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international - Page 868

  • Corée du Nord : La grande illusion

    En 2012, après deux ans de tractations, Michaël Sztanke et Julien Alric avaient obtenu un visa pour pénétrer en Corée du Nord. De ce premier voyage, ils sont revenus avec des images officielles. Jamais ils n’ont pu observer ce qui se cachait derrière la vitrine de Pyongyang.

    En 2014, ils ont obtenu un nouveau visa afin de terminer leur film. Cette nouvelle plongée dans le royaume ermite leur a permis de répondre aux questions restées en suspens lors de leur premier voyage.

    Comment vivent les Nord-Coréens ? Quelle est la véritable nature de ce régime ubuesque ? Ils se sont également rendus en Corée du Sud afin de rencontrer des réfugiés nord-coréens qui, miraculeusement, ont pu s’échapper vers le sud et témoigner.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Ni Mistral, ni Rafale… mais tempête sur l’Élysée

    « Le dossier est clos », tranchait l’Elysée le 5 août après la décision de ne pas livrer à la Russie deux navires dont la commande s’était élevée à 1,2 milliard d’euros. Tel n’était pas l’avis de Présent (voir Présent du 8 août) qui, outre l’incalculable perte de crédit frappant désormais, et sans doute durablement, nos industries d’armement, s’interrogeait sur « le montant exact de l’ardoise » laissée par le refus de vente des Mistral.

    Sans doute informé par un ponte de la Direction des constructions navales (DCNS) constructrice des deux porte-hélicoptères et furieuse du mauvais coup qui lui a été porté, Le Canard enchaîné vient de répondre à la question : plus de 2 milliards d’euros. Au remboursement à Moscou des arrhes déjà versés (896 millions d’euros), il faudra en effet ajouter ceux des « frais engagés pour aménager le port de Vladivostok afin d’accueillir les nouveaux navires », de « l’adaptation en version maritime des 32 hélicoptères K52 emmenés par les navires », ainsi que « la formation de 400 marins russes pendant un an et demi ». Soit 300 millions d’euros. Mais il faudra aussi dédommager la DCNS (350 millions d’euros environ), « dérussifier » les navires en les adaptant aux normes de l’OTAN (200 millions) et continuer à assurer jusqu’à leur revente – éventuelle – le gardiennage et la maintenance, évalués à un million par jour, des Mistral à quai dans le port de Saint-Nazaire. Alors que l’argent manque si cruellement pour secourir les agriculteurs et les entreprises touchées par la crise, la servilité de Paris face au diktat de Washington va donc nous coûter 2 milliards d’euros. Et il y a encore plus grave : avant de reprendre sa parole, la France aurait en effet effectué un transfert de technologie par la transmission de 150.000 pages de spécifications techniques à la Russie… qui a donc maintenant tous les éléments en main pour construire des clones du Mistral ! Comme on sait, un malheur n’arrive jamais seul.

    En même temps que Paris et Moscou arrivaient au « meilleur accord possible » (cf. l’inénarrable Le Drian dont on espère que, probable tête de liste socialiste aux régionales en Bretagne, il paiera cher sa complicité dans cette dilapidation des deniers publics), le premier ministre indien Narendra Modi, qu’un Hollande épanoui avait reçu avec faste à Paris en avril dernier, lançait le 3 août sa bombe à fragmentation : réflexion faite, il « annulait » le fabuleux contrat de 22 milliards d’euros pour 126 Rafale envisagé avec Dassault, ces bijoux étant décidément trop chers et trop sophistiqués (voir Présent du 5 août). L’aviation indienne ayant cependant un besoin urgent de renouveler sa flotte, quels appareils seront donc choisis à la place ? Sans doute des… Mig-35 russes, auxquels ses pilotes sont habitués ! Vladimir Poutine n’est pas seulement un pêcheur et chasseur émérite. C’est aussi un judoka et un redoutable joueur d’échecs, sachant anticiper les coups. Le contraire du paltoquet Hollande à l’éternel sourire de ravi de la crèche, qui vient de s’auto-infliger le pire désastre de son quinquennat.

