France et politique française - Page 2778
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Sécession n°3 partie 1 avec Julien Rochedy : Spéciale présidentielle
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Affaire Ferrand : s’enrichir sans risques
L’affaire Richard Ferrand agite notre Landernau politique. D’un point de vue patrimonial, c’est un coup de maître.
La finance traite de couple (rendement/risque). Elle signifie, en cela, que si l’investisseur s’expose à une probabilité d’échec, de perte élevée, il s’attend à une rémunération supérieure. Celui qui risque son argent dans une start-up veut un retour sur investissement bien supérieur à celui d’un billet du trésor d’un État très solvable.
Lorsque l’investisseur ne dispose pas intégralement du financement nécessaire à son investissement, il peut solliciter des associés ou des prêteurs. Les associés partagent ensemble le couple (rendement/risque) mais les prêteurs exigent des quasi-certitudes de remboursement : la priorité est de rémunérer et rembourser la dette. Le capital ne passe qu’après, et seulement si c’est possible. Mais si le profit est au rendez-vous, l’investisseur peut gagner beaucoup plus d’argent : la rentabilité de son investissement (le profit qu’il en retire divisé par le financement qu’il y a investi) explose d’autant plus qu’il est endetté. C’est l’effet de levier.
La valeur d’un investissement immobilier locatif peut être divisée en deux composantes : la valeur des murs lorsqu’ils ne sont pas loués, et l’incrément de valeur qui résulte des flux financiers futurs que sont les loyers nets qui seront encaissés lorsque le bien est loué, modulo des ajustements de marchés périodiques. Fin de l’épisode didactique.
L’affaire Richard Ferrand agite notre Landernau politique.
D’un point de vue patrimonial, c’est un coup de maître. La compagne du nouveau ministre soumet, via une SCI, à la mutuelle où celui-ci exerce un mandat de direction générale une offre de location pour un bien immobilier qu’elle ne détient pas encore. Le conseil d’administration choisit de louer ce bien qui ne lui appartient pas encore et s’engage à financer des travaux de rénovation dont le bailleur restera propriétaire. Forte de l’incrément de valeur lié à ce bail et à ces travaux, elle parvient à convaincre une banque de lui prêter la totalité du prix d’acquisition du bien à louer. La prise de risque est donc minimale, l’effet de levier maximal et la rentabilité stratosphérique. Chapeau l’artiste : satisfaire un besoin de l’entreprise qu’il dirige en rémunérant grassement la quasi-absence de prise de risque de sa compagne, c’est très fort.
Peut-être que cette solution familiale était aussi, et sur des critères objectifs, la meilleure décision à prendre pour cette mutuelle.
Du point de vue de la gouvernance, un esprit tatillon pourrait se poser deux questions. En premier lieu, lorsqu’un conflit d’intérêts se présente, la solution la meilleure est de le faire savoir haut et fort et de ne pas participer à la discussion, et surtout de tout documenter : les gens sont si soupçonneux. Pourquoi n’est-ce pas le cas ici ? La seconde renvoie au b.a.-ba de la finance : jamais, jamais, jamais on ne finance un investisseur ou son projet s’il ne prend pas lui-même de risques financiers suffisants, avec son argent propre. Comment est-il possible, ici, qu’une banque se soit contentée de ces fonds propres « de papier » pour octroyer un tel financement ?
Si j’étais l’un des adhérents de la Mutuelle de Bretagne, je ne manquerais pas de réclamer la démission de tout le conseil d’administration pour une aussi piètre gouvernance. Et si j’étais en charge de l’inspection générale de la banque qui a octroyé ce prêt, les membres du comité de crédit impliqués devraient en rendre des comptes.
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Jean-Pierre Raffarin (LR) prêt à collaborer avec Emmanuel Macron
Entendu sur Europe 1 :
"Pour aider Emmanuel Macron, il faut qu'il y ait un maximum de députés de la droite et du centre pour le libérer de l'héritage socialiste", a estimé de son côté Jean-Pierre Raffarin, mardi, au micro d'Europe 1.
