignent.
À un autre niveau, moins immédiat, moins contingent, plus fondamental, nous ne pouvons pas aspirer, quel que soit le délabrement honteux de la justice, à une société de la vengeance privée, de la guerre de tous contre tous. Ce serait revenir en deçà du contrat social, en deçà du “covenant” hobbesien, en deçà de ce que j’appelle le pacte d’in-nocence, de non-nocence, de non-nuisance : la renonciation de tous à la violence au profit de la seule puissance publique et de la paix civile, de la civilisation. Encore faut-il que la puissance publique soit juste et légitime, et que, cette renonciation de tous à la violence, il n’y ait pas des pans entiers de la population qui s’y soustraient. [...]
La suite sur Boulevard Voltaire
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Renaud-Camus-Les-politiques-ont
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BHL sur la Syrie : « al-Assad et Poutine ont gagné » –
BHL s’en prend à la dictature de l’opinion publique. Quand le peuple ne veut pas que des massacres et des guerres illégales soient commis en son nom pour défendre les intérêts d’Israël, BHL estime qu’il s’agit là de la dictature de l’opinion public. Il nous rappelle aussi les bienfaits de ses guerres pour Israël en Libye, en Bosnie… pays contaminés par l’uranium appauvri américain. Il se fout vraiment du monde, mais on a l’habitude.
Il va même jusqu’à nous expliquer que Bashar Al-Assad est celui qui soutient les isalmistes, alors que nous savons tous que le président Al-Assad et son allié le Hezb’Allah sont ceux qui protègent les Chrétiens contre les islamistes saoudiens soutenus quant à eux par Israël et l’occident.
Bernard-Henry Lévy, en France comme en Syrie, la dictature de l’opinion publique s’appellent la démocratie.
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Légitime défense du bijoutier : point de vue d'un juriste
"[...] Il y a belle lurette que, sous l’influence d’une certaine vision du christianisme – celle récupérée par les droits de l’homme –, la légitime défense s’est fermée, en France, à la protection des biens au nom de la sauvegarde de la vie. Jadis, les juges français avaient une vision plus virile et discriminatoire de la légitime défense, comme l’illustre ce texte du XIXe siècle :
« Qu’on suppose un voleur, dérobant, dans le coffre-fort d’un négociant, les titres qui constituent la majeure partie de sa fortune … le mal sera irréparable, si le propriétaire ne parvient pas à blesser ou à tuer le voleur : il tire et tue ; n’en a-t-il pas le droit ? (…) aucun tribunal n’hésitera à déclarer que cet acte n’est pas imputable à son auteur, soit qu’il le considère comme justifié par la légitime défense, soit qu’on le considère plutôt comme imposé par une contrainte morale à laquelle l’agent n’a pu résister » (Précis de droit criminel, par R. Garraud, éditions L. Larose et Forcel, Paris, 1885 § 157).
D’ailleurs, dans les grands désordres historiques, ne trouve-t-on pas normal de faire tirer sur les pillards ? Les biens matériels ne sont donc pas si méprisables : tout le monde n’a pas une vocation de franciscain spirituel.
Pour les droits de l’homme, toute vie vaut en soi toute autre vie. Cette conception est pernicieuse : en saine philosophie virile, la vie de l’agresseur et voleur dans le feu de l’action ne vaut pas tripette. Aussi doit-on espérer que les jurés de Nice sauront résister aux pressions morales des magistrats et admettront que le droit de suite exercé, dans le feu de l’action, par le bijoutier était justifié.
Rappelons que si les incriminations doivent être soumises à l’interprétation stricte des textes, tel n’est pas le cas pour les faits justificatifs exonératoires. N’est-il pas choquant, en effet, de permettre au voleur violent et brandissant une arme létale d’être considéré, dès qu’il tourne les talons avec son butin, comme immunisé contre sa victime ? Comme si les deux protagonistes jouaient à chat perché : « Menacé, volé, battu, tu ne peux plus rien me faire maintenant, je suis perché ! Bisque-bisque rage ! » Absurde et odieux."
