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religion - Page 263

  • Deux sources radicales de l’islamophobie par Ulysse GIRARD

    S’interroger sur la source radicale d’un phénomène n’est pas en nier le caractère multifactoriel, ni même en dégager la cause principale, mais plutôt la cause la plus profonde et la plus cachée, celle qui en est à la racine car son impensé le plus profond. Toute réflexion réellement utile sur la cause d’un phénomène doit en dégager la source radicale, car là est le vrai travail de révélation puis de compréhension réglée du réel.

     

    Peuvent cœxister plusieurs causes radicales d’un phénomène, qui interagissent entre elles. L’islamophobie est aujourd’hui en France un phénomène grandissant; elle s’inscrit dans un discours de plus en plus décomplexé. Elle est un problème politique et social, mais aussi un révélateur de phénomènes plus profonds, qui se disent par elle tout en se cachant, comme le symptôme peut dire et cacher la maladie. L’islamophobie est donc un phénomène intéressant en tant qu’il est un révélateur de ce que l’on ne veut pas voir, et en l’occurrence il ne s’agit pas du danger, tantôt réel, tantôt fantasmé, de l’islam, de l’islamisation ou d’un certain type d’islam (distinctions que l’on n’interrogera ni ne justifiera ici).

     

    La première cause du caractère grandissant du phénomène est la prédisposition du peuple à la condamnation de toute religion un tant soit peu combative. Cette prédisposition s’enracine d’une part dans une histoire, une mémoire, voire un mythe, celle de la République anticléricale, du combisme au Cartel des gauches; et d’autre part, dans une idéologie anti-religieuse conditionnée par l’état actuel des modes de production en France, et en Occident de façon plus générale. La religion est une menace en cela qu’elle viendrait entraver, dans certains cas et pour certaines religions bien particulières (donc pas le capitalisme anglo-saxon, fruit d’un protestantisme dévoyé) le capitalisme de la séduction, c’est-à-dire la recherche du profit du côté de la chaîne de production (méfiance à l’égard de l’usure, du profit voire de l’argent en général) et de la jouissance effrénée du côté de la consommation. Cette idéologie consumériste est d’autant plus redoutable que, contrairement à la discipline, voire à l’ascèse du travail qui dominait toutes les classes sociales à la fin du XIXe siècle, y compris la bourgeoisie, l’idéologie de la jouissance n’a pas à contraindre nos prédispositions biologiques élémentaires et primaires au désir et à la jouissance. La religion venant s’opposer au consumérisme frénétique, celle-ci en tant qu’idéologie entre en confrontation directe avec une certaine idéologie soi-disant républicaine, c’est-à-dire libertaire. C’est là l’islamophobie des laïcards comme Christine Tasin, de certains journalistes (du Point ?) et des groupes féministes ou L.G.B.T.

     

    Cette thèse est connue. Néanmoins, elle n’est que l’une des deux sources, la moins problématique de toutes, car elle ne touche pas au grand tabou de notre société. Critiquer la religion est acceptable en France, car par un effet d’hystérèse représentationnel, la religion est encore conçue comme l’opium du peuple, l’Infâme, l’ennemi perpétuel et enragé de la liberté, de l’intelligence, du débat et, in fine, de la démocratie. On pourrait montrer comment l’anticléricalisme a pu servir de soupape de sécurité ou de diversion pendant toute notre histoire pour détourner le peuple des vrais combats, en particulier le combat de classes, comme le Cartel des Gauches le fit en 1924 pour éviter de se justifier de sa collusion avec le Grand Capital. Là encore, l’islamophobie fait figure de diversion dans le débat public, voulue mais surtout fantasmée. Voulue, car les réseaux qui nous dirigent préfèrent que l’on s’occupe de sujets peu dangereux plutôt que de ceux qui posent vraiment problème (comme la dette, l’austérité, le T.S.C.G. … ou sous Sarkozy, la vente d’or de la Banque de France à bas prix à Washington, la posture sécuritaire et identitaire permettant de s’acheter un patriotisme au rabais). Mais cette diversion est aussi fantasmée, car elle permet de refuser, par un ennemi commode, de nommer les vrais problèmes.

     

    Le grand tabou en France est ethnico-racial. La guerre de 39-45, qui fut pour nous une blessure narcissique grave (on n’explore pas assez la thèse selon laquelle la mémoire de cette guerre nous est traumatique aussi pour cette raison in fine bien peu noble : la défaite et l’occupation) doublée d’un génocide, en grande partie fondé sur des questions de race. Auschwitz fut notre péché originel : commis par nos ancêtres, il nous hantera pour toujours, et nous devrons l’expier à jamais. Il nous hante surtout par son non-dit : la dimension ethnique du politique. C’est bien la Seconde Guerre mondiale et le nazisme qui constituent le spectre derrière le tabou, et non un supposé universalisme républicain (les républicains, y compris de gauche, ne s’embarrassaient pas de scrupules sur la question raciale à la fin du XIXe siècle). Or l’islamophobie, voire la laïcité, permettent à peu de frais de nommer un ennemi sans dire la vérité, par un effet d’association d’idée parfois inconscients, mais aussi parfois de manière délibérément tactique. La France subit un remplacement de population à grande échelle. Parmi les populations nouvellement arrivées, une grande partie est arabo-berbère. Les Arabo-Berbères sont, pense-t-on, musulmans. En ciblant l’islam, on ciblera les musulmans, et donc les Arabo-Berbères. L’islamophobie serait donc chez beaucoup un racisme caché, qui permet de s’offrir une conscience à peu de frais (une conscience, c’est-à-dire une respectabilité). Et c’est précisément cette source-là, et non une haine particulière pour la religion ou pour la morale en tant que telles (en témoignent l’islamophobie de populations chrétiennes, ou pratiquant une forme de décence commune populaire) qui permet le succès de l’idée islamophobe et sa diffusion rapide dans la population, à cause du malaise causé par une submersion populationnelle plus ou moins bien perçue.