"Je pense qu'il faut qu'il y ait à l'Assemblée des députés républicains que j'appellerai 'les constructifs'. Les constructifs, ils devront soutenir les réformes positives, les constructifs ils devront soutenir la réforme du code du Travail, les constructifs ils devront soutenir les efforts sur la sécurité et le développement du renseignement, les constructifs devront corriger quand les lois sont mauvaises", développe-t-il, sans préciser toutefois s'il pense à une éventuelle majorité LR, prête à appuyer l'action du nouveau président, ou seulement à un groupe de progressistes de droite, qui pourraient servir de force d'appoint pour aider le gouvernement à faire passer certaines mesures. "Il faut aller à l'Assemblée nationale avec des constructifs, ne pas empêcher Emmanuel Macron de faire les bonnes réformes, et corriger les mauvaises", répète-t-il.
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Défilé CIVITAS 2017 en hommage à Sainte Jeanne d’Arc.
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Premiers nuages sur la tête de Macron, le président à la mode bobo
Sans parler de « l’affaire Ferrand », que nous évoquerons demain, deux couacs ont marqué ce début de semaine, ou cet après-Manchester, comme on voudra : Pour commencer, l'inquiétante et affligeante vacuité des réactions - tardives - du président si mal élu : dire par exemple que « les terroristes ont une cible : le monde libre et la jeunesse », est-ce que, sérieusement, quelqu'un peut penser que cela soit une réaction à la hauteur des faits, et un vocabulaire digne du Chef de l'Etat français ?1. D'abord, de quels terroristes s'agit-il ? D'êtres étranges, venus d'ailleurs, ou de nulle part ? Mystère, semble-t-il. Notre président sait qu'il y a « terrorisme », mais sans plus. Inquiétant... Et découvrir, aujourd'hui, que « le monde libre » est la cible des terroristes islamistes - parce que, nous, nous savons de qui il s'agit, à la différence du président - n'est-ce pas un peu comme... découvrir l'eau tiède ? Quant à prétendre que « la jeunesse » est leur cible, on nous pardonnera, mais c'est carrément idiot. Il y avait des jeunes à Nice, aux terrasses des cafés de Paris, au Bataclan ; il y en avait partout ailleurs dans le monde là où les lâches assassins de l'ombre ont frappé. Non, vraiment, ce « jeunisme » de mauvais aloi du président jeune sonne très, très mal...2. Ensuite, cette désastreuse image des quatre ministres devant le perron de l'Elysée, pour parler de Manchester : quatre hommes, pas de femmes (bonjour la parité !), et deux vieux (Bayrou et Collomb, bonjour le rajeunissement et le changement des visages !)∗. Attention, et qu'on nous comprenne bien : ce qui nous choque, ce n'est pas qu'il y ait ou non des femmes en un moment aussi grave, ou qu'il y ait deux ministres âgés. Ce qui nous choque c'est l'hypocrisie et la tartufferie :- nous ne sommes ni « jeunistes » ni « anti seniors » : seules les compétences doivent primer pour nommer aux plus hauts postes. Jeanne d'Arc avait achevé sa grandiose mission à 19 ans, et Léonard de Vinci a peint la Joconde a plus de soixante ans. Nous pensons donc qu'on ne doit ni privilégier ni rejeter la jeunesse, en soi ; ni faire la même chose pour l'âge mûr. Mais, justement, c'est ce que Macron a fait : il a dit, avec moi ce sera la jeunesse, et il s'est enfermé dans le piège de l'imbécile parité. Résultat : dès que les choses sont un peu sérieuses, zéro femme et deux vieux routiers de la politique, dont le dernier des Caïmans, Bayrou. Franchement, ce n'est pas sérieux. On se souvient encore du sort des ministres femmes de Juppé (les « Jupettes », virées dès le premier remaniement) ; on parlera longtemps de cette image malheureuse du perron de l'Elysée après Manchester, qui se révèlera certainement néfaste pour Macron, à terme...