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Les nouvelles guerres de religion + Pierre Hillard
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Après Erdogan, Morsi ? Autant en emporte le vent
Il y a une semaine, nous constations la chute accélérée de la position du Turc Erdogan, qui n’avait pu réussir, au long de la crise de Gaza (Gaza-II), à se rétablir dans la perception de l’opinion musulmane et de celle du reste du monde. Gaza-II n’avait démontré qu’une chose : la toute-puissance de la position de Morsi, l’homme-clef de la crise, montrant de la fermeté vis-à-vis d’Israël tout en contrôlant le Hamas et en s’attirant le soutien enthousiaste de Washington. C’était effectivement le 23 novembre 2012 que tout cela était rapportét.
«D’un côté, il y a une appréciation générale selon laquelle Erdogan s’est trouvé dans cette crise à la remorque de Morsi, tandis que son attitude durant ces quelques jours est perçue plutôt comme de la gesticulation sans beaucoup de substance. […][S]elon un article du New York Times [… :] “The analysts stressed that while Turkey became a vocal defender of Palestinians and a critic of the Israeli regime, ‘it had to take a back seat to Egypt on the stage of high diplomacy.” […] “While most of the region’s leaders rushed to the nearest microphone to condemn Israel, the normally loquacious prime minister was atypically mute,” said Aaron Stein from a research center based in Istanbul. Stein added that while Erdogan was touring a factory that makes tanks, Egypt President Mohamed Morsi had “put his stamp on world réaction…»
• L’impression est immanquable : Erdogan est “perdu corps et bien”, Morsi est le grand homme d’une époque nouvelle… Combien de temps, cette “époque nouvelle” ? Eh bien, disons, une semaine, dix jours, deux semaines ? Aujourd’hui, Morsi est à la dérive ; l’on dirait presque, bientôt, qu’il est “perdu corps et bien”… Le constat semble aussi rapide que le temps qui passe et que l’Histoire se fait.
• Ces trois-quatre derniers jours, Morsi s’est trouvé entraîné dans le tourbillon d’une contestation qui prend des allures, une fois de plus, révolutionnaires, ou plutôt déstructurantes ; destructrices de structures encore si fragiles mises en place peu à peu depuis le départ de Moubarak, et dont Morsi avait pensé qu’elles suffiraient à canaliser les passions et les fureurs. Le schéma est assez simple : deux ou trois jours après sa “victoire” dans Gaza-II, au pinacle de sa puissance nouvelle, Morsi s’est jugé en position de force pour assurer son pouvoir intérieur en relançant sa querelle avec le pouvoir législatif, contre lequel il avait lancé jusqu’ici des assauts contenus et même retournés contre lui, et cette fois lui-même pour placer un coup décisif. Il semble que Morsi se soit trop appuyé sur ses conseillers juridiques, selon le journaliste Rana Mamdouh, du quotidien Al-Akhbar English, ce 27 novembre 2012 : «As Egyptian President Mohammed Mursi faces yet another showdown with the judiciary, this time over his recent decree placing himself beyond the power of the courts, sources tell Al-Akhbar that the real masterminds behind these disastrous decisions are Mursi’s advisors.»
Rana Mamdouh semble, d’après ses sources, assez pessimiste sur l’issue de la crise pour Morsi, qu’il voit dans une nouvelle capitulation du même Morsi face au pouvoir législatif : «The president, on the other hand, met with the Higher Judicial Council on Monday in an attempt to close the rift caused by the declaration. The meeting was widely seen as an attempt to find a way out while allowing Mursi to save face – this would be the fourth reversal of a presidential decision in relation to the judiciary.»
• …Pourtant, serait-on tentés d’écrire, Morsi semblait avoir assuré sa position, notamment auprès des USA. Justement : à quoi servent les USA aujourd’hui et qui s’en soucie vraiment, au Caire, dans la rue par où doit passer toute décision politique ? La caution des USA, n’est-ce pas la caution de l’incendiaire donnée à l’apprenti-pompier ? Le même Al-Akhbar English, du 27 novembre 2012, publie une rapide et savoureuse mise en situation sur son Live Blog, le 27 novembre au matin ; laquelle nous montre 1) que le côté américaniste est affolé et ne comprend plus rien à une situation qu’il n’a jamais comprise, avec l’ambassade tweetant que, finalement, elle serait plutôt contre Morsi et aux côtés des révolutionnaires, du peuple et des droits de l’homme ; 2) que les contestataires anti-Morsi n’ont rien à faire des manifestations diverses de l’américanisme affolé, sinon à leur faire passer texto le message qu’ils ne veulent plus des accords de Camp David (accord de paix Israélo-Égyptien)…
« Who cares what the US says anyways ? » Are the Americans back peddling on Mursi ? Under Mubarak, the US maintained its opposition to the Brotherhood. When Mursi won the presidential election and made clear his intentions to maintain ties with Israel and keep providing them with fuel, the US backed him. It was just a few days ago that US Secretary of State Hillary Clinton praised Mursi's “leadership” on Gaza. Now today, the US Embassy in Cairo basically called Mursi a dictator or Twitter: » “ @USEmbassyCairo : The Egyptian people made clear in the January 25th revolution that they have had enough of dictatorship #tahrir”.
»Conveniently, the embassy failed to address the incident just outside its doors earlier today when an activist was killed by riot police. Those protesters aren't just sending a message to Mursi, they are also rallying against US meddling in their internal affairs, and in particular, Camp David.»
• Première conclusion (sous forme de question) : Morsi est-il en train de prendre une direction semblable à celle d’Erdogan, par d’autres voies ? Seconde conclusion : il semblait bien que ces deux dirigeants musulmans, supposés habiles, certainement réformistes et un poil révolutionnaire, populiste sans aucun doute, charismatiques, étaient du genre “qui a compris que la rue pèse d’un poids terrible” après le “printemps arabe” ; eh bien, sans doute ne l’ont-ils pas assez bien compris.
