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international - Page 809

  • JT du Mercredi 27 janvier 2016 : Politique / La Guyanaise retrouve son indépendance

  • Le secret du prochain krach mondial dévoilé

    Le Forum économique mondial à Davos est submergé par un tsunami de dénis, et même de dénis de non-dénis, précisant qu’il n’y aura pas de répétition du krach de 2008.

    Il y en aura pourtant une. Et la table est déjà mise pour l’occasion.

    Des négociants du golfe Persique, y compris des Occidentaux qui y travaillent, ont confirmé que l’Arabie Saoudite s’est départie d’au moins un billion de dollars [mille milliards] de titres et a fait craquer les marchés mondiaux sur ordre des Maîtres de l’Univers, ceux-là mêmes qui tirent les ficelles derrière le canard boiteux Barack Obama.

    Finie l’époque où la maison des Saoud pouvait caresser l’idée de voir geler tous ses avoirs. Dorénavant, elle agit sur ordres. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car selon les négociants du golfe Persique, les investissements saoudiens en Occident pourraient totaliser jusqu’à 8 billions de dollars et ceux d’Abou Dhabi jusqu’à 4 billions de dollars.

    À Abou Dhabi, tout est compartimenté, pour que personne ne puisse comprendre quoi que ce soit, hormis des courtiers et des négociants qui connaîtraient chaque superviseur de chaque compartiment d’investissements.
    Puis pour la maison des Saoud, le déni est, sans surprise, une règle d’or.

    Ce largage massif de titres a été rapporté ici et là par les médias institutionnels, mais les chiffres sont largement sous-estimés. Plus rien ne filtrera des détails parce que les Maîtres de l’Univers y ont opposé leur veto.

    Les ventes de l’Arabie Saoudite et d’Abou Dhabi se sont intensifiées depuis le début de 2016. Une source dans le golfe Persique dit que la stratégie saoudienne va démolir les marchés. Une autre source parle d’asticots qui bouffent la carcasse dans le noir. La débâcle de mercredi à Wall Street, en Europe, à Hong Kong et à Tokyo, n’augure rien de bon.

    C’est donc déjà en train de se produire. L’une des conséquences décisives pourrait être, à court ou à moyen terme, rien de moins que l’effondrement de la zone euro.

    Vers le krach de 2016 ?

    L’hypothèse d’une instrumentalisation de la maison des Saoud en panique pour faire s’écrouler une bonne partie de l’économie mondiale n’est pas à rejeter. Mais à qui profiterait le crime ?

    Moscou et Téhéran sont bien placés pour le savoir. La logique derrière l’effondrement du marché, la récession puis la dépression qu’il engendre – du point de vue des Maîtres de l’Univers qui tirent les ficelles derrière le canard boiteux qu’est le président des États-Unis – c’est d’orchestrer un ralentissement majeur, saboter les habitudes d’achat, réduire la consommation de pétrole et de gaz naturel et précipiter la Russie dans la ruine. D’autant plus que le pétrole à très bas prix agit comme une sorte d’ersatz de sanction contre l’Iran.

    N’empêche que le pétrole iranien est sur le point de réintégrer le marché, qui disposera ainsi de quelque 500 000 barils de pétrole de plus par jour d’ici le milieu de l’année, auquel s’ajoute un surplus stocké dans les navires pétroliers du golfe Persique. Ce pétrole peut et sera absorbé, car la demande augmente (p. ex., 1,9 million de barils de plus par jour aux USA en 2015), tandis que l’offre diminue.

    L’augmentation de la demande et la chute de la production inverseront le krach pétrolier d’ici juillet. Qui plus est, les importations de pétrole par la Chine ont récemment grimpé de 9,3%, pour atteindre 7,85 millions de barils par jour, discréditant ainsi l’hégémon qui prétend que l’économie de la Chine s’effondre et qui rend celle-ci responsable de la morosité actuelle sur les marchés.

