Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

international - Page 738

  • Quelle sera la future politique militaire de l’administration Trump ?

    Donald Trump sera le président des États-Unis pour les quatre prochaines années. L’Amérique est le gendarme du monde et détermine également les lignes d’action de l’OTAN, ce qui signifie que la politique militaire américaine sera dictée par le lieutenant-général Michael Flynn, le conseiller présidentiel en charge de la sécurité nationale.

    Une des certitudes sur l’administration Trump est le changement radical d’attitude envers le gouvernement de Bachar Al-Assad, visible à travers le fait que Michael Flynn avait été démis de ses fonctions de directeur de la DIA par le président sortant Barack Obama pour avoir demandé l’arrêt du soutien des mercenaires islamistes qui luttent contre Bachar Al-Assad. Dans cette perspective, il est fort probable que la base russe de Hmeymim, deviendra le centre de commandement unifié pour la lutte contre les mercenaires islamistes opérant en Syrie. Dans la même logique, les États-Unis devront accepter de s’engager aux côtés de l’armée arabe syrienne contre les mercenaires islamistes dans des actions militaires sur le terrain où participent déjà plusieurs brigades de Spetsnaz et des blindées russes [[1]]. L’aviation de la coalition anti-Daesh dirigée par les Etats-Unis pourra fournir un appui aérien aux troupes. Depuis le coup d’Etat en Turquie, et jusqu’à maintenant, Michael Flynn a montré son soutien au président Erdogan. Ainsi, il est donc logiquement prévisible que les États-Unis introduiront Recep Erdogan dans leur équation pour résoudre la crise syrienne, ainsi que Vladimir Poutine et Bachar Al-Assad, abandonnant la variante de soutien aux combattants kurdes.

    Si dans le Moyen-Orient les chances de coopération des États-Unis avec la Russie sont très élevées, pour ce qui concerne la désescalade en Europe de la situation créé par l’élargissement de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, les chances sont plus faibles. Donald Trump a parlé au téléphone au Président polonais Andrzej Duda et lui a assuré le soutien militaire américain. Cependant, Trump n’a pas parlé avec le Président de la Roumanie, ni avec celui de la Bulgarie. Cela signifie que le plan prévu de déploiement de l’OTAN d’une brigade blindée dans les pays baltes et la Pologne se réalisera pendant le mandat de Donald Trump, mais sans l’envoi de troupes ou du matériel de combat d’autres pays de l’OTAN [[2]] en Roumanie et en Bulgarie. Et la mer Noire restera un lac russe [[3]]. Il sera possible de discuter de la levée des boucliers antimissiles américains en Pologne et en Roumanie, sous conditions que la Russie fournisse une monnaie d’échange préservant les zones d’intérêt majeures des Etats-Unis, ailleurs qu’en Extrême-Orient.

    Les probabilités de modification de la stratégie actuelle des États-Unis à l’égard de la Chine sont beaucoup plus grandes, étant donné que l’économie de la Chine a dépassé les Etats-Unis et son armée est en mesure de se procurer les technologies les plus avancées dans le domaine militaire [[4]]. En Asie du Sud vit 60% de la population de la Terre, ce qui explique pourquoi les États-Unis ne veulent pas perdre cette part de marché au profit de la Chine. Une modification de la stratégie américaine consisterait à interdire l’accès de la flotte et l’aviation chinoises dans les zones d’intérêt économique et militaire des États-Unis. Cela est possible en créant quatre secteurs de surveillance avec des moyens satellitaires et aériens pour suivre tous les mouvements de la Chine.

    Le premier secteur concerne l’accès à la mer de Chine du Sud à partir de l’Océan Indien, avec les points de passage obligés des détroits de Malacca et Sunda. Le rôle clé est joué par l’Etat de Singapour qui contrôle le détroit de Malacca (la voie principale de l’approvisionnement en pétrole de la Chine à partir du Golfe). A Singapour, les Etats-Unis utilisent la base navale de Sembawang et la base aérienne de Paya Lebar.

    Le deuxième secteur concerne les voies d’accès à la mer de Chine à partir de l’océan Pacifique, avec les points obligés traversant la mer de Sulu, la mer de Celebelor (au sud de la mer de Sulu) et Babuyan Channel (entre le nord des Philippines et Taiwan). La coordination des missions de reconnaissance des États-Unis sur les lignes de communications internes dans la mer de Chine méridionale peut être assurée à partir de la base aérienne américaine Andersen ou la base navale sur l’île de Guam (Iles Mariannes).

    Le troisième secteur concerne l’accès de la mer de Chine orientale à travers l’océan Pacifique, avec les points de passage obligés, au sud, par la zone située entre l’île de Taïwan et l’archipel d’Okinawa (Ryukyu) et, au nord, par la zone comprise entre l’archipel d’Okinawa et l’Ile de Kyushu (extrémité sud du Japon). La distance entre Okinawa et Kyushu est la même que celle de l’île de Taïwan et Okinawa (600 km). La coordination des missions de reconnaissance des États-Unis peut être faite à partir des bases américaines à Okinawa.

    Le quatrième secteur concerne l’accès à la mer de Chine orientale à partir du Japon et de la Corée du Sud. Le dispositif de surveillance de la péninsule du Shandong et de la côte est de la Chine est déjà assuré par la Corée du Sud et le Japon en coopération avec les troupes américaines déployées dans les deux pays.

    (Traduction du Roumain par Avic – Réseau International)

    Notes

    [1] L’Etat Islamique contre « les petits hommes verts » des Spetsnaz

    [2] Les Etats-Unis rejettent le dialogue avec la Russie, préférant l’escalade des tensions en Europe

    [3] Le plan raté de l’invasion de la Russie par l’OTAN à partir de la mer Noire

    [4] L’affaire du siècle pour la Chine ou comment elle a dupé les Américains, avec l’aide des Ukrainiens

    Valentin Vasilescu

    http://www.voxnr.com/6791/quelle-sera-la-future-politique-militaire-de-ladministration-trump

  • Chronique de l'Orient chrétien : Alep, novembre 2016

    6a00d83451619c69e201b7c8b46880970b-250wi.jpgQuand on arrive à Alep, ce qui frappe tout d’abord c’est le chaos bordant la route qui permet d’y accéder puis le bruit des explosions, très proches. C’est la banlieue industrielle qui a été dévastée par les combats entre l’armée syrienne et les jihadistes.

    Puis, c’est l’entrée en ville et là tout devient beaucoup plus étrange. Il est difficile d’appréhender ce qui se passe. Les gens marchent dans les rues comme si de rien n’était. Les voitures circulent avec une liberté insolente et selon la fantaisie de leurs chauffeurs comme partout en Syrie.

    Les enfants babillent ou se poursuivent dans les rues en riant.

    Les scouts se réunissent et peaufinent leurs défilés et leurs fanfares.

    Nous sommes à Alep-Ouest, bien sûr, là où la majorité de la population s’est réfugiée. Il est de toute façon impossible d’aller à Alep-Est sans négociation et entente avec les jihadistes d’Al-Nosra qui y règnent en maîtres.

    SOS Chrétiens d’Orient est engagée dans de nombreux projets de soutien à la population d’Alep : pompage et filtration d’eau, distribution d’électricité, distribution de nourriture, aide à la rescolarisation etc. Parmi toutes ces actions, une des principales est le soutien aux hôpitaux. Alep est depuis longtemps une ville universitaire avec un excellent niveau dans l’enseignement de la médecine et les hôpitaux, spécialisés ou non, sont particulièrement nombreux. SOS chrétiens d’Orient les visite, écoute leurs besoins et propose son aide pour l’achat de matériels chirurgicaux ou respiratoires.