… Mais est-ce bien une question de “bien comprendre”, finalement ? L’impression générale, dans la région, est véritablement celle d’un tourbillon évoluant en spirale vers un trou noir, que plus personne ne peut espérer contrôler. La tension générale ne rend pas compte de lignes de force tendant à imposer leurs lois, mais au contraire d’un désordre grandissant, d’un chaos où s’accumulent toutes les composantes de la crise terminale du Système, de type postmoderniste. Tous les pays autour de la Syrie sont en train de se transformer en une sorte de Pakistan circulaire, encerclant la Syrie-Afghanistan. La Turquie attend la réponse la plus stupide possible de l’OTAN (un “oui”) à la requête la plus stupide possible qu’elle ait faite, de déployer des Patriot de pays de l’OTAN (on connaît leur redoutable et presque légendaire inefficacité) à la frontière syrienne, sous contrôle d’engagement de l’OTAN. Tout le reste est à l’avenant, avec l’hypothèque absolument terrifiante de la destinée de l’Arabie Saoudite, qui se trouve au seuil d’une période explosive et absolument déstructurante. Tous les grands projets plus ou moins teintés d’idéologie religieuse et activiste, sunnites, salafistes, etc., sont en train de s’évaporer sous la poussée du désordre, avec même le Qatar qui se retire de plus en plus, tandis que les diverses forces en présence se transforment de plus en plus en bandes, en réseaux du crime organisé, etc. La pathétique sottise américaniste-occidentaliste domine tout ce champ de ruines de sa haute taille et de sa prétention sans faille et au pas précautionneux, – l’image du paon ferait bien l’affaire, – attentive à venir poser, à la moindre occasion, par exemple à l’aide d’un de ses drones dont le président BHO “qui marche sur l’eau” a le secret, un de ces actes stupides, absurdes, nuisibles et illégaux, pour encore aggraver ce qui est déjà si grave.
Dès qu’un homme apparaît et paraît pouvoir prétendre “chevaucher le tigre”, – et même un de ces hommes au demeurant d’allure et de conviction qui nous le rendraient sympathiques, – il est finalement désarçonné, et nullement au profit du Système qu’il semblait en position de pouvoir affronter, mais dans un dessein finalement radicalement antiSystème, – parce que cet homme-là, justement, n’est pas assez antiSystème pour les desseins supérieurs consentant à s'occuper des choses du monde. Bien qu’un Erdogan en son temps, puis un Morsi dans le sien, soient loin de nous sembler des marionnettes du Système, et même au contraire, la terrible loi du comte Joseph de Maistre joue contre eux. «On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse... [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement.» Erdogan et Morsi ne sont pas des “scélérats”, à l’image des révolutionnaires français, mais ils restent au service de desseins extérieurs à eux, qui se débarrassent d’eux s’ils prétendent trop précisément interrompre le cours de “la révolution”, qu’on nomme ici “printemps arabe”, qui n’a pas pour tâche d’établir ni la démocratie ni les droits de l’homme, qui a pour tâche d’abattre les structures du Système et rien d’autre. Le chaos a un envers qui le rend lui-même nécessaire.
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Benoît XVI et la christianophobie » musulmane
l y a un peu plus de cinq ans, peu de mois après l'élection de Benoît XVI, Michel De Jaeghere publiait une Enquête sur la Christianophobie (Renaissance Catholique) pour mettre en lumière un des faits majeurs de notre temps : malgré la tolérance grandissante dont a fait preuve l'Église en bien des domaines, malgré la liberté des consciences en matière religieuse qu'elle a définie au concile Vatican II, l'anticléricalisme n'a pas disparu. Ou plutôt, selon la formule du cardinal Bille, alors primat des Gaules, lors de la conférence des évêques de France à Lourdes, en novembre 2000, se développe « une sorte d'antichristianisme contre lequel l'évocation de ce que notre civilisation peut devoir au christianisme s'avère peu opératoire ».
Michel De Jaeghere appelait « christianophobie » le phénomène qu'il décrivait avec brio : « une contestation, une haine du catholicisme, de sa doctrine, de son histoire, de ses fidèles ».
Pour la première fois, Benoît XVI a repris ce terme de « christianophobie ». C'était le 20 décembre, dans le traditionnel discours de fin d'année à la Curie romaine. Il employait le mot en référence au sort des chrétiens au Moyen-Orient, « Nous sommes témoins avec épouvante, disait le Pape, d'actes de violence dans lesquels ce qui est sacré pour l'autre ne se respecte plus, dans lesquels même les règles les plus élémentaires de l'humanité s'écroulent. Dans la situation actuelle, les chrétiens sont la minorité la plus opprimée et tourmentée. »
Il y avait eu, quelques mois auparavant, le 31 octobre, l'attentat contre la cathédrale syriaque de Bagdad qui avait tué 46 fidèles ; le plus meurtrier d'autres attentats et assassinats qui ont visé les chrétiens en Irak. Depuis le discours du Pape, il y a eu encore, le 1er janvier 2011, l'attentat contre une des églises coptes d'Alexandrie qui a fait 21 victimes. Et l'on n'évoquera pas la longue liste des pays, tous musulmans, du Maroc au Pakistan, où les chrétiens sont persécutés à des degrés divers : punition pour les convertis, expulsion des missionnaires, ou exécutions légales, assassinats et attentats.
Tariq Ramadan, un des idéologues de l'islamisation de l'Europe, estime que « la peur de l'Islam s'est installée en Occident, à cause de la nouvelle visibilité des musulmans », et que, dans les attentats anti-chrétiens, « l'Islam n'est pas le problème ». Il met en cause « des groupes extrémistes violents ».
Appel aux responsables politiques et religieux
Evidemment, Tariq Ramadan fait une analyse mensongèrement irénique de la situation. On n'assimilera certes pas les pays musulmans qui votent des lois anti-chrétiennes (loi contre le prosélytisme au Maroc et en Algérie, loi anti-blasphème au Pakistan, etc.) aux actions terroristes menées par des groupes indépendants des États. Mais il y a bien une orientation générale de l'Islam qui est hostile aux chrétiens. Dans le meilleur des cas, les autorités des pays concernés cherchent à restreindre le plus possible l'influence et l'apostolat des chrétiens. Ailleurs, c'est l'interdiction, la punition ou l'impunité laissée aux plus violents, aux plus « extrémistes ».