     

    Or l’islam n’est pas le problème, mais la victime d’un transfert. L’islam est en tant que telle une spiritualité respectable, qui a beaucoup emprunté au paganisme européen (néo-platonisme et aristotélisme principalement). Le cœur européen du christianisme est ce qu’il a hérité du paganisme européen : le droit romain, mais aussi la philosophie grecque, héritage partagé par l’islam, et qui permit un dialogue fécond entre ces deux religions (les controverses entre Thomas d’Aquin et Averroès en sont un exemple : ces échanges n’auraient pas été possibles sans un fond aristotélicien commun). Il y a un héritage européen de l’islam, qui permettrait en droit et pour une certaine conception de l’islam de le rendre compatible avec une authentique civilisation européenne (et donc pas avec l’Occident du capitalisme de la séduction).

     

    L’autre grand problème de ce transfert est non seulement qu’il choisit une victime innocente, mais aussi qu’il oublie une grande partie de la donnée du problème. Une grande partie du grand remplacement de population et du déracinement universel n’est pas le fait de populations musulmanes, ni ne concerne des populations musulmanes, mais aussi des populations chrétiennes (populations d’Afrique Noire), hindoues, ou athées (lumpenprolétariat de banlieue).

     

    Le problème subsistera donc tant que l’on refusera de poser le bon diagnostic. Le problème est double : il vient première de la violence du capitalisme mondialisé, qui déracine les peuples et donc les assassine, puis les immerge dans la décadence du capitalisme de la séduction. Il vient ensuite du brassage ethnique et, in fine, racial en Europe et ailleurs dans le monde. On ne gagne rien à ne pas nommer les problèmes, car on ne les règle pas et, pire encore, on sacrifie l’innocent et peut-être même, selon les circonstances, un allié et un ami. Mais la lucidité nécessite du courage car, dans le règne du faux universel, tout jugement vrai concourt à déstabiliser le système. Cela veut dire entrer dans une guerre quotidienne dont la lutte idéologique est l’une des modalités princeps.

     

    Ulysse Girard http://www.europemaxima.com/

     

    • D’abord mis en ligne sur Scriptoblog, le 4 décembre 2012, et repris sur Cercle non conforme, quatre jours plus tard.

  • « La France au risque de l'islam » de Thierry Bouclier

    Il y a tout juste un an, Polémia publiait un dossier présentant la traduction française du livre de Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux, aux éditions Le Toucan. Comme on pouvait le redouter, l’ouvrage, s’il avait connu un franc succès aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, est resté en France très confidentiel. La question posée par Caldwell était trop simple : la progression fulgurante de l’immigration en Europe n’empêchera-t-elle pas les Européens de conserver leur civilisation ?
    Pour Thierry Bouclier, avocat à la cour, la question est un peu différente : une certaine forme d'islamisation est-elle en train de gagner la société française ? Il a enquêté, recueilli des témoignages, exploré les textes législatifs, pour conclure au constat d’une société française qui se transforme pas à pas. Eric Delcroix, également juriste, grand pourfendeur des lois liberticides, présente le livre de son ancien confrère en invitant les lecteurs de Polémia à lire et à faite lire La France au risque de l’islam, « avant qu’un matin, au lever du soleil, le muezzin ne s’éveille ».
    Polémia
     

    Publié à la fin de l’été dernier, La France au risque de l’islam, livre de Thierry Bouclier, tranche quelque peu avec les livres français récents contre l’islamisation de la France. Ici, l’auteur ne se laisse pas aller à dénoncer sottement le prétendu « fascisme vert » emprunté au lexique marxiste. T. Bouclier nous met en garde, de la façon la plus circonstanciée, contre les capitulations de la République française face à l’islam, contre la mise en conformité de la première aux règles de la seconde, c’est-à-dire par l’introduction subreptice de la charia, abdiquant notre identité. Certes, il lui faut faire attention face à un sujet sacralisé par la République qui a fait, depuis la loi Pleven (1972), de l’islamophobie un délit. Mais La France au risque de l’islam se présente comme un état des lieux qui devrait éviter à son auteur la correctionnelle…

     

    Thierry Bouclier met en ordre des faits – le fait et le droit – qui montrent au lecteur, insuffisamment au courant des arcanes de la vie publique, combien les politiciens de la droite parlementaire sont en phase avec ceux de la gauche pour mettre nos lois et règlements en conformité avec l’islam. Utiles rappels de Nicolas Sarkozy, premier président de la République ayant participé à un repas de rupture du jeûne du ramadan (iftar), François Fillion, premier ministre, inaugurant la mosquée géante d’Argenteuil ou Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, se déguisant en grand Mamamouchi pour inaugurer celle de Clermont-Ferrand. Quant à la gauche, elle achève de démontrer par l’action qu’elle est historiquement anticatholique, mais nullement fermée aux autres religions, aucune superstition exotique ne rebutant son ouverture à « l’altérité ».

     

    Le « Printemps arabe », c’est ici et maintenant

     

    Il est vrai que les magistrats sont à l’unisson de la décadence, depuis l’arrêt Montcho (Conseil d'Etat, 11 juillet 1980) qui a reconnu la polygamie comme source légitime de droit. On sait aussi ce qu’il en a été des condamnations de la courageuse Brigitte Bardot pour sa lutte contre la sauvagerie de l’abattage halal, lequel rapporte plus de 150 millions d’euros de taxes religieuses à l’islam (alors que l'Eglise est privée de la dîme depuis 1789) et ce pour des viandes dont plus des 2/3 sont imposées, à leur insu, à l’ensemble des consommateurs. Un arrêt de la Cour administrative d’appel de Lyon du 17 juillet 2007 a même reconnu la kalafa, sorte d’adoption islamique révocable, apparemment tout comme le Conseil général et la Caisse d’allocations familiales de Seine-Saint-Denis. Le « Printemps arabe », cher à notre classe politique, c’est ici et maintenant…

     

    La loi de 1905 a été vidée de sa substance : d’une part, par l’ordonnance du 21 avril 2006 (merci à la droite !) sur les baux emphytéotiques : désormais les collectivités publiques peuvent aider à la construction de mosquées ; d’autre part, par cinq arrêts du Conseil d'Etat en date du 19 juillet 2011, l’ « intérêt public local » ouvre des perspectives illimitées à l’islamisation, jusque dans ses mœurs les plus primitives. Et l’auteur de conclure : « Le débat sur la réforme de la loi de 1905 est obsolète. »

     

    La bienveillance masochiste de l'Eglise

     