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La démence destructrice de l'Amérique sanguinaire
L'ivresse de la guerre, nourrie à l'euphorie nationaliste qui s'était emparée du pays au lendemain des attentats du 11-Septembre, s'est aujourd'hui dissipée aux Etats-Unis. La rhétorique ronflante du patriotisme et de la destinée nationale, claironnant notre devoir de refaçonner le monde par la violence, de libérer les opprimés et d'implanter la démocratie au Moyen-Orient, est enfin mise à nu dans toute sa vacuité et son absurdité.
La machine de guerre a épuisé tous ses stratagèmes éculés. Elle a diffusé en boucle ses habituelles images d'horreurs ; elle a péroré sur le risque, si jamais nous n'allions pas bombarder, de voir l'affreux dictateur tourner ses armes de destruction massive contre nous ; elle a invoqué le sacrifice de la nation durant la seconde guerre mondiale, le ministre des affaires étrangères Kerry assimilant même la situation à un "Munich contemporain". Rien n'y a fait.
C'est une remarque désinvolte de Kerry le clown qui a ouvert la porte à une initiative russe, fournissant du même coup au gouvernement Obama une échappatoire commode à son bellicisme aveugle et à ce qui aurait été une humiliante défaite sur la scène intérieure.
PILLAGE DES FINANCES PUBLIQUES
Après douze longues et vaines années de guerre en Afghanistan et dix autres en Irak, l'opinion est lasse des mensonges de sa classe politique, écœurée par l'infinie violence de l'empire et opposée à ce qu'on continue à injecter des milliards de milliards de dollars dans une machine de guerre qui dégage des bénéfices colossaux pour une petite coterie d'entreprises du secteur militaro-industriel et de fabricants d'armes, dont Raytheon et Halliburton, pendant que nous sommes économiquement et politiquement phagocytés de l'intérieur. La fête est finie.
Comme chaque génération le redécouvre devant les corps sans vie de sa jeunesse et le pillage de ses finances publiques par les profiteurs de guerre, le mythe de la guerre est un mensonge. La guerre ne parvient plus à détourner les Américains d'un déclin qui est train de transformer leur pays en une oligarchie des entreprises, en une nation où le "consentement des gouvernés" n'est plus qu'une farce cruelle. La guerre ne peut occulter ce que nous sommes devenus.
La guerre a fait de nous un pays qui, ouvertement, torture et enferme indéfiniment des êtres humains dans toute une constellation de colonies pénitentiaires d'outre-mer. La guerre dépêche des escadrons de la mort chargés d'assassiner nos ennemis partout sur la planète, y compris des citoyens américains. La guerre nous voit terroriser des populations entières, y compris des populations contre lesquelles nous ne sommes pas officiellement en conflit, par le truchement de drones armés qui survolent nuit et jour de modestes villages du Pakistan, du Yémen, de la Somalie, de l'Irak et de l'Afghanistan.
La guerre, au nom de la sécurité nationale, a mis en lambeaux nos libertés civiques les plus fondamentales. La guerre a fait de nous le peuple le plus espionné, le plus surveillé, le plus écouté et le plus photographié de l'histoire de l'humanité.
La guerre a réduit nos plus courageux dissidents et lanceurs d'alerte – ceux-là même qui nous ont dévoilé les crimes de la guerre et de l'empire, de Chelsea (anciennement Bradley) Manning à Edward Snowden – au rang de prisonniers politiques persécutés ou d'êtres traqués. La guerre a constitué quelques immenses fortunes, comme toujours, pendant que nos écoles, nos bibliothèques et nos casernes de pompiers sont fermées au nom de l'austérité budgétaire, pendant que disparaissent nos programmes d'aide sociale pour les enfants et les seniors, que des villes comme Detroit se déclarent en faillite et que le sous-emploi et le chômage endémique. Détroit était le fleuron de la production automobile américaine.
RÉALITÉ DOULOUREUSE ET AVEUGLANTE
Plus personne ne connaît la vérité de l'Amérique. Ce vaste village Potemkine que nous sommes devenus, ce mensonge monstrueux que sont les Etats-Unis, passe, de Wall Street à Washington, par la manipulation délibérée des chiffres de la finance et des statistiques officielles.
Après des années passées dans les vapeurs de l'ivresse, voilà que sonne l'heure du réveil à une réalité douloureuse et aveuglante. Nous voilà confrontés à de sinistres vérités, sur nous-mêmes et sur cette machine de guerre. Nous avons compris que nous ne pouvons pas transposer nos "vertus"par la violence, que parler de droits de l'homme, dès lors que l'on emploie l'arsenal d'armes industrielles de la guerre moderne, est une pure absurdité.
