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social - Page 277

  • Pour un vrai référendum d’initiative populaire, réformons le Conseil constitutionnel !

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    Par Eric Delcroix, juriste, essayiste et écrivain ♦ Le référendum d’initiative populaire ou citoyenne est devenu la première des revendications des Gilets Jaunes. Reste que la mise en place de ce référendum – si elle a lieu un jour – obligera ses défenseurs à considérer la problématique du pouvoir démesuré des juges du Conseil constitutionnel. Pour Eric Delcroix, une réforme radicale de cette institution est une obligation.

    Les grands médias audio-visuels ont, à l’occasion du mouvement des Gilets jaunes, facilité la tâche des Insoumis et autres scories communistes pour passer, sous le couvert de cette colère de la France périphérique, leurs propres mots d’ordre. Le meilleur et le pire donc, mais nous retiendrons au titre du meilleur la proposition d’inclure dans la Constitution le référendum d’initiative populaire (dite « citoyenne », la mutation du substantif citoyen en adjectif étant une marque du gauchisme contemporain).

    Cette bonne idée avait été dévoyée, il est vrai, en référendum d’initiative partagée, machinerie improbable concoctée par Nicolas Sarkozy de manière à n’être en aucun cas opérationnelle (nécessité de réunir un cinquième des membres du Parlement et un dixième des électeurs inscrits – cf. art. 11 modifié de la Constitution).

    De la difficulté de faire valoir ses prérogative avec une justice orientée

    A très juste titre, Éric Zemmour, favorable à ce que les Suisses appellent « votations » imposées par le peuple, s’est inquiété du contrôle que pourrait exercer en amont le Conseil constitutionnel qui, depuis 1971, par un véritable coup d’État juridictionnel dit du « bloc de constitutionnalité », s’arroge le droit de juger en fonction des proclamations déclamatoires et moralisatrices empilées dans le préambule de la Constitution. « Cela fait des années que le Conseil ’’ré-écrit la constitution’’ » constate le professeur Jacques Krynen. Aussi le publiciste met-il en garde contre un filtrage captieux par le Conseil constitutionnel, juridiction très politiquement orientée car émanant directement de la classe dirigeante, et souhaite donc que le Conseil soit mis, dans ce cas, hors du jeu.

    Toutefois, il est peu vraisemblable que puisse être mise en place une pareille institution référendaire sans un contrôle formel, au moins préalable, de la recevabilité des demandes de scrutin. Et c’est  bien là que le bât blesse…

    Pour un Conseil constitutionnel axiologiquement neutre

    Une nouvelle réforme de ce qui subsiste de la constitution de 1958 pour instaurer le référendum d’initiative populaire devrait être accompagnée d’une réforme corrélative du Conseil constitutionnel. En effet, il convient de le rendre, autant que faire se peut, axiologiquement neutre, en gage d’impartialité. Un tel principe de neutralité passé de mode révulse, il est vrai, les tenants des droits de l’homme et de l’État de droit, ce système de gouvernement des juges dont les historiens du droit savent qu’il est en France l’antonyme d’État républicain…

    Cette réforme salutaire devrait :

    1°- Interdire au Conseil constitutionnel de s’appuyer sur le préambule de la Constitution et se cantonner à juger en fonction de la lettre des seuls 89 articles de la Constitution elle-même et des lois organiques subséquentes. Bref, refaire de cette juridiction un collège aussi impartial et technique que possible ;

    2°- Assurer cette impartialité en révoquant tous les membres actuels du Conseil constitutionnel et en les remplaçant par neuf citoyens tirés au sort, dont trois au moins gradués en droit, et renouvelés très fréquemment, peut être même tous les ans.

    Faudra-t-il la révolution pour en arriver là et voir aussi des Gilets jaune au Conseil constitutionnel à la place de nos vieux politiciens placé par la faveur abusive de nos présidents ?

    Éric Delcroix 28/12/2018

    https://www.polemia.com/referendum-initiative-populaire-ric-conseil-constitutionnel/

  • CNews se fait virer de la manifestation des Gilets Jaunes sur les Champs Élysées.

  • Le vrai visage de la Macronie.