    Camille Galic, 16/08/2015

    Source : Présent

    http://www.polemia.com/ni-mistral-ni-rafale-mais-tempete-sur-lelysee/

  • Tactique hégémonique bien rôdée : Les coups d’Etat fomentés par les USA – Vidéo

    L’art de mettre de l’huile sur le feu, une spécialité yankee pour dominer.

    Parmi les révolutions à mettre au compte du procédé états-unien on peut compter la série les révolutions dites de couleurs :

    – L’Ukraine avec ces deux révolutions orange en 2004 et 2014; la première ayant échouée, la seconde à réussi.

    – La Yougoslavie en 2000

    – La Géorgie, Révolution des Roses en 2003.

    – Le Kyrgyzstan, la révolution des Tulipes en 2005

    – Le Liban, la révolution des Cèdres en 2005 

    La Macédoine est actuellement menacée, peut-être d’autres pays encore ?

    Il y a également eu une tentative à Moscou en 2011 et 2012.

    Lire la suite 

  • Francis Cousin - Comment casser la dynamique de mort de Daesh pour les jeunes en perdition ?

  • Le phénomène Donald Trump, l’antinomie salvatrice de l’Obamania

    Le « milliardaire insolent » Donald Trump incarne de plus en plus l’homme providentiel pour une amérique dévastée par six années d’Obama. C’est ce que prédisent la majorité des sondages sur la primaire républicaine, certains le plaçant même largement en tête devant ses principaux concurrents, Jeb Bush ouScott Walker.

    Qualifié par la presse française de « raciste, nauséabond, misogyne et offensant » (Vanity Fair), ou encore « virulent et agressif » (Le Monde), il constitue à la fois l’antinomie de l’Obamania, et le contrepied de toutes les fausses valeurs « progressistes », « universalistes » et « démocratiques » prônées par la classe politique occidentale (en fait les valeurs déconstructrices et collectivistes).

    Radicalement anti-establishment, il traite les politiciens d’ « imbéciles » aux mains liées par les lobbys. Lui a assez d’argent pour avoir ses propres lobbyistes, « des gens super qui travaillent pour moi ». Ce candidat anti-establishment n’est pourtant pas arrivé là où il en est sans mettre les mains dans le camboui politicien avec son compte en banque estimé à plus de 4 milliards de dollars. Mais il ne le cache pas : «Bien sûr que j’ai dû donner de l’argent. Sinon, l’immeuble dans lequel nous sommes pour cette interview ne ferait que 18 étages, pas 68», affirme-t-il tranquillement sur CNN.

    Intransigeant sur l’immigration – clandestine ou officielle – Donald Trump n’a pas peur des mots et son discours est, une fois de plus, plutôt franc : « Quand le Mexique nous envoie ses immigrés, il ne nous envoie pas ses meilleurs » ; « je vais faire construire un grand mur le long de notre frontière sud, et faire régler la note pas le Mexique ». Sur la position des USA face à l’État islamique, il a le meilleur discours qu’un vrai président américain peut avoir : « On revient en Irak, on défonce Daech et on prend le pétrole », une manière de régler rapidement le problème et de cibler la politique désastreuse d’Obama dans la région : « Après être devenu Président, il a abandonné l’Irak. Et quand il est parti, Al Qaida était fini. Le groupe État islamique a été créé en raison du vide que nous avons laissé. »

    Quelles chances a-t-il dans la course à la présidentielle ? Largement en tête dans la primaire républicaine, il grapille également, mois après mois, des points à la froide démocrate Hillary Clinton (plus que 6 points d’écarts). Mais d’après une rumeur médiatique, il serait trop obsédé par l’argent : il se retirera de la course après avoir récolté des millions de dollars et bouclé une fabuleuse campagne publicitaire. C’est du moins ce qu’espèrent le monde médiatique et les notables républicains, tremblants à l’idée d’avoir engendré ce golem devenu incontrôlable, parce qu’il est franc et qu’il parle au peuple. Quelle idée !

