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international - Page 1001

  • Le dollar, arme de guerre économique

    Le dollar est depuis 1945 la monnaie de réserve mondiale. Pour bien comprendre les enjeux géopolitiques du dollar, il est indispensable d’analyser l’usage qu’en ont fait les Etats-Unis depuis le début des années 60 en repartant de l’analyse de Jacques Rueff (Le péché monétaire de l’Occident, éditions Plon, 1971). Ce dernier alors ministre de l’économie et des finances, avait convaincu le président De Gaulle de s’opposer à la manière dont les Etats-Unis manipulaient leur monnaie aux dépens des autres économies. 

    La monétisation de la dette américaine
    Lorsque la FED accroît la masse monétaire, en fait elle transforme la dette en dollars en disponibilités à moyen ou long terme pour les acheteurs sur les marchés financiers. Mais l’augmentation de la masse de dollar disponible ne correspond pas forcément à une hausse de la demande en dollars dans le monde. Donc le dollar se déprécie. Or les exportateurs de pétrole et d’autres matières premières qui sont contraints de vendre en dollar, voient leur pouvoir d’achat en contre-valeur euro par exemple se réduire d’autant. Il est nécessaire donc de rétablir systématiquement dans les chiffres officiels de la croissance des différents pays notamment de l’OCDE l’impact inflationniste de la dette américaine. Depuis 1965 c’est ce mécanisme d’absorption (avant 1990 essentiellement par les pays occidentaux gros importateurs de pétrole puis après 1990 par le reste du monde) de la dette américaine liée à la création monétaire (devenue ensuite politique de Quantitative Easing de la FED).
    C’est cette politique de monétisation de la dette en dollar  que Rueff avait dénoncé comme « le privilège exorbitant qui permet aux Etats-Unis de vivre à crédit sur le dos du reste du monde ». Le refus d’absorber les excédents monétaires en dollar par une grande partie des pays depuis la création de l’Euro est en fait à l’origine des crises récentes et de l’appauvrissement considérable des Etats-Unis. Les BRICS ont parfaitement compris ce problème et depuis leur premier sommet réclament une réforme du Système Monétaire International afin de détrôner le rôle hégémonique du dollar comme unique monnaie de référence dans les échanges internationaux et en particulier pour le commerce du pétrole, du gaz, des matières premières et des céréales. Il est intéressant de noter à ce propos que chaque fois que le gouvernement d’un membre de l’OPEP a fait la demande par son représentant d’ouvrir la possibilité d’un règlement de ses ventes de pétrole en or ou en Euro, il a fait systématiquement l’objet d’une déstabilisation voire d’une destruction en règle de son pays : Irak en 2002-2003, Venezuela en 2002-2003 (tentatives de coup d’Etat contre Chavez), Libye en 2009-2010 (élimination de Khadafi) , Norvège en 2011 (attentat d’extrême droite contre des cibles politiques).

