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international - Page 1370

  • L'euro de la Hanse

    Ce billet est paru dans l'Action Française 2000 du 6 janvier 2011 sous le titre Tallinn embarque avec Berlin. Il entre en archives RA. Il peut paraître "désaxé" de prendre la défense de l'euro fédéraliste dans un journal royal-souverainiste, mais c'est à dessein. Le premier souci d'un premier ministre de roi sera de remettre de l'ordre dans les comptes publics avant de penser à revenir au prestige de la monarchie. L'adoption de l'euro par la République française était un défi de bonne gestion... à l'allemande. On a vu que la démagogie inhérente au régime et la "récompense" des électeurs du camp vainqueur dans le droit fil du clientélisme latin ont saccagé l'intention de saine gouvernance jusqu'à ruiner l'Etat. Un roi qui ne saurait pas remettre ses comptes publics à l'équilibre ? ce n'est même pas la peine d'y penser, ni de travailler à sa restauration.
    Tallinn passe à l'euro pour achever de renouer avec une prospérité ancienne quand, à l'abri de forts remparts danois, elle était le port de bois et de sel le plus oriental de la Hanse allemande¹. Aujourd'hui, l'esprit hanséate est revivifié. Le plus petit des pays scandinaves est un acteur économique notable dans le domaine des nouvelles technologies au point que l'on se moque d'eux en parlant d'e-Stonie ; mais ils vendent aussi de la biotechnologie, des machines, des équipements électroniques, du textile et des produits de la filière bois ; leurs partenaires étant dans l'ordre, la Finlande (son frère culturel et plus gros investisseur industriel), la Suède qui tient le secteur bancaire et dont le comportement de crise a été critiqué, l'Allemagne qui jadis la créa et l'enrichit, puis la Lettonie, la Russie, la Lituanie et les États-Unis.
    Est-ce dû au brassage d'étrangers résidents, les gens de Tallinn sont très ouverts d'esprit pour ne pas dire plus intelligents, comme l'ont montré par exemple les premières manoeuvres navales OTAN de la mini-flotte estonienne dont l'interopérabilité rapide fut remarquée (Baltron 1998). Cet Estonien à l'esprit vif n'a raté aucune occasion de prendre la remorque d'organisations internationales actives (OMC, OTAN, OCDE, OSCE, FMI, UE, OIF) qui lui apportent une ouverture concrète et un peu de sécurité, si l'on comprend bien que vivre dans le jardin de l'ours russe reste, malgré toutes les déclarations pacifiques de MM. Medvedev et Poutine, dangereux. Aussi, le gouvernement de Tallinn s'est-il ému officiellement de la vente à la Russie des bâtiments français de projection et commandement Mistral à mission offensive.


    Ainsi donc, au moment où des économistes de renom mettent en pointillés la continuation de la zone monétaire Euro, un pays scandinave bien géré et industrieux rejoint-il le tournez-manège des preux et des gitans. Avec un déficit public de 1,3% du produit intérieur brut (pib) et une dette souveraine ridicule de 7,2% du pib, nul doute que l'Estonie se range avec les preux ! Anticipe-t-elle la scission des économies sérieuses du nord et des économies rieuses du sud ? A tout le moins elle embarque avec l'Allemagne et la Finlande dans ce qui pourrait être un nouvel euromark de la zone germanophone. La couronne estonienne (EEK) introduite en 1992 contre le rouble fut raccrochée dès le départ au deutschmark à la parité fixe de 8 pour 1. Le DEM prenant le nom d'euro, l'EEK continua à la parité de 1 EEK = 6,39 centimes d'euro ± 15 % au sein du mécanisme du taux de change européen (MCE II) à compter de 2004 comme le firent aussi ses cousins baltes et slovène. La Slovénie a converti ses tolars en euros en 2007 et la Lituanie et la Lettonie pensent abandonner litas et lats en 2014, si (?) les critères de convergence sont respectés. Pour eux, l'euromarkland est d'avenir. Pourquoi ?
    L'euro fut créé par la France et l'Allemagne dans une optique de gestion prudente des comptes publics, après l'expérience concluante du SME qui avait vu M. Beregovoy accepter "à Montoire" de financer en creux une partie de la reconstruction des länder orientaux allemands en calant le franc sur le marc, ce qui modérait notre compétitivité relative.
    La fin de l'euro actuel gangréné par les triples déficits³ des pays latins ne sera obtenue que par un divorce des créateurs. Où en sommes-nous ? Derrière l'enfumage de circonstances - les élections ici succèdent aux élections là - ce qui se débat en Allemagne aujourd'hui laisse accroire que la Deutschland AG a fait sa religion d'un largage des pays-lests, définitivement incapables de rétablir leurs comptes. L'ancien chef du patronat "teutonique", Hans-Olaf Henkel, n'envoie pas dire dans un livre au titre explicite, "Sauvez notre argent, l'Allemagne est en soldes", que les maillons faibles doivent dégager la piste et que toute péréquation des richesses dont ont abusé les cigales latines empruntant aux taux obtenus par la fourmi allemande, doit leur être refusée. La générosité allemande reste la limite infranchissable de la solidarité européenne ; elle est atteinte.
    Quand on compare les poids et performances respectifs des deux zones évoquées, on est vite convaincu que la sécession est possible pour les uns et que, pour nous, la mise en accusation de l'euro dans le marasme français devra être remplacée par un bouc émissaire nouveau... je parie gros sur notre "fabuleux"² modèle social. Nous retournerons à notre piastre nationale, d'usage strictement intérieur, sans pouvoir interdire l'usage de devises cotées dans notre commerce de gros et à l'import-export. Le franc revenu, adossé à des déficits, monstrueux rapportés à l'économie du pays, sera incapable de tenir son rang sur les écrans des marchés et vite dévoré par l'euromark ou le dollar. Notre fibre européenne nous obtiendra le titre de leader des latins, quelque "Reine des gitans", et Berlin gouvernera en sous-main ce qui restera de l'Europe institutionnelle après le choc. Ces gens sont très sérieux quand il s'agit d'argent. Les Estoniens l'ont bien compris.
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    Notes:
    (1)Union politique et mercantile des ports baltes et de la Mer du nord, étirée de Bruges à Novgorod, qui traitait sur un pied d'égalité avec les princes, ses voisins. Leurs comptoirs allaient très loin dans les terres par les fleuves. Elle achèvera son déclin au traité de Westphalie qui consolidera les états-nations, ses concurrents.
    (2)Les brochures distribuées en Chine aux étudiants chinois cherchant une faculté à l'étranger mettent au premier plan les conditions extraordinaires faites aux étudiants inscrits en France, avant même le coût modique de telles études comparativement aux autres universités occidentales. Nous ne reprenons pas cet argumentaire que tout le monde connaît ici.
    (3)Deficits budgétaire, social et commercial.

    Postscriptum du 17.01.11:  Georges Lane donne une critique lourdement fondée de l'euroïsation de l'Estonie, en cliquant ici.

  • Good morning Kaboul !

    L'ISAF pliant les gaules, c'est une nouvelle ère qui se lève en Afghanistan. Les chaînes d'information comme France24 ou France2 nous ont proposé des reportages sur le retrait, plutôt bien faits. Trois mille soldats français seront rentrés à la Noël. Trente mille soldats américains seront rentrés à la Noël. Ceci dit pour ne pas jeter la pierre injustement à notre gouvernement qui ne peut être plus royaliste que le roi. C'est après la déclaration fracassante de Nicolas Sarkozy de retirer ses billes du bac à sable que Barack Obama, un instant surpris, prit la même décision. François Hollande a accéléré le mouvement et l'a sans doute rendu plus cher.

    En apprenant la décision de l'ISAF de terminer sa mission en 2014, le secrétaire général de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), Nikolaï Bordiouja, a déclaré : « A l'heure actuelle, le facteur afghan détermine un large éventail de menaces dans la région eurasienne, l'Afghanistan constitue une source de prolifération de stupéfiants, d'armes et d'idées islamistes dans la région. Nous estimons que le retrait envisagé de la Force internationale d'assistance à la sécurité ne tardera pas à aggraver la situation: les structures radicales et nationalistes intensifieront leurs activités visant à encourager les tendances contestataires et à accentuer les contradictions inter-ethniques et inter-confessionnelles dans les pays membres de l'OTSC (Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan) ». L'Ouzbekistan s'est retiré de l'OTSC pour l'orgueil de son président autocrate Nazarbaïev, et a bloqué la voie d'issue septentrionale par pur caprice, nous obligeant à louer des Antonov à l'Ukraine ou à la Russie.