    Les Aleppins ont horreur de la guerre, ils sont usés et épuisés par la menace permanente des attentats. Beaucoup ont fuit vers des contrées lointaines, Liban, Canada, Europe. D’autres, restent en raison de la puissance de leur enracinement. Ils sont Syriens jusqu’au plus profond de leur identité. La Syrie c’est une civilisation, très ancienne, très mûre, très riche et très équilibrée qui est chevillée à leur âme et à leurs corps. Alep, deuxième ville du pays est en quelque sorte la capitale culturelle de la Syrie. C’était aussi une capitale économique en plein essor. C’est pourquoi les zones industrielles autour de la ville sont si étendues. Les Aleppins impressionnent par leur niveau d’éducation et leur esprit entreprenant. Alep était devenue un pôle majeur de l’économie du Proche-Orient avant le déferlement des hordes jihadistes.

    Les Aleppins ont appris à se débrouiller face à la baisse drastique des conditions de confort . Ils ont réappris à faire la lessive à la main, à stocker l’eau, à s’éclairer à la bougie. Mais le plus dur ne sont pas tellement les conditions matérielles. Le plus éprouvant est de faire face à l’insécurité, de continuer à vivre malgré les morts brutales qui endeuillent chaque famille. Les Aleppins ont peur pour leurs enfants, peur de les laisser aller à l’école ou à l’université par le bus.

    Il faut continuer à vivre, alors le risque est accepté douloureusement. Chaque matin, les parents savent qu’ils ne reverront pas forcément leurs enfants revenir.

    Les attentats commis par les jihadistes sont continuels et journaliers. Obus mortiers, projectiles en tous genres, francs-tireurs...

    Les francs-tireurs ne sont pas juste un élément de langage. Des tentures sont tendues pour masquer les rues de la ville aux yeux des francs-tireurs jihadistes qui hantent les ruines d’Alep-Est qu’ils ont investis il y a quatre ans.

    En cette automne 2016, Alep subit environ cinq attaques terroristes par jour venant des terroristes jihadistes, principalement des tirs de mortiers mais aussi de missiles Grads. Les morts sont nombreux et les blessés encore plus nombreux.

    Ici, c’est le Bataclan tous les jours et les protagonistes sont les mêmes. Une population qui n’aspire qu’à une vie normale pour jouir de la vie en aimant ses proches d’une part, et des jihadistes qui pensent que ça vaut le coup de tout détruire et de faire tous les morts qu’il faudra pour établir une nouvelle société, idéale, correspondant à leurs fantasmes de charria. Bizarrement, l’Occident a choisi le camp des jihadistes, aux yeux des Aleppins.

    La mort frappe au hasard mais la vie continue malgré tout.

    C’est très éprouvant aussi pour les nombreuses communautés chrétiennes de la ville. Cinq ans de prières, cinq ans à implorer Dieu et la mort absurde qui continue de rôder et de décimer leurs familles. Depuis 2012, 246 membres de la communauté chrétienne d’Alep sont morts de mort violente dans les rues, martyrs des attentats terroristes. La population des quartiers chrétiens a changé. Beaucoup de chrétiens ont fui loin de cette violence absurde, tandis que les musulmans ont massivement fui les jihadistes en venant se réfugier à Alep-ouest.

    L’étau jihadiste ayant été desserré, les conditions de vie s’améliorent doucement malgré les attentats. Après l’horreur des long mois de siège sans eau, les autorités ont réussi à reconnecter Alep au reste du monde et à rétablir l’eau de façon plus ou moins permanente. L’électricité est encore une denrée rare. Les installations électriques de la ville ont été totalement détruites par les jihadistes. Des générateurs ou groupes électrogènes parsèment les trottoirs et leur production est partagée selon les heures de la journée entre les commerces et les habitations. Beaucoup de petits commerces ont réouvert. Tous les restaurants et les épiceries sont ouverts et la nourriture ne manque pas.

    Après cinq ans d’oppression terroriste, les Aleppins sont encore submergés par l’affliction. Mais, espérant contre toute espérance, ils s’accrochent en titubant à un seul espoir, une sorte de miracle, une intervention divine directe … la conversion de l’Occident … que l’Occident mette enfin un terme à son projet de destruction de leur pays par le jihad islamiste.

    Raphaël, volontaire de SOS Chrétiens d’Orient en Syrie.

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • LA MORT DE L’INFIDELE CASTRO

    Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

    « Ils sont venus, ils sont tous là, dès qu’ils ont entendu ce cri, il est mort le Fidel…. ». Air bien connu qui va réunir les pleureuses habituelles parant le disparu de toutes les vertus humaines et célestes, pour peu qu’un hiérarque Catholique pas trop regardant soit de la « fête »…. Pourtant Fidel Castro, l’un des derniers dinosaures de la galaxie communiste, n’était pas un enfant de chœur. Les dizaines de milers de boat people et d’internés politiques, sans oublier les fusillés « pour l’exemple », pourraient en témoigner. C’est à Miami, dans les milieux anticastristes, que la nouvelle de la mort du lider maximo a déchainé des cris de joie, mais comment pourrait-on s’en étonner ?

    Un Staline de poche aux Caraïbes

    Issu d’une famille relativement aisée d’origine galicienne – ce qui explique, paradoxalement l’excellence de ses relations avec l’Espagne franquiste ! – (1), ce bouillant avocat se lança en politique. Son coup d’essai, son coup de maitre, fut l’attaque le 26 juillet 1953 de la caserne Moncada à Santiago de Cuba où l’on peut encore voir sur les murs, les traces des échanges de tirs entre les jeunes gens de l’équipée fidéliste et les 1000 soldats du régiment numéro 1 de la Guardia rural commandée par le colonel Caviano. Si Fidel fut épargné par la clémence du tribunal – influence en coulisses de la caste bourgeoise à laquelle appartenait son père ? - 71 de ses compagnons y laissèrent leur peau, directement dans les combats ou fusillés après. Pour une dictature, celle de Batista - médiocre et traditionnel caudillo latino-américain s’enrichissant des pots de vins versés par les gangsters qui avaient fait main basse sur tous les trafics à La Havane – n’en était pas moins indulgente pour qui savait lui graisser la patte. On retrouve Fidel libre trois ans plus tard, après un court exil mexicain, à bord du yacht le Granma, qui débarqua clandestinement un noyau de guérilléros dans la difficile Sierra Maestra au Sud-Est de l’ile. C’est dans ces montagnes qu’il implantera le 26 juillet 1956 son maquis, harcelant l’armée gouvernementale forte à l’époque de 23 000 soldats.