    Comme je l’ai déjà souligné ici, les prix du pétrole devraient repartir à la hausse bientôt. Goldman Sachs est d’accord. Ce qui donne aux Maîtres de l’Univers une marge de manœuvre restreinte pour permettre aux Saoudiens de liquider des quantités massives de titres sur les marchés.

    La maison des Saoud pourrait avoir un besoin désespéré d’argent, son budget étant en état d’alerte maximale. Mais le largage de titres demeure résolument autodestructeur. Ils ne peuvent tout simplement pas se départir de 8 billions de dollars. La maison des Saoud est en train de rompre l’équilibre au niveau de sa richesse.

    L’hagiographie occidentale a beau tenter de dépeindre Riyad comme un joueur responsable, il n’en demeure pas moins que de nombreux princes saoudiens assistent avec horreur à la destruction de la richesse du royaume par ce hara-kiri au ralenti.

    Existe-t-il un plan B ? Oui. Le prince guerrier Mohammed ben Sultan, qui mène la barque à Riyad à l’heure actuelle, devrait prendre le prochain vol pour Moscou afin d’élaborer une stratégie commune. Mais cela n’arrivera pas.

    En ce qui concerne la Chine, qui est le principal importateur de pétrole saoudien, Xi Jinping s’est récemment rendu à Riyad, Aramco et Sinopec ont signé un partenariat stratégique, mais le partenariat stratégique qui compte vraiment, surtout lorsqu’on prend en considération l’avenir de l’initiative « Une ceinture, une route », c’est celui entre Pékin et Téhéran.

    La liquidation massive de titres par les Saoudiens concorde avec leur guerre des prix du pétrole. Dans la situation actuelle, extrêmement volatile, les prix du pétrole sont à la baisse, les titres boursiers sont à la baisse et les stocks pétroliers sont à la baisse.

    Mais la Maison des Saoud n’a pas encore compris que les Maîtres de l’Univers l’amènent à s’autodétruire massivement, notamment en utilisant sa capacité inutilisée pour inonder le marché pétrolier. Tout cela pour blesser à mort la Russie, l’Iran et… l’Arabie Saoudite.

    Ce n’est qu’un pion dans leur jeu

    Pendant ce temps à Riyad, fusent les rumeurs de coup d’État contre le roi Salman, qui souffrirait de démence et qui serait confiné dans son palais.

    Deux scénarios sont possibles :

    1) Le roi Salman, 80 ans, abdique en faveur de son fils, Mohammed ben Salman, 30 ans, le prince guerrier fauteur de troubles qui se distingue par son arrogance et son ignorance, soit l’actuel vice-prince héritier et ministre de la Défense, celui qui mène de facto la barque à Riyad. Cela pourrait avoir lieu prochainement. En prime, le ministre du pétrole en place, Ali al-Naïmi, qui n’a pas de sang royal, serait remplacé par Abdulaziz ben Salman, un autre fils du roi.

    2) Une révolution de palais. Salman (et son fils fauteur de troubles) est mis à l’écart et remplacé par Ahmed ben Abdulaziz (qui a déjà été ministre de l’Intérieur), ou par le prince Mohammed ben Nayef (l’actuel ministre de l’Intérieur et prince héritier).

    Peu importe le scénario qui prévaudra, le M16 britannique est très au fait de toute cette pantomime. Le BND allemand pourrait l’être aussi. Tous ont à l’esprit la note de service du BND datant de la fin de 2015, qui décrit le vice-prince héritier Mohammed ben Salman comme un joueur politique qui cherche à déstabiliser le monde arabe en menant des guerres par procuration au Yémen et en Syrie.

    Des sources saoudiennes, qui tiennent à leur anonymat pour des raisons évidentes, soulignent que dans la maison des Saoud, ils sont 80% en faveur d’une révolution de palais.

    Reste à savoir si ce genre de remaniement va changer quoi que ce soit au ralenti du hara-kiri en cours. L’impératif demeure le même, car les Maîtres de l’Univers sont prêts à faire basculer le monde entier dans une récession majeure, essentiellement pour étrangler la Russie. La maison des Saoud n’est qu’un pion dans ce jeu cruel.