    L’abandon du dollar comme monnaie d’échange
    Septembre 2014, la Russie et la Chine ont décidé l’abandon du dollar comme monnaie d’échange. Cette décision est très significative du durcissement du rapport de force entre les Etats-Unis et les puissances qui lui contestent sa suprématie. L’accélération du processus de tensions en Eurasie (révolutions colorées, Géorgien, Ukraine) a amené la Russie à tirer les enseignements des processus de destruction menés par Les Etats-Unis à l’encontre des pays qui s’opposaient à sa volonté de puissance, en particulier dans le domaine énergétique. Cette nouvelle logique d’affrontements entre puissances met en exergue l’imbrication de la guerre de l’information et des actions politico-militaires autour de la crise du régime ukrainien (manifestations nationalistes pacifiques puis violentes, renversement du pouvoir en place, réactions séparatistes des pro-russes, engagements militaires de l’armée ukrainienne, attentat contre un avion civil, contre attaques russes par infiltrations d’éléments armés). Les sanctions économiques prises par les pays européens et les Etats-Unis contre la Russie à la suite de l’affaire ukrainienne sont la dimension « guerre économique » de cette officialisation progressive d’un conflit dominant de puissances au XXIe siècle. Pour contrer cette tentative d’encerclement, la Russie et la Chine reprennent à leur compte la stratégie du général de Gaulle qui est le premier chef d’Etat à avoir osé contester la logique viciée du dollar. Leurs gouvernements respectifs prévoient de créer un nouveau système de notation indépendant des agences de notation américaine ainsi qu’un système financier autonome légitimé par une banque de développement privée. Cette dernière serait le pendant du FMI,. De son côté, la Russie prône la construction d’une union économique eurasienne avec le rouble comme principale monnaie d’échange centrale. Toutes ces mesures visent à aider la Chine et la Russie  à se rendre moins dépendants des marchés financiers dominés par les pays occidentaux.
    Les Etats-Unis ne peuvent pas tolérer une manœuvre aussi dangereuse pour la défense de leurs intérêts géoéconomiques. Ils concentrent pour l’instant leur riposte sur la Russie afin de l’affaiblir par tous les moyens (limitations du commerce vers la Russie, abaissement de la note de cotation de la Russie en BBB après l’annexion de la Crimée (objectif ;  limiter l’accès au crédit), exploitation des tensions consuméristes intérieures. après l’annexion de la Crimée..
    Moscou multiplie les signaux faibles allant dans le sens de la déstabilisation symbolique du dollar  (gaz russe vendu en devises nationales et expédition de 80 000 tonnes de pétrole réglées en rouble et non en dollar). Mais ils ne laisseront pas à terme la Chine manœuvrer dans leur dos. En revanche, la partie se complique pour Washington qui doit se battre désormais sur de nombreux fronts disparates. Toutes ces opérations ont un  prix et amplifient la dette des Etats-Unis qui risquent de subir une nouvelle crise mondiale provoquée par les effets démultiplicateurs de leur politique de puissance menacée sur plusieurs continents.

    http://www.knowckers.org/2014/09/le-dollar-arme-de-guerre-economique/

  • Révélations à Wall Street : les enregistrements secrets qui font trembler Goldman Sachs et la Fed (ou quand les pires fantasmes se concrétisent)

    Depuis la diffusion de ces enregistrements, les analystes s’interrogent sur les relations un peu trop intimes entre la banque d’affaires et la Réserve fédérale de New York.

    Des documents audio gardés secrets ont été dévoilés ce vendredi aux États-Unis lors de l’émission de radio “This American Life”. Ils avaient été recueillis un an plus tôt par le site de journalisme d’investigation “ProPublica“.

    Ces enregistrements mettent au grand jour les possibles connivences entre la New York Federal Reserve Bank, la Fed, et les institutions financières qu’elle est censée surveiller et contrôler.

    “Si ces documents étaient authentifiés, cela voudrait dire que le contrôleur était complaisant avec les contrôlés. En clair que la Fed ne faisait pas le travail qui lui était assigné en manifestant une trop grande complaisance envers les organismes qu’elle est censée contrôler” explique Antoine Brunet, économiste et président de la société d’analyse de la conjoncture et des marchés AB Marchés.

    Michael Lewis, journaliste américain spécialiste de la finance, qualifie ces enregistrements “d’extraordinaires” dans un article publié sur le site Bloomberg View. Après avoir couvert la crise financière de 2008 aux Etats-Unis, le reporter a déclaré, une fois avoir écouté les bandes sonores : “l’équivalent de la vidéo de Ray Rice (joueur de football américain suspendu après la diffusion d’une vidéo le montrant en train d’agresser sa femme, ndlr) dans le secteur financier vient d’arriver“.

    Et c’est peu dire.

    Au total, quarante-six heures de conversations ont été enregistrées secrètement en 2012 par Carmen Segarra, une ancienne employée de la Réserve fédérale de New York, en charge de superviser la puissante banque d’affaires Goldman Sachs. Les bandes sonores révèlent que certains de ses collègues ont agi selon le bon vouloir de la banque.

    D’après ProPublica, ils en disent long sur “la tradition de déférence du plus grand régulateur de Wall Street vis-à-vis des banques“.

    Deux points de litige émergent des conversations que cette ancienne avocate a captées à l’insu de ses collègues. Le premier concerne une transaction entre Goldman Sachs et la banque espagnole Banco Santander.

    D’après les documents, la Fed n’a pas réussi à réglementer les banques, car elle n’encourageait pas ses employés à signaler des problèmes ou à poser des questions. Bien au contraire : les employés ne sont pas parvenus à convenablement surveiller ces puissantes banques, non pas parce qu’ils n’avaient pas les outils à leur disposition, mais parce qu’ils ont été dissuadés de les utiliser.