Le vaticaniste Sandro Magister, faisant référence au célèbre Discours de Ratisbonne en 2006, relevais il y a peu, combien « la proposition "raisonnable" du pape aux musulmans continue à ne pas être entendue ». Il estimait aussi que « l'actuelle "stratégie de violences" antichrétienne est la preuve que le monde musulman est dramatiquement éloigné de cette révolution des Lumières souhaitée par le pape Benoît XVI ».
Benoît XVI n'est pas dans une posture naïve face à l'Islam. Dans son discours du 20 décembre dernier, il n'attribue pas la « christianophobie » musulmane à des groupes extrémistes. Il voit bien que c'est, selon les cas, une politique étatique et/ou religieuse. En conséquence, espérant contre toute espérance, il lance, dit-il, « un cri fort adressé à toutes les personnes qui ont une responsabilité politique ou religieuse pour qu'ils arrêtent la christianophobie ; pour qu'ils se lèvent pour défendre les réfugiés et ceux qui souffrent et revitaliser l'esprit de la réconciliation ».
Yves Chiron Présent du15 janvier 2011Lien permanent Catégories : actualité, culture et histoire, insécurité, lobby, religion 0 commentaire -
Aux origines de la Reconquista (Xe-XIe)
Vers l’an mil a lieu une mutation d’une grande importance en Espagne : alors qu’al-Andalus (l’Espagne musulmane) entre dans une crise profonde qui conduit à son éclatement au cours du XIe siècle, l’Occident connaît un formidable essor démographique et économique, s’accompagnant d’une grande ferveur religieuse. La Chrétienté « se barde de fer » selon la formule de Munier-Jolain, historien du XIXe siècle.
Avant le XIe siècle, il est inexact de parler de Reconquista et d’ailleurs les territoires reconquis jusqu’à cette date sont négligeables. Ce ne’st qu’après le double « électrochoc » du sac de St-Jacques-de-Compostelle et du sac du Saint-Sépulcre, que l’idée d’une reconquête légitime de l’Espagne fait son chemin jusqu’à devenir un projet dynastique pour les souverains chrétiens espagnols. A cet égard, le royaume d’Aragon joue un rôle d’impulsion mais c’est le royaume de Castille qui s’étend le plus rapidement à l’Ouest de la péninsule. Le XIe siècle voit d’ailleurs la reconquête symbolique de Tolède, l’ancienne capitale des Wisigoths.
I. Les événements déclencheurs
L’Espagne chrétienne vers l’an mil. Cliquez pour grossir.● Les raids musulmans de l’an mil
Al-Mansûr par
Francisco Zubaran (XVIIe).A la fin du Xe siècle, al-Mansûr (« le Victorieux »), vizir du calife de Cordoue Hisham II, mène une série d’expéditions vers les territoires chrétiens du Nord. En 983, la ville de Simancas est détruite et les habitants, réduits en esclavage, sont envoyés à Cordoue. En 985, la ville de Barcelone est prise et mise à sac. Mais l’événement qui va frapper profondément toute la Chrétienté est l’expédition de 997 contre le sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle. Avec une gigantesque armée, al-Mansûr assiège la ville, puis la prend et l’incendie. La basilique est rasée et les cloches ramenées à Cordoue. C’est un véritable traumatisme qui secoue monde chrétien. En Orient, un peu plus de 10 ans plus tard (en 1009), le calife fatimide al-Hakim rase le Saint-Sépulcre (remarquez la synchronicité des événements).
● L’éclatement d’al-Andalus en taifas
Alors que vers l’an mil l’Occident chrétien entre dans une phase d’essor démographique et économique, l’Espagne musulmane, après la mort d’al-Mansûr (1002), connaît de graves troubles politiques, économiques et surtout ethniques. Al-Andalus est alors une véritable mosaïque de peuples entre les Arabes, les Berbères et les Hispaniques arabisés. L’affaiblissement du pouvoir central, les haines inter-ethniques et les difficultés économiques provoquent la dislocation de l’Espagne musulmane en de multiples principautés appelées taifas et la fin du califat omeyyade (1031).
Cette division politique ne peut que profiter aux Chrétiens, les taifas contrôlés par différents groupes ethniques entrant en concurrence pour tenter d’imposer leur hégémonie.
● L’apparition d’un front
Jusqu’au Xe siècle, les royaumes chrétiens du Nord sont séparés des territoires musulmans par une sorte de vaste no man’s land que ni Cordoue, ni les Chrétiens ne contrôlent vraiment. Avec le roi de Navarre Sancho III (début du XIe), l’espace qui sépare l’Aragon et la région musulmane de Huesca se rétrécit considérablement. Ce point qui peut paraître anecdotique est fondamental : un front (au sens militaire du terme) apparaît entre deux mondes culturels diamétralement opposés.
Le vocabulaire employé par les textes latins traduit ce changement de la perception de la « frontière » : jusque vers l’an mil, les souverains utilisent le mot Extrematura (« marche ultime ou extrême ») pour désigner les bornes du Sud de leurs domaines. Vers le milieu du XIe siècle, et pour la première fois dans les documents parvenus jusqu’à nos jours, apparaît le terme de « frontière » dans le testament dressé par le roi Ramiro Ier en 1059. Le mot est réemployé 3 ans plus tard dans un texte concernant Falces (Ribagorce) où le roi précise comment l’on doit se comporter en tant que guerrier en terre de « frontière ».
II. Les débuts de la Reconquista
● La naissance de l’idéologie
Sancho Ramirez.C’est au XIe siècle que naît l’idéologie de la Reconquista. En 1063, le pape Alexandre II décide d’accorder la rémission de leurs péchés à tous ceux qui iraient combattre les Sarrasins d’Espagne. La guerre contre les musulmans devient une « guerre sainte » (au sens « sanctifiant » du terme). Le roi d’Aragon Sancho Ramirez bénéficie de l’appui du souverain pontife et se rend à Rome en 1068, où il place son royaume sous la dépendance du pape, l’Espagne étant considérée comme ayant autrefois appartenu au patrimoine de saint Pierre. En échange, le roi se voit qualifié par les actes de chancellerie de rex Hispanie, titre prestigieux dont bénéficiera aussi son fils Pedro Ier. Sancho Ramirez et le pape continuent à entretenir des relations privilégiées par la suite.
