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  • La guerre mondiale islamiste et la bataille de Kobané

    L'islamisme en sa branche la plus radicale n'a jamais cessé depuis 20 ans de vouloir la guerre. La France en a mesuré les signes avant coureurs dès 1995 avec les attentats du RER. Le monde occidental en a pris conscience avec les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, puis ceux du 11 mars 2004 à Madrid, etc. La liste des actes terroristes est longue, elle passe aussi bien par l'Angleterre que par l'Inde, par la Russie et le Proche-Orient.

    Depuis juin 2014, avec la prise de Mossoul, cet affrontement prend une dimension militaire désormais presque classique.

    Or, la stratégie des occidentaux a été rappelée ce 5 octobre par Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense s'exprimait à l'usage des médias. (1)⇓ Il rappelait que "la France fournit des armes aux Kurdes, avec l'accord du gouvernement irakien, et participera à la formation des peshmergas."

    Ses remarques sur le thème "la lutte contre Daech prendra du temps… cela sera long", pour judicieuses et prudentes, n'en prennent pas moins une résonance amère. Car, 48 heures plus tard, le 7 octobre où ces lignes sont écrites, on reçoit les nouvelles, parfaitement attendues, de la bataille de Kobané. Depuis des semaines les islamistes, – que l'on désigne pudiquement du sigle d'EI, en français : "l'État islamique", ou de Da-esh, le même en arabe, – progressaient vers cette ville clef naguère peuplée de 70 000 Kurdes en Syrie.

    Soulignons à cet égard que les Américains, après des semaines d'hésitation, ont commencé leurs bombardements aériens en août, à un moment où l'on pouvait craindre pour Erbil siège du gouvernement régional du Kurdistan irakien. Depuis deux mois de cette intervention aérienne de la plus grande puissance militaire du monde, constatons que le combat terrestre reste incertain, malgré l'héroïsme des combattants kurdes irakiens "peshmergas" et en dépit du renfort du PKK kurde de Turquie et de leurs camarades du PYD de Syrie. Les livraisons d'armes européennes arrivent lentement alors que leurs adversaires islamistes disposent d'un équipement lourd et sont assurés de ressources financières considérables.

    Cela veut bien dire que l'appui aérien ne suffira pas à donner la victoire à ces Kurdes en lutte pour leur liberté et leur survie sur leurs terres millénaires, et auxquels on avait promis l'indépendance depuis les 14 points de Wilson de janvier 1918. On l'avait même inscrite dans le traité de Sèvres de 1920.

    La France prend, plus que d'autres, sa part des combats, à la mesure de moyens que la Ve république n'a cessé de rogner, d'année en année, depuis plus de 50 ans. Notons ainsi que 3 avions Rafale viennent de s'ajouter aux 6 basés près d'Abou Dhabi. Ils pourront désormais opérer deux fois par jour au-dessus de l'Irak. Cet effort est évidemment dénigré par ceux qui ne mesurent pas ce qui se passe au Mali, ou qui veulent ignorer la gravité du fait que 350 à 370 djihadistes porteurs de passeports français combattent en Syrie.

    Or, il est un point important, et même gravissime de la situation auquel Jean-Yves Le Drian n'a malheureusement fait qu'une brève allusion se contentant de dire qu'au sein de la coalition internationale, le "partage des tâches n'est pas encore abouti."

    Que font en effet, actuellement, les forces militaires de la Turquie ?

    Dans la bataille de Kobané, leur rôle semble très proche de celui des Soviétiques lors de l'insurrection et de siège de Varsovie en 1944. Staline, après avoir appelé les Polonais de l'armée secrète au soulèvement, attendit tranquillement que son ex-allié Hitler (2)⇓écrase la ville martyre. Puis l'Armée rouge entra en "libératrice" d'un tas de cendres. Le moment venu les dirigeants turcs espèrent sans doute passer pour des "libérateurs" aux yeux des naïfs occidentaux. Leur projet a même été clairement énoncé : établir, par la suite et sous leur contrôle, un corridor de cantonnement des réfugiés dont ils se trouveraient ainsi débarrassés. À Saleh Muslim représentant politique des Kurdes de Syrie, appelé "secrètement" en Turquie le 5 octobre, et qui leur demandait de sauver Kobané, ils n'ont proposé que de se rallier à leurs satellites de l'Armée syrienne libre.

    En cela, ce grand pays, qui dispose pourtant d'une si longue tradition diplomatique, paraît aujourd'hui représenté par de petits bureaucrates, doctrinaires incompétents, roublards, certes, mais contre-productifs.

    Il existe en effet un "processus de paix" au Kurdistan turc. Une loi a même été votée en juillet pour le relancer. Toujours emprisonné dans l'île-prison d'Imrali depuis 15 ans, le chef du PKK a fait clairement savoir qu'il sera définitivement suspendu si l'armée turque n'empêche pas les islamistes de s'emparer de Kobané et d'y massacrer les derniers habitants. Très platement le chef du gouvernement a déclaré : "Nous ne voulons pas que Kobané tombe. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher que cela se produise. (…) Tout le monde doit savoir que nous allons poursuivre le processus de résolution. Si Kobané tombe, la responsabilité n'en incombe pas à la Turquie." Sur ce point nous ne le contredirons pas complètement : la responsabilité sera à partager entre son gouvernement et les dirigeants occidentaux qui ont fait confiance à l'intervention terrestre de leur alliée. Mais ceci serait alors un revers supplémentaire pour le "grand théoricien de la géopolitique" d'Ankara le professeur Ahmet Davutoglu.

    Promu premier ministre le 29 août 2014, au lendemain de l'élection d'Erdogan à la présidence, il a occupé le poste de Ministre des Affaires étrangères à partir de 2009. Entrant en fonction il avait alors énoncé la doctrine du "no problem with our neighbours". Échec total, au point que les humoristes l'ont retournée en "no neighbours without problems". Mevlüt Çavasoglu, nouveau ministre des Affaires étrangères co-préside un groupe onusien des "amis de la médiation" (3)⇓ …  mais il a trouvé, le 4 octobre, une nouvelle occasion de rupture avec la Grèce et Chypre, en prétendant interdire à cette dernière d'exploiter le gaz naturel de ses eaux territoriales. Quant aux relations avec Israël, elles avaient assuré pendant plus de 50 ans la position très forte des Turcs aux États-Unis. Or, elles n'ont cessé de se dégrader depuis janvier 2009, à la suite de l’explosion de colère d'Erdogan à Davos et, surtout, à partir de la manifestation des islamistes contre la venue d'Olmert le 4 janvier précédent.

    La position dans l'OTAN de ce pilier proche-oriental se révèle de plus en plus incertaine. La politologue Nuray Mert avait été durement attaquée en 2012 par Erdogan, en raison de ses critiques contre le "néo-ottomanisme". Dans sa chronique de Hurriyet du 6 octobre, elle précise que le vote de la loi autorisant l'armée turque à intervenir  (4)⇓n'a été acquis qu'à la faveur d'un soutien des 52 "loups gris" nationalistes du MHP. Sans leur vote, la défection d'une partie des députés de l'AKP gouvernementale – ceux qui n'étaient pas en pèlerinage à La Mecque – eût rendu impossible le soutien apparent des Turcs aux initiatives des Américains et des Français.

    Pendant le même temps, le 4 octobre les Talibans du Pakistan se ralliaient au Califat islamiste et que le 6 octobre c'était le tour de mouvement islamiste d'Ouzbékistan. Le temps presse. On ne peut plus se bercer d'illusions ni nous prendre pour des imbéciles.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  Il était l'invité de l'émission Grand Jury coproduite par RTL-Le Figaro-LCI. 
    2.  cf. "Staline assassine la Pologne" (1939-1947) par Alexandra Viatteau, Seuil, 1999, 342 pages.
    3.  cf. le site du ministère turc des Affaires étrangères
    4.  cf. L'Insolent du 3 octobre.

    http://www.insolent.fr/2014/10/la-guerre-mondiale-islamiste-et-la-bataille-de-kobane.html

  • L’Europe espionnée par la NSA

    Robert Steuckers Conférence prononcée au “Cercle Proudhon”, Genève, 10 avril 2014

    La réalité dans laquelle nous vivons aujourd’hui est une réalité entièrement sous surveillance, sous l’oeil d’un “panopticon” satellitaire et électronique. Tous les citoyens de l’américanosphère sinon du monde entier sont surveillés étroitement dans leurs activités “sensibles” ou dans leurs faits et gestes quotidiens. L’Etat a certes le droit, le cas échéant, de surveiller des individus qu’il juge dangereux mais là n’est pas vraiment le problème pour nos polities développées d’Europe. Le problème le plus grave, c’est la surveillance permanente et étroite que subissent nos entreprises de pointe, nos ingénieurs les plus performants, dans l’Union Européenne, pour ne même pas mentionner nos institutions diplomatiques et militaires. L’installation du système global de surveillance ne concerne donc pas le terrorisme —là n’est que le prétexte— mais bel et bien les fleurons de nos industries et les laboratoires de recherche de nos entreprises de haute technologie, d’électronique, d’avionique ou de bio-chimie. Le “telescreen” réel d’aujourd’hui ne surveille donc pas en priorité des citoyens rétifs susceptibles de devenir un jour de dangereux subversifs ou des révolutionnaires violents, comme l’imaginait encore Orwell à la fin des années 40 du 20ème siècle. Via Facebook, Twitter ou autres procédés de même nature, le “telescreen” actuel surveille certes la vie privée de tous les citoyens du globe mais cette surveillance se rapproche davantage du Palais des rêves d’Ismaïl Kadaré que du 1984 d’Orwell.