    Carmen Segarra avait été engagée par la Fed en octobre 2011 afin d’aider la banque à améliorer son système de surveillance. Dès son premier jour de travail, on lui a assigné la tâche d’observer Goldman Sachs. Au cours d’un certain nombre de réunions, elle apprend que les employés de la Fed avaient pour objectif de minimiser ou même d’ignorer les propos alarmants tenus par des employés de Goldman Sachs.

    Une fois, raconte-elle, un employé de la banque avait déclaré : “pour nos riches clients, certaines lois de protection des consommateurs ne s’appliquent pas“. Choquée, Carmen Segarra avait fait part de sa surprise à un de ses collègues, qui lui avait répondu : “Tu n’as rien entendu“.

    Un scandale en puissance qui fait dire à Michael Lewis, sur Bloomberg View : “Vous deviniez déjà confusément que les régulateurs étaient plus ou moins contrôlés par les banques. Maintenant, vous le savez. Et la raison pour laquelle vous le savez est qu’une femme a été assez courageuse pour combattre le système” écrit-il sur Bloomberg. Ces révélations sont d’autant plus importantes que, comme le souligne l’économiste Antoine Brunet, “jusque-là, dans les grands noms de la finance américaine, Goldman Sachs est certainement la banque qui a le mieux traversé tous les évènements depuis 2007. Elle n’avait encore jamais été impactée ni par la crise, ni après celle-ci“. Ce n’est donc plus le cas.

    D’autant plus qu’un autre point litigieux a été mis au jour par ces enregistrements, Carmen Segarra estime que Goldman Sachs n’a pas de garde-fou interne visant à éviter de possibles conflits d’intérêt, contrevenant ainsi aux règles de régulation bancaire. Mais, comme le prouve les enregistrements, alors qu’elle en averti sa direction, son manager, plutôt que d’en prendre note, lui conseille de “réfléchir un peu plus sur le choix de ses mots” lorsqu’elle lui explique que Goldman Sachs contrevient aux règles de la régulation.

    Selon Carmen Segarra, sa volonté de bien faire son travail lui a valu d’être renvoyée en mai 2012. En effet, alors qu’elle a tenté coûte que coûte de convaincre Goldman Sachs de respecter les règles de la régulation bancaire, elle a été licenciée. Elle a, depuis, saisi les tribunaux pour obtenir réparation mais sa demande a été rejetée en avril dernier.

    De son côté, la Fed, comme le relaie le site This American Life, s’est défendue de toute irrégularité. “La Fed de New York dément catégoriquement les allégations faites concernant l’intégrité de sa supervision des institutions financières“, a-t-elle déclaré dans un communiqué. La banque centrale américaine a aussi affirmé que le licenciement de Carmen Segarra était “entièrement lié à ses performances“. Une défense somme toute logique pour Antoine Brunet car si la Banque centrale était amenée à dire autre chose “elle perdrait en crédibilité“.

    “Si la source est vérifiée et si la teneur des documents est bien celle retranscrite, cela voudrait dire que la Fed a échoué dans la mission qui lui était confiée et peut-être même qu’elle avait une complaisance excessive à l’égard des institutions qu’elle devait contrôler” poursuit l’économiste.

    Suite à la diffusion de ces enregistrements secrets, un membre influent du Sénat américain, Elizabeth Warren, a voulu engager des auditions sur les questions “perturbantes” soulevées par ces conversations entre des responsables de la banque et des contrôleurs de la Fed. Et d’affirmer : “Quand les régulateurs sont davantage préoccupés d’éviter aux grandes banques d’avoir à rendre des comptes que de protéger le peuple américain des comportements risqués et illégaux à Wall Street, c’est une menace pour toute notre économie“.

    Une menace confirmée par Antoine Brunet : “Si les grands organismes bancaires américains, considérés comme too big to fail, sont trop gros pour qu’on les laisse faire leur vie, si les dirigeants des grands organismes financiers américains savent que le contrôleur n’exercera pas son contrôle jusqu’au bout et savent qu’ils seront impunis en cas d’infraction à la réglementation, cela donne à ses dirigeants une impunité excessive. Une impunité qui ne peut que les encourager à des pratiques néfastes pour l’économie américaine dans son ensemble“.

