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lobby - Page 2326

  • La démocratie peut-elle être installée par des armées étrangères ?

    Rony Brauman*

    En Syrie, comme en Libye, ces événements se situent dans le monde arabe et aux abords de la Méditerranée. Ces points communs renforcent le contraste entre le volontarisme de l’intervention étrangère en Libye et la prudence qui peut paraître excessive face à la situation en Syrie. Mais il convient de se placer au-delà d’une démarche purement morale qui récuserait ces différences de traitement, car le propre de la politique internationale consiste à tenir compte de la singularité des circonstances et des événements.
     
    Le cas Libyen
    En Libye, l’extrême faiblesse diplomatique et militaire du régime a rendu l’intervention possible. Kadhafi, isolé, ne bénéficiait d’aucun appui au Conseil de sécurité de l’ONU, contrairement à la Syrie qui est soutenue par la Russie et la Chine. Le régime libyen était également très faible sur le plan militaire : chaque intervention de son armée au Tchad s’était soldée par une défaite, son aviation était presque inexistante, ses blindés en mauvais état et ses troupes divisées.
    Par ailleurs, des dirigeants européens voyaient dans l’intervention en Libye l’occasion de créer dans leur pays un sentiment d’union nationale. Mise à part la période d’enlisement constatée par les militaires eux-mêmes, une seule bavure importante de l’Otan a eu lieu, ce qui est très peu dans une guerre de sept mois. Cette guerre, menée avec un savoir-faire technique notable, a rassemblé la quasi-totalité de la classe politique française, des opinions et des éditorialistes. Les conditions favorables étaient donc réunies pour qu’adviennent une victoire militaire et un résultat politiquement acceptable. La défaite de Kadhafi était certaine, mais le doute subsistait quant à ce qui allait suivre son exécution et la défaite du régime. J’en parle d’autant plus librement que j’étais l’un des rares opposants à cette intervention.
    Les conditions dans lesquelles la guerre a été déclenchée restent à éclaircir mais tout laisse à penser que Nicolas Sarkozy et Claude Guéant l’ont très vite voulue. Les manifestations ont commencé le 15 février à Benghazi du fait de l’emprisonnement d’un avocat, militant des droits de l’homme, avant de s’étendre rapidement dans l’est du pays, les premiers affrontements se produisant le 17 février à Benghazi (7 morts). On ignorait tout, en France et en Angleterre, de ceux qui allaient diriger ce soulèvement. Or il n’a fallu que trois semaines entre le premier jour du soulèvement et la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) comme instance légitime, alors que la composition de ce dernier était inconnue, et il n’a fallu qu’une semaine de plus pour l’entrée en guerre. 
    Le CNT a été d’emblée reconnu par la France dès le 10 mars, sous l’influence avérée de Bernard-Henri Lévy, et décrété seul représentant légitime du peuple libyen. En moins de trois semaines, cette nouvelle instance remplaçait les représentants de l’État libyen au Conseil des droits de l’homme et au Conseil de sécurité de l’ONU, alors que Kadhafi se trouvait encore en place et que la Libye faisait partie du Conseil de sécurité au moment de la guerre. Il n’existe pas, à ma connaissance, de précédent à cette situation et cette procédure inédite est passée inaperçue, comme si elle allait de soi. Il est vrai qu’elle se justifiait par l’accumulation d’allégations alarmantes : usage d’avions contre des manifestants, déploiements de milliers de mercenaires dopés au Viagra, déjà coupables de milliers de morts et de viols, colonnes de chars marchant sur Benghazi pour exterminer les insurgés et leurs complices... S’il est avéré que la répression avait fait dès le début mars plusieurs dizaines de morts et que des chars avaient pénétré dans Benghazi (d’où ils avaient été repoussés par les insurgés), le reste des allégations reste à prouver. Cette précipitation en dit long sur la légèreté dont a fait preuve l’ensemble de la classe politique et de la classe « éditocratique » françaises. 
    Aujourd’hui, le pays se morcelle, les milices surarmées se multiplient et n’entendent pas abandonner le pouvoir qu’elles ont réussi à prendre, d’autant moins que le CNT ne représente personne, même en Cyrénaïque dont il est issu. J’ajoute que, selon le CNT, le bilan humain de cette guerre se monte à 30 000 morts, chiffre présenté par les nouvelles « autorités » comme un minimum. Si elle a été menée dans le but d’épargner des vies, le résultat est catastrophique et l’on comprend que ces chiffres aient été escamotés par les tenants de l’intervention.
     
    « Deux poids deux mesures ? »
    Face à la situation syrienne, l’approche des dirigeants occidentaux semble beaucoup plus élaborée ; la situation politique locale est prise en compte, alors même qu’elle a été délibérément ignorée en Libye. Ils ont à l’esprit les distances qui séparent l’opposition extérieure de l’opposition intérieure, ce qui oppose les groupes d’insurgés dans les différentes régions et, à l’intérieur de ces régions, les divisions entre les diverses composantes de l’opposition syrienne. Les diplomaties sont prêtes à travailler avec certaines d’entre elles, d’autres semblent plus menaçantes pour l’unité syrienne et pour l’établissement d’un état de droit. On peut dire que la lucidité, le réalisme comme méthode (et non pas comme principe) ont trouvé toute leur place dans la situation syrienne et si certains parlent de « deux poids, deux mesures » je ne suis pas mécontent que la réaction soit mieux mesurée et réfléchie en Syrie.
     
                                                         L'ambassade de France à Tripoli dévastée par un attentat
    D’autres situations ont pu faire l’objet de réactions de type « deux poids, deux mesures ». Ainsi, quand l’Irak a envahi le Koweït, une coalition internationale s’est dressée. Mais quand les États-Unis ont envahi l’Irak, malgré une opposition presque unanime, on n’a pas imaginé qu’une coalition internationale pouvait se constituer pour leur faire la guerre. Outre le rapport de force militaire en faveur des États-Unis, personne n’a émis l’idée qu’il serait souhaitable d’arrêter les États-Unis plutôt que de les laisser dégrader une situation déjà très complexe au Proche-Orient. 
    De la même manière, personne n’a souhaité engager une action militaire contre Israël envahissant le Liban en 2006 ou « matraquant » Gaza en 2009 ; personne aujourd’hui ne souhaite s’attaquer à Israël, lorsque ce pays envisage sérieusement une attaque sur l’Iran avec des conséquences qui pourraient être catastrophiques selon de nombreux experts stratégiques israéliens eux-mêmes, y compris d’anciens patrons du Mossad ou d’anciens chefs d’État-major.
    Malgré toutes les critiques que je peux formuler vis-à-vis de la politique israélienne, je ne prônerais certainement pas une attaque militaire contre l’Iran, non pas parce qu’il devrait être de toute éternité exempt de toute mesure de rétorsion, mais parce que je suis convaincu que les résultats seraient pire que le mal que l’on veut traiter. Dans ce genre d’affaires comme en pharmacologie, on n’est jamais certain de trouver d’emblée la solution positive. En médecine comme en politique, un bon traitement est le résultat d’un bon calcul ; personne ne peut savoir d’avance ce qui va se passer. C’est pourquoi je défends l’idée de « deux poids, deux mesures », car c’est bien en fonction des conséquences plus ou moins prévisibles des décisions qu’il faut se déterminer.
     
