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international - Page 1358

  • Le système économique mondial et le trafic de drogue

    Il s’appelle Antonio Maria Costa, et il a déclaré récemment, sur France Culture, que l’argent de la Mafia avait permis le sauvetage de plusieurs banques. Etrangement, cette information ne fait pas la une.

     

    Antonio Maria Costa est directeur de l’UNODOC (office des Nations unies contre la drogue et le crime).

     

    Interviewé par le journaliste Gregor Seither il affirme que : « certains crédits interbancaires ont été récemment financés par de l’argent provenant du trafic de drogue et d’autres activités illégales ».

     

     Costa estime les revenus mondiaux du commerce de la drogue à environ 400 milliards d’euros annuels, et ajoute-t-il « selon nos recherches, la majorité de cet argent a été absorbé dans le système économique légal et a servi de pilier fondamental contre la crise ».  Et plus loin : « les prêts interbancaires ont été financés par les revenus de la vente de la drogue et autres activités illégales. Il y a clairement des signes qui montrent que certaines banques ont été sauvées par cet argent ». 

     

    L’ONU estime que le blanchiment, toutes origines confondues, représente 1000 milliards de dollars par an (source : Thierry Francq et Alain Damais, problèmes économiques, n° 2674, 19 juillet 2000, p2). 

    L’Espagne, porte d’entrée de la cocaïne colombienne en saisit en moyenne 39 tonnes par an, mais combien de tonnes passent entre les mailles du filet ? 

     

      Au Maroc, depuis le début des années 90, les sources officielles évaluent à 2 milliards de dollars l’apport du trafic de haschich au PIB marocain, et c’est la première ressource financière du pays.  Et d'après Antonio Maria Costa, « les caractéristiques nuisibles du cannabis ne sont pas différentes de celles d'autres drogues naturelles comme la cocaïne ou l'héroïne. » Certains scientifiques ont même démontré que le cannabis pourrait causé de gros déficits génétiques chez l’enfant d’un fumeur régulier (insuffisance cardiaque, malformations, maladie génétique). 

     

     

    L’hebdomadaire « Austrian Weekly Profil » affirme que l’argent de la mafia italienne aurait été blanchi entre 2005 et 2007 à travers 14 comptes domiciliés dans des établissements autrichiens.

     

    Roberto Saviano, un journaliste italien de 31 ans ne dit pas autre chose dans son livre « Gomorra », (chez Gallimard / octobre 2008) vendu à 2 millions d’exemplaires et la mafia l’a condamné à mort pour cela. Il affirme que les activités de la mafia ont un rapport avec les grandes sociétés européennes et que s’en prendre aux mafias c’est agresser l’économie toute entière. Pour lui, c’est la forme ultime du libéralisme dans une économie mondialisée. Un film, grand prix du festival de Cannes, a été tiré de son livre en 2008. Il est depuis sous protection policière.

     

     

    Comme l’affirme Gregor Seither " dans un marché capitaliste où seul compte la valeur monétaire, l’argent de la drogue, du trafic humain et de la misère est un investissement comme un autre".

     

    Mais pour lutter contre le blanchiment de l’argent de la drogue, il faut lever le secret bancaire. Là encore, s’attaquer aux banques privées c’est s’en prendre aux services secrets du monde entier, à toutes les mafias, aux familles et aux hommes dès plus influents.

     

    Comme l’écrit le CAAT (conseil aide et action contre la toxicomanie) « la lutte contre la drogue n’est efficace que si l’on neutralise les moyens qui permettent aux trafiquants de dissimuler l’origine des fonds dont ils sont titulaires (…) on a constaté que les trafiquants utilisent largement le système bancaire et financier à cette fin, le secret bancaire interdisant aux établissements de crédit de divulguer des informations concernant leur clientèle ». Les banques privées reçoivent de l’argent d’on ne sait où, ensuite l’argent est réinjectée dans le marché mondial en toute légalité. Les banques privées sont comme un appel au meurtre, au braquage, au trafic illégal en tout genre.

     

    Pourtant des lois existent qui permettraient aux banques d’agir, mais elles ne sont pas appliquées.

     

    On peut donc s’interroger légitimement sur la continuation du secret bancaire ?

     

    Réponse : Catherine Austin Fitts, directrice du Dillon Read, banque d’investissement à Wall Street.

     

    Elle dévoila en 2007 lors d’un congrès que 500 à 1000 milliards de dollars d’argent en provenance du trafic de drogue servait à financer la croissance. 

     

     Elle affirmait « sans ces centaines de milliards qui gonflent artificiellement l’économie américaine, les USA subiraient une crise plus dure que celle de 1929 ».   

     

    Un système économique tellement humain.

     

     

    Oui, le système économique mondial montre ici son côté tragique et grotesque. Mais n’est-il pas le reflet des êtres humains ? Ces derniers critiquent le système mais qui est l’origine du problème ? Qui est le problème, le dealer ou le drogué ?

     

    On peut même étendre le débat, puisque un joint plein de cannabis et une cigarette pleine de produits chimiques ont comme dénominateur commun le tabac. Et le tabac est une addiction ; ceux qui le consomment ne peuvent s’en passer et l’interdire ne fera que pousser ses adeptes dans les bras des trafiquants. Le choix est donc entre le buraliste et le dealer. Cette drogue apparaît comme une nouvelle secte, et comme tout mouvement sectaire elle a ses fanatiques et ses victimes qui sont légions.

     

    Cet argument renvoie à une question beaucoup plus vaste : la loi peut elle interdire une addiction ?

     

    La réponse est évidente quand il s’agit d’une addiction au meurtre, au viol ou vol ; et la loi fait en principe dans ce cas la différence entre ceux qui sont responsables de leurs actes et ceux qui ne le sont pas. Elle l’est moins dans les cas où on peut soutenir qu’on ne nuit qu’à soit par ses actes. Et on peut soutenir, à mon avis à tort, que c’est le cas du tabac ( il faut pour cela négliger l’impact de la consommation de tabac sur le cout de la santé, le tabagisme passif et l’effet d’imitation qui pousse chaque génération à emboiter le pas de la précédente).

     

    Pour ces actes d’automutilation, sous toutes leurs formes, le principe doit être simple : une société démocratique doit éloigner ses membres de ce qui peut leur nuire. Et pour cela, elle doit d’abord comprendre ce qui les amène à agir ainsi. Elle doit ensuite éduquer, inciter, puis interdire. Mais si l’interdiction n’est pas une perspective, au moins à moyen terme, la société est complice et l’éducation ne sert à rien. Pour le tabac, bien des choses restent à faire : enseigner intelligemment aux enfants que le tabac tue. Faire monter le prix du tabac à un niveau bien plus élevé. Rendre quasi invisible le nom des marques et uniformiser les emballages. Rendre les paquets les plus repoussants possibles (comme cela vient de commencer). Et annoncer que, au plus tard dans 15 ans, quoi qu’il arrive, la production, l’importation, et la consommation de tabac seront interdites. En tout cas, cela reste une hypothèse envisageable.

     

    Il n’y a rien de pire qu’une loi inapplicable ; elle discrédite l’Etat de droit dans son ensemble. Avant de voter une loi, il faut donc créer les conditions de son acceptabilité sociale et se donner les moyens de la faire respecter. En particulier, à propos de toutes les addictions, il ne servira à rien de réduire l’offre si la demande se maintient ; aussi, avant de légiférer à leur propos, il faut comprendre leur raison d’être. Et c’est sans doute parce que nos sociétés ne savent pas, n’osent pas affronter cette question, parce qu’elles n’osent pas s’avouer à elles-mêmes que notre modèle de développement provoque des manques, qu’elles ont tant de mal à interdire ce qui les comblent. 

     

    Le tabac est consommé chaque jour par 1,3 milliards de personnes dans le monde et qui fait chaque année 5 millions de morts, soit plus que le sida et le paludisme réunis. La consommation de ce produit entraine d’immenses dépenses de santé et réduit partout la productivité des entreprises qui doivent laisser à leurs employés des pauses pour s’empoisonner en toute légalité. Et pourtant, on le laisse produire et vendre partout dans le monde. Et presque partout, faire de la publicité.

     

     5500 milliards de cigarettes sont fumées chaque année. Une personne en meurt toutes les six secondes. Il a tué 100 millions de personnes au 20ème siècle, soit le double de la deuxième guerre mondiale. A ce rythme, selon l’OMS, il en tuera 1 milliard au 21ème siècle

     

     Mais on ne l’interdit pas. Pourquoi ? Parce qu’il rapporte beaucoup d’argent aux Etats et régule la démographie de manière scandaleuse. 

     

     Toutefois, WikiStrike encourage chaque lecteur à trouver sa propre vérité. La chose la plus importante est de vivre dans l’amour et la sagesse. Et puis, toutes ces drogues peuvent êtres utiles si on les instrumentalisait savamment à des fins thérapeutiques (pour les malades), philosophiques (avant un débat), ou chamaniques (pour développer des capacités du cerveau encore insoupçonnées).

     

     

    Mais ceci est une autre histoire. 

    Joseph Kirchner pour WikiStrike

     

     

    (source : agoravox, Jacques Attali)

  • Une historienne éclaire l’absurdité du Prix Nobel de la paix attribué à l’UE

    Annie Lacroix-Riz, historienne, est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris-VII – Denis Diderot. Auteur de nombreux ouvrages, elle a notamment étudié les origines et les parrains de la Communauté européenne (lire en particulier : L'intégration européenne de la France : la tutelle de l'Allemagne et des États-Unis, Paris, Le Temps des Cerises, 2007). Lorsque jury Nobel de la paix a annoncé le 12 octobre que son choix se portait cette année sur l’Union européenne, BRN a souhaité recueillir sa réaction et son éclairage.

    Interview publiée dans le mensuel Bastille-République-Nations daté du 29/10/12
    Informations et abonnements : www.brn-presse.fr

    BRN – L’Union européenne s’est vu décerner cette année le Prix Nobel de la paix. Quelle a été votre première réaction à l’annonce du jury d’Oslo ?

    ALR – L’information pouvait d’abord être prise pour un canular. Mais dans notre univers de l’absurde, une telle distinction est dans la droite ligne des choix du jury Nobel dans la dernière période. Cette décision n’en bat pas moins des records de ridicule, tant au regard des pratiques actuelles que des origines de l’UE.

    BRN – Des pratiques actuelles que vous jugez bellicistes…

    ALR – Pour l’heure, elle joue le rôle de petit soldat de l’OTAN, comme elle l’a fait dès sa naissance. L’UE en tant que telle ou nombre de ses membres sont impliqués dans quasiment toutes les guerres dites périphériques depuis vingt ans.

    BRN – Cependant, en tant qu’historienne, vous insistez plus particulièrement sur les origines tout sauf pacifiques de l’UE. Pourriez-vous préciser cette analyse ?

    ALR – Les archives, sources par excellence de la recherche historique, permettent seules de décortiquer ses véritables origines et objectifs, qui excluent la thèse d’une prétendue « dérive » récente de l’UE, dont on nous rebat les oreilles.

    BRN – Vous évoquez en particulier la « déclaration Schuman », du 9 mai 1950, souvent décrite comme l’acte fondateur de l’« aventure européenne »…

    ALR – Oui, et ses circonstances précises méritent examen. Le lendemain même – le 10 mai 1950, donc – devait avoir lieu à Londres une très importante réunion de la jeune OTAN (organisation de l’Alliance atlantique, elle-même fondée un an plus tôt). A l’ordre du jour figurait le feu vert officiel au réarmement de la République fédérale d’Allemagne (RFA), que Washington réclamait bruyamment depuis deux ans (1948). Les structures et officiers de la Wehrmacht avaient été maintenus dans diverses associations de façade. Mais quatre ans après l’écrasement du nazisme, un tel feu vert atlantique était quasi impossible à faire avaler aux populations, en France notamment. La création de la Communauté du charbon et de l’acier (CECA) annoncée par le ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman a ainsi permis d’esquiver ou de retarder l’annonce officielle, requise par les dirigeants américains, du réarmement en cours.

    BRN – Qu’est-ce qui motivait cette stratégie américaine ?

    ALR – Dès mars 1947, dans son célèbre « discours au Congrès », le président Truman demanda des crédits pour sauver la Grèce et la Turquie « attaquées », forcément par l’URSS (dont le nom n’était pas prononcé). Ce faisant, il entamait en grand l’encerclement politico-militaire de cette dernière. De fait, c’est entre 1942 et 1945 que Washington avait préparé l’affrontement futur contre ce pays, pour l’heure allié militaire crucial pour vaincre l’Allemagne (1). Une pièce majeure de cet affrontement était la constitution d’une Europe occidentale intégrée.