    Notes : Par Pepe Escobar: journaliste brésilien et l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007).

    Traduit par le Saker francophone

    Source :Al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuVFAEZlVEwpjYEqzZ.shtml

  • Sanctions contre la Russie: boomerang contre la France

    Les sanctions économiques contre la Russie et les mesures de rétorsion russes qui ont logiquement suivi sont désastreuses pour l’économie française. À la suite de la crise ukrainienne, le gouvernement français, oubliant le principe de souveraineté nationale, a choisi une stratégie anti-russe, dictée par Washington et adoptée par les autres pays de l’UE. Cette position est catastrophique pour les intérêts français – mais aussi européens.

    L’avertissement de l’ambassadeur de Russie

    La dégradation de la relation franco-russe, création d’une inimitié factice, nuit plus à la France qu’à la Russie. La politique étrangère française commet une grosse erreur d’analyse, sur les plans politique comme stratégique. M. Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France, déplore cette situation dans ses vœux : « je suis obligé de constater avec regret que la France, tout comme un certain nombre d’autres pays de l’UE, suit les règles d’un jeu qui n’est pas le sien en s’enfonçant dans une confrontation absolument inutile, insensée et dangereuse avec la Russie que J–P. Chevènement a qualifié de ”spirale de la folie” ».

    Et il donne des statistiques inquiétantes : en 2014, déjà, le chiffre d’affaires des échanges et coopérations franco-russes avait chuté de 17,6%. Mais, en 2015, en milieu d’année (dernières statistiques connues), il s’est effondré de 44% ! Les sanctions contre la Russie de l’UE risquent de coûter 0,5% de PIB à la France et lui faire perdre 165.000 emplois. Sans compter les perspectives d’investissements, d’exportations futures compromises, les projets économiques annulés. Il ne s’agit pas seulement des programmes d’investissements français en Russie mais aussi des plans d’investissements russes en France.

    De plus, nombre d’exportateurs français ne peuvent plus avoir la Russie comme client, notamment dans la filière agricole, à cause de l’embargo. Cela a les mêmes effets que si les Russes boycottaient les produits français. On se tire vraiment une balle dans le pied ! Il paraît (dixit M. Macron) que les sanctions pourraient être levées pendant l’été 2016 ; mais le mal est fait, même s’il dit la vérité.

    Le mécanisme russophobe de soumission de l’Europe à Washington

    Le gouvernement français a commis une bévue majeure. Et en parallèle, il s’apprête à valider le traité de libre échange transatlantique, imposé à l’administration de l’Union européenne très attentive aux lobbies industriels américains. 

    Comme l’écrit Yves de Kerdrel : « les princes qui nous gouvernent […] n’ont pas encore compris que l’Amérique se fiche des Européens comme d’une guigne et que nous ne l’intéressons qu’en étant ses affidés dans l’Otan ou comme signataires d’un traité transatlantique qui donne tous les droits aux États–Unis. Ils ne veulent pas voir que notre intérêt à long terme est de nous rapprocher de la Russie plutôt que de lui appliquer des sanctions ridicules » (Valeurs actuelles, 21/12/2015 – 06/01/2016).

    Donc, d’un côté, l’Union européenne obéit à Washington pour prononcer des sanctions économiques contre la Russie qui nuisent aux économies européenne et russe, mais qui n’affectent en rien l’économie américaine, cette dernière ayant peu d’échanges avec la Russie ; et de l’autre, elle signe un traité commercial de soumission aux USA, qui est l’exacte réplique des fameux ”traités inégaux” et coloniaux imposés à la Chine au XIXe siècle !