    Ingérence et recours à la guerre : quelle légitimité ?
    L’ingérence et le recours à la guerre sont-ils forcément légitimes pour défendre les droits de l’homme ? Lorsqu’on pose comme objectif le rétablissement d’une situation favorable aux droits de l’homme, par l’interposition d’un bouclier qui viendrait protéger des civils contre les menées agressives de forces armées, on est apparemment précis, mais en réalité on est dans le vague le plus complet. 
    « Protéger les populations », comme on le dit maintenant à la suite de la résolution de 2005 du Conseil de sécurité, c’est ni plus ni moins établir un gouvernement, car c’est précisément à l’instance qui gouverne le territoire qu’il revient de protéger la population. Ou alors l’alternative serait la fragmentation du pays en autant de groupes de populations qu’il existe de menaces et l’on assisterait non seulement à la guerre de tous contre tous mais au morcellement généralisé de tous les pays dans lesquels des violations sérieuses et répétées des droits de l’homme se produisent. S’ingérer pour protéger des populations afin de défendre leurs droits fondamentaux, c’est la recette pour le chaos, c’est l’invitation à entrer dans un grand nombre de conflits, car il y a un grand nombre de pays où les droits de l’homme sont violés. 
      Faut-il pour autant condamner toute intervention armée, tout usage de la violence, dans le domaine international, autrement que pour assurer la défense de son propre territoire ? Ma position est plus nuancée. La guerre de défense garde toute sa légitimité et nul ne condamnerait un pays pour avoir voulu défendre ses frontières contre une agression extérieure, y compris des pays qui viennent défendre le pays envahi contre l’agresseur extérieur.
    Reste à déterminer dans quelles conditions des interventions extérieures comme au Sierra Leone, au Kosovo, au Timor, en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Irak ou en Libye... peuvent être un recours légitime. De saint Augustin et saint Thomas jusqu’à la résolution du Conseil de sécurité de septembre 2005 instituant la « responsabilité de protéger », les cinq critères de la guerre dite juste sont restés remarquablement stables : ce sont l’autorité légitime, la cause légitime, la proportionnalité des moyens, l’usage de la guerre comme dernier recours et enfin des chances raisonnables de succès. Le contenu de ces critères se comprend différemment selon les époques (pour saint Thomas, l’autorité légitime était l’Eglise et la cause légitime la défense des chrétiens) mais, si évolutifs qu’ils soient, ils conservent un sens immédiatement intelligible et figurent à peu près sous cette forme dans le document des Nations Unies (l’autorité légitime étant aujourd’hui le Conseil de sécurité et la cause légitime la défense de la paix et la prévention de crimes contre l’humanité). Je laisserai de côté les trois premiers, d’ordre juridique, pour mettre en exergue les deux derniers que je qualifie d’éthico-politiques.
    On peut analyser les « chances raisonnables de succès » au vu de la série assez longue d’interventions qui se sont produites depuis la chute du mur de Berlin, de la première guerre d’Irak jusqu’à la guerre en Libye. Certaines de ces interventions peuvent être considérées comme des « succès raisonnables », même si le terme « succès » peut sembler déplacé, car ces guerres provoquent toujours des destructions et des souffrances, des déplacements de population aux effets durables. Des succès raisonnables ont été remportés, lors de la première guerre d’Irak, lorsque le mandat était extrêmement clair : il s’agissait de faire sortir du territoire koweitien les troupes irakiennes qui s’y trouvaient. L’objectif était facile à cerner et le résultat simple à constater, dès que les troupes irakiennes furent rentrées chez elles. Un mandat limité, précis, observable sur le terrain est donc une condition. 
    En Sierra Leone, il s’agissait de défendre le régime en place contre une offensive de la guérilla du RUF . Ce régime mis en place par les Nations Unies, renforcé par une élection et défendu par la communauté internationale, était mis en danger par une guérilla très violente venue menacer la capitale et dont les exactions étaient connues de tous. Les forces spéciales britanniques sont intervenues et, en un mois, ont battu la guérilla après une intervention très meurtrière, considérée comme réussie parce que la menace contre le gouvernement légal a été levée. Au terme de cette victoire, les SAS britanniques sont rentrées chez eux et le conflit était terminé. Ce n’était pas une guerre des droits de l’homme. Si on s’était intéressé au bilan des droits de l’homme, on aurait constaté qu’un certain nombre des composantes qui formaient le gouvernement sierra-léonais de l’époque s’était rendu coupable d’exactions comparables à celles du RUF. Pour les instances internationales, il s’agissait d’abord de la protection du gouvernement et de la stabilité du pays.
    De la même façon en Côte d’Ivoire, l’installation d’Alassane Ouattara dans le palais présidentiel et l’éviction de Laurent Gbagbo pouvaient parfaitement être défendues. L’objectif était clair. Il s’agissait de destituer Gbagbo qui se cramponnait au pouvoir après des élections qui venaient de donner la victoire à son concurrent, selon les observateurs chargés de la régularité du vote. Il est avéré qu’Alassane Ouattara s’est rendu coupable d’exactions, au même titre que Gbagbo peut-être, même s’il demeure difficile de déterminer avec précision les auteurs de ces massacres dans ce genre de situation. Les violations des droits de l’homme se partagent entre les deux camps. Ce n’est pas sur ce point que l’intervention militaire a été menée, mais sur l’objectif précis de la mise en place du nouveau gouvernement reconnu par les Nations Unies et élu par le peuple ivoirien.
    On pourrait continuer sur le Kosovo. Les alliés ont misé sur l’UCK, l’Armée de libération du Kosovo, qui était connue, et pas nécessairement de façon honorable. Cependant, le territoire était limité et se prêtait à un contrôle militaire réel. Le Kosovo est aujourd’hui une garnison de l’Otan. Jusqu’à peu, des soldats américains gardaient encore ses frontières et le pays vit sous perfusion européenne ; il ne vit pas très bien, mais un certain calme règne. Ce n’est pas sur la question des droits de l’homme que l’on s’est déterminé. Je précise que j’étais pour ma part engagé du côté bosniaque et que j’ai pris parti pour le cosmopolitisme de la Bosnie multiethnique, mais je rappelle au passage une vérité factuelle bien peu connue. Les termes de « purification ethnique » – qui ont pris force de formulation juridique aujourd’hui –, apparaissent dans un mémorandum de l’Académie des sciences de Belgrade en 1986-1987 pour désigner une situation que les nationalistes serbes redoutaient au Kosovo. C’était un vieil enjeu pour eux et ils soutenaient que les Serbes du Kosovo étaient menacés d’être « ethniquement purifiés » par les Albanais yougoslaves du Kosovo, le berceau historique de la Serbie. De fil en aiguille, sur un mode militant très émotionnel et fusionnel, on a fait un renversement de programme dans un renversement de termes, et l’on a prêté aux nationalistes serbes le projet de la purification ethnique comme programme central. Le paradoxe ultime de cette situation, c’est que la prophétie des nationalistes serbes du Kosovo s’est réalisée avec l’aide de ceux qui entendaient défendre le pluralisme, le cosmopolitisme et le multi-ethnisme. 
    Reste que c’est bien avec des objectifs politiques que l’intervention a été conduite au Kosovo, celui d’empêcher que l’on ne redessine des frontières en fonction de la race et par la force sur le territoire européen. C’est la leçon des guerres en Yougoslavie et c’est la raison pour laquelle – tout en étant non interventionniste en général –, je considère que les interventions armées en Bosnie puis au Kosovo ont eu des justifications sérieuses et que leurs résultats qui ne sont pas enthousiasmants, mais pas désastreux non plus. Cependant, dès lors que l’on déplace la question du mode de la responsabilité politique vers celui des droits de l’homme, on est dans l’hubris, dans la démesure, dans le no limit. On n’en finit pas de filer des paradoxes troublants dès lors qu’on installe le débat comme l’ont fait Bernard Kouchner, Bernard-Henri Lévy ou André Glucksmann, tous ces interventionnistes prêts à toutes les guerres pour les droits de l’homme. Pour terminer, un mot sur le critère du « dernier recours », pour rappeler que c’est au contraire une guerre de recours immédiat qui a été conduite en Libye, toute offre de médiation – il y en a eu plusieurs – ayant été systématiquement écartée.
    Ma réponse à la question qui est posée initialement est donc négative : la force permet de renverser un régime, dictatorial ou non, mais elle allume des incendies qu’elle est impuissante à éteindre et elle ne permet certainement pas d’installer la démocratie.
    *Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, professeur associé à Sciences Po, auteur notamment de "Penser dans l’urgence. Parcours critique d’un humanitaire" (Seuil) et de "Humanitaire, diplomatie et droits de l’homme" (éditions du Cygne).
    Article paru dans : politique-autrement.org
    Les illustrations sont de la rédaction
  • Manifeste d’un Veilleur

    veilleurs-de-lyon-lm.jpg[Tribune libre de Jean de Rouen]

    Amis,

    Au mois d’avril, la France a vu naître des Veilleurs. Postés en sentinelles, ils veillent sur un dépôt, sur un héritage. Car il est des lois qui ne sont pas légitimes. Lorsque le pouvoir, sous couvert de légalité, ébranle les assises d’une civilisation, bouscule les fondements traditionnels de la société, pour satisfaire des revendications idéologiques et catégorielles, il suscite naturellement un vent de révolte populaire. Nous sommes rentrés en résistance. Une résistance pacifique et résolue, dont rien ne saurait entamer la détermination, et que l’on doit désormais inscrire dans la durée .