    L’Europe a fait mine de s’étonner des révélations d’Edward Snowden en juin 2013. Pourtant, ce n’est jamais que le troisième avertissement qui lui a été lancé depuis 1997, les précédents n’ayant pas été suivis d’effets, de réactions salutaires et légitimes. D’abord, il y a eu, en cette année 1997, la révélation de l’existence du réseau ECHELON et, consécutivement, le fameux “Rapport de Duncan Campbell”, journaliste d’investigation écossais, qui a été établi après la demande d’enquête des instances européennes. Le réseau ECHELON avait suscité l’inquiétude il y a seize ans: depuis lors l’amnésie et l’inertie ont fait oublier aux grandes entreprises de pointe et aux masses de citoyens qu’ils étaient étroitement espionnés dans leurs activités quotidiennes. Ensuite, les révélations “Wikileaks” de Julian Assange révélaient naguère ce que l’hegemon pense réellement de ses vassaux et du reste du monde. L’affaire Snowden est donc le troisième avertissement lancé à l’Europe: la NSA, principal service secret américain, déploie un système d’espionnage baptisé “Prism” avec la complicité très active du GCHQ britannique. Les révélations de Snowden ne sont ni plus ni moins “révélatrices” que celles que nous dévoilait naguère l’existence du réseau ECHELON: simplement les techniques avaient considérablement évolué et l’internet s’était généralisé depuis 1997 jusqu’à équiper le commun des mortels, des milliards de quidams apparemment sans importance. Les écoutes sont perpétrées avec davantage de sophistication: Angela Merkel l’a appris à ses dépens.

    Le réseau ECHELON

    Revenons à l’année 1997, quand le parlement européen apprend l’existence du réseau ECHELON et manifeste son inquiétude. Il mande le STOA (Bureau d’Evaluation des options techniques et scientifiques) pour que celui-ci établisse un rapport sur l’ampleur de cet espionnage anglo-saxon et sur les effets pratiques de cette surveillance ubiquitaire. Les instances européennes veulent tout connaître de ses effets sur les droits civiques et sur l’industrie européenne. Plus tard, l’IC 2000 (“Interception Capabilities 2000”) dresse le bilan de l’espionnage commis par les satellites commerciaux qui interceptent les communications privées et commerciales. En effet, l’essentiel de cet espionnage s’effectue à des fins commerciales et non politiques et militaires au sens strict de ces termes. Les satellites ne sont pas les seuls en cause, le rapport vise aussi les câbles sous-marins, notamment en Méditerranée. Le résultat de l’enquête montre que les firmes françaises Alcatel et Thomson CSF ont été surveillées étroitement afin de leur rafler certains marchés extra-européens.

    L’hegemon indépassable doit le rester

    Le premier rapport du STOA évoque la possibilité d’intercepter les courriels, les conversations téléphoniques, les fax (télécopies par procédé xérographique). Il constate que les cibles sont certes les messages militaires et les communications diplomatiques (ruinant du même coup toute indépendance et toute autonomie politiques chez les nations européennes, grandes comme petites). L’espionnage systématique pratiqué par les Etats-Unis et les autres puissances anglo-saxonnes (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et Grande-Bretagne) est un avatar direct de la fameuse doctrine Clinton pour laquelle les opinions publiques et les espaces médiatiques des alliés et vassaux ne sont pas mieux considérés que ceux de leurs homologues relevant de l’ennemi ou d’anciens ennemis: tous sont à égalité des “alien audiences” qu’il s’agit de maintenir dans un état d’infériorité économico-technologique. L’hegemon américain —s’insiprant, à l’époque où est énoncée la doctrine Clinton, de la pensée du Nippo-Américain Francis Fukuyama— se donne pour objectif d’organiser le “monde de la fin de l’histoire”. Pour y parvenir et pérenniser la domination américaine, il ne faut plus laisser émerger aucune suprise, aucune nouveauté. Washington se pose donc comme l’hegemon indépassable: il l’est, il doit le rester.

    Le gouvernement profond de la planète

    Les rapports successifs du STOA et d’IC 2000 révèlent donc au monde l’accord secret UKUSA (United Kingdom + United States of America). Celui-ci date cependant de 1947, tout en étant la prolongation de la fameuse Charte de l’Atlantique signée par Churchill et Roosevelt en 1941. Chronologiquement, l’accord secret UKUSA précède donc la guerre froide et se forge avant le fameux coup de Prague qui fait basculer, en 1948, la Tchécoslovaquie dans le camp communiste; celui-ci acquiert ainsi l’espace hautement stratégique qu’est le “quadrilatère bohémien” qui avait procuré tant d’atouts à Hitler suite aux accords de Munich de 1938. Il précède aussi l’existence de l’Etat d’Israël (né également en 1948). Aux deux puissances fondatrices, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, se joignent la Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande puis, progressivement, en tant que “cercle extérieur”, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne (en tant que pays occupé et non entièrement souverain) et la Turquie. Le GCHQ britannique surveille l’Afrique et l’Europe (jusqu’à l’Oural), le Canada surveille, quant à lui, la zone arctique. Le personnel qui travaille au service de ce système d’espionnage est soumis à une discipline de fer et doit garder pendant toute sa vie les secrets qu’il a appris pendant ses années de service. Ces membres du personnel sont endoctrinés et ré-endoctrinés (si la perspective change, si, à l’instar du scénario imaginé par Orwell dans son 1984, l’ennemi n’est plus, tout d’un coup, l’Eurasia mais devient, en un tourne-main, l’Eastasia...). En 1995, aucun gouvernement n’a reconnu publiquement l’existence du réseau UKUSA. Rien n’a transparu. Nous pouvons donc parler du “gouvernement profond” de la planète,  qui n’a jamais fondamentalement connu d’échecs, juste quelques petits ressacs, bien vite rattrapés....

    Jusqu’en 1989-1991, la politique officielle était d’endiguer l’Union Soviétique, le bloc communiste. Après l’effondrement définitif de ce bloc soviétique et la dissolution de ses franges stratégiques, le réseau justifie son existence en prétextant la lutte contre le terrorisme ou le narco-trafic. Cette nouvelle “mission” est donc officiellement dirigée contre, il faut le rappeler, des golems fabriqués par la CIA elle-même dans le but de mener un “low intensity warfare” (une belligérance de basse intensité), à l’instar des talibans afghans ou des islamistes tchétchènes, ou générés pour financer des guerres en contournant les contrôles parlementaires, comme l’a été le trafic de drogues au départ du “triangle d’or” en Asie du Sud-Est. L’existence réelle, bien médiatisée, de ces deux fléaux que sont le terrorisme et le narco-trafic, postule que l’hegemon et ses alliés proches doivent sans cesse “élargir la surveillance”, une surveillance élargie qui ne visera évidemment plus les seuls narco-trafic et terrorisme, pour autant que leur surveillance ait même été imaginée autrement que pour faire pure diversion. En 1992, quand l’URSS a cessé d’exister et que la Russie résiduaire entre dans une phase de déliquescence sous Eltsine, le directeur de la NSA, William Studeman prononce son discours d’adieu. On peut y lire les phrases suivantes: 1) “Les demandes pour un accès global accru se multiplient”; et 2) “La partie commerciale de cet accès global est une des deux jambes sur laquelle la NSA devra s’appuyer”. L’espionnage, d’ECHELON à Prism, n’est donc plus seulement militaire mais aussi civil. Ce sont d’ailleurs des civils qui dirigent les bases de Mennwith Hill (Grande-Bretagne), de Bad Aibling (Allemagne) et de Yakima (Etat de Washington, Etats-Unis).