- et quand nous parlons d’ « imbécile parité », nous voulons simplement dire que, là aussi, ce n'est pas le sexe mais la compétence qui doit faire nommer tel ou telle. Supposons - c'est une hypothèse d'école - que l'on doive recruter dix personnes à dix postes importants. Se présentent dix femmes remarquables, et dix hommes totalement incompétents. Il faudra bien sûr nommer les dix femmes et ne retenir aucun homme. Ou l'inverse, si les choses se présentent inversées. Mais poser en principe que l'on prendra tout le temps et en toutes circonstances moitié d'hommes et moitié de femmes, voilà bien une aberration - le type même de la fausse bonne idée bobo - dans laquelle notre président s'est enfermé sottement.Nous le disons d'autant plus volontiers que, vis-à-vis des femmes et de la confiance qu'on peut leur faire, notre Royauté a presque neuf siècles d'avance sur cette pauvre république idéologique, à bout de souffle, qui en est réduite à des gadgets de gamin pour donner l'impression qu'elle a encore quelque chose à dire ! En effet, six fois, dans notre Histoire, sous la Royauté, la totalité du pouvoir, sur la totalité du pays (et pas seulement un ministère) a été confiée à des femmes ! Et, excusez du peu, quatre fois à des femmes étrangères ! Et, réexcusez du peu, la première d'entre elles, Blanche de Castille, reçut deux fois les pleins pouvoirs, une fois au début du règne de Louis IX (minorité) et l'autre lorsque le roi partit en Terre sainte.Alors, il est où le « féminisme » ? Elle est où, la « promotion de la femme » ? Royauté ou République, c'est lequel des deux régimes qui est le plus « avancé », le plus « ouvert », le plus « jeune », le plus... - allez, disons-le ! - moderne ?Sans compter que, quelques heures plus tard, invité de Jean-Jacques Bourdin, le premier flic de France dévoilait follement que Salman Abedi était « sans doute » passé par la Syrie et qu'il avait des liens « avérés » avec le groupe Etat islamique, qui a revendiqué l'attentat. Les enquêteurs britanniques avaient averti leurs homologues européens mais s'étaient bien gardés de divulguer l'information : ils n'ont pu que qualifier de « désespérante « (sic !) la bourde monumentale du nouveau ministre, qui commence bien mal ! -
Vers un big-bang politique ?
Première publication le 02/03/2016, rediffusion le 18/05/2017 – L’élection présidentielle de 2012 et les législatives qui suivront seront-elles à l’origine d’un big-bang politique ? C’est l’hypothèse – optimiste – de l’essayiste Didier Beauregard. Polémia présente ici des extraits d’une longue analyse parue sur le site de Riposte laïque : « l’élection de 2012 ou la perspective heureuse d’une nouvelle donne politique ! ». Un scénario possible qui se heurtera toutefois à deux obstacles : le mode de scrutin majoritaire et la tyrannie médiatique. Polémia
Le nouveau quadrige électoral
[On assiste à une nouvelle fragmentation du paysage politique], avec un Mélenchon qui regroupe les forces éparses de la gauche radicale et une Marine Le Pen qui maintient à un niveau élevé (probablement autour des 20%) l’héritage de la droite populiste (populaire ?) que son père lui a légué. Cette fragmentation est une première étape importante sur la voie d’une recomposition de la scène politique nationale qui devrait, en s’ajustant à la réalité socio-politique du pays, se structurer en quatre familles « naturelles » : les deux évoquées plus haut, plus une au centre droit et une au centre gauche.
On retrouverait là les équilibres de 1981 (…). Le premier tour de l’élection présidentielle de 1981 avait clairement fait émerger quatre forces significatives : derrière les deux leaders, Giscard à 28, 3% et Mitterrand (25,8%), Jacques Chirac frôlait les 20% et Georges Marchais les 15%.
Trente plus tard nous retrouvons donc peu ou prou les mêmes familles plus ou moins recomposées. Jacques Chirac portait alors les espoirs d’une droite populaire (populiste ?) néo gaulliste et Georges Marchais représentait une gauche communiste qui se retrouve aujourd’hui dans les postures idéologiques de Mélenchon. Giscard incarnait un centre largement campé à droite et Mitterrand une gauche socialiste idéologiquement majoritairement marxisée mais « antistalinienne », c’est-à-dire, dans la forme, attachée au pluralisme des démocraties bourgeoises.
Un glissement à droite
Si l’on regarde de plus près la structure de ces grands courants politiques, le plus frappant, outre la permanence de ce cadre quadripartite, est le glissement de leurs composantes respectives vers la droite. Mitterrand disait déjà que la France était « majoritairement à droite », ce qui est marquant, 30 ans après son arrivée au pouvoir, c’est bien le constant glissement vers la droite des familles politiques.