    La légende prend son envol

    C’est donc là que naitront la légende et le mythe du castrisme. D’abord simple révolution patriotique et réformiste, ayant la sympathie des Américains qui, une fois de plus se sont trompés sur l’un de leurs poulains, Fidel va se parer de l’image d’une sorte de Robin des Bois, confisquant aux riches pour redistribuer aux pauvres. Le spectaculaire enlèvement du coureur automobile argentin Juan Manuel Fangio comme la non moins ahurissante attaque du palais présidentiel, une énorme « pâtisserie » architecturale bâtie en plein cœur de la capitale, tresseront l’auréole d’un héros de pacotille qui n’était qu’un Tartuffe exotique. Bien vite, les maladresses et les exactions du régime de Batista pousseront les soutiens de ce dernier à fuir le pays ou à se rallier aux troupes du Movimiento del 26 de julio . Et, pour les soldats les plus compromis dans la répression, à déserter. Che Guevara, un médecin argentin d’obédience marxiste, compagnon de la première heure des frères Castro, organisera une féroce épuration, se vantant même aux Nations Unies, colt aux côtés, de faire fusiller massivement à la forteresse de La Cabana dominant le port de la capitale, tous ceux qui, de près ou de loin, étaient compromis avec le régime du général Fulgencio Batista. Ce dernier avait précipitamment pris la fuite par avion dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1959, emportant dans ses bagages le fruit de toutes ses rapines. Il tombera sur plus cupide que lui dans son exil « doré » et provisoire de Ciudad-Trujillo, en République Dominicaine. Un caudillo s’exilait, une nouvelle autocratie s’installait à sa place, avec le visage cette fois, d’un communisme tropical. Après l’exaltation des moments révolutionnaires, c’était déjà l’heure des « lendemains qui déchantent : parti unique, comités de quartiers, les tristement fameux «  CDR » encadrant les habitants et notant leurs moindres faits et gestes, une double monnaie – le Péso pour le citoyen de base et le dollar pour l’étranger – tickets de rationnement pour rayons vides et la… « guagua » pour les transports urbains, autobus bien souvent hippomobile faute de carburant. Et la moindre contestation conduisait immanquablement aux camps de détention de l’ile des Pins. Libérés de Batista et de sa police secrète, la SIM, on pouvait se poser la question, était-ce bien ce régime politique broyant l’individu, que souhaitaient du fond de leur cœur les Cubains ? Beaucoup, au risque de se noyer, préférèrent s’embarquer sur de frêles esquifs pour rejoindre des cieux plus cléments, ceux de la Floride où ils constituent une importante et influente communauté. Après l’échec programmé du débarquement de la Baie des cochons en 1961, où les anticastristes furent lâchés par l’administration Kennedy et abandonnés à la répression de la nouvelle armée révolutionnaire cubaine, après la crise des fusées qui éclata en 1962 entre les USA et l’URSS , la Révolution cubaine montrait au monde son vrai visage, celui d’une implacable dictature marxiste. L’ile devenait un actif pôle révolutionnaire et un relai pour tous les amateurs de guérillas du continent latino-américain, toutes plus exotiques et romantiques les unes que les autres. Che Guevara lui-même ira se perdre en Afrique centrale, avant de mourir en Bolivie. Un certain Régis Debray engagé à ses côtés, fils d’une influente élue du Centre National des indépendants à Paris, n’obtiendra la grâce du Président Barrientos que suite à l’intervention du Président De Gaulle. C’est ainsi que notre « brillant » intellectuel échappa aux balles des rangers boliviens et que la République des lettres ne s’en porte que mieux…. L’Union Soviétique, dont dépendait entièrement Cuba, notamment pour ses approvisionnements en pétrole et pour ses exportations de sucre, ainsi que pour couvrir ses tentatives de déstabilisation de ses voisins, exigea de son protégé un engagement massif en Angola. Dans ce pays, ses partisans du MPLA étaient en grand danger face aux rebelles de l’UNITA et du FNLA soutenus eux, par l’Occident et l’Afrique du Sud. C’est ainsi que Cuba envoya des contingents de soldats, surtout des Noirs, pour la plus grande angoisse des mères de familles.

    La gloire posthume pour le « Che », la gloire temporelle pour Fidel

    Le Che une fois mort, il ne pouvait plus faire de l’ombre au commandante, au leader suprême, tout à la fois chef du gouvernement, de l’Etat et du parti. C’est sans doute pourquoi les portraits du Che sont bien plus nombreux et bien plus grands que ceux de Castro lui-même : un rival mort n’est plus un danger. Camilo Cienfuegos, compagnon de lutte des heures héroïques de la Sierra Maestra, populaire commandant de la colonne insurgée n°2 « Antonio Macéo », s’emparant le 2 janvier 1959 du puissant Campo Columbia de l’armée Batistaine, disparut mystérieusement en avion le 28 octobre 1959. Son crime ? Avoir pris la défense d’un autre fidèle de l’infidèle… Fidel, le commandant Hubert Matos, embastillé pour crime de lèse-majesté. La plus injuste des ingratitudes, la plus cruelle aussi, fut le procès en « sorcellerie » organisé contre le prestigieux chef du corps expéditionnaire cubain en Angola, le général Arnaldo Ochoa, mêlé à une étrange affaire de trafic de drogue. Quand on veut noyer son chien, c’est bien connu, on dit qu’il a la rage. Ochoa et plusieurs autres officiers, des proches, furent condamnés à mort le 4 juillet 1989. Une semaine après, ils étaient passés par les armes ! Comble de l’ignominie de cette famille Castro décidément bien peu recommandable, l’épouse de Raul, frère et successeurs de Fidel, amie déclarée et reconnue du couple Ochoa, lâcha cette terrible phrase, « que la sentence soit confirmée et exécutée ! » (2). Après quelques succès au Chili avec Allende, au Nicaragua avec le FSLN Sandiniste de la famille Ortega - toujours au pouvoir !- les réussites électorales de la gauche au Salvador, en Bolivie avec « l’indianiste » Moralès , au Brésil – mais avec la chute de la maison Lula, c’est fini - ou en Uruguay, sa plus grande victoire fut sans conteste l’accession au pouvoir à Caracas du colonel de parachutistes Hugo Chavez et sa révolution « Bolivarienne ». (Si « El Libertador » Simon Bolivar revenait, il renierait de suite cette révolution de « bolchéviques en culottes courtes »!). Hélas pour Castro, le cancer comme la faillite économique vénézuélienne eurent raison de cette mascarade politique. Même si le Président Nicolas Maduro du Parti socialiste bolivarien se cramponne encore illégitimement au pouvoir c’en est fini, à terme, de cette chimérique révolution « historico-socialiste ». La mort de Fidel Castro, malgré les honneurs qui l’enseveliront bien plus que la terre cubaine, met un terme à la carrière de celui qui n’aura été qu’un mauvais génie pour son peuple. (Même si, reconnaissons-le, les domaines de la santé et de l’enseignement ont fait d’énormes progrès par rapport au régime précédent. Mais à quel prix !).Raul Castro est désormais seul, tout seul à la barre, avec les apparatchiks du parti communiste cubain. Avec ses 85 ans, Il n’est pas non plus un perdreau de l’année. Les quinquagénaires de l’appareil attendent, l’arme au pied. La levée de l’embargo qui donnerait de l’air à l’économie cubaine, sera-t-elle activée ? Manque de chances pour le régime, le pétrole vénézuélien va se faire rare ou trop cher, Poutine n’a peut-être plus les moyens ou l’envie de financer à bout de bras « l’ile-crocodile » des Caraïbes, et l’imprévisible milliardaire Donald Trump va s’installer la Maison Blanche. Il ne faudrait pas que notre jeunesse, influencée par un enseignement gauchiste et une presse de même acabit, garde de Fidel Castro l’image d’un libérateur, alors qu’il ne fut qu’un satrape jouisseur et sanguinaire. J’invite tous ceux qui en ont les moyens à aller voir sur place, en ne restant pas uniquement cantonnés dans les «  HLM » des Tours opérateurs, pour la « bronzette »

    1 - Le général Franco était d’origine galicienne.

    2 - « La vie cachée de Fidel Castro » de J-C Sanchez (Michel Lafon, 2014)

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Trump, révolution ou simulacre ? 2) Un programme de choc

    Voici le second article du triptyque sur l’élection surprise de Donald Trump Son accès à la présidence des États–Unis peut donner lieu à un séisme américain et mondial, comme ne s’avérer qu’une baudruche vite dégonflée, décevant profondément le peuple qui l’avait élu en ultime sauveur. Analyse en trois parties, dont la première (article précédent) s’intitulait La rébellion du peuple. Voici la deuxième partie, Un programme de choc. La troisième s’intitulera Risque d’échec ou d’explosion.   

    Le premier projet révolutionnaire porté au pouvoir dans l’histoire américaine

    Dans ses trois premiers mois à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de prendre des mesures proprement révolutionnaires dans tous les domaines : gel des embauches de fonctionnaires civils, augmentation des budgets de l’armée et de la police, remise en cause des accords de libre–échange nord-américain, asiatique et européen (politique néo–protectionniste), abrogation des réglementations fédérales notamment sur l’environnement, liberté totale d’exploitation des énergies fossiles, annulation de tous les décrets présidentiels pris par Barack Obama, début des expulsions de millions de clandestins, surtout mexicains,  construction d’un mur frontalier  financé par Mexico,  suspension ou durcissement des visas pour tout pays à forte présence musulmane (attention pour les Français musulmans…), préférence nationale américaine pour le travail, abrogation de l’assurance-maladie d’Obama (Obamacare), baisses d’impôts massives pour les particuliers et les entreprises, réforme de l’éducation fondée sur le libre choix scolaire et la décentralisation, tarifs douaniers pour les entreprises américaines qui délocalisent leur production, plan de 1.000 milliards de dollars sur dix ans pour rénover les infrastructures, aides fédérales à l’éducation des enfants pauvres et aux personnes âgées., etc.