    Le phénomène n’est toutefois pas nouveau. Déjà, il y a 80 ou 90 ans, l’ILC (“International Leased Carrier”) collectait toutes les informations arrivant des Etats-Unis en Grande-Bretagne et partant de Grande-Bretagne vers les Etats-Unis. En 1960, les puissances anglo-saxonnes ne peuvent pas (encore) contrôler les câbles terrestres mais bien les ondes radiophoniques de haute fréquence par lesquelles passent les messages militaires et les communications diplomatiques. Elles contrôlent aussi les câbles subaquatiques assurant les communications téléphoniques entre les continents. En 1967, les Etats-Unis lancent les premiers satellites de communication. En 1971, c’est au tour du programme Intelsat d’être lancé, procédé permettant la transmission des communications téléphoniques, du télex, de la télégraphie, de la télévision, des données informatiques et des télécopies. En l’an 2000, dix-neuf satellites du programme Intelsat sont à l’oeuvre dans l’espace circumterrestre: ils relèvent de la cinquième à la huitième générations de satellites.

    De 1945 à nos jours, le programme codé “Shamrock” assure le travail en tandem de la NSA et des principales entreprises de télécommunications (RCA, ITT; Western Union). Le 8 août 1975, le Lieutenant-Général Lew Allen, directeur de la NSA, reconnait que son service intercepte systématiquement les communications internationales, les appels téléphoniques et tous les messages câblés. Cet aveu est retranscrit intégralement dans le rapport de Duncan Campbell qui, en plus, nous explicite tous les aspects techniques de ce gigantesque pompage de données.

    Ordinateur dictionnaire

    Nous sommes à l’heure de la captation des données circulant sur l’internet. On a cru, dans l’euphorie qui annonçait le lancement de cette technique “conviviale” (“user’s friendly”), qu’on allait échapper au contrôle total, qu’on allait communiquer à l’abri des regards indiscrets. Mais tous les instruments de pompage étaient déjà présents, dès leur commercialisation à grande échelle. L’“ordinateur dictionnaire” du GCQH britannique trie systématiquement les données avec la complicité d’ingénieurs de la British Telecom. Cet instrument a été sans cesse affiné et constitue désormais la plus grande banque de données du monde. Si l’objectif de ce contrôle avait une destination purement militaire ou s’il servait réellement à combattre le terrorisme ou le narco-trafic, personne ne pourrait avancer des arguments moraux sérieux pour critiquer l’ampleur de cette surveillance. Mais, on le sait, les drogues ou les terroristes ne sont que des prétextes. Le but réel, comme l’atteste le rapport de Duncan Campbell, est l’espionnage commercial qui, lui, a un impact direct sur notre vie réelle, notre vie quotidienne. Ce but véritable ne date pas de la découverte d’ECHELON ou de la doctrine Clinton, c’est-à-dire des années 90 du 20ème siècle. L’espionnage est commercial dès les années 60, et date même d’avant si l’on veut bien admettre que le but réel de la guerre menée par les Etats-Unis contre l’Allemagne n’était nullement la lutte contre l’idéologie nationale-socialiste ou contre le totalitarisme hitlérien ou était dictée par la nécessité de sauver et de libérer des personnes exclues ou persécutées par les politiques nazies, mais bien plus prosaïquement la conquête des brevets scientifiques allemands raflés au titre de butin de guerre (course aux brevets à laquelle Français et Soviétiques ont également participé). Gérard Burke, ponte de la NSA, déclare en 1970: “Dorénavant l’espionnage commercial devra être considéré comme une fonction de la sécurité nationale, jouissant d’une priorité équivalente à l’espionnage diplomatique, militaire et technologique”. Ce nouvel aveu d’un haut fonctionnaire de la NSA montre que les actions de son service secret n’ont plus seulement un impact sur la sphère étatique, sur les fonctions régaliennes d’un Etat allié ou ennemi, mais sur toutes les sociétés civiles, entraînant à moyen ou long terme la dislocation des polities, des espaces politiques et civils, autres que ceux de l’hegemon, quels qu’ils soient.

    Nouvelle cible: les affaires économiques

    Dans cette optique, celle d’une “commercialisation” des intentions hostiles concoctées par les Etats-Unis à l’endroit des autres puissances de la planète, il faut retenir une date-clef, celle du 5 mai 1977. Ce jour-là, la NSA, la CIA et le Département du Commerce fusionnent leurs efforts au sein d’un organisme nouveau, l’OIL ou “Office of Intelligence Liaison” (= “Bureau de liaison des renseignements”), dont la base principale est logée dans les bâtiments du “Département du Commerce” américain. Le but est d’informer et de soutenir les intérêts commerciaux et économiques des Etats-Unis. En avril 1992, le but à annoncer aux employés de la NSA ou de l’OIL n’est évidemment plus de lutter contre le bloc soviétique, alors en pleine déliquescence “eltsiniste”. L’Amiral William O. Studeman, de la NSA, désigne les nouvelles cibles: ce sont tout bonnement les “affaires économiques des alliés des Etats-Unis”, plus précisément leurs groupes industriels. La notion d’“allié” n’existe désormais plus: les Etats-Unis sont en guerre avec le monde entier, et il faut désormais être d’une naïveté époustouflante pour croire à l’“alliance” et à la “protection” des Etats-Unis et à l’utilité de l’OTAN. Aux “affaires économiques des alliés”, visées par l’espionnage des services américains, s’ajoutent des cibles nouvelles: les “BEM” ou “Big Emerging Markets”, les “gros marchés émergents”, tels la Chine, le Brésil ou l’Indonésie. Le but est d’obtenir des “renseignements compétitifs”, comme les définit la nouvelle terminologie, soit les offres formulées par les grandes entreprises de pointe européennes ou autres, les ébauches d’innovations technologiques intéressantes.

    Balladur à Riyad

    En 1993, Clinton opte “pour un soutien agressif aux acheteurs américains dans les compétitions mondiales, là où leur victoire est dans l’intérêt national”. Ce “soutien agressif” passe par un “aplanissement du terrain”, consistant à collecter des informations commerciales, industrielles et technologiques qui, pompées, pourraient servir à des entreprises américaines homologues. Quels sont dès lors les effets premiers de cette doctrine Clinton énoncée en 1993? Ils ne se font pas attendre: en janvier 1994, le ministre français Balladur se rend à Riyad, en Arabie Saoudite, pour signer un contrat général englobant la vente d’armes françaises et d’Airbus à la pétromonarchie, pour un montant de 6 milliards de dollars. Il revient les mains vides: un satellite américain a préalablement tout pompé en rapport avec les tractations. Et la presse américaine, pour enjoliver cette vilénie, argue de pots-de-vin payés à des Saoudiens et accuse la France et l’Europe de “concurrence déloyale”. Boeing rafle le marché. Et a forcément donné des pots-de-vin aux mêmes Saoudiens... mais personne en Europe n’a pu pomper les communications entre la firme aéronautique américaine et les bénéficiaires arabes de ces largesses indues. Ce contexte franco-saoudien illustre bien la situation nouvelle issue de l’application de la doctrine Clinton: les Etats-Unis ne veulent pas d’une industrie aéronautique européenne. Déjà en 1945, l’Allemagne avait dû renoncer à produire des avions; elle ne doit pas revenir subrepticement sur le marché aéronautique mondial par le biais d’une coopération aéronautique intereuropéenne, où elle est partie prenante. En 1975, lors du marché du siècle pour équiper de nouveaux chasseurs les petites puissances du Bénélux et de la Scandinavie, les Américains emportent le morceau en imposant leurs F-16, réduisant à néant tous les espoirs de Dassault et de Saab de franchir, grâce au pactole récolté, le cap des nouveaux défis en avionique.

    En 1994 toujours, le Brésil s’adresse à Thomson CSF pour mettre au point le “Programme Sivam”, qui devra surveiller la forêt amazonienne. L’enjeu est de 1,4 milliards de dollars. Le même scénario est mis en oeuvre: les Français sont accusés de payer des pots-de-vin donc de commettre une concurrence déloyale. La firme américaine Raytheon rafle le contrat; elle fournit par ailleurs la NSA. Dans son rapport sur ECHELON, sur la surveillance électronique planétaire, Duncan Campbell dresse la liste, pp. 98-99, des entreprises européennes flouées et vaincues entre 1994 et 1997, pour un total de 18 milliards de dollars. Une analyse de la situation, sur base des principes énoncés par Carl Schmitt sous la République de Weimar, tracerait le parallèle entre cette pratique de pompage et la piraterie anglaise dans la Manche au 14ème siècle où un “maître des nefs”, le Comtois Jean de Vienne, a tenté d’y mettre fin (cf. “Les Maîtres des Nefs” de Catherine Hentic). Au 16ème siècle, la Reine d’Angleterre Elisabeth I annoblit les pirates de la Manche et de la Mer du Nord pour vaincre la Grande Armada: l’historiographie espagnole les a nommés “los perros de la Reina” (= “les chiens de la Reine”). Aujourd’hui, on pourrait tout aussi bien parler de “los hackers de la Reina”. Le principe est le même: rafler sans créer ou créer uniquement en tirant bénéfice de ce que l’on a raflé. Depuis la rédaction du rapport de Campbell, rien ne s’est passé, l’Europe n’a eu aucun réaction vigoureuse et salutaire; elle est entrée dans un lent déclin économique, celui qui accentue encore les misères des “Trente Piteuses”, advenues à la fin des “Trente Glorieuses”.