    Nos politiciens et nos magistrats affectent, avec une hypocrisie consommée, comme le remarque Thierry Bouclier, de considérer, belle langue de bois, que nous connaissons des problèmes liés aux religions en général, alors que les seules difficultés résident dans l’islam et lui seul. Remarquez que l'Eglise, tournée fille facile, n’y voit plus rien à redire, poussant la bienveillance masochiste jusqu’à former les imams… à l’Institut catholique de Paris – « la Catho » ! – et les élèves des écoles catholiques vont à la mosquée recevoir des leçons de tolérance. Thierry Bouclier remarque à bon escient à cet égard : « Il est peu probable que les directeurs d’établissement catholique et les professeurs qui y enseignent, quasi tous laïcs, aient une connaissance approfondie des évangiles et de la doctrine de l'Eglise. En revanche, après avoir lu le dossier que le secrétariat de l’enseignement catholique leur a préparé, ils seront imbattables sur l’islam. »

     

    Sous l’égide des droits de l’homme, le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, a pu dire au sujet des cantines scolaires : « Nous servons de la viande halale par respect pour la diversité, mais pas de poisson [le vendredi] par respect de la laïcité » ! Sous l’égide des droits de l’homme veule, préfets et justice interdisent la soupe au cochon parce que haram (illicite) pour les SDF, mais laissent distribuer la chorba, la soupe halale…

     

    Thierry Bouclier nous met en garde : « Un bilan des quelques années qui ont vu la substance du pays modifiée davantage qu’en plusieurs siècles d’Histoire … avant qu’un matin, au lever du soleil, le muezzin ne s’éveille ». A lire, à faire lire.

     

    Eric Delcroix http://www.polemia.com
    7/12/2012

     

    Thierry Bouclier, La France au risque de l’islam, Editions Via Romana /Rémi Perrin, septembre 2012, 186 pages.