    Sans parler d’une réorientation complète de la politique étrangère américaine, avec cet incroyable désengagement de l’Otan, le rapprochement avec la Russie, une politique durcie envers la Chine. Jamais un président américain n’avait réussi à être élu sur un programme aussi radical, pour tout dire révolutionnaire. 

    Une révolution conservatrice américaine

    Trump veut entamer un bouleversement politique, proposant une révolution conservatrice, et d’abord une rupture isolationniste, qui ressemble au Brexit. On retrouve une similarité  – mais dans un autre registre idéologique – avec l’alliance Thatcher-Reagan. Le Brexit et l’élection de Trump sont liés ; et c’est très paradoxal : les Anglo-Saxons, initiateurs de la mondialisation, se révoltent contre leur propre créature devenue folle ! 

    La seule dirigeante européenne avec qui Trump s’entend est Theresa May. Il était pour le Brexit. Elle appréciait, ou du moins ne crachait pas sur son programme.  Ils veulent relancer la ”relation spéciale” anglo-saxonne (USA–UK) politique et économique. Avec Merkel et Hollande, évidemment, le courant ne passe pas et les relations sont glaciales. Trump est considéré comme un avatar de Satan. La chancelière, juste après son élection, lui a adressé un message ridicule et arrogant de maîtresse d’école moralisatrice, (« rappel des valeurs de base » liant les États–Unis à l’Allemagne et à l’Europe) insistant sur le refus du racisme, de l’islamophobie, la nécessité de la ”démocratie” (enfin la pseudo–démocratie anti populiste, c’est-à-dire l’oligocratie), de la ”liberté” et de l’ouverture des frontières. Bref, la doxa précisément rejetée par son électorat populaire. Ce message menaçant de Merkel préfigure les pressions énormes – de l’establishment américain et des gouvernements européens bien–pensants – que va subir Trump dès son entrée  en fonction pour renoncer à son programme. Aura-t-il la force de résister ?

    Tout le monde avait – évidemment –  prévu un krach boursier généralisé si Trump était  élu. C’est l’inverse qui se produit : les promesses de relance de l’économie par les investissements (infrastructures, etc) et de baisse des impôts des particuliers et des entreprises stimulent l’optimisme des investisseurs. Les indices boursiers sont en hausse depuis l’élection de Trump. Mais, vu la volatilité de ce marché, cela pourrait ne pas durer. En tout  cas, la catastrophe annoncée n’a pas eu lieu.

    L’élite américaine, même républicaine et de droite, est déroutée. Le Great Old Party ne sait comment gérer les idées dissidentes de ce Trump qui ne vient pas de ses rangs, notamment le rejet du libre–échange et la contestation de l’Otan. Ce bouleversement idéologique n’a pas été avalé. Quand Trump sera à la Maison Blanche, il sera prié d’amender son programme, jugé inadmissible.  Cette difficulté qu’aura Trump d’imposer sa feuille de route, même à l’appareil républicain, sera évoquée dans la troisième partie de ce texte.

    Politique étrangère : rupture  avec la tradition américaine

    Les gouvernements européens et la Commission de Bruxelles ont été sidérés par l’élection de Trump comme des enfants surpris par un ouragan. En plein désarroi, ils sont choqués par la politique étrangère annoncée de Trump, nationaliste, isolationniste, et qui romprait avec tout le système conçu en 1945, qui était fondé sur un ” impérialisme soft ”, où l’Europe était confortablement protégée, dirigée et déresponsabilisée.

    Déjà Obama avait amorcé un retrait américain de la scène du monde, notamment au Proche–Orient, un recul du ”gendarme de la planète”. Mais le programme de Trump va beaucoup plus loin. Il semble vouloir abandonner toute une tradition diplomatique et… l’atlantisme lui-même ! En effet, la volonté d’une entente avec la Russie de Poutine (la bête noire des dirigeants européens) notamment pour coopérer militairement à écraser Dae’ch et aider Assad, la menace de ne pas respecter l’article 5 de l’Otan (défense mutuelle en cas d’agression), l’injonction aux Européens d’assumer budgétairement leur défense sans compter sur les financements, le parapluie ou le bouclier américains, tout cela panique le marigot des gouvernements européens. Les vassaux ont peur que leur suzerain les abandonne.

     Les gouvernements polonais et baltes – qui fantasment sur une agression russe parfaitement impossible – se sentent lâchés par leur ”protecteur” américain supposé. Ils vivent l’élection de Trump comme une catastrophe : l’Amérique et l’Otan ne seront plus là pour les protéger contre ce qu’ils appellent l’impérialisme russe.

    Cela dit, un ”lâchage” américain, un affaiblissement de l’Otan, le départ de la Grande Bretagne seraient théoriquement très positifs pour la construction d’une défense continentale européenne. Ajoutons à cela la position anti–chinoise de Trump, – cohérente avec son isolationnisme et son protectionnisme –  visant à bloquer les exportations et les offensives monétaires de Pékin, la volonté de dénoncer le traité de libre-échange avec le continent nord–américain (Alena), celui avec l’Asie et celui en négociation avec l’Europe ; mentionnons aussi le projet d’augmenter le budget militaire américain, probablement en prévision d’une confrontation avec la Chine dans la zone pacifique à moyen terme et de la nécessité de dissuader le monde islamique. C’est un principe de précaution militaire que la Russie applique aussi. 

    Le national–isolationnisme

    Le slogan « America first » de Trump est le même que le nom du mouvement isolationniste opposé à Roosevelt de l’aviateur Charles Lindberg, adversaire d’une participation américaine à la Seconde guerre mondiale qui débutait. Trump veut en finir avec les interventions militaires coûteuses et improductives (sauf contre Dae’ch, à côté des Russes, intéressant…). Il veut à juste titre  enterrer la politique des néo-conservateurs de l’ère Bush du « regime change », c’est-à-dire l’imposition forcée d’un régime ”démocratique”. Mais Obama avait déjà commencé avec le « leading from behind » (diriger en restant en retrait, pilotage en coulisses). Seulement Obama, nullement isolationniste, était immigrationniste, partisan d’une Amérique de moins en moins conforme à ses origines européennes, et n’ayant jamais osé qualifier d’ ”islamique” le terroris

    Trump, l’isolationniste, prend à contre–front les souverainistes et identitaires français et européens généralement anti-américains, et par là–même les séduit. Il rejette le Tafta, l’accord de libre échange USA–UE en négociation, en disant que c’est nuisible pour l’Amérique. Or, l’argument des souverainistes européens était de dire qu’il s’agissait d’une ruse de l’impérialisme commercial américain contre les intérêts européens ! Trump a brouillé toutes les cartes, comme lorsqu’il a fait l’éloge de Poutine et d’une future alliance russe. Là encore, les souverainistes et populistes européens, qui pensaient l’Amérique comme ennemie absolue d’eux–mêmes et de la Russie, voient surgir un Donald Trump qui a plus ou moins leurs idées ! Et qui est nationaliste américain…La solution à ce problème est que Trump a intuitivement compris – mais imparfaitement formulé–  l’idée que, sur le fond, l’Europe, l’Amérique du Nord –sauf  le Mexique– et la Russie forment une même civilisation menacée par les mêmes ennemis.