    Nous défendons le droit d’un enfant à avoir un père et une mère, à ne pas être arraché à ses origines, à pas être privé de racines. Gardiens silencieux d’un trésor qui ne nous appartient pas, nous voulons préserver les lois immuables dont la civilisation est naturellement la protectrice : les lois de la filiation, de la lignée, de l’enracinement. Aux avant-postes, sentinelles en vigie, nous serons des témoins, pacifiques et résolus, d’un héritage que nous refusons de voir disparaître. Parce que nous sommes dépositaires, et non propriétaires, nous avons le devoir de le transmettre, intact, aux futures générations. C’est encore la raison pour laquelle notre résistance actuelle n’est pas un droit : elle est un devoir !

    Car il est des lois qui découlent d’un ordre des choses dont l’homme n’est pas l’auteur. Ces lois supérieures ne sont pas écrites, mais elles demeurent gravées dans le cœur de l’homme : nul législateur humain ne peut les transgresser impunément, car c’est à leur respect qu’est suspendu l’équilibre de l’homme. N’est-ce pas précisément l’enseignement de l’Antigone de Sophocle, sous le patronage de laquelle sont placés les Veilleurs ? Sommée de se justifier après avoir bravé l’interdit de la loi promulguée par Créon, loi qui interdisait de sépulture les soldats morts dans les rangs de l’ennemi, elle déclare au roi : « Je ne croyais pas que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, mais intangibles. Elles ne datent ni d’aujourd’hui, ni d’hier : elles sont de toujours. Nul ne sait le jour où elles sont parues. Leur désobéir, n’était-ce point, par lâche respect pour l’autorité d’un homme, encourir la rigueur des dieux ? » Depuis Antigone, les peuples savent que le bien et le mal ne sont pas déterminés par la volonté humaine, fût-elle générale, et que ce qui est légal n’est pas toujours légitime.

    A l’intérieur de cet ordre des choses que l’homme n’a pas fait, il y a la nature humaine. Et la nature humaine est sexuée : c’est-à-dire qu’elle ne se réalise pas en dehors de l’homme et de la femme. Sur cette altérité sexuelle, sur quoi reposent la transmission et l’accueil de la vie, se fonde ainsi la famille : socle sur lequel repose l’édifice social, elle est la condition d’une société pérenne, le fondement objectif d’une société qu’elle inscrit dans le temps en assurant le renouvellement des générations. Construite sur la complémentarité des sexes, la famille organise ainsi la filiation ; elle perpétue une lignée. Mais aujourd’hui le pouvoir préfère diviser l’humanité en homosexuels et en hétérosexuels, plutôt qu’en hommes et en femmes : il nie la différentiation sexuelle qui fonde la société pour lui préférer l’orientation sexuelle dans laquelle il enferme les individus, il substitue finalement à l’objectivité d’une nature sexuée, la subjectivité du désir égoïste. De là, quand la loi, rejetant le réel et ignorant la fonction sociale de la famille, se détourne du bien commun et s’ordonne au contraire à la satisfaction du désir humain, se mettant à son service, quitte à faire demain de l’enfant un dû plutôt qu’un don, quitte à prêter demain au corps de la femme une valeur marchande, alors en toute vérité, elle perd sa raison d’être et, par là, sa légitimité. C’est pourquoi notre conscience nous commande aujourd’hui d’entrer en résistance face à l’arbitraire du législateur.

    L’État n’est pas prestataire de service : il n’a pas vocation à reconnaître une multitude de catégories en vue, simplement, de leur associer des droits. La loi ne doit pas être confisquée pour être mise au service des intérêts consuméristes de l’individu, dans une société en perte de sens : sa mission consiste au contraire à poursuivre le bien commun.

    L’idéologie des apprentis sorciers au pouvoir, aussi séduisante soit-elle, ne fera jamais plier la réalité : et la réalité, c’est qu’un bébé procède toujours de l’amour d’un papa et d’une maman, et qu’il a besoin des deux pour grandir. Pour se substituer au réel, l’idéologie s’impose donc par la violence. C’est pourquoi la famille est aujourd’hui attaquée de toute part : elle est pourtant le dernier rempart des démunis et des déshérités, là où se vivent et se transmettent, naturellement et au plus près, les liens de solidarité.

    Jusqu’à quand résisterons-nous ? La réponse est simple : nous ne lâcherons JAMAIS ! Tant que subsisteront les intérêts aux noms desquels nous nous sommes battus, à savoir l’intérêt de l’enfant, des futures générations, de la France de demain, nous ne nous tairons pas ! Ces intérêts sont-ils devenus caduques au lendemain du vote ? Ont-ils cessé d’exister ? Non seulement ils subsistent, mais ils sont aujourd’hui bien plus menacés qu’hier ! Nous sommes les témoins vigilants d’une civilisation qui se meurt : mais tant que nous veillerons, elle continuera d’exister. Face à la contre-civilisation que les ennemis de la France sont en train de bâtir sur les ruines d’un héritage plusieurs fois millénaire, notre témoignage sera public et permanent. Il a vocation à durer. Pour que l’on oublie pas.

    Jean de Rouen http://www.contre-info.com/

  • Arnaud Montebourg empêche le développement de Dailymotion

    Lu sur Authueil :

    "Arnaud Montebourg vient de bloquer le rachat de Dailymotion, filiale du groupe Orange, à Yahoo. [...] Dailymotion est une belle réussite française, un trop rare exemple de start-up qui a réussi à grossir pour se tailler une place au soleil au niveau mondial. [...] Elle s'est adossée au groupe Orange, leader français des télécoms. Jusqu'ici tout va bien, la pépite grossit tout en restant dans le giron national, ce qui permet d'espérer qu'un acteur français puisse enfin émerger. Cela permet de faire régulièrement retentir des cocoricos, et ça, en France, on aime. Pourtant, industriellement, je vois mal ce que Dailymotion fait chez Orange, alors que je vois très bien ce que Dailymotion peut apporter à Yahoo. Je vois également mal comment Orange peut assurer seul le financement de la nouvelle phase de développement de dailymotion.

    Dailymotion est une plate-forme de contenus audiovisuels, dont tout groupe positionné dans le secteur des contenus se doit d'être en possession. Il faut avoir l'ensemble des outils pour être au top mondial. Ce n'est pas du tout par hasard que Google a racheté youtube, et c'est justement pour pouvoir rivaliser avec Google que Yahoo a cherché à acquérir Dailymotion. Il y a une véritable logique industrielle à ce rapprochement, et c'est même vital pour Yahoo, en perte de vitesse, s'il veut rester dans la course. Si on veut affaiblir Google, plutôt que de lui coller des procès, on peut aider un vrai concurrent à émerger, en lui donnant tous les outils et les atouts pour aller chatouiller le grand méchant Google. Il n'y a pas beaucoup d'acteurs qui peuvent le faire. Il y a Yahoo et Microsoft, et c'est à peu près tout. On vient gentiment de tirer dans les pattes de Yahoo. Il doivent être en train de boire le champagne à Mountain view.