    L'affaire afghane est un échec si on s'en tient à la feuille de route des néocons du Pentagone de jadis qui avaient prévu d'établir une démocratie du modèle de Westminster dans un pays tribal ou tripal (pareil). Si l'on s'en tient à celle de Barack Obama, dévoilée en son temps par Joe Biden, c'est un demi-succès : «Clear-Hold-Build-Transfer» tel était l'ordre du jour. La protection des Afghans priorisée par le général Stanley McChrystal a plutôt bien réussi, malgré les kamikazes qui signalent le pessimisme accru de donneurs d'ordres pareils. Malgré la mauvaise volonté des unités de l'ANA à faire leur part du job - les engagements sont majoritairement alimentaires - la Coalition a fait la démonstration que les Talibans n'étaient pas invincibles sauf à se faire sauter comme des bombes humaines, vocation somme toute peu fréquente. Les troupes afghanes tiendront tant que la solde tombera. Les cadres militaires afghans déplorent un transfert de responsabilités sans appui aérien ni artillerie lourde ; faudrait-il encore qu'ils soient capables d'articuler ces appuis avec le combat d'infanterie qui apparemment se limite encore à des patrouilles de reconnaissance, au mieux à la manoeuvre de niveau section avec ses appuis organiques. C'est d'ailleurs le format de leurs adversaires. Nul doute que si la nouvelle infanterie afghane avait montré plus de mordant dans les OMLT (Equipe de liaison et de tutorat opérationnel = compagnie d'instruction), l'ISAF aurait détaché des moyens tactiques de niveau bataillon pour surclasser définitivement ses adversaires. Toutefois l'affaire n'est pas finie, les Américains observent la transition car ils y ont intérêts au sens pluriel.

    Les nôtres ont fait une campagne impeccable, hormis la triste embuscade d'Uzbin qui relève de la faute de commandement (défaut d'éclairage). Les résultats obtenus sur nos zones d'effort sont là. Les insurgés n'y sont pas tranquilles puisque la tactique de base fut de les harceler sans cesse et de ne pas les attendre (comme le faisaient les Italiens qui nous y avaient précédés). C'est le chasseur inlassable qui peut gagner une guerre asymétrique de basse intensité, pas la sentinelle du désert des Tartares. Nos tactiques de chasse sont éprouvées, elles datent de la guerre d'Indochine. Si l'ANA se convertit à l'offensive permanente, avec un peu de renseignement électronique, quels que soient les moyens alignés, elle finira par pulvériser les réseaux de commandement talibans qui débanderont leurs effectifs ou les expatrieront chez les voisins, comme l'armée française y était parvenue à la fin des opérations d'Algérie sur les deux frontières.

    Nous retirons de cette expédition une mise à niveau du règlement de combat et un aguerrissement certain de nos troupes, trop longtemps confinées dans la gendarmerie coloniale où elles avaient perdu pugnacité et coordination réflexe interarmes ; et parfois la morale du combat. Le raid aérien ivoirien à l'heure de l'anisette sur la position française de Bouaké (6.11.04) nous avait convaincu d'une certaine indolence du corps expéditionnaire Licorne. Le travail en Afghanistan a été intense, complexe, continu en 7/24 et stressant dès qu'il s'est avéré que l'ennemi avait infiltré les rangs de l'ANA. Mené en coalition, il ne souffrait pas d'excuses ou le camouflage des insuffisances car il n'y avait rien à "expliquer" à quelque supérieur hiérarchique ayant la main sur la carrière. Tout se sait, immédiatement, à haut niveau, se corrige immédiatement (en théorie). Le résultat obtenu est un réhaussement qualitatif sensible des aptitudes au combat, et parallèlement une remise en question d'une idéologie de sophistication de nos armes, finalement moins adaptées à la guerre de longue haleine que ne le promettaient les démonstrations au camp de Satory. La réduction du format de nos armées que l'impéritie de la République exige maintenant doit prendre en compte les leçons de cette guerre à tous points de vue utile. On y reviendra au prochain "livre blanc" de la Rue Saint-Dominique.

    Reste le peuple afghan. Usé, abusé par des décennies de guerre, il n'aspire qu'à la tranquillité. Se nourrir de sa besogne, élever ses enfants, vivre en paix et sécurité. Mais le socle tribal, la vendetta d'honneur, la prégnance d'un islam rustique, la coutume virilisée à outrance, sont des défis qu'aucune armée occidentale peut relever avec succès. Quoique ! A l'est, la prise de conscience du peuple pakistanais qu'il réchauffait en son sein des monstres au prétexte du fondamentalisme islamique, change la donne. La sauvagerie intégriste à l'endroit de la jeune Malala Yousufzai, une petite Jeanne d'Arc de la vallée de Swat, n'est plus excusée. Les pithécanthropes lubriques se réclamant d'Allah auront de moins en moins leur place dans les villes pakistanaises. Il faut souhaiter que cette répulsion gagne les villes afghanes, même si la religion comme partout est un ferment de disputes sérieuses, ainsi que l'a montré la dernière rixe sanglante sunno-chiite à l'université de Kaboul. Mais le meilleur succès est côté filles.
    Les femmes et jeunes filles afghanes des villes ont eu le courage de prendre le progrès à bras le corps et d'investir des métiers ou occupations "non conformes aux rites". Des reportages édifiants sur leurs accomplissements - il y a même des écoles de boxe pour les filles - se sont succédés, qui rassurent sur le genre humain, et toujours serrent le coeur au chaos annoncé par les oiseaux de malheur auquel nous ne voulons pas croire. Il faut que le pouvoir afghan protège cette libération des moeurs féminines par tous moyens, car elle est sa vraie richesse.

    Hommage aujourd'hui à nos soldats qui furent à la peine pour avoir permis ces avancées décisives pour le peuple afghan. Le stress de l'insécurité retombé, ils verront bientôt les fruits de leur travail.

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  • Géopolitique : Les otages français dans le monde

     

     
    L’Hexagone dans le viseur des Islamistes ? Alors que les prises d’otages de ressortissants français se multiplient à travers le monde, les intérêts de la France à l’étranger semblent être devenus la cible des terroristes.
    Carte des zones à risques (Le Figaro)