    Ceux qui vomissent la campagne « téléréalité » et la politique « showbizness » de Trump ont souvent été les premiers moutons à supporter l’Obamania, qui n’a été, à bien des égards, que le même genre de spectacle, mais celui-ci, tout à fait admis. Au-delà du spectacle, il est certain que l’Amérique a davantage besoin d’un entrepreneur que d’un politicien ou d’un acteur pour redresser le pays. Et 2016, Donald Trump, incarne peut-être la dernière chance avant que l’Amérique telle qu’on la connaît ne disparaisse à jamais.

    Vivien Hoch, août 2015

    NDF

    http://gaelle.hautetfort.com/

  • Ces femmes yézidies qui terrorisent à leur tour Daesh

    Elles ont décidé de ne plus subir la terreur et ont formé un bataillon de 123 femmes de 17 à 30 ans qui font littéralement trembler de crainte les combattants terroristes. Leur particularité ? Être entraînées par une ancienne chanteuse à succès.

    Xate Shingali, 30 ans est une ancienne chanteuse yézidie. Après avoir obtenu le feu vert du président kurde Massoud Barzani, elle a formé un bataillon exclusivement féminin combattant aux côtés des Pershmergas en Irak.

    «Ils nous violent. On les tue.»

    Ces amazones ciblent spécifiquement les combattants de l'Etat islamique. Ce dernier en effet kidnappe régulièrement des filles yazidies, les vend et en fait des esclaves sexuelles. Au total, les djihadistes ont tué plus de 5.000 Yazidis et capturé 500 femmes et enfants.

    En savoir plus : Daesh exécute 19 filles qui refusaient de devenir esclaves sexuelles

  • La crise syrienne entre l’Ukraine et l’Arctique…

    Durant ces dernières semaines, la crise syrienne a fait l’objet de plusieurs évolutions diplomatiques et militaires de différentes natures et origines, susceptibles de faire bouger quelques lignes, sans pour autant remettre en cause les tendances lourdes. En définitive, la Maison Blanche, les pays européens satellites dont la France, l’Arabie saoudite, la Turquie et Israël veulent toujours faire la peau de Bachar al-Assad. Moscou, Téhéran, le Hezbollah libanais, voire la Chine ne laisseront pas faire, tenant fermement les positions d’un jeu à somme nulle qui finira par déboucher sur l’adoption d’une espèce de « Yalta régional », parce qu’aucun des deux pôles ne peut l’emporter durablement sur l’autre… Ce grand jeu s’étire entre l’Ukraine et le Grand nord arctique !

    Symptôme analytique, sinon psychanalytique : la démultiplication de « reportages » et d’éditoriaux, dans la presse occidentale et notamment parisienne, pour nous annoncer l’affaiblissement, sinon la chute prochaine de Bachar al-Assad, que les mêmes rédactions prédisent depuis l’été 2011… Cette résurgence de propagande repose sur une très mauvaise interprétation du dernier discours du président syrien qui a dit essentiellement deux choses : la guerre est plus longue et meurtrière que prévue et « nous avons besoin de tous nos soldats pour défendre l’intégrité territoriale et politique de la Syrie » ; l’accord sur le nucléaire iranien ne modifie en rien l’alliance militaire de la Syrie avec l’Iran et le Hezbollah libanais, appuyée par la Russie qui réaffirme sa présence en mer Noire, Méditerranée, en Asie et dans le Grand nord arctique.

    Certes, l’armée syrienne a connu quelque revers avant de regagner d’autres positions, mais son option stratégique principale reste inchangée depuis l’été 2011 : « la défense du pays utile », à savoir l’axe Damas/Homs/Hama/Alep avec ses débouchés portuaires, le long de la côte Lattaquié/Tartous. L’armée gouvernementale, qui dispose toujours d’un format opérationnel de quelques 50 000 hommes, ne peut couvrir l’ensemble du territoire de Deraa, Deir ez-Zor à Palmyre… Il est aussi avéré que la coordination de ses forces avec les unités iraniennes et celles du Hezbollah pose, évidemment quelques problèmes : différences de chaînes de commandement, de matériels et de cultures militaires. Mais, au final, les positions stratégiques sont tenues et bien tenues face à Dae’ch, Nosra et autres mercenaires de Tchétchénie, du Daghestan, du Maghreb et des pays européens.