    BRN – Ce sont donc les dirigeants américains qui ont poussé à l’intégration européenne ?

    ALR – Oui. Washington entendait imposer une Europe unifiée sous tutelle de la RFA, pays dont les structures capitalistiques étaient les plus concentrées, les plus modernes, les plus liées aux Etats-Unis (qui y avaient investi des milliards de dollars dans l’entre-deux-guerres) et les moins détruites (80% du potentiel industriel était intact en 1945). Cette Europe serait dépourvue de toute protection à l’égard des exportations et des capitaux américains : les motivations des dirigeants d’outre-Atlantique étaient non seulement géostratégiques mais aussi économiques.

    BRN – Comment ces derniers s’y sont-ils pris ?

    ALR – Ils ont harcelé leurs alliés ouest-européens, pas vraiment enthousiastes à l’idée d’être aussi vite réunis avec l’ennemi d’hier. Et ils ont sans répit usé de l’arme financière, en conditionnant l’octroi des crédits du « Plan Marshall » à la formation d’une « entité » européenne intégrée, condition clairement formulée par le discours de Harvard du 5 juin 1947.

    BRN – Mais quel était l’état d’esprit des dirigeants ouest-allemands ?

    ALR – De 1945 à 1948, avant même la création officielle de la RFA, ils n’ont eu de cesse de se poser en « meilleurs élèves de l’Europe », suivant une stratégie mûrement calculée : toute avancée de l’intégration européenne équivalait à un effacement progressif de la défaite, et constituait un gage de récupération de la puissance perdue. Ainsi ressurgissait le thème de l’« égalité des droits » de l’après-guerre précédent.

    BRN – Voilà une affirmation audacieuse…

    ALR – C’était l’analyse des diplomates français d’alors, en poste en général depuis l’avant-guerre et lucides sur ce qu’ils ressentaient comme un péril, comme le montrent leurs notes et mises en garde officieuses. Car, officiellement, le discours était de saluer l’horizon européen radieux.

    BRN – Pouvez-vous préciser cet « effacement progressif de la défaite » attendu par les élites de Bonn ?

    ALR – Celles-ci ont vite obtenu l’abandon des limitations de production imposées par les accords de Yalta et de Potsdam : en fait, dès 1945 dans les zones occidentales ; en droit, dès le lancement publicitaire du Plan Marshall, à l’été 1947. Les dirigeants ouest-allemands ont repris le discours d’entre-deux-guerres de Gustav Stresemann (ministre des Affaires étrangères de 1923 à 1929) et du maire de Cologne Adenauer : les « accords de Locarno » (1925) garantirent – sur le papier – les frontières occidentales de l’Allemagne (pas les orientales), motivant l’attribution à Stresemann, en 1926, et à son collègue français Briand… du Prix Nobel de la paix. Berlin entonna le refrain du rapprochement européen avec pour condition expresse l’égalité des droits (« Gleichberechtigung »). C’est à dire l’abandon des clauses territoriales et militaires du traité de Versailles : récupération des territoires perdus en 1918 (et Anschluss prétendument « européen » de l’Autriche), et levée de l’interdiction des industries de guerre.

    BRN – Peut-on pour autant établir le parallèle avec la RFA d’après la seconde guerre mondiale ?

    ALR – Le diplomate français Armand Bérard câble à Schuman en février 1952 que Konrad Adenauer (premier chancelier de la RFA, de 1949 à 1963) pourra, en s’appuyant sur la « force supérieure (mise…) en ligne  » par les Américains contre l’URSS, contraindre celle-ci « à un règlement dans lequel elle abandonnera les territoires d’Europe centrale et orientale qu’elle domine actuellement » (RDA et Autriche incluses). Extraordinaire prévision de ce qui se réalisa près de quatre décennies plus tard…

    BRN – Si l’on reprend votre analyse, l’Union européenne a donc été lancée sur injonction américaine, et soutenue avec détermination par les dirigeants ouest-allemands pour leurs objectifs propres…

    ALR – Oui, ce qui nous place à des années-lumière des contes à l’eau de rose en vogue sur les « pères de l’Europe » taraudés par le « plus jamais ça » et exclusivement soucieux de construire l’« espace de paix » que les jurés Nobel ont cru bon d’honorer. A cet égard, il faut prendre en compte d’autres acteurs, au rôle déterminant dans l’intégration européenne.

    BRN – Le Vatican ?

    ALR – On évoque peu son rôle géopolitique dans la « construction européenne » du XXe siècle, mais après la seconde guerre mondiale, les dirigeants américains l’ont, encore plus qu’après la première, considéré comme un auxiliaire crucial. En outre, depuis la fin du XIXe siècle, et plus que jamais depuis la Première Guerre mondiale avec Benoît XV (pape de 1914 à 1922), les liens entre Reich et Vatican ont façonné le continent (Est compris), comme je l’ai montré dans l’ouvrage Le Vatican, l'Europe et le Reich. Globalement avec l’aval des Etats-Unis – sauf quand les rivalités (économiques) germano-américaines devenaient trop fortes. De fait, les relations du trio se compliquent quand les intérêts des dirigeants d’Outre-Atlantique et d’Outre-Rhin divergent trop. Dans ce cas, la préférence du Vatican va toujours à l’Allemagne. Le maximum de tension a donc été atteint au cours des deux guerres mondiales.

    BRN – Précisément, vous décrivez une Europe voulue par Washington et Bonn (puis Berlin). Mais ces deux puissances n’ont pas nécessairement des intérêts qui coïncident…

    ALR – Absolument. Et ces contradictions, perceptibles dans les guerres des Balkans de 1992 à 1999 (Michel Collon l’a écrit dans son ouvrage de 1997, Le grand échiquier), s’intensifient avec l’aggravation de la crise. Raison supplémentaire pour douter des effets « pacifiques » de l’intégration européenne.

    BRN – Celle-ci est également promue par des dirigeants d’autres pays, comme la France.

    ALR – François Bloch-Lainé, haut fonctionnaire des Finances devenu grand banquier, fustigeait en 1976 la grande bourgeoisie toujours prompte à « exploiter les malheurs de la patrie ». Du Congrès de Vienne (1815) à la Collaboration, en passant par les Versaillais s’alliant avec le chancelier prussien Bismarck contre la Commune, du modèle allemand d’avant-guerre au modèle américain d’après-guerre, cette classe dirigeante cherche à l’étranger un « bouclier socio-politique » contre son peuple.

    BRN – Ce serait également une fonction de l’Union européenne ?

    ALR – Essentielle, et d'origine. Lors de la mise en œuvre en 1954 de la CECA, un haut fonctionnaire français se félicitait ainsi que « l’Europe » eût enfin permis au ministère des finances de liquider des subventions qui réduisaient le prix des produits de première nécessité. La citation précise mérite d’être rappelée : « la différence essentielle réside dans le fait que la politique européenne s’appuie sur l’alibi que constitue, vis à vis des intérêts particuliers, l’existence d’un organe “supranational”, alors que la politique traditionnelle implique que les gouvernements s’imposent, et imposent à ces mêmes intérêts, la discipline indispensable. Cela n’a été possible que parce que le ministre a pu en rejeter la responsabilité sur un organe supranational jouissant d’une certaine indépendance par rapport au gouvernement  ». Près de 60 ans plus tard, l’Europe offre « l’alibi » de ses institutions « indépendantes » – comme la Banque centrale européenne – pour soustraire des décisions de chaque fraction nationale du grand capital au contrôle et à la colère de son peuple. Remarquable continuité, qui n’incite pas à l’optimisme sur la garantie « européenne » de la paix…

    http://www.michelcollon.info

    (1) Sherry Michael, Preparation for the next war, American Plans for postwar defense, 1941-1945, New Haven, Yale University Press, 1977 ; The rise of American Air Power : the creation of Armageddon, New Haven, Yale University Press, 1987 ; In the shadow of war : the US since the 1930’s, New Haven, Yale University Press, 1995.

  • De l’attribution du Nobel de la paix à l’U.E.

    Le Prix Nobel de la paix pour l’année 2012 a été décerné à l’Union européenne pour avoir « fait passer l’Europe d’un continent en guerre à un continent en paix ». Le Comité du Prix Nobel a déclaré que « l’Union a contribué pendant soixante ans aux progrès et à la réconciliation, de la démocratie et des droits de l’homme en Europe ».

    Problème : l’Union n’existe que depuis 1993 (entrée en vigueur du traité de Maastricht qui la fonde), succédant à la Communauté européenne (qui, elle, existe depuis 1957...).

    L’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne pourrait faire rire, si elle ne recouvrait tant de drames. Il récompense une "construction" qui annihile toute protection, notamment aux frontières, qui organise la guerre économique et sociale tous azimuts entre les peuples, et ne peut conduire qu’à la guerre tout court. La Communauté européenne, devenue Union européenne a d’ailleurs déjà favorisé le démantèlement violent de la Yougoslavie, en apportant son soutien aux forces séparatistes, puis celui de la Tchécoslovaquie. Alors que ces Etats étaient moqués comme « artificiels » on voit aujourd’hui l’U.E. inerte et impavide devant les sécessions larvées qui rongent deux des plus anciens Etats du continent européen !

    Et nous ne pouvons oublier que le président de la Commission européenne, M. Barroso, fut l’un des artisans majeurs de l’invasion de l’Irak en 2003 (sommet dit des Acores aven le présidents des Etats Unis, M. Bush), ce qui en fait un homme de guerre plus que de paix !

    Loin d’être un facteur de paix, l’U.E. est aujourd’hui un facteur de désunion et de montée des tensions entre les nations européennes : elle érige en dogme la concurrence féroce entre les peuples ; elle méprise toute critique sur son architecture et sa fuite en avant ; elle sacrifie partout la prospérité sur le dogme de l’euro - comme les Grecs, les Espagnols et les Portugais le savent déjà...

    Le SIEL estime que le comité Nobel s’est discrédité à jamais et que c’est bien plutôt à titre posthume que le Nobel de la paix a été attribué à l’Europe de Bruxelles, qui a recréé des tensions et rouvert les plaies en Europe. Tous les prix du monde et les déclarations lénifiantes et mensongères n’y pourront rien : l’U.E. est l’antithèse de l’Europe de la Paix et même de l’Europe.

    La Rédaction du SIEL   http://www.actionfrancaise.net

     
  • La bataille pour l’Eurasie va-t-elle s’accélérer ?

     

    La bataille pour l’Eurasie va-t-elle s’accélérer ?
    "Les Etats-Unis s’opposeront à des processus d'intégration dans l'espace postsoviétique". Hillary Clinton - 2012

    Les récentes déclarations de la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton sur l'intention de Washington de s'opposer aux processus d'intégration dans l'espace postsoviétique lors d’une conférence tenue à Dublin le 6 décembre 2012 ont au moins un mérite, celui de démontrer que l’Union Douanière, et donc la future Union Eurasiatique sont considérés par l’administration américaine comme le mal absolu. Hillary Clinton n’a pas pris de gants, pour elle, l’union eurasiatique n’est ni plus ni moins que la réincarnation de l’Union Soviétique, et traduit donc la volonté de la Russie de vouloir reprendre le contrôle du cœur de l’Eurasie, que Russie et Occident, via l’Angleterre puis l’Amérique, se disputent depuis prés de 150 ans.

    Un retour en arrière s’impose pour comprendre ce que signifie la bataille pour le contrôle de l’Eurasie, qui est tout sauf un fantasme ou une légende. Il s’agit au contraire d’une réalité géopolitique qui constitue un volet important de la politique étrangère américaine et occidentale depuis la chute du mur de Berlin.

    Durant la guerre froide, la puissance américaine ne luttait pas seulement pour la victoire contre son adversaire Soviétique, elle luttait aussi pour le contrôle du monde. Ce faisant, les stratèges américains restaient fidèles à la ligne tracée par les maitres de la géopolitique anglo-saxonne, particulièrement Halford Mackinder et Nicholas Spykman. Pour ces derniers, la maitrise du monde ne pouvait passer que par le contrôle de la zone ou devait se concentrer dans l’avenir tant le gros des habitants, que le gros des ressources énergétiques de la planète: l’Eurasie, encore appelée l'Ile Monde ou Heartland.

    " Qui contrôle le Heartland, contrôle le monde ". Halford John Mackinder – 1919

    En ce sens, la mise sous tutelle après 1945 de l’Europe de l’ouest par l’Otan n’a été rien de plus qu’une mise en application des principes de Nicholas Spykman qui jugeait lui essentiel de maitriser l’anneau périphérique (Rimland) de cette Ile monde, de ce Heartland continental. L’Europe de l’ouest représente la partie occidentale sous contrôle de cet anneau. Comme on peut le voir ici, la zone qui s’étend du pourtour de la caspienne jusqu'à l’Asie centrale constitue sa partie orientale et c’est précisément cette zone qui est visée par les propos d’Hillary Clinton.

    " Qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie. Qui dirige l’Eurasie contrôle la destinée du monde". Nicholas J. Spykman - 1942

    Les tentatives avortées du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie) puis la tentative de prise de contrôle de ces mêmes états (membres de cet anneau périphérique) par les révolutions de couleurs planifiées aux USA doivent être comprises et vues dans ce sens: comme une étape nouvelle du containment russe, préalable essentiel au bouclage du Rimland. D’ailleurs, dans sa déclaration Hillary Clinton a insisté sur la déception profonde que représentait l’Ukraine pour le département d’état Américain, tout un symbole lorsqu’on sait l’énergie et les moyens mis en œuvre par l’administration américaine pour faire de l’Ukraine un pion essentiel de l’Otan. Un projet ancien qui prévoyait la constitution d’un axe Allemagne-Pologne-Ukraine dont Zbigniew Brezinski rêvait déjà en 1997 et qui selon lui devait servir à repousser l’influence russe le plus à l’est possible, et renforcer l’Otan au cœur de l’Europe de l’est.

    "Il est impératif qu'aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l'Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l'Amérique". Zbigniew Brezinski - 1997

    Bien sur les déclarations d’Hillary Clinton ont provoqué les regrets de Leonid Sloutski, chef de la commission de la Douma pour les Affaires de la CEI. Celui-ci constatait que le potentiel croissant de regroupement géopolitique en Eurasie pourrait faire de cette région l'un des acteurs majeurs du monde. Une situation bien différente de celle qu’impliquait le monde unipolaire de 1991, qui ne laissait aucune place à la Russie.

    Beaucoup de pays occidentaux appréciaient Eltsine surtout parce qu'il était le symbole d’une Russie faible, et le symbole de leur victoire sur l’URSS. 20 ans plus tard, alors que le centre de gravité du monde se déplace vers l’Asie et la Chine, l’Occident américano-centré traverse une crise économique qui l’a considérablement affaibli sur la scène internationale. Pendant ce temps, à mi chemin entre l’Occident et l’Asie, la Russie s’est redressée pour redevenir aujourd’hui la puissance principale d’Eurasie.

    Le monde multipolaire qui prend forme devrait vraisemblablement prendre l'aspect d'un monde d’alliances. Les grands états de ce monde sont tous dans des logiques de regroupements économiques, politiques et militaires, que ce soit au cœur de l’Europe, par dessus l’Atlantique, en Amérique du sud ou encore en Asie. Ces alliances pourraient rapidement voir l’émergence de blocs souverains tant sur le plan militaire, qu’économique ou politique, et la fragmentation du monde en zones d’influences souveraines.

    Pourquoi les nations d’Eurasie n’auraient elle dès lors pas le droit de procéder à une intégration régionale approfondie? Les menaces américaines contre une alliance volontaire de pays souverains semblent éloigner considérablement les possibilités d’un réel reset russo-américain. Le désaccord sur l’Affaire Syrienne, pays que l’Union Douanière envisageait du reste d’intégrer à une zone de libre échange il y a encore quelques mois, accentue encore le malaise.

    Voila donc des propos belliqueux en provenance d'Amérique et prononcés à Dublin, alors même que le chef de l’état russe a pourtant récemment rappelé que la Russie devait trouver sa place géopolitique dans le monde de façon pacifique et que l’intégration eurasiatique devait elle se faire dans le respect de la souveraineté des états. Un principe de souveraineté nationale bien mis à mal durant l’époque unipolaire mais qui constitue tant le point névralgique du développement des BRICs (lire cette analyse a ce sujet) que le cœur de la politique internationale russe, notamment en Syrie.

    Souveraineté VS interventionnisme, Unilatéralisme VS Multilatéralisme. Ces deux conceptions du monde diamétralement opposées vont-elles relancer la bataille pour l’Eurasie ?

    Alexandre Latsa http://www.voxnr.com
  • Malgré le soutien de l’Occident, Al-Qaïda ne vaincra pas le peuple syrien

    Par Ghaleb Kandil

    La Syrie et ses forces armées continuent de résister farouchement à la guerre mondiale qui les prend pour cible. L’État s’emploie par tous les moyens à assurer les besoins économiques nécessaires pour la résistance, et l’armée a lancé des opérations militaires stratégiques dans certaines provinces pour détruire les bases des terroristes, dont plusieurs dizaines de milliers se sont infiltrés de Turquie ces dernières semaines.
    Les opérations militaires ont atteint leur objectif primordial en faisant échec au plan du Premier ministre turc Recep Tayyeb Erdogan, qui consistait à établir de facto une zone tampon. Des informations sûres indiquent que les groupes armés ne sont plus présents dans la ville d’Alep que dans de petites poches, alors que l’armée régulière contrôle la majeure partie de la grande métropole du Nord.
    À Homs, la vie a pratiquement repris son cours normal et pour se venger, les terroristes ont recours aux attentats aux voitures piégées, comme celui qui a fait 15 morts et des dizaines de blessés, hier dimanche. La plus grande partie de la province de Deir Ezzor, limitrophe de l’Irak, est également sous le contrôle de l’armée nationale. À Damas et sa région, l’armée a lancé une offensive d’envergure pour briser les groupes terroristes qui s’apprêtaient à déclencher une attaque massive contre la capitale. Les données militaires laissent croire que dans les semaines à venir, l’État va reprendre le contrôle des chefs-lieux de toutes les provinces et des régions frontalières. Complètement désorganisés, les groupes armés perdront l’initiative et se livreront à des attaques terroristes, des assassinats et des actes de sabotage. L’État se prépare déjà à ce scénario, mais la priorité reste, pour lui, de relancer le cycle économique et de rétablir une vie normale dans l’ensemble de la Syrie. Les zones encore sous contrôle des rebelles seront encerclées et incapables de s’étendre et de constituer un danger stratégique.
    Toutes les informations prouvent que la principale force de combat terroriste est l’organisation Al-Qaïda et les mouvements salafistes-jihadistes, ainsi que le bras armé de la Confrérie des Frères musulmans. Les groupes qui évoluent en dehors de cette mouvance extrémiste sont dispersés et ressemblent plus à des gangs locaux qu’à des mouvements organisés et structurés, évoluant dans le cadre d’une stratégie globale. Ils comportent une grande part de brigands, de malfaiteurs et de coupeurs de route. Les informations indiquent que les chambres d’opérations présentes en Turquie, dirigées par des officiers de la CIA, avec la participation de groupes qataris, saoudiens, libanais et libyens, donnent des ordres directs aux unités combattantes en Syrie, leur fixent les objectifs et les fournissent en armes, explosifs, argents et matériels de toutes sortes.
    L’hypocrisie occidentale concernant le terrorisme et Al-Qaïda se confirme en Syrie. Si les mêmes critères établis après le 11 septembre 2001 lors des dizaines de conférences internationales de « lutte contre le terrorisme » avaient été mis en œuvre en Syrie, tous ceux qui financent et arment aujourd’hui les « rebelles » en Syrie auraient dû soutenir l’État syrien dans sa lutte contre le terrorisme.
    L’hypocrisie des pseudo-souverainistes libanais n’est pas en reste. Après avoir crié au loup dans la bergerie, voilà que les faits prouvent que ce sont eux les vrais loups. Les révélations du quotidien libanais al-Akhbar prouvent l’implication directe de l’ancien Premier ministre Saad Hariri et de son principal lieutenant, le député Okab Sakr, dans le financement et l’armement des terroristes (Voir ci-après). La mort et la capture d’une vingtaine de jihadistes libanais vendredi dans une embuscade de l’armée syrienne, alors qu’ils se rendaient à Tall Kalakh pour y « pratiquer le Jihad » contre le peuple syrien, complète ce tableau.
    Le peuple syrien est confronté à un cocktail terroriste multinational, soutenu par les « nations civilisées ». Son droit inaliénable est de se défendre par tous les moyens pour préserver son pays et son identité. Dans cette guerre, les mercenaires n’ont aucune chance de gagner.

    Le pacte entre les Frères musulmans et les États-Unis confirmé par Morsi

    Les événements qui se succèdent en Égypte ont fait la lumière sur une série de vérités et de données qui auront une grande influence sur les événements dans le monde arabe.
    Il est clairement apparu que les Frères musulmans en Égypte, qui représentent le cœur de cette confrérie transnationale, ont établi leur plan de prise du pouvoir sur la base d’un deal avec les États-Unis et Israël pour renouveler la fonction politique et sécuritaire qui avait été confiée au régime de Hosni Moubarak et d’Anouar Sadate, conformément aux dispositions des accords de Camp David. Cela confirme les informations qui circulent depuis deux ans sur des arrangements conclus entre Washington et le commandement des Frères musulmans dans la région, sous l’égide de la Turquie et du Qatar. Ces arrangements stipulent que l’Occident favorisera le renouvellement des élites dirigeants dans les pays arabes à travers les Frères musulmans, qui s’engagent, en contrepartie, à garantir la sécurité d’Israël et les intérêts US et occidentaux.
    Le seul élément sur lequel s’est appuyé le président Mohammad Morsi pour promulguer la déclaration constitutionnelle rejetée par de larges pans de la société égyptienne est le soutien états-unien et israélien qu’il a reçu à l’issue de son rôle dans la conclusion de la trêve entre l’État hébreu et les organisations palestiniennes lors de la dernière guerre de Gaza. Le pouvoir égyptien a présenté des engagements dans le cadre des négociations, portant sur des questions politiques et sécuritaires s’articulant autour de deux points : couper l’approvisionnement en armes de la bande de Gaza en poursuivant la destruction des tunnels ; et rompre les relations entre les organisations palestiniennes et l’Iran. Selon des informations parues dans la presse égyptienne, le Caire auraient fourni des facilités aux forces spéciales et aux services de renseignement US dans le Sinaï et a demandé au Hamas de déployer des forces à la frontière entre Gaza et Israël pour veiller au cessez-le-feu. C’est-à-dire s’assurer qu’il ne sera pas violé par les organisations de la résistance palestinienne. En quelque sorte, le Hamas commence à jouer le même rôle que la police de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.
    Le conflit politique qui a éclaté en Égypte après le coup d’État constitutionnel de Morsi est ouvert à toutes les options. Les Frères musulmans ont décidé d’ignorer les revendications d’une large majorité d’Égyptiens et de poursuivre leur conquête de toutes les institutions. Les centaines de milliers de personnes qui ont manifesté ne les ont pas fait reculer. Ils ont laissé tomber leur masque après s’être assuré du soutien des États-uniens et des Israéliens, qui leur a été accordé après qu’ils eurent réussi au test de la dernière guerre de Gaza.
    Il n’aura fallu que quelques mois pour que le vrai visage des Frères musulmans apparaisse aux yeux de l’opinion publique égyptienne et arabe, et cela aura certainement des répercussions dans l’ensemble du monde arabe.