Nous percevons tout ce qu'ont d'orwellien les déclarations de Barack Obama et de John Kerry assurant à la communauté internationale que les Etats-Unis ne prévoient rien qu'une action "incroyablement petite, limitée" en Syrie, et pas une guerre. Nous savons que les projets du Pentagone pour anéantir les bunkers de commandement, les terrains d'aviation, les batteries d'artillerie ou les lance-missiles utilisés pour des attaques chimiques constituent bien ce que les dirigeants réfutent : une guerre.
Nous savons que le lancement de plusieurs centaines de missiles Tomahawk par des destroyers et des sous-marins basés en Méditerranée sur des installations militaires et de commandement de l'Etat syrien sera perçu par les Syriens comme un acte de guerre – nous penserions la même chose si ces missiles étaient lancés contre nous.
"DES DOMMAGES COLLATÉRAUX SONT PROBABLES"
Un Tomahawk transporte une charge de 450 kg, ou 166 sous-munitions. La puissance destructrice d'un seul Tomahawk est terrifiante ; des centaines de Tomahawks, c'est la mort qui frappe aveuglément depuis le ciel.
Nous avons entendu cette rhétorique calibrée qui, si jamais la boîte de Pandore de la guerre se trouvait grande ouverte et laissait le chaos s'abattre sur la Syrie, n'exclut pas le déploiement de troupes au sol. Nous avons écouté le général Martin Dempsey, le chef d'état-major des armées, reconnaître que "des dommages collatéraux sont probables" ; nous savons que cela veut dire que des civils seront tués pour empêcher le régime de Bachar Al-Assad de survivre.
Seule la logique captieuse de la guerre peut donner une apparence rationnelle à un tel énoncé. Cette logique captieuse ne peut plus se cacher derrière le paravent des drapeaux qu'on brandit, de la "gloire" et de l'"honneur" grandiloquents, des discours politiques hypocrites et de l'exaltation qui accompagne la maladie nationaliste : s'il déclenche une nouvelle guerre, Barack Obama et la machine de guerre qu'il sert doivent s'attendre au tollé général d'une opinion révulsée.
Texte Traduit de l'anglais par Julie Marcot l'échelle de Jacob
http://konigsberg.centerblog.net/2586-la-demence-destructice-de-amerique-satanique -
Le Conflit au Congo: La Vérité Dévoilée - Crisis In The Congo: Uncovering The Truth
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18 septembre 1981 : abolition de la peine de mort en France
Le projet de loi abolissant la peine capitale, présenté par Robert Badinter, fut adopté par l’Assemblée nationale le 18 septembre 1981 (par la majorité de gauche mais aussi certaines voix de droite dont celles de Jacques Chirac et de Philippe Séguin), puis par le Sénat le 30 septembre 1981.
Badinter, avocat juif né en 1928, fut l’artisan majeur de cette petite révolution judiciaire (avec François Mitterrand, dont ce fut l’une des premières mesures), qu’il avait entamée en sauvant de la guillotine Patrick Henry.
Ce dernier avait assassiné un enfant de 8 ans, qu’il avait kidnappé en demandant une rançon. Son procès s’ouvrit en 1977 et le tueur fut condamné à la prison à vie au lieu de la peine capitale.
Bien sûr, sa « perpétuité » n’atteint pas son terme et pris fin en 2001 alors que le détenu n’avait que 48 ans.La traditionnelle pyramide des peines lourdes fut décapitée avec l’abolition de la peine de mort, qui fut prise contre l’avis majoritaire des Français à l’époque !
En effet d’après des sondages d’octobre 1981, 62% des Français voulaient le maintien. Telle est la démocratie…Aujourd’hui, ce sont des centaines de milliers de bébés qui sont tués dans le ventre de leur mère, de nombreux Français (à qui l’on interdit de s’armer et se défendre) livrés aux criminels, et un degré de barbarie rarement atteint dans ce pays…
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Montesquieu et les considérations sur la Pax Americana au Moyen-Orient
Essai philosophique de Jure Georges Vujic.