    Pendant que Benalla se promène de-ci dela de par le vaste monde pour faire des affaires louches avec des passeports diplomatiques élyséens sans être nullement inquiété par le pouvoir tant que la presse ne révèle rien, les libertés publiques sont de plus en plus violemment mises à mal en France.

    On a déjà parlé des arrestations arbitraires qui contreviennent à la liberté de manifester pour les motifs les plus farfelus tel que le port de lunettes de piscine. 
    On commence à se mobiliser contre les inadmissibles violences répressives ordonnées par le gouvernement et qui ont visé le peuple de France. 
    Des manifestants commencent quant à eux à être très lourdement condamnés, comme cette militante communiste qui vient d’écoper de 3 mois fermes et qui n’est rien d’autre qu’une prisonnière politique.
    A présent, il faut aussi savoir que la macronie fait convoquer des journalistes, ceux de La Charente Libre en l’occurrence, afin qu’ils soient MIS EN CAUSE (pas témoins hein, mis en cause !!!) pour avoir RELAYÉ (c’est-à-dire fait leur boulot de journalistes) la mise en scène de décapitation d’un pantin à l’effigie de Macron. 

    La Macronie essaie donc d’incriminer le travail journalistique, tranquillou Bilou.
    Sans que cela ne semble déranger grand monde.
    Je ne suis personnellement pas fan de ces mises en scène macabres, j’avais d’ailleurs déjà eu l’occasion de le dire lors d’une pendaison factice de pantin pendant les manifestations contre la réforme de la SNCF, mais cela reste un symbole, juste un symbole, comme celui du rappeur noir qui appelle à pendre et tuer des blancs et qui n’a pas été inquiété par la justice. 
    Attenter à ce point aux libertés fondamentales telle que la liberté d’expression et surtout la liberté de la presse est décidément gravissime.

     On savait déjà que cette majorité est profondément liberticide, loi fake news, propagande incessante, etc.
    À présent la répression est rehaussée encore d’un cran.
     Bienvenue en Corée de l’Ouest, avec le dingo Joachim Son-Forget en parfait porte-drapeau.
  • Marine Le Pen n'a pas lâché les gilets jaunes !

  • Zoom : Eric Zemmour – Le cri des Gilets Jaunes : « On ne veut pas mourir ! »

    En exclusivité, TV Libertés vous permet de découvrir l’intervention d’Eric Zemmour à l’occasion de la Journée du livre de Renaissance Catholique. Lors de cette prise de parole devant des centaines de participants, le journaliste-écrivain évoque, avec brio, les élites qui pensent que le peuple est de trop ! Et revient sur la révolte des Gilets Jaunes porteurs d’un seul cri : »On ne veut pas mourir ! »

    https://www.tvlibertes.com/zoom-eric-zemmour-le-cri-des-gilets-jaunes-on-ne-veut-pas-mourir

  • Gilets Jaunes : la fable de l’essoufflement avant le nouvel an – Journal du lundi 31 décembre 2018

    Gilets Jaunes : la fable de l’essoufflement avant le nouvel an

    Les Gilets Jaunes sont encore dans le coup. Pour l’acte VII, le mouvement est parvenu à mobiliser partout en France malgré les ordres du ministère de l’Intérieur pour empêcher les rassemblements. Entre jeu du chat et de la souris et défiance envers les médias, les Gilets Jaunes poursuivent donc les manoeuvres au plus grand dam d’un exécutif dont le président de la République a disparu.

    Société / Pouvoir d’achat : la réalité du déclin

    440 euros… C’est en moyenne ce qu’un couple Français a perdu de pouvoir d’achat entre 2008 et 2016… Un déclassement en partie dû à la hausse des prélèvements obligatoires. La démonstration de cette dégringolade jamais vue auparavant incarne bien la crise des Gilets Jaunes et du consentement à l’ impôt.