● La prise de Barbastro et la réaction musulmane
La première grande victoire remportée par les Chrétiens est la prise de Barbastro après 40 jours de siège, près de Huesca, en juillet 1064. L’opération réunit Ermengol III, comte d’Urgel, des chevaliers normands placés sous le commandement de Robert Crispin et peut-être le duc d’Aquitaine (sa participation longtemps admise est en réalité peu probable). La chute de la cité est alors un choc psychologique pour les musulmans d’al-Andalus.
La réaction ne tarde pas : dès 1064, le souverain du taifa de Saragosse, al-Muqtadir, attaque la haute vallée du Duero puis massacre des Chrétiens dans sa cité de Saragosse l’année suivante. Il lance également un appel au djihad à tous les musulmans d’al-Andalus. Il récupère Barbastro et le comte d’Urgel trouve la mort dans un combat.
● La Reconquista jusqu’à Tolède (1085)
En 1069, Al-Muqtadir conclut un traité avec le roi de Navarre Sancho de Peñalén en échange du versement d’un tribut de 12 000 monnaies d’or. Le roi de Navarre s’engage à adresser une ambassade au roi d’Aragon Sancho Ramirez pour lui demander de cesser les hostilités, sans quoi il s’engagerait à combattre aux côtés d’al-Muqtadir. Le traité est renouvelé en 1073.
L’assassinat en juin 1076 de Sancho de Peñalén met fin aux difficultés rencontrées par le roi d’Aragon. Le mois suivant l’assassinat, Sancho Ramirez s’empare de Pampelune et d’Estella. En 1082, al-Muqtadir meurt, facilitant la reconquête. En 1083, le roi d’Aragon capture Graus, remporte la bataille de Pisa contre les musulmans (au sud de Naval), et reprend Secastilla.
Du côté de la Castille, le roi Alphonse VI parvient en 1069 à faire payer un tribut au souverain du taifa de Séville, Abbad III, puis, soutenu par la papauté, met le siège devant Tolède. Après 11 ans de guerre, l’ancienne capitale des Wisigoths capitule en 1085. En 1090, Sancho Ramirez accourt à l’aide d’Alphonse VI pour repousser victorieusement les Almoravides décidés à reprendre la ville.
Muraille de Tolède, porte près du pont d’Alcantara.Bibliographie :
LALIENA, Carlos ; SÉNAC, Philippe. Musulmans et chrétiens dans le haut Moyen Âge : aux origines de la reconquête aragonaise. Minerve, 1991.
MENJOT, Denis. Les Espagnes médiévales, 409-1474. Hachette supérieur, 1996.
SÉNAC, Philippe. Al-Mansûr. Perrin, 2005. -
« Le vrai génie du christianisme / Laïcité Liberté Développement » de Jean-Louis Harouel.
Les religions séculières qui, surtout depuis la seconde moitié du XXe siècle, ont prospéré sur le déclin tant du catholicisme que du protestantisme, permettront-elles de préserver ce qui, selon Jean-Louis Harouel, fut Le vrai génie du christianisme en assurant pendant plus d’un millénaire la suprématie morale, intellectuelle, scientifique et technique de l’Europe ? Rien n’est moins sûr. CL
La France, « fille aînée de l’Eglise », a vécu. S’il fallait une preuve de l’effacement des valeurs chrétiennes – alors même que celles-ci s’inspirent de la Loi naturelle –devant les droits de l’homme devenus sacro-saints, on la trouverait dans le refus gouvernemental de tout débat préalable à l’instauration du « mariage pour tous » appelé pourtant à bouleverser irrémédiablement code civil, famille et société. Comment en est-on arrivé là ?
Le « miracle chrétien », né de la disjonction du politique et du religieux
Dans la première partie de son dernier livre, Le vrai génie du christianisme, bourré de citations dûment référencées mais qui auraient gagné à être élaguées, le grand juriste Jean-Louis Harouel démontre qu’en dissociant d’emblée le spirituel du temporel, les deux axiomes christiques, « Mon Royaume n’est pas de ce monde » et « Tu rendras à César ce qui appartient à César », ont fait de l’Europe la maîtresse du monde. Grâce à cette « disjonction » qui fut, il est vrai, une longue marche souvent entravée par l’augustinisme et un « césaro-papisme » récurrent s’étant perpétué dans l’orthodoxie, le monde chrétien, bientôt réduit à l’Europe par les invasions musulmanes, échappait au monisme et constituait, « avant même la Renaissance » et donc la Réforme, un terreau favorable à l’émergence de sciences et de techniques toujours plus innovantes. Ces dernières, bientôt mises en pratique, provoquèrent « un progrès fulgurant » dont les résultats ne furent pas seulement économiques : la machine se substituant à l’homme, l’esclavage qui, malgré l’ONU, sévit toujours en Afrique et dans la péninsule Arabique, fut ainsi très tôt aboli sur notre continent.
On y connut un rayonnement inouï alors que l’islam, religion normative, ne développait guère le « prodigieux patrimoine matériel et intellectuel » qu’il avait raflé des Echelles du Levant au détroit de Gibraltar et que la Chine, qui avait pourtant, elle aussi, multiplié les inventions telles celles du papier, de la poudre, de la boussole ou de l’imprimerie (que, soit dit en passant, lui dispute la Corée), était empêchée de les exploiter par son conservatisme superstitieux et un « animisme magique » qui lui interdisait « d’indisposer les esprits ». L’auteur cite ainsi le cas de hauts-fourneaux privés alimentés dans le nord de Cathay par « des gisements de minerai et de charbon d’exploitation aisée » dont la production, qui « semble avoir atteint quelque 100.000 tonnes vers 1080 », fut arrêtée net sur l’ordre de l’empereur et des mandarins ; ceux-ci y voyaient « un grave désordre social » et une « menace pour les valeurs confucéennes ».