    Déclarations et prises de positions

    Michel Sleiman, président de la République libanaise
    « Il y a trois idées en ce qui concerne la forme du gouvernement prochain : ce sera un cabinet ou bien d’union nationale, ou bien majoritaire ou bien neutre. Toutefois, ce qui est susceptible de faire l’objet de discussions à la table du dialogue, c’est uniquement l’opportunité d’un changement de gouvernement et non pas la forme du nouveau cabinet, ni sa composition. Ces aspects ne concernent pas la table du dialogue. Ils se rapportent aux prérogatives constitutionnelles du chef de l’État et du Premier ministre. Les élections législatives auront lieu en temps prévu quelles que soient les circonstances. Le scrutin ne saurait être reporté que pour une durée courte ne dépassant pas les deux ou trois mois et uniquement pour des raisons techniques liées à la discussion autour des projets de loi électorale, dans la mesure où un temps supplémentaire pourrait se révéler nécessaire. Je ne donnerais mon aval à aucun texte de loi prorogeant de façon arbitraire le mandat de la législature. »

    Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre
    « Tous les Libanais sont d’accord sur le fait que la loi électorale de 1960 est anticonstitutionnelle et constitue la loi la plus injuste de l’histoire, notamment à l’encontre des chrétiens. Cette loi permet la victoire ou la défaite de députés à une seule voix de différence. Nous comprenons que le Courant du futur soit injuste, mais ce sont les chrétiens alliés de ce courant, les Forces libanaises et les Kataëb, qui subissent les conséquences de cette injustice. Si ces deux partis empêchent la modification de la loi de 1960, c’est qu’ils sont payés pour ça. L’injustice a des répercussions proches. Ceci ne voudrait pas signifier pour autant que nous boycotterons les prochaines élections si elles se déroulent sur la base de la loi de 1960. Nous ne permettrons à personne d’amener le patriarche à accepter cette loi, ni de lui forcer la main pour l’entraîner dans cette direction. »

    Nabil Qaouq, vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah
    « Le mouvement du 14-Mars ne veut pas une vraie parité. Il veut s’approprier le pouvoir et refuse le dialogue pour bloquer l’adoption d’une nouvelle loi électorale. il suffit de voir qu’Israël parie sur la victoire du 14-Mars aux prochaines législatives pour savoir que ce mouvement est l’otage de forces extérieures qui l’obligent à s’attaquer à la Résistance. »

    Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères
    « Encourager la guerre à outrance contre le régime de Bachar el-Assad, c’est accroître la souffrance du peuple syrien et envenimer la situation explosive au Proche-Orient. La Russie s’oppose catégoriquement à toute ingérence extérieure en Syrie et ne participera pas au conflit armé dans ce pays. Le point d’approvisionnement matériel et technique russe à Tartous fonctionne en mode normal. Je tiens à souligner : notre coopération militaire et technique de longue date vise avant tout à maintenir la stabilité au Proche-Orient et n’a jamais eu pour but de soutenir une force quelconque sur la scène intérieure syrienne. La Russie fait tout son possible pour mettre fin à l’effusion de sang et pour convaincre les parties en conflit d’entamer un dialogue. »

    Ghadanfar Rokn Abadi, ambassadeur d’Iran au Liban
    « Nos principes sont clairs et transparents. Nous regardons toujours les hautes montagnes qui se découpent à l’horizon et nous parvenons à réaliser les objectifs lointains. Nous ne nous tournons jamais vers les petits nids-de-poules sous nos pieds. En Syrie, une solution pacifique qui se fait toujours attendre est inévitable. Au sujet du dossier nucléaire, le secrétaire général du Conseil de sécurité nationale, Saïd Jalili, a refusé à neuf reprises un tête-à-tête avec les Etats-uniens. »

    Ali Abdel Karim Ali, ambassadeur de Syrie au Liban
    « Des pays arabes financent Al-Qaïda en Syrie. Le Liban doit être davantage respectueux des relations bilatérales et ne doit pas se transformer en couloir pour les crimes commis en Syrie. Je n’accuse pas le gouvernement libanais mais la quantité des armes dont font état les médias et les atteintes de ceux qui se sont affublés du nom d’Armée syrienne libre contre l’armée à Ersal doivent pousser le Liban à adopter une position plus solide, surtout que la Syrie est victime d’une agression couverte par les États-Unis, l’Europe et soutenue de façon éhontée par les pays du Golfe. »

    Evénement

    Les preuves de l’implication de Saad Hariri dans la crise syrienne
    • Une conversation enregistrée entre le député du Courant du futur, Okab Sakr, et Abou Noomane, un dirigeant de l’opposition syrienne armée porte sur un transfert d’armes. « Aidez-nous, s’il vous plaît, nous avons besoin d’armes », demande Abou Noomane à M. Sakr dans l’enregistrement sonore posté sur le site Internet du quotidien al-Akhbar et diffusé dans le bulletin de la chaîne OTV, jeudi soir. « Dites-moi exactement ce dont vous avez besoin », lui répond le député libanais. L’opposant lui détaille alors sa demande et les deux hommes se mettent d’accord pour livrer les armes, « comme d’habitude », aux membres de l’opposition syrienne dénommés Abou Baraa et Abou el-Nour.
    • L’ancien Premier ministre Saad Hariri avait assuré, en octobre dernier, que le député est « chargé de suivre la situation en Syrie et de coordonner avec les forces politiques syriennes de l’opposition pour soutenir le peuple syrien au double plan médiatique et politique. »

    Transcription d’un enregistrement
    — Une voix inconnue : allo.
    — Okab Sakr : allo.
    — L’inconnu : oui, mon frère.
    — Okab Sakr : oui.
    — L’inconnu : quelle est la requête ? Qu’est-ce qui lui manque ?
    — Okab Sakr : Des mitrailleuses, des balles. Nous voulons des balles B K C, des roquettes Rpg, des armes de qualité pour Alep, la banlieue d’Alep et la région d’Idlib.
    — L’inconnu : Quelle région spécifiquement ?
    — Okab Sakr : Alep, la banlieue d’Azaz et les régions assiégées. À Idlib, il y a des régions qui subissent en ce moment même une attaque féroce. Il faut assurer cette commande.
    — L’inconnu : De quelle armes de qualité avez-vous besoin exactement ?
    — Okab Sakr : Je ne sais pas, il n’y a pas d’armes spécifiques. Les commandes portent généralement d’anti-avions et d’antichars, avec les armes ordinaires, légères ou moyennes.
    — Inconnu : D’accord, d’accord.

    Transcription du troisième enregistrement
    — Abou Rachad (responsable de l’approvisionnement à Hama et ses banlieues) : Salam Aleikom... Où êtes-vous ?
    — Louay (porte-parole du Conseil suprême de l’ASL) : Oui mon frère, nous sommes dans une chambre avec Monsieur Okab Sakr et tous les hommes sont présents. Rassures-moi de la situation chez toi.
    — Abou Rachad : C’est bien qu’Okab soit près de toi, car nous sommes dans une situation déplorable… la situation est très, très, très urgente, plus que tu ne peux l’imaginer. Les affrontements sont violents et les bombardements intensifs.
    — Louay : Bon, d’accord, nous vous avons tous entendus ici dans la chambre, et Monsieur Okab t’a entendu.
    — Okab Sakr : votre situation s’est aggravée ? Plus que les deux derniers jours ?
    — Abou Rachad : oui. En fait le pilonnage est intensif, et la situation est extrêmement urgente, nous avons besoin d’aide.
    — Okab Sakr : d’accord, où est tu ? À Hama ? A Idlib ?
    — Abou Rachad : Hama et Idlib.
    — Okab Sakr : alors tu demandes d’augmenter les quantités ? La quantité n’est pas suffisante ?
    — Abou Rachad : Oui, oui, multipliez les quantités.
    — Louay : (s’adressant à Sakr) qu’est-ce que tu en penses ? On multiplie les quantités ?
    — Okab Sakr : on augmente les quantités.
    — Okab Sakr (s’adressant à Abou Rachad) : Abou Rachad, j’ai reçu beaucoup de rapports de plusieurs hommes de l’intérieur. Ils m’ont confirmé ce que tu viens de dire sur ces deux régions. La situation va s’aggraver. Maintenant, je dirai aux hommes d’augmenter autant que possible les quantités parce que je connais votre situation. Vous êtes très faibles.

    Revue de presse

    As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 30 novembre 2012)
    Imad Marmal
    Le 14 Mars a dépassé le stade du boycott du dialogue, du Parlement et du gouvernement. Au niveau psychologique, il est dans une logique de divorce. De hauts responsables du Courant du futur affirment que les compromis avec le camp adverse font désormais partis du passé. Pour eux, la discussion sur le changement du gouvernement dans le cadre de la table de dialogue est hors de question. « Est-ce que le Hezbollah a fait figurer la question de la démission des 11 ministres du 8-Mars du gouvernement de Saad Hariri à l’ordre du jour de la séance de dialogue ? », s’interrogent ces responsables. Les sources du Moustaqbal estiment qu’il ne faut pas se baser sur l’accord de Doha, car à l’époque, le 8-Mars, se sentant fort dans le sillage des évènements de 7 mai, a imposé ses conditions, « tout comme Hitler a imposé aux Français l’accord de Versailles après son occupation de la France ». Les mêmes sources ajoutent que le seul dossier qui doit être inscrit à l’ordre du jour du dialogue est celui des armes du Hezbollah. Ils indiquent que le Hezbollah, qui a affaibli le camp de la modération sunnite, doit maintenant en assumer les conséquences et coexister avec les phénomènes extrémistes qui apparaissent.

    As Safir (30 novembre 2012)
    Des source officielles rapportent que le président de la République Michel Sleiman n’envisage en aucun cas de proroger le mandat du Parlement, « même si toutes les parties politiques en conviennent ». Le chef de l’État serait toutefois en faveur d’un report dans un seul cas : si une entente est possible, d’ici aux élections, sur une loi assurant une meilleure représentativité et faisant retomber la tension dans le pays, et s’il s’avère qu’il faudra plus de temps pour la promulguer, le président Sleiman ne verra pas d’inconvénient à prolonger un peu les délais constitutionnels.

    As Safir (29 novembre 2012)
    Nabil Haithaim
    Le 14 Mars s’est montré concerné par la victoire de la Résistance palestinienne dans la Bande de Gaza. Il s’est empressé d’y envoyer une délégation, laissant entendre que la solidarité avec le peuple palestinien n’est pas l’apanage d’une partie libanaise ou régionale déterminée. Les uns ont salué la visite du 14-Mars. D’autres l’ont qualifiée d’acte audacieux, voire historique. Et certains se sont vantés du fait que le 14-Mars fut le premier à ouvrir le chemin de la Palestine par des actes et non pas des paroles, soulignant que les autres doivent lui emboîter le pas.
    Sur l’autre rive, les forces du 8-Mars qualifient la visite du 14-Mars à Gaza de « geste théâtral », lié aux foires d’empoignes internes au Liban, et considèrent qu’elle relève d’un acte opportuniste qui vise à faire de la surenchère sur les forces de la Résistance au Liban. Le constat du 8-Mars se base sur le caractère ponctuel de la visite du 14-Mars et sur la performance de ce dernier tout au long des sept dernières années.
    Partant de là, le 14-Mars est appelé à répondre aux questions suivantes : Qui a eu l’idée d’organiser cette visite à Gaza ? Qui l’a cautionnée ? Est-ce le Qatar, les Frères musulmans, l’Égypte ou le Hamas ? La visite a-t-elle pris en compte la position des États-Unis et de l’Arabie saoudite, d’autant plus que le roi Abdullah s’est distancié des évènements de Gaza, se contentant d’appeler les antagonistes à faire prévaloir la raison ? Sont-elles véridiques les informations qui disent que la visite n’aurait pas eu lieu si le Hamas n’avait pas quitté le giron syro-iranien en faveur de son allégeance au Qatar, à la Turquie et à l’Égypte ?
    Selon la lecture du 8-Mars, le 14-Mars croit que les peuples ont droit à la libération de leurs territoires occupés et opte pour la « résistance diplomatique » en tant que moyen de parvenir à cet objectif. Comment se fait-il donc qu’il soutient la Résistance armée en Palestine et s’oppose à la Résistance armée au Liban ? Les forces du 8-Mars s’interrogent : Comment le 14-Mars reconnaît-il la victoire de la Résistance palestinienne à Gaza et nie la victoire de la Résistance au Liban durant la guerre de 2006 ? La banlieue sud n’avait-elle pas droit à une visite de quelques minutes de la part de ceux qui se sont rendus à Gaza ?

    An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    Sarkis Naoum (30 novembre 2012)
    Il y a quelques mois, des accrochages ont opposé les rebelles syriens aux forces régulières syriennes à Damas et alentour. Il a été dit, à l’époque, que la bataille de Damas a débuté et que son dénouement précipitera la victoire des insurgés. Toutefois, les forces du régime ont réussi à tenir la capitale d’une main de fer. Pourquoi revenir sur cet échec des rebelles ? Tous les médias regorgent, depuis quelques jours, d’informations confirmant que la bataille de Damas a commencé, mais que cette fois-ci, c’est le régime qui en a pris l’initiative pour faire pencher la balance en sa faveur dans la capitale. Les pro-Syriens au Liban assurent que le président Assad l’emportera, alors que les anti-Syriens considèrent qu’il y a de fortes chances que le régime et ses forces soient évincés de la capitale et de sa province. Quid après la bataille de Damas ? Les analystes ne sont pas unanimes quant à la réponse à y apporter.

    An Nahar (29 novembre 2012)
    Le président du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), David Baragwanath, a qualifié les rapports du TSL de stupéfiants, assurant qu’« ils resteront secrets jusqu’à ce que les accusés soient localisés ». Le magistrat a estimé que le Liban a coopéré avec le tribunal. Au sujet de l’appartenance de Wissam al-Hassan au groupe des témoins principaux du tribunal, il a annoncé qu’« il ne connaît pas l’identité des témoins » et que « l’attentat qui a coûté la vie au général al-Hassan ne relève pas des fonctions du tribunal, à moins que l’État libanais, le Conseil de sécurité et l’Onu n’en décident autrement, comme le stipule le règlement de la cour ». Concernant l’implication des membres du Hezbollah dans l’attentat contre Rafic Hariri, le juge Baragwanath a indiqué qu’« être partisan du Hezbollah veut dire être partisan d’un parti politique, et que le juge ne s’intéresse pas à la religion ou l’affiliation politique d’une personne ».