L’extrême gauche communiste et trotskyste des années 1970/80, se retrouve aujourd’hui dans le sillage de Mélenchon, composé d’un ensemble disparate qui comprend les communistes proprement dit (très minoritaires), la gauche du PS, le gros de l’électorat écolo en mal de candidat, les courants altermondialistes et une part de l’électorat traditionnellement dit « d’extrême gauche » ( soit les groupuscules trotskystes) , lui aussi orphelin de candidats emblématiques. Bref, la tendance dure de la gauche radicale s’est diluée au profit d’une gauche moins « Grand soir » et ouvriériste et plus sociétale, avec notamment une forte composante immigrationniste et anti FN.
Quant à la gauche socialiste qui s’est fédérée derrière le candidat Hollande, elle porte dans son héritage tous les ralliements du PS des années 80/90 à l’ordre économique du capitalisme mondial (elle a notamment libéré les marchés financiers et ratifié tous les traités de libre échange) et à l’idéologie libérale de l’Europe de Bruxelles. Ses surenchères dans le progressisme sociétal ne peuvent effacer le recentrage massif de ce qui lui tient encore lieu de doctrine politique. Mieux encore, si l’on oublie l’appareil politique lui-même, son électorat, comme les sondages (…) le montrent, n’est pas si éloigné dans ses prises de position de l’électorat de la droite dite « classique ».
La famille de droite a elle aussi connu ce glissement vers la droite. La droite populaire et cocardière qui formait les gros bataillons du RPR se retrouve aujourd’hui largement dans l’électorat du Front National, tandis que les candidats de la droite de gouvernement sont toujours plus obligés de pratiquer un grand écart hasardeux pour aller, à la fois, chercher les voix du centre et de « l’extrême droite » pour avoir une chance d’être élus au deuxième tour.
Le paradoxe politique : plus la France se droitise, plus la gauche gagne
(…) Notre démonstration nous conduit ainsi au cœur du paradoxe politique français, précédemment évoqué, plus la France se « droitise », plus la gauche gagne les élections et domine le pays. Paradoxe absurde qui répond à la structuration du surmoi politique national qui interdit les alliances entre la droite « classique », on pourrait presque l’appeler « droite bourgeoise », et la droite radicale ou «populaire », qui, pour l’essentiel, recycle l’héritage du gaullisme, en dépassant la fracture algérienne et celle de la collaboration qui ont longtemps déchiré la droite et ne signifient plus grand-chose aujourd’hui pour les nouvelles générations.
Autre paradoxe à relever, seul le centre, traditionnellement classé à droite, ne se déporte pas d’un cran vers la droite, car il se régénère par l’apport régulier d’un électorat de gauche modérée qui délaisse un PS incapable de trancher entre son héritage marxiste et social-démocrate et qui, à chaque élection, rejoue la comédie de l’union des gauches dans une parodie d’affrontement droite/gauche. La droite « classique », dans la supercherie de la bipolarisation, joue elle un jeu encore plus tordu en racolant les voix de « l’extrême droite », tout en préparant ses alliances au centre gauche.
Vers une remise en cause du système majoritaire ?
Jusqu’où cette construction politique à la fois figée, malsaine et dépassée peut-elle tenir ? Elle arrive probablement à terme car il est difficile d’imaginer que la défaite de l’une des deux familles dominantes (UMP et PS) n’entraine pas désormais une remise en cause du système majoritaire.
Une nouvelle défaite présidentielle de la gauche placerait le PS en situation de tension extrême face au Front de gauche et devrait provoquer la fracture depuis si longtemps repoussée entre la gauche mythologiquement révolutionnaire et la gauche réformiste ou sociale-démocrate.
De l’autre côté, si la droite perdait ces élections, les forces centrifuges devraient « naturellement » séparer les courants de la droite qui se qualifie de « populaire » de ceux qui pourraient, sans problème, rejoindre une gauche recentrée sur un projet social-démocrate et européiste.(…)
Si cet éclatement des deux forces dominantes se produit – et il suffirait à notre avis, qu’une seul d’entre elle se fractionne pour que l’autre soit dans la foulée poussée à se recomposer également face à la possibilité offerte de nouvelles alliances vers les centres – la question se pose alors de savoir si la recomposition de la vie politique nationale se fera à partir d’un bloc de droite reconstruit sur sa droite (en clair par un rapprochement avec le Front National), ou bien à partir d’un centre gauche recomposé sur la base d’un PS recentré qui recouvre l’ensemble des centres repoussé sur la gauche par la droitisation de la droite ?