    Les deux alliances fondamentales des USA au Moyen-Orient, avec Israël et l’Arabie saoudite demeureront. L’alliance israélienne sera même consolidée, à l’inverse de la politique d’Obama, très distant envers l’État hébreu et hostile à Netanyahu, le Premier ministre.

     Le cas du Mexique, pays hostile aux États-Unis

    Le Mexique est blessé, humilié et saisi d’angoisse par l’élection d’un Trump qui a traité de « criminels, drogués, violeurs » ses ressortissants clandestins. Le mur frontalier de protection, à payer par le Mexique, est inacceptable pour le président Enrique Pena Nieto. Trump  veut contester l’accord de libre–échange nord-américain (Alena) de 1994. Petit problème : à la frontière, les échanges se montent à 1,5 milliards de dollars… par jour ! Le Mexique, est le second plus grand client et importateur de marchandises américaines. Le défi sera donc – ce qui est possible quand on en a la volonté – de laisser circuler les marchandises, pas les migrants. Et de faire repasser la frontière à des millions de clandestins. Ce que les pays européens devraient faire à leurs frontières routières, ferroviaires, maritimes et aériennes, s’ils n’étaient pas paralysés par leur idéologie cosmopolite d’envahis consentants.

    Le Mexique n’est pas un pays ami des USA. C’est un pays objectivement ennemi, depuis longtemps, même si les échanges commerciaux sont très importants. De même que tous les pays du Maghreb et du Moyen Orient sont des ennemis objectifs de l’Europe. Pourquoi ? Parce qu’ils visent tous l’invasion par leurs ressortissants – invasion par le bas, par l’immigration colonisatrice de peuplement – de nos terres ancestrales. La situation est beaucoup plus grave pour l’Europe que pour les États–Unis, puisqu’il s’agit d’une invasion migratoire islamisée – l’islam étant en conflit constant avec la civilisation européenne, qu’il veut détruire, depuis le VIIIe siècle – et que les masses migrantes sont ici beaucoup plus nombreuses qu’aux USA.

    L’élection de Trump, dans un pays nettement moins menacé que l’Europe,  devrait être la cause d’un sursaut pour tous les mouvements populistes et anti–oligarchiques d’Europe. Il faut espérer, néanmoins, qu’une fois installé à la Maison Blanche, le nouveau président ne soit pas neutralisé. Ce sera l’objet du troisième et dernier article de ce triptyque : Risque d’échec ou d’explosion.  

    http://www.gfaye.com/trump-revolution-ou-simulacre-2-un-programme-de-choc/

  • Guerres du pétrole: tout a commencé en Irak en 1916

    Tous ceux qui suivent la situation en Irak doivent absolument se procurer « 1916 en Mésopotamie » de Fabrice Monnier, qui vient de paraître aux Editions du CNRS.

    1916_en_mesopotamie-197x300.jpgIls apprendront – s’ils ne le savaient pas – que dans l’Empire ottoman, qui s’effondrait, les musulmans ne se laissaient pas envahir facilement par les grandes puissances, les « kouffars » comme ils les appelaient déjà. Ils étaient capables, ne serait-ce que par obligation religieuse – sunnite ou chiite – ou pour l’honneur, de leur résister courageusement, voire de les battre à plate couture.

    La « Force D », expédition militaire venue des Indes britanniques – débarquée à Fao en 1914, près de Bassora– l’a appris à ses dépens en avril 1916 : 18 000 morts rien qu’à la bataille de Kut al-Amara et 9 500 prisonniers emmenés en Turquie dont beaucoup ne revinrent jamais.

    L’ouvrage de Fabrice Monnier, passionnant, se lit comme un roman historique. Il m’a tenu en haleine de bout en bout, notamment avec son récit du siège de Kut et de la reddition du général Charles Townshend qui croyait conquérir Bagdad sans difficulté. Ce n’est pas l’impréparation des militaires britanniques chargés d’occuper la Mésopotamie – appelée, selon eux, à être peuplée avec des paysans indiens – qui m’a sidéré le plus, mais l’arrogance et le mépris des officiers anglais pour les forces armées ottomanes, les tribus arabes, et même pour leurs propres « harkis » indiens. A croire que l’armée de Sa Majesté ne venait pas de subir une cuisante défaite face à la Turquie dans le détroit des Dardanelles…

    Tandis que la Première guerre mondiale faisait rage en Europe, à Londres il n’était pas seulement question d’empêcher  le  Kaiser Guillaume II de contrôler la route des Indes. On y parlait déjà d’Or noir. Certes, il fallait protéger la raffinerie de l’Anglo-Persian Oil Company d’Abadan (Iran) qui approvisionnait la marine britannique en mazout mais, au-delà, il s’agissait de s’emparer d’une région connue de quelques spécialistes – et de l’Intelligence service – pour être gorgée de pétrole.

    A cette fin, et pour effacer l’humiliante défaite de Kut al-Amara – quasiment passée sous silence dans la presse londonienne -, les Britanniques durent envoyer en Irak un corps expéditionnaire de 100 000 hommes, 176 canons et des avions leur assurant la supériorité dans les airs. Commandés par le général Frederick Maude, les Britanniques prirent Bagdad le 11 mars 1917. Mossoul qui résistait ne sera occupée que le 10 novembre 1918, sans respect pour l’armistice conclu avec les Turcs à Moudros dix jours plus tôt.

    « Cent ans plus tard, les conséquences de cette guerre », écrit Fabrice Monnier, « les promesses non tenues et des humiliations infligées se font toujours sentir dans un Moyen-Orient où on a la mémoire longue».

    Elles sont de toute évidence avec les deux guerres du Golfe, l’embargo international et plus d’un million de victimes civiles, à l’origine du chaos irakien actuel.

    Les Américains – Bush père et surtout fils – n’ont tiré aucun enseignement de l’occupation de l’Irak par les Britanniques. Les résistances irakiennes sunnites et chiites – avec l’Armée du Mahdi et le Hezbollah irakien– les ont contraints à rappeler leur corps expéditionnaire. Un Etat islamique (EI) remettant en cause les accords Sykes-Picot a aussitôt émergé dans les provinces majoritairement sunnites d’Al-Anbar et de Ninive. Ce qu’il représente ne disparaîtra pas après sa défaite à Mossoul, loin de là. La partition de facto du pays en entités plus ou moins autonomes semble maintenant en cours. Il va s’en dire qu’elles ne demeureront pas longtemps en paix.

    Mais en attendant cet éventuel redécoupage, ce sont les déclarations de campagne de Donald Trump – nouveau président des Etats-Unis – qui inquiètent. Elles ne laissent présager rien de bon dans la région, puisqu’il considère que les Américains ont le droit de s’emparer des champs de pétrole irakiens pour se rembourser des dépenses occasionnées par la guerre contre le terrorisme (terrorisme qu’ils ont eux-mêmes provoqué !). C’est plus facile à dire qu’à faire. Comme disent les anglo-saxons : Wait and see

    Présentation de l’ouvrage par son auteur (vidéo – 2’47):

    http://www.voxnr.com/6798/guerres-du-petrole-tout-a-commence-en-irak-en-1916

  • La mort de Fidel-Castro

    Patrick Gofman

    Hospitalisé fin juillet 2006, Fidel Castro, 81 ans, a passé la main le 19 février 2008 à son frère Raul Castro, 75 ans dont 50 comme ministre de la Défense. Une brochure publiée par Fidel en 1953 s'intitulait "La Historia me absolvera". L'Histoire l'absoudra-t-elle ?