    An Nahar (29 novembre)
    Rosanna Bou Mouncef
    Ces derniers jours, des propos attribués à un diplomate français sur le possible report des élections législatives ont circulé parmi des hommes politiques libanais qui l’ont récemment rencontré à Paris. Bien que l’éventuel ajournement du scrutin pour une période de six mois, afin de permettre un accord sur une nouvelle loi électorale, a d’abord été évoqué par le ministre de l’Intérieur, personne au Liban ne lui a accordé de l’importance. Pourtant, M. Marwan Charbel est le responsable officiel le plus directement concerné par l’organisation des législatives. En revanche, les propos attribués au diplomate français ont provoqué une confusion chez certains milieux politiques, qui ont tenté d’en savoir plus auprès de l’ambassadeur de France à Beyrouth. M. Patrice Paoli a démenti ces informations, et une autre source diplomatique occidentale au Liban a également affirmé ne pas disposer d’informations sur une démarche française visant à ajourner le scrutin.
    Une source bien informée indique que si report il y a, cela donnera du Liban l’image d’un pays incapable de respecter ses échéances constitutionnelles lorsqu’il est appelé à gérer seul ses affaires.
    À la lumière de toutes ces données, le président de la République, Michel Sleiman, a exprimé sa détermination à organiser les élections à la date prévue, affirmant qu’il ne signera pas un décret proposant la prorogation du mandat du Parlement actuel. Le président de la Chambre, Nabih Berry, a aussi exprimé son étonnement au sujet des informations faisant état d’une possible prorogation du mandat de l’Assemblée.
    En fait, la question du report du scrutin n’est plus étrangère aux salons politiques, avec la prolifération de « fatwas » justifiant un tel ajournement. Il y a d’abord le refus d’une grande partie des acteurs politiques de la tenue des élections à l’ombre de la loi de 1960. Si les élections ont quand même lieu dans un climat de mésentente et de conflit entre l’Iran et l’Arabie saoudite, cela pourrait se traduire par une recrudescence de la tension. Ensuite, d’aucuns affirment que si les élections ont lieu dans les circonstances actuelles, cela ne signifiera pas qu’elles seront représentatives. D’autres, enfin, pensent que le gouvernement actuel, contrôlé par le 8-Mars, n’a pas intérêt à la tenue d’élections qui verraient l’émergence d’une majorité pour le 14-Mars. Le 8-Mars souhaite un accord préalable sur une nouvelle loi électorale et sur la forme du gouvernement post-électoral.

    An Nahar (28 novembre)
    Samir Mansour
    Le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a-t-il pris de court toutes les parties concernées en convoquant les élections du Haut conseil islamique chérié à la fin du mois prochain ? Ces élections auront-elles lieu ? Ces questions se posent en raison des appels à l’ajournement de ce scrutin, émanant en particulier de parties proches du bloc parlementaire du Courant du futur. Mais ce camp n’aura pas gain de cause car le mufti Kabbani, inflexible, assure qu’il ne cèdera pas aux pressions, si fortes soient-elles. Il faudra toutefois tenir compte d’une autre question : le quorum sera-t-il assuré ? En cas de défaut de quorum, les élections devront être reportées.

    An Nahar (28 novembre)
    Ibrahim Bayram
    Ceux qui analysent les dernières prises de positions du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, découvriront sans trop de difficultés que ses opinions et celles du Hezbollah sont divergentes sur 90 % des sujets : son éloignement de la formule armée-peuple-résistance, ses critiques contre le rôle iranien, le TSL, la question des armes et la vision stratégique du Hezbollah au sujet du conflit israélo-arabe. Avec toutes ces divergences, on se demande sur quoi se base M. Joumblatt pour dire que sa relation avec le parti est « excellente ».
    Des milieux connaissant bien les deux parties indiquent qu’une des principales raisons expliquant la poursuite de la relation entre Joumblatt et le Hezbollah est, justement, cette ambiguïté qui la caractérise. Au début des événements en Syrie, et après que le chef du PSP eut décidé de soutenir les opposants au régime, les milieux médiatiques et politiques ont cru déceler l’existence d’un accord selon lequel le Hezbollah accepte les positions de M. Joumblatt sur la question syrienne, à condition que le dénominateur commun sur le gouvernement et les armes soit préservé.
    Les deux parties semblent avoir trouvé leur intérêt dans cette « cohabitation ». Joumblatt a engrangé des gains qu’il n’avait même pas obtenu lorsqu’il était le fer de lance du 14-Mars : trois ministres avec portefeuilles, un rôle politique central qui en fait un des principaux acteurs. Le Hezbollah aussi a profité de cette relation car Joumblatt assure un quorum politique au gouvernement et au Parlement, qui permet de maintenir les rapports de forces actuels dans le pays.
    La question qui se pose est celle de savoir si cette relation pourra se maintenir, surtout qu’il devient difficile pour le Hezbollah et sa base de supporter le plafond élevé des critiques joumblattistes, d’autant que parfois elles remettent en cause des questions considérées par le parti comme des « constantes ».
    Des milieux proches du Hezbollah assurent qu’il est dans son intérêt que la relation avec Joumblatt se poursuive, en dépit de l’ambiguïté qu’il l’entoure. Surtout que la période actuelle, au Liban et dans la région, reste très floue, ce qui brouille la vue non seulement de M. Joumblatt mais aussi de certains États, notamment en ce qui concerne les événements en Syrie. L’important pour le Hezbollah est que l’équation interne, mise en place après la formation du gouvernement Mikati, reste stable. Et l’un des principaux éléments de cette stabilité est M. Joumblatt. C’est d’autant plus important que la période actuelle est caractérisée par l’attentisme.

    Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 30 novembre 2012)
    Nasser Charara
    Le 4 novembre, la Commission des Affaires extérieures avec les pays du Machreq au Parlement européen a tenu une réunion consacrée aux réfugiés syriens. Lors des discussions, des chiffres précis sur le nombre et l’appartenance sociale des réfugiés syriens ont été présentés. Il a été souligné que la Syrie accueille un million de réfugiés irakiens et un demi-million de Palestiniens qui ne sont toujours pas rentrés chez eux.
    Ahmad Fatfat a prononcé une allocution qui a indisposé certains députés européens car elle était hors-sujet. Le député du Courant du futur a profité de la tribune pour évoquer la question libanaise interne et tenter d’obtenir le soutien de l’Europe à une feuille de route susceptible de ramener son camp politique au pouvoir. Dans son discours, M. Fatfat s’est plaint du gouvernement de Najib Mikati, sollicitant l’aide de l’UE pour obtenir son départ. Il est revenu sur l’affaire Michel Samaha et a fait assumer au gouvernement libanais la responsabilité de l’assassinat du général Wissam al-Hassan. Il a aussi mis en garde le Parlement européen contre le fait que « les Gardiens de la révolution iraniens se trouvent sur les rives du Levant. » Il a réclamé son appui au printemps arabe et à l’opposition syrienne, affirmant que ce soutien est susceptible de garantir la protection et la stabilité du Liban. Le député a critiqué la politique de dissociation du Liban à l’égard de la crise syrienne, adoptée par le gouvernement Mikati, estimant que cette politique vise en fait à protéger le régime syrien. Il a dénoncé l’intervention du Hezbollah en Syrie et le refus du parti de se plier à la justice internationale, notamment dans l’affaire Rafic Hariri.
    M. Fatfat a ensuite proposé une sorte d’initiative de règlement de la crise libanaise, qui ne prévoit nulle part le retour à la table du dialogue, prônée par le président de la République, Michel Sleiman. En substance, la démarche proposée vise à obtenir le départ du gouvernement Mikati et empêcher un vide politique, voulu selon lui par le Hezbollah et ses alliés, en encourageant la formation d’un cabinet de technocrates.
    La réponse européenne n’a pas tardé, même si elle était indirecte. Dans son mot de clôture, le responsable de l’action extérieure de l’Europe, Jan Snadauf, s’est félicité de la coopération étroite et de haut niveau entre l’Union européenne et le Liban et a exprimé la satisfaction de l’Europe à l’égard de la politique de dissociation. Il a réaffirmé le respect officiel européen pour les politiques du gouvernement libanais et salué le climat qui a prévalu lors des réunions tenues dans le cadre du partenariat entre les deux parties. Les propos de M. Snadauf, considérés comme reflétant la position officielle du Parlement européen, ont été perçus comme une gifle assénée non seulement à Fatfat mais aussi à l’homme qui voulait adresser à travers lui un message à l’Europe : Saad Hariri.

    Al Akhbar (29 novembre 2012)
    Nicolas Nassif
    Les législatives de 2013 sont au centre de l’actualité, après la position exprimée par le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, qui s’est dit attaché à la tenue du scrutin indépendamment de la loi électorale sur base de laquelle il devrait se dérouler. Une prise de position qui a donné lieu à une vive polémique, voire à des tiraillements internes : après avoir rejeté la loi de 1960 et conditionné les élections à une nouvelle loi tenant compte de la représentativité chrétienne, le patriarche a donné la priorité aux élections sur toute loi censée régir le scrutin, la loi de 1960 comprise. Les propos du prélat coïncident avec une prise de position similaire, par le président de la République Michel Sleiman, lorsqu’il s’est prononcé contre toute prorogation arbitraire du mandat de la Chambre. En clair, il s’agit de donner la priorité absolue à la tenue des élections de 2013, alors que le chef de l’État, tout comme le prélat mais avec moins de vigueur, s’était opposé à la loi de 1960.
    Le patriarcat maronite avait donc rejeté la loi issue de l’accord de Doha —seule clause de cet accord à être toujours de mise—. En effet, le « président consensuel » ne l’est plus, le gouvernement d’union nationale n’a pas réussi l’expérience de la cohabitation entre loyalistes et opposants, et le dialogue national, boycotté par le 14-Mars, ne démarre pas. Aujourd’hui, le patriarche insiste pour que les élections aient lieu, et accepte implicitement qu’elles se déroulent conformément à la loi en vigueur. Dès lors, les autres parties pourront invoquer cette prise de position pour justifier leur consentement à voir les élections de 2013 se tenir sur la base de cette loi.
    Depuis l’assassinat du général Wissam el-Hassan, le 14-Mars boycotte le parlement jusqu’à la chute du gouvernement de Najib Mikati. Mais comme le 8-Mars et le député Walid Joumblatt sont contre une démission du cabinet, le Parlement pourra difficilement se réunir pour promulguer une nouvelle loi électorale.
    À cela s’ajoute le fait que le député Joumblatt tient à rester équidistant du 8-Mars et du 14-Mars. Il bloque la majorité parlementaire en rejetant le projet de la proportionnelle, et en même temps, ne rejoint pas l’opposition pour lui permettre de faire passer le projet prévoyant un découpage en 50 circonscriptions. Ce qui ne laisse aux uns et aux autres qu’un seul choix : la loi de 1960.

    Ad Diyar (Quotidien libanais proche de la Syrie, 29 novembre 2012)
    Hicham Yéhia
    Les campagnes médiatiques et politiques lancées par le 14-Mars contre le gouvernement actuel sont un coup d’épée dans l’eau. Des sources ministérielles centristes rapportent que les entretiens et les concertations qui ont eu lieu entre le Premier ministre Najib Mikati et les responsables français à Paris ont fait transparaître le souci de la France de traiter avec le gouvernement de Mikati au même titre que les autres institutions constitutionnelles au Liban, lesquelles incarnent les relations d’amitié franco-libanaises.
    Les sources précitées soulignent que le chef du gouvernement libanais a retenu un message sans ambages des responsables français, qui sont en contacts continus avec Washington et les pays arabes modérés, selon lequel la France refuse toute mesure susceptible de créer un vide dans le pays, d’autant que l’une des priorités de la France et de ses alliés et amis régionaux et internationaux est d’empêcher le transfert de la crise syrienne au Liban.
    Par conséquent, constatent les mêmes sources, le maintien du gouvernement de Mikati est un besoin arabe et international en vue de faire passer le temps avec le moins de dégâts possibles. Les dirigeants des grandes puissances, ajoutent-elles, considèrent unanimement que les positions de l’opposition libanaise ne sont pas réalistes et ne sont pas conformes aux circonstances actuelles au Moyen-Orient et en Syrie.

    Al Joumhouria (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
    Odaï Daher (29 novembre 2012)
    Des informations non confirmées circulent dans les milieux diplomatiques arabes et occidentaux selon lesquelles des contacts secrets ont été engagés entre les États-Unis et l’Iran, en guise de prélude à une entente irano-US sur deux dossiers principaux : le programme nucléaire iranien et la crise syrienne. Le chef du Parlement iranien, Ali Larijani, proposera-t-il le départ du président Bachar al-Assad ?