  • CHRÉTIENS D'ISLAM Au risque du martyre

    Dans un monde musulman déstabilisé, les chrétiens, assimilés à l'ennemi occidental, sont redevenus les cibles privilégiées du fanatisme haineux, comme le prouve l'actualité des derniers mois. Mais le phénomène est ancien, et récurrent.
    La philosophie de l'histoire qui prévaut dans nos sociétés occidentales, imprégnée du dogme du progrès, du respect des droits de l'homme, du modèle démocratique et libéral, apparaît, s'agissant des minorités chrétiennes en pays musulmans, battue en brèche par la réalité ; l'intervention américaine en Irak, les mouvements insurrectionnels, loin d'améliorer le sort des chrétientés locales, ont marqué le début d'un calvaire dont elles désespèrent de voir le bout. Pour prendre la mesure du phénomène, il faut se référer à l'ouvrage de Claude Lorieux, Chrétiens d'Orient en terres d'islam, paru en 2001, avant la tragédie du 11 Septembre et ce qui s'ensuivit. Constat accablant.
    Synthèse remarquable
    Spécialiste du Proche-Orient, Lorieux avait eu de nombreuses occasions de visiter les Églises de Turquie, Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Palestine, Iran, Égypte, Soudan, et même les communautés réduites à la clandestinité de la péninsule arabique. Si l'on excepte le drame des chrétiens de Khartoum, qui devrait trouver un dénouement heureux du fait de la partition du pays, la situation, partout ailleurs, loin de s'améliorer, n'a cessé de se dégrader tandis que les mouvements islamistes, favorisés par la chute des dictatures laïques, prenaient de l'ampleur. Le cas irakien en donne l'exemplaire démonstration puisque des communautés, protégées par Saddam Hussein, se sont, depuis la chute du régime, retrouvées exposées à la vindicte de leurs concitoyens musulmans, acculées à la fuite ou à la mort. Par ces aspects liés à l'actualité, le travail de Lorieux a vieilli, mais reste, outre un instantané de l'état des chrétientés d'Orient avant 2001 qui a pris valeur historique, l'une des plus claires et remarquables synthèses tentées sur le passé de ces communautés, leurs espoirs, leurs rêves, leurs malheurs. Ce qui en fait un ouvrage de référence indispensable.
    Récent, celui de Jean-Michel Cadiot, Les Chrétiens d'Orient, ne saurait ni l'égaler, ni le remplacer. Certes, il fait le point sur cent millions de catholiques, orthodoxes, nestoriens, coptes, maronites, syriaques, chaldéens, protestants, invraisemblablement regardés, tant par leurs compatriotes que par la communauté internationale, comme convertis à la foi de l'Europe, eux qui demeurèrent fidèles à leur religion ancestrale quand leurs voisins passaient à celle du conquérant arabe ou turc. Certes, il y a là des points de vue intéressants. Hélas, tout cela apparaît embrouillé dans des pages où se mêlent considérations historiques trop vastes, jugements désolés sur l'incapacité chrétienne à se fondre dans un oecuménisme fraternel, et impuissance à cerner le sujet, de sorte que l'on ne sait plus ni où ni quand commencent et finissent ces chrétientés d'Orient.
    Épuration ethnique
    Si l'on se souvient des massacres d'Arméniens orchestrés, dès 1896, par Abdul Hamid, puis, en 1915, par les Jeunes Turcs désireux d'en finir avec une communauté soupçonnée de tendre la main aux Alliés, l'épuration ethnique de la Cilicie, en 1909, prise entre ces bains de sang, a sombré dans l'oubli. La réédition des reportages de la journaliste arménienne Zabel Essayan, Dans les ruines, remet en pleine lumière ces massacres d'Adana. Il demeure malaisé de comprendre les raisons de la sauvage flambée de violence qui tua trente mille Arméniens, souvent rescapés des tueries de 1896 réfugiés dans la paisible Cilicie. Arrivée sur les lieux deux mois après ce déchaînement d'atrocités, Zabel Essayan, intellectuelle francophone pénétrée d'idéologies des lumières, constata, ramenée brutalement à ses origines, ce dont la barbarie humaine est capable. Son récit est un témoignage halluciné, incantatoire : tueries, tortures, enfants et adolescentes convertis de force, abjurations de désespérés que l'apostasie ne sauva pas toujours, détresse des survivants, héroïsme d'hommes qui firent tête aux égorgeurs et réussirent parfois à couvrir la fuite des leurs, avant de succomber sous le nombre, ou d'être pendus pour rébellion... Tout cela emblématique de la tragédie arménienne, du cortège de souffrances d'un peuple qui paya cher l'honneur d'avoir été le premier royaume chrétien du monde, mais d'une telle force, d'une telle violence que ce texte terrifiant devient hymne poignant à la mémoire de toutes les victimes de toutes les tueries d'une Histoire définitivement tragique.
    Aux massacres d'Arméniens succéda l'exode des Grecs, achevé en 1955, de sorte qu'il ne demeure dans ce qui fut l'Empire byzantin qu'une poignée de chrétiens dispersés, en but aux persécutions d'un État décidé à éradiquer ce qu'il considère comme des minorités allogènes potentiellement hostiles. Cette réalité, occultée à l'heure où l'on cherche à nous convaincre de l'intérêt d'une adhésion de la Turquie à la Communauté européenne, contrebalance rêveries et sympathies engendrées par la lecture de Loti ou Farrère... Sébastien de Courtois connaît cette attristante ambivalence et cherche à la comprendre à travers un Périple en Turquie chrétienne aux accents de requiem. Il y a cette haine qui ne désarme pas, absurde, sanglante, illustrée par l'assassinat annoncé d'un journaliste arménien coupable de rappeler certains faits, dire certaines choses, que les poursuites judiciaires n'avaient pas fait taire. Les chrétiens assassinés en Turquie ne sont pas rares ; cela explique la prudence des autres. Ces expropriations qui privent les Églises de leurs biens et favorisent leur disparition. Entre un présent inquiétant et un passé grandiose dont les traces deviennent indiscernables dans un pays qui ne favorise pas la restauration de monuments chrétiens, la promenade, documentée, passionnante, jamais hostile ni partisane, invite à se poser nombre de questions, d'une brûlante actualité.
    Voyage en Palestine
    Qui s'est rendu à Bethléem voilà trente ans se souvient de l'accueil chaleureux réservé aux pèlerins par les Palestiniens chrétiens, majoritaires. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 10 % d'une population arabe prise au piège de l'Intifada et de l'occupation israélienne. Les autres ont eu le choix entre l'exil et la conversion à l'islam qui leur rendait une identité malmenée de toutes parts. Telle est l'une des réalités de ces Chrétiens en Terre Sainte dont les médias ne parlent que pour moquer leurs divisions et leurs querelles autour du Saint Sépulcre. Le mérite de Catherine Dupeyron est d'aller plus loin, de souligner qu'au-delà d'une diminution évidente de leur nombre, nous assistons à une redistribution des cartes. Tandis que disparaissent les Églises orientales, surgissent des mouvements évangélistes apocalyptiques venus chercher dans la vallée de Josaphat les signes des derniers temps... Tout cela éclaire un aspect intéressant d'une certaine politique américaine au Proche-Orient. Il n'y a pas de quoi être rassuré.
    Le triomphe mérité du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, a popularisé la quête mystique et fraternelle du prieuré trappiste Notre-Dame de l'Atlas. Donné envie, aussi, de mieux connaître ces moines qui avaient choisi de rester dans une Algérie déchirée au risque d'en mourir. Force est cependant d'admettre que les ouvrages remis en vente à cette occasion se révèlent décevants. Passion pour l'Algérie de l'Américain John Kiser a servi de référence durant le tournage. Cela s'admet si l'on considère le soin mis à retracer le parcours, le quotidien, les motivations, la vie des sept frères martyrs. Cette recherche est unique, énorme, précieuse. Mais Kiser est américain. Il pense, analyse, commente en Américain dont l'ignorance profonde, quasi-invincible des façons d'être et de l'histoire du reste du monde n'entame pas l'arrogance et la prétentieuse bonne conscience. Peu importe qu'il ne saisisse rien à ce que furent les rapports franco-algériens. Il s'est fait sa vision des événements, anticolonialiste et sereine. Il explique, péremptoire, que, face à un FLN bon et héroïque, l'armée française et l'OAS ont multiplié les crimes, avant de pousser leurs compatriotes à fuir le pays indépendant et fraternel qui allait naître. C'est odieux. Reste la possibilité de sauter les premiers chapitres. Si le coeur vous en dit.
    L'Église en Algérie
    Publié à l'origine sous le titre Une espérance à perte de vie, le reportage que Jean-Luc Barré consacra à l'été 1996 à l'état de l'Église en Algérie ressort sous le label Tibhirine. Or, il n'est presque jamais question des moines dans ce texte qui met en évidence les désillusions de prêtres, religieux, prélats jadis acquis à la cause FLN, par idéalisme chrétien sincère, semble-t-il, pour qui le réveil fut amer et sanglant. C'est finalement à un musulman, Kebir Ammi, que l'on doit le livre le plus fraternel, le plus consolant sur les relations entre les deux fois et les deux cultures. Sur les pas de saint Augustin est un périple attachant, d'un bord à l'autre de la Méditerranée, à la recherche de l'enfant de Thagaste, avec les Confessions pour guide. Écrit dans une langue délicieuse, ce texte donne l'indicible regret de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être...
    Anne Bernet L’ACTION FRANÇAISE 2000 – Du 17 mars au 6 avril 2011
    ✓ Claude Lorieux : Chrétiens d'Orient en terres d'islam, Perrin , 370 p., 21,19 €.
    ✓ Jean-Michel Cadiot : Les Chrétiens d'Orient, Salvator, 335 p., 22,50 €.
    ✓ Zabel Essayan : Dans les ruines, Phébus, 302 p., 23 €.
    ✓ Sébastien de Courtois : Périple en Turquie chrétienne, Presses de la Renaissance, 270 p., 18,50 €.
    ✓ Catherine Dupeyron : Chrétiens en Terre Sainte, Albin Michel, 285 p., 19 €.
    ✓ John Kiser : Passion pour l'Algérie, les moines de Tibhirine, Nouvelle Cité, 480 p., 24 €.
    ✓ Jean-Luc Barré : Tibhirine, une espérance à perte de vie, Fayard, 165 p., 12 €.
    ✓ Kebir Ammi : Sur les pas de saint Augustin, Presses de la Renaissance, 155 p., 8 €.

  • Le 13 janvier, tous à Paris !