    L’actualité en bref

  • MACRON pour 2019...Guerre civile ou coup d'état ? Au choix ! (Hd 720)

  • "Ce sera la fête des gilets jaunes": les manifestants se préparent pour un réveillon sur les Champs-Elysées

    Capture.pngA l'occasion de la Saint-Sylvestre, les manifestants veulent marquer le coup. 
    Certains passeront la nouvelle année sur les ronds-points, d'autres se rendront sur les Champs-Élysées à Paris. Sur l'événement Facebook dédié, 60.000 personnes se disent intéressées.
    Malgré cette nouvelle action, les festivités de la Saint-Sylvestre sont maintenues sur les Champs-Elysées. Un spectacle "son et lumière" sera projeté sur l'arc de Triomphe à partir de 23h30.
    C’est pour cela que Nunziu enfilera son "gilet jaune" demain soir sur les Champs-Elysées.
    "Je vais revaloriser un peu la couleur du gilet et pourquoi pas faire la fête avec les touristes. Pour laisser une bonne image, ce sera la fête des gilets jaunes".
    Philippe habite Roppenheim en Alsace, depuis 7 semaines il manifeste au côté d'autres "gilets jaunes". Le 31 ne dérogera pas à leur nouvelle tradition mais le point de ralliement ne sera pas le même.
    "On s’est fait délogés la semaine dernière et en fait, on a décidé de faire une soirée du nouvel an entre nous. Ceux qui étaient sur le rond-point vont se retrouver dans une salle. On est à peu près une quarantaine ou une cinquantaine je crois maintenant sur la liste. Ce sont les 50 qui étaient là quasiment tous les jours sur ce fameux rond-point. On va tous se retrouver et je pense qu’on va parler des futures actions à faire mais ce sera festif. Par contre, il y a un dress code, le gilet jaune".
    [...]
    En savoir plus sur rmc.bfmtv.com

  • NI EXTRÊME GAUCHE, NI EXTRÊME DROITE ...

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    2915011424.3.pngUne remarquable analyse parue sur Atlantico, le 24 décembre. A lire absolument.  LFAR 

     

    4293068592.jpgLe sociologue Michel Maffesoli livre un texte consacré à la sécession du peuple à l’occasion du mouvement des Gilets Jaunes, et au désarroi des élites. En cette période troublée, conséquence inéluctable des profondes mutations à l’œuvre dans nos sociétés, peut-être n’est-il pas inutile de se souvenir de la distinction proposée par Nicolas Machiavel entre « la pensée du Palais » et « la pensée de la place publique ! »

    Gilets jaunes en sécession : élites désemparées face à l’extrême-peuple

    Distinction, désaccord, écart, lorsqu’on regarde, sur la longue durée, les histoires humaines, il est fréquent que le peuple fasse sécession. Secessio plebis d’antique mémoire, au cours de laquelle les plébeiens se « retirent sur l’Aventin ». De nos jours, plus prosaïquement, ils occupent les ronds-points de la France périphérique. Mais quels sont les patriciens pouvant ramener la concorde et le calme des esprits ?

    Voilà qui n’est pas évident, tant est grand le désarroi des élites. Les experts ne font plus recette, les politiques sont déconsidérés, les journalistes suscitent la méfiance. Ce qui fait que les belles âmes, pétries de bons sentiments, occupant les plateaux des étranges lucarnes et trustant les colonnes des principaux journaux ont peur. Il faudrait être Cervantès pour décrire ces « chevaliers à la triste figure » luttant contre des moulins à vent . En la matière, la condamnation, sans appel, de l’extrême gauche ou plus encore et d’une manière obsessive de l’extrême droite, automatiquement synonyme de danger fasciste. Rien de moins !

    Au-delà de ces supposés extrémismes, c’est de « l’extrême peuple » dont il s’agit. Il est amusant d’entendre tel bien-pensant, voir se profiler l’ombre de Hitler ou de Mussolini derrière l’anodine demande d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). Amusant ? et quand on vient d’en rire, il faudrait en pleurer !

    Restons sur notre Aventin. Le conflit fut réglé, on s’en souvient, quand outre la remise des dettes, c’est la constitution d’une magistrature de la plèbe qui fut obtenue.

    Voilà un symbole instructif. Il y a dans toute lutte un côté que l’on peut nommer spirituel, que le matérialisme natif de nos élites marxisantes déphasées a du mal à comprendre. C’est cet aspect symbolique qui est le cœur battant de ces régulières révoltes des peuples, dont le phénomène des gilets jaunes est l’expression contemporaine. Cet aspect est la ressource indomptable de la force morale.

    La sécession du peuple, c‘est l’action de se séparer, de s’éloigner d’un État s’étant lui-même éloigné d’un peuple qu’il est censé représenter. Se retirer d’un état de fait où « le service public » a mis le public à son service.