    Julian Assange et Wikileaks

    Il y a ensuite l’affaire dite “Wikileaks”, médiatisée surtout à partir d’octobre 2010 quand d’importants organes de presse comme Le Monde, Der Spiegel, The Guardian, le New York Times et El Pais publient des extrtaits des télégrammes, dépêches et rapports d’ambassades américaines pompés par le lanceur d’alerte Julian Assange. Celui-ci divulguait des documents confidentiels depuis 2006. Il disposerait de 250.000 télégrammes diplomatiques américains rédigés entre mars 2004 et mars 2010. Obama a tenté d’allumer des contre-feux pour éviter le scandale, en vain (du moins provisoirement, les Européens ont la mémoire si courte...). Les révélations dues au hacker Assange portent essentiellement sur le travail des ambassades américaines et dévoilent la vision sans fard que jettent les Etats-Unis sur leurs propres “alliés”. Bornons-nous à glaner quelques perles qui concernent la France. Sarkozy est “très bien” parce qu’il “possède une expérience relativement limitée des affaires étrangères”, parce qu’il “est instinctivement pro-américain et pro-israélien”; par ailleurs, il aurait “une position ferme à l’égard de l’Iran” et “accepterait le principe d’un front uni contre la Russie”; “son réseau de relations personnelles” serait “moindre avec les leaders africains que celui de Chirac”; “il ménagera moins la Russie et la Chine au nom de la Realpolitik que Chirac”. Ces deux dernières caractéristiques prêtées à l’ex-président français indiquent clairement un espoir américain de voir disparaître définitivement la politique gaullienne. C’est au fond l’objectif des Américains depuis Roosevelt, en dépit de l’alliance officielle entre gaullistes et Anglo-Saxons... Continuons à éplucher les rapports qui ont Sarkozy pour objet: celui-ci sera un bon président de France car “il acceptera des mesures sortant du cadre des Nations Unies”. Cette remarque montre que les Etats-Unis abandonnent le projet mondialiste et “nations-uniste” de Roosevelt car il ne va plus nécessairement dans le sens voulu par Washington. Il s’agit aussi d’un rejet des critères usuels de la diplomatie et la fin non seulement des stratégies gaulliennes, mais de tout espoir de voir se forger et se consolider un “Axe Paris-Berlin-Moscou”. Sarkozy devra toutefois “accepter la Turquie dans l’Union Européenne”. Son absence de “réalpolitisme” à l’endroit de la Russie et de la Chine permettra à terme “un front uni occidental au conseil de sécurité de l’ONU” (sinon il n’y aurait pas de majorité). Sarkozy “rompt avec les politiques traditionnelles de la France” et “sera un multiplicateur de force pour les intérêts américains en politique étrangère”.

    DSK, Ségolène Royal et le pôle aéronautique franco-brésilien

    Dominique Strauss-Kahn est largement évoqué dans les documents de “Wikileaks”. Des oreilles attentives, au service de l’ambassade des Etats-Unis, ont consigné ses paroles dans un rapport: pour le futur scandaleux priapique de Manhattan, “Segolène Royal”, au moment des présidentielles françaises de 2007, “ne survivra pas face à Sarkozy”. Mieux, en dépit de l’appartenance de DSK au parti socialiste français, celui-ci déclare à ses interlocuteurs au service des Américains: “La popularité de Segolène Royal est une ‘hallucination collective’”. Coup de canif dans le dos de sa camarade... Cynisme effrayant face aux croyances du bon peuple socialiste de toutes les Gaules... Quant à Hollande, “il est”, selon DSK, “bon tacticien mais médiocre stratège”. Bis. Cependant le dossier “Wikileaks” à propos de Sarkozy contient quelques notes discordantes: il y a d’abord les transactions aéronautiques avec le Brésil, où “Paris tente de vendre le Rafale”, concurrent du F/A-18 américain et du Gripen suédois. Ces rapports discordants reprochent à Sarkozy de faire de la “France le partenaire idéal pour les Etats qui ne veulent pas dépendre de la technologie américaine”. C’est évidemment qualifiable, à terme, de “crime contre l’humanité”... Le but de la politique américaine est ici, à l’évidence, d’éviter toute émergence d’un vaste complexe militaro-industriel dans l’hémisphère sud, grâce à une collaboration euro-brésilienne. Le pôle franco-brésilien, envisagé à Paris sous le quinquennat de Sarkozy, doit donc être torpillé dans les plus brefs délais. Ce torpillage est une application de la vieille “Doctrine de Monroe”: aucune présence ni politique ni économique ni technologique de l’Europe dans l’hémisphère occidental n’est tolérable. Nouer des relations commerciales normales avec un pays latino-américain est considéré à Washington comme une “agression”. La politique aéronautique et militaro-industrielle franco-brésilienne, poursuivie selon les règles gaulliennes en dépit du réalignement de la France sur l’OTAN, est-elle l’une des raisons de l’abandon puis de la chute de Sarkozy, coupable d’avoir gardé quand même quelques miettes de l’“alter-diplomatie” gaullienne? Les historiens de notre époque y répondront dans une ou deux décennies.

    Wikileaks et les banlieues de l’Hexagone

    Les dossiers de Wikileaks révèlent aussi le spectre d’une instrumentalisation potentielle des banlieues françaises par les stratégistes américains: si la France branle dans le manche, renoue avec ses traditions diplomatiques et géopolitiques gaulliennes, persiste à commercer avec les Brésiliens ou d’autres Ibéro-Américains, les “services” de l’Oncle Sam mettront le feu aux banlieues de Lille à Marseille en passant par Paris et Lyon. Le scénario imaginé par Guillaume Faye d’un embrasement général des quartiers immigrés, où la République s’avèrerait incapable de juguler les débordements par manque de moyens et d’effectifs, est bel et bien retenu dans les officines stratégiques des Etats-Unis. Les textes de Wikileaks, révélés par un numéro spécial du Monde (et non pas par une officine nationaliste ou identitaire) dévoilent les liens systématiques qu’entretient l’ambassade des Etats-Unis avec les populations arabo-musulmanes en France. On constate, à la lecture de ces documents, que les Etats-Unis, en s’appuyant sur les réseaux associatifs de ces communautés allochtones, visent “à créer les conditions d’une ‘démocratie participative’, prélude à une intégration totale”. Les Etats-Unis doivent y travailler, favoriser et accélérer le processus “parce que l’établissement français se montre réticent face aux problèmes des immigrés”. On y lit aussi cette phrase: “Nous poussons la France à une meilleure mise en oeuvre des valeurs démocratiques qu’elle dit épouser”. L’ambassade des Etats-Unis regrette aussi qu’en France, il subsiste “trop d’inégalités” (ah bon...? Au pays de l’égalitarisme maniaque et forcené...?). Un rédacteur anonyme estime quant à lui que “la laïcité est une vache sacré” (ce qui est exact mais sa définition de la “laïcité” ne doit pas être exactement la nôtre, qui est inspirée d’Erasme et des “letrados” espagnols du début du 16ème siècle, et non pas des pèlerins du Mayflower ou des sans-culottes). Dans une autre dépêche, le rédacteur anonyme promet “un soutien aux activistes médiatiques et politiques”, afin de “faciliter les échanges interreligieux” (voilà pourquoi la “laïcité” est une “vache sacrée”...) et de “soutenir les leaders communautaires modérés” (tiens, tiens...). L’intermédiaire de cette politique a sans nul doute été le “très démocratique” émirat du Qatar... On le voit: tout retard dans la politique d’une “intégration totale” pourrait donner lieu au déclenchement d’une mini-apocalypse dans les banlieues avec pillages de belles boutiques dans les centres urbains plus bourgeois. Or tout observateur un tant soit peu avisé des méthodes de propagande, d’agitprop, de “révolutions colorées” ou de guerres indirectes sait qu’il y a toujours moyen de “faire imaginer”, par des dizaines de milliers d’échaudés sans jugeote, un “retard” d’intégration, médiatiquement posé comme scandaleux, anti-démocratique, xénophobe ou “raciste” pour mettre le feu aux poudres. Le panmixisme idéologique des bêtas “républicains”, laïcards ou maritainistes, pétris de bonnes intentions, s’avère une arme, non pas au service d’une intégration qui renforcerait la nation selon la définition volontariste qu’en donnait Renan, mais au service d’une puissance étrangère, bien décidée à réduire cette nation à l’insignifiance sur l’échiquier international et dans le domaine des industries et des technologies de pointe.