    L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars)
    Scarlett Haddad (30 novembre 2012)
    Le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah était différent des précédents. D’abord par la concision et ensuite par la clarté des messages délivrés qui n’étaient pas comme à l’accoutumée enrobés dans des figures de style. En (relativement) peu de temps, sayyed Hassan Nasrallah a pris position sur la plupart des dossiers en suspens, de Gaza à Bahreïn, en passant par la Syrie et Israël pour finir sur la situation interne libanaise. En évoquant clairement toutes ces questions, le secrétaire général du Hezbollah a confirmé le rôle régional de son parti dont l’influence dépasse les frontières du Liban. Il est d’ailleurs régulièrement accusé d’être impliqué dans des affaires concernant d’autres pays. Le Hezbollah a toujours nié intervenir dans les affaires internes d’autres pays, même frères ou amis, mais cela ne l’empêche pas d’avoir des opinions et de les afficher, confirmant ainsi sa stature régionale.
    Actualité oblige, sayyed Nasrallah a donc commencé par commenter les derniers affrontements de Gaza et là son message est clair : selon lui, ce qui s’est passé dans la bande est désormais le modèle de toute confrontation future entre Israël et les Arabes. Il est d’ailleurs clairement apparu à travers les derniers affrontements de Gaza que les services de renseignement israéliens, dans leurs différentes branches, sont mal informés et affaiblis, puisqu’ils n’ont pas réussi à savoir que les Palestiniens comptaient utiliser des missiles Fajr 5 d’une portée de 80 km et les lancer sur Tel-Aviv, Jérusalem et d’autres villes. Ces services ignorent aujourd’hui encore la nature et le nombre des missiles entre les mains de la résistance palestinienne. Pour Nasrallah, il est clair désormais que les Israéliens ne peuvent plus songer à briser la résistance arabe, qu’elle soit palestinienne, libanaise ou autre, en utilisant leur seule aviation militaire. Le fameux principe de « la première frappe », longtemps utilisé par les avions israéliens qui bombardent massivement les centres névralgiques pour traumatiser du premier coup l’ennemi, a prouvé ses limites, voire son inefficacité, puisqu’à Gaza comme au Liban, ni les premières, ni les deuxièmes, ni même les bombardements aériens suivants n’ont réussi à réduire de façon significative la puissance de feu de la résistance.
    L’autre point relevé par le secrétaire général du Hezbollah réside dans le fait que le front interne israélien reste très faible, en dépit de toutes les manœuvres effectuées et de toutes les mesures adoptées avec un grand tapage médiatique censé impressionner l’ennemi, pour le renforcer. Nasrallah a encore précisé que le fameux dôme d’acier (ou le système de bouclier antimissiles) censé protéger Israël des attaques de la résistance n’a pas fonctionné comme il se devait en dépit des assurances des dirigeants israéliens. Cette protection et le battage psychologique fait autour du sujet dans le but de terroriser l’ennemi n’ont pas réussi à entamer la détermination des Palestiniens. Les derniers affrontements de Gaza ont aussi provoqué une grande confusion au niveau des dirigeants israéliens, et le départ du ministre de la Défense Ehud Barak n’est, selon Nasrallah, que la partie visible de l’iceberg. Désormais, a affirmé le secrétaire général du Hezbollah, Israël devra longuement réfléchir avant de lancer une nouvelle agression, contre les Palestiniens, contre le Liban et même contre l’Iran. N’en déplaise à tous les Cassandre qui, au Liban, commencent à affirmer qu’Israël pourrait se venger après Gaza sur le Liban, Nasrallah a été très clair sur ce point, ayant cette formule : si des missiles moins nombreux que les doigts de la main ont fait trembler Israël, que serait-ce avec les milliers de missiles qui seraient lancés à partir du Liban en cas d’attaque contre ce pays ?
    Nasrallah a aussi affirmé que toutes les régions d’Israël sont à la portée des missiles du Hezbollah. À cet égard, il faut préciser que le Hezbollah n’a jamais donné de précisions sur le nombre de missiles qu’il possède. Mais certains milieux proches de cette formation précisent qu’il en aurait près de 70 000. La question qui se pose est la suivante : comment le Hezb peut cacher un tel nombre de missiles dans un pays comme le Liban, petit et surpeuplé, où tout se sait, sans que nul ne puisse dévoiler l’emplacement des caches ? C’est aussi une nouvelle preuve de la discipline et de la solidité de l’engagement des combattants du Hezbollah.
    Il est en tout cas clair que les événements de Gaza ont, selon Nasrallah, donné un nouvel élan à la résistance dans toute sa variété, établissant un nouvel équilibre de la terreur et limitant les choix d’Israël. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, selon le Hezbollah, le TSL a soudain repris du poil de la bête et si les procédures se sont accélérées pour compenser la perte de vitesse d’Israël et de ceux qui continuent de miser sur l’État hébreu.
    Sur le plan interne, Nasrallah a répété ce qu’il avait déjà dit : l’attachement de la formation qu’il dirige au dialogue, à la stabilité et la paix civile. Mais il a tout de même refusé d’être traité avec arrogance et supériorité. Il a en quelque sorte confirmé la position de son parti qui estime que le Liban obéit à un équilibre des forces très délicat qu’il faut respecter sinon c’est l’ensemble qui s’effondre. En d’autres termes, aucune composante libanaise ne peut éliminer l’autre, et il faut s’incliner devant cette réalité. En même temps, Nasrallah a laissé entendre que l’actuel gouvernement devrait rester en place jusqu’à ce qu’il y ait une entente sur son successeur, car il ne faut pas laisser à l’heure actuelle un vide sur le plan de l’exécutif. Qu’on le veuille ou non, il rejoint ainsi la position de l’Occident qui a, à maintes reprises au cours des dernières semaines, confirmé son refus du vide au niveau de l’exécutif pour éviter des développements qui détourneraient l’attention générale de la situation en Syrie. Ce n’est d’ailleurs pas la seule bizarrerie de cette étrange période.

    L’Orient-Le Jour (30 novembre 2012)
    Le magistrat Riad Abou Ghida, chargé de l’affaire de l’ancien ministre Michel Samaha, ne compte pas se désister « du moins jusqu’à présent », ont affirmé des sources judiciaires rapportées par la chaîne télévisée LBCI. Selon ces sources, « le procureur général près la Cour de cassation, le magistrat Hatem Madi, rencontrera la semaine prochaine le magistrat Riad Abou Ghida pour parler du dossier ».
    Également selon ces sources, l’affaire n’a pas encore été tranchée, « parce que les enquêtes ne sont pas encore finies ». Des mesures doivent encore être prises, précisent-elles, soulignant que « depuis le 16 août dernier, M. Samaha n’a pas comparu devant le juge Abou Ghida. De plus, la date de la prochaine séance d’interrogatoire n’a pas été fixée ».
    D’après ces sources, la justice libanaise ne peut pas émettre un mandat d’arrêt à l’encontre du général syrien Ali Mamlouk, dont le nom de la mère est inconnu, pour éviter toute confusion. Selon d’autres sources sécuritaires, « l’enquête menée par le bureau des services de renseignement des FSI est complète et il n’y a aucune excuse pour ne pas trancher l’affaire ».

    Source New Orient News (Liban)