Des valeurs évangéliques subverties à la religion d’Etat
Revers de la médaille : si, en dissociant le religieux du politique, le christianisme libère l’esprit, naturellement créatif et entreprenant, de l’homo europaeus, il constitue par là même une « religion de la sortie de la religion » au profit de croyances millénaristes ou de religions séculières, en particulier celle des droits de l’homme. C’est ce qui se passe depuis les Lumières, le mouvement s’étant accentué à partir de la IIIe République dont l’un des fleurons, Ferdinand Buisson, aujourd’hui référence de l’actuel ministre de l’Education nationale Vincent Peillon (1), professait : « La morale laïque reste la plus religieuse des morales en même temps que la plus morale des religions », cependant que le député Edgard Quinet voulait forger dans tous les élèves de la Laïque des « Christs républicains ».
Toutefois, estime Jean-Louis Harouel dans la dernière partie de son livre, « ce n’est que dans le courant du second XXe siècle que la religion de l’humanité va devenir la religion d’Etat que nous connaissons ; un système politico-réglementariste, coercitif et répressif » et donc renouant avec un monisme totalitaire… avec la bénédiction de tant de clercs et même de pontifes. Feignant de s’appuyer sur des valeurs évangéliques subverties, ces « idées chrétiennes devenues folles », ce système implique en réalité la disparition du libre-arbitre et du droit au doute chez l’homme européen, ainsi que la disparition de nos nations et de nos civilisations elles-mêmes sacrifiées sur l’autel de l’antiracisme et de « l’ouverture à l’Autre » : ouverture des frontières mais aussi des institutions et même de la législation puisque, avant le « mariage pour tous », la polygamie avait été légitimée par le Conseil d’Etat.
Une irréversible régression du droit ?
Me Eric Delcroix, si longtemps inlassable avocat des mal-pensants poursuivis en vertu des lois scélérates Pleven et Gayssot, l’avait montré de manière lumineuse dans deux livres prémonitoires, Le Théâtre de Satan (2) et Manifeste libertin (3), flétrissant l’inféodation des pouvoirs exécutif et législatif mais aussi judiciaire à l’ « ordre moral antiraciste ». Agrégé de l’histoire du droit, J.-L. Harouel le déplore à son tour : « Sous l’effet de l’augustinisme politique de la religion des nouveaux droits de l’homme, l’Etat se définit et se légitime par sa mission religieuse ». Anxieux d’imposer son nouvel ordre moral, cet Etat tout à la fois criminel et suicidaire a donc rétabli « la punition judiciaire du blasphème et du sacrilège » (exclusivement extra-chrétien). Cette « immense régression par rapport au droit pénal du XIXe et du premier XXe siècle » a pour objectif et conséquence la « sacralisation » des groupes positivement discriminés par le nouveau Code pénal, soit « les Juifs, les étrangers, les “minorités visibles”, les Noirs, les immigrés, les homosexuels, les handicapés, les femmes ». Il faut y ajouter, bien sûr, les musulmans qui considèrent à juste titre, tel le très répandu Tariq Ramadan, que si « la liberté de religion n’est pas un bien en soi », elle « est un bien parce qu’elle permet la pratique et la consolidation de l’islam ». Et Youssef al-Quaradewi, membre du Conseil européen de la recherche et de la fatwa, de renchérir (en 2002 à Rome) : « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons ; avec nos lois coraniques, nous vous dominerons. »
La déesse démocratie au service du fanatisme islamique
Pour J.-L. Harouel, ce basculement des valeurs ne fait donc aucun doute : loin d’œuvrer au progrès de l’Humanité, « la religion d’Etat des droits de l’homme est au service de l’islamisation de l’Europe ».
Ainsi réduite en dhimmitude par la volonté messianique de dirigeants aux ordres, l’Europe pourra dire adieu au « miracle chrétien » porteur d’une extraordinaire efflorescence scientifique et technique et donc d’une prospérité et d’un dynamisme économiques tels que l’humanité n’en avait jamais connu. La fuite des cerveaux et la montée implacable du chômage sont-ils les signes précurseurs de notre sortie de l’histoire ? Il reste peu de temps pour conjurer l’issue fatale. Espérons que, comme le livre de Thierry Bouclier, La France au risque de l'islam (4) ou celui de Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux / Comment l'islam va transformer la France et l'Europe (5), le cri d’alarme de Jean-Louis Harouel fera prendre conscience de l’urgence de l’indispensable réaction.
Claude Lorne 4/12/2012 http://www.polemia.com
J.-L. Harouel : Le vrai génie du christianisme, éditions Jean-Cyrille Godefroy 2012. 269 pages.
Notes :
(1) Voir : « L'Education nationale met nos enfants en péril »
(2) Le Théâtre de Satan, L’Æncre 2002, réédité en 2010. 432 pages
Diffusion http://www.francephi.com
(3) Manifeste libertin, essai révolutionnaire contre l’ordre moral antiraciste, L’Æncre 2004 puis 2005, 120 pages, diffusion www.akribeia.fr/.
De Me Delcroix, voir également l’étude « Mariage et homosexualité »
(4) Thierry Bouclier, La France au risque de l’islam, Ed. Via Romana, 2012, 184 pages
(5) Aux éditions du Toucan, 2011, voir :
http://www.polemia.com/article.php?id=4368
http://www.polemia.com/article.php?id=4366Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, France et politique française, lobby, religion, tradition 0 commentaire -
Bonne fête de saint Nicolas !
Aujourd’hui, c’est la Saint Nicolas, évêque de Myre (Anatolie du sud-ouest). Un grand saint populaire aussi bien en Occident qu’en Orient, et dont est inspiré le très laïc « Père Noël » qui l’a largement remplacé.
Les miracles attribués à saint Nicolas sont si nombreux qu’il est le saint patron de nombreuses corporations ou catégories tels que les enfants, les navigateurs, les prisonniers, les avocats, etc. Il est connu pour avoir notamment ressuscité trois enfants tués par un boucher.La Saint-Nicolas est une fête principalement tournée vers les enfants. C’est une tradition vivace dans plusieurs pays européens (du Nord et de l’Est). En France c’est surtout au Nord et Nord-Est (en Flandre française, dans les Ardennes, en Franche-Comté, en Alsace où elle est fortement ancrée, et en Lorraine dont saint Nicolas est le saint patron).