    L’affaire Snowden

    Passons à l’affaire Snowden, qui éclate en juin 2013, quand le “lanceur d’alerte” publie ses premières révélations. Qui est cet homme? L’un des 29.000 employés civils de la NSA (qui compte également 11.000 collaborateurs militaires). Sa biographie était jusqu’alors inodore et incolore. On savait qu’il avait été un adolescent plutôt renfermé et un élève assez médiocre. Il avait cependant développé, pendant ses heures de loisir, des talents pour le piratage informatique qu’il qualifiait de “sanction contre l’incompétence des fabricants”. Sur le plan politique, Snowden s’est toujours montré un défenseur sourcilleux des libertés démocratiques et s’est opposé au “Patriotic Act” de Bush qui jugulait certaines d’entre elles. Sa manière à lui d’être rebelle, dans ses jeunes années, était de se déclarer “bouddhiste” et fasciné par le Japon. Il avait voulu s’engager à l’armée qui l’a refusé. En 2006, il s’est mis à travailler pour la CIA à Genève. Pourquoi cette ville suisse? Parce qu’elle abrite d’importants centres de décision pour le commerce international, qu’elle est un centre de télécommunication, qu’on y fixe les normes industrielles et qu’elle est une plaque tournante pour toutes les décisions qui concernent l’énergie nucléaire. Il constate, en tant qu’adepte naïf des libertés démocratiques et qu’admirateur des qualités éthiques du bouddhisme, que, pour les services américains, tous les moyens sont bons: comme, par exemple, saoûler un banquier suisse pour qu’il soit arrêté au volant en état de franche ébriété et qu’on puisse le faire chanter. En 2009, Snowden tente pour la première fois d’accéder à des documents auxquels il n’avait normalement pas accès. En 2008, il soutient la candidature d’Obama car celui-ci promet de mettre un terme à la surveillance généralisée découlant du “Patriotic Act”. Mais, par ailleurs, il n’aime pas la volonté des démocrates de supprimer le droit de posséder et de porter des armes ni leur projet de mettre sur pied un système public de retraite. Comme beaucoup d’Américains, son coeur penche vers certaines positions démocrates comme, simultanément, vers certaines options républicaines. Finalement, pour trancher, il devient un partisan de Ron Paul, défenseur, à ses yeux, des libertés constitutionnelles.

    Entre 2008 et 2012, il sera progressivement très déçu d’Obama qui, en fin de compte, poursuit la politique anti-démocratique de ses prédécesseurs républicains. En 2009, Snowden part travailler pour Dell à Tokyo. Il vient d’être formé aux techniques offensives de la cyberguerre. Il a appris à pénétrer un système sans laisser de traces. Il est devenu un “cyberstratégiste” au service des “services”. En langage actuel, cela s’appelle un “hacker”, soit un pirate moderne au service d’une civilisation particulière qui doit son envol à l’annoblissement des pirates de la Manche et de la Mer du Nord par la Reine d’Angleterre Elisabeth I. Snowden travaillait chez Booz Allen Hamilton à Hawaï quand il a déserté et commencé son odyssée de “lanceur d’alerte”, de “whistleblower”, série de tribulations qui le conduiront à son actuel exil moscovite. Pour donner un impact international à son travail de dénonciation des méthodes de la NSA, il choisit de rechercher l’appui de Glenn Greenwald et de la journaliste Laura Poitras, animatrice principale de la “Freedom of the Press Foundation”, qui s’était donnée pour spécialité de dénoncer le faux humanitarisme de la propagande américaine, notamment en révélant les atrocités de la prison irakienne d’Abou Ghraïb et l’inconduite des soldats américains, membres des troupes d’occupation en Mésopotamie. Snowden, Poitras et Greenwald vont mettre au point la divulgation des documents, en sécurisant leurs communications grâce à des normes de sécurité et de cryptage que le journaliste français Antoine Lefébure décrit en détail dans le livre fouillé qu’il consacre à l’affaire (cf. bibliographie).

    L’UE fait montre de servilité

    Rétrospectivement, on peut dire que, malgré l’impact que cet espionnage généralisé a de facto sur l’Europe asservie, aucune réaction n’a eu lieu; de même, aucun rejet de la tutelle américaine ni aucune modification du comportement servile d’une eurocratie qui n’est qu’atlantiste alors que, pour survivre, même à court terme, elle ne devrait plus l’être. Déjà, après le rapport pourtant révélateur de Duncan Campbell en 1997-98, l’eurocatie, maîtresse de l’Europe asservie, n’avait pas réagi. Elle s’était empressée d’oublier qu’elle était totalement sous surveillance pour vaquer à son train-train impolitique, pour se complaire dans l’insouciance de la cigale de la fable. Avec l’affaire Snowden, on a eu l’été dernier, peut-être jusqu’en octobre 2013, quelques réactions timides, notamment quand les Allemands ont appris que le portable personnel de la Chancelière Merkel était systématiquement pompé. Mais il ne faudra pas s’attendre à plus. L’affaire ECHELON, les révélations de Wikileaks par Julian Assange et l’affaire Snowden sont les preuves d’une soumission totale, d’une paralysie totale, d’une incapacité à réagir: les ambassades européennes aux Etats-Unis et dans les autres pays anglo-saxons qui participent au réseau ECHELON, les instances de Bruxelles et de Strasbourg sont sous étroite surveillance. Aucun secret diplomatique, aucune liberté d’action ne sont possibles. L’Europe ne répond pas, comme elle le devrait, par une sortie fracassante hors de l’américanosphère, au contraire, elle fait montre de servilité, au nom d’une alliance devenue sans objet et des vieilles lunes de la seconde guerre mondiale, ce qui n’empêche nullement les Etats-Unis de considérer, en pratique, que l’Europe (et surtout l’Allemagne qui en est la seule incarnation sérieuse, tout simplement parce que son territoire constitue le centre névralgique du sous-continent), est considérée comme un ensemble de pays “suspects”, de nations ennemies qu’il convient de surveiller pour qu’elles n’aient plus aucune initiative autonome. La seconde guerre mondiale est terminée mais le centre du continent européen, l’Allemagne, demeure un allié de “troisième zone”, un Etat toujours considéré comme “ennemi des Nations Unies”, comme le constate avec grande amertume Willy Wimmer, haut fonctionnaire fédéral affilié à la CDU d’Angela Merkel, dans un article publié sur le site suisse, www.horizons-et-debats.ch .

    Le vague projet de Viviane Reding

    Viviane Reding, commissaire européenne à la justice, annonce la mise en place d’une “législation solide” pour protéger les données individuelles et les communications entre entreprises de pointe, selon le modèle officiel américain (qui est une illusion, tous les citoyens américains étant étroitement surveillés, non pas directement par des instances étatiques mais par des entreprises privées qui refilent leurs données à la NSA contre monnaie sonnante et trébuchante et passe-droits divers). Le projet de Reding s’avèrera pure gesticulation car, il faut bien le constater, il n’y a aucune cohésion entre les Européens: la Grande-Bretagne, est juge et partie, et n’a pas intérêt à interrompre sa “special relationship” avec Washinton, pour les beaux yeux des Français ou des Allemands, des Espagnols ou des Italiens, tous ex-ennemis à titres divers. La “Nouvelle Europe” (Pologne et Pays Baltes), chantée par les néo-conservateurs de l’entourage des présidents Bush, père et fils, cherche surtout à s’allier aux Américains au nom d’une russophobie anachronique. La Grande-Bretagne avance comme argument majeur pour saboter toute cohésion continentale que “cette affaire ne peut être traitée au niveau européen”. Cette position britannique, exprimée de manière tranchée, a immédiatement provoqué la débandade et aussi, notamment, la reculade de François Hollande. Il n’y aura pas de demande d’explication commune! L’Europe est donc bel et bien incapable de défendre ses citoyens et surtout ses entreprises de pointe. On le savait depuis l’affaire ECHELON et le rapport de Duncan Campbell. Les révélations de Wikileaks et de Snowden n’y changeront rien. L’inféodation à Washington est un dogme intangible pour les eurocrates, l’Europe et la construction européenne (au meilleur sens du terme) dussent-elles en pâtir, en être ruinées.