    Comme ils l’avaient fait pour les milices du Kosovo et de Bosnie, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux continuent à fabriquer des combattants susceptibles de s’engager contre les forces gouvernementales syriennes. Mais aujourd’hui, cet effort vise moins le renversement du régime qu’à rassurer l’allié saoudien et à persuader Moscou d’intensifier ses efforts afin d’engager son partenaire syrien à envisager l’ouverture d’une nouvelle médiation diplomatique et politique. Le voyage, fin juin dernier, du patron des services syriens – le général Ali Mamlouk – à Riyad constitue l’un des événements les plus spectaculaires de ce processus qui n’a pas encore dit toutes ses ruses…

    De son côté, Washington appuie officiellement les efforts russes tout en laissant Ankara massacrer les Kurdes qui sont pourtant les principaux combattants à contenir - au sol - l’expansion de Dae’ch. Ainsi, quelques 600 soldats turcs et une soixantaine de blindés sont désormais engagés sur le territoire syrien, dans la région d’Alep. Les deux brigades turkmènes qui ont fait leur entrée en Syrie par le poste frontière de Bab-el-Salame/Öncüpinar, face à la ville turque de Kilis, sont baptisées « Sultan Murat » et « Fatih Sultan Mehmet », du nom de deux empereurs ottomans. Elles constituent l’avant-garde d’une unité turkmène de quelque 5 000 hommes nommée « Armée de la Révolution » — Devrim Ordusu —, portée sur les fonds baptismaux fin juillet par Ankara qui lui fournit équipement, logistique et renseignement.

    Fort de cette nouvelle dimension turco-kurde, Washington resserre les liens de l’OTAN - même si Erdogan poursuit ses propres objectifs -, cherchant à modifier un rapport de force en sa faveur au détriment du poids de la Russie et d’un Iran qui, malgré l’accord sur le dossier nucléaire, continue à soutenir Damas, le Hezbollah libanais et plusieurs factions palestiniennes. L’accord « technique » sur le dossier nucléaire ne concerne pas la gestion des crises régionales, réaffirment régulièrement les différents cercles de pouvoirs iraniens. 

    Fidèle à la doctrine de « l’instabilité constructive », chère aux idéologues néoconservateurs américains et français, l’administration Obama cherche ainsi à établir une espèce de « paix froide » à somme nulle, un « Yalta oriental » entre les pôles sunnite et chi’ite pour la reconduction des intérêts américains aux proche et moyen-orient. A plus moyen et long termes, les priorités stratégiques de Washington concernent trois autres théâtres : l’Asie-Pacifique, l’Ukraine et le Grand nord arctique. En effet, ces trois zones hautement stratégiques sont essentielles aux yeux des décideurs civils et militaires du Pentagone pour contenir la Chine et la modernisation des capacités opérationnelles de la Russie.

    Dans ces circonstances, l’arrimage de la Turquie à l’OTAN vaut bien le sacrifice des Kurdes, même si ces derniers restent en première ligne contre les barbares de l’ « Etat islamique ». On voit bien que depuis sa création et son expansion territoriale, Dae’ch n’a jamais, ô grand jamais constitué, pas plus hier qu’aujourd’hui, une priorité américaine, turque, ni israélienne. Entre le foyer ukrainien, les enjeux centre-asiatiques, ceux de l’Asie-Pacifique et les perspectives arctiques, la crise syrienne et ses débordements régionaux demeurent périphériques, sinon secondaires dans le nouveau grand jeu qui concerne la maîtrise des nouvelles routes et des richesses naturelles de l’Eurasie et du Grand nord. Par conséquent, la crise syrienne n’est pas gérée - par et pour elle-même - par les grandes puissances mais en fonction des contraintes d’un autre espace-temps.