    18nov-manif1.jpgLe gouvernement actuel de Jean-Marc Ayrault veut actuellement faire accéder les couples homosexuels au mariage civil et à l'adoption, laissant la porte ouverte aux pires manipulations embryonnaires. Une telle loi mettrait en péril l'équilibre des Français de demain. Jamais, dans toute l'histoire de l'humanité, on ne s'était aventuré vers des utopies aussi délirantes. Purs objets de convoitise égoïste, les enfants deviendraient alors les malheureuses victimes des caprices humains. Mais la nature ne pourra que rappeler le fruit du plan divin : qu'on le veuille ou non, pour que naisse  un enfant, il faut un homme et une femme. Jamais aucune loi ne changera cette irrémédiable réalité.
    Devant la tragédie qui se trame, nous devons employer tous les moyens pour interrompre un projet dont les auteurs paraissent aussi cyniques qu'inconscients. Dès l'été, nous avions invité les Français à défiler nombreux autour de nous dans les rues de Paris le 18 novembre. Ce premier rendez-vous fut un succès auquel les opposants n'ont cru pouvoir répondre que par une mascarade médiatique de quelques activistes provocatrices, dénudées et rémunérées. 
    À la suite de notre appel estival, l'émotion des Français a suscité d'autres initiatives les 17 novembre et 8 décembre. L'unité nécessaire pour fédérer le plus grand nombre n'a pas été trouvée à ces dates. Aussi, ne désirant pas devenir devant l'histoire les auteurs de divisions stériles qui serviraient la triste cause d'une poignée d'homosexualistes et considérant la gravité des faits devant lesquels nous sommes confrontés, nous prenons l'initiative d'appeler à une large mobilisation en demandant aux Français de rejoindre les rangs de l'Institut Civitas dans les rues de Paris le 13 janvier, à l'occasion de la grande marche organisée contre ce projet de l'équipe Ayrault. Nous défilerons sans masquer notre identité ni honte pour notre foi chrétienne, forts de nos convictions, récusant tout esprit de haine pour notre prochain, mais réprouvant fermement les divagations d'un microcosme parisien. Pour notre part, nous ne quémandons aucune amélioration du PaCS. Nous ne perdrons pas non plus notre temps en tactique dilatoire qui consisterait à réclamer des états généraux ou un référendum. Nous irons droit au but en demandant au président de la République de retrouver le bon sens et de retirer le texte gouvernemental auquel lui-même ne semble pas croire.
    Ne nous méprenons pas. Le 13 janvier prochain, les journalistes acquis à la cause du projet de loi tenteront de faire diversion par quelque épiphénomène médiatique dont ils ont le secret, dans l'unique but de victimiser les promoteurs du mariage homosexuel. Nous leur répondrons par une mobilisation de masse qui fera inévitablement reculer le gouvernement.
    Alain Escada,
    président de Civitas http://www.civitas-institut.com/

  • Cet antichristianisme qui se développe en France

    Le Colloque pour la Vie organisé à Biarritz il y a quelques jours par Mgr Aillet a connu un traitement assez similaire à celui de la manifestation du 18 novembre organisée par CIVITAS contre le projet de loi dénaturant le mariage et la parenté. Voilà qui n'est pas un détail et qui mériterait l'attention de tous les catholiques de France.

    Dans les deux cas, ces événements ont fait l'objet de provocations haineuses de la part de milieux unis par un antichristianisme primaire et viscéral qui s'accompagne d'une volonté explicite de subvertir la famille et la moralité. « Aillet, occupe-toi de ton c… », « God save the gouine », « Oui, oui, oui, à la sodomie, non, non, non, à l’inquisition ! », tels étaient les slogans de Biarritz. Parmi les porteurs de cette dernière pancarte, des hommes travestis en religieuses et des femmes affublées de cornes de diable. De quoi nous rappeler l'attaque des FEMEN dénudées, coiffe de religieuse sur la tête et inscriptions pornographiques et blasphématoires sur le corps.

    Le second point commun entre ces deux événements, c'est leur traitement médiatique. Dans les deux cas, les médias n'ont que peu évoqué la réussite de mobilisation de ces événements. Quasiment tous les gros médias ont préféré, dans un cas comme dans l'autre, insister essentiellement sur les contre-manifestations, faisant la part belle aux agitateurs.

    Troisième point commun : les propos de parlementaires socialistes à l'égard de ces événements. A propos de ce colloque pour la Vie, le député PS présent, Sylviane Alaux, parlait à la presse « de provocation pure et simple ». De quoi ici aussi nous souvenir des propos insultants tenus par différents ministres et parlementaires socialistes à l'égard de la manifestation du 18 novembre et de ces 20.000 participants. Et, bien sûr, jamais la moindre condamnation des provocations antichrétiennes pourtant incontestables. On se souviendra pourtant que la même famille socialiste n'avait pas manqué de dénoncer les "provocations" lorsque l'actualité s'était arrêtée sur une obscure bande-annonce -circulant uniquement sur internet- d'un film se moquant de Mahomet ou sur une caricature blessante pour les musulmans publiée dans Charlie Hebdo. Le parti socialiste confirme ainsi ce que beaucoup savaient déjà : au nom de la laïcité républicaine, il s'émeut de toute "islamophobie" tout en applaudissant chaque démonstration de "christianophobie".

    Pour les fondamentalistes de la laïcité, l'ennemi c'est le christianisme. Il est essentiel que chaque catholique en prenne conscience.

    Alain Escada,  président de Civitas

    Le "débat pour tous" selon Binet, rapporteur de la loi homosexualiste
    Le candidat Hollande l'a promis : la « présidence normale » serait celle de l'écoute des citoyens, en rupture avec la présidence « brutale » de Sarkozy. Chose promise, chose due : dans le cadre des tables-rondes organisées sur le « mariage pour tous », Erwann Binet, député PS et rapporteur de la loi pro-homo qui se prépare, a décidé de consulter les différentes parties en toute objectivité. Jugez-en par vous même :
    La première table-ronde a été celle des juristes. Un grand moment de débat démocratique : cinq juristes invités, cinq favorables au projet de loi gouvernemental (encore qu'au vu des positions de certains, il semblerait que le projet gouvernemental n'aille pas assez loin). Le Sieur Binet aurait eu du mal à trouver des juristes contre le projet de loi. Pourtant, seuls quelques... centaines de juristes ont signé l'appel pour le pluralisme à l'Assemblée Nationale sur le débat du mariage et de l'adoption pour tous[1]. Mais sans doute n'est-ce pas encore assez pour M. Binet ?