    Ingratitude à l’égard de Snowden

    Antoine Lefébure nous rappelle, dans son enquête, que, dès 2005, le Président Bush junior nomme Clayland Boyden Gray ambassadeur des Etats-Unis auprès des instances européennes. Cet homme, avait constaté une enquête minutieuse du Spiegel de Hambourg, est un lobbyiste du secteur pétrolier et de l’industrie automobile américaine. Il est clair que sa nomination à ce poste-clef vise non pas l’établissement de relations diplomatiques normales mais bien plutôt la systématisation de l’espionnage américain en Europe et le sabotage de toutes les mesures visant à réduire la pollution et donc la consommation de pétrole en tant que carburant pour les automobiles. Plus tard, la France, qui, cette fois, avait protesté moins vigoureusement que l’Allemagne, constate que ses institutions sont également truffées d’instruments d’espionnage, que leurs disques durs sont régulièrement copiés par une structure annexe, le SCS (“Special Connection Service”), fusion de certains services de la CIA et d’autres de la NSA. Les Etats-Unis se méfient en effet de toutes velléités de politique étrangère autonome que pourrait mener Paris et s’intéressent de très près aux marchés militaires, au nucléaire et au commerce international, tous domaines où la politique gaullienne avait toujours cherché, depuis les années soixante, une voie originale, non inféodée aux directives atlantistes. L’Europe fait donc montre d’ingratitude à l’endroit de Snowden en ne lui accordant pas l’asile politique, en le considérant comme persona non grata. On a alors eu le scandale de juillet 2013: sous pression américaine, l’Espagne, le Portugal et la France interdisent le survol de leur territoire à l’avion du Président bolivien parce que ces trois Etats, inféodés à l’atlantisme, croient que Snowden se cache dans l’appareil pour aller demander ensuite l’asile politique au pays enclavé du centre du continent sud-américain. L’Autriche, neutre, non membre de l’OTAN, ne cède pas à la pression, mais l’avion ne peut dépasser Vienne. La réaction des pays ibéro-américains a été plus musclée que celle des pigeons européens: la Bolivie, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Vénézuela rappellent leurs ambassadeurs à Paris pour consultation. La servilité de l’Europe, et celle de François Hollande, suscitent le mépris des pays émergents d’un continent avec lequel l’Europe pourrait entretenir les meilleures relations, au bénéfice de tous.

    Une surveillance serrée des ingénieurs allemands

    L’Allemagne est un pays qui, à cause de son passé et de l’issue de la seconde guerre mondiale, se trouve en état d’inféodation totale, depuis la naissance du fameux réseau Gehlen, du nom d’un général national-socialiste ayant eu de hautes responsabilités dans les services de renseignement du Troisième Reich. En 1946, Gehlen est rayé de la liste des criminels de guerre, en échange de ses dossiers qu’exploiteront dorénavant les services secrets américains. Depuis, l’Allemagne ne cesse d’adopter un profil bas, de tolérer une base du réseau ECHELON sur son territoire en Bavière et aussi, nous le verrons, d’autres centres d’écoute sur son territoire, en Rhénanie notamment. Quand éclate l’affaire Snowden, le ministre Pofalla dit “ne pas être au courant”! Il minimise l’affaire. Il faudra attendre fin octobre 2013 pour que Berlin hausse le ton: on a appris, en effet, dans la capitale allemande, que la Chancelière Angela Merkel était étroitement surveillée depuis 2002. En effet, les documents dévoilés par Snowden contiennent une liste de chefs d’Etat pour lesquels il faut dresser en permanence un “profil complet”. Merkel figure sur la liste. Cependant, toute la population allemande, y compris les “non suspects” de subversion anti-américaine, est surveillée selon le “Fisa Amendments Act” de 2008, au même titre que les ressortissants de Chine, du Yémen, du Brésil, du Soudan, du Guatemala, de Bosnie et de Russie. Dans son n°14/2014 le Spiegel divulgue des révélations complémentaires: le GCHQ britannique, chargé de surveiller l’Europe et donc l’Allemagne, espionne surtout les ingénieurs allemands via une station de relais satellitaire au sol, installée à Hürth près de Cologne ou via CETEL, qui surveille tout particulièrement les ingénieurs qui travaillent avec l’Afrique ou le Moyen Orient ou encore via IABG qui se concentre principalement sur les dossiers du Transrapid (l’aérotrain allemand), sur Airbus, sur le programme des fusées Ariane et sur tous les contrats liant des ingénieurs non militaires à la Bundeswehr. Toutes les plaintes sont restées sans suite: le tribunal constitutionnel de Karlsruhe, si prompt à faire alpaguer quelques déments et psychopathes paléo-communistes ou néo-nazilloneurs qui relèvent davantage des facultés de médecine psychiatrique que des tribunaux, hésite à dénoncer les violations de la sphère privée de citoyens honorables, au-dessus de tout soupçon, perpétrées par les Britanniques et les Américains à l’encontre d’honnêtes citoyens allemands pratiquant le noble métier d’ingénieur. Le risque serait trop grand, paraît-il, car cela “compliquerait les relations transatlantiques”. Ben voyons...!

    Courageuse et lucide Finlande

    Le seul pays européen à avoir réagi correctement, à ne pas avoir succombé à l’atlantisme généralisé, est la Finlande. Le gouvernement finnois, en effet, a décidé que “toute entreprise qui espionnerait les Finlandais” se verrait infliger des amendes carabinées, jusqu’à 25% du chiffre d’affaires, y compris si l’espionnage est organisé depuis un pays tiers. En outre, les lanceurs d’alerte, ne pourrait en aucun cas être expulsés ou extradés du pays. L’exemple finlandais, c’est un minimum: il devrait être généralisé à l’ensemble de l’UE. Toujours dans le numéro 14 de 2014 du Spiegel, Viviane Reding, répondant aux questions des journalistes de l’hebdomadaire, estime que les entreprises lésées devraient pouvoir bénéficier d’un droit de recours, que le principe de “Safe harbour” devrait être généralisé, que les amendes doivent être prévues (comme la France qui a infligé à Google une amende de 150.000 euro, soit 2% du chiffre d’affaire annuels de la firme). Elle souligne également les contradictions de l’Allemagne: Merkel veut un “plan européen” mais n’est pas suivie par ses fonctionnaires. Il faut également, disent la Chancelière et la Commissaire, élever considérablement le niveau de protection interne, mais, par ailleurs, l’Allemagne vend au secteur privé des données statistiques relatives à ses propres citoyens.

    Les nouvelles superpuissances

    Il reste à formuler quelques remarques, tirées d’une lecture du livre de Daniel Ichbiah, intitulé Les nouvelles superpuissances. Celles-ci, pour notre auteur, sont les entreprises telles Facebook, Wikipedia, Google, Twitter, etc. Facebook, par exemple, collecte des données émanant de tout un chacun et les conserve pour toujours, comme si elles devenaient, une fois affichées sur la grande toile, son exclusive propriété. Facebook coopère avec la NSA, si bien, écrit Ichbiah, que l’on peut parler de “réseaux cafteurs”. Mais il y a pire: la mémoire de l’humanité, potentiellement exhaustive depuis l’apparition de Facebook, demeurera-t-elle? Si Facebook, ou d’autres entreprises similaires, peuvent les conserver, elles pourraient tout aussi bien les effacer. Les supports, qu’on nous offre, sont tous périssables, les mémoires informatiques tout à la fois effaçables et réinscriptibles. Idem pour Wikipedia. Les données révélées par Wikipedia ne sont pas toujours exactes parfois mensongères ou carrément fausses, fruits de manipulations évidentes, mais il y a grande difficulté sinon impossibilité de faire aboutir des requêtes individuelles formulées devant les tribunaux contre la teneur diffamatoire ou insultante de bon nombre d’informations divulguées sur la grande toile. Ces “nouvelles superpuissances” (selon la définition qu’en donne Ichbiah) sont au-dessus des lois, en Europe, parce qu’elles ne relèvent pas de lois européennes: Google, Facebook, Twitter sont des entreprises basées en Californie ou dans l’Etat de New York qui n’ont pas la même conception de la “privacy” que nous Européens.

    La solution serait de ne pas utiliser Facebook ou Twitter ou de ne les utiliser qu’avec parcimonie. Quelques exemples de bon sens: supprimer tous les “amis” que l’on ne connaît pas personnellement; ne pas utiliser trop de produits Google; ne pas organiser sa vie autour des services Google; diversifier au maximum. Et surtout ne pas oublier que Google possède plus d’informations sur les citoyens américains que la NSA! Car l’avènement de ces “nouvelles superpuissances” équivaut à la négation totale des droits individuels, au nom, bien entendu, des “droits de l’homme”. On est en plein cauchemar orwellien: la propagande dit que nous bénéficions des “droits de l’homme” mais nos droits individuels (au jardin secret, à l’intimité), par l’effet des articifes mis en place par ces “nouvelles superpuissances”, sont totalement niés au nom d’une “transparence  cool”: nous ne sommes pas obligés, en effet, de dévoiler nos intimités sur la grande toile, mais l’exhibitionnisme humain est tel qu’hommes et femmes racontent tout, spontanément, au grand bonheur des flics et des censeurs. Il n’y a dès lors plus, à notre époque, de distinction entre sphère personnelle et sphère publique. En bref, la contre-utopie imaginée par l’écrivain albanais Ismaïl Kadaré dans son oeuvre Le palais des rêves, annonçant la venue d’un monde finalement problématique et dangereux, où règne la transparence totale, à cause précisément de la promptitude des sujets de l’empire décrit à confier la teneur de leurs rêves aux scribes désignés par le souverain. Nous y sommes.