    Celui-ci nous projette à l’horizon 2030/2050, dans les postures d’une nouvelle Guerre froide qui oppose déjà les Etats-Unis, la Chine et la Russie…

    Richard Labévière

    notes

    Journaliste, Rédacteur en chef du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch

    Euro-synergies lien

    http://www.lesobservateurs.ch

    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuupVEylEuTXbuhiPv.shtmlsource : Euro-synergies :: lien

  • Les Etats-Unis auront le dessous face à l’axe Moscou–Pékin

    Interview de Folker Hellmeyer,* analyste en chef de la Bremer Landesbank

    Folker Hellmeyer, analyste en chef de la Bremer Landesbank, n’a aucun doute à propos de l’avenir du système économique mondial: l’axe Moscou–Pékin l’emportera sur l’ancien dominateur que furent les Etats-Unis. Ces deux capitales élaborent une stratégie à long terme et ne recherchent pas de profit à court terme. En raison de son obéissance aveugle, l’Union européenne pourrait compter parmi les perdants. Aujourd’hui déjà, les sanctions causent des dommages considérables à l’Allemagne et aux autres Etats de l’Union européenne.

    Deutsche Wirtschaftsnachrichten: Les Etats de l’Union annoncent toujours de nouvelles pertes en raison des sanctions contre la Russie. A votre avis, quel dommage les sanctions ont-elles déjà causé?

    Folker Hellmeyer: Le dommage dépasse de loin les chiffres suggérés par les statistiques. Commençons par l’économie et par le dommage enregistré jusqu’à maintenant. La diminution annuelle des exportations allemandes en Russie, qui s’est chiffrée à 18% en 2014 et à 34% durant les deux premiers mois de 2015, ne reflète qu’un effet primaire. Il y a aussi des effets secondaires. Les pays européens qui commercent beaucoup avec la Russie, tels la Finlande et l’Autriche, accusent un refroidissement sensible de leur conjoncture. Par conséquent, ces pays passent moins de commandes en Allemagne. Pour éluder les sanctions, de grands groupes européens envisagent d’implanter des sites de production particulièrement efficients en Russie. Nous perdons ainsi des capitaux potentiels, qui constituent la base de notre bien-être et qui échoient à la Russie.

    Il n’est pas encore possible d’envisager une fin prochaine des sanctions. Quel pourrait être le montant de la facture que devra régler l’industrie allemande d’exportation?

    Envers la Russie, l’Allemagne et l’Union européenne ont mis en péril leur crédibilité économique. Elles ont ébranlé la confiance mise en elles. Il faudra plusieurs années pour rétablir cette confiance. Entre la signature et la livraison d’exportations de biens d’équipement allemands et européens s’écoulent jusqu’à cinq ans. Pour cette raison, Siemens vient de faire son deuil d’un gros projet. Alstom n’a pas reçu commande du trajet Moscou–Pékin. Non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour l’UE dans son ensemble, les dommages potentiels sont donc beaucoup plus importants que les données actuelles ne l’indiquent. Les dommages futurs ne peuvent être évalués avec précision, mais ils sont considérables.
    De plus, l’axe Moscou–Pékin constitue, dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des pays BRICS, le plus grand projet de croissance des temps modernes, l’établissement de l’infrastructure eurasienne de Moscou à Vladivostok, à la Chine méridionale et à l’Inde. On apprendra ultérieurement dans quelle mesure ces pays en pleine expansion considèrent, dans le cadre de ces projets énormes, la politique des sanctions comme un affront non limité à la Russie.
    Visiblement, la capacité d’abstraction fait défaut à quelques protagonistes de la politique européenne dans leur action en notre nom.

    Qui supportera finalement le dommage?

    Le dommage mesurable consiste en une croissance non réalisée, en des salaires non perçus, au manque de contribution aux assurances sociales ainsi que de recettes fiscales. Il en va ainsi des derniers douze mois et des prochaines années. Les citoyens allemands et des autres pays de l’UE payent ce prix par la limitation de leur bien-être et de leur stabilité. Le dommage non mesurable consiste en risques géopolitiques accrus que courent les habitants de l’UE.

    Considérons maintenant la situation en Ukraine de façon terre-à-terre. Le gouvernement de Kiev semble avoir pour intérêt primordial de maintenir une situation telle qu’il reçoive toujours de nouveaux crédits. Quand se décidera un politicien occidental à parler clairement?

