
On pense bien sûr à la manière dont Marx s’inspire de l’histoire mais lui donne une tout autre capacité d’enseignement. En particulier il remet en cause la manière dont deux écrivains français (Victor Hugo et Proudhon) vont accorder un poids démesuré à un individu qui apparait d’une insigne médiocrité Napoléon III. On s’y croirait effectivement : cette «médiocrité» Biden, Trump et notre Macron est fascinante, mais on éprouvait déjà ça pour Georges Bush. Comment un crétin pareil a-t-il pu accomplir tant de dégâts avec sa «lutte contre le terrorisme», manière de donner aliment à la machine financiarisée belliciste, tout en rejouant à chaque fois la lutte contre le totalitarisme. Un individu dans sa médiocrité est porteur des contradictions de classe devenues insurmontables, un passé rejoué. Marx introduit son analyse du coup d’État du 18 brumaire par ce propos introductif : «Parmi les ouvrages traitant du même sujet à la même époque, seuls deux sont remarquables : «Napoléon le Petit» de Victor Hugo et «Coup d’État» de Proudhon. Victor Hugo se borne à une invective amère et pleine d’esprit contre l’éditeur responsable du coup d’État. Quant à l’événement lui-même, il semble, dans son œuvre, comme un éclair tombant d’un ciel serein. Il n’y voit rien de plus qu’un acte de force d’un seul individu. Il ne se rend pas compte que ce qu’il fait, c’est grossir cet individu au lieu de le diminuer, en lui attribuant un pouvoir d’initiative personnel qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire du monde.