Le modèle belliciste américain expansionniste montre plus d’une fois son visage avec l’annonce de l’intervention militaire de l’administration Obama en Syrie. Il semblerait à première vue que les Etats-Unis n’aient tiré aucune leçon de l’expérience irakienne ou libyenne. En fait, il n’en est rien : il s’agit bien, hier comme aujourd’hui, d’un géo-constructivisme agressif qui est à l’œuvre et dont l’objet est d’appliquer par la force aux peuples du Moyen-Orient et du Maghreb la recette du « chaos constructif » qui consiste à exporter le modèle occidental de la démocratie de marché, en déconstruisant et reconstruisant les régimes et les Etats de la région comme de simples jouets Lego.Une stratégie à l’américaine
Il s’agit bien d’une entreprise belliqueuse (certes, aventureuse) néo-impériale et atlantiste qui compte bien sur la dissémination des micro-bellicismes à l’échelon local, en instrumentalisant des dispositifs identitaires construits artificiellement. A cet effet, l’induction de conflits locaux inter-ethniques, religieux en Afghanistan et dans le monde arabe (chiites contre sunnites), n’est que le fruit de cette stratégie de faible intensité qui tend à entretenir et générer des foyers de tension pour mieux diviser et régner. A propos de cette stratégie, les Considérations inspirées de celles de Montesquieu sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, écrites en 1734, sont instructives. Elles sont toujours d’actualité et notamment lorsqu’elles se transposent à la Pax Americana, notamment dans le chapitre sur « L’art de la conduite que les Romains tinrent pour soumettre tous les peuples ». On y lit : « Ils tenaient à terre ceux qu’ils trouvaient abattus », « ôtaient une partie du domaine du peuple vaincu pour le donner à leurs alliés », se servaient de ceux-ci pour faire la guerre à leurs ennemis, « ce en quoi ils faisaient deux choses ; ils attachaient à Rome des rois dont elle avait peu à craindre et beaucoup à espérer et en affaiblissaient d’autres dont elle n’avait rien à espérer et tout à craindre ». Après avoir détruit des armées, ils ruinaient les finances en faisant payer les frais de guerre, ce qui forçait les dirigeants de ces pays « d’opprimer leurs peuples et de perdre leur amour ». Les vaincus pouvaient se voir décerner des récompenses éclatantes, notamment le titre convoité « d’allié du peuple romain » : amis, ils n’en étaient que le plus souvent humiliés.
Comment ne pas songer à la paix versaillaise accablante et honteuse que les Etas-Unis et leurs alliés ont imposée en 1919 à l’Allemagne, avec des réparations de guerre que le peuple allemand devait payer jusqu’en 1988 ? Puis encore comment ne pas transposer cette stratégie d’assujettissement des peuples à la situation des pays du Tiers-Monde, du Maghreb au Pakistan, sans parler des sanctions infligées aux « Etats-parias » ou « voyous » ?
Comme au temps de la colonisation espagnole du continent américain contre laquelle s’était levé Bartolome de Las Casas qui prendra la défense des indigènes colonisés (voir la « Controverse de Valladolid », fameux débat au cours duquel il s’illustra), le monde actuel, et plus particulièrement l’Europe, est dominé par le système de « encomienda ». Ce système colonial consistait à donner « en commande » à un conquérant une parcelle de territoire, ainsi que les indigènes qui y habitaient, avec pour but de faire fructifier le pays, lever l’impôt et christianiser les indigènes. Comme hier dans le « Nouveau Monde », nous vivons presque dans une « encomienda » globale, une terre d’Europe en friche exploitée par l’oligarchie financialiste globale.
Aujourd’hui, le colon a rangé sa soutane de jésuite pour propager aux quatre coins du monde parmi les indigènes la nouvelle foi dans le monothéisme du marché, des bienfaits matériels de la société de consommation, de la culture coca-cola, de la musique techno et rap et en l’adhésion inconditionnelle aux sacro-saints dogmes de la démocratie de marché et en l’idéologie des droits de l’Homme. Comme hier lorsque les tuniques bleues pacifiaient les Indiens en les abreuvant de whisky, aujourd’hui nos indigènes européens sont amadoués par les drogues douces de la société de consommation, les sédatifs hédonistiques de la cité de la joie permanente. Bernanos avait raison, la grande tragédie de notre siècle de néocolonisation globale réside dans la duperie généralisée.