Autre question subsidiaire, qui satellisera qui ? A droite, le Front National la droite « populaire », ou l’inverse, et à gauche le PS les centres, ou le contraire ?
Difficile à dire en l’état, mais quel que soit le scénario gagnant, il traduira de fait un déplacement sur la droite de la vie politique française. Le PS recentré, mené par une personnalité habile (Hollande ?), pourrait éventuellement s’imposer comme une force majoritaire dans l’hypothèse d’une recomposition par le centre gauche, en marginalisant la gauche extrême. Nous retrouvons le scénario Strauss-Kahnien [voir le texte intégral de l’article]. Mais, de fait, il enterrerait l’héritage Mitterrandien et plus de quarante ans d’une construction politique fondée sur l’union mythique de toutes les gauches. La rupture électorale entérinerait alors une fracture idéologique qui hante la famille de gauche depuis la fin de l’ère Mitterrand, qui attend en vain son Tony Blair.
De l’autre côté la droite affaiblie par son long bras de fer avec le Front National, devrait logiquement difficilement échapper à la satellisation de son aile droit par le Front National qui apparaîtrait face à la défaite et ses suites, comme l’élément vainqueur, le point de référence d’un discours de droite musclé et constant. (…)
Qui occupera la position centrale sur l’échiquier politique ?
L’axe majeur du combat politique ne se situerait plus alors dans un affrontement largement factice entre le PS et l’UMP, mais entre une gauche reconstruite à partir d’un PS recentré, ou d’un centre élargi à une gauche recentrée, et une droite radicalisée refondée à partir d’un Front National élargi.
On peut logiquement supposer que Marine Le Pen a la volonté et la capacité politique à conduire ce scénario de désenclavement du Front National. L’hypothèse inverse d’une satellisation du Front National par une droite UMP radicalisée paraît peu probable.
L’UMP apparait aujourd’hui bien fragile face à sa diversité idéologique pour mener une telle opération dans une situation de crise engendrée par une défaite, alors que dans ces temps de domination écrasante elle n’a jamais voulu, ni su, [ni pu ?] trouver son Mitterrand pour briser le tabou du cordon sanitaire et sceller des alliances ponctuelles, sur le mode de « l’Union de la droite », pour au moins gagner les batailles électorales.
Gauche recentrée contre droite radicalisée ?
(…)L’affrontement politique majoritaire devrait logiquement se polariser entre une gauche recentrée élargie jusqu’au centre droit et une droite radicalisée portée par le Front National, chacun des deux blocs pouvant regrouper entre 30 et 40% de l’électorat. Autrement dit, la recomposition se fera-t-elle par les centres sur un tropisme de gauche, avec un large bloc central qui, de part et d’autre, marginaliserait les « extrêmes » ? Ou bien se fera-telle à partir des droites, avec un bloc « droitiste » puissant (jusqu’à 40% ?), qui s’opposerait alors prioritairement à un bloc des centres poussé vers la gauche, sur la base d’une bipolarisation recomposée sur des fondements idéologiques plus conformes à la sociologie politique du pays. La gauche radicale continuant d’exister comme une force de contestation sociale et sociétale éloignée du pouvoir. (…)
La droitisation de la société française
Pour autant, si, pour conclure, nous nous replaçons dans la logique d’une droitisation de la société française que nous avons mise en exergue tout au long de notre exposé, il est logique de penser que la recomposition politique à venir (si elle se confirmait ?), devrait se faire sur la base d’un puissant bloc des droites. Plusieurs raisons pousseraient à cette conclusion.
L’enjeu économique tout d’abord. La sous-évaluation des effets de la crise et la prise en compte insuffisante de ses mécanismes dans le programme du candidat socialiste conduiront inéluctablement à une convulsion rapide et, dans la foulée, à une politique d’austérité qui frappera les couches les plus modestes et les classes moyennes. La gauche par la force des choses conduira une politique économique contraire à ses engagements et s’aliénera alors une part importante de ses soutiens populaires. L’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais les échecs, puis les reniements de la gauche au début des années 80, avaient regonflé la droite et permis l’émergence du Front National. Comment s’exprimerait aujourd’hui ce sentiment latent de contestation et de radicalité que les études d’opinion font cohabiter avec la vision légaliste, apaisée et consensuelle des français ?