    Atlantico

    http://fortune.fdesouche.com/357305-revelations-wall-street-les-enregistrements-secrets-qui-font-trembler-goldman-sachs-et-la-fed-ou-quand-les-pires-fantasmes-se-concretisent#more-357305

  • Les Palestiniens étaient poussés à sortir de chez eux, ce qui permettait de les abattre avant même de leur laisser une chance de se rendre

    Au-delà de cette manœuvre [traverser les murs], la casbah de Naplouse a été le laboratoire d'une expérience radicale à bien des égards. Plusieurs officiers avaient déploré que l'invasion éclair et l'occupation de zones urbaines palestiniennes comme Balata aient permis aux combattants palestiniens de disparaître pour refaire surface juste après le retrait des forces israéliennes. Lors d'une réunion tenue fin mars 2002 Q.G. du commandement central des FDI pour préparer l'opération Rempart, Kochavi avait insisté sur la nécessité d'axer l'opération sur l'élimination physique des membres des factions armées palestiniennes, plutôt que de les laisser disparaître ou même se rendre. Kochavi n'avait pas simplement l'intention de prendre et de tenir la casbah, mais d'y entrer, de tuer autant de résistants que possible, puis de se retirer. La procédure prévue à cet effet était surnommée la "veuve de paille" : un groupe de soldats prenait position dans une maison, tandis qu'un autre lançait une opération dans une partie de la ville visible et contrôlée depuis cette maison. Les Palestiniens étaient poussés à sortir de chez eux, ce qui permettait de les abattre avant même de leur laisser une chance de se rendre. Ce type d'opération militaire, dont l'unique objectif était de tuer, répondait également à des directives claires, fixées au niveau politique. En mai 2001, deux mois à peine après son arrivée à la tête du gouvernement, Sharon convoqua en urgence dans sa ferme privée le chef d'état-major Shaul Mofaz, le chef de la sécurité intérieure Avi Dichter et leurs adjoints. Le Premier ministre fut on ne peut plus explicite : "Les Palestiniens [...] doivent payer le prix fort... Tous les matins en se réveillant, ils doivent découvrir que dix ou douze des leurs ont été tués, sans savoir ce qui s'est passé... A vous d'être créatifs, efficaces, ingénieux."

    Eyal Weizman, A travers les murs. L'architecture de la nouvelle guerre urbaine

    http://www.oragesdacier.info/

  • "Le vice obscur de l'Occident" par Massimo Fini - Entretien exclusif avec "Le Retour aux Sources"

    Célèbre journaliste italien depuis plus de 30 ans,  Massimo Fini est l'auteur de 17 livres dont la ligne directrice s’inscrit dans une critique radicale du modernisme. Il y montre les limites du modèle de développement occidental, dénonce ses paradoxes et déconstruit ses mythes fondateurs. Les éditions "Le retour aux sources" ont traduit et publié deux ouvrages en un : Le vice obscur de l'Occident et la démocratie et ses sujets.

    Les équipes des Non-alignés et de Scriptoblog ont rencontré Massimo Fini pour un entretien exclusif : (Traduction et montage : Agence Info Libre)


    "Vice obscur de l'Occident et la démocratie et...par agenceinfolibre

    http://www.scriptoblog.com/index.php/component/content/article/90-videos/1549-le-vice-obscur-de-l-occident-par-massimo-fini-entretien-exclusif-avec-le-retour-aux-sources

  • 41 enfants tués dans un attentat contre une école de Homs

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    Syrie – L’attentat monstrueux commis mercredi contre une école de Homs a tué au moins 41 enfants âgés entre six et neuf ans. L’école d’Akrama est située dans un quartier majoritairement alaouite de la ville de Homs, troisième ville de Syrie, sous contrôle des forces militaires de l’Etat syrien.

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    Sept autres personnes (quatre civils et trois membres des forces de sécurité) sont mortes dans un second attentat commis par un kamikaze dans la même ville.