Les traditions diffèrent selon les régions. Un trait commun à ces célébrations est la distribution de cadeaux ou friandises aux enfants parun homme déguisé selon une certaine image de Saint Nicolas.
Saint Nicolas – Évêque et ConfesseurSaint Nicolas, surnommé le Grand, est aussi populaire en Orient qu’en Occident. Sa personnalité a été transformée par la légende. Encore jeune homme, il aurait jeté discrètement des aumônes par une fenêtre pour sauver l’honneur de trois jeunes filles; ce fait est rappelé de nos jours par la fête enfantine où l’on attribue à la générosité de saint Nicolas les cadeaux trouvés sous la cheminée. Dieu le glorifia par des miracles sans nombre, et l’Église, en raison du pouvoir qu’il avait sur le feu, nous fait demander d’être par son intercession préservés du feu de l’enfer. Après avoir renoncé à de grandes richesses, il fut élu archevêque de Myre, il prit part au concile de Nicée, où fut condamné l’arianisme. Il mourut en 324. Ses reliques sont conservées à Bari (Italie).Le culte de saint Nicolas se répandit en Occident à l’époque des Croisades. -
"Afflux massif" de mercenaires djihadistes au Mali, selon un site algérien
Selon un rapport secret des services de renseignements européens, auquel le journal espagnol El Pais, généralement bien introduit dans ces milieux, affirme avoir eu accès, les mercenaires djihadistes affluent par milliers au Mali.
Pour la plupart, ce sont de jeunes Egyptiens, Soudanais et même des Maliens du sud au chômage qui ont choisi d'aller combattre pour 300 euros par mois aux côtés des groupes terroristes, Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui ont aidé, au printemps dernier, le mouvement salafiste Ançar Eddine à occuper le nord du Mali.
Environ 2500 hommes, dont le seul intérêt est l´argent, ont été recrutés ces derniers mois, notamment depuis l'annonce de la mise en place d´une force africaine de 3.500 soldats des 15 Etats appartenant à l'organisation régionale la Cédéao qui sera chargée de reconquérir le nord du Mali. Cette intervention armée ne pouvant pas, militairement, se faire avant le mois de mars 2013, Aqmi et le Mujao ont donc eu suffisamment de temps pour recruter assez de mercenaires motivés par des revenus fixes.
Ce qui n´est pas le cas de certains pays du Sahel qui ont du mal à payer leurs fonctionnaires. Ces deux organisations terroristes n'ont pas, elles, de problèmes d'argent. Depuis une dizaine d'années, Aqmi et, plus récemment le Mujao, ont amassé des sommes colossales grâce au prise d'otages et aux taxes appliquées aux convois des trafiquants de drogue dont elles assurent la sécurité sur les routes du désert. Son capital dépasserait les 50 millions d´euros.
On trouve parmi ces mercenaires, des ressortissants égyptiens, soudanais et arabes qui sont déjà arrivés dans les principales villes du territoire occupé de l'Azawad, Kidal, Gao et Tombouctou, avec des armes achetées en Libye. Ce trafic d'armes est financé par des organisations civiles islamistes des pays du Golfe qui finançaient déjà le djihadisme, en Afghanistan, en Irak ou en Somalie. Ces adeptes de la guerre sainte ont des motivations moins mercantiles.
Leur nombre n'est pas connu des services secrets occidentaux qui fréquentent la région. Il est, toutefois, certains, que le repli des troupes alliées d´Afghanistan et le relâchement de la pression occidentale en Irak, vont favoriser davantage l'afflux des djihadistes au Sahel qui rêvaient d'une intervention armée dans cette région, même avec le seul soutien logistique des pays occidentaux.
Un pouvoir tricéphale à BamakoLe recrutement de mercenaires par les responsables d´Aqmi et le Mujao est assez aisé car le Mali est l´un des pays les plus pauvres du monde avec 15 millions d´habitants qui vivent en moyenne avec moins de deux euros par tête et par jour. Les cellules des agents de renseignements européens dans ce pays décrivent une situation politique, sociale et sécuritaire très favorable pour les groupes terroristes. Un pouvoir tricéphale qui rend difficile toute prise de décision politique, une élite religieuse très proche des radicaux d´Ançar Eddine, alliés du Mujao et d´Aqmi, et une armée très peu préparée à une intervention militaire pour pouvoir se redéployer seule dans le nord du pays.
C´est la raison pour laquelle les pays européens, à leur tête la France, ont opté pour la mise en place d'une force africaine qu´il faut d´abord motiver, former, renseigner et suivre sur le terrain. Les Européens estiment à 70 millions d'euros le montant pour financer cette opération militaire dont les chances de succès ne sont pas évidentes. Car en face, il y a des djihadistes très motivés idéologiquement et des mercenaires tout aussi motivés par de l´argent. C'est loin d´être le cas des soldats de la Cédéao.
Des imams radicaux à Bamako
Les pays européens craignent qu'en cas d'échec de la force africaine, cette intervention armée ne débouche sur le scénario afghan. C'est pourquoi ils tablent sur la stabilisation politique au Mali et sur un minimum de fonctionnement de ses institutions politiques. Ni le président copté Dioncounda Traoré, qui est rentré, en juillet dernier d'une longue période de convalescence en France, ni le Premier ministre Modibo Diarra ni le capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, qui a destitué le président élu Amadou Toumani Touré, aujourd´hui chargé de réformer l'armée, ne gouvernent ni ensemble, ni séparément.