    Robert Steuckers. (Forest-Flotzenberg, Fessevillers, Genève, mars-avril 2014; rédaction finale, septembre 2014).

    BIBLIOGRAPHIE:

    -          Duncan CAMPBELL, Surveillance électronique planétaire, Ed. Allia, Paris, 2001.

    -          Daniel ICHBIAH, Les nouvelles superpuissances, Ed. First, Paris, 2013.

    -          Joseph FOSCHEPOTH, “Die Alliierten Interessen sind längst in deutschem Recht verankert”, in: Hintergrund, Nr.4/2013 (propos recueillis par Sebastian Range).

    -          Antoine LEFEBURE, L’affaire Snowden. Comment les Etats-Unis espionnent le monde, La Découverte, Paris, 2014.

    -          Hans-Georg MAASSEN, “Von angeleinten Wachhunden”, in: Der Spiegel, Nr. 14/2014.

    -          Yann MENS, “Guerres secrètes sur Internet”, in: Alternatives internationales, n°59, juin 2013.

    -          Laura POITRAS, Marcel ROSENBACH & Holger STARK, “ ‘A’ wie Angela”, in: Der Spiegel, Nr. 14/2014.

    -          Viviane REDING, “Ich werde hart bleiben”, in: Der Spiegel, Nr. 14/2014 (propos recuellis par Christoph Pauly & Christoph Schult).

    -          Marcel ROSENBACH & Holger STARK, Der NSA-Komplex – Edward Snowden und der Weg in die totale Überwachung, Deutsche Verlags-Anstalt, München, 2014.

    -          Matthias RUDE, “Partnerdienst – US-Geheimdienste in der BRD”, in: Hintergrund, Nr. 4/2014.

    -          Peter Dale SCOTT, American War Machine. La machine de guerre américaine – La politique profonde, la CIA, la drogue, l’Afghanistan, Ed. Demi-Lune, Coll. Résistances, Plogastel Saint-Germain, 2012.

    -          Andreas von WESTPHALEN, “Rechtlos: Whistleblower in Deutschland”, in: Hintergrund, Nr. 4/2013.

    Dossiers et articles anonymes:

    -          Le Monde hors série, Les rapports secrets du département d’Etat américain – Le meilleur de Wikileaks, s.d.

    -          “Grenzenloser Informant”, in: Der Spiegel, Nr. 27/2013.

    -          “Angriff aus Amerika”, in: Der Spiegel, Nr. 27/2013.

    http://robertsteuckers.blogspot.fr/2014/09/leurope-espionnee-par-la-nsa.html

  • Une étude de l’OMS confirme la nocivité catastrophique du cannabis

    Une nouvelle étude sur les effets à long terme de l’usage de cannabis, menée par le professeur Wayne Hall, spécialiste de la drogue à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), vient de détruire tous les arguments qui nient la nocivité de cette drogue.

    Un adolescent sur six qui fume régulièrement du cannabis devient dépendant ; cette drogue double le risque de développer des psychoses, en particulier la schizophrénie ; son usage pendant l’adolescence empêche le développement intellectuel.

    Selon l’OMS, la nocivité du cannabis s’étend aux adultes : un adulte sur dix qui fume régulièrement du cannabis double le risque d’avoir un accident de voiture, risque qui augmente exponentiellement s’il a également bu. Par ailleurs, fumer pendant la grossesse réduit le poids du bébé à la naissance, avec les conséquences que cela a sur sa résistance et son développement futur…

     

    Le professeur affirme aussi dans son étude que « si le cannabis n’est pas addictif alors l’héroïne non plus » détruisant ainsi l’argument régulièrement avancé par les promoteurs d’une légalisation.

    Si l’on considère le courant de dépénalisation mondiale du cannabis, ces résultats prédisent un avenir terrifiant, notamment pour les USA.

    SourceReinformation.tv

    http://www.contre-info.com/une-etude-de-loms-confirme-la-nocivite-catastrophique-du-cannabis#more-34912

  • La doctrine Chauprade

    Le député européen vient de publier un manifeste géopolitique réaliste qui ne manque pas de faire grincer quelques dents au sein du FN.

    L'exposé de politique étrangère et d'orientations internationales très charpenté que le député européen FN Aymeric Chauprade a mis en ligne et diffusé au début du mois d'août a eu le mérite de faire bouger les lignes et surtout de proposer un débat intellectuel de fond au sein des milieux nationaux. Refusant l'immobilisme résultant d'une mauvaise lecture du rejet du droit d'ingérence, Chauprade trace les axes d'une logique interventionniste au service de l'intérêt de puissance français. Prenant acte du double problème posé en politique extérieure comme en politique intérieure par l'islam sunnite fondamentaliste, qu'il soit ou non le cache-sexe de réseaux terroristes ou relevant du banditisme, il propose de réviser en profondeur certains réflexes encore existants au sein du FN, concernant notamment les États-Unis et Israël.

    Intérêt de puissance

    Il ne peut y avoir deux ennemis principaux : c'est ce qui résulte de la méthode d'analyse politique du juriste Carl Schmitt, dont le but n'est pas tant de désigner un ennemi qui deviendrait vite un bouc émissaire mais bien de discriminer l'ennemi de l'ami. Israël et les États-Unis sont-ils aujourd'hui nos ennemis ? Non, répond en substance Chauprade. Ils se contentent, et c'est déjà beaucoup, de défendre leurs intérêts de puissance, ce que devrait faire la France et ce qu'elle ne fait pas. Les États-Unis et Israël nous désignent-ils comme des adversaires prioritaires ? Non, loin de là. Les islamistes à l'œuvre en Syrie et en Irak nous considèrent-ils comme des adversaires ? Oui, assurément. Bénéficient-ils de relais sur notre territoire ? Assez, pour que ces réseaux instituent la première des menaces aux yeux le nos services de renseignements. Puisque faire de la politique, en terme schmittien, c'est décider plutôt de palabrer, Chauprade a décidé d'appeler un chat un chat et un islamiste un ennemi irréductible de la France.

    Réalité et équilibres

    Aymeric Chauprade reste fidèle à la vision le la France, très maurrassienne et bainvilienne qui a toujours été la sienne : notre vieux pays capétien se doit d'équilibrer les empires pour subsister et prospérer. C'est la leçon de Kiel et Tanger et de l'Histoire de deux peuples. La réalité de la superpuissance américaine ne saurait voiler les atouts et le jeu des Russes et des Chinois qui contribuent à forger un monde multipolaire. Chauprade n'est pas devenu néo-conservateur, il demeure un pragmatique et un réaliste.

    Attaquer au napalm les djihadistes du Proche-Orient aux côtés des Américains, car c'est bien cela que propose Chauprade, n'est pas offrir un blanc-seing à l'administration Obama. C'est servir nos intérêts en défendant les chrétiens d'Orient et en supprimant au passage quelques centaines de Français de papiers partis livrer une guerre sainte et devenus irrécupérables. Comprendre les impératifs de sécurité d'Israël, tout en souhaitant la création d'un Etat palestinien digne de ce nom (et qui ne serait pas livré aux islamistes), c'est éviter le piège de l'idéologie voire du complotisme le plus délirant.

    Vouloir développer parallèlement le dialogue avec Moscou et Pékin est souhaitable et n'effraye pas des parlementaires aussi centristes qu'Yves Pozzo di Borgo, vice-président de la commission des Affaires étrangères du Sénat. Encore faut-il qu'un pays aussi puissant que la Russie améliore sa communication et sa stratégie d'influence dans notre pays, pour sortir des cercles confidentiels d'admirateurs quasi-hystériques de Vladimir Poutine. La Russie doit comprendre que le pays réel français est bien différent de sa vitrine légale. Quant à l'Iran, il faut se rappeler avant tout que l'antique Perse évolue depuis longtemps dans un rapport amour-haine avec les pays anglo-saxons, voire avec Israël. Les déclarations enflammées des mollahs sont contrebalancées par une relative prudence des dirigeants iraniens.

    Poison totalitaire

    Immédiatement, et c'était peut-être l'effet souhaité, les réseaux les plus compulsifs de l'extrême droite se sont mis en branle pour dénoncer ce qu'ils appellent un virage et ce que nous qualifierons d'intelligence stratégique. Les premiers à réagir ont été le groupuscule Egalité-réconciliation d'Alain Soral et l'ancien skinhead Serge Ayoub. Leur esthétique totalitaire leur interdit de penser la différence entre le poison totalitaire (qui est celui de l'Islam après avoir été celui du nazisme et du communisme) et les graves défauts du libéralisme. Le libéralisme n'est pas un totalitarisme et il ne le sera jamais, quels que soient les ravages économiques qu'il peut causer. On peut débattre avec les libéraux, il est impossible de composer longtemps avec des germes totalitaires. C'est pourquoi il est incroyable que la France poursuive ses relations privilégiées avec le Qatar ou l'Arabie Saoudite.