    - SOMALIE
    Depuis le 14 juillet 2009,
    plus de trois ans, Denis Allex, un agent de la DGSE (services du renseignement), est détenu en Somalie par des insurgés islamistes.
    Il avait été enlevé avec un autre agent qui a lui recouvré la liberté en août 2009. Denis Allex apparaît en juin 2010 dans une vidéo sur des sites islamistes où il presse la France de cesser tout soutien au gouvernement somalien. Le 13 juillet 2012, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, assure qu’il est en vie. Le 4 octobre, Denis Allex apparaît, pâle et les yeux cernés, dans une vidéo où il lance un “message de secours” au président Hollande, qu’il presse
    d’oeuvrer à sa libération.
    DENIS ALLEX, AGENT DE LA DGSE OTAGE EN SOMALIE ! NE L’OUBLIONS PAS !
    - NIGER
    Le 16 septembre 2010, au Niger,
    cinq Français, un Togolais et un Malgache collaborateurs du groupe nucléaire public Areva et de son sous-traitant Satom, sont enlevés à Arlit (nord), un site d’extraction d’uranium. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) revendique le rapt le 21 septembre.
    La Française Françoise Larribe, malade, et les otages malgache et togolais sont relâchés le 24 février 2011.
    En avril 2011, Aqmi diffuse une vidéo où les quatre otages restant “supplient” le président Sarkozy de retirer les troupes françaises d’Afghanistan. Le 25 mars 2012, le ministre à la Coopération Henri de Raincourt assure que les otages “sont en vie”. Le 8 septembre, un site privé mauritanien publie une vidéo tournée le 29 août dans laquelle les otages appellent à négocier pour leur libération.
    - MALI
    Dans la nuit du 24 novembre 2011,
    deux Français, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, en voyages d’affaires selon leurs proches, sont enlevés dans leur hôtel à Hombori, dans le nord-est du Mali. Le 9 décembre, Aqmi, qui a revendiqué l’enlèvement, publie leurs photos.
    Dans une vidéo tournée en février 2012, les deux otages demandent au président Sarkozy de tout faire pour dénouer leur situation. Le 10 août 2012, le site mauritanien Sahara Medias publie une vidéo dans laquelle Philippe Verdon parle de ses “conditions de vie difficiles“.
    Le 13 octobre, un jihadiste accuse le président français de mettre “en danger” la vie des otages français au Sahel en soutenant la préparation d’une opération contre les islamistes armés dans le nord du Mali. François Hollande se dit déterminé à tenir la “ligne” fixée par la France contre le terrorisme. Le 13 novembre le président Hollande affirme qu’il fait tout pour que les ravisseurs des six otages français détenus au Sahel “comprennent que c’est le moment de les libérer“.
    Le groupe islamiste armé Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un de ceux qui occupent le nord du Mali, est l’auteur du rapt de Jules Berto Rodriguez Léal survenu le mardi 19 novembre 2012, un Français de 61 ans mardi soir dans l’ouest du Mali.
    C’est son porte-parole qui l’a annoncé, ajoutant que le Mujao allait “prochainement publier une vidéo de l’otage”. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour “enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste”, confiée à la DCRI.
    - MEXIQUE
    Chef d’orchestre de profession, Rodolfo Cazares a été enlevé (par un cartel mafieux) le 9 juillet 2011 à 4h30 du matin à Matamoros au Mexique, à la frontière du Texas. A l’époque, dix-huit personnes avaient été enlevées. Deux jours plus tard, femmes (dont Ludivine, l’épouse de Rodolfo) et enfants avaient été libérés. Une rançon de 100.000 dollars a été versée en quatre jours mais aucune autre libération n’a eu lieu.
    Ludivine a saisi le quai d’Orsay. Mais on lui a conseillé de ne pas médiatiser l’affaire, car la France a déjà des relations difficiles avec le Mexique, à cause de l’affaire Florence Cassez.
    Sur RTL, elle lance un appel au Président de la République pour qu’il la reçoive et qu’il s’occupe du dossier, et surtout qu’il en parle au nouveau président mexicain que François Hollande recevra mercredi à l’Élysée.
    Sur RTL, Ludivine lance un appel à François Hollande pour qu’il intervienne en faveur de son mari
    DOCUMENT RTL – Ludivine : “je n’ai pas le sentiment d’être entendue par les autorités française et mexicaine”
    (Merci à Tonton Christobal)
    RTLTF1Otages du monde – Alakhbar.info  via
    http://fortune.fdesouche.com

  • Pierre Dortiguier parle de "La faillite du monde moderne" et de Salim Laïbi

    Pierre Dortiguier, professeur de philosophie, nous parle de Salim Laïbi et du livre "La faillite du monde moderne" dont il a écrit la préface.

    Le livre est disponible sur Kontre Kulture. "La faillite du monde moderne" par Salim Laïbi


    Pierre Dortiguier parle de "La faillite du monde... par ERTV

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • De l’extension du conflit malien

    La communauté d’Etats africains ECOWAS envoie des soldats

    Le conflit qui frappe le Mali, où des éléments islamistes ont pris le contrôle de la moitié septentrionale du pays depuis le printemps dernier, menace de s’internationaliser. En effet, la communauté d’Etats d’Afrique occidentale ECOWAS, dont le Mali est membre, a décidé très récemment d’envoyer une troupe d’intervention de 3300 hommes dans ce pays secoué par une crise apparemment sans solution, s’il n’y a pas intervention étrangère. L’intervention est provisoirement limitée à une seule année: “Nous prévoyons 3300 soldats pour la durée d’un an” a déclaré le Président du Groupe ECOWAS, Alassane Ouattara.

    Cette communauté économique ouest-africaine a été contrainte par les Etats-Unis et par l’UE de procéder à cette démarche interventionniste car il s’agit, au Mali, de combattre l’AQMI, soit “Al-Qaeda pour un Maghreb Islamique”. Comme le pensait en octobre dernier le ministre allemand des affaires étrangères Guido Westerwelle, le “Mali ne peut devenir le refuge de terroristes”, car un tel havre de repli dans le nord du pays constituerait une menace pour la sécurité mondiale”, non seulement pour le Mali lui-même mais pour l’Europe. En octobre également, l’UE a décidé d’envoyer des instructeurs militaires dans ce pays africain déstabilisé. De même, on spécule de plus en plus quant à la mise en oeuvre de drones américains.

    Il s’agit certes de combattre des islamistes mais ce n’est pas tout, loin s’en faut : le conflit qui s’est abattu sur le malheureux Mali sert de prétexte aux Etats-Unis pour s’ancrer de plus en plus profondément en Afrique occidentale et, simultanément, pour enrayer l’influence chinoise sur le continent noir, où Beijing est perpétuellement en quête de matières premières.

    (source: “zur Zeit”, Vienne, n°46/2012; http://www.zurzeit.at/ ).