    Dès lors, les révoltes expriment l’irrésistible besoin de revenir à la « place publique ». C’est-à-dire au lieu que l’on partage avec d’autres. L’on a par trop oublié que le « lieu fait lien ». Trop obnubilées par des projets politiques orientés vers le lointain et pensées pour le futur, les élites ont oublié l’importance du localisme et l’urgence d’une vie quotidienne vécue au présent.

    C’est bien cela qui s’exprime dans les révoltes en cours. Ces « Aventins » que sont les ronds-points contemporains redisent, tout simplement, le plaisir d’être ensemble pour être ensemble. Ce qui est une efficace manière de lutter contre une technocratie de plus en plus abstraite, considérant avec mépris un peuple débile, incapable de comprendre, comme le signalait il y a peu un dirigeant de la majorité politique « l’intelligence et la subtilité de l’action gouvernementale ».

    Or la sagesse populaire « sait » d’un savoir incorporé sur la longue durée qu’il faut se méfier des pratiques dilatoires du pouvoir surplombant. Qu’il convient de ruser vis-à-vis des tentatives de diversion d’une administration capable, toute honte bue, d’annuler sans coup férir les mesures prises en réponse à la fièvre populaire. Annulation, annulation des annulations, la violence propre au totalitarisme « doux » d’un État jacobin a plus d’une corde à son arc. Mais à certains moments ces ruses technocratiques se parant de justification ou de rationalisation plus ou moins sophistiquées ne font plus illusion. Pour le dire trivialement : la coupe est pleine ! Et aux sincérités successives, qui dès lors sont ressenties comme de réelles faussetés les peuples répondent : « cause toujours, tu m’intéresses ».

    A ces discours dissertant avec « intelligence », sur un ordre des choses dont ils ignorent l’alpha et l’oméga, les insurrections populaires rappellent que l’authentique socialité est celle d’une communauté de destin se vivant au plus proche. Ces insurrections en appellent à une décentralisation radicale acceptant, reconnaissant l’existence concrète, c’est-à-dire vécue au jour le jour, des fondamentales appartenances « tribales ».

    Car ce sont bien ces appartenances qui s’expriment au grand jour dans le phénomène des « gilets jaunes ». Au-delà ou en–deçà des classes sociales de la théorie marxiste ou des catégories socio-professionnelles (CSP) des habituels et lassants sondages fonctionnalistes, c’est une socialité de base, rassemblant ce qui est épars que l’on retrouve autour des feux ponctuant les ronds-points. Ces feux sont comme autant de foyers où l’on se tient chaud et où se concocte le renouveau des solidarités organiques, cause et effet de toute société.

    Il ne s’agit pas là, comme l’analysent les sociologues qui sont en retard d’un siècle d’une  « lutte de classe » ou de ces inconsistants « mouvements sociaux », tartes à la crème d’observateurs ou d’experts déphasés. Non, c’est tout autre chose dont il est question.

    Volens, nolens, et même si on ne veut pas le voir, ce que l’on nomme solidarité organique en gestation est cela même qui s’élabore autour des foyers de ces ronds-points. En la matière, au travers des problèmes soulevés par les retraités, c’est le respect des Anciens, la reconnaissance de leur autorité venue de l’expérience de la vie qui est en jeu.

    C’est aussi la solidarité dont il est question quand ces Anciens échangent avec ces jeunes, chômeurs ou entrepreneurs, ayant du mal à joindre les deux bouts ou à développer leur nouvelle entreprise. Il y est question de générosité, d’entraide, d’échange et autres valeurs essentielles. Ce qui reste incompréhensible, parce que quelque peu archaïque, à des élites purement rationalistes, ayant quelque mal à comprendre l’importance de l’immatériel.

    Du coup, il leur est aisé de stigmatiser cette réémergence d’une solidarité proxémique au moyen de ces grands mots quelque peu incantatoires, donc vides, dont la bien-pensance a le monopole. L’on est ainsi abreuvé jusqu’à plus soif de termes tels que : populisme, communautarisme, complotisme, racisme, antisémitisme, poujadisme, « boffitude » et autres noms d’oiseaux du même acabit.