    Pour nourrir leur paranoïa, nous leur rappellerons d'une part que l'hebdomadaire Minuteavait intelligemment analysé l'éviction de Chauprade de l'Ecole de Guerre comme une offensive atlantiste face à sa vision capétienne et gaullienne sous couvert d'un complotisme qu'il atoujours réfuté, et d'autre part que l'arrivée deChauprade sur la scène médiatique en 2001devait beaucoup aux louanges que lui adressaitle Figaro. Il n'y a donc pas de reniement deChauprade, il y ajuste une clarification des choses conforme à sa pensée profonde que sa vivacité naturelle et son dégoût de la médiocritéavaient peut-être contribué parfois à troubler.Nous n'en démordrons pas, cette déclarationestivale est un juste retour des choses.

    Antoine Ciney Monde & Vie 9 septembre 2014 

  • Boko Haram n’en finit pas de semer la terreur au Nigéria

    Le bilan des violences perpétrées par Boko Haram au cours des deux derniers mois dans le Diocèse de Maiduguri est terrible : 185 églises incendiées et plus de 190.000 personnes contraintes à l’évacuation. Le territoire de ce diocèse s’étend sur les Etats de Borno, Yobe et sur une partie de l’Etat d’Adamawa, dans le nord du Nigeria.
    Au cours de ces deux derniers mois, 11 villes situées sur le territoire du Diocèse sont tombées entre les mains de Boko Haram . « Il y a trente jours, les communautés catholiques de Gulak, Shuwa, Michika, Bazza et d’autres encore ont été saccagées par de cruelles attaques des terroristes de Boko Haram » affirme le Directeur des Communications sociales du diocèse.

    « Gwoza et Magadali sont sous le contrôle despotique et tyrannique des terroristes depuis 60 jours » souligne le Père Obasogie. « Nos prêtres ont dû évacuer alors que les habitants, qui devaient célébrer l’indépendance en tant que nation libre, pleurent leurs morts et sont réduits à l’état d’évacués. Où est dès lors la liberté ? » interroge le prêtre.

    Le Père Obasogie décrit les conditions terribles dans lesquelles sont contraints à vivre les évacués, accueillis chez des parents et amis – parfois par groupes de 60 à 70 personnes – ou dans des structures improvisées.

     

    Ces réfugiés parlent aussi de ceux qui ne sont pas parvenus à s’enfuir, personnes âgées ou malades mais aussi jeunes. Les femmes sont victimes de violences sexuelles alors que se répand la pratique de décapitation des otages de la part des terroristes, comme cela a été le cas pour un pilote militaire capturé après s’être parachuté de son avion abattu par Boko Haram le 11 septembre… Ce fut également le cas pour au moins sept personnes dont l’identité n’est pas encore connue, décapitées lundi dernier dans la ville de Ngambu, située dans l’état du Borno, au nord-est du Nigéria.

    Quelques 30.000 Chrétiens de Yola sont actuellement en fuite et vivent« dans des conditions inhumaines, dans des grottes, des montagnes ou dans la forêt » a déclaré Monseigneur Stephen Dami Mamza, évêque de Yola, qui continue à craindre de nouvelles attaques…

    Hier, 7 octobre, s’est ouvert à Niamey, capitale du Niger, un sommet régional pour la lutte contre Boko Haram, qui menace actuellement également les pays limitrophes, ainsi que le démontre la mort de 7 personnes dans le nord du Cameroun, tuées par une roquette tirée par les intégristes musulmans.

    Encore une fois, silence total de nos autorités sur ces monstruosités commises par des islamistes, trop occupées qu’elles sont à dénoncer les « amalgames »

    http://www.contre-info.com/boko-haram-nen-finit-pas-de-semer-la-terreur-au-nigeria#more-34919

  • Les élites américaines commencent à passer en mode survivaliste par Dave Hodges

     

    Quelque chose d’important va se produire. Comment puis-je le savoir ? Je le sais parce que les gens que j’ai fréquenté pendant des années m’ont prévenu que le dernier trimestre 2014 serait le début de la fin pour beaucoup de nos institutions et peut-être même pour notre mode de vie.

    Certains de mes meilleurs contacts m’ont précisé qu’il était temps d’arrêter d’essayer de prévenir tout le monde, car désormais le moment est venu de se cacher de ceux qui veulent vraiment notre perte. Ma première réaction a été de ne pas les croire, mais il y a trop de sources bien renseignées qui me remontent les mêmes infos pour ne pas les prendre au sérieux.

    En écrivant ces lignes, j’ai eu un contact mail avec le pasteur Lindsay Williams, concernant les temps difficiles à venir. Le Pasteur Williams a été invité à mon émission plusieurs fois. Je lui ai renvoyé un courriel lui demandant quand il voudrait revenir, il m’a répondu qu’il avait cessé de faire des interviews. Cela devient récurent, ce week-end passé, une de mes meilleurs sources m’a dit qu’il allait arrêter la diffusion d’informations, parce que ce qu’il avait à dire n’aurait plus d’impact sur les événements à venir. Il m’a déclaré: « Le train ira jusqu’à sa destination finale et on ne peut plus l’arrêter. Les américains a eu leur chance pour se mobiliser et essayer d’arrêter la tyrannie à venir, mais ils ne voulaient pas descendre du canapé et arrêter de regarder cette putain de TV. Eh bien, le nouveau terme NFL (Not For Longtime) signifie « pas pour longtemps » et qui est combien de temps il reste à ce pays. Les Américains se sont vautrés dans leur propre apathie et leur ignorance pendant des décennies. Bientôt, ils se vautreront dans leur propre sang ». C’est le témoignage d’un général qui a vécu deux guerres.

    Le 9 décembre 2012, dans un entretien, Jim Marrs a examiné comment environ 400 à 500 grands banquiers de haut niveau ont quitté leur poste et ont disparu du système. Jim Marrs a rappelé à mon auditoire la façon dont les élites ont stocké des semences dont ils sont les seuls à y avoir accès. Marrs a fait clairement allusion au fait que des événements très désagréables vont survenir et que l’élite mondiale en est consciente. Elle se prépare à y survivre. Mes sources m’informent que la même chose se produit dans divers organismes fédéraux, et que certains ont récemment pris leur retraite de la CIA, du DHS, de la NSA et de la FEMA.

    Ce fait est incontestable. J’ai des informations de première main qui stipulent que quatre hauts-fonctionnaires et à leurs familles ont déménagé dans des enclaves sécurisées, alors que cela était très contraignant pour leurs vies de leurs familles respectives. De plus en plus, il semble que des événements majeurs se précisent et que des personnes ayant des informations de première main tentent de s’y soustraire.

    Lorsque de nombreux représentants du gouvernement, des divers organismes, quittent leurs postes, ce n’est pas nécessairement un événement marquant. Toutefois, lorsque ces mêmes fonctionnaires donnent leurs démissions en masse puis déménagent dans des enclaves survivalistes, alors c’est quelque chose que nous devrions tous prendre en considération, surtout quand nous voyons le même type de comportement de la part de cadres de Wall Street.

    Dans mes rapports avec certains informateurs, j’ai reçu quelques avertissements très graves concernant ce qui nous attend en Amérique. J’ai commencé à recevoir ces informations il y a deux ans, sur les temps dangereux qui s’annoncent, Doug Hagmann a également rendu public ses conversations qu’il a eues avec le DHS.

    J’ai eu des conversations avec deux initiés et le parent d’un autre initié, qui racontent des histoires semblables d’une série à venir d’événements apocalyptiques. La plupart des informations de Doug Hagmann, dans une large mesure, correspondent aux informations que j’ai déjà reçues.

    Déplacements de personnels de la DHS et de la CIA

    Certains responsables actuels de l’EDS et de la CIA, ainsi que leurs familles, seront déplacés dans des sanctuaires, à l’abri dans divers endroits stratégiques, dans le Colorado. La plupart des gens informés sont au courant des installations souterraines qui se trouvent en dessous de l’aéroport international de Denver, qui a un chemin de fer souterrain reliés aux installations souterraines de Cheyenne Mountain NORAD / Fort Carson / Peterson Air Force Base. Les structures font partie du programme de continuité du gouvernement, élaboré par le gouvernement des États-Unis dans les premiers jours de la guerre froide. Toutefois, ces installations sont de plus en plus le refuge prévu pour un grand nombre d’élites mondiales résidant aux Etats-Unis, lorsque l’enfer se déchaînera.

    L’opération « Montagne Gardian » était un exercice de continuité gouvernementale, lié à une catastrophe.

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