    On repère ici un double mécanisme très logique : le but de Washington est de rompre à son profit les liens économiques UE–Russie dans le but d’affaiblir et l’UE et la Russie. Bien joué. On ne doit pas du tout en vouloir aux stratèges de l’État US. Bon coup de poker. En revanche, on doit se demander si certains dirigeants de l’UE, qu’ils soient élus nationaux ou parlementaires et fonctionnaires européens, ne sont pas achetés, donc corrompus par les lobbies américains. (1)

    Du fait de l’énorme baisse du prix international à l’export du pétrole (chute de 75% en dix–huit mois), la Russie, dont une trop grande partie de la balance commerciale et donc du PNB dépendent de ces exportations d’hydrocarbures) (2), se trouve dans une situation difficile. Les sanctions européennes, dictées par les USA, aggravent la situation russe. C’est le but. 

    Capitulation française

    La politique étrangère de l’Etat français contredit complètement les intérêts nationaux sur plusieurs points : hostilité à la Russie, obéissance à Washington, coopération soumise avec les monarchies sunnites dictatoriales du Golfe, notamment Arabie saoudite et Qatar.

    L’annulation (illégale au regard du droit commercial international) de la vente des navires militaires de la classe ”Mistral” à la marine russe, revendus à l’Égypte et payés par l’Arabie, a été une erreur géopolitique majeure. Une capitulation honteuse. On a vendu à de faux alliés des armes dangereuses destinées à de vrais alliés. Malheureusement pour nous, les Russes se souviendront de cette trahison. Comme ils se souviendront des sanctions économiques. Et bien d’autres pays se diront que la France n’est pas fiable dans ses contrats internationaux.

    Du temps de De Gaulle, la France était beaucoup plus sympathique avec l’Union soviétique que la France d’aujourd’hui avec la Russie qui est pourtant plus démocratique que la défunte URSS. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, la France était un pays indépendant . Plus maintenant. L’hostilité des pouvoirs français et européens envers la Russie n’est pas seulement provoquée par le fait que certains dirigeants français et européens sont personnellement tenus par les lobbies d’outre–Atlantique ; mais aussi en raison d’une russophobie aux racines idéologiques. 

    La cause idéologique et morale de la russophobie

    En effet la seconde cause de la russophobie de nos dirigeants ne s’explique pas du tout par la crainte d’ une prétendue ”menace russe” ou par le caractère ”dictatorial” du gouvernement de M. Poutine, affabulations auxquelles même les journalistes qui en font la propagande ne croient pas. Elle est que la Russie actuelle présidée par M. Poutine entreprend une révolution conservatrice ; c’est–à – dire un retour à des normes et des valeurs détestées par les oligarchies françaises et européennes.

    La Russie, beaucoup plus que l’URSS de jadis, heurte l’Occident. L’Occident et l’URSS s’entendaient bien, finalement. Avec la nouvelle Russie de M. Poutine, le courant passe moins. La raison est que cette dernière défend une vision du monde, politique et éthique, qui est à l’opposé de celle du nihilisme occidental.   

    Patriotisme, natalisme, défense des traditions religieuses et familiales, enracinement dans l’Histoire, restauration de la puissance et de l’indépendance, etc. Toutes ces valeurs – qui sont pourtant les mêmes que celle que De Gaulle avait essayé de restaurer en France – sont détestées par les oligarchies européennes actuelles et par l’idéologie dominante, mais minoritaire. (3)

    Nous sommes là dans un champ encore plus important que la géopolitique : celui de l’idéologie et de l’éthique. Nos dirigeants voient dans la nouvelle Russie poutinienne une énorme menace d’attraction, le danger d’un exemple pour les peuples européens. Ils nomment cela le ”populisme”. Tout ce est qui pro–russe est dangereux parce que cela menace le simulacre de la démocratie occidentale. Leur cauchemar : que la nouvelle Russie de Poutine   

    Quoi qu’il en soit, notre intérêt serait, non pas un ”pacte transatlantique ” ni un mondialisme suicidaire mais un ”pacte euro–russe”. La France devrait montrer l’exemple. Cette position n’est pas du tout fondée sur l’anti-américanisme mais sur la réalité géopolitique fondamentale. La Fédération de Russie est notre alliée naturelle dans la ”maison commune”. 