    [...] La position d'Arnaud Montebourg est parfaitement logique et cohérente, mais ne sert que son intérêt à lui. Pour Dailymotion, c'est une catastrophe, car Orange n'a pas les moyens de lui permettre de franchir la prochaine étape de son développement. Quand on vise le marché mondial, on ne peut pas rester franco-français, et surtout, on a besoin de beaucoup de capitaux que le marché français ne peut pas apporter. Entre permettre un vrai développement de Dailymotion, donc des emplois en plus, avec le risque qu'une partie des emplois ne soit pas en France, et brider ce développement pour s'assurer que les emplois restent bien tous en France, Montebourg a logiquement choisit la deuxième solution. L'allergie française au risque a encore frappé..."

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Vers la fin de l'Union européenne ?

    Le vote de défiance émis le 24 mars par les députés tchèques contre le Premier ministre libéral Marek Topolanek, dont le gouvernement devait assurer jusqu'au 30 juin la présidence tournante de l'Union européenne, est-il le symbole de l'ouragan menaçant celle-ci ? Alors que 2009 est l'année des élections pour le Parlement européen, avec son cortège de députés inutiles puisque les décisions réelles sont prise par une Commission de nommés et de cooptés, il est maintenant probable que tout l'édifice va soit s'écrouler, soit se réformer aux forceps, et voici pourquoi.
    L'Europe va affronter la plus grave crise financière de son histoire. Les banques européennes auront à faire face dans les mois qui viennent à une déferlante de pertes totalement inédite, qui sidère par avance les observateurs économiques. Le problème des banques d'Europe occidentale va survenir à cause du volume massif de prêts consentis dans les années 2002-2007 en Europe de l'Est. Ce nouveau Titanic financier n'est pas la conséquence des politiques monétaires irresponsables de la réserve fédérale sous Greenspan, de 2002 à 2006, période durant laquelle les actifs de Wall Street ont été tenus hors d'eau (comme la corde tient le pendu) par la titrisation des actifs douteux. Ici, nous avons clairement affaire à une reproduction de la technique Madoff, selon la désormais fameuse pyramide de Ponzi, où les entrants rémunèrent les plus anciens - système exactement repris tel quel. rappelons-le, par notre vénérée Sécurité Sociale.

    LE CONTRAIRE DE CE QU'IL FAUDRAIT FAIRE
    La dangerosité de ces emprunts est-européens est devenue si visible à l'œil nu, depuis que la récession économique est avérée, qu'elle oblige les banques occidentales à refuser le renouvellement ou le refinancement des crédits à l'Est, laissant des milliers d'emprunteurs publics et privés sans possibilité de rembourser leurs dettes. La dimension de cette crise obligera dans un premier temps les États européens à nationaliser en urgence leurs banques ; de nombreux observateurs sérieux, comme par exemple l'économiste William Engdahl qui, depuis plus de trente ans, s'est fort peu trompé, le prédisent. Mais elle aura aussi des conséquences plus vastes, nous allons le découvrir.
    Lorsque la Société d'évaluation des crédits Moody a annoncé qu'elle pourrait rétrograder nombre de banques occidentales trop exposées en Europe de l'Est, l'euro est descendu à son taux le plus bas depuis 2 mois et demi par rapport au dollar. Cet avertissement public de Moody - il est dans les tuyaux obligera de facto les banques occidentales qui possèdent des filiales en Europe de l'Est à resserrer les conditions de prêts à l'Est, juste au moment où le contraire serait précisément nécessaire pour éviter la cessation de paiement. Les banques occidentales vont donc être prises entre le marteau et l'enclume.

    UN STALINGRAD MONETAIRE EN AUTRICHE
    Les montants des prêts à risques concerneraient des banques italiennes, autrichiennes, suisses, suédoises et, pense-t-on, allemandes. Mais remarquons une fois de plus ceci : comme disait l'avisé Horace, Naturam expelles furca, (amen usque recurret (Chassez le naturel à coups de fourche, il reviendra toujours). La voracité de certains, qu'il est inutile de nommer, conduit aujourd'hui à des catastrophes en chaîne : quand les pays de l'ex-Union Soviétique et du pacte de Varsovie ont déclaré leur indépendance au début des années 1990, les banques d'Europe occidentale se sont précipitées pour acheter à bas prix les principales banques des principaux pays de l'Est nouvellement indépendants. Dans des pays comme la Hongrie, les banques suisses et autrichiennes proposèrent alors aux particuliers comme aux entreprises des prêts avec des taux d'intérêts bas, mais ... exprimés en francs suisses ! Le problème pour l'emprunteur : que sa devise soit dévaluée, le forçant à rembourser jusqu'au double de ses mensualités, exprimées dans une monnaie stable. C'est exactement ce qui s'est passé ces derniers 18 mois. Dans le cas du zloty polonais par exemple, son cours a chuté de 50 % en quelques mois. Le volume de l'emprunt qui ne pourra être honoré en Pologne - les mensualités sont multipliées par deux à cause du change - n'est pas connu, mais il pourrait être abyssal.
    Les banques autrichiennes auraient à elles seules prêté à l'Est 230 milliards d'euros, soit , l'équivalent aberrant de 70 % du PNB de l'Autriche ! La plus grande banque viennoise, propriété de l'italienne «Uncredito» associée à l'allemande «HypoVereinbank» va donc faire face à ce que la presse de Vienne appelle un « Stalingrad monétaire ». D'après des estimations publiées dans la presse financière viennoise, si seulement 10 % des prêts autrichiens venaient à se trouver en difficulté de remboursement dans les prochains mois, cela mènerait à l'effondrement du système financier national. Autant dire qu'au pays de François-Joseph, l'implosion est programmée.

    LA DETTE DE L'EST : 1,7 TRILLION DE DOLLARS !
    Le bureau londonien de la banque américaine d'investissements Morgan Stanley a, lui, rendu un rapport d'estimation du total des prêts consentis par les banques européennes aux pays de l'Est qui donne des sueurs froides. D'après ce rapport, l'Europe de l'Est a emprunté à l'étranger un total de plus de 1,7 trillion de dollars (vous ne rêvez pas, c'est bien ce chiffre) venant essentiellement de banques ouest-européennes. Une majorité de ces emprunts ont été faits à court terme. En 2009, les pays de l'Est doivent rembourser ou renouveler quelque 400 milliards de dollars, soit 33 % du total de leur PNB ... Etant donné que la récession est là, voire la dépression, les chances d'un remboursement sans difficultés diminuent comme peau de chagrin.
    Même la fière Russie qui, il y a un an, possédait (grâce notamment à son gaz) 600 milliards de dollars de réserves de devises, se trouve en situation difficile. Les grandes compagnies russes doivent rembourser ou renouveler pour 500 milliards de dollars cette année. Depuis le mois d'août, les enfants de Poutine ont subi une saignée de plus d'un tiers de leurs réserves de devises pour défendre le rouble.
    La Hongrie, les Balkans, les pays Baltiques et l'Ukraine souffrent tous des maux que nous venons de décrire. Voilà donc la nature de la prochaine déferlante de la crise financière : les Européens possèdent les trois quarts du portefeuille d'emprunts des marchés émergents de I'Est. Ils sont cinq fois plus exposés à cette future crise que les banques américaines ou japonaises.