    "Autopsie du castrisme", de Léo Sauvage, est paru dès 1962 chez Flammarion. Mais personne n'y fit attention. C'était tellement plus amusant d'écouter Jean-Paul Sartre et René Dumont. Et ils gueulaient tellement plus fort ! Retour de Cuba, en 1960, le "grand philosophe" s'extasiait sur le génie de Castro, qui ne craignait pas de « parler aux représentants des syndicats ouvriers, à La Havane, et demander qu'ils sacrifiassent une partie de leur salaire pour les premiers investissements qui donneraient le départ à l'industrialisation. » Ces ouvriers auxquels dans le maquis il avait promis, au contraire, de substantielles augmentations…

    Pas plus tard que le 25 juillet 1960, à Santiago de Cuba, un barbudo déçu expliquait ainsi à Sauvage : « Notre rêve à nous tous était une république libertaire d'où toute oppression serait bannie à jamais et que guideraient les principes de José Marti (1). Ce que nous avons eu à la place, c'est un État totalitaire jouissant de moins de libertés que la Pologne… »

    Pour ce maquisard en retraite, Castro avait trahi la révolution cubaine, et il en blâmait aussi « les flatteurs, les lâches, les imbéciles et les Jean-Paul Sartre. Sans eux, il n'y aurait pas eu de traître, parce qu'il n'y aurait pas eu de fou, ou parce que le fou n'aurait pas été à même de trahir. Et notre révolution n'aurait pas sombré dans un cloaque. »

    En mars 1960, en escale à New York, après Cuba, Sartre, auteur soit dit en passant des "Chemins de la liberté", déclarait à Sauvage : « …je suis partisan de la suppression de journaux [cubains indépendants] tels que le "Diario de la Marina". Il s'agit là d'organes aux tendances périmées et dont les attaques font perdre du temps au gouvernement révolutionnaire. Les libertés bourgeoises doivent être sacrifiées aux intérêts de la révolution, et seules peuvent être tolérées des critiques constructives, conformes à la volonté du peuple. »

    L'été suivant, Juan Arcocha, interprète de Castro (et Sartre), engueulait le même Sauvage pour avoir évoqué de prétendues menaces contre la liberté de la presse à Cuba… Cinq ans plus tard, cet Arcocha est en exil à Paris ; il appelle Sartre au secours des intellectuels cubains. Le philosophe se déclare inapte à convaincre Fidel et Beauvoir préfère « garder vivant le souvenir de la lune de miel de la révolution » ! Arcocha confesse : « J'en conclus que ces deux monuments intellectuels que j'avais placés sur un piédestal n'étaient que des touristes éclairés. Je brûlai donc mes idoles et ne les revis plus. » (2).

    René Dumont, candidat écolo à la présidentielle de 1974, et conseiller agronomique (peu écouté) de Castro, écrivait quant à lui dans "L'Express" (22 septembre 1960) : « On peut dire dès maintenant que la révolution cubaine est en train de rattraper, sur le plan économique, le niveau très élevé qu'elle avait déjà atteint sur le plan politique. » Mais dès 1963, il publie un violent réquisitoire contre le castrisme, "Cuba est-il socialiste ?" Que s'est-il passé ? Un familier de Castro à l'époque m'affirme que Dumont se vengeait de la frayeur mortelle que Fidel lui avait causée en lui reprochant avec une extrême violence ses conciliabules avec un agronome cubain, ancien ministre de l'Agriculture et opposé à la collectivisation.

    Un fameux agronome lui-même, le Lider Maximo, alias le Dealer Maximo (3) ! Cuba l'avait attendu pendant des siècles, pour briser enfin sa monoculture sucrière. Fidel mobilise femmes et enfants pour coudre une « ceinture de café » autour de La Havane. Chaque récolte est plus désastreuse que la précédente, et il met quatre ans pour découvrir que les plaines calcaires empoisonnent le caféier ! Qui aurait osé le lui dire à temps ?

    Personne non plus n'osa lui rappeler que les communistes cubains avaient donné des ministres à Batista (fantoche US), désapprouvé l'insurrection castriste, été chassés par les ouvriers de la direction de leurs syndicats… puisqu'il avait décidé de les imposer dans tous les rouages du pouvoir.

    Le quotidien "Présent" a accusé le Council on Foreign Relations (think tank du State Department, les Affaires étrangères US) d'avoir "fabriqué" Castro. Mais que dire alors de la CIA et de son débarquement de 1 400 nostalgiques de Batista, dans les marais de la baie des Cochons ? En évinçant la résistance démocratique cubaine (majoritaire dans l'île comme en exil), l'Agence offrait à Fidel un triomphe militaire sans péril mais pas sans gloire sur le géant américain (Kennedy dut en endosser la responsabilité), et redorait, pour longtemps, son blason de "héros du peuple cubain". Que dire aussi de l'occupation militaire US de Cuba (1898-1934), de la mainmise coloniale et mafieuse sur son économie ? Et que dire, enfin, du blocus seulement levé par Obama ?

    Aujourd'hui, « dans l'île trompeuse, le temps s'est arrêté. Les touristes adorent : les vieilles Cadillac, les palais décrépis, les slogans de leur jeunesse en grandes lettres noires sur fond de poing levé s'affichent çà et là au détour d'un carrefour, d'une avenue… Les Cubains, eux, triment, inventent le quotidien pour ne pas sombrer dans la désespérance », écrit un couple de correspondants de presse (1996-99) aujourd'hui indésirable à Cuba (4).

    Après un demi-siècle de puissante réflexion, la gauche découvre que le castrisme serait quelque peu totalitaire, et elle le lâche. Quand soixante-quinze dissidents collectionnent 1 453 années de prison, en mars 2003, Human Rights Watch, Amnesty International, Reporters sans frontières et compagnie ripostent par un cruel "Livre noir".

    Il ne reste guère à Fidel que le soutien de la Veuve Rose, Danielle Mitterrand. Pour elle, il « n'a rien d'un dictateur », c'est même un « démocrate convaincu » qui, affirmait-elle en 1996, a réalisé « le summum de ce que le socialisme pouvait faire » !

    Bien vu, mémère : en 1959, Cuba était le 3e pays d'Amérique latine en richesse. À présent, on y manque de tout (sauf de flics), et même de… sel et de poisson, le comble dans une île. Le dollar, la drogue, le crime organisé, la prostitution y sont de retour : Cuba n'est plus "le bordel des USA", elle est devenue celui de l'Europe et de l'Amérique du Sud. Sa première source de devises ? Les envois en dollars, à leurs familles, des exilés, officiellement remerciés du sobriquet de "vers de terre" (gusanos) ! Le tourisme est loin derrière (chaque dollar gagné coûte 75 cents d'investissement), contrairement à ce que raconte au "Monde 2" un inepte hagiographe du tyran, Volker Skierka.

    Quel avenir attend la belle Caraïbe ? En principe la présidence du poivrot Raul Castro. Mais en 1991 Martin Cruz Smith lui donnait « trois mois, maxi », dans le "Financial Times" : « Une fois que Fidel ne sera plus là, Raul aura l'air d'un poulet qui attend d'être plumé » (par ses chers amis de l'armée).

    "Le Monde" ne pouvait manquer de recueillir pieusement l'oracle stupide du compañero M. C. Morua, nègre socialaud, et drôle d'opposant qui geignait hier que « les Noirs pourraient être les grands perdants d'un changement » et prédit maintenant le passé avec aplomb : « Raul pourrait impulser des réformes économiques étroitement contrôlées par le pouvoir politique, à la chinoise. » C'est ce qu'il fait (tourisme de masse, dollarisation, économie mixte, etc.) depuis quinze ans. Merci pour le tuyau, Blackie.

    Dans leur excellent livre (4) de l'an 2000, Cumerlato et Rousseau ont moins de sotte arrogance et proposent déjà six scénarios possibles : « Une transition menée par Castro (le scénario chilien) – La révolution de palais (le scénario tunisien) – Le chaos (le scénario haïtien) – Le scénario constitutionnel – Le pacte de transition (le scénario espagnol) – Le scénario politico-militaire. » Faites votre choix…

    1.- José Marti (1853-1895), franc-mac, journaliste, poète, chef de la guerre d'indépendance contre l'Espagne. Le régime castriste s'en réclame, comme ses opposants.
    2.- "La Havane 1952-1961", collectif, éd. Autrement, 1994.
    3.- Le Guide suprême, "Lider Maximo", de la révolution cubaine a récolté le sobriquet de "Dealer Maximo" après l'affaire de drogue pour laquelle le général Ochoa et trois autres officiers furent exécutés avec une hâte suspecte…
    4.- "L'Île du Dr Castro", Stock.