    Notes:

    (1) Incroyable humiliation : l’actrice américaine bimbo et bas de gamme Pamela Anderson, par ailleurs femme d’affaire millionnaire et avisée, a été autorisée à faire devant l’Assemblée nationale française ( !) un discours contre le gavage des canards et des oies pour la fabrication du foie gras, spécialité française mondiale. Le lobbying est clair : casser une filière artisanale française au profit de l’industrie agroalimentaire US. Ceux qui ont autorisé le discours de cette actrice américaine de séries B devant les député(e)s – du jamais vu – peuvent légitimement être soupçonnés de connivences…Vous avez compris ce que ce mot sous-entend. Un mélange d’humiliation assumée, de corruption probable et de bêtise. 

    (2) Le principal défi économique de la Russie est de diversifier ses recettes extérieures par des exportations industrielles et de services hors matières première (pétrole et gaz). La Russie a donc besoin d’investissements européens. D’où la nécessité d’un bloc économique de libre échange euro-russe et non pas euro-américain.

    (3) Les dirigeants ”démocratiques” de l’Europe actuelle font des politiques et développent des idéologies qui ne sont pas approuvées par la majorité de la population. En revanche, la politique de M. Poutine est approuvée par une majorité des Russes. Cherchez l’erreur.

    http://www.gfaye.com

  • La Corée du Nord au-delà des clichés par Georges FELTIN-TRACOL

    Le 6 janvier 2016, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) procéda à l’explosion souterraine de sa première bombe H thermonucléaire. Si l’essai a bien été confirmé, les experts occidentaux estiment que vue sa basse intensité, ce ne serait finalement qu’une banale bombe A. Il n’empêche que fidèles à leurs grossières manières de bandit de grand chemin, les États-Unis ont cherché une nouvelle fois à insulter Pyongyang qualifié d’« État-voyou » alors que les modèles de cette funeste catégorie s’appellent, outre les USA, la Grande-Bretagne, l’Allemagne fédérale, l’OTAN, l’Arabie Saoudite, la Qatar, leur maîtresse, la République hexagonale, la Turquie et Israël. Ce dernier possède même plus d’une centaine d’ogives nucléaires, mais ne subit jamais une seule condamnation de la minable « Communauté internationale ». Tel-Aviv est parfaitement intégré dans le mondialisme réticulaire global tandis que la RPDC ne souhaite pas s’y rallier. Cette démonstration nucléaire pose la souveraineté politique, nationale et populaire, du seul vrai État en Corée, ce que tous les souverainistes de la planète devraient se féliciter.

    La Corée du Nord n’est guère connue en France. C’est la raison pour laquelle l’essai de Denis Gorteau est plus que bienvenu. En de courts chapitres didactiques, il tente à la fois de mieux cerner et de faire découvrir ce que les médiats institutionnels appellent avec un mépris certain le « Royaume-ermite ». Le propos, s’il est pertinent – quoique un peu sommaire – , se situe fréquemment à contre-courant. En effet, l’auteur pense que la Corée du Nord pourrait devenir une nouvelle puissance économique. Cela n’a pas échappé aux organisateurs du 46e Forum économique mondial de Davos qui aurait accueilli une délégation nord-coréenne conduite par l’ancien ambassadeur en Suisse, Ri Su-yong, et actuel ministre des Affaires étrangères. Cela aurait été une première depuis dix-huit ans si, après le nouvel essai, Davos n’avait pas retiré son invitation… La maîtrise conjointe du nucléaire et du spatial (la RPDC place en orbite des satellites depuis sa propre base de lancement) représente un atout stratégique majeur.