    On a même pu entendre un soixante-huitard célèbre, devenu notaire à la place des notaires qu’il conspuait en 68, signaler avec componction que de par ses origines et en référence à « l’étoile jaune » de triste mémoire, il était allergique à cette couleur ! tout un programme ! En fait tout cela témoigne d’une profonde incompréhension. Des commentateurs patentés hantant les sempiternelles talk-shows télévisés ou radiophoniques dont la caractéristique est un « entre-soi » fondamental. N’aidant en rien la compréhension d’une révolte radicale, mettant en cause la rigidité d’un pouvoir dont la verticalité n’est plus acceptée.

    Voilà bien le paradoxe de la tempête soufflant avec la violence que l’on sait. Ces échanges entre ancienne et jeune générations, ce souci du partage et de la solidarité, en bref ce plaisir d’être ensemble trouve l’aide du développement technologique. Le sentiment d’appartenance « tribale » est conforté par la cyberculture. Les réseaux sociaux, les forums et autres blogs, voilà ce qui rend caduques les formes habituelles de la représentation syndicale ou partisane. Le refus d’une organisation verticale et hiérarchisée a pour corrélat l’irréfragable désir d’une horizontalisation des rapports sociaux.

    Fondamentalement, ce « Netactivisme » en cours traduit bien la mutation, tout à fait postmoderne, du vertical à l’horizontal. Il se trouve que c’est sur les réseaux sociaux que s’expriment au mieux ces incoercibles révoltes qui sont, certainement, loin de s’achever. Caricatures, photomontages et collages divers singent, parodiquement, les divers protagonistes des pouvoirs politiques, journalistes ou divers sachants. Ayant pris conscience de ce que Platon nommait la « théâtrocratie » d’une démocratie en déshérence, le peuple, à son tour, tourne en ridicule les faits et méfaits des élites décadentes.

    En réponse aux turlupinades ayant eu lieu, lors de la fête de la musique en juin dernier sur les marches de l’Elysée ou encore ayant à l’esprit les indécentes exhibitions lors d’un voyage présidentiel à St Martin, l’ironie, l’humour et la franche rigolade se répandent comme une traînée de poudre. Ce qui n’est pas sans conséquence sur ce charivari nex look qu’est le phénomène des gilets jaunes. Car dans la foulée des réseaux sociaux, la parodie contre la théâtrocratie du pouvoir a sa place dans la théâtralisation des manifestations en cours. Cela rejoint les « fêtes des fous » médiévales et autres moments d’inversion où le peuple prenait sa revanche vis-à-vis des pouvoirs établis.

    On l’a dit, non pas extrême gauche et non plus extrême droite, mais « extrême peuple » qui, à l’image du « brave soldat » Chveïk popularisé par J. Hasek, manie la satyre, pratique l’humour et la dérision et, ainsi, met à mal le burlesque état des choses dominant. C’est bien quelque chose de cet ordre qui est en jeu dans la révolte du peuple qu’expriment les gilets jaunes : de la candeur et du courage. Courage, c’est, ne l’oublions pas, du cœur et de la rage. Mixte fécond, répondant au discours technocratique délayant d’une manière insipide toute une série de banalités. Ces discours n’accrochent plus, l’arrogance n’est plus de mise.  

    Michel Maffesoli

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/12/30/ni-extreme-gauche-ni-extreme-droite-gilets-jaunes-en-secessi-6116989.html

  • LA VÉRITÉ DES GILETS JAUNES • UN PEUPLE EXSANGUE

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    Il n'est pas besoin de supputer des calculs politiques ni de chercher des complots ni de faire des rapprochements avec les années 30 pour expliquer le mouvement des Gilets jaunes. 

    Les Gilets jaunes sont ce qui reste des Français après qu'ils ont perdu toute foi en leur pays, la société, leurs institutions, leurs gouvernants, leurs syndicats, en les autres, en eux-mêmes, en l'avenir. C'est ce qui reste des Français quand ils ne parviennent même pas à vivre à peu près décemment, et qu'ils n'ont plus que la colère et la révolte pures. En présence de ce mouvement, toutes les logiques idéologiques, politiques et morales se cassent le nez.

    Une réalité disparate, insaisissable, déconcertante.