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  • Le gouvernement a peur de tuer des immigrés aux papiers français en Syrie et en Irak

    Alors même que les immigrés bénéficient de passe-droits en France (CMU, logements, justice clémente etc…) voila que le blogSecret Défense spécialisé dans l’univers militaire français lâche cette petite bombe :

    « Ne pas prendre le risque de tuer avec des bombes françaises des citoyens français partis faire le djihad. C’est le grand non-dit des hésitations de l’Elysée quant à une intervention militaire en Syrie contre l’Etat islamique. D’autres arguments, plus ou moins convaincants, sont mis en avant. Mais de celui-ci, personne ne veut parler. Le sujet est politiquement explosif. Au plus mal dans l’opinion publique, le pouvoir est-il prêt à assumer que des jeunes Français, pour la plupart d’origine immigrée, soient tués par l’armée française aux ordres d’un gouvernement socialiste Pour l’instant, la réponse est négative – d’où les atermoiements de la position de Paris telle qu’elle a encore été exprimée jeudi par un communiqué de l’Elysée à l’issue d’un conseil restreint de défense. »

    http://www.contre-info.com/le-gouvernement-a-peur-de-tuer-des-immigres-aux-papiers-francais-en-syrie-et-en-irak

  • La Turquie d'Erdogan : un islamisme dépourvu d'ambiguïté

    Ce 2 octobre la Grande assemblée nationale d'Ankara s'est prononcée sur ce que les occidentaux considèrent comme un ralliement à leur coalition dirigée contre les islamo-terroristes.

    Or, en application de l'article 92 de la Constitution, il s'agissait en faitde l'autorisation donnée aux forces armées d'intervenir hors de leurs frontières, sans que l'on sache trop contre qui les soldats turcs seront appelés à combattre au sol.

    On nous présente cette opération comme destinée à sauver les Kurdes de Syrie et à épauler leurs cousins d'Irak. Mais ce sont précisément les députés kurdes de Turquie qui ont le plus clairement dénoncé le projet et ils ont voté contre…  (1)⇓ Car ils savent pertinemment le peu de fiabilité que l'on peut accorder à Erdogan dans la lutte contre l'islamisme.

    Le 10 août à la veille d'une élection présidentielle qui allait bientôt triomphalement le conduire à Ankara en sa nouvelle résidence de Çankaya Köskü le candidat Erdogan se rendait respectueusement chez un maître de l'islamisme, à Istanbul. On l'appelle ordinairement le cheikh Mahmud Effendi. (2)⇓ Depuis la disparition de l'ancien grand maître de la confrérie Naqshbandiyya, son compatriote et ami Nazim al-Haqqani (1922-2014), ce vieil homme demeure la figure incontournable de l'islamisme sunnite.

    La communauté qu'il dirige est nommée d'après la mosquée de Ismaïlaga. Dès 2006 les kémalistes pouvaient dénoncer le régime en cours d'installation comme une "république d'Ismaïlaga". Or, elle joue désormais un rôle considérable dans ce pays que l'on nous a si souvent vanté pour son indéfectible sécularisme. La bénédiction du chef religieux paraissait donc nécessaire au nouvel homme fort du pays.

    Pour mieux mesurer cette réalité, on peut se reporter à l'article totalement cynique de l'ambassadeur turc publié par Le Figaro du 29 septembre : Hakki Akil présente son pays comme un "allié fidèle contre le terrorisme", et les terroristes comme des méchants, pas des bons musulmans.

    Pas très originale cette "opinion". Pas très éclairante non plus.

    Car, comme Erdogan il souligne aussi que, pour son pays, le "terrorisme" s'identifie d'abord au PKK dont la guérilla, aujourd'hui en sommeil, a occasionné plus de 30 000 morts. Et le journal met en exergue une citation du diplomate qui dit, mot pour mot la même chose que le chef de l'État : "nous n'avons malheureusement pas rencontré le même esprit de coopération dans notre lutte contre le terrorisme du PKK".

    Or, comme aujourd'hui les forces du PKK, et celles de sa succursale syrienne, combattent aux côtés des forces du gouvernement autonome du Kurdistan irakien, il ne s'apprête certainement pas à prêter main-forte de gaîté de cœur aux défenseurs de la ville kurde de Kobané en territoire syrien…

    Faut-il s'étonner de voir nos responsables et communicants refuser de considérer le président de la république Erdogan et son régime, le premier ministre Davutoglu et son gouvernement comme clairement islamistes ? Et, à ce titre fort peu désireux de combattre vraiment et durement les islamo-terroristes du pseudo-Califat.

    L'ambiguïté permanente de leurs déclarations à cet égard se révèle à la longue dépourvue… d'ambiguïté. Dans la nuit tragique du 6 août où le président kurde Barzani vit les terroristes aux portes d'Erbil il reçut en 48 heures l'appui des États-Unis, de la France, etc. mais pas de la Turquie. Le 11 septembre à Djeddah ce pays avait été le seul à ne pas vouloir se joindre à la déclaration des dix pays du Golfe alliés des États-Unis.