    EN ATTENDANT LE TSUNAMI
    Les gouvernements européens savent (mais taisent) que le tsunami arrive, et c'est la panique. Certains d'entre eux font pression sur leurs banques pour qu'elles se retirent et cessent toutes relations avec leurs filiales de l'Europe de l'Est. Athènes a ordonné à ses banques de sortir des Balkans. Les sommes nécessaires à colmater les premières brèches étant bien au-delà des limites du FMI, ce dernier, après avoir déjà soutenu la Hongrie, la Lettonie, la Biélorussie, l'Islande, et le Pakistan - et prochainement la Turquie -, épuise rapidement ses forces, à savoir 155 milliards d'euros de réserve. Cela le contraint du reste à vendre ses réserves d'or pour renflouer son cash. La baisse des cours de l'or a commencé ...
    Les récents 16 milliards de dollars de sauvetage du FMI pour l'Ukraine sont partis en fumée. Le pays - moins 12 % de son PNB après l'effondrement des prix de l'acier - court au dépôt de bilan, laissant Unicredit, Raffeisen et ING sur le flanc. Le gouverneur de la banque centrale de Lettonie a déclaré son économie « cliniquement morte » !
    Le plus alarmant, c'est peut-être que les institutions européennes ne disposent d'aucun cadre pour traiter la question, et d'ailleurs comment pourraient-elles répondre à un tel désastre ? Le jour où le directoire de l'UE décidera de ne pas sauver l'un des pays-membres, qui se déclarera en cessation de paiement puisque dans l'incapacité d'honorer ses dettes, ce sera l'élément déclencheur d'une crise massive dont la contagion s'étendra dans toute l'Union Européenne. Or ce jour paraît, au regard de ce qui vient d'être exposé, dorénavant proche.
    Nous pensons que les conséquences en seront multiples, avec entres autres effets la mort clinique de l'hydre bruxelloise, du moins sous sa forme nord-coréenne actuelle.
    Grégoire DUHAMEL. Rivarol du 27 mars 2009

  • Contre l’immigration, une solution : la faillite !

    Ils n’étaient donc pas venus par amour de la paëlla, des courses de taureau ou de Cervantes… Et ils ne se sentaient aucune solidarité avec le peuple qui leur avait offert l’hospitalité.

    « Minute » l’avait annoncé dans son édition du 16 mai 2012: avec une crise ravageant autant son industrie que son système social – à quelque chose, malheur est bon – l’Espagne tenait apparemment le bon bout pour régler ses problèmes d’immigration.

    La preuve par la récente publication des statistiques officielles, publiées la semaine dernière: plus de 40.000 immigrés ont plié bagage rien que pour l’année 2011. Il n’y a pas encore lieu de crier victoire, mais c’est une première historique depuis que l’Institut national des statistiques (INE) mesure le nombre d’étrangers vivant dans le pays: les flux de l’immigration s’inversent. « La tendance est réelle, estime Andreu Domingo, sous-directeur du Centre d’études démographiques de Barcelone et spécialiste des questions migratoires. Une partie s’explique par les naturalisations, certes. Mais la crise provoque une chute brutale des arrivées et une accélération des départs. »

    Entre 2000 et 2010, les immigrés étaient passés de 924.000 à 5,7 millions

    Le changement est d’autant plus radical que l’Espagne battait tous les records d’arrivées ces dernières années. En 2007 et en 2008, elle a été le pays qui a reçu le plus grand nombre d’immigrés au monde après les Etats-Unis. L’immigration expliquait 90 % de l’augmentation globale de la population vivant en Espagne. Entre 2000 et 2010, le nombre d’immigrés est passé de 924.000 à 5,7 millions.

    206.000 départs  en 2012 !

    La situation est aujourd’hui totalement inversée. Le nombre d’immigrés a encore chuté en 2012, avec pas moins de 206.000 départs ! Cette baisse est particulièrement notable chez « les populations originaires de pays extérieurs à l’Union européenne » (c’est joliment dit).

    Apparemment, l’explosion du chômage, à plus de 26 %, et la hausse des prix de l’immobilier poussent les étrangers à fuir le pays. A la conjoncture économique, s’ajoutent les mesures d’austérité – gel des salaires, suppressions de nombreuses aides sociales et hausse des taxes – qui rendent le pays beaucoup moins « attractif ».

    D’autant que, d’après les experts, « l’économie parallèle et la solidarité familiale ne suffisent plus » à faire vivre ces familles.

    Une chose est certaine, cette inversion des flux migratoires prouve que les étrangers viennent par intérêt dans nos pays, dans le cadre de ce que le démographe Jean-Paul Gourévitch appelle « l’immigration à la carte ».

    L’exemple espagnol, avec son chaos, nous prouve aussi que, pour lutter efficacement contre l’immigration, il suffit de mettre en place les conditions d’une crise « artificielle » pour les étrangers, en coupant les pompes aspirantes que sont les aides sociales. Privés de perfusion économique, des immigrés partiront d’eux-mêmes.

    L. H.

    Article de l’hebdomadaire “Minute” du 2 mai 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

    Contre l’immigration, une solution : la faillite !

    http://fr.novopress.info/

  • 34 manifestants pour tous jugés : le semblant de justice en Hollandie dénoncé dans la presse

    A lire cet article de RMC qui donne à penser que la perception du profond malaise du pays atteint les journalistes : 

     

    "Les chefs d'accusation : participation à une manifestation non déclarée et violence à l'encontre des forces de l'ordre. La plupart des 34 manifestants contrele mariage homosexuel qui seront jugés en juin, sont des étudiants et des mères de famille qui se sont rassemblés au mauvais endroit, au mauvais moment. Tous contestent le manque de temps pour constituer leur défense, ils s’estiment victimes d'une justice « à deux vitesse », trop rapide.
    Et les prochaines manifestations des "anti", prévues les 5 et 26 mai prochains, risquent de grossir le chiffre de justiciables (...)

    Hélène, maman de 5 enfants, a passé 48 heures en prison, la semaine dernière, dans une cellule sans matelas. Cette image ne la quitte plus. Aujourd'hui, une autre épreuve l'attend : son procès début juin. La justice lui reproche d'avoir continué à manifester malgré l'interdiction des forces de l'ordre. Elle risque de la prison avec sursis.
    Pour le syndicat de la magistrature, la procédure est très rapide, et le risque est une sanction disproportionnée. Xavier Gadrat, du syndicat de la magistrature, dénonce une justice expéditive : « Elle est tellement rapide que dans ce temps-là il est parfois compliqué de mener une enquête complète ». Une justice rapide mais aussi très coûteuse pour les prévenus. Un collectif s'est formé pour aider financièrement « ces gens qui sont souvent très jeunes et étudiants, et qui n’ont pas l’argent pour faire face ni aux sanctions, ni aux frais de procédure », explique Louis. Tous débourseront en moyenne 1 500 euros de frais d'avocat.

    Parmi les 34 personnes qui seront jugées le mois prochain, Mathieu, présent à la dernière manifestation des anti mariage gay qui a dégénéré. Il risque 2 mois ferme : « Je n’ai pas droit d’aller sur la ville de Paris. Si j’ai un contrôle d’identité sur Paris, je vais tout de suite en cellule, jusqu’à la date de mon procès. Quand on est en recherche d’emploi, c’est un problème ; je n’ai pas accès aux gares parisiennes ». On le soupçonne d'êtrele leader d'un groupuscule. Arrêté le mégaphone à la main, il ne comprend toujours pas : « ça me préoccupe pas mal. Je prépare ma défense, mais je me pose toujours des questions quant à ce qu’on me reproche".

    Lahire  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Pourquoi il est urgent que l’UMP disparaisse…

    Un excellent article d’Adrien Abauzit auquel nous souscrivons totalement. C’est sur le site Boulevard Voltaire

    À une époque où le trône de l’Élysée est occupé par François Hollande, on peut se demander pourquoi la disparition de l’UMP est plus vitale pour la France que celle du PS.

    Le fait est que, depuis plusieurs semaines maintenant, a émergé un mouvement de contestation populaire, dont l’opinion catholique est la base et dont la liquidation du libéralisme-libertaire hérité de Mai 68 est la cible.

    Ce mouvement doit aboutir à terme à la reconfiguration de la droite. Or, il existe un parti classé à droite du nom d’UMP. Et ce parti, malgré un discours parfois juste, se rallie toujours dans les faits aux modes funestes du moment : européisme, mondialisme et immigrationnisme. [...]