  • L'Afrique sous la botte américaine : Carnages sur ordonnance

    Si Pierre Péan était américain, il aurait eu le prix Pulitzer, en France, il a droit au silence. Qui a entendu parler de son dernier livre, Carnages? C'est pourtant une analyse implacable de l'offensive américaine en Afrique, avec en toile de fond le recul de la France, chassée une seconde fois.
    Un ouvrage massif, énorme, tonitruant, exceptionnel, salutaire, effarant, vient de paraître en France dans un silence presque unanime de la presse officielle et assermentée. Seul l'hebdomadaire Marianne a consenti à en publier les meilleures feuilles. On le doit à Pierre Péan. Son titre, Carnages, plante assez bien le décor, celui de l'Afrique de la fin du siècle précédent et d'aujourd'hui, ainsi que de ses innombrables et sidérants charniers, accumulés la plupart du temps dans l'indifférence et surtout l'incompréhension totales au sein du septentrion du monde.
    Pour la plupart des téléspectateurs occidentaux, le titre du livre sera d'abord justifié par le génocide tutsi du Rwanda, par celui imputé à l'encontre des habitants du Darfour à l’État soudanais, ou encore en raison de telle ou telle famine abondamment médiatisée sur fond de repentance post-coloniale et de charité spectaculaire.
    La réalité est un peu différente, et nettement plus sordide. Surtout, elle offre une illustration saisissante, et jusqu'à l'écœurement, de ce que l'instrumentalisation de la bonne conscience et de l'arrogance morale peut autoriser en matière de massacres de masse. Notamment en dissimulant par la surmédiatisation d'un génocide la réalité et l'impunité d'un autre, comme pour les trains du célèbre dicton. Or, s'il y a une véritable nouveauté dans le monde qui est le nôtre depuis vingt ans, c'est sans doute là qu'elle se trouve et nulle part ailleurs, nous interdisant de pavoiser avec toutes nos âneries vertueuses et humanitaires: les remugles collectifs du cœur ont remplacé l'épaisseur du secret pour occulter la fabrique étatique des grands cimetières sous le soleil. La mort, la mort massive et toujours recommencée, celle des hommes, femmes et enfants d'Afrique, essentiellement...
    Péan, dans ce livre-somme qui aurait dû faire la une de toutes les grandes émissions françaises, décrit avec la rigueur d'un historien positiviste et d'un limier méticuleux la connexion entre deux réalités géopolitiques que l'on croyait relativement distinctes l'une de l'autre et qui se trouvent à l'origine des plus grandes hécatombes que le continent noir ait connues depuis l'époque des traites négrières :
    d'une part, la volonté des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d'éradiquer, au lendemain de la chute de l'Union soviétique, toute forme d'influence ou de présence françaises en Afrique ; de l'autre, la stratégie de domination impériale de Washington dans l'ensemble du vaste monde musulman qui l'a amené à resserrer considérablement ses liens diplomatiques et militaires avec Israël afin de lui permettre un investissement accru, discret, mais meurtrier, dans la quasi-totalité du continent noir.
    Les grands prédateurs jouent toujours aux enfants de chœur
    Le début et l'essentiel de ces grandes manœuvres aura lieu dans la fameuse région des Grands Lacs (Ouganda, Rwanda, Burundi, Congo-Zaïre, Congo-Brazzaville, Angola), qui en paiera et en paie encore le prix du sang - cinq à six millions de morts depuis le début de la décennie 1990 -, mais c'est le Soudan, riche et gigantesque pays à la fois arabe et musulman issu de l'empire britannique, qui en sera la clé de voûte et le cœur stratégique jamais révélé. C'est là du reste que le livre de Péan propose une véritable élucidation de la complexe et sanglante réalité géopolitique de ces dernières années en Afrique : il permet de comprendre clairement, même si persistent encore certaines zones d'ombre, en quoi et pourquoi tous les chemins africains mènent à Khartoum depuis la fin de la Guerre froide.
    Au départ, on le savait, émerge donc la décision prise par l'Administration Clinton de se débarrasser de tous les alliés politiques de la France dans son ancien pré carré colonial pour leur substituer les leurs propres : sont surtout visés le vieux maréchal Mobutu au Zaïre et le président hutu Juvénal Habyarimana au Rwanda, ainsi qu'Omar Bongo au Gabon, son beau-père Denis Sassou-Nguesso au Congo.
    L'idée, en réalité, remonte à Roosevelt, qui, avant son décès, en 1945, voulait empêcher au terme de la guerre la reconstitution des empires français et britannique en Afrique et en Asie. De Gaulle s'était interposé, et le Président américain était mort avant la fin des hostilités. Par la suite, l'équilibre rigoureux de la Guerre froide avait plus ou moins contraint Washington à composer avec une France, alliée de plus en plus indocile, mais néanmoins occidentale, qui contribuait, faute de mieux, à empêcher l'extension du communisme en Afrique francophone et en Indochine. Le rattachement des anciennes colonies belges à lex-pré carré colonial, lorsque le Général résolut de dissoudre l'Empire devenu Union française, avait été validé dans ce contexte, mais la France de Pompidou et de Giscard d'Estaing eut bien tort ensuite de croire éternel ce qui, pour les Américains, n'était que nécessité provisoire.
    En 1991, naturellement, l'heure de l'hallali a enfin sonné : la politique africaine - et arabe - de la France n'offre plus aucune justification stratégique aux yeux de Washington, qui entend profiter de sa nouvelle « hyperpuissance » pour refaçonner à sa guise la carte du monde. La destruction de l'Afrique des Grands Lacs va être conçue au sein d'une entreprise impérialiste de grande échelle, en même temps que l'éclatement de la Yougoslavie et l'investissement progressif du monde arabe via les deux guerres d'Irak.
    Silence, on tue les « méchants »
    Il faut au moins, nonobstant la démesure prédatrice du projet, en admirer la cohérence géopolitique. Zbigniew Brzezinski et Madeleine Albright ne se trompent pas : la pérennité de la domination américaine passe, face à une Chine devenue incontournable et avide de matières premières, par la liquidation définitive de l'héritage des quatre anciens empires russe, serbo-orthodoxe, panarabe et français. Quarté gagnant, qui sera un quarté sanglant. D'autant que l'Afrique détient un sous-sol dont l'accès va devenir vital en même temps que l'extinction des ressources pétrolifères du monde arabe.
    Pour mener à bien ces ambitieux projets, les Etats-Unis vont se servir de deux illuminés cyniques, résolus et mégalomanes, que les perspectives d'extermination à grande échelle n'émeuvent pas : Yoweri Museveni, ancien opposant (à la fois marxiste, protestant évangélique et hitlérien, cela ne s'invente pas) d'Amin Dada, devenu président de l'Ouganda après la chute de Milton Obote en 1986, et Paul Kagamé, son fidèle vassal tutsi, qui concoctent l'un et l'autre depuis longtemps des projets de domination véritablement napoléoniens dans la région.
    Péan explique minutieusement comment, avec l'aide constante et active de Washington et du Mossad, les deux hommes vont organiser l'assassinat du président Habyarimana, le 6 avril 1994, après avoir au préalable planifié l'invasion du Rwanda par les forces armées du FPR de Kagamé, sonnant le déclenchement du génocide des Tutsis demeurés au Rwanda que Kagamé avait parfaitement prévu - et évidemment souhaité car nécessaire à la réussite de son plan.
    La suite consistera, grâce à des média complices, à faire passer l'invasion du pays par les Tutsis ougandais, puis surtout celle du Kivu congolais, qui entraînera la chute de Mobutu, puis l'assassinat (peut-être orchestré avec l'aide de son propre fils) de Laurent-Désiré Kabila, comme une légitime croisade entreprise contre les «génocidaires » hutus du Rwanda. Bilan: plus de quatre millions de morts, essentiellement des civils, femmes et enfants hutus (quatre fois plus que les victimes tutsis du génocide rwandais), dont les cadavres seront entassés dans les profondeurs des forêts congolaises au vu et au su de tous, sous la surveillance des drones israéliens. Jacques Chirac, sous la pression des Américains, renoncera in extremis à une intervention militaire de la dernière chance.
    Mais l'essentiel, encore une fois, pour les Etats-Unis et surtout pour Israël, demeure le succès du même scénario concernant le Soudan d'Omar el Béchir, qui, lui, résiste à l'offensive - grâce à l'appui de la Chine. Péan nous le confirme : c'est vers Khartoum, désormais, que tous les regards, long temps détournés, doivent se porter attentivement dans les années qui viennent.
    Pierre-Paul Bartoli LE CHOC DU MOIS février 2011
    Il Pierre Péan, Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Fayard, 562 p., 24,50 €.

  • D’Amiens à Damas, du passé faisons table rase

    Le  site du Salon beige ou encore Novopress  notamment l’ont évoqué, dans la bonne ville d’Amiens, théâtre l’été dernier d’émeutes violentes  dans ses « quartiers pluriels », l’équipe du maire PS, Gilles Demailly, entend préserver le « vivre ensemble »… en s’attaquant aux racines helléno-chrétiennes de notre civilisation. Ainsi le traditionnel « Marché de Noël » de cette ville a été débaptisé cette année et s’appelle désormais « Marché d’Hiver ». Il s’agit, vous l’aurez compris, de ne pas froisser les minorités qui pourraient s’émouvoir de cette évocation de Noël, forcément discriminante à leur encontre, peut être même prosélyte, voire même agressive à l’égard de leur croyance… Ne doutons pas que nos socialistes et autres humanistes  assimilés se sont réfugiés derrière le prétexte de la neutralité républicaine et laïcarde pour justifier leur lâcheté coupable et leur mépris des traditions françaises…

     Cet état d’esprit,  prend une résonance particulière relève Bruno Gollnisch,  à l’aune des menaces et des agressions dont sont victimes les chrétiens d’orient. Il pense  particulièrement en ce moment au sort de cette minorité dans une Egypte en proie au redoublement des violences anti-coptes, et bien  sûr à la Syrie ravagée par le terrorisme islamiste.

     Archevêque syrien catholique de la préfecture de Hassaké-Nisibe au Nord-Est de la Syrie, Behnan Hindo, a lancé le 22 novembre un appel à la communauté internationale.  Au nom des trois évêques de la région, syrien catholique, syrien orthodoxe et assyrien oriental, et au nom des différentes composantes ethniques de la région, il a demandé  que la   préfecture de Hassaké   soit épargnée.

     Pour cela a-t-il dit,  il faut que   la communauté internationale  « fasse pression sur les différents groupes armés et l’Armée  syrienne libre (ASL) pour qu’elles n’entrent pas dans notre région afin qu’elle demeure toujours ce qu’elle est: le seul havre de paix et de sécurité en Syrie. »

      L’ASL  ne l’entend pas de cette oreille là où elle peut frapper. Mercredi, au moins une trentaine de personnes ont été tuées dans  l’explosion de deux voitures  piégées  visant clairement des civils  à Jaramana, un district du sud-est de Damas. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une émanation des Frères musulmans,  basé en Grande-Bretagne, a annoncé un total de 54 tués.  Des attentats fermement condamnés par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

     Interrogé par France 24, un habitant de Damas, « Nabil »,  explique que ce quartier ou vivent une majorité de Druzes et de Chrétiens,  était réputé pour « sa relative sécurité » et accueillait beaucoup de réfugiés fuyant les combats et les violences.