    L’héritage de la présence japonaise

    Plutôt que vouloir vitrifier sa voisine et sœur ennemie du Sud, la Corée du Nord souhaite d’aborddissuader son voisinage d’une quelconque ingérence dans ses affaires intérieures. La géographie la met au centre de plusieurs aires d’influence concurrentes : la Chine, la Russie, le Japon et les États-Unis. Dans son histoire, « les voisins du Nord et de l’Est servent généralement d’envahisseurs tandis que la Chine joue le rôle de protecteur et de tuteur à la fois militaire et culturel (p. 11) ». Or, les traités inégaux du XIXe siècle font perdre ce rôle à l’Empire du Milieu au profit du Japon qui annexe la péninsule en 1910. « Avant cet épilogue au bénéfice du Japon le débat d’idée était vif en Corée, tout le monde voulait des changements mais il n’y avait pas de consensus sur les moyens de se moderniser : on hésite entre la tutelle chinoise, l’Occident et le Japon. En tout cas l’indépendance coréenne devient précaire eu égard au retard du pays (p. 18). » L’occupation japonaise n’est pas entièrement négative. « L’intégration à l’économie japonaise a changé la Corée : les villes se développent et se modernisent suite aux destructions. […] Le Japon industrialise le pays à son profit : les grandes firmes nippones installent leurs hommes autour des gouverneurs. Une foule de petites entreprises émerge à l’ombre des occupants, elles serviront de base aux multinationales actuelles… (pp. 18 – 19) » : les fameux chaebol (conglomérats industriels et commerciaux d’origine familiale) – tels Hyundai ou Samsung – structurent l’économie de la Corée du Sud. 

    Ce dilemme se retrouve parmi les militants communistes prêts à la libération nationale. Quand est fondé le Parti du travail de Corée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’appareil communiste se divise en quatre tendances : les militants restés en Corée et souvent emprisonnés par les Japonais, les réfugiés en Chine, les exilés en URSS et les partisans entrés en guérilla en compagnie de Kim Il-sung. Fils d’un militant indépendantiste, Kim Il-sung rejoint une résistance modeste vers 1932. Pragmatique, il louvoie entre les différentes instances chinoises et soviétiques avant de créer et de diriger à partir de 1948 la RPDC. Il se distingue bientôt par une voie originale, nationale-communiste, tout en conservant une stricte équidistance, une quasi-neutralité, entre Pékin et Moscou. « Si Kim Il-sung partage les critiques de Mao à l’encontre de l’URSS “ révisionniste ”, il se garde de donner des prétextes à Moscou pour intervenir (pp. 23 – 24). » 

    L’abandon du communisme 

    C’est dans un contexte géopolitique complexe (hostilité de l’Occident atlantiste et guerre froide entre la Chine et l’Union Soviétique) que Kim Il-sung développe la doctrine très pertinente du juche. C’est un fait méconnu : « Dès après 1955 l’idéologie de la Corée du Nord va lentement évoluer vers autre chose qu’un communisme orthodoxe porté par Staline et le bloc de l’Est. Se considérant comme un pays du tiers-monde concerné par les problèmes d’indépendance nationale, la RPDC et plus encore son maître incontesté Kim Il-sung vont développer une idéologie composite entre le communisme et le nationalisme : le juche. Un terme coréen difficilement traduisible qui mêle les notions d’indépendance, de souveraineté et de liberté créatrice (p. 45) ». De là, l’effacement des références communistes, voire marxistes-léninistes, au profit de valeurs nationalistes et identitaires. Sait-on ainsi que « la constitution de 1972 [qui] remplace celle de 1948 […] n’était pas une constitution communiste : les pouvoirs y étaient séparés et la référence au socialisme très indirecte (p. 24) » ? Mieux, « le juche remplace même explicitement le marxisme-léninisme comme idéologie de l’État (p. 46) » tandis que le gendérisme, le bankstérisme et le métissage multiracial constituent toujours la clef de voûte du Système laïcard dans l’Hexagone… Certes, « à la lettre le juche se présente comme une suite du marxisme, un post-socialisme adapté à la réalité de la nation coréenne encore partiellement dominée (au Sud) et cerné de grandes puissances (p. 46) ». 