    La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • FN : Fillon déclare prendre ses distances avec Sarkozy

    Dans un documentaire signé Franz-Olivier Giesbert, que France3 diffusera le 8 mai, François Fillon, l’ancien premier ministre, exprime ses divergences avec Nicolas Sarkozy. Notamment sur le Front National. Il déclare ainsi avoir, avec l’ancien  président, une «vraie divergence», une «différence d’approche irréconciliable». «Nicolas Sarkozy pense que le Front national est à combattre parce qu’il peut nous faire battre. Moi, parce que le FN est en dehors des limites du pacte républicain tel que je le considère », explique-t-il.

    Les mots restent confus : qu’est-ce qui définit le « pacte républicain » ? Et sur quel critère juge-t-il qu’un parti politique, reconnu et autorisé par le Conseil constitutionnel, et dont les élus possèdent ainsi la légitimité républicaine que leur confère le suffrage, ne serait pas « républicain » ? Chacun voit évidemment midi à sa porte, et peut être qu’à cette école le FN ne correspond pas à la vision républicaine de François Fillon. Mais quelle arrogance tout de même que de juger à l’aune de son nombril, par dessus le conseil constitutionnel, ce qui peut être considérer comme conforme ou pas à la République.

    Entendons-nous. La question institutionnelle, relative à la nature du régime politique, en tant que telle, est contingente. A tort ou à raison donc, le FN est un parti républicain. Et il semble l’être même davantage, à certains endroits, que l’UMP : sur la défense de la souveraineté nationale, alors que l’article 3  de la déclaration des droits de l’Homme affirme que « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation« , et que « nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément« . Sur le communautarisme que favorise l’immigration de masse et qui s’oppose à l’indivisibilité de la République. Ou encore sur la démocratie, puisque le FN défend la proportionnelle intégrale et le référendum d’initiative populaire.

    Mais ce qui est particulièrement insupportable, c’est la condescendance de François Fillon, qui s’érige en moralisateur, distribue les bons et les mauvais points, en adoptant une rhétorique sectaire et en mettant en place une dialectique du Bien et du Mal, où il y aurait finalement les gentils républicains d’un côté et les méchants fachos de l’autre.

    L’ancien premier ministre devrait faire attention à son approche manichéenne  : certes, il est sûr que les journalistes ne lui porteront pas la contradiction sur le sujet, et il prend ici quelques facilités, par conséquent, qui ne l’honorent pas. Mais on le renverra quant à nous à la manière dont la République qu’il chérit tant a assis sa domination en France…

    http://www.contre-info.com/

  • Idéologie du Genre : pétition

    Signez la pétition pour demander la suppression de l’idéologie du genre introduite fortuitement dans les programmes scolaires dès 6 ans. Un discret amendement à la réforme Peillon a suffi.

    Si certains veulent des preuves de la folie de cette idéologie, il suffit de leur proposer cette page ou celle-ci avec les résultats de plusieurs années de ce lavage de cerveau sur une génération.

    Le Salon Beige

    http://www.actionfrancaise.net

  • Ils se battent peut-être pour la Syrie et pas pour Assad. Ils sont peut-être même en train de gagner. (The Independent)

    La mort guette le régime syrien comme elle le fait pour les rebelles. Mais sur la ligne de front de la guerre, l’armée du régime n’est pas d’humeur à se rendre - et affirme n’avoir pas besoin d’armes chimiques.

    Des nuages bas pèsent lourdement sur le sommet montagneux de la ligne front de l’armée syrienne à l’extrême nord de la Syrie.

    La pluie vient juste de remplacer la neige, transformant cette forteresse lourdement protégée en un marécage de boue et de mares stagnantes où les soldats assurent leurs postes de guet avec le vent dans le visage, leurs vieux chars T-55 - les vieux chevaux de bataille du Pacte de Varsovie des années 1950 - gouttent sous les averses, leurs traces dans la boue, maintenant seulement utilisés comme des pièces d’artillerie. Ce sont des "tanks pourris" - debeba Khurda - dis-je au colonel Mohamed, commandant de l’unité des forces spéciales de l’armée syrienne à travers ce paysage morne, et il me sourit. "Nous les utilisons pour la défense statique", dit-il franchement. "Ils ne se déplacent pas."

    Avant la guerre - ou "la crise" tel que les soldats du président Bachar al-Assad sont convenus de l’appeler - Jebel al-Kawaniah était une station de transmission de télévision. Mais quand les rebelles anti-gouvernementaux l’ont capturée, ils ont fait sauter les tours, coupé la forêt de sapins autour pour créer une zone de tir libre et construit des remparts de terre pour les protéger des tirs gouvernementaux. L’armée syrienne a combattu pour reprendre pied sur le haut des coteaux en octobre dernier, dans le village de Qastal Maaf - qui se trouve maintenant aplati et brisé sur l’ancienne route de la frontière turque à Kassab - et a pris d’assaut le plateau qui est maintenant sa ligne de front.

    Sur leurs cartes, l’armée syrienne a baptisé "le Mont Kawaniah", selon ses propres coordonnées militaires. Il est devenu "le Point 45" - Le point 40 se trouve à l’est dans l’ombre de la montagne - et ils déploient leurs troupes dans des tentes sous les arbres des deux collines voisines. Je grimpe sur un des T-55 et je peux les voir à travers l’averse. Il y a des explosions sourdes dans la vallée et les crépitements occasionnels de tirs d’armes légères, et de manière plutôt déconcertante, le colonel Mohamed souligne que la forêt la plus proche est toujours entre les mains de ses ennemis, à peine à 800 mètres. Le soldat assis dans la tourelle de char avec une mitrailleuse lourde ne quitte pas des yeux les arbres.

    C’est toujours une expérience étrange que de se tenir parmi des soldats de Bachar al-Assad. Ce sont les "méchants" du régime, d’après le reste du monde - même si en vérité la police secrète du pays méritent ce titre - et je suis bien conscient que ces hommes ont été informés qu’un journaliste occidental viendrait dans leurs retranchements et leurs casemates. Ils me demandent de n’utiliser que leurs prénoms, de peur que leurs familles puissent être tuées, ils me permettent de prendre toutes les photos que je souhaite, mais pas d’images de leurs visages - une règle que les rebelles demandent parfois aux journalistes de respecter pour la même raison - mais tous les soldats et officiers à qui j’ai parlé, dont un général de brigade, m’ont donné leurs noms complets et leurs identifiants.

    Cet accès à l’armée syrienne était presque inimaginable il y a seulement quelques mois de cela, et il y a de bonnes raisons à cela. L’armée croit qu’elle en est aux derniers moments de la reconquête sur l’Armée syrienne libre, les combattants islamistes d’al-Nusra, et différents satellites d’Al-Qaïda qui détenaient jusqu’à présent une grande partie de la campagne syrienne. Du point 45, ils sont à peine à trois kilomètres de la frontière turque et ont l’intention de prendre le terrain les en séparant. En dehors de Damas, ils ont mené des combats sanglants pour reprendre deux banlieues rebelles. Alors que je rôdais à travers les positions des sommets des montagnes, les rebelles étaient sous la menace de perdre la ville de Qusayr à l’extérieur d’Homs sur fond d’accusations de l’opposition de mort de nombreux civils. La route principale menant de Damas à Lattaquié sur la côte méditerranéenne a été rouverte par l’armée. Et les troupes de la ligne de front que j’ai rencontrées au point 45 étaient une race différente d’hommes que ces soldats qui étaient devenus corrompus après 29 ans de semi-occupation du Liban, qui ont fait retraite en Syrie sans une guerre pour se battre en 2005, la discipline des soldats autour de Damas était une blague plutôt que qu’une menace pour qui que ce soit. Les forces spéciales de Bachar al-Assad semblent maintenant convaincus, impitoyables, politiquement motivés, un danger pour leurs ennemis, leurs uniformes impeccables, leurs armes propres. Les Syriens ont depuis longtemps pris l’habitude des allégations d’Israël - inévitablement suivie par l’écho machinal de Washington - que des armes chimiques auraient été utilisées par les forces de Bachar al-Assad, comme un agent du renseignement l’a remarqué caustiquement à Damas : "Pourquoi devrions-nous utiliser des armes chimiques alors de nos avions Mig et leurs bombes causent infiniment plus de destructions ?" Les soldats en poste au point 45 admettaient les défections vers l’Armée syrienne libre, les pertes énormes de leurs propres hommes - inévitablement appelés "des martyrs"- et ne faisaient pas mystère de leurs propres décomptes de morts pour les combats perdus et gagnés.