  • L’Amérique (auto)destructrice

    L’Amérique (auto)destructriceLa récente tuerie, la dernière d’une longue série, de l’école primaire Sandy Hook, à Newtown, dans le Connecticut, qui a provoqué la mort de 27 personnes, dont 20 enfants, a suscité, outre une émotion bien légitime, les déclarations traditionnelles, que l’on s’attend à entendre dans de telles circonstances.
    Le lobby des armes à feu, incarné par la National Rifle Association, a encore une fois été dénoncé, mais l’on peut conjecturer qu’il n’y aura aucune suite à une mise en accusation, qui, pour autant, ne sert pas réellement à identifier le problème de fond qui mine la société américaine.
    Pour expliquer les aberrations qui prolifèrent comme une pandémie, et qui meurtrissent aveuglément des innocents au gré des caprices des tueurs, les commentateurs ont à leur disposition une mallette de notions passe-partout, qui, outre l’argument majeur des 200 000 000 d’armes qui se baladent de l’Atlantique au Pacifique, usent tout le lexique fourni en matière de sociologie, d’éducation, et surtout de psychologie. On met l’accent, avec raison, sur la déstructuration des personnes, sur les conflits qui détruisent les liens familiaux, sur la désocialisation des individus enfermés dans un monde intérieur peuplé des fantasmes virtuels de l’internet, sur la haine, la jalousie, le ressentiment qui empoisonnent des consciences perverties par la société du spectacle, de la marchandise, et de la réussite à tout prix, sur la disparition des inhibitions, des tabous moraux qui rendent les gestes meurtriers anodins, banals. Tout cela est vrai, mais peu sont ceux qui dévoileront la cause ultime de ce désastre : l’Amérique elle-même.
    Dans son passionnant ouvrage, « Stendhal et l’Amérique », Michel Crouzet a évoqué le désamour que l’auteur de Lucien Leuwen avait éprouvé pour la république américaine, après une période d’illusions démocratiques. Cette analyse d’un itinéraire que beaucoup connaîtront après avoir découvert la réalité du Nouveau Monde est en soi l’auscultation attentive d’une civilisation qui est la seule à avoir inventé, dans l’Histoire, une forme inédite de massacre, celui de ses propres enfants.
    Stendhal a bénéficié, en lecteur exigeant, de nombreux récits de voyageurs tels que Victor Jacquemont, Basil Hall, Mrs Trollope, Miss Frances Wright, Félix de Beaujour, Volney, dont certains étaient de ses amis, et tous, des écrivains capables de prendre une distance critique. Il n’est pas anodin que Mrs Trollope, par exemple, Anglaise émancipée s’il en est, passa l’Atlantique Wigh, pour revenir Tory !
    Stendhal, qui n’était pas réactionnaire, voyait dans l’Amérique, certes, le progrès, mais aussi la décadence, une régression de la civilisation. L’américanisme était l’avenir, mais il ne serait pour rien au monde devenu Américain. Le progressisme du Nouveau monde, extrémité occidentale de l’Europe, accentue la modernité, qui est arrachement à la sensibilité, jusqu’à son anéantissement. L’homo faber est avant tout l’homme destructeur. Si la volonté et le calcul y sont les instruments de sa liberté, elles servent aussi à maîtriser aussi bien l’être intérieur que la nature.
    Stendhal oppose l’homo americanus au Français, sociable, galant, léger et peu rentable, et surtout à l’Italien, dont la passion rentrée peut éclater en folie destructrice, mais néanmoins civilisatrice, pour peu qu’elle soit sublimée par l’éros et la beauté, ces frivolités essentielles de l’humain différencié. L’archaïsme italien favorise l’épanouissement individuel et collectif, tandis que la perfection politique des Etats-Unis les plonge dans une crise permanente.
    L’homme de raison des Lumières a porté dans ses bagages le progrès et l’ennui. Le négociant européen y est devenu roi. Dans le roman inachevé « Lucien Leuwen », le héros éponyme dit : « Prenez un petit marchand de Rouen ou de Lyon, avare et sans imagination, et vous aurez un Américain ». Un roi multiplié, plébéien, bassement calculateur, régnant sur un continent. Ce qui suffit à donner la mesure de la catastrophe historique que fut le triomphe des Anglo-saxons (Stendhal, à la suite de son ami anglais S. Sharpe, assure que « les Américains ne sont que la quintessence d’Anglais ») sur la terre des Amérindiens, et ce qu’elle fût devenu si les Français, qui s’occupaient plus de nouer des relations galantes avec les Indiennes que de bâtir une utopie biblique, avaient imposé leurs mœurs.
    Au lieu de quoi on eut une sorte d’in-civilisation, la société industrielle de l’Angleterre poussée à son paroxysme, dont les traits sont amplifiés : moralité hyperbolique, puritanisme, austérité, répression du désir, rentabilité, productivité, brutalité des rapports économiques et sociaux, exploitation de la force de travail. Une Angleterre sans sa culture aristocratique de la différence, au demeurant. « L’homme n’[y] est mû que par trois idées : l’argent, la liberté et Dieu ». Avec une prédilection pour la première.
    Ce qui pourra paraître paradoxal pour un contemporain est l’anti-rousseauisme de Stendhal. Il reprend, par l’idéologue Volney, les préjugés de Voltaire sur les « sauvages », qui, par nécessité, sont réduits à vivre misérablement, poussés par un besoin de subsistance précaire, sans imagination, sans dilapidation gracieuse des biens, qui est la condition indispensable pour que l’idée de luxe apparaisse, donc de plaisir, de raffinement, d’intériorisation du délice, et de la construction de rapports sophistiqués avec autrui. L’Indien est un barbare naturel, donc utilitariste. C’est pourquoi il est l’exact miroir de l’homme démocratique américain, uniquement préoccupé d’une économie matérielle d’accumulation des biens et de leur consommation mélancolique.
    La table rase qui a initié un monde nouveau, quelle qu’ait été sa violence originelle, qui subsiste cependant autant dans la conscience profonde du descendant de pionnier, que dans l’attachement épidermique à la possession d’armes à feu, a eu pour effet d’effacer toutes les origines, les personnalités, les véritables différences. L’Américain moyen ne déteste rien tant que la supériorité ou l’originalité. La Terre promise est un pré uniforme où paît le troupeau de Dieu. Le brassage recrée le désert. La masse oppresse, le jugement, le droit, le contrat deviennent le seul critère assurant un lien entre des atomes exilés.
    L’oppression du groupe est d’autant plus prégnant qu’elle n’est pas équilibrée par l’oisiveté cultivée, le loisir épicurien, la dilection gratuite, donc salvatrice. Hormis le travail et la prière, il n’y a rien. Ou tout, ce qui est la même chose. Il est même, et surtout, impossible de se rattacher à un passé, puisque le Nouvel Eden est à construire, et à universaliser. Le temps est à défricher, comme la frontière, et de façon violente. La forêt, la nature, les minerais, le territoire, les paysages, ne sont plus que des instruments de la puissance. Les voyageurs du XXème siècle ont été stupéfaits de découvrir combien le paysan américain, qui n’est plus un paysan, mais un spéculateur, ne s’attache ni à un lieu, ni à la beauté d’un endroit, ni même aux séductions existentielles qu’il offre : ils coupent tout, vendent, puis s’en vont. Le rapport à la nature y est brutal, irrespectueux. Les terres sont si nombreuses, si vastes, si étrangères, au fond, à l’identité des hommes qui en prennent possession, qu’il est vain de s’y arrêter, et, comme sur le Vieux continent, de les transformer en ces œuvres d’art que sont les paysages des nations européennes.
    Nous touchons là l’une des sources de la violence endémique qui mine la société américaine, et qui en fait une des civilisations les plus anormales de l’histoire humaine, une des raisons pour lesquelles elle parviendra peut-être à subjuguer les autres civilisations, à les détruire, et à anéantir, avec elles, l’humanité.
    Car si l’Europe s’est faite peu à peu, dans la longue durée, par une série de cultures conquérantes qui ont absorbé, sans les éradiquer, celles qui leur avaient succédé, des temps préhistoriques jusqu’au moyen-âge, la société américaine a supprimé tout ce qu’elle considérait comme le « mal », les Indiens, la culture européenne, le temps « mort », mais qui vit, pour instaurer ce qu’elle a toujours considéré come un destin manifeste, voulu par Dieu, sans distinction de la variété du monde et de la légitimité des autres visions du monde. En revanche, dès le néolithique, le terroir européen a pris forme, dans un équilibre sage et patient entre la nature sauvage et la nature domestiquée, entre la chasse, la cueillette et l’agriculture, entre la part libertaire de l’homme et sa portion sociale, perçue comme élévation vers une plus grande liberté, laquelle a toujours été perçue come une libération par rapport aux besoins biologiques de l’individu, donc des nécessités économiques. Cette prise en compte civilisationnelle des complexités humaines a produit le grand Art et l’amour fin, considérés comme des idéaux à atteindre par l’élite. L’esclavage réel n’est que celui de la rationalité instrumentale, qui ne donne que ce qu’elle vaut. L’homme se construit à partir de son affectivité, de sa sensibilité, de son monde intérieur, et de l’invention de nouvelles sensations, de tout ce qui éloigne du mécanique.
    Qui veut faire l’ange fait la bête. A vouloir en finir avec la corruption, à quoi l’Américain réduit l’oisiveté aristocratique, le luxe et les plaisirs de l’art et de l’amour, on finit par dénaturer l’homme, par le déshumaniser, par rompre avec ce qui le constitue en tant qu’être sociable, à conjuguer la froideur standardisante aux brusques explosions pornographiques et meurtrières, les deux d’ailleurs se rejoignant dans l’usage immodéré du calcul.
    Plutôt que la prolifération des armes à feu, que les journalistes et responsables politiques s’évertuent de combattre, comme si l’élimination de boutons sur la peau suffisait à faire disparaître une maladie, il vaudrait mieux se demander quelles sont les raison de fond d’un phénomène qui se répète, et s’amplifie. Toutes les règles drastiques de sécurité, et les tentatives d’éducation « civique », ne sont pas parvenues à prévenir un phénomène qui tend à se répandre partout où l’américanisation tend à déstabiliser les sociétés. De la Chine à la France, en passant par la Finlande ou l’Allemagne, la maladie gagne. Parfois, la pathologie s’adapte au terrain. En France, par exemple, il n’est pas rare qu’un père assassine femme et enfants avant de se donner la mort. Les modalités criminelles sont plus américanisées dans les pays du Nord, bien que la tuerie de Nanterre, le 26 au 27 mars 2002, nous ait livré un spécimen qui devrait réjouir le très californien groupe de « réflexion » Terra nova (tout un programme).Richard Durn apparaît en effet, par ses diplômes, son engagement dans le « camp du progrès », son ressentiment viscéral, comme un pur produit américanoïde.
    Du reste, tous ces tueurs appartiennent à la société hypermoderne. Non seulement parce qu’ils prennent la peine, comme dans les meilleurs scénarii hollywoodiens, de se déguiser en « guerriers » de la nuit, avec tenue noire commando et force armes automatiques, mais ils utilisent internet pour gonfler leur ego dans une geste pathétique et dérisoire de narcissisme aigu, et, si possible, de faire perdurer leur image, comme ils ont, eux-mêmes, pu s’inspirer de celle de leurs sinistres devanciers.
    Il est malheureusement certain que cette pathologie civilisationnelle va continuer de se mondialiser à mesure que le Nouvel Ordre mondiale s’universalise. Il est frappant, du reste, de noter que la tuerie de Newtown (dont le nom est révélateur) s’est produite dans une usine à éduquer, dans une école où plus de 600 enfants étaient rassemblés. La quantité, dans l’horreur, s’allie toujours avec l’atrocité, comme dans les abattoirs.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Il faut dissoudre l’Otan

    L’Alliance Atlantique et son bras armé l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Otan, datent de la fin de la deuxième guerre mondiale. Elles avaient été créées pour assurer la sécurité de l’Occident devant la menace que constituait l’Union Soviétique. Depuis l’Union Soviétique a disparu, la Russie ne constitue pas une menace et devrait intégrer à terme l’Europe, même si elle ne fait pas partie de l’Union Européenne et pourtant l’Otan existe toujours. 
’Europe et la France ont elles intérêt à son maintien ? N’empêche-t-il pas la constitution d’une défense européenne digne de ce nom, et n’entraine-t-il pas l’Europe et la France dans des interventions extérieures où elles n’ont pas d’intérêt ?

    L’Alliance Atlantique
    Alliance défensive, l’Alliance Atlantique a été fondée par le traité de l’Atlantique Nord à Washington, le 4 avril 1949. Créée pour développer la capacité de résister à toute attaque armée, elle s’est également fixée une mission complémentaire de prévention et de gestion des crises qui peuvent porter atteinte à la sécurité européenne. Elle a théoriquement pour objectif de sauvegarder la liberté, l’héritage commun et une civilisation qui déclare se fonder sur les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’état de droit comme le stipule son préambule repris de la Charte des Nations-unies.
    L’article 5 du traité sur la solidarité entre ses membres en cas d’agression, en est le point primordial. Le traité va finalement être l’élément qui soudera réellement le bloc occidental derrière les États-Unis, installant peu à peu une hégémonie américaine et une vassalisation de l’Europe. L’Alliance Atlantique rassemble vingt-huit nations raccordant l’Europe de l’Ouest à l’Europe de l’Est. Elle dispose d’une organisation militaire intégrée sous commandement américain.
    Le Sommet du Cinquantenaire de l’Organisation qui s’est tenu à Washington du 23 au 25 avril 1999 a débattu, entre autres, de la transformation de l’Otan dans le nouveau contexte géopolitique de l’après guerre froide, un débat centré en Europe sur la nature des relations entre l’Union et l’Alliance atlantique. La guerre du Kosovo menée alors, au même moment, a symbolisé le triomphe de la conception anglo-américaine : d’alliance défensive, l’Organisation tend à devenir l’instrument d’interventions offensives et l’Union européenne s’est placée sous sa tutelle.

    L’organisation militaire intégrée
    L’alliance ayant pour but de protéger l’Europe d’une attaque du bloc soviétique, les européens furent heureux de bénéficier du parapluie américain. Ils l’ont instamment réclamé à l’origine. L’organisation militaire fut donc dominée par l’Amérique qui en exerça les principaux commandements.
    Voulant secouer la tutelle américaine et garder l’indépendance de décision, le général de Gaulle décida de constituer une force nucléaire autonome et de quitter le commandement militaire intégré de l’Otan. Le siège de l’Otan quitta Paris pour Bruxelles en 1966 et toutes les infrastructures étrangères quittèrent la France. Celle-ci ne quitta pas pour autant l’Alliance Atlantique et des accords prévoyaient la réintégration des forces armées françaises en cas de conflit ouvert entre les deux blocs. Elle maintint des forces en République fédérale d’Allemagne (RFA). Déjà en 1962, au moment de la crise de Cuba, la France avait montré sa solidarité avec l’Alliance. De fait les forces françaises continuèrent à s’entrainer avec les forces de l’Otan et à s’aligner sur leurs normes, c’est à dire les normes américaines.
    Après la chute du mur et la disparition de la menace soviétique, la France participa pour la première fois à une opération de l’Otan dans les Balkans. C’était le début d’une réorientation de l’Otan qui avait perdu son ennemi naturel. Les attentats du 11 septembre lui ont offert un nouveau rôle, la lutte contre le terrorisme. L’islamisme remplace ainsi le communisme comme principale menace du monde libre. En 2009, la France réintègre l’Otan.

    Interventions de l’Otan
    La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, est la date symbolique de la fin de la guerre froide et marque la victoire sans combat de l’Alliance Atlantique sur l’Union Soviétique. La menace ayant disparu on aurait pu penser que l’Alliance, défensive, ou au moins son organisation militaire, allait disparaître. Il n’en a rien été, l’Europe n’ayant pas voulu ou pas pu constituer une défense crédible préféra rester sous le parapluie américain. Certains pays de l’Europe de l’Est, la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque choisirent même de la rejoindre, voulant se protéger d’un éventuel retour de la menace russe.
    D’une alliance défensive contre un ennemi défini, elle devint une alliance politique dont les objectifs furent peu à peu définis par les Etats-Unis qui assuraient, il est vrai, la plus grande part de la charge. Néanmoins, quand on récapitule les interventions militaires auxquelles l’Otan et ses alliés participèrent on peut se demander si elles servaient vraiment les intérêts de l’Europe et singulièrement de la France.
    En 1990, si l’intervention était bien cautionnée par l’ONU, ce sont les Etats-Unis qui entrainèrent une coalition de 34 états dans la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein pour la défense du Koweit. Le principal mobile de cette guerre était la défense des intérêts pétroliers et économiques des Etats-Unis. En 2003 la France refusera de suivre les Etats-Unis dans la guerre qui éliminera Saddam Hussein. Cette guerre durera jusqu’en décembre 2011 jusqu’au retrait du dernier soldat américain, laissant l’Irak dans le désordre et la violence.
    Dans les Balkans cela commencera avec l’éclatement de la Yougoslavie. D’abord en Bosnie où en 1995, l’Otan intervient contre les milices Serbes au profit des Bosniaques et des Croates. En 1999, avec l’accord implicite des Nations unies, l’Otan attaque la Serbie pour la contraindre à évacuer la Kosovo où la majorité albanaise est en rébellion, les bombardements durent 70 jours et obligent les forces Serbes à quitter le Kosovo. Le Kosovo est maintenant indépendant, mais la situation n’est toujours pas stabilisée et l’Otan y maintient encore des troupes (KFOR).
    La guerre d’Afghanistan débute en 2001 à la suite des attentats du 11 septembre, dans le but de capturer Oussama Ben Laden, elle est menée par une coalition réunie par l’Otan et à laquelle le France prend part, sous commandement américain. Peu à peu les buts de la guerre changent : on veut établir un gouvernement démocratique et chasser les taliban. La mort de Ben Laden en mai 2011 n’arrête donc pas les combats. Les Américains transfèrent peu à peu la responsabilité du conflit à l’armée afghane en annonçant leur retrait pour 2014. Il est peu probable que l’Afghanistan y gagne le calme et la démocratie.
    L’intervention en Libye en 2011, se fit apparemment à l’initiative de la France et de la Grande Bretagne mais fut en fait une intervention de l’Otan : les Etats-Unis assurèrent le succès de l’opération par des frappes initiales détruisant la défense anti aérienne de la Libye et fournissant un soutien en renseignements, en transports aériens, en ravitaillement en vol. Sans les Etats-Unis, quoiqu’on pense par ailleurs du bien-fondé de cette intervention, elle n’aurait pas abouti dans les mêmes conditions.
    La question que l’on peut d’abord se poser, c’est de savoir si ces interventions voulues par les Américains et motivées par la défense de leurs intérêts surtout en Irak et en Afghanistan, ont été d’un quelconque bénéfice pour la France et même pour l’Europe. Elles ont en général abouti à la déstabilisation des zones de conflit et à la propagation d’un l’Islam radical.
    L’intérêt des Etats-Unis se porte de plus en plus vers l’océan Indien et le Pacifique, faut-il les suivre ? En réalité la défense de l’Europe ne passe pas par-là, nous n’allons pas nous battre pour les Spratleys et les Paracels.
    Remarquons de plus que là où il s’agit de défendre les intérêts de la France, actuellement au Mali, l’Otan ne nous est d’aucune aide. Dans l’océan Indien pour lutter contre la piraterie, l’Europe s’est organisée et a mis sur pied l’opération Atalante à laquelle participe neuf nations européennes, ce qui prouve que, quand on veut on peut.