    Le seul point commun des Gilets jaunes, qui cimente leur union, est leurs difficultés matérielles, la baisse continue de leur pouvoir d'achat, et leur situation de laissés-pour-compte du « nouveau monde » macronien, d'une politique qui les relègue au rang de rebuts, et d'une société qui sourit exclusivement aux nantis, aux forts, aux malins et aux chanceux. Aussi trouve-t-on de tout, parmi eux ; et, suivant leur personnalité, leurs préoccupations particulières, leurs intérêts catégoriels et leur sensibilité, ils sont susceptibles des réactions les plus contradictoires. Dans l'adversité, ils peuvent se révéler xénophobes, sexistes, racistes, sans que l'on puisse distinguer ce qui relève du « propos qui dépasse la pensée » de ce qui exprime au contraire une mentalité profonde, ordinairement bridée par les exigences de la bienséance ou du politiquement correct.
    Certains vivent véritablement « la galère » : retraités à pension mensuelle inférieure à mille euros nets, travailleurs enchaînant les petits emplois ingrats et alternant les périodes de travail et de chômage, les uns et les autres habitant des HLM insalubres, décrépites ou minées par les nuisances, les incivilités et l'insécurité.D'autres connaissent un sort un peu plus enviable : ouvriers qualifiés et employés, commerciaux, VRP, infirmiers et infirmières libéraux, les uns et les autres à peu près sûrs de conserver leur emploi, certains ayant pu accéder (non sans peine) à la propriété, mais contraints de se contenter du strict nécessaire pour vivre, et toujours au bord du découvert bancaire. Seule l'exaspération les a fait agir. Tous étaient dénués de passé militant et de sympathies politiques précises, et aucun (ou presque) ne se signalait par quelque conviction idéologique ou éthique affirmée. Leur vote tenait à leurs intérêts et à leur état d'esprit vis-à-vis de la politique menée par les divers gouvernements.
    Naturellement portés sur la gauche, mais déçus par celle-ci, ils ont pu être tentés, pour nombre d'entre eux, par les promesses d'un Sarkozy, avant d'être définitivement dégoûtés de tous les partis et de s'inclure dans les 57% d'électeurs inscrits qui se sont abstenus lors de la dernière présidentielle. Mais certains ont pu compter parmi les électeurs de Marine Le Pen, cependant que d'autres ont pu succomber aux sirènes macroniennes, dans l'espoir de voir enfin la réalisation d'un avenir meilleur. Aujourd'hui, ils éprouvent le sentiment de ne devoir compter que sur eux-mêmes, et se méfient de tous les partis, y compris les partis protestataires comme La France insoumise ou le Rassemblement national. Et les centrales syndicales ne sont pas logées à meilleure enseigne. Ce sont des Français seuls et tout nus qui se rassemblent et se révoltent.

    De faux ascendants

    Ce phénomène, l'a-t-on assez dit, est sans précédent. Or, ce qui est sans précédent, ce qui bouscule les codes et les classements reconnus, irrite. On ne le supporte pas, et on essaie de le ranger dans les catégories et les rubriques habituelles. Ainsi, expliquent certains, les Gilets jaunes relèvent d'une manière de néo-poujadisme ; et d'aucuns, comme le récurrent Bernard-Henri Lévy, voient en eux une résurgence des ligues qui, le 6 février 1934, marchèrent sur le Palais-Bourbon.
    La comparaison ne vaut pas. Les poujadistes des années 1950 appartenaient à seulement deux catégories professionnelles, celles des commerçants et des artisans, le plus souvent assez aisées, nonobstant leurs problèmes fiscaux et les risques que laissaient planer sur elles la modernisation de l'économie et l'évolution de la société. Pas de pauvres, de chômeurs ou de travailleurs précaires parmi elles. Quant aux manifestants du 6 Février, ils relevaient le plus souvent des classes moyennes, et dénonçaient la corruption de la caste politique et l'incurie des institutions plus que leur situation sociale. Les Gilets jaunes, eux, recrutent dans les classes moyennes comme dans les plus modestes, voire les pauvres, et dans toutes les professions ; ils se battent pour la défense de leur niveau de vie ; et s'ils dénoncent une politique qui les sacrifie et « clive » la société en winners et loosers, et se défient de la classe politique, ils ne taxent pas cette dernière de corruption et ne vouent pas les institutions aux gémonies. Et, contrairement aux précurseurs qu'on veut leur donner, ils ne subissent nullement l'influence de quelque idéologie fascisante ou socialisante, n'aspirent ni à un sauveur de type bonapartiste, ni à la conquête du pouvoir par le peuple insurgé. Un phénomène inédit, donc, et qui ne ressortit pas aux explications habituelles.