    Leur dernier "martyr" au point 45 a été abattu par un tireur d’élite rebelle il y a deux semaines, un soldat de deuxième classe des Forces spéciales âgé de 22 ans nommé Kamal Aboud originaire de Homs. Lui au moins est mort en soldat. Le Colonel Mohamed parlait tristement des soldats en congé dans leur famille qui, dit-il, ont été exécutés au couteau quand ils sont entrés en territoire ennemi. Je me rappelle que l’ONU a porté des accusations de crimes de guerre contre cette armée et je me rappelle le colonel Mohamed - qui a quatre blessures de balles aux bras qui montrent qu’il mène ses soldats de l’avant, pas à partir d’un bunker - dont les soldats étaient sûrement destinés à libérer le plateau du Golan de l’occupation d’Israël. Israël est au sud, lui dis-je, et ici vous vous battez au nord vers la Turquie. Pourquoi ?

    "Je sais, mais nous combattons Israël. J’ai rejoint l’armée pour combattre Israël. Et maintenant, je me bats contre les instruments d’Israël. Et les instruments de l’Arabie saoudite et du Qatar, ainsi de cette façon nous nous battons pour le Golan. Il s’agit d’un complot et l’Occident aide les terroristes étrangers qui sont arrivés en Syrie, les mêmes terroristes que vous essayez de tuer au Mali." J’ai entendu cela avant, bien sûr. Le "moamarer", la conspiration s’invite dans toutes les interviews en Syrie. Mais le colonel admet que les deux tanks syriens T-55 - les mêmes modèles antiques que ses propres chars - qui font feu sur le Point 45 chaque matin, sont une paire de tanks, que ses ennemis ont pris pour leur artillerie à l’armée gouvernementale et que ses adversaires sont des hommes originaires de l’armée de Bachar al-Assad.

    Sur la route de Qastel Maaf, un général me dit que sur la route de la frontière turque, l’armée vient de tuer dix Saoudiens, deux Egyptiens et une Tunisienne – on ne me montre pas de papiers pour le prouver - mais les soldats au Point 45 me montrent les trois radios téléphones qu’ils ont capturés sur leurs ennemis. L’un est marqué "HXT Commercial Terminal", les deux autres sont fabriqués par Hongda et les instructions sont en turc. Je leur demande s’ils écoutent les communications des rebelles. "Oui, mais nous ne les comprenons pas", dit un major. "Ils parlent en turc et nous ne comprenons pas le turc." Alors sont-ils Turcs ou Turkmène syriens dans les villages à l’est ? Les soldats ont un haussement d’épaules. Ils disent qu’ils ont entendu des voix parlant arabe avec des accents libyen et yéménite. Et étant donné que les dirigeants bienveillants de l’OTAN sont désormais obsédés par "les djihadistes étrangers" en Syrie, je pense que ces soldats syriens peuvent bien dire la vérité.

    Les chemins de cette belle campagne du nord du pays cachent la brutalité des combats. Des grappes de roses rouges et blanches étouffent les murs des maisons abandonnées. Quelques hommes entretiennent les quantités d’orangeraies qui rougeoient autour de nous, une femme peigne ses cheveux longs sur un toit. Le lac de Balloran scintille dans le soleil printanier entre les montagnes encore surmontées d’une poudre neigeuse. Cela me rappelle, froidement, la Bosnie. A plusieurs kilomètres des villages sont encore occupés, une commune chrétien grecque orthodoxe de 10 familles avec une église dédiée à l’apparition de la Vierge à une femme du nom de Salma, un village alaouite musulman, puis un village musulman sunnite, près de la ligne de front mais qui coexistent encore, un fantôme de l’ancienne Syrie laïque non-sectaire en où toutes les parties s’engagent – avec une crédibilité toujours décroissante – à son retour une fois que la guerre sera finie.

    Maintenant, je suis dans un village dévasté appelé Beit Fares où des centaines de soldats syriens patrouillent dans les forêts environnantes, et un autre général pèche dans sa poche et me montre une vidéo de téléphone portable militaire de combattants morts. "Tous sont étrangers", dit-il. Je regarde attentivement lorsque la caméra s’attarde sur les visages barbus, certains tordus par la peur, d’autres dans le sommeil sans rêve de la mort. Ils ont été entassés. Et, le plus sinistre de tout, j’observe une botte militaire qui s’abat par deux fois sur les têtes des morts. Sur le mur de la tranchée, quelqu’un a écrit : "Nous sommes des soldats d’Assad – allez au diable, vous les chiens des groupes armés de Jabel al-Aswad et Beit Shrouk."

    Ce sont les noms d’une chaîne de minuscules villages encore aux mains des rebelles - vous pouvez voir les toits de leurs maisons du Point 45 - et le Colonel Mohamed, un vétéran de 45 ans de la guerre du Liban entre 1993 et 1995, liste les autres : Khadra, Jebel Saouda, Zahiyeh, al-Kabir, Rabia ... Leur destin les attend. Quand je demande aux soldats combien de prisonniers ils ont fait dans leurs combats, "aucun !" répondent-ils d’une voix forte. Quoi, demande-je, même quand vous affirmez avoir tué 700 "terroristes" dans un engagement ? "Aucun !", répondent-ils à nouveau.

    En face d’un bâtiment de l’école criblée de balles se trouve une maison pulvérisée. "Un chef terroriste local y est mort avec tous ses hommes," déclare le colonel. "Ils refusaient de se rendre."

    Je doute qu’ils en aient eu la chance. Mais à Beit Fares, certains rebelles s’étaient enfuis plus tôt cette année, ainsi que - c’est ce que dit le général Wasif de Lattaquié - avec leur propre chef local, un homme d’affaires syrien. Nous marchons d’un pas lourd dans la villa en ruine de cet homme sur les hauteurs de ce village turkmène abandonné - "les habitants sont aujourd’hui dans des camps de réfugiés turcs," me dit le général - et il semble que l’homme d’affaires était riche. La villa est entourée de vergers irrigués de citronniers, pistaches et figuiers. Il y a un terrain de basket, une piscine vide, des balançoires pour enfants, une fontaine de marbre cassée - dans laquelle il y a encore des boîtes marquées en turc de feuilles de vigne farcies – et des salons ornés de marbre, des cuisines et une plaque délicate en arabe au-dessus de la porte d’entrée stipulant : "Que Dieu bénisse cette maison." Il semble qu’il ne l’ait pas fait.

    Je cueille des figues du verger de l’homme d’affaires absent. Les soldats font la même chose. Mais elles ont un goût amer et trop aigre et les soldats les recrachent, préférant les oranges qui pendent le long des routes. Le général Fawaz parle à un collègue et soulève une roquette explosée pour l’inspecter. Elle est fabriqué localement, la soudure n’est pas professionnelle - mais identique à tous les roquettes Qassam que les Palestiniens du Hamas tirent sur Israël depuis la bande de Gaza. "Quelqu’un de Palestine a expliqué aux terroristes comment les fabriquer", explique le général Fawaz. Le colonel Mohamed remarque tranquillement que quand ils ont fait irruption dans le village, ils ont trouvé des voitures et des camions avec des plaques militaires turques - mais pas de soldats turcs.

    Il y a une étrange relation avec la Turquie ici. Recep Tayyip Erdogan peut condamner Bashar al-Assad, mais la gare frontière turque la plus proche, à trois kilomètres reste ouverte, le seul poste frontalier reliant encore la Turquie et le territoire syrien contrôlé par le gouvernement. Un des officiers se réfère à une vieille histoire sur le calife omeyyade Muawiya qui a dit qu’il gardait un mince morceau de ses propres cheveux "pour me connecter à mes ennemis." "Les Turcs ont laissé une frontière ouverte avec nous", dit l’officier, "afin de ne pas couper les cheveux de Muawiya." Il ne sourit pas et je comprends ce qu’il veut dire. Les Turcs veulent toujours maintenir une connexion physique avec le régime de Bashar al-Assad. Recep Tayyip Erdogan ne peut pas être certain que Bachar al-Assad perde cette guerre.