En effet, la fin de l’ordre bipolaire, avec l’effondrement de l’URSS, permettait aux Etats-Unis, comme puissance dominante du moment, d’en revenir à la politique de la canonnière. La mise en œuvre d’une telle politique est le produit d’un approfondissement des réflexions stratégiques entreprises depuis 1984 sur les opérations de dissuasion sélective. Ces opérations, après avoir planché sur les conflits de faible intensité, étudièrent les moyens à mettre en œuvre pour faire face à des conflits de moyenne intensité, qui mettaient en scène des puissances régionales disposant d’un important armement conventionnel comme la Syrie et l’Irak.
Dans les pays les plus faibles on utilise la stratégie du « coupe-feu » qui consiste à monnayer, au prix d’une libéralisation du marché, le bouclier protecteur d’Oncle Sam et le titre d’allié. Là où le pays est plus récalcitrant et « entêté », on met en œuvre le concept de conflit de moyenne intensité qui implique la mise au point de nouvelles techniques d’intervention prévoyant le transport sur de longues distances, et dans les délais les plus brefs possibles, des troupes nombreuses et un matériel conventionnel important capables de faire la différence face à des ennemis disposant d’une puissance de feu non négligeable.
Bref, pour soumettre l’ennemi, on utilise tout d’abord la dissuasion, le « pressing diplomatique », euphémisme pour un chantage économico-financier, où sous prétexte de pacification on intervient militairement et médiatiquement comme ultime recours. Ainsi, Grenade, l’Afghanistan, la Guerre du Golfe, la Bosnie Herzégovine, le Kosovo, l’Irak, la Libye ne sont que des théâtres où les Etats-Unis ont été en mesure de tester la pertinence de leurs schémas théoriques stratégiques et la fiabilité de leur logistique et de leur armement. Là où il n’y avait pas de conflit dans une zone géostratégique convoitée par Oncle Sam, on induisait artificiellement et volontairement des conflits de faible ou de moyenne intensité pour prétexter une intervention hypothétique.
Les Etats-Unis sont passés maîtres en l’art de générer le « chaos constructif » et minuté.
La lecture de Montesquieu
Mais poursuivons la lecture de Montesquieu. L’utilisation des peuples voisins étaient en général la tactique adoptée. « Quand deux peuples étaient en guerre, quoiqu’ils n’eussent aucune alliance ni rien à démêler entre l’un et l’autre, ils ne laissaient pas de paraître sur la scène et de prendre le parti du plus faible. C’est l’illustration de la politique d’alliance des Etats-Unis vis-à-vis des conflits régionaux de type Ossétie, Bosnie, Arménie, etc. Ils s’appuyaient toujours sur des alliés à proximité du peuple qu’ils désiraient vaincre, alliés qu’ils avaient créés de toutes pièces. « Ils n’accordaient point de paix à un ennemi qui ne contînt une alliance, c’est-à-dire qu’ils ne soumettaient point de peuple qu’il ne leur servît à en abaisser d’autres ». Les peuples soumis ou à soumettre mettaient tous leurs espoirs dans un tel traité. Pour Rome, la paix n’était qu’une manière de préparer la guerre et les traités n’étaient que des suspensions dans la guerre. Les peuples vaincus, soumis ou à se soumettre, n’étaient jamais épargnés même dans l’humiliation : après chaque victoire Rome suscitait deux factions, s’immisçait dans les affaires intérieures, utilisait les opposants qualifiés « d’alliés du peuple romain » et divisait afin d’affaiblir. De l’Honduras, du Salvador au Nicaragua, en passant par le Chili, toute la politique étrangère et militaire des Etats-Unis est ici expliquée en quelques mots.