    Ne soyons pas cyniques. Il n'y eut pas que la table ronde des juristes. La table ronde des sociologues garantissait en effet l'objectivité, puisqu'elle était composée de... Irène Théry, sociologue favorable au projet de loi, Martine Gross, présidente d'honneur de l'Association des Parents Gays et Lesbiens et Virginie Descouture, sociologue qui a notamment reproché au Gouvernement d'être incohérent en excluant la procréation médicalement assistée du débat.

    Il fallut attendre la table ronde réunissant les « psys » pour avoir un semblant de débat. (Rassurons-nous cependant : les opposés au projet de loi était en légère minorité). Enfin, cerise sur le gâteau, M. Binet invita les associations françaises et européennes de lesbiennes, gays et autres trans-je-ne-sais-quoi. Les pauvres, peut-être n'ont-ils pas eu le temps de s'expliquer suffisamment ?

    Face à ces débats (sic) on ne peut plus partiaux, les représentants des religions – connus pour leur opposition – ont eu droit à un peu de temps. Reconnaissons-le, la stratégie du Binet est habile : on invite ces représentants au nom de la DEMOCRATIE, et ce faisant on laisse supposer qu'il n'y a plus que les religions pour s'opposer au « mariage pour tous ».

    Enfin, deux autres tables-rondes doivent encore être organisées : l'une – sur laquelle nous n'avons pas d'informations – est prévue le 13 décembre et réunira les philosophes et les ethnologues ; l'autre est annoncée pour le 20 décembre et permettra de finir en beauté. Le thème ? L'approche des familles homoparentales ! Au cas où nous n'aurions pas compris...

    Quand on voit un tel programme et la composition de la plupart des tables-rondes, on a envie de penser : Staline l'a rêvé, Binet l'a fait !

    Puisque le combat actuel contre l'homofolie se déroule dans le cadre constitutionnel du système démocratique, on aurait aimé que la procédure contradictoire fusse respectée jusqu'au bout. Ne soyons pas naïfs pour autant : les démocrates autoproclamés, férus de débats et de dialogues, sont souvent prompts à suspendre la règle du débat démocratique équilibré lorsque ses résultats ne leur conviennent plus. C'est pour eux un procédé Hollande, pardon... normal.

    Henri Préhaut

    Sources : www.lavie.fr -  www.assemblee-nationale.fr - www.consultation-nationale.fr

    [1]      Voir notamment le site : www.consultation-nationale.fr

    http://www.civitas-institut.com/

  • Affaire Le Pen : il est désormais illégal de dénoncer des comportements illégaux

    Le 10 décembre 2010, à Lyon, Marine Le Pen avait tenu les propos suivants, évoquant les prières de rue :

    « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants. »

    Ce parallèle entre les prières de rue et l’Occupation allemande n’a pas plus à tout le monde. Suite au dépôt d’une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), le parquet de Lyon avait ouvert en janvier 2011 une enquête préliminaire pour « incitation à la haine raciale ».

    Hier, le ministère de la Justice a transmis au Parlement européen une demande de levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen. Procédure classique, à partir du moment où le parquet de Lyon avait ouvert une enquête sur ses propos.

    Quoiqu’il en soit, l’affaire est délirante. Car enfin, l’Islam n’est pas une race : aussi bien l’accusation d’ »incitation à la haine raciale » n’a aucun sens. Par ailleurs, personne n’appelle à la haine des personnes. Marine le Pen est un homme politique, et elle soulève un problème politique : l’envahissement illégal de l’espace public par une communauté. Alors que ses détracteurs utilisent le levier affectif pour tenter de la culpabiliser, faut-il rappeler qu’en politique, il faut prendre de la hauteur et discerner à l’aune du bien public ? Désormais, comble du paradoxe, chacun saura qu’en France, pays prétendu de la liberté d’expression, l’on est susceptible d’être poursuivi en justice pour avoir dénoncé une action illégale…

    http://www.contre-info.com/

  • Henri d’Orléans : « Il faut s’attendre à avoir un jour un Califat à Poitiers »

    « Dans un billet intitulé « L’Islam et l’Islamisme », le Comte de Paris s’insurge contre la naïveté de certains à l’égard de l’islamisme. « Le respect ne doit pas pourtant nous empêcher d’être lucides. Il nous oblige à regarder aujourd’hui une autre réalité en face », écrit celui, qui descend pourtant de Mahomet.

    Bien qu’il considère que « chaque religion a depuis ses origines généré ses extrêmes », il rappelle que « dans le Coran il y a un verset qui nous parle de « Dar al Islam » le pays des croyants et « Dar al Kurf » le pays des mécréants qu’il leur faudra un jour conquérir et convertir ». Et de poursuivre : « Alors que nous avons cru naïvement pouvoir aider l’islamisme modéré dans les guerres du printemps arabe, celles-ci ont donné partout naissance au pouvoir des islamistes extrémistes, car contrairement à l’islam, l’islamisme ne sera jamais modéré ». [...]«

    Lire la suite

    Complément 1 : Relire

    Jacques Ellul, 1989 : «Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra intégrer des musulmans »

    Complément 2 : Alain Besançon : les musulmans « ne se fondent pas dans la population »
    Extraits d’une interview d’Alain Besançon, agrégé d’histoire, docteur en histoire, membre de l’Institut, membre de l’Académie des sciences morales et politiques.