    Beaucoup de soldats montrent leurs blessures ; plus précieuses à leurs yeux, je pense, que des médailles ou des insignes de grade. Par ailleurs, les militaires ont déjà retiré leur insigne d’or sur la ligne de front - contrairement à l’amiral Nelson, ils ne veulent pas être touchés par des tireurs d’élite rebelles du petit matin. L’aube semble être l’heure de la mise à mort. Sur une chaussée, un sous-lieutenant me montre ses blessures. C’est l’entrée d’une balle en dessous de son oreille gauche. De l’autre côté de sa tête, une cicatrice violette cruelle pointe vers le haut de son oreille droite. Il a été touché à travers le cou et a survécu. Il a été chanceux.

    Il y avait donc des soldats des forces spéciales qui patrouillaient vers une mine cachée, un engin explosif improvisé dans le langage occidental. Un jeune officier démineur syrien dans Qastal Maaf me montre les deux obus métalliques qui ont été enterrés sous la route. L’un d’eux est presque trop lourd pour que je puisse le soulever. Le détonateur est étiqueté en turc. Une antenne reliée aux explosifs a été pendue du haut d’un poteau électrique pour qu’un rebelle puisse la faire exploser à distance. Un appareil détecteur de mine - "tout notre équipement est russe," se félicitent les soldats - a alerté la patrouille de la présence des explosifs avant que les soldats ne marchent dessus.

    Mais la mort plane sur l’armée syrienne, tout comme elle hante leurs ennemis. L’aéroport de Lattaquié est aujourd’hui un lieu de lamentation permanente. A peine suis-je arrivé que je trouve des familles pleurant leur visage déchiré par la peine en face de la gare, en attendant que les corps des soldats, des fils, des frères ou des maris, des chrétiens pour la plupart, mais des musulmans aussi, la côte méditerranéenne est le fief des chrétiens et des alaouites chiites et d’une minorité de musulmans sunnites. Une femme chrétienne est retenue par un vieil homme alors qu’elle tente de se coucher sur la route, les larmes coulant sur son visage. Un camion près du hall de départ est chargé de couronnes mortuaires.

    Un général en charge des familles endeuillées de l’armée me dit que l’aéroport est trop petit pour ce deuil de masse. "Les hélicoptères apportent nos morts ici de partout dans le nord de la Syrie", dit-il. "Nous devons nous occuper de toutes ces familles et leur trouver un logement, mais parfois je me rends à domicile pour leur parler de la mort d’un fils et de constater qu’ils ont déjà perdu trois autres fils comme martyrs. C’est trop." Oubliez le soldat Ryan. Je vois à côté de la tour de contrôle un soldat blessé clopiner sur un pied, un bandage recouvrant partiellement son visage, son bras autour d’un camarade alors qu’il boite vers le terminal.

    Les statistiques militaires que l’on m’a montrées suggèrent que 1900 soldats de Lattaquié ont été tués dans cette guerre terrible, 1500 autres de Tartous. Mais vous devez additionner les statistiques des villages mixtes alaouites et chrétiens dans les collines au-dessus de Lattaquié pour comprendre le coût individuel. A Hayalin, par exemple, le village de 2000 âmes a perdu 22 soldats avec 16 autres portés disparus. En termes réels, c’est 38 morts. Beaucoup ont été tués à Jisr al-Shughur en Juin 2011, lorsque l’armée syrienne a perdu 89 morts dans une embuscade rebelle. Un villageois appelé Fouad explique qu’il y avait un survivant qui est venu d’un village voisin. "Je lui ai téléphoné pour demander ce qui était arrivé aux autres hommes", dit-il. "Il m’a dit : "Je ne sais pas parce qu’ils m’ont arrachés les yeux." Il m’a dit que quelqu’un l’avait emmené et il pensait qu’il allait être exécuté, mais s’est retrouvé dans une ambulance et a été transporté à l’hôpital de Lattaquié." Un mort de Jisr al-Shughur a été retourné à Hayalin, mais la famille a révélé que son cercueil ne contenait que ses jambes." Le dernier martyr de Hayalin a été tué il y a deux jours seulement," me dit Fouad. "C’était un soldat appelé Ali Hassan. Il venait de se marier. Ils ne pouvaient même pas retourner son corps."

    Les 24 hélicoptères de combat syriens qui palpitent sur l’aire de stationnement au-delà du terminal projettent la puissance du matériel du gouvernement. Mais les soldats racontent leurs propres histoires de peur et d’intimidation. Que les forces rebelles menacent les familles des soldats du gouvernement est un fait établi depuis longtemps. Mais un soldat de deuxième classe m’a raconté tristement la façon dont son frère aîné a été contraint de le convaincre de déserter l’armée. "Quand j’ai refusé, ils ont cassé les jambes de mon frère", m’a-t-il dit. Quand j’ai demandé si d’autres personnes avaient partagé cette expérience, un jeune soldat de deuxième classe de 18 ans m’a été apporté. Les officiers m’ont proposé de quitter la salle quand je lui parlais.

    C’était un jeune homme intelligent, mais son récit était raconté d’une manière simple et directe. Son discours n’était pas une mise en scène de propagande. "Je viens de la province d’Idlib et ils sont venus voir mon père et lui ont dit qu’ils avaient besoin de moi là-bas," m’a-t-il dit. "Mais mon père a refusé et leur a dit : ‘Si vous voulez mon fils, amenez-le ici - et si vous le faites, vous ne me trouverez pas ici pour le saluer.’ Alors mon père a envoyé la plupart de sa famille au Liban. Mon père et ma mère sont toujours là et ils sont toujours menacés." J’ai dis aux officiers plus tard que je ne croyais pas que tous les transfuges syriens avaient fait défection en raison de menaces contre leur famille, que certains soldats doivent être profondément en désaccord avec le régime. Ils sont d’accord, mais insistent sur le fait que l’armée reste forte.

    Le colonel Mohamed, qui mêle la stratégie militaire avec la politique, dit qu’il voit le "complot" étranger contre la Syrie comme une répétition de l’accord Sykes-Picot de la Première Guerre mondiale, lorsque la Grande-Bretagne et la France ont secrètement décidé de diviser le Moyen-Orient - y compris la Syrie - entre eux. "Maintenant, ils veulent faire la même chose", dit-il. "La Grande Bretagne et la France veulent donner des armes aux terroristes pour nous diviser, mais nous voulons avoir une Syrie unie dans laquelle tout notre peuple vive ensemble, démocratiquement, sans tenir compte de leur religion, mais vivant en paix ... "Et puis vint la crise."... Sous la direction de notre champion le Docteur Bashar al-Assad."

    Mais ce n’est pas aussi simple que cela. Le mot "démocratie" et le nom de Bashar al-Assad ne vont pas bien ensemble dans une grande partie de la Syrie. Et je pense plutôt que les soldats de ce qui est officiellement appelé l’Armée arabe syrienne se battent pour la Syrie plutôt que pour Bashar al-Assad. Mais ils sont combatifs et peut-être, à l’heure actuelle, sont-ils en train de gagner une guerre impossible à gagner. A Beit Fares, je monte sur le parapet une fois de plus et la brume se lève au large des montagnes. Cela pourrait être la Bosnie. Le pays est à couper le souffle, les collines gris-vert roulent dans les montagnes de velours bleu. Un petit coin de paradis. Mais les fruits le long de cette ligne de front sont amers en effet.

    Robert Fisk,

    Vendredi 26 Avril 2013.

    source : They may be fighting for Syria, not Assad. They may also be winning

    * http://www.independent.co.uk/news/w...
    http://www.legrandsoir.info