     « Les habitants explique-t-il,  ont refusé de laisser l’armée régulière entrer et ont formé leurs propres brigades pour contrôler l’entrée dans leur quartier (avec l’accord tacite de l’armée). Ils ont également refusé l’entrée aux milices de l’Armée libre syrienne. Les rebelles ont essayé à plusieurs reprises de venir à Jaramana, mais ils ont été repoussés par ces brigades locales. »

     « Ce n’est pas la première fois qu’il y a un attentat à Jaramana. Il y en a déjà eu un il y a deux mois, et une série d’explosions s’est produite il y a un mois. L’Armée syrienne libre avait proféré des menaces : elle demandait aux habitants du district de choisir entre eux et le gouvernement… »

     Dans ce contexte de rébellion armée,  fortement structurée et noyautée par les djihadistes,  contre le régime en place en Syrie, les milices anti-Assad ont utilisé  pour la  première fois ces derniers jours des missiles sol-air. Le site du quotidien Le Point cite Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon-II et directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo) qui estime que les missiles en question  « viennent de l’étranger. »

     « Officiellement, seule l’Arabie saoudite et le Qatar financent et arment l’opposition syrienne. Le matériel envoyé serait léger : des kalachnikov et des lance-roquette RPG. Il faut dire que les deux pays du Golfe subissent les pressions de Washington et de Paris, qui craignent que des armes lourdes ne tombent entre les mains de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, présents sur le terrain, et qui pourraient ensuite s’en servir contre des intérêts occidentaux dans la région (…)».

     « Côté français, on assure ne pas livrer d’armes aux rebelles syriens, contrairement à ce qui a été fait en Libye (…). Ceci n’empêche pas le versement d’argent. Depuis le début de la révolution syrienne, en mars 2011, Paris affirme avoir versé quelque 32 millions d’euros d’aide aux Syriens (…) ».

     32 millions d’euros versés avec nos impôts  à des groupes qui ont largement mis un pays entier à feu et à sang, pour complaire aux velléités géopolitiques de remodelage de la région de certains cercles et officinesDans l’intérêt également d’une France indépendante et souveraine sur la scène internationale ? Il  est très fortement permis d’en douter.

      Spécialiste du mondialisme,  « ce  processus technocratique de décomposition des nations et d’unification du monde, passant par la constitution de  grands blocs continentaux »,  l’universitaire Pierre Hillard, dans un entretien accordé en juin au blog CNTF, évoquait « les buts à long terme élaborés au sein de certaines officines peu philanthropes ». Il  citait notamment  les  travaux  «  d’un ancien fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien Oded Yinon dans une publication parue en 1982 dans le cadre de « l’organisation sioniste mondiale » (World Zionist Organisation). »

     « Publié dans  La revue d’études palestiniennes  et reproduit dans la revue  Confluences méditerranéennes  (n° 61 printemps 2007) sous le titre  Une stratégie persévérante de dislocation du monde arabe, il est clairement indiqué par son auteur que « Le Moyen-Orient ne pourra pas survivre dans ses structures actuelles sans passer par des transformations révolutionnaires (…). Il s’agit ni plus ni moins de favoriser la dislocation des pays musulmans. »

     « Ainsi, il est déjà prévu en 1982 de partager l’Irak en trois blocs (chiite, sunnite et kurde), de pulvériser l’Etat syrien en plusieurs entités ainsi que l’Etat égyptien. Il est ajouté pêle-mêle que le processus doit toucher aussi la Libye, le Soudan, le Liban … A la lecture de ce texte, on se rend compte que les événements qui balaient les Etats arabes depuis 2011 ne sont pas fortuits. »

     « Il faut rappeler aussi que cette politique définie par Oded Yinon accompagne le rapport rédigé en 1996 par le  Prince des ténèbres , Richard Perle, intitulé A clean break : a new strategy for securing the realm. Ce document, véritable catalogue de déstabilisation des pays musulmans fut présenté à Benjamin Netanyahu dans le cadre d’un think tank israélien : The Institute for advanced strategic and political issues. La corruption et le népotisme qui caractérisent les pays musulmans ne suffisent pas à expliquer les bouleversements profonds en cours du Maroc au Pakistan. »

     Constatons simplement  de notre côté  l’évidence. A savoir que des moyens financiers très importants et que  la grosse artillerie médiatique ont été déployés depuis mars 2011 par le Nouvel ordre mondial, ses alliés européens et des pétromonarchies, pour faire chuter la Syrie,  avec l’aide sanglante des idiots utiles du djihadisme. Au vu de l’ampleur de ce  déchaînement,  qui peut douter encore que le régime  de Bachar el-Assad,  au-delà de ses tares, de ses fautes  et de ses imperfections n’a pas le soutien d’une majorité de la population ?

    http://www.gollnisch.com/

  • Le retour du dauphin d’Ahmadinedjad

    Mashai sera probablement candidat aux présidentielles iraniennes de 2013: les conservateurs sont furieux et évoquent, avec la même rage que les médias occidentaux, l’installation en Iran, d’un “modèle de transition poutinien”.
    “Ils ne pourront pas empêcher ma candidature aux prochaines présidentielles. Je poursuivrai sur la route qui est le mienne sans faire le moindre compromis, même au prix de ma propre vie”. C’est par cet appel, véritable cri du coeur, qu’Esfandiar Rahim Mashai, bras droit du président iranien Mahmoud Ahmadinedjad, a annoncé son intention de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, prévues pour juin 2013. Cette déclaration aurait été prononcée peu avant la mi-novembre 2012 à Téhéran mais elle n’aurait filtré dans les médias que le 16 ou le 17, suite à des notes affichées sur les sites d’information iraniens, comme les philo-conservateurs “Tabnak” et “Nimruz”. Ces déclarations incendiaires du dauphin d’Ahmadinedjad —qui pourront sans doute être démenties prochainement— s’inscrivent dans un climat politique plutôt tendu, où le président et son équipe sont depuis longtemps déjà la cible des critiques conservatrices, venues des milieux proches du “Guide Suprême”, Ali Khamenei. Ce dernier a pris Mashai dans le collimateur parce que le dauphin du Président déploie une rhétorique nationaliste et prend des positions considérées comme étant à la limite de l’”hérésie”. Le “Guide Suprême” se montre surtout irrité par la thèse de Mashai qui évoque le prochain retour du Douzième Imam de la tradition chiite, un “Messie” qui, de fait, mettrait un terme à la légitimité même du “Guide Suprême” en tant que chef spirituel (et politique).
    Dans le passé, l’évocation d’une possible candidature de Mashai aux présidentielles iraniennes avait déjà déchaîné de vives protestations dans les rangs des conservateurs partisans du “Guide”, qui avaient accusé Ahmadinedjad (qui, légalement, ne peut pas se représenter pour un troisième mandat consécutif) de vouloir instituer en Iran un “modèle poutinien” afin de se maintenir au pouvoir. La présidence avait toujours démenti, jusqu’ici, la candidature de Mashai mais les partisans d’Ahmadinedjad feraient pression pour que cette candidature soit effective car ils sont désormais convaincus qu’au cours de ces deux dernières années, le bras droit du Président a bien résussi à obtenir une sorte de consensus dans de vastes strates de la population iranienne, surtout les plus humbles, grâce à ses prises de position nationalistes et “laïques”.
    Entretemps toutefois le poids politique d’Ahmadinedjad s’est réduit dans le pays suite aux coups que lui ont porté les élites conservatrices, la hiérarchie des mollahs et la magistrature. Traditionnellement proches des courants conservateurs, les juges, ces derniers temps, ont littéralement harcelé les collaborateurs du Président. Parmi les dernières embuches mises en place par la magistrature conservatrice, citons notamment l’arrestation, fin septembre 2012, d’Ali Akbar Javanfekr, directeur de l’agence de presse “Irna” et conseiller d’Ahmadinedjad.
    Arrestations, attaques en règle perpétrées par des clercs, confrontations avec le “Guide Suprême”, sanctions internationales et actes politiques jugés trop ambitieux ou trop risqués (tant en politique intérieure qu’en politique extérieure) ont mit en péril le pouvoir d’Ahmadinedjad. A cause de l’inflation galopante, au début de la troisième semaine de novembre 2012, le Parlement iranien a bloqué, du moins jusqu’au printemps prochain, la réforme des subsides accordés par l’Etat pour l’alimentation et l’énergie, alors qu’Ahmadinedjad désirait ardemment que passe cette réforme. Le blocage de la réforme a pourtant été approuvé par 183 voix favorables; 4 voix s’y sont opposé et il y a eu 20 abstentions.

    Ferdinando CALDA.
    ( f.calda@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, 17 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

    Quels sont les autres candidats à la présidence en Iran ?