Néanmoins, Montesquieu constate que Rome « avait une manière lente de conquérir », « car il fallait attendre que toutes les nations fussent accoutumées à obéir comme libres ou comme alliés avant de leur commander comme sujettes ». C’est ce qui distingue la mission civilisatrice universelle qu’entreprenaient les légions romaines dans les quatre coins du monde dans le respect des religions et de la diversité des peuples sujets, et l’unipolarité hégémoniste des Etats-Unis d’aujourd’hui qui ne propose aucune vision du monde (ou du moins américano-centrée) ni de véritable projet de société : elle ne fait que broyer impitoyablement, tel un rouleau compresseur, les peuples qui refusent de se soumettre aux diktats de l’argent roi, du libéralisme mercantile, de la loi du marché et de la société multiculturelle. La stratégie utilisée est celle que préconise Brzezinski : une stratégie totale qui vise, par le biais de la fragmentation et de la déstabilisation (théorie du « chaos constructeur »), à coloniser des Etats « voyous » et à contrôler les zones riches en ressources, sans rien donner en contrepartie.
Il n’existe plus de dialogue loyal autour du thème de la globalisation entre les pays riches et les pays pauvres. Il n’existe qu’un monologue américain à travers ses diverses courroies de transmission, qui devra consolider sa suprématie par l’intermédiaire de la « dépersonnalisation » des peuples et des nations et « l’interpersonnalisation » desdites ploutocraties et des trusts dominants qui sont les rouages de la globalisation.
La « zoologisation »
La globalisation, par le jeu d’une uniformisation du génotype, aboutit à un racisme contemporain à nouveau visage en générant une « zoologisation » du monde dans laquelle on assiste à un nouveau partage social darwiniste des espèces. Le globalisme à ce titre, comme l’a si bien remarqué Peter Sloterdjik, constitue le champ expérimental « de nouvelles règles pour un parc humain ». En ce sens cette nouvelle forme de déterminisme globaliste n’a rien à envier aux théories racistes ou socio-racistes de Gobineau, Spencer, Glumpowitz, Galton, Malthus, Hobbes et Mendel. Le globalisme est une « tumeur » pathogène de la civilisation de la Renaissance, qui dans le sillage de l’anthropomorphisme et de la technoscience a fini par broyer les peuples et les identités pour le seul intérêt de l’oligarchie mondiale de Paris, Londres et Wall-Street. En l’espèce il est difficile alors d’être un esprit libre, alors que, comme Sénèque l’a dénoncé, « l’opinion conformiste de seconde classe d’essence scientifique a le monopole de la vérité ».
L’ambivalence de cette mentalité scientiste dominante est la conséquence de la dissociation de la philosophie de la sciensa (sens) et sa domestication à des fins économiques et mercantiles. Le globalisme n’est qu’un symptôme d’une accélération générale de la dynamique capitaliste, qui (comme le démontre Paul Virilio) par excès de vitesse démultiplie les conflits inter-ethniques et géo-économiques. Gilles Deleuze avait noté cette évolution : « Le capitalisme statique », la vieille taupe a muté vers un capitalisme financier et fluide, incarné par le serpent des sociétés de contrôle. Victor Hugo constatait déjà en son temps qu’au nom de la pseudo-démocratie globalisante, « peu de progrès a été effectué alors que l’exercice de cette utopie coûte de plus en plus cher ». Dostoïevski proclamait que la chance trouve ses sources dans la souffrance : le globalisme trouvera-t-il un second salut dans le génocide des peuples et des cultures ? Peut-être trouvera-t-on la réponse à cette question en relisant les thèses de Schumpeter sur les capacités transformatrices du capitalisme (la fameuse « destruction créatrice » qui, transposée à la géopolitique américaine, s’identifie au « chaos constructif ») et les leçons d’Etienne de La Boétie données dans son Discours de la servitude volontaire.
Jure Georges Vujic http://www.polemia.com
Avocat au Barreau de Paris, diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates,
collaborateur de l’Académie de Géopolitique de Paris et contributeur à la revue Géostratégiques et au site Polémia.com
6/09/2013Les intertitres sont de la rédaction
Notes :
- Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Michael Prudhomme, 2007.
- Zbigniew Brzezinski, « Puissance américaine et stabilité mondiale », Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), Puissances et Influences, géopolitique et géostratégie à l’aube de l’an 2000, sous la direction de François Géré et Gérard Chaliand, Mille et Une Nuits, 1999.
- Paul Virilio, Vitesse et Politique, essai de dromologie, Galilée, 1997.-Paul Virilio, Stratégie de la déception, Galilée, 2000.
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Éric Zemmour sur la question de la légitime défense
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