    La Corée du Nord paraît développer un caractère spécifique, national-révolutionnaire soldatique, digne duTravailleur et de la Mobilisation totale chers à Ernst Jünger. En effet, « les livres nord-coréens traitant dujuche ont une forme philosophique : l’Homme y est présenté comme pouvant tout. Par “ Homme ” il faut comprendre les masses ou la nation. La patrie (et non plus vraiment les classes exploitées) doit être guidé par un Parti et le chef de celui-ci. C’est sans doute le sens des gigantesques rassemblements entraînés pour animer d’immenses fresques vivantes (p. 46) ». Prométhée, ou Faust, séjournaient dorénavant à Pyongyang… À moins que cela soit Hegel qui œuvrait en faveur d’« une monarchie constitutionnelle, fortement centralisée dans son administration, largement décentralisée en ce qui concerne les intérêts économiques, avec un corps de fonctionnaires de métier, sans religion d’État, absolument souverain, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur (E. Weil, Hegel et l’État. Cinq conférences, Vrin, coll. « Problèmes et controverses », Paris, 1950, p. 56) ». 

    Un État vraiment souverain 

    Si l’objectif principal demeure la réunification de la péninsule et le départ définitif de l’occupant bellicisteyankee, d’où l’existence sous la direction du Parti du travail de Corée d’un Front démocratique pour la réunification de la patrie incluant le Parti social-démocrate de Corée et le Parti Chondogyo-Chong-u (une formation nationale-religieuse chondoïste, un culte révolutionnaire paysan apparu à la fin du XIXe siècle sur un syncrétisme animiste, bouddhiste, taoïste et chrétien), la RPDC « semble peu favorable aux échanges. La monnaie nationale, le won, n’est pas convertible et le pays refuse tout échange en dollar, la monnaie de “ l’ennemi ” étatsunien (pp. 83 – 84) ». Authentique société fermée qui applique les règles de l’autarcie ou, au moins de l’auto-suffisance, la Corée du Nord par son refus du billet vert, s’exonère de toute tutelle terroriste – bancaire US. On conçoit mieux ensuite la folle détermination de Washington la ploutocratique de réduire cet « empêcheur de tourner en rond ». « Néanmoins, cette fermeture est à relativiser (p. 84) ». « Bien des Nord-Coréens font des aller-retours avec l’étranger soit de façon légale, soit de façon para-légale (p. 83) », car l’État réglemente les déplacements de population et limite les migrations. 

    Grâce à Denis Gorteau, on va au-delà des clichés et des interprétations fictives, biaisées et mensongères diffusés par des médiats occidentalistes, grands pourvoyeurs de désinformation chronique. Par son idiosyncrasie, la RPDC  s’inscrit pleinement dans « le passé de la Corée [qui] confirme cette tendance à la personnalisation du pouvoir sur fond de défense de la nation (p. 50) ». Ne pas prendre en compte son indubitable particularisme serait la preuve flagrante d’une incommensurable sottise occidentale. 

    Georges Feltin-Tracol 

    • Denis Gorteau, Corée du Nord, le pays qui n’était pas là, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », 2015, 126 p., 15 €, à commander à BP 60359, F – 64141 Billère CEDEX ou à <alexipharmaque@alexipharmaque.eu>.

    http://www.europemaxima.com/?p=4701

  • La guerre secrète de Washington...

    En décembre est arrivé un nouveau volontaire étasunien, David Simpson, qui s'est aussitôt rapproché des instances gouvernementales de la République de Donetsk et de l'agence internationale DONi qui a été autorisée a diffuser en exclusivité les premiers entretiens de cet ex-officier de la CIA venu rejoindre la rébellion du Donbass contre l'agression atlantiste menée en Ukraine par les USA et leurs laquais de l'Union Européenne.

     

    Après les premiers entretiens réalisés par le Directeur de Doni News et qui ont abordé l'aspect géopolitiques de l'ingérence étasunienne en Ukraine, j'ai été invité par Janus Putkonen a réaliser en compagnie de Laurent Brayard une premier "entretien militaire" avec David Simpson. Cet entretien général dont vous trouverez un extrait vidéo ici aborde l'implication concrète et exponentielle des services étasuniens dans la crise ukrainienne en général et la guerre dans le Donbass en particulier..