    En fait, c’est énervant. Les gens qui ne sont pas axés seulement sur les «médias occidentaux de qualité» s’étonnent que les médias cachent les agressions de Kiev et les lois discriminatoires adoptées par le gouvernement de Kiev, qui ne correspondent pas du tout aux valeurs et à la démocratie occidentale. Je veux bien croire que M. Steinmeier s’exprime sans ambages à portes fermées. Décisif est toutefois si le comportement au-delà de l’Atlantique le soutient. A cet égard, j’attire l’attention sur les propos curieux tenus par Mme Victoria Nuland, représentant les intérêts des Etats-Unis en Europe orientale. C’est un fait que, lors du coup fomenté en Ukraine, une oligarchie de tendance amicale envers Moscou a été remplacée par une oligarchie favorable aux Etats-Unis. Il s’agissait de géopolitique qui servait des forces tierces, mais assurément ni l’Allemagne, ni l’UE, ni la Russie, ni l’Ukraine.

    La ministre des Finances Natalie Jaresko est une ancienne collaboratrice du ministère des Affaires étrangères américain, qui n’a acquis la citoyenneté ukrainienne qu’un jour avant sa prestation de serment. L’ancienne employée de banque en placements est-elle simplement imbattable ou y a-t-il un plan de maître à l’arrière-plan?

    Je ne la connais pas personnellement. Elle a fait l’objet de nombreux écrits, dont l’expression «imbattable» ne provient pas forcément. Le fait que des postes importants de l’administration ukrainienne soient occupés par des personnes externes, extrêmement proches des Etats-Unis et de leurs institutions, reflète le caractère géopolitique du coup d’Etat. La notion de «plan de maître» peut donc s’utiliser en l’espèce.
    Une personnalité importante de la politique allemande récente qui n’est plus en fonctions disait, lors d’un entretien bilatéral, que ce qui décrit le mieux la géopolitique américaine sur l’échiquier ukrainien est le sang de «pions» ukrainiens, les champs de la bande extérieure de l’échiquier formée par Moscou et les attaques contre le centre de pouvoir de Pékin. Je partage cette opinion.
    C’est un fait que les pays en pleine expansion se dérobent à l’hégémonie des Etats-Unis. La fondation par ces pays d’institutions concurrençant la Banque mondiale (BAII) et le FMI (Nouvelle banque de développement) le manifestent clairement, ce qui déplaît au dominateur encore en fonctions. Les centres actuels de crises internationales tels que l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Egypte et l’Ukraine reflètent ces luttes de pouvoir. Ne voulions-nous pas établir partout la démocratie et la liberté? Voyons les succès remportés …

    Divers Etats de l’UE, parmi lesquels figurent l’Italie, l’Autriche et la Hongrie, bougonnent de plus en plus contre les sanctions. En revanche, une unanimité presque fantomatique règne en Allemagne. Quelles en sont les raisons?

    Le citoyen allemand est rassasié. Malgré les affaires qui lui échappent, il va bien, les prochaines vacances sont toutes proches. Pour s’exprimer de manière politiquement correcte, son attitude envers la géopolitique des Etats-Unis est fort polie, notre politique aussi. Le nivellement politique et médiatique de cet ensemble de thèmes exerce ses effets.

    Quels effets exercent les sanctions dans les relations germano-russes? 

    Les relations sont ébranlées sur le plan politique. Toutefois, les deux parties poursuivent leur dialogue, ce qui est fondamentalement positif. Moscou est très déçu de la politique allemande. La Russie estime de manière très réaliste la capacité allemande de formuler et de réaliser, dans l’intérêt de l’Allemagne et de l’Europe, une politique indépendante des intérêts américains. La situation semble meilleure sur le plan des entreprises. On recourt pleinement aux divers niveaux d’entretien. On se prépare au jour X après les sanctions. Toutefois, un rapide essor au niveau d’avant la crise est peu vraisemblable. La Russie est un ours. De nouvelles voies d’approvisionnement sont construites maintenant, qui ne seront pas simplement abandonnées après la fin des sanctions. Les choix fixés sans réflexion semblent en vogue à l’Ouest, mais non à Moscou. Chaque jour marqué par la politique des sanctions nous éloigne d’un avenir commun.