    L’histoire est quand même formelle : les populations musulmanes ne se fondent pas dans la population alentour. C’est un fait, un simple fait. Le 20e siècle a vu une purgation des zones mixtes. Par exemple, il y avait beaucoup de chrétiens en Turquie, en Égypte etc… Ils sont tous partis. Il y avait des musulmans en Grèce, dans les Balkans… Ils sont tous partis. Il y avait des Français en Afrique du Nord, ils sont tous partis…

    En savoir plus ici

    http://www.fdesouche.com

  • Après le Printemps arabe, l’Hiver du chaos, de la charia et de la dictature

    Par Marc Rousset, écrivain, économiste, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

    Les lendemains de la victoire indigne contre Mouammar  Kadhafi menacent de déchanter. Seule l’Afrique du sud aura sauvé l’honneur jusqu’au bout, le vrai coupable étant le clan réformiste de Dmitri Medvedev qui, en s’éloignant de la « Real Politik » de  Vladimir Poutine, en s’abstenant lors de la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force pour protéger les populations civiles, aura laissé s’engouffrer dans la brèche l’impérialisme et l’hypocrisie droit de l’hommiste. Dmitri Medevedv ne l’aura donc pas « volé » s’il se retrouve prochainement simple Président du Conseil Constitutionnel de la Russie à Saint Pétersbourg. Moscou a été floué. Paris et Londres ont outrepassé le mandat accordé par les Nations Unies et trahi Medvedev en renversant Kadhafi, sous couvert de « responsabilité de protéger » les civils. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tout simplement pris parti  dans une guerre civile, comme Hitler et Mussolini pendant la guerre d’Espagne. L’intervention cynique de l’Otan aura eu  non seulement pour seul effet d’augmenter le nombre de morts libyens par rapport aux morts virtuels  de Benghazi, mais en plus elle aura eu pour effet, en détruisant l’État libyen, de conduire la Libye vers l’abîme.
    Le Conseil national de transition n’est pas représentatif de la Libye ! Le CNT devra accorder aux rebelles de l’Ouest (la grande tribu arabe des Zintan  du djebel Nefoussa) une place conforme à leur rôle militaire. Les habitants de Misrata, descendants des Turcs, ont pris les armes contre le régime immédiatement après ceux de la Cyrénaïque car la moitié  de la population de Benghazi descend  d’immigrés originaires de Misrata. Le sentiment d’appartenance tribale et non les bobards  démagogiques de Monsieur Bernard Henri Levy au sujet de la démocratie, des droits de l’homme et de la  liberté individuelle,  est la donnée fondamentale de compréhension des réalités libyennes. Il va s’agir de répartir la rente pétrolière en veillant à respecter les équilibres entre tribus et régions, d’où comme en Irak et surtout Somalie le risque de conflits sans fin entre tribus menaçant l’unité et la paix  du pays. L’échiquier libyen est complexe : la région de Bani Walid est le fief des Ouarfalla ; Tarhoufa est le le fief de l’importante confédération tribale des Tarhouna ; Syrte, d’où est originaire Mouammar  Kadhafi  est le fief des Kadhafa ; le Fezzan est le fief des populations kadhafa,magariha, hassouana et touarègues rétribuées et recrutées par le régime ; les habitants de Taourgha manifestent une méfiance ancienne à l’encontre des habitants de Misrata ; la population jaramna de Ghadamès, à la frontière algérienne, est toujours demeurée fidèle au pouvoir. On prend encore mieux conscience du puzzle tribal  lorsqu’on apprend que Mizda, fief des Malachiya et des Aoulad Bou Saif, ainsi que  les oasis d’Aoujila, Waddan,  Houn, Soukna et  Zliten, fief des Aoulad Shaik, se méfient de ceux de Misrata !(1) Il faut savoir enfin qu’en Cyrénaïque, l’État libyen est très marqué par l’existence sous-jacente de mouvements islamistes et de la puissante secte Sénoussie qui avait donné naissance à la première monarchie de 1947. Les Tribus en Tripolitaine considèrent les gens de la Cyrénaïque comme des  péquenauds prenant le pouvoir  et imposant leur  nouveau drapeau (le drapeau de la Cyrénaïque, soit un rectangle noir avec un croissant d’Islam blanc, avec seulement deux bandes supplémentaires, une rouge pour le Fezzan et une verte pour la Tripolitaine. Bref, l’OTAN avec ses bombardements unilatéraux, ses porte-avions et ses hélicoptères  a fait pencher la balance des armes du côté du CNT , sans tenir compte de l’équilibre  des forces  sociologiques propres à la Libye. Les médias  du politiquement correct se sont bien gardés de dire que tous les noirs en Libye, soupçonnés d’être des mercenaires, font l’objet d’exactions de la part des fiers combattants du CNT car cela ne correspondait pas aux  contes de fées  droit de l’hommistes  du  nouveau paysage libyen.
    Dmitri Rogozine, Ambassadeur de la Russie à l’Otan , a admirablement bien résumé la situation en Libye et du Printemps arabe : « Nous ne sommes pas fait d’illusion sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que  c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et Al-Qaïda »(2). De son côté le Ciret (Centre international de recherche et d’étude sur le terrorisme) s’est inquiété , en revenant de Libye, de l’existence d’une tentation islamiste parmi les insurgés. Son rapport dénonçait le projet d’instaurer une charia islamique dans la Libye d’après Kadhafi. Il n’est un secret pour personne que des islamistes radicaux se sont battus dans les rangs rebelles. Abdelhakim Belhadj est devenu le gouverneur militaire de Tripoli, non reconnu par les tribus de l’Ouest  qui ne veulent pas se faire voler leur « victoire ». Capturé par la CIA en 2003,nommé « émir » du Groupe islamique combattant (GICL)libyen, adoubé par Ben Laden en 2007, il est connu pour avoir été proche de Zarqaoui, le chef d’al-Qaida en Irak. Il n’est pas le seul ancien du CICL à avoir été propulsé à un poste militaire de premier plan en Libye Les objectifs démocratiques des pays occidentaux sont du pain bénit pour les Islamistes radicaux, comme cela a failli être le cas en Ouzbékistan si la Russie n’était pas intervenue en 2005  pour mettre en place un dictateur à poigne, Islam Karimov, seul capable d’écarter le danger islamique. La lutte en Libye va, d’ici peu, devenir féroce entre les laïcs et les islamistes. Il est également clair que si le CNT ne parvient pas à démilitariser les milices, ce qui est plus que probable, ni à instituer les conditions de la stabilité et de la sécurité, des conflits lancinants entre tribus apparaitront, tout comme en Somalie ! Voilà où nous conduit la pantomime  démocratique de Nicolas Sarkozy qui, une fois encore, veut  nous faire prendre les vessies libyennes pour des lanternes !
    Tout cela n’est pas sans nous rappeler la Somalie, où après la défaite du groupe islamiste al-Shebab, les luttes chaotiques et violentes ont commencé entre les clans pour savoir qui, après vingt années de conflit, prendra le contrôle du pays. La situation actuelle est la pagaille la plus complète et l’instabilité la plus totale avec la création de vingt mini-États sur-armés non viables qui se disputent le pouvoir dans une ambiance de guerres régionales. On ne peut pas également ne pas penser à l’Irak avec la suppression des institutions solides de Saddam Hussein et l’absence totale  de cohésion entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes. Les Irakiens reprochent  aujourd’hui aux États-Unis  comme demain les Libyens à la France et à la Grande-Bretagne d’avoir mis en pièces leur société et d’envisager de se retirer sans réparer les dégâts, avec en prime  pour enjoliver le tableau la disparition programmée des chrétiens !
    Je reviens  personnellement d’un voyage en Égypte cet été ! Les Égyptiens se fichent comme de l’an 40 de la démocratie ! Ce qu’ils veulent, c’est croûter, comme nous le répétait notre guide copte et comme me l’a montré le cocher d’une calèche à Louxor en attirant mon attention sur son estomac et la maigreur de son cheval ! Or le problème fondamental, même si l’on tord le cou à tous les Moubarak et les oligarques égyptiens de la terre, c’est que l’Égypte, avec sa population de 80 millions d’habitants sur 4% de territoire utile autour du Nil, entouré de toutes parts du désert, n’est pas un pays viable ! Et  cerise sur le gâteau, suite à l’éviction de Hosni Moubarak, le premier ministre égyptien Essam Charaf a jugé que le traité de paix signé en 1979 avec Israël, premier ratifié entre l’Etat hébreu et un pays arabe, n’était pas sacré ! La mise à sac des archives de l’ambassade d’Israël  au Caire, avec destruction d’un mur d’enceinte,  est venue couronner les prémisses du désastre, de la catastrophe monumentale  qui s’annonce ! Tout cela se terminera donc par une nouvelle dictature militaire ou la chape  de fer de la  charia islamique pour ramener l’ordre dans les chaumières, sans remplir les estomacs pour autant !
    Même chose en Libye, mais pays riche par rapport à sa population, contrairement à l’Égypte. Les Libyens veulent avant tout du travail, une bonne éducation pour leurs enfants, de bons  hôpitaux, vivre normalement. C’est ce qu’ils avaient avec Mouammar Kadhafi qui de plus, avait amélioré la condition féminine. Les Libyens, suite aux chimères et rêveries de liberté démocratique risquent bien de tout perdre sans jamais avoir de liberté  individuelle pour autant, les  réalités holistes de la tribu s’imposant à tous. Ils risquent de tout perdre pour leur qualité de vie, avec  en prime des guerres  intestines incessantes et des violences sans fin. Il est fort probable que d’ici peu de temps, les Libyens vont commencer à regretter Kadhafi, nonobstant les haines tribales des gens de Benghazi et de Misrata qui, au mieux feront place aux haines nouvelles des tribus pro-Kadhafi, soit un prêté pour un rendu.
    Quant à la Tunisie, l’impression de gâchis de la  « révolution de jasmin ». est chaque jour plus forte. En 2011, l’insécurité a nettement augmenté ;  les troubles, les grèves augmentent et la fréquentation touristique a baissé de 40% tandis que les recettes baissaient de 50%. La guerre civile avec les islamistes qui tentent de miner les institutions laïques est maintenant possible. De 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4% par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant, alors qu’au mieux , elle sera proche de 0% en 2011. L’éviction de Ben Ali est donc une catastrophe pour la Tunisie, même si lui et sa famille s’en mettaient plein les poches ! En  Tunisie, on ne peut pas ne pas penser aux grenouilles qui demandent un roi. La Tunisie connaîtra demain soit une dictature militaire  soit la prise de pouvoir par les islamistes.
    Il est probable que les barbus tunisiens  d’Ennadha et leurs compères égyptiens des Frères musulmans, tout comme leurs compères libyens, attendent le moment propice pour récolter ce qu’une main invisible a semé durant le «  Printemps arabe ». En Libye, le CNT rase dores et déjà gratis ! Le CNT se donne huit mois pour rédiger une constitution s’appuyant sur la charia et non pas sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce qui était le prétexte de l’intervention occidentale ! Et avec  beaucoup de chance, des élections auront lieu après environ 20 mois ! D’ici là, de l’eau aura coulé sous les  ponts dans le désert libyen !  Il semble que, dans le contexte de la Pensée Unique, Nicolas Sarkozy et  les charlatans du Politiquement correct, du Droit de l’Hommisme, de la Démocratie universelle  in abstracto, de l’IrrealPolitik, n’aient pas tenu compte des réalités politiques, historiques, sociologiques et économiques des pays arabes. Il leur suffisait cependant de retenir les leçons du renversement du Shah d’Iran par l’Ayatollah Khomeiny ainsi que du  très difficile  rétablissement  de l’ordre et de la paix par la Russie dans le Caucase,  en Ouzbékistan et en Asie centrale !
    M.Rousset http://www.scriptoblog.com/
    ( 1 ) Libye, les conditions de l’unité nationale, Le Monde diplomatique, septembre 2011, p16
    ( 2 ) Le Figaro du samedi 18 septembre 2010