"Aucune sphère de ce pouvoir tricéphale n'affiche la volonté de vouloir aller vers un processus démocratique", déplorent les services secrets européens dans les rapports qu'ils adressent à leurs gouvernements respectifs. Cette situation d'instabilité à Bamako est un terrain fécond pour la montée au créneau des imams les plus radicaux dont certains prônent le wahhabisme, dont les adeptes appellent à l'application rigoureuse de la charia. La jonction de ce courant radical animé par des imams, formés en Arabie saoudite, avec les groupes salafistes et terroristes d'Aqmi et du Mujao, n'est qu'une question de temps. Tout dépend de l'issue de l'intervention armée au Mali.
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Les Égyptiens ne veulent ni des islamistes ni de leur charia
L’Égypte connaît sa pire crise depuis la révolution de 2011 qui a amené la chute de Hosni Moubarak. Une crise institutionnelle née du décret pris le 22 novembre dernier par le président Mohamed Morsi, décret par lequel le chef de l'État égyptien s’attribue des pouvoirs élargis.Des dizaines de milliers de manifestants sont dans les rues depuis quasiment deux semaines dans plusieurs villes égyptiennes par crainte d’une dérive autoritaire du pouvoir. Mardi 4 décembre, la mobilisation était forte et surtout inédite de la part d’une opposition qui a remporté son pari en parvenant à encercler le palais présidentiel.Tout s’est joué en quelques minutes mardi 4 décembre au soir. Les manifestants rassemblés aux abords du palais ont réussi à bousculer les forces de l’ordre qui étaient censées les empêcher de se rapprocher. Il y a eu quelques affrontements, des tirs de gaz lacrymogène, mais, très vite la police a reculé et a laissé le champ libre aux manifestants qui ont littéralement encerclé le palais présidentiel.Un symbole très fort : jamais à l’époque de Moubarak une telle manifestation n’aurait été ne serait-ce qu’envisagée un seul instant. Les manifestants déterminés sont très en colère contre le président égyptien. Pour cet ingénieur, qui se trouvait hier soir devant le palais présidentiel, Mohamed Morsi a le tort de ne représenter désormais qu’une seule partie de la population égyptienne : « Je suis en colère parce qu'il divise la communauté égyptienne. Nous étions un groupe. Maintenant nous serons deux groupes. Ça, c’est à cause de lui. »Le président égyptien Mohamed Morsi est toujours contesté par la rue mais il campe malgré tout sur ses positions. Pour l’instant, il n’a cédé sur aucune des revendications de l’opposition. Il a maintenu son décret constitutionnel qui le place au-dessus de la justice. Il a validé le projet de Constitution adopté à la hâte la semaine dernière et il maintient également la date du référendum constitutionnel du 15 décembre. Le chef de l'État égyptien a d'ailleurs regagné ce mercredi matin le palais présidentiel, son lieu de travail qu'il avait été contraint de quitter la veille sous la pression des manifestants.En attendant, une nouvelle manifestation est prévue vendredi prochain ; l’occasion, pour l’opposition, de mobiliser de nouveau la rue. La bataille va se jouer dans les prochains jours au sein des tribunaux égyptiens qui vont délibérer à leur niveau pour décider s’ils acceptent ou non de superviser le référendum. Une décision très attendue puisqu’en Égypte, c’est la justice qui s’occupe de l’organisation des élections.Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/
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Nigeria : églises brûlées et chrétiens égorgés par les islamistes
Des attaques menées par des islamistes du groupe nigérian Boko Haram ont une nouvelle fois violemment visé samedi et dimanche des chrétiens et des églises dans le nord du Nigeria, selon des témoins et des responsables locaux.Dix personnes ont été égorgées par des islamistes qui sont passés de maison en maison samedi soir dans le quartier chrétien de la ville de Chibok, dans le nord du pays, a-t-on appris dimanche auprès de responsables locaux.« Les assaillants sont arrivés vers 21h en scandant Alahu Akbar (Dieu est grand) (...) ils se sont rendus dans des maisons qu'ils avaient identifiées dans un quartier à dominante chrétienne de la ville pour massacrer 10 personnes comme des moutons», a déclaré un responsable local qui a requis l'anonymat.« Qui d'autre que des membres du (groupe islamiste) Boko Haram pourrait entrer dans les maisons et trancher la gorge de dix personnes», a déclaré un autre responsable local.Chibok se trouve à 170 km de Maiduguri, le fief de Boko Haram.« Les hommes sont arrivés en grand nombre et ils sont entrés dans des maisons qui avaient été choisies avec précision et ils ont massacré 10 personnes en criant Allahu Akbar», a rapporté Ezekiel Damina, un habitant du quartier de Myan, en périphérie de Chibok.Dans le nord-est, au moins deux policiers ont été tués dimanche dans une attaque lancée par des islamistes présumés qui ont incendié trois églises et des postes-frontières dans la localité de Gamboru Ngala, selon des témoins.« Des hommes armés, on pense qu'ils sont de Boko Haram, sont arrivés à cinquante en voiture et en moto, vers 8h30, et ils ont attaqué et brulé des postes de sécurité à la frontière» avec le Cameroun, a déclaré à l'AFP, Modugana Ibrahim, un habitant.« J'ai vu le cadavre de deux policiers en sortant de la ville, près du commissariat» incendié, a ajouté M. Ibrahim. L'information a été confirmée par un autre habitant, Sani Kani, qui a précisé qu'un des corps gisait sur le bas-côté de la route alors que l'autre était assis dans un fourgon de police.Parmi les postes de sécurité brulés, il y avait un commissariat, des locaux de l'immigration, des douanes et de la police secrète (SSS), ainsi qu'un poste de quarantaine, selon les habitants.Les hommes armés « scandaient Allahu Akbar (Dieu est grand), ils ont brûlé le poste de police et trois églises », a déclaré Hamidu Ahmad, un autre habitant.Selon les habitants, des échanges de tirs ont eu lieu à la mi-journée entre les assaillants et des renforts de police arrivés de Maiduguri, le fief de Boko Haram, à 140 km de là.Les tirs ont cessé dans l'après-midi, mais la police avait quadrillé les rues de la ville, déserte. Les habitants étaient enfermés chez eux et beaucoup d'hommes avaient quitté la ville vers des villages voisins ou en direction du Cameroun, de peur de représailles des forces armées contre les civils.Il y a deux semaines, des habitants disent avoir vu circuler des tracts islamistes, qui imposaient aux femmes de porter le hijab (voile islamique) et interdisaient la vente de cigarettes et l'ouverture de lieux de rencontre comme des cafés.Boko Haram - dont le nom en langue Haoussa signifie «l'éducation occidentale est un péché» - a revendiqué de nombreuses attaques, notamment dans des lieux de culte chrétiens au moment du service du dimanche, dans le nord et le centre du Nigeria.Les locaux et les effectifs de la police et de l'armée sont aussi souvent visés par le groupe islamiste.Dimanche dernier, un double attentat suicide a fait onze morts et une trentaine de blessés dans une église protestante située dans l'enceinte d'une caserne dans la ville de Jaji (Etat de Kaduna), dans le nord.Les violences attribuées à la secte et leur répression sanglante par les forces de l'ordre ont fait, selon les estimations, plus de 3000 morts depuis 2009.Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, avec 160 millions d'habitants, et premier producteur de pétrole du continent, est divisé entre un Nord, majoritairement musulman, et un Sud à dominante chrétienne.Avec AFP http://www.francepresseinfos.com/
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« L’Église n’a pas attendu Cécile Duflot pour agir »
Pour la ministre du Logement, l’Église doit mettre ses locaux inutilisés à la disposition des plus démunis.