    Lire L'échos parisien cliquez ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Trump, révolution ou simulacre ? La rébellion du peuple (partie 1)

    L’élection de Donald Trump à la présidence des États–Unis peut être un séisme américain et mondial, du jamais vu. Ou un énorme flop et une immense déception pour les populations qui l’ont élu. Analyse en trois parties, dont voici la première. 

    Victoire du populisme

    L’élection de Trump a été une surprise mondiale, tout comme le référendum du Brexit. Un milliardaire new-yorkais fantasque, défendant le peuple, la lower middle class des campagnes et des petites villes enclavées qui votent victorieusement pour lui, voici un paradoxe inexplicable pour les politologues et intellectuels officiels. C’est pourtant explicable. La rébellion du peuple de souche contre l’oligarchie cosmopolite et les politiciens, la défaite du ”politiquement correct” englué dans ses mensonges, la baisse  d’efficacité de la propagande de l’idéologie dominante (mais minoritaire) –notamment grâce aux réseaux sociaux– face à une éclatante réalité, par exemple la nocivité vécue de l’immigration de masse, expliquent en partie la victoire imprévue de Donald Trump. N’y a–t-il pas une certaine parenté avec la situation française ? Le réel contre l’idéologie.

    Ivan Rioufol écrit : « Le peuple américain a envoyé paître les mandarins de Washington […] La caste croyait régner sur un pays anesthésié. Elle avait avec elle les médias, le show–biz, Wall Street, le Vatican, l’Union européenne et tout ce que l’Occident culpabilisé produit d’esprits clonés. […] La majorité des médias s’est comportée comme le valet d’un Système à bout de souffle. […] L’évacuation du défi posé par l’islamisation de la France est venue mettre en scène la légèreté des partis, unis pour dénoncer le ”populisme”. Mais le voilà victorieux au nom du peuple contre les people […] Trump, en dénonçant le politiquement correct, la haine de soi et la tyrannie de minorités, s’est placé en premier adversaire de ce monde médiatique  acquis à la flagellation du monde libre et à la promotion de la culture musulmane. […] Poutine en Russie, Trump aux États–Unis : ce qui se dessine à rebours des codes académiques, est le produit d’une frustration populaire. La droite française peut y répondre si elle se décide à poser les bonnes questions sur l’immigration, l’islam, le communautarisme, les délocalisations ». (Le Figaro, 11/11/2016)

    Le peuple contre les people

    Cette expression d’Ivan Rioufol est particulièrement pertinente. Cette élection participe de la même lame de fond que le Brexit, la percée du FN en France, la montée des partis ”populistes” dans toute l’Europe. C’est-à-dire la révolte des populations autochtones des classes moyennes et pauvres contre des oligarchies mondialistes et l’immigration imposée.

    Trump a, sans surprise, remporté la majorité de ses suffrages chez les Blancs, les hommes, les ruraux et les petites villes et même chez les femmes blanches ; et Hillary Clinton chez les minorités raciales (de moins en moins minoritaires), les femmes latinos et noires, la bourgeoisie urbaine des côtes est et ouest, les diplômés. Les politologues ont noté un bouleversement électoral jamais encore vu : le Parti républicain devient celui pour lequel votent majoritairement la classe ouvrière et le prolétariat blancs, qui votaient jadis démocrate. Même sociologie électorale qu’en France où le FN est le premier parti ouvrier. 

    Trump est vécu par les oligarchies politiques, culturelles, intellectuelles, etc. de tout l’Occident –USA, Europe– comme le Mal, le ”populisme”, l’extrême droite, l’expression du ”petit blanc” inculte, raciste, sexiste, islamophobe. Il a cristallisé sur lui un capital de haine puissant qui s’est manifesté dans les  interventions acharnées de la planète culturelle américaine, Hollywood en tête – sauf Clint Eastwood, pro–Trump et donc maintenant détesté – mais aussi la Silicon Valley. Paranoïaques, des milliers  de ”cultureux”, d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains  (dont Stephen King), de membres du show-biz, envisagent de s’installer au Canada, pour ne pas vivre dans des États–Unis ”trumpisés”, donc fascisés… 

    Le Pape François a déclaré à des journalistes, juste avant l’élection, à destination des catholiques américains que Donald Trump « n’était pas chrétien  », notamment à cause de son programme d’expulsion des millions de clandestins. Comme Hollywood et la bourgeoisie de la Côte Est, le Vatican diabolise le milliardaire populiste.  Mais ces gens là, charitables, humanitaires, protégés dans leurs palais ou leurs résidences sécurisées des quartiers tranquilles, vivent-ils l’angoisse, l’insécurité de ce peuple qui vote mal, incorrectement ?  

    Rejet des politiciens, hostilité de la Silicon Valley

    C’est la première fois depuis 228 ans d’indépendance américaine que le 45e président de la première puissance mondiale vient du monde des affaires sans aucune expérience politique. Ce n’est pas forcément un handicap ! C’est d’ailleurs en partie pour cela  qu’on l’a élu : à cause d’un rejet dégoûté de la classe politique professionnelle, exactement comme en Europe. Et puis, pour faire une bonne politique, il n’est pas nécessaire d’être un politicien professionnel ; des non–politiciens bien entourés, courageux, travailleurs et déterminés peuvent être beaucoup plus performants que les dinosaures ”expérimentés”.

    Hillary Clinton,  arrogante candidate de l’establishment  a subi une gifle magistrale – ainsi que le couple Obama qui l’avait soutenue avec emphase et agressivité pendant sa campagne. L’élite a sous–estimé la détestation populaire à son égard. Hillary Clinton disposait de huit fois plus de moyens que Trump, en financements et en personnel de campagne. Et elle a perdu ! Là encore, tous les pronostics ont été démentis, malgré l’insistance de 95% des  médias sur l’impossibilité du Brexit et de la victoire de Trump.    Hillary Clinton a levé plus de 15 millions de dollars dans la Silicon Valley, Trump 706.000. Il désire à juste titre réguler le numérique, notamment Internet – dont il veut fermer des pans entiers– qui est devenu un réseau anarchique hébergeur d’innombrables sites délinquants ou criminels. Selon les gourous de la Silicon Valley,  qui ont publié une lettre ouverte anti–Trump de 150 personnalités, ce serait un « désastre pour la tech et l’innovation ». Ils s’affolent aussi de l’anti–immigrationnisme de Trump, rappelant que le secteur de la nouvelle économie numérique s’appuie à 40% sur des créateurs étrangers immigrés. Argument spécieux : ce ne sont pas ceux–là, ces cadres étrangers, assez peu nombreux d’ailleurs et très souvent européens, que Trump veut interdire d’accès ou expulser !   

    Trump et la droite française

    Après avoir méprisé Trump et préféré Mme Clinton, l’imposteur et girouette professionnelle Sarkozy, depuis l’élection du milliardaire, se réjouit de « sa victoire contre la pensée unique » et se rêve en un petit Trump français créant la surprise…Il essaie de profiter d’un ”effet Trump” pour battre Juppé qu’il présente – à juste titre d’ailleurs– comme un centriste mou qui avait soutenu Hillary Clinton.

    Marine Le Pen , de son côté, voyant l’élection de Trump comme une préfiguration de la sienne, une preuve supplémentaire d’une dynamique populaire contre les élites mondialiste, comme « la fin d’un monde », a demandé à Ludovic de Danne, son conseiller aux affaires européennes, d’aller transmettre directement ses félicitations au futur président. Pour l’instant, la crédibilité électorale de Marine Le Pen sort renforcée de cet événement sismique. Néanmoins, sur l’immigration illégale, les projets de Marine Le Pen sont nettement moins audacieux que ceux de Trump : elle ne prévoit aucune expulsion massive –pourtant légale– de clandestins. Globalement, son programme est très modéré comparé à celui du nouveau président américain.