  • Égypte : l'opposition rejette majoritairement le référendum

    Le Front du salut national réunissant les principaux partis et courants de l’opposition égyptienne a décidé de rejeter le référendum sur le projet de constitution. Le Front appelle à une série d’actions contre ce qu’il considère un diktat. L’opposition appelle notamment à une nouvelle manifestation mardi prochain.
    Pour le Front du salut national, il n’est même pas question de boycotter le référendum sur le projet de constitution car ce serait lui donner une certaine légitimité. Un projet qui selon le Front porte atteinte aux droits sociaux et politiques basiques et pave la voie à la dictature. 
    Autre raison du rejet, ce que le Front appelle «la montée de la violence et du terrorisme exercé par les milices islamistes» contre des institutions vitales comme la justice et les médias. La cité des médias qui regroupe toutes les télés privées est assiégée depuis trois jours par des milliers d’islamistes qui filtrent les entrées et les sorties. 
    Le Front souligne que le ministère de l’Intérieur est lui-même soumis aux pressions des islamistes qui exigent qu’il réprime violement les manifestations de l’opposition. Le Front appelle aussi le peuple, pressuré par de nouvelles taxes et augmentations des prix, à rejoindre la grande manifestation prévue mardi. Un mardi qui pourrait sombrer dans la violence si les islamistes mettent à exécution leur menace d’organiser des contre-manifestations.

    Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/