    À quelques mois des prochaines élections présidentielles iraniennes, on ne connait pas encore les candidats officiels. Selon des sondages récents publiés dans le quotidien “Iran” (et qui restent à vérifier), le bras droit d’Ahmadinedjad, Esfandiar Rahim Mashai bénéficierait d’un bon appui au sein de la population (35%). Après lui, on aurait l’ancien président réformiste Seyyed Mohammed Khatami, qui fut à la tête du gouvernement iranien entre 1997 et 2005. Malgré les pressions des milieux politiques réformistes, il ne semble pas que Khatami ait l’intention de se présenter. Chez les conservateurs, en revanche, le consensus semble s’être fait autour de la personne de l’actuel maire de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf. D’autres noms sont parfois évoqués comme celui du président du Parlement Ali Larijani, chef de file du mouvement qui soutient aujourd’hui Khamenei et mène toutes les campagnes contre l’entourage d’Ahmadinedjad (F.C.).

  • Sapir : “Europe, fin de partie ?”

    Le processus dit de « construction européenne » vient de subir, avec l’impasse sur la programmation budgétaire pour les années 2014-2020, et accessoirement pour le budget de 2013, de l’UE un triple échec : économique, politique et symbolique. La question symbolique est certainement la plus importante.

    Cette impasse, qui au mieux durera jusqu’au début de 2013, vient après le blocage sur la question de l’aide à accorder à la Grèce du début de la semaine, et des négociations extrêmement dures quant à la part respective des États au sein du groupe aéronautique EADS mais aussi une réduction importante des ambitions de l’Europe spatiale.

    Il est hautement symbolique que ces événements soient tous survenus dans une période d’environ huit jours. Ils témoignent de l’épuisement définitif de l’Union européenne à incarner « l’idée européenne ».

    Un échec économique

    La question du budget de l’UE est économiquement importante. Non pas tant pour les sommes en jeu. La contribution au budget de l’UE a été plafonnée à 1,26% du PIB des différents pays. Ainsi, pour 2013 ce sont 138 milliards d’euros qui sont prévus. Mais c’est la faiblesse de cette somme qui pose problème. Alors que la zone Euro, qui est une subdivision de l’UE, est en récession, et que ceci durera certainement en 2013 et en 2014, la logique aurait voulu que l’on se mette d’accord pour un budget de relance, soit en favorisant la demande, soit en favorisant des politiques de l’offre et de la compétitivité dans certains pays, et très probablement en faisant les deux.

    Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit. On voit bien que chaque pays tire à hue et à soi, étant soumis aux règles de l’austérité budgétaire, par ailleurs institutionnalisées par le dernier traité de l’UE, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes ! Les égoïsmes se révèlent de toute part et trouvent, dans des réunions comme celle qui s’est tenue dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles le champ clôt parfait pour leurs affrontements.

    Dans la situation actuelle, on voit bien que la récession ne pourra être combattue efficacement que par la conjonction de politiques de relance de la demande et de l’offre. Ces politiques ont été quantifiées. Elles impliqueraient, rien que pour le rattrapage de compétitivité, que l’on dépense pour les quatre pays d’Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie et Portugal), environ 257 milliards d’euros par an comme on l’a établi dans une précédente note1.

    Si l’on veut être cohérent, il faut en réalité ajouter au moins 100 milliards à cette somme pour financer des grands projets permettant d’harmoniser la compétitivité des autres pays. Cette dépense supplémentaire de 357 milliards, pour un budget d’environ 138 milliards est importante. Elle impliquerait que le budget passe de 1,26% à 4,5%.

    En réalité, le problème est bien plus compliqué. Les 138 milliards prévus pour le budget 2013 donnent lieu à des retours, plus ou moins importants, pour tous les pays de l’UE. Sur les 357 milliards qu’il faudrait dépenser en plus, 257 milliards sont des transferts nets à destination des quatre pays du Sud déjà évoqués. Ils devraient donc être fournis par les autres États, et dans les faits ils ne pourraient l’être que par l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas.

    Ceci revient à dire que l’Allemagne devrait à elle seule contribuer à hauteur de 85%-90% de cette somme, ce qui représenterait entre 8,5% et 9% de son PIB par an en transferts nets. Sur une période de dix ans cela aboutit à 3570 milliards d’euros de budget total. Quand on parle, les sanglots dans la voix et les larmes dans les yeux, du « fédéralisme européen », c’est de cela dont on parle en réalité, car sans transferts importants point de fédéralisme.

    Au regard de cela, notons que les dirigeants européens n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une somme de 978 milliards d’euros sur 7 ans (2014-2020) alors que sur la même période c’est 2499 milliards en plus qu’ils auraient dû financer. On mesure l’immensité de la tâche, et son impossibilité dans les circonstances actuelles. À cet égard, l’échec, probablement temporaire car une solution de compromis ne satisfaisant personne et ne réglant rien sera trouvée d’ici fin janvier 2013, prend toute sa signification.

    Si les 27 pays de l’Union Européenne ont tant de mal à s’accorder sur une somme, en réalité modeste, on ne voit pas comment ils pourraient décider d’un commun accord de sommes qui sont 2,5 fois plus importantes. La réalité de l’UE est bien l’absence totale de solidarité en son sein, même et y compris quand cette solidarité serait de l’intérêt de tous. Ce que révèle cette situation c’est qu’il n’y a pas de « chose publique» (res publica) dans l’Union Européenne.

    Ceci se manifeste aussi dans la manière dont le cas de la Grèce a été (mal) traité. Il est absolument évident que le fardeau de la dette engendre la dette. La seule solution au cas de la Grèce est un défaut (une « restructuration ») portant sur la moitié des dettes détenues par des organismes publics, tout comme un défaut équivalent a été imposé aux créditeurs privés2.

    Mais les pays de la zone Euro sont incapables de faire face à cette réalité. Ils vont donc redonner de l’argent pour que les paiements de la dette soient étalés. Ceci ne règlera rien, et la majorité des experts le savent. Cependant, outre le fait de prendre une mesure qui n’est qu’un palliatif, les mêmes pays n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la somme qu’il faudra prêter à court terme à la Grèce. C’est ce que l’on a vu au début de la semaine du 19 novembre. Ils préfèrent faire porter l’apparence de la responsabilité sur le FMI.

    L’auteur de ces lignes a écrit par le passé des choses extrêmement critiques et dures à l’égard de cette organisation3. Mais il est clair que les statuts du FMI ne lui permettent pas de prêter à un pays qui est clairement insolvable. De ce point de vue, le FMI est parfaitement dans son rôle quand il rappelle aux pays de la zone Euro qu’il faut une solution à long terme pour la Grèce et que celle-ci ne peut provenir que d’un défaut partiel. Ici encore, les solutions rationnelles sont écartées au profit de celles qui servent les intérêts immédiats de tel ou tel. Cette inconséquence est le produit d’une incohérence de fond : on veut éviter le défaut mais l’on se refuse à en payer le prix.

    Il n’est donc pas étonnant que les pays européens n’aient pu se mettre d’accord que ce soit sur la programmation des budgets à l’horizon 2020, ou sur un plan réaliste de sauvetage de la Grèce. Ce double échec est révélateur de l’épuisement de l’idée européenne. On vivra donc d’expédients, et l’on vivra de plus en plus mal jusqu’au moment où il faudra affronter la réalité.

    Un échec politique

    Le problème posé est ensuite politique, et il a été mis en lumière à l’occasion de l’échec du Conseil Européen de la nuit du 22 au 23 novembre. On glose beaucoup sur une « alliance » entre la chancelière allemande, Mme Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, alliance qui aurait abouti à l’isolement de la France. Mais cette « alliance » est en réalité purement conjoncturelle. La Grande-Bretagne poursuit son vieil objectif de réduire l’UE à un espace de libre-échange et à un cadre réglementaire le plus léger possible.

    L’Allemagne, pour sa part, et elle est rejointe sur ce point par des pays comme la Finlande, les Pays-Bas et l’Autriche, s’oppose absolument à ce que les transferts prennent plus d’importance. On sait l’opposition absolue des dirigeants allemands, tous partis confondus, à des transferts massifs, en particulier au sein de la zone Euro. Le refus de l’Union de Transfert est un point cardinal de la politique allemande et cela s’explique tant par l’impact que ces transferts auraient sur l’économie allemande4 que par la démographie de ce pays qui est en train de se dépeupler.

    Cela n’implique pas qu’elle partage les vues de la Grande-Bretagne quant à la philosophie de l’UE. Les dirigeants allemands comprennent que cette dernière doit être autre chose qu’une simple zone de libre-échange. Mais leurs intérêts se rejoignent avec les Britanniques pour s’opposer à l’engagement de sommes supplémentaires, dans la mesure où ils comprennent parfaitement qu’ils seraient, par nécessité, les principaux contributeurs. C’est sur cette alliance que s’est cassée la position française.