    Au cours de ce premier entretien, l'ex-officier de la CIA nous a confirmé qu'au delà d'un soutien politique et économique affiché par les occidentaux au nouveau pouvoir de Kiev, les USA avaient mis en place sur le terrain depuis l'affaire du "Maïdan" fin 2013, une intervention concrète de leurs services spéciaux, notamment de la NSA et la CIA... 

    Cette ingérence étasunienne incarnée par les visites de Ashton, Biden ou Brennan dès les premières mois de la crise ukrainienne, montre bien l'intérêt porté par les USA et le système libéral à cette région d'Europe, traditionnel "pivot stratégique" des confrontations historiques entre l'Est et l'Ouest.

    Lire la suite 

  • Jean-François Colosimo : « L’alliance de la Turquie avec Daech est objective »

    Jean-François Colosimo a accordé un entretien-fleuve à FigaroVox au sujet du rôle géopolitique de la Turquie au Proche-Orient. Il déplore le double-jeu d’Erdoğan et la passivité de l’Europe.

    LE FIGARO. - On a appris les bombardements d’un village chrétien de Sharanish au nord de l’Irak, dans le cadre des opérations anti-PKK. Juste après les attentats d’Istanbul, la Turquie avait lancé une campagne de frappes aériennes contre Da’ech en Irak et en Syrie. Quel est son ennemi prioritaire, Da’ech ou les minorités ?

    Jean-François COLOSIMO. - Une vague de bombes qui revêt valeur d’avertissement pour l’État islamique et de gage pour les États-Unis ne saurait épuiser la question du double jeu d’Ankara dans la nouvelle crise d’Orient. Le fait de se vouloir à la fois le champion de l’Otan et le passeur de Da’ech n’engage pas d’autre ennemi prioritaire que soi-même. La Turquie est en lutte contre la Turquie. Elle combat les spectres des massacres sur lesquels elle s’est édifiée. Que les minorités, chrétiennes ou autres, souffrent au passage, c’est leur sort. Car toute l’histoire moderne du pays se conjugue dans ce mouvement de balancier perpétuel entre adversité du dehors et adversité du dedans. Et au regard duquel les changements de régime ne comptent guère.

    Comment s’est opéré le basculement d’une Turquie laïque vers l’intensification de l’emprise de l’islam sur toute la société ? Quel est le sort des minorités ethniques et religieuses ?

    Afin de comprendre la Turquie d’aujourd’hui, il faut, comme il est d’habitude en Orient, s’établir sur le temps long. Plusieurs illusions de perspective menacent en effet une claire vision : qu’il y aurait une permanence en quelque sorte éternelle de la Turquie, qu’il y aurait lieu d’opposer la Turquie laïciste de Mustafa Kemal et la Turquie islamiste de Recep Erdoğan, que l’avenir de la Turquie serait nécessairement assuré.

    La Turquie contemporaine est incompréhensible sans l’Empire ottoman, lequel est lui-même incompréhensible sans l’Empire byzantin qui l’a précédé : comment passe-t-on, à l’âge moderne, d’une mosaïque multi-ethnique et pluri-religieuse à des ensembles nationaux et étatiques cohérents ? Or, la décomposition de l’Empire ottoman, entamé dans les années 1820 avec l’indépendance de la Grèce, n’en finit pas de finir. Depuis la chute du communisme, de Sarajevo à Bagdad, les récents incendies des Balkans et les présents incendies du Levant attestent de sa reprise, de sa poursuite et de son caractère, pour l’heure, inachevé. [....]

    La suite sur Le Figaro.vox

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Jean-Francois-Colosimo-L-alliance

  • "Flash Mob" en Hongrie au profit des Chrétiens d'Orient

    Cela s'est passé le 13 décembre dernier à Budapest sur un marché de Noël.

    Philippe Carhon

  • POLITIQUE ET ÉCO N°75 - LUDOVIC GREILING : MONNAIE ET POUVOIR, LA MONNAIE, UN ENJEU GÉOPOLITIQUE