    Quelles conséquences ont les sanctions dans les économies de l’UE?

    Une croissance des exportations et un dividende de paix font défaut. Nous réformons les pays faibles de la zone euro et rétablissons, au prix de sacrifices importants, leur compétitivité internationale, avant de leur dérober des marchés. La main gauche de la politique de l’Allemagne et de l’UE sait-elle ce que fait la main droite?

    Quels sont les risques courus par les banques européennes?

    Ces risques sont calculables en grande partie. Le contrôle qu’effectuent et qu’ont effectué à cet égard les autorités de surveillance est efficace et ne tolère aucun accident durable.

    Pourquoi les grandes associations, tel le BDI [Fédération de l’industrie allemande], plient-elles les genoux? On croit naïvement que leur existence se justifie par leur représentation des intérêts de l’industrie.

    Il y a une différence sensible entre les communiqués officiels des associations et leur situation matérielle et humeur internes. Dans les entreprises, les protestations sont sensibles. Néanmoins, je suis déçu des prises de position officielles des associations, qui agissent de manière politiquement correcte. Cette attitude consiste en une correction limitée, et donc incorrecte par définition.
    Dans les branches axées sur l’exportation, la politique des sanctions est d’une importance considérable, voir existentielle. Invoquer en la matière le primat de la politique est, compte tenu de la mission de ces associations, un refus partiel de prendre ses responsabilités.

    Le mépris qu’affiche le gouvernement des Etats-Unis à l’égard des Européens est remarquable, eu égard à la NSA et au «Fuck the UE.» Les politiciens européens n’ont-ils aucun amour-propre ou sont-ils trop lâches?

    Le vrai démocrate qui prend au sérieux ses devoirs de politicien envers la res publica et ne foule pas aux pieds son droit d’autodétermination doit tirer les conséquences de ces déclarations. S’il s’en abstient, il accuse un déficit par rapport au canon de valeurs susmentionné. Je ne suis donc pas le bon interlocuteur. Vous devriez poser ces questions à nos responsables politiques.

    La tendance à faire des courbettes à Washington est inversement proportionnelle à l’agressivité intérieure. Tout d’abord, les partisans d’une autre opinion sont diffamés comme admirateurs de Poutine et, plus récemment, comme trolls de Poutine, s’ils n’aboient pas avec les loups. La guerre froide nous coûte-t-elle déjà une part de nos libertés individuelles?

    Dans l’avant-propos de mon livre intitulé «Endlich Klartext» [Enfin exprimé clairement], publié fin 2007, j’écrivais: «Les marchés libres meurent les premiers, puis décède la démocratie!» Cet ouvrage analysait aussi le système hégémonique des Etats-Unis. Il est recouru aux débats géopolitiques actuels pour abolir les libertés individuelles démocratiques du pays. Le rythme de ce démantèlement s’accélère. Je suis plus inquiet que jamais. Pour l’heure, je m’occupe de la notion de «terreur du courant dominant». Nous nous prétendons tolérants et pluralistes. Cependant, celui qui s’écarte, à propos de thèmes sensibles, de l’opinion dominante, s’expose à l’isolation ou à la diffamation. Cette évolution est en opposition flagrante avec la prétention à la démocratie et à la liberté. Oui, les conflits actuels se paient sous forme de démocratie.

    Contrairement à l’Allemagne, les Etats-Unis connaissent de vifs débats, à gauche comme à droite, sur le comportement hégémonique du gouvernement. Pourquoi n’en est-il rien en Allemagne? 

    C’est vrai, mais ces débats n’ont aucun effet sur la composition du Parlement des Etats-Unis. Si, chez nous, les débats sont moins spectaculaires, le Parlement compte davantage de couleurs, même si la grande coalition limite l’efficacité de l’opposition. En fin de compte, beaucoup d’Allemands ne confondent-ils pas bien-être et liberté d’établissement avec la notion de liberté?

    Comment le conflit évoluera-t-il? Peut-on envisager que les Américains et les Russes se rassemblent – en raison de l’IS ou de la Syrie – et que les Européens suivent et paient?