    Il faut ici dissiper une illusion très répandue dans les élites politiques françaises. Nos dirigeants pensent que l’on pourra, moyennant des concessions sur certains points, amener les dirigeants allemands à accepter une contribution plus importante, du fait de leur (relatif) assouplissement sur la question de la crise de la dette dans la zone Euro.

    Rappelons que lors des premières réunions de crise, au début de l’année 2010, la position allemande était une opposition totale au sauvetage de la Grèce. En fait nos dirigeants commettent non pas une mais deux erreurs quant à la position allemande. La première est de confondre la crise de la dette et la crise de compétitivité. Ces deux crises sont distinctes, même si la seconde réalimente en permanence la première. L’attitude allemande a été de faire des concessions sur la crise de la dette pour éviter une tempête financière qui emporte avec elle la zone Euro, mais de refuser toute concession sur la crise de liquidité.

    La distinction entre ces deux crises est très claire chez les dirigeants allemands. Ils considèrent que la crise de la dette est un problème collectif, mais que la crise de compétitivité n’est que du ressort des États ! Il s’en déduit que l’on ne peut inférer de leur changement d’attitude sur la crise de la dette un quelconque changement sur la crise structurelle, celle de compétitivité. La seconde erreur consiste à ne pas comprendre que le choix pour l’Allemagne ne se réduit pas au sauvetage à tout prix de la zone Euro.

    L’Allemagne souhaite par dessus tout le statu-quo (qui lui permet de réaliser ses énormes excédents commerciaux au détriment des autres pays de la zone Euro). Pour maintenir ce statu-quo elle a déjà accepté de contribuer, et elle a déjà accepté une mutualisation des dettes – quoi qu’on en dise – sous la forme du rachat par la Banque Centrale Européenne des dettes des pays en difficulté sur le marché secondaire.

    Elle est en effet co-responsable du bilan de la BCE à hauteur de sa contribution initiale pour cette institution. Mais elle n’est pas prête à aller au-delà d’une contribution annuelle d’environ 2% de son PIB (soit environ 50 milliards d’Euros). Si l’on met l’Allemagne au défi de payer les sommes évoquées plus haut, soit 8% à 9% de son PIB afin de rendre viable la zone Euro, elle préfèrera la fin de la zone Euro. Là ou nos dirigeant voient le début d’un processus, qui pourrait être étendu, il y a en réalité un engagement strictement limité de l’Allemagne.

    La crise actuelle n’est donc pas uniquement économique, encore que cette dimension soit à elle seule bien suffisante pour nous conduire à la catastrophe. Elle est aussi politique. L’idée d’une alliance France-Allemagne, le Merkozy, qui était défendue par le précédent gouvernement était fondée sur l’illusion, entretenue par ignorance ou à dessein, que la crise de la zone Euro était uniquement une crise de la dette. Si tel avait bien été le cas, il est probable que l’on aurait pu trouver un terrain d’entente stable entre nos deux pays.

    Mais la crise de l’Euro est avant tout une crise issue de l’hétérogénéité des économies, hétérogénéité qui s’accroît naturellement dans un système de monnaie unique et avec une politique monétaire uniforme en l’absence de flux de transferts massifs, et qui débouche sur une crise majeure de compétitivité, qui elle-même engendre une montée des déficits. Arrivées à ce point, les positions respectives de la France et de l’Allemagne divergent spontanément, ce dont le nouveau gouvernement a pris acte. Mais, alors qu’il tentait de rallier à lui les pays en difficultés, il n’a fait que provoquer l’alliance, certes temporaire, mais redoutable, de l’Allemagne avec la Grande-Bretagne.

    En fait, dans le cadre de la zone Euro, l’Allemagne peut toujours se trouver des alliés et une stratégie de secours, du moins à court terme. C’est la France qui se trouve, en fin compte, comme l’on dit chez les pilotes de chasse « out of power, out of altitude and out of idea » (ce que l’on peut librement traduire par « à bout de puissance, à bout d’altitude, à bout d’idées »). François Hollande doit comprendre que, dans la situation actuelle, la seule chance qui reste pour notre pays est de renverser la table, de mettre l’Allemagne devant le choix de procéder soit à une dissolution ordonnée de la zone Euro, dans laquelle elle perdra incontestablement certains de ses avantages, et un éclatement désordonné dans lequel elle a bien plus à perdre.

    Un échec symbolique

    Les échecs tant économiques que politiques de la semaine passée sont, bien entendu, révélateurs d’un échec symbolique majeur. Aujourd’hui, qui croit encore en l’Union Européenne ?

    L’analyse des derniers sondages publiés en juin et novembre sur ce point donne un résultat clair. La perte de confiance dans la capacité de l’UE à apporter quoi que ce soit de positif aux populations est massive. Jamais l’Euroscepticisme ne s’est aussi bien porté, non seulement en Grande-Bretagne, mais aussi en France et même en Allemagne.

    Dans l’Eurobaromètre, sondage réalisé de manière régulière dans tous les pays de l’UE5, la côte de confiance dans l’Union Européenne est tombée à 31%. En fait, 28% de sondés ont une opinion « très négative » de l’UE et 39% ne se prononcent pas. Le plus impressionnant est l’évolution dans le temps des résultats. Les mauvaises opinions sont passées de 15% à 28% de l’automne 2009 au printemps 2012, alors que les bonnes opinions sont passées quant à elles de 48% à 31% dans la même période. Mais il y a pire : 51% des personnes interrogées ne se sentent pas plus proches des autres pays avec la crise.

    Graphique 1

     

    Autrement dit, la politique de l’UE a conduit à une montée des méfiances réciproques, ce qu’elle devait normalement combattre. Et l’on voit bien que la perte de confiance dans l’UE et dans ses institutions tend à se généraliser. Quel bilan peut-elle présenter ?

    C’est donc la crédibilité générale de l’UE qui est en cause, et l’on voit bien ici que les stratégies discursives utilisées par les européistes seront de moins en moins efficaces. Ces stratégies reposent sur une délégitimation des opinions négatives, qui sont associées à des catégories dites « peu éduquées » et par cela incapables de comprendre ce qu’apporte l’UE et sur une explication de ces résultats par les simples difficultés matérielles engendrées par la crise. Sur le premier point, il y aurait beaucoup à dire.

    On voit immédiatement la parenté entre cet argument et les arguments du XIXe siècle en faveur du vote censitaire. Les personnes aux revenus modestes, qui en général ne font pas d’études supérieures, sont considérées comme intrinsèquement inaptes à juger d’un projet qui est présenté comme « complexe ». Cet argument n’est en réalité qu’une rationalisation du cours anti-démocratique pris par la construction européenne depuis 2005. Le second argument contient une parcelle de vérité. Il est clair que l’impact de la crise a modifié les préférences des individus.

    Mais cet argument se retourne contre ses auteurs : pourquoi l’UE a-t-elle été incapable de protéger les personnes des effets de la crise ? En fait, cette dernière agit comme un révélateur qui met en évidence les carences et les défauts de l’UE. Il reste un troisième argument, qui est utilisé de temps en temps : l’Union Européenne nous aurait évité le retour des conflits intereuropéens des siècles précédents. Mais ceci est faux, techniquement et historiquement. Techniquement, l’UE a été incapable d’empêcher les conflits des Balkans, et leur mode de résolution doit bien plus à l’OTAN qu’à l’UE. Historiquement, les deux événements majeurs que sont la réconciliation franco-allemande et la chute du mur de Berlin ne sont nullement le produit de l’Union Européenne.

    En fait, et on le voit bien aujourd’hui, l’UE par sa politique actuelle nourrit le retour des haines recuites, que ce soit entre pays (Grèce et Allemagne, mais aussi Portugal ou Espagne et Allemagne) ou à l’intérieur de ceux-ci (Espagne, avec le Pays Basque et la Catalogne, et Belgique).

    Cet échec symbolique est certainement le plus grave à court terme, car il touche aux représentations des peuples. Si l’échec économique et politique montre que l’UE est à bout de souffle, l’échec symbolique, illustré dans les derniers sondages, ouvre la voie à des radicalisations des opinions publiques à relativement court terme.