    Il s'agissait alors de ne pas mettre en danger les 49 otages capturés à Mossoul par les terroristes, et notamment le consul qui, par 3 fois, le revolver sur la tempe nous dit-on, refusa très courageusement, – car c'est souvent courageux un Turc, – de faire la déclaration demandée par ses ravisseurs. Au lendemain de leur libération, dont les conditions n'ont pas été révélées, le gouvernement d'Ankara est resté très discret sur sa condamnation de l'islamisme. Et pour cause.

    Ainsi le 26 septembre était votée une loi qui permettra aux jeunes filles de porter le hijab dans les lycées publics. Dénoncée par quelques juristes, cette nouvelle disposition démantèle un peu plus l'héritage du kémalisme et l'occidentalisation de cette nation.

    Plus adroit certes que ses amis les catastrophiques Frères musulmans, eux-mêmes incapables de gouverner l'Égypte, l'actuel homme fort de la Turquie a su jusqu'ici procéder par étapes. Tout d'abord, malgré des désordres monétaires et des faits de corruption qui se feront sentir un jour ou l'autre on doit reconnaître qu'en 12 années de gouvernement l'AKP est parvenue à hisser la Turquie au rang de puissance économique internationale.

    Le gouvernement islamiste au Caire avait non seulement achevé de ruiner le pays mais il avait "réalisé en 10 mois ce que ses homologues turcs avaient accompli en 10 ans". C'est cette précipitation qui l'a condamné.

    En fait, on ne comprend rien à la politique extérieure turque si l'on ne tient pas compte de ce mélange de religion et de nationalisme qui domine désormais le pays, de plus en plus, depuis les élections de 1997.

    Toute application des critères consuméristes prévalant en Europe s'y heurte à cette volonté identitaire. Elle se révélera d'autant plus forte qu'elle repose sur un artifice non-dit, celui de l'unité nationale du pays, laquelle suppose la mise au pas de ses minorités non-sunnites.

    Faut-il d'ailleurs s'attendre à ce que les soldats turcs défendent en dehors de leurs frontières ceux en qui ils voient leurs principaux ennemis à l'intérieur ? Qu'on me permette d'en douter.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1.  L'assemblée se compose de 536 députés. Elle se répartit en quatre groupe : l'AKP gouvernementale dispose de 312 sièges, les kémalistes du CHP de 130, les nationalistes du MHP de 52, les "pro-kurdes" HDP de 27. Ont voté pour 298 députés, contre 98.
    2.  Né en 1929 dans la province de Trébizonde, son nom à l'état civil est Mahmut Ustaosmanoğglu 
  • Un employé suisse de la Croix Rouge tué à Donetsk où les attaques de la junte se poursuivent

    « Une équipe de l’AFP a vu le corps de la victime, gisant dans une mare de sang face contre terre, à l’extérieur du bâtiment où le CICR a ses bureaux. » Selon l’AFP.
    Le chef du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) et président de l’OSCE Didier Burkhalter s’est dit« consterné » et « bouleversé ».

    La victime était âgée de 38 ans; un responsable des services de secours, Andriï Livtchenko, a indiqué qu’il s’agissait «d’un citoyen de Genève qui faisait partie de la mission locale du CICR» qui a été tué jeudi lors d’un bombardement dans le centre de Donetsk. La victime faisait partie de la mission locale Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

    L’agence de presse russe Interfax a également confirmé qu’un bâtiment du CICR sur place avait été pris pour cible. Un peu plus tard, un porte-parole du CICR, Ewan Watson, a confirmé à l’agence Reuters «qu’un de nos collègues, un ressortissant suisse, a été tué à Donetsk. Nous sommes bouleversés par cette perte».

    L’information, donnée dans un premiers temps par les services de secours, a été confirmée à la RTS par Yves Daccord, le directeur général la Croix Rouge.

    « L’employé tué travaillait dans notre organisation depuis plus de cinq ans. Il était arrivé en Ukraine voici six semaines », a encore précisé la Croix-Rouge, jeudi soir dans un communiqué. Cet agent a été tué par un obus tombé près du bureau de l’organisation situé à moins d’un kilomètre du quartier général de la Sécurité publique de de la République de Donetsk, où se situent d’autres sites stratégiques de la ville.

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