L’immigration : le grand déni de Mélenchon
A qui profiteront prioritairement le désamour, voire la révolte du peuple, à une droite remusclée, ou à une gauche radicale conduite par un Mélenchon euphorique ? Ce dernier ne se voit-il pas « au pouvoir avant 10 ans », comme il vient de l’affirmer [Marseille, le 19 avril 2012]. Certes, le Front de Gauche pourra rejouer la pantomime de la révolution sociale en agitant les mannes de la Révolution, de la Commune ou du Front populaire, mais elle ne rassemblera pas les Français sur un projet révolutionnaire et on l’imagine mal prendre le pouvoir par la force. Le mythe révolutionnaire est mort, et la France est, comme tous les pays développés, un pays de classes moyennes qui aspirent au bien-être et à la sécurité. Mais aussi, Mélenchon, et les dirigeants de la gauche radicale et ceux de l’ensemble des gauches avec lui, est l’apôtre d’une France ouverte à l’immigration, une France sans frontière, vouée «à la gloire du métissage et au bonheur d’être mélangés », comme il l’a emphatiquement proclamé à Marseille. Il bute là sur un déni du réel qui le coupe irrémédiablement de la majorité des classes populaires. Ce déni, plus que les finasseries de Mitterrand, ont coûté la perte de son électorat ouvrier au PC, et, coûté également cher au NPA de Besancenot, le jour où, dans une élection locale, il a exhibé une candidate voilée.
La question de l’immigration et de l’identité : nouveau clivage pour une nouvelle donne politique
Grand oubliée de la campagne électorale, la question de l’immigration et de l’identité de la France hante la conscience nationale comme un chancre qui la dévore de l’intérieur. Interdite du débat public par l’idéologie qui anime les castes dirigeantes qui dominent le pays, et au-delà l’Europe, elle agit comme une force négative. Les rapports de force actuels ne permettent pas (pas encore ?) de fédérer sur ces thèmes de vastes courants d’opinion susceptibles de bouleverser les équilibres politiques, mais le refoulement de cette question affaiblit les forces politiques qui nient sa dimension dramatique ou, comme Mélenchon, la magnifie comme une chance historique : créer enfin la République universelle des droits de l’Homme et de l’égalité sociale ! Cet ersatz d’utopie, censée remplacer celle du Grand soir, peut encore exercer une grande violence morale qui effraie, mais ne peut servir de projet politique fédérateur. Elle limite irrémédiablement la capacité de conquête politique de la gauche qui triomphe d’abord des faiblesses de la droite à assumer les problématiques sécuritaires et identitaires.
Or, la recomposition des forces politiques sur les schémas que nous avons analysés devraient permettre à une droite regonflée et plus compacte de placer enfin ces questions au centre du débat public pour affronter une gauche fragmentée. Plus exactement même, la question de l’identité nationale, c’est-à-dire celle de la nation, de sa nature et de son avenir, devrai s’imposer comme la pierre angulaire d’un nouveau clivage politique qui dépasserait le vieux clivage gauche/droite.
Qui franchira le Rubicon du politiquement correct ?
Mais encore faut-il pour que cette recomposition ait lieu, que les personnalités concernées soient à la hauteur des enjeux historiques ! La droite traditionnelle trouvera-t-elle la ou les figures qui lui feront franchir le Rubicond du politiquement correct pour réaliser, enfin, cette alliance de toutes les droites qui devraient sociologiquement gouverner le pays depuis plus de 20 ans, au risque sinon de se perdre définitivement ? Sera-t-elle capable de mener à bien une synthèse des dimensions nationales, européennes, sociales et populaires, sur le modèle gaullien ? Rien n’est encore joué, mais Nietzsche n’affirmait-il pas que « l’histoire toujours finie par accoucher de ce qu’elle porte dans ses flancs !»
Didier Beauregard
16/04/2012Voir l’intégralité de l’article de Didier Beauregard sur Riposte laïque. Les intertitres et les crochets sont de Polémia.