    L’OTAN nous impose les choix d’équipements
    L’Otan fonctionne aux normes américaines, ce qui revient à dire qu’elle s’aligne sur les méthodes de combat américaines ce qui est toujours couteux et pas forcément efficace.
    On est étonné quand on a connu les méthodes de combat du temps de Bigeard de voir crapahuter des hommes chargés de quarante kilos d’équipement, ce qui oblige à les véhiculer sur des itinéraires obligés et accroit leur vulnérabilité. Mais surtout la conception et les performances de nos matériels sont peu ou prou alignées sur les matériels américains.
    Prenons un exemple évident, le Rafale, un avion dit polyvalent supposé bon pour toutes missions. Il s’agit en fait d’un intercepteur bi-sonique adapté à l’assaut et à l’appui au sol. C’est un excellent avion mais fort cher. Pour quelles missions avons-nous besoin d’un intercepteur bi-sonique ? Sommes-nous menacés par des avions de son niveau ? Il ne semble pas et pour faire la police de l’espace aérien français ou même européen, le Mirage 2000 n’était-il pas bien suffisant. D’ailleurs les Suisses sont sur le point de lui préférer le Gripen suédois, mono-réacteur moins performant mais moins cher.
    Le Rafale est adapté à l’assaut et à l’appui au sol mais pour ces missions, il n’est nul besoin, bien au contraire, d’un avion bi-sonique si cher qu’on n’ose pas le risquer à basse altitude. Il aurait fallu développer un avion rustique, d’une grande autonomie et capable de grande capacité d’emport en armes, en quelque sorte un successeur de l’A-10 Thunderboldt II américain. Le Rafale de Dassault se trouve de plus confronté à l’Eurofighter Typhoon construit par un consortium européen. Les deux avions européens sont en concurrence, à ce jour Dassault n’a vendu aucun appareil hors de France, le Typhoon étant retenu par l’Autriche et l’Arabie Saoudite.
    On constate de plus que la tendance mondiale, y compris en Europe, est d’acheter, pour des raisons souvent politiques, le matériel américain, en l’occurrence le F-35 encore en développement et dont le prix ne cesse d’augmenter. Parmi les acheteurs du F-35 on trouve même des pays européens développant le Typhoon.
    Il est donc inutile de vouloir concurrencer un matériel américain fabriqué à des milliers d’exemplaires et qui devient la norme. Mieux vaudrait concevoir à l’échelle de l’Europe des matériels correspondant à nos besoins réels sans chercher à s’aligner sur les Etats Unis. Ajoutons que le Rafale, excellent avion qu’on n’arrive pas à vendre, est une lourde charge dans le budget des armées.

    Organiser la défense européenne
    Tant qu’il n’y aura pas d’union politique, totale ou partielle, l’organisation d’une défense européenne intégrée n’est pas envisageable. Si l’Otan est dissous il faudra cependant organiser au moindre coût la défense des différentes nations et faire ensemble ce qui peut l’être, en ne comptant plus sur le soutien américain.
    Certaines tâches communes peuvent être assumées dès maintenant par l ‘ensemble de l’Union si elles ne dépendent pas de choix politiques, pensons en particulier à la police de l’espace aérien européen qui devrait être organisée globalement sans tenir compte des frontières en regroupant les moyens actuellement dispersés. Cette défense serait centralisée aussi bien pour la surveillance et la police du ciel européen que la gestion des moyens qui lui sont affectés, installations de détection, avions. Déjà la police du ciel des Etats Baltes est assurée par les autres pays.
    Il pourrait en être de même pour la surveillance des frontières maritimes où les marines de l’Union seraient compétentes dans l’ensemble des eaux territoriales. Cela nécessiterait évidemment une unification des procédures et une compatibilité des moyens de détection et de transmissions. L’opération Atalante qui regroupe un certain nombre de bateaux de l’Union pour la lutte contre la piraterie montre que, nécessité faisant loi, les moyens de plusieurs pays européens peuvent être mis en commun efficacement.
    L’Europe constitue un marché important pour l’industrie de l’armement. Des exemples comme la concurrence actuelle sur le marché de l’avion multi-rôle qui finalement profite à l’industrie américaine ne devraient pas être. Cela nécessiterait la constitution d’une véritable Agence Européenne de l’Armement capable de définir les spécifications des matériels adaptés aux besoins des armées européennes, de faire des appels d’offre et de passer des marchés. Bien entendu il faudrait qu’elle se dégage de l’influence américaine et choisisse les matériels les mieux adaptés à nos besoins dans une perspective d’efficacité mais aussi d’économie. L’échec de la fusion EADS-BAE, ne va pas dans ce sens.
    La mise en commun pourrait s’étendre à de nombreux domaines : le transport aérien avec des appareils standardisés, gérés et entretenus en commun même si chacun reste la propriété d’un seul Etat, avec les procédures de location ou de compensations nécessaires, le ravitaillement en vol, les avions de patrouille maritime ou de guet aérien, la guerre des mines.
    Les satellites de transmission et de surveillance seraient bien entendu mutualisés, chacun ayant accès à leurs moyens selon des procédures à définir. Mais la mise en commun pourrait être étendue à d’autres domaines : achat de munitions et de combustibles et gestion des stocks, formation, entrainement, y compris pour l’utilisation des camps d’entrainement, des simulateurs, des champs de tir et des centres d’essais.
    Cela nécessiterait bien entendu la mise en place de structures qu’il faudrait définir les plus légères possibles et l’existence d’un état-major opérationnel commun permanent capable de gérer des interventions impliquant plusieurs pays. La dissolution de l’Otan et de ses structures surabondantes permettrait de récupérer, et au-delà, le personnel nécessaire. Ainsi, petit à petit, les militaires des différents pays de l’Union apprendraient à travailler ensemble sans la tutelle américaine.

    Les Etats-Unis se désengagent de l’Europe
    Comme le dit le général Jean Cot dans le numéro de mai de la RDN "Il est scandaleux que les gouvernements des vingt-sept pays européens et les plus grands dont le nôtre, puissent s’en remettre pour leur défense, au travers de l’Otan, à une puissance extérieure", d’autant que les Etats-Unis sont en train de réorienter leur défense vers l’Asie et le Pacifique, l’Europe n’étant absolument plus prioritaire.
    L’Otan nous a déjà entrainés dans des interventions où nous n’avions rien à gagner comme la Serbie, l’Irak et encore l’Afghanistan. Quand nous avons jugé bon d’intervenir en Libye nous n’avons pu le faire qu’avec l’aide des Etats Unis. Pour la Syrie même avec l’Otan, nous serions bien incapables d’y agir. Quant au Mali, où nous avons des intérêts à défendre contre la conquête du Nord-Mali par des islamistes radicaux, nous en sommes à rechercher le soutien de pays européens, d’ailleurs pas intéressés, les Américains et l’Otan ne nous suivront pas.

    Nous avons donc perdu toute indépendance de décision
    Pourquoi donc rester dans l’Otan, nous risquons d’être entrainés dans des conflits, où nous et les Européens n’avons rien à gagner notamment en Iran et peut être plus tard en Asie. Irons-nous nous battre pour les archipels de la mer de Chine sous lesquels il y a peut-être du pétrole alors que nous sommes incapables d’assurer la garde de nos Zones économiques exclusives ? Veut-on vraiment financer le bouclier antimissile américain, alors que nous finançons déjà notre dissuasion ?
    La dissolution de l’Otan mettrait l’Europe devant ses responsabilités, la nécessité de constituer une défense crédible, avec un niveau plus ou moins grand d’intégration.
    Il faut commencer par mettre en commun tout ce que l’on peut sans perdre son autonomie de décision puis, peut-être, aller vers des regroupements industriels ou nationaux. Mais tant que l’Otan existera, rien ne se passera et l’Europe restera une vassale des Etats Unis.
    Dernier argument géopolitique, la Russie considère l’Otan comme une menace, sa dissolution permettrait un rapprochement avec ce pays dont la place est maintenant dans le concert européen tant nous avons d’intérêts, économiques et politiques communs.

    François Jourdier http://www.voxnr.com

    notes : François Jourdier, est contre-amiral et membre des "Sentinelles de l’Agora"

    source : Revue Défense Nationale

  • Pays du goulag levant (ex-USA): La mise au silence des voix dissidentes continue…

    La mise au silence de la dissidence continue au pays du goulag levant. Les voix des nations natives se lèvent de plus en plus, alors que de plus en plus de gens en Amérique du nord et du sud entrevoient la sagesse inhérente aux nations indigènes à intégrer dans notre société future.

    Pour comprendre l’empire, il faut comprendre comment le colonialisme occidental a géré la question indienne en Amériques du nord et du sud.

    La sortie du capitalisme et de l’étatisme doit devenir une priorité de notre réflexion.

    – Résistance 71 –

    “Le gouvernement américain fait de la discrimination raciale contre les natifs”

    Press TV  Le 12 Décembre 2012

    url de l’article original:

    http://www.presstv.ir/detail/2012/12/12/277725/native-americans-suffer-discrimination/

    ~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~ 

    Le gouvernement américain fait de la discrimination systématique contre les natifs améridiens lorsqu’ils parlent de leurs problèmes, rapporte Press TV.

    “Quand j’ai commencé à dire la vérité sur le nombre de natifs qui vivaient en Amérique du Nord lorsque l’invasion européenne a commencé, et que j’ai dit aux gens que le chiffre est passé de 100 millions de personnes en 1492 à 797 000 en 1934, je pense que quelqu’un n’a pas voulu que je dise la vérité”, a dit Jay Winter Nightwolf, un hôte radiophonique du American Indian’s Truth Show sur la chaîne de radio WPFW à Washington D.C

    Nightwolf a critiqué les manageurs de la station de radio pour avoir récemment changé son émission de tranche horaire, qui était diffusée à une heure de grande écoute en soirée depuis 11 ans.

    “Pour moi, cela revient à une forme de discrimination contre les diffuseurs natifs et les retransmissions natives, c’est également une façon de réduire au silence la voix des nations natives, mais nous ne serons pas une nouvelle fois réduits au silence.” A dit Nightwolf, ajoutant que cette manœuvre est une tentative de limiter son audience et un pas de plus vers son éviction de l’antenne.

    Les critiques disent que WPFW est en train de changer d’une station communautaire en une chaîne de radio corporative et qu’elle retire un certain nombre de voix des minorités de l’antenne.

    “Des programmes ont été changés à des horaires qui ne seront pas du tout efficaces pour communiquer avec leur audience ciblée. Dans certain cas, cela est fait de manière délibérée de façon à ce qu’il puisse être prouvé que vous n’êtes pas efficaces avec votre audience car votre taux d’écoute ne progresse pas, ainsi vous n’êtes plus indispensables pour cette station de radio et vous pouvez être viré”, a dit Ramon Grimaldi, un directeur d’émission sur une station financée par ses auditeurs.

    http://resistance71.wordpress.com/