    Elle se félicite de sa volonté de rapprochement avec la Russie, de son refus des ingérences belliqueuses au nom de la morale, de sa volonté de stopper les vagues migratoires. Elle voit dans l’effet Trump une parenté avec son slogan « pour le peuple et au nom du peuple ». Pour elle, l’élection de Trump est la preuve que le plafond de verre entretenu par une oligarchie arrogante peut être brisé par la mobilisation et la révolte du peuple. Oui mais….Trump sera-t-il un exemple ? S’il déçoit, cet ”effet Trump” se retournera contre tous ses soutiens en Europe.  

     Trump et les gouvernements européens

    Le gouvernement français et la gauche sont sortis foudroyés par ce ”scénario catastrophe”. Trump donne des « haut-le–cœur » à Hollande. Il faut dire que le président français ne met pas, en proférant cette insulte irresponsable, la diplomatie française en péril face au nouveau dirigeant de la première puissance mondiale, puisqu’il est internationalement discrédité (petit Narcisse vaniteux, incompétent, indécis et ridicule, qui révèle des secrets d’État) et entrera dans les poubelles de l’histoire en mai 2017. Valls, indécrottable démagogue, dit ” comprendre” ceux qui ont voté pour Trump, tout en condamnant ce dernier. Il essaie de se construire un futur électorat. On peut toujours rêver. 

    Élu contre tous les sondages et démentant les rêves éveillés de la quasi totalité des dirigeants européens, le diable (diabolisé, plutôt) Trump, quand il s’installera dans le Bureau ovale, se posera des questions : les gouvernements européens (surtout français, allemands et polonais) auront l’air malin et se mordront les doigts de l’avoir  presque insulté pendant sa campagne, parce qu’ils ne croyaient pas une seconde à son élection. Je serais à la place de Trump, je refuserais par exemple tout contact diplomatique avec la France, toute négociation tant que François Hollande, indigne et irresponsable, ne sera pas remplacé par un autre chef d’État.  

    L’influence de l’élection de Trump sur les populismes européens

    En tout cas, avec l’élection, prétendue impossible de Donald Trump, l’Amérique donne, une fois de plus, le la. Elle montre la voie à suivre aux Européens, elle les décomplexe et les influence comme dans de nombreux autres domaines. Pour le meilleur ou pour le pire. L’élection américaine renforce – et c’est tant mieux– les populismes en Europe et le mouvement de révolte contre les élites méprisantes immigrationnistes et multiculturalistes. Cette élection va conforter la rage des électeurs européens anti-système, quatre mois après le « non » imprévu des Britanniques à l’UE. On a remarqué  les soutiens enthousiastes de Marine Le Pen, Geert Wilders (PVV néerlandais), Beatrix von Storch (AfD allemand), Beppe Grillo (Cinque Stelle italien), Heinz–Christian Strache (FPÖ autrichien) à la victoire de Trump. Cette dernière peut pousser encore plus haut toutes ces formations populistes et briser le plafond de verre du Système.

    Mais attention : en Europe les élections arriveront après l’installation de Trump à la Maison Blanche. Il y aura un gros choc de déception s’il ne tient pas ses promesses, qui amputerait le vote populaire des forces qui le soutiennent en Europe. Comme il existe une fascination imitative pour tout ce qui est américain, le basculement populiste des USA peut se répercuter en Europe. L’élection de Donald Trump  peut avoir un effet de gonflement de l’électorat populiste en Europe mais aussi de recul si Trump renonce à son programme ou échoue. 

    Le Système ne s’avoue que provisoirement vaincu

    Après le Brexit et l’élection de Trump, le Système va tout faire pour neutraliser l’un et l’autre. Mais il faut dire que Trump, par ses outrances de campagne, a fourni les verges pour se faire battre et faire détester son programme. Personne ne le donnait gagnant deux semaines avant l’élection. Il aurait fait un score encore plus fort sans ses gaffes et ses pitreries. D’ailleurs, qu’il ait été élu en dépit de ces dernières en dit long sur l’exaspération populaire envers le Système. Même les électrices blanches de la middle class du Middle West lui ont pardonné ses propos particulièrement vulgaires de dragueur macho et sexiste. Elles ont estimé que ce n’était pas très important par rapport à l’essentiel. 

    Hillary Clinton incarnait le Système dans ce qu’il a de plus caricatural : représentante de la bourgeoisie immigrationniste, de l’impérialisme donneur de leçons, arrogante promotrice des dogmes politiquement corrects (antiracisme, théorie du genre, discrimination positive, antipopulisme, multiculturalisme, hostilité à l’Amérique profonde des ”petits Blancs”) la politicienne a vécu sa défaite comme un camouflet, une injustice, un scandale. À tel point que (comme lors de la qualification de Jean–Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle en 2002) des manifestations de ”démocrates” se succèdent pour signifier que Trump est illégitime et protester contre son élection.  Il faut s’attendre, dès que Trump prendra ses fonctions, à d’énormes pressions des vaincus (électoraux) du Système pour lui faire comprendre qu’ils sont toujours les maîtres et qu’il faut qu’il recule.   

    Chant du cygne des Blancs ?

     L’élection de Trump peut être interprétée comme le chant du cygne des Blancs des classes basses et moyennes qui – comme en Europe de l’Ouest– déclinent numériquement, faute de naissances suffisantes et du fait d’une immigration continue à natalité supérieure. Si les courbes se prolongent, les Blancs, descendants des Européens qui ont créé les États–Unis, seront minoritaires dès le milieu de ce siècle. Cette élection peut malheureusement être une ”réaction” sans suite dans les actes.  Ce serait catastrophique.

    C’est pourquoi, il s’agit peut-être de l’élection de la dernière chance. La responsabilité de Donald Trump est énorme : il lui appartient non seulement d’expulser les millions de clandestins  (que Hillary Clinton aurait évidemment régularisés) mais d’interdire toute immigration, sauf exceptions pour une minorité d’étrangers à haut potentiel scientifique ou technologique.  Le bon sens.

    La seconde partie de ce triptyque Trump : révolution ou simulacre ? s’intitulera Un programme de  choc ; et la troisième partie Risque d’échec ou d’explosion.

    http://www.gfaye.com/trump-revolution-ou-simulacre-1-la-rebellion-du-peuple/

  • Violences faites aux femmes : et si l’on parlait de la Turquie et du Maghreb ?

    Devant la pression de la rue et les manifestations indignées de milliers de femmes turques, le gouvernement vient de retirer ce mardi le texte présenté par l’AKP (le parti au pouvoir) et approuvé en première lecture par le Parlement jeudi dernier, lequel prévoyait la possibilité, dans certains cas, « d’annuler la condamnation d’une personne pour agression sexuelle sur mineur(e) si elle consent à épouser sa victime ». Ce qui promet, assurément, une vie de couple harmonieuse…

    Toutefois, il ne s’agit pas d’un abandon du texte mais seulement d’un « report », le temps pour les moustachus de peaufiner leur manœuvre visant à régulariser les quelque 3.000 mariages forcés avec des mineures qui continuent de se pratiquer chaque année dans les campagnes. Il faut dire – une fois n’est pas coutume – que la fille cadette du président elle-même s’élevait contre ce texte qui prétendait régulariser ainsi les « agressions sexuelles sans contrainte » (sic). Ledit texte sera donc « réexaminé en commission », le temps sans doute de définir ce qu’est une agression sans contrainte (!).

    Lire la suite

  • Les vrais ennemis de l'Occident: Alexandre del Valle présente sa somme de géopolitique (500 pages)