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Le nombre de banquiers millionnaires en nette hausse en France
Les quatre grandes banques françaises comptent 102 banquiers gagnant plus de 1 million d’euros dans l’Hexagone. Un chiffre en hausse de 24 % par rapport à l’année 2015.En 2016, les grandes banques françaises se sont révélées beaucoup plus généreuses envers leurs banquiers millionnaires... installés en France. Dans l'Hexagone, 102 collaborateurs de BNP Paribas, de Société Générale, du Crédit Agricole et de Natixis se sont vu attribuer plus de 1 million d'euros chacun l'an dernier. Un chiffre en hausse de 24 % par rapport à 2015. Des quatre grands groupes, la banque de la Défense est celle qui en compte le plus sur le territoire (42 banquiers millionnaires).Partout ailleurs en revanche, le cercle de ces bénéficiaires s'est restreint, en particulier en Grande-Bretagne, où se concentre le gros de ces troupes. A la Société Générale, la part des banquiers millionnaires à l'étranger est passée de 72 % à 52 % entre 2015 et 2016. Chez Natixis, celle-ci a reculé de 62 % à 52 %, après avoir grimpé de 20 points entre 2014 et 2015.Chez BNP Paribas, on note également une légère baisse en Asie (avec 39 banquiers millionnaires en 2016, contre 44 l'année précédente) et au Royaume-Uni (68 contre 71). Ainsi, à l'échelle des quatre groupes bancaires, ce sont au final quelque 40 financiers à l'étranger qui ont perdu le statut de banquier millionnaire.Une raison inattendueLes raisons de ce recentrage sur l'Hexagone sont multiples. « Cette augmentation s'explique notamment par le fort développement de nos activités de banque de grande clientèle », indique Natixis, évoquant ses résultats en banque d'affaires. Un autre établissement souligne aussi un net redressement de ses performances dans certains métiers en France, comme les taux.Avec le déclenchement du Brexit , les grands groupes français ont aussi pu vouloir relâcher leurs efforts de rémunération en Grande-Bretagne, la visibilité manquant et la concurrence des talents se relâchant. Leur priorité était d'organiser d'éventuels transferts. Une banque explique d'ailleurs la hausse du nombre de ses banquiers millionnaires en France par le retour d'expatriés de l'étranger. Cette tendance pourrait se confirmer en 2017. Les banques du continent européen commencent en effet à menacer de quitter la City, car Londres veut renchérir leurs coûts d'exercice .Un dernier facteur, plus inattendu, tend cependant à montrer que cet excès apparent de générosité des banques françaises vis-à-vis de leurs financiers de l'Hexagone pourrait ne pas durer, car il tient aussi à... des réductions d'effectifs en France . « Ces chiffres tiennent compte des indemnités de départ, souligne une banque. et nous avons enregistré plus de départs en 2016 qu'en 2015. » Dans ces situations, un salarié peut ainsi voir subitement son salaire doubler et acquérir très momentanément le statut de millionnaire dans les statistiques de la banque...Source -
Législatives - Marie de Kervéréguin (FN) : "la loi Taubira est un enjeu de civilisation"
Dans son clip de campagne, Marie de Kervéréguin, candidate FN dans la 1ère circonscription de l'Isère fait clairement référence à l'abrogation de la loi Taubira. Cette mère de 6 enfants annonce (vers 1mn30) défendre la famille :
Clip de campagne de Marie de Kervéréguin par JanusInternational -
Camp d'été Suavelos, du 14 au 19 juillet 2017 - Infos complémentaires
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Avant qu’il ne soit trop tard Monsieur Kepel…
Comme dans ce Proche-Orient profondément déstabilisé par les menées d’un nouvel ordre Mondial qui s’acharne depuis la première guerre du Golfe à éradiquer les régimes laïques rétifs aux oukases de l’axe du bien, le sang des civils, celui des femmes et des enfants, coulent désormais en Europe sous les coups du terrorisme islamique. Faut-il rappeler la complaisance, le soutien financier, logistique dont a jouit celui-ci en Syrie, en Irak, en Libye de la part de certains pays occidentaux et des pétromonarchies ? Fous Allah décrits comme faisant « du bon boulot » lorsque ils contribuent à faire tomber les tyrans désignés à la vindicte médiatique et sont jugés compatibles avec les intérêts financiers et les projets de remodelage de certains cénacles .