    Le rôle ambigu et l'influence incertaine des médias

    On a beaucoup insisté sur le rôle des moyens informatiques de communication, qui ont permis aux Gilets jaunes de se concerter et de décider de leur action en court-circuitant les syndicats et en se passant de chefs et de structures de coordination. On a également mis en relief le rôle de la presse télévisuelle (BFMTV, les JT des grandes chaînes) dans la promotion de l'événement, et leur influence sur la destinée encore incertaine du mouvement : celui-ci, selon divers observateurs, commencera à piquer du nez le jour où, pour des raisons d'audimat, les journalistes cesseront d'en parler ou de lui accorder la primauté, et pointeront les dérives inhérentes à des démonstrations protestataires non étayées sur des revendications précises et une assise politique ou morale tant soit peu cohérente. Et il s'affaissera d'autant plus vite qu'il est inorganisé. Il s'évanouira comme un ectoplasme et sombrera dans la déconsidération puis l'oubli. D'aucuns vont jusqu'à affirmer que la médiatisation de sa récusation des organisations syndicales aura, en définitive, servi la politique de Macron, fort désireux de mettre sur la touche ces organisations et tous les corps intermédiaires susceptibles de contrer son action. Peut-être, mais ce n'est pas certain. Et nul ne peut anticiper sur des résurgences que les conditions sociales du moment rendent non seulement possibles mais plus que probables.

    Un peuple réduit à sa plus simple expression

    En définitive, les Gilets jaunes ne sont ni un mode de lutte nouveau, ni une3970853321.6.jpg résurgence du poujadisme, du boulangisme, des ligues des années 1930, ni une manifestation quelque peu spectaculaire du populisme. Ils sont l'image d'un peuple qui souffre, se sent sacrifié et méprisé, et ne parle que pour exprimer son désarroi, sans même formuler de revendications claires et sans souscrire en rien à quelque projet de société. Un peuple au pied du mur, au bout du rouleau, réduit à sa plus simple expression.
    Notre sémillant président pouvait-il le comprendre ? Son discours du 27 novembre montrait qu'il l'a fort mal discerné. Il s'est, en effet, efforcé de raccrocher à son écologisme militant la résolution des problèmes de nos compatriotes en montrant la solidarité des questions environnementales et des difficultés sociales, et les méfaits d'une société productiviste insoucieuse de la préservation de la nature et du cadre de vie des hommes. De là, il a conclu à la nécessité de lier étroitement le social et l'écologique et de s'engager sur la voie de l'édification d'un nouveau modèle économique respectueux de l'environnement et des conditions de vie, justifiant sa politique de taxation des carburants et de renoncement graduel aux énergies fossiles, et annonçant la création d'un Haut-conseil pour le climat. Sa seule concession est la subordination de l'augmentation des taxes sur les carburants aux fluctuations du cours de ces derniers.
    Les réactions des Gilets jaunes à ce long discours, toutes négatives, montrent qu'il ne les a pas convaincus. D'aucuns affirment que les Français auront toutes les peines du monde à se convertir au nécessaire modèle socio-économique à dominante écologique, défendu par Macron, et voient là l'origine de la révolte des Gilets jaunes. Et, sans doute, convient-il de beaucoup critiquer la société productiviste, rentabiliste, massificatrice et consommatrice de la seconde moitié du XXe siècle, source de détresse matérielle et morale. Mais ce que voient nos compatriotes, c'est qu'après les avoir sacrifiés à la société du profit, on les sacrifie à la reconversion écologique de cette dernière, et, qui plus est, au moment où ils n'ont plus rien pour vivre, pas même l'espérance. Et le tout pour un discours convenu de politiques qui refusent de les comprendre.
    Que Macron prenne garde : de cette nouvelle exigence risque de sortir quelque chose de terrible. Le peuple de France ne peut disparaître dans un trou noir.   
    Yves Morel

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/12/30/la-verite-des-gilets-jaunes-un-peuple-exsangue-6116970.html