    Tirer les leçons de l’épuisement d’un projet européen

    Il convient aujourd’hui de se livrer à un bilan sans concession du projet que l’UE porta et qui a aujourd’hui manifestement échoué. Cela ne signifie pas que tout projet européen soit condamné à l’échec. Mais encore faut-il sortir de l’identification de l’Europe avec l’Union Européenne.

    On voit bien que certains pays hors du cadre de l’UE ont un intérêt à l’existence d’une Europe forte et prospère. Le cas de la Russie et de la Chine saute aux yeux. La Russie, de plus, est elle aussi un pays européen, même si elle n’est pas uniquement européenne. Il est donc possible de penser un projet européen intégrant toute l’Europe, y compris les pays qui aujourd’hui ne sont pas membres de l’UE et n’aspirent pas à le devenir. Mais à la condition de faire des nations européennes, ces « vieilles nations » qui restent aujourd’hui le cadre privilégié de la démocratie, la base de ce projet.

    Ce projet devra être construit autour d’initiatives industrielles, scientifiques et culturelles dont le noyau initial pourra être variable, mais qui exigent pour exister que soient remises en cause un certain nombre de normes et de règlements de l’UE. Plus que tout, il faudra procéder à une dissolution de l’Euro. Cette dissolution, si elle est concertée par tous les pays membres de la zone Euro sera en elle-même un acte européen, et pourra donner immédiatement lieu à des mécanismes de concertation et de coordination qui feront en sorte que les parités de change des monnaies nationales retrouvées ne fluctuent pas de manière erratique mais en fonction des paramètres fondamentaux des économies.

    Cette voie demande du courage, car les dirigeants actuels dans de nombreux pays sont les héritiers directs des « pères fondateurs » de l’Union Européenne. Mais tout héritage doit à un moment être soldé. À se refuser à le faire c’est à l’entrée des pays européens dans une nouvelle phase historique de convulsions violentes, tant internes qu’externes, que l’on se prépare. S’il est vrai que l’idée européenne est porteuse de paix, la poursuite dans sa forme actuelle de l’Union Européenne ne peut-être que source de conflits de plus en plus violents.

    Notes

    1. Jacques Sapir, “Le coût du fédéralisme dans la zone Euro”, billet publié sur le carnet Russeurope le 10/11/2012, URL: http://russeurope.hypotheses.org/453 []
    2. Jacques Sapir, “Grèce: seule l’annulation de la dette peut apporter un début de solution”, billet publié sur le carnet Russeurope le 20/11/2012, URL: http://russeurope.hypotheses.org/522 []
    3. Jacques Sapir, Le Krach Russe, La découverte, Paris, 1998. Idem, Les Économistes contre la Démocratie, Albin Michel, Paris, 2002. Idem, “Le FMI et la Russie: conditionnalité sous influences”, in Critique Internationale, n°6, Hiver 2000, pp. 12-19. []
    4. Patrick Artus, La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l’Allemagne : rester compétitive au niveau mondial ? La réponse est oui, Flash Économie, NATIXIS, n° 508, 17 juillet 2012. []
    5. Eurobaromètre Standard 77, L’OPINION PUBLIQUE DANS L’UNION EUROPÉENNE, Commission européenne, Direction générale Communication, juillet 2012, URL : http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb77/eb77_first_fr.pdf []

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  • Le rapport Védrine par Pierre de Meuse

    Le 14 novembre, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, a déposé un rapport au secrétariat de la Présidence sur «  Les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, sur l’avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l’Europe de la défense ».

    Nous connaissons Hubert Védrine comme un fin professionnel  de la politique étrangère de la France, puisqu’il a occupé le bureau de Calonne de 1997 à 2002 prenant souvent des positions empreintes de bon sens, conformes aux besoins de la France en ce domaine. Le fait qu’il ait participé à des gouvernements socialistes ne change rien à l’affaire car la politique étrangère n’est pas une affaire de parti. Pourtant nous n’attendions pas de miracles lorsque le Président Hollande lui a demandé de traiter cette question.  Il eût été étonnant que l’ancien ministre ose jeter un pavé dans la mare, et du reste on ne lui aurait pas demandé de faire un rapport s’il ne s’était pas engagé à rendre un document conforme à la pratique des ministères Fabius et Juppé,  d’ailleurs fort peu différents l’un de l’autre. L’ancien ministre rappelle que c’est la France qui a œuvré pour la création de l’OTAN au début des années 50. Il rappelle aussi les raisons pour lesquelles le général de Gaulle, le 7 mars 1966, écrit au Président Johnson pour lui faire savoir qu’il n’entendait plus, ni participer aux commandements intégrés, ni mettre ses forces à la disposition de l’OTAN,  recouvrant ainsi sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté. Les motifs du général tenaient au refus des USA de placer l’OTAN sous commandement triparti, laissant le commandement aux seuls anglo-américains, et à l’opposition des mêmes à la force de dissuasion. De plus le gouvernement français craignait de se voir engagé sur un théâtre d’opérations où il n’aurait rien à faire. Est-il besoin de se souvenir qu’à cette époque, le danger soviétique n’était pas un vain mot ? Alors qu’après 1990 ce danger est écarté, comment expliquer le retour dans l’OTAN en décembre 1995 sous l’impulsion de Jacques Chirac ? Comment justifier une implication accrue aujourd’hui ?

    subordination-OTAN-UE-300x214.jpgC’est que, nous dit Védrine, la nature de l’OTAN a changé : aujourd’hui les USA sont tout prêts à partager le fardeau de la défense stratégique de l’Europe, alors que les autres Etats se refusent à y consacrer les efforts minimaux. Le retour de la France, selon lui, valorise le rôle de notre pays par le nombre des militaires français qui participent au commandement et leur efficacité. Pourtant l’ancien ministre constate que des décisions contraires à l’intérêt stratégique de la France ont été prises car le gouvernement français, y compris celui de M. Hollande a"accepté que l’OTAN décide de se doter d’une capacité de défense des territoires et des populations contre les missiles balistiques, sur la base d’une extension du programme de défense de théâtre (ALTBMD : Active Layered Theatre Ballistic Missile Defence)." Il doute que l’industrie européenne soit mise à contribution, suspecte avec raison que ce système, présenté artificieusement comme dirigé contre l’Iran, soit braqué au contraire contre la Russie. Il estime que ce système est dangereux pour notre sécurité et contraignant pour l’indépendance de l’Europe. Même si le rapport n’était légitimé que par ce paragraphe, il mériterait d’avoir été publié ! Mais alors, pourquoi l’accepter ? Parce que nous sommes seuls, parce que nous sommes faibles ! Et Védrine de nous engager à la vigilance. Une exhortation qui se résume à conseiller aux européens de ne pas oublier que les motivations des USA, état des deux océans, ne peuvent être les mêmes qu’un ensemble continental risquant toujours de se trouver marginalisé par rapport à l’Histoire. On ne saurait mieux dire. Ainsi « Vigilance signifie que nous devrons veiller à ce qu’elle reste une Alliance militaire, recentrée sur la défense collective, et le moins possible politico-militaire dans son action. » Il parle d’or, mais s’il craint avec raison l’idéologisation de l’Alliance, alors pourquoi se félicite t-il que l’OTAN ait répondu à un « appel à l’aide d’insurgés » en Libye, acte d’agression contraire au droit international, comme le soulignait Medvedev la semaine dernière, et justifié par une vision idéologique et biaisée des évènements ? Et en Syrie où l’OTAN vient d’accepter la coûteuse et inutile installation de missiles patriot à la frontière turque ? Il ne s’explique pas sur cette lourde contradiction. Peut-être considère t-il que l’exportation de la « démocratie » n’est pas une opération idéologique ? Ses cours de Sciences Po sont peut-être un peu loin. De même pour l'alliance inconditionnelle des USA avec Israël, étrangère aux intérêts de la France et même de l'Europe.

     

    En fait l’auteur du rapport se résigne à ce retour dans l’OTAN parce qu’il ne voit pas d’autre politique possible, même s’il est quelque peu sceptique. Les européens considèrent que l’OTAN suffit à la défense de l’Europe et ne voient aucune nécessité de l’assurer eux-mêmes. Or Védrine n’envisage pas d’évènements possibles nous contraignant à changer nos alliances et se contente de déclarations d’intentions qui n’ont aucune chance d’être suivies. Après tout, pourquoi s’en étonner ? Védrine est un grand commis, mais certainement pas un visionnaire.

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