L’Etat islamique (EI) a revendiqué officiellement l’attentat de Manchester qui a conduit à l’interruption des élections législatives outre-Manche, créée une onde de choc maximale en visant délibérément des enfants. Les nôtres, ceux de notre continent, après ceux des autres, des pays arabes notamment. Ceux-là ne sont guère épargnés par le chaos que, nolens volens, nous avons puissamment contribué à déclencher. Il y a plus de vingt ans déjà, et de cela aussi il faut se souvenir, l’embargo imposé à l’Irak de Saddam Hussein se solda par la mort de plusieurs centaines de milliers d’enfants. Les petites victimes syriennes, irakiennes, libyennes, afghanes des interventions de l’Otan, de frappes aériennes malencontreuses, des couteaux, des bombes des bouchers islamistes se comptent aussi par milliers…
Selon la police britannique, l’auteur de l’attentat suicide de Manchester, se nomme Salman Abedi, né en 1994, fils de réfugiés libyens opposés à Kadhafi, installés d’abord à Londres puis dans la banlieue plurielle de Fallowfield, au sud de Manchester. Selon Abdalla Yousef, un porte-parole de la mosquée de Didsbury, à Manchester, le père du terroriste est retourné en Libye après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Il est probable que Salman Abedi et son frère aient fait des allers-retours entre les deux pays ces derrières années . Une Libye plongée dans la guerre civile, où les milices islamistes -et notamment l’EI-, sont fortement implantées depuis l’intervention militaire, voulue notamment par le trio Sarkozy-Juppé-BHL, pour éliminer le régime kadhafiste.
C’est de cette même Libye constate Bruno Gollnisch, que partent désormais quotidiennement vers l’Europe des milliers d’immigrés recueillis par les Italiens, avant de gagner le reste de l’Europe sans frontières… Une Europe où, dans de nombreux pays comme l’Angleterre, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, les nations scandinaves, les quartiers communautarisés, en proie au prosélytisme fondamentaliste, le terroriste se trouve comme un poisson dans l’eau. Une Europe frappée par des vagues migratoires qui ne vont qu’en augmentant, immigration-invasion qui empêche mécaniquement toute assimilation.
Invité sur les chaînes d’information pour commenter cet attentat, le spécialiste de l’Islam Gilles Kepel, est venue hier soir délivrer ses analyses qui, à défaut d’être originales sont souvent factuelles et parfois de bon sens. Une autorité suffisamment reconnue pour avoir été invitée, comme Emmanuel Macron avant lui, par le club Bilderberg en 2015. Mais si M. Kepel jouit d’un accès médiatique privilégié c’est aussi pour son petit crachat rituel sur le FN, qui, dans les circonstances actuelles, prend un caractère particulièrement répugnant.
Il a de nouveau martelé un discours consistant à affirmer que le vote FN ferait les affaires, favoriserait les plans des djihadistes, antienne reprise sans ciller par M. Macron. M. Képel le (ré) affirmait pareillement dans Marianne le 2 mai dernier, « le projet explicite des djihadistes (…) consiste à favoriser la victoire de l’extrême droite, afin de convaincre les musulmans que la France est un pays raciste, que l’intégration est une impasse et qu’il leur faut se rassembler derrière les plus radicaux d’entre eux. L’intention est clairement indiquée dès 2005 dans le manifeste d’Abou Moussab al Souri, Appel à la Résistance Islamique Globale. On peut y trouver l’inspiration des attentats de Montauban et Toulouse, jusqu’à Paris et Nice, qui prévoit plusieurs étapes dans la montée d’une guerre civile sur une base politico-religieuse, dont celle de faire croître exponentiellement le vote d’extrême droite par des attentats de masse conçus comme des provocations destinées à fracturer la société. Dans cette perspective, les élections présidentielle et législatives de 2017 apparaissaient pour l’Etat islamique comme l’occasion de prendre le débat politique en otage ».
Loin de cette analyse partiale, grossière et biaisée là, il serait certainement plus légitime de penser que le débat politique est pris en otage par une caste politico-médiatique qui diabolise toutes celles et ceux qui, prenant en compte les bouleversements géopolitiques, l’assomption d’un totalitarisme islamiste conquérant s’appuyant sur l’explosion démographique des pays du sud, alertent des dangers de immigration non contrôlée, remettent en cause l’angélisme progressiste, la viabilité du modèle des sociétés béatement ouvertes et multiculturalistes.
C’est justement le refus des mesures préconisés par ce que Gilles Kepel appelle comme les islamistes l’extrême droite, qui conduira demain à la fracturation irréversible de notre société, à la victoire des islamistes, possiblement rendue possible, si rien n’est fait, par le désarmement moral, intellectuel, législatif des peuples européens.
https://gollnisch.com/2017/05/24/avant-quil-ne-soit-trop-tard-monsieur-kepel/