L’appel de Cécile Duflot à la solidarité de l’Église pour loger les sans-abri dans ses bâtiments inoccupés provoque l’étonnement dans la communauté chrétienne.
« À Paris et partout en France, nous ouvrons les portes de nos instituts pour loger, nourrir et aider les plus démunis. » Richard VIALERON / Le Figaro
Dans une interview au Parisien , la ministre du Logement n’hésite pas à parler de réquisitions.
« Je le ferai sans mollesse, comme l’avaient fait de Gaulle ou Jacques Chirac », dit-elle. J’ai bon espoir qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité. Je ne comprendrais pas que l’Église ne partage pas nos objectifs de solidarité. »
« L’Église n’a pas attendu la menace de réquisition brandie par la ministre Mme Duflot pour prendre des initiatives », répond un communiqué commun du Secours catholique, de l’archevêché de Paris et de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).
L’archevêché met notamment en avant son opération « Hiver solidaire » qui met ses paroisses à la disposition des SDF pour une nuit et un petit déjeuner en compagnie de paroissiens bénévoles. « Cette année, ce sont vingt-six paroisses parisiennes qui se mobilisent - contre vingt l’an dernier - pour accueillir chacune 3 à 10 personnes dans leurs locaux. Ces sans-abri sont ainsi reçus pour le dîner, la nuit et le petit-déjeuner pendant deux à trois mois en continu et suivis par des bénévoles spécialement formés », souligne Charles Gazeau, délégué épiscopal pour la solidarité du diocèse de Paris.
Chacun agit dans l’ombre
Du côté des associations chrétiennes, on aime rappeler à la ministre que « c’est un homme d’Église, l’abbé Pierre, qui avait lancé l’appel de l’hiver 1954 », que « chacun agit depuis des années dans l’ombre mais dans l’efficacité, sans effet d’annonce ».
Si l’archevêché de Paris est propriétaire d’un patrimoine immobilier conséquent, il renvoie la balle aux congrégations religieuses pour ce qui est des « grandes surfaces ». La Corref répond qu’elle aussi pilote de nombreuses actions de solidarité pour loger les sans-abri, « durant l’hiver comme le reste de l’année », dit une religieuse de la Conférence.
« À Paris et partout en France, nous ouvrons les portes de nos instituts pour loger, nourrir et aider les plus démunis », souligne la Conférence des religieux et religieuses de France. Bâtiments, salles paroissiales et appartements de prêtres inoccupés sont ainsi dédiés aux plus nécessiteux. Les exemples sont nombreux.
L’Association des cités du Secours catholique vient d’ouvrir un centre d’hébergement d’urgence (25 places) en région parisienne, avec le soutien des filles de la Charité. Les bénédictines du monastère de Notre-Dame de Jouarre (Seine-et-Marne) viennent de céder, après cinq ans de procédures, une aile de 1000 m² au sein de leur monastère : 26 logements de réinsertion sociale (maison-relais) seront bientôt ouverts par le Secours catholique.
Dans le XXe arrondissement de Paris, les sœurs du Très Saint Sauveur abritent des SDF dans leur communauté, dans le VIe, les dominicaines ont vendu leur maison à l’Immobilière 3F, une société HLM, pour accueillir SDF et jeunes professionnels. À Paris et Marseille, les religieuses Missionnaires de la Charité assurent des services de repas et de soins médicaux pour les SDF ou les très précaires. Les monastères masculins, quant à eux, accueillent traditionnellement des « routards » qui viennent poser leur sac 24 heures ou plus à l’abbaye.
Il faut des bénévoles pour accueillir « Mais la difficulté n’est pas dans la recherche des locaux, quoiqu’ils soient déjà largement occupés, mais dans l’appel des bénévoles. Il ne s’agit en effet pas seulement d’ouvrir des portes, mais aussi d’accueillir des personnes et d’être là avec elles », explique l’archevêché de Paris.
L’Église rappelle aussi que de nombreuses initiatives sont en attente, « freinées par des lourdeurs administratives peu compatibles avec le caractère d’urgence auquel nous faisons face ». Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours catholique, rappelle également que « la responsabilité de l’hébergement repose sur l’État, non sur les associations ». « Avant d’en appeler à l’Église, Mme Duflot s’est-elle penchée sur les surfaces disponibles dans les administrations, les banques, les compagnies d’assurance, l’État ?, interroge-t-il. Enfin, pourquoi ne pas avoir mis en place le moratoire sur les expulsions dès le mois de mai ? Nous aurions évité des centaines de situations qui sont aujourd’hui des urgences. »
Cécile Duflot ne vise pas seulement le patrimoine de l’Église mais aussi tous les bâtiments publics inoccupés, comme les casernes de gendarmerie ou les bureaux administratifs, ou encore les biens privés appartenant aux entreprises ou aux grandes sociétés civiles immobilières.