    A mon avis, les vainqueurs du conflit sont déjà devant nous. L’axe Moscou–Pékin–BRICS est gagnant. Or il en a assez de l’Occident. En 1990, ces pays avaient quelque 25% du produit intérieur brut mondial. Aujourd’hui, ils en ont 56% et 85% de la population mondiale. Ils contrôlent quelque 70% des réserves de devises mondiales et leur croissance moyenne est de 4 à 5% par année. Les Etats-Unis n’étant pas disposés à partager la puissance mondiale (répartition des voix au FMI et à la Banque mondiale notamment), les pays en pleine expansion érigent leur propre système financier. L’avenir est là.
    Actuellement, l’UE est mêlée au conflit que les Etats-Unis ont déclenché en refusant de partager leur puissance et bloque ainsi ses possibilités de développement. Plus longtemps elle mène cette politique, plus haut en monte le prix, moins l’UE est prise au sérieux.
    Aucun problème ne peut être résolu dans le monde sans la contribution de Moscou et de Pékin. En fait, les Etats-Unis pourraient agir de façon beaucoup plus pragmatique qu’il nous semble aujourd’hui. Le manque de programme de l’UE et de l’Allemagne fait de nous un perdant.

    Que doit-il se passer pour que l’Allemagne ait de nouveau sa propre politique extérieure et économique?

    A cette question, je passe, et vous prie de m’en excuser.

    Quelle influence exerce sur un lieu d’exploitation le fait que le gouvernement se livre à de petits jeux géopolitiques plutôt que de défendre bec et ongles les intérêts du pays?

    Le lieu d’exploitation subira des dommages.

    Le parlementaire moyen comprend-il les effets réciproques de la politique et de l’économie?

    Je ne vous cacherai pas un certain scepticisme à cet égard.

    La politique s’améliore-t-elle quand les politiciens comprennent toujours moins l’économie, mais que leur nombre s’accroît toujours davantage?

    Certainement pas. La stabilité d’une démocratie dépend de celle de son économie. Si l’économie subit durablement des dommages, la radicalisation de sa société augmente. L’empire allemand a fait cette expérience en 1933. Outre cette variante, il y a celle dans laquelle la démocratie se transforme en démocrature, pour finir en oligarchie. A ce sujet, la version originale d’une étude publiée par l’Université de Princeton proclame: «Les Etats-Unis ne sont plus une démocratie, ce sont une oligarchie! Hoppla, ce n’était pas politiquement correct …»
    Actuellement, il y a plus en jeu que ce que le petit homme perçoit ou veut percevoir. Vous m’en voyez fort inquiet.     •

    Source: Deutsche Wirtschaftsnachrichten du 24/7/15

    (Traduction Horizons et débats)

    *     Folker Hellmeyer, né en 1961, est analyste en chef de la Bremer Landesbank depuis avril 2002. Auparavant, il avait été notamment courtier senior à la Deutsche Bank, à Hambourg et à Londres, ainsi qu’analyste en chef de la Landesbank Hessen-Thüringen. Il intervient régulièrement dans les médias au sujet des marchés internationaux.

    http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=4688

  • Le Rafale indien est-il un mirage?

    C'est hélas ce que l'on peut craindre si l'on en juge par les informations relayéespar Boulevard Voltaire (extrait ci-dessous), mais également présentées ici.

    L'Inde souveraine a décidé d'annuler l'achat de 126 Rafalecommandés à grand renfort de publicité et de promotion élyséenne. 18 milliards d'euros qui tombent à l'eau. Et quel est l'heureux élu : Vladimir Poutine, l'ennemi juré de notre mal-aimé Président qui sera très heureux de livrer 128 avions de combat made in Russia.
    Voici donc des milliards qui s'envolent en fumée, et un nouveau camouflet couronnant notre brillante politique étrangère, et signant un nouveau vrai faux succès de l'équipe de trahison actuellement en place. Et pendant ce temps-là les négociations sur le TAFTA/TTIP se poursuivent, dans une opacité de plus en plus épaisse, ...

    Paula Corbulon