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social - Page 334

  • Faire échec aux dirigeants staliniens de la CGT

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    Le 17 mars, un ami et lecteur de longue date de L'Insolent, faisait part de sa préoccupation. Il s'inquiétait de la date de la conférence que je donnerai, quoiqu'il arrive, si Dieu nous prête vie, le jeudi 22 mars, alors que, m'écrit-il, "plus aucun métro ne marchera."(1)

    Il me donnait comme référence le lien d'un site, bien significatif de l'atmosphère, "Vos nouvelles du Val d’Oise". La page d'accueil, non datée, diffuse l'anticipation qui avait circulé les jours précédents : "Pas de RER ni de métro, jeudi 22 mars. Grève SNCF du jeudi 22 mars : les conducteurs de RER et du métro s’associent avec les grévistes de la SNCF".(2)⇓

    Votre serviteur et chroniqueur répond d’abord qu'on verra bien… Si ne nous sommes que quatre, nous n’en mourrons pas… J’apporterai un jeu de cartes… La salle est réservée et elle ne nous coûte rien.

    D’autre part l'avenir n'appartient qu'à Dieu, pas aux directions du parti communiste, de la CGT et de la prétendue France insoumise. La rumeur de cette grève à la RATP est propagée par la CGT et ses amis dans les médias. Cela crée un climat. "La" grève est supposée tout paralyser. On se rapproche mythiquement de la "grève générale".

    Cependant l'annonce de ce blocage me semble un peu contradictoire avec :

    1° Les dates de la grève perlée décidée le 15 mars, par la réunion de l’Intersyndicale. Cela commence le 3 avril et cela promet de durer jusqu'au 28 juin. Merci pour les 5 millions d'usagers quotidiens du transport ferroviaire.

    2° La manif elle-même des syndicats : comment les manifestants vont-ils se déplacer ?

    Nous devrions moins focaliser, à propos de ce sujet, sur les divisions entre centrales syndicales. Les quatre principales représentées au sein de la SNCF font, en réalité, et en ce moment, front commun.(3)⇓

    Elles sont poussées par une base qui souhaite à 93 % enrayer les perspectives du rapport Spinetta.(4)⇓

    Or, désormais cette base très large est devenue, du fait même de son élargissement, moins "révolutionnaire" que "conservatrice des avantages acquis". Le premier syndicat français n'est plus la CGT, devancée par la CFDT, talonnée par l'UNSA.

    Au sein de la CGT elle-même, Martinez n'a pris les rênes de l'organisation qu'au prix d'une manœuvre obscure qui ressemblait fort à une opération des staliniens contre les réformistes.(5)⇓

    Aujourd'hui c'est précisément au sein du syndicalisme SNCF que se situe la principale force d'opposition à la ligne jusqu'au boutiste et politisée, de Martinez et de son appareil. Rappelons par exemple que Martinez s'est, par ses prises de position très politiques, assez clairement éloigné de la tradition de la CGT, même sous contrôle communiste.

    Laurent Brun secrétaire général de la CGT cheminots, plaide surtout, de son côté, pour que soit mis en avant son "rapport sur le développement du service public ferroviaire" concocté comme contre-projet conservateur du "monopole d'État".

    Soulignons ici que le même Laurent Brun lors du 51e congrès de la CGT, en avril 2016 à Marseille, avait tenu à la tribune un discours fidèle aux positions d’ouverture relative des deux précédents secrétaires généraux, Louis Viannet et Bernard Thibault. Il avait été l'un des rares à mettre en garde contre la grève générale à tous crins.

    Le congrès avait intronisé Martinez, qui avait fait siffler ces positions par ses partisans.

    Un des enjeux de la confrontation entre la réforme gouvernementale et les appareils syndicaux se situe à ce point précis.

    Il faut donc bel et bien en finir avec le legs stalinien du prétendu modèle hexagonal.

    Si l'on veut détruire Carthage, on ne doit pas céder devant son chantage.

    JG Malliarakis 

    Lien FB de l'insolent

    Apostilles

    1. dans le cadre de l'Institut d'Histoire sociale.
    2. cf. Vos Nouvelles du Val d’Oise 
    3. cf. Chronique des événements courants sur le site de l'Institut d'Histoire sociale. 
    4. cf. la Mobilettre de Gilles Dansart, spécialiste indépendant de référence pour l'actualité ferroviaire et des transports. 
    5. cf. "CGT : Quelques questions sur l'affaire Le Paon" Chronique des événements courants du 17 août 2015.

    http://www.insolent.fr/

  • Un entretien avec Pierre Debray : « Construire l'arche qui permettrait aux Français de survivre au déluge des barbaries »

    Nous avons achevé hier la publication de l'étude magistrale de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. On s'y reportera avec profit en utilisant les vingt-six liens ci-dessous. A l'issue de la parution de cette étude, Pierre Debray avait encore donné à Je Suis Français un entretien complémentaire et conclusif. Nous le publions en deux parties, c'est à dire aujourd'hui et demain mercredi.  LFAR

    Je Suis Français : Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour rédiger un texte qu'annonçaient déjà vos articles de la fin des années cinquante ?

    Debray : Une réunion de famille me fit rencontrer, à cette époque, le patron de R.V.I., l'un des principaux dirigeants de Renault. Je lui expliquai que, d'ici une vingtaine d'années, son entreprise serait en situation de faillite. Il me prit pour un fou. Comment aurait-il pu réagir autrement ? Son carnet de commandes était rempli, au moins pour dix-huit mois. La suite devrait pourtant confirmer mon diagnostic. Il est toujours dangereux d'avoir raison trop tôt, surtout quand on ne maîtrise pas les instruments de technique économique qui auraient permis de fournir des arguments capables de convaincre.

    Vous n'êtes pas un économiste de métier.

    De métier je suis historien, encore qu'on ne puisse faire sérieusement de l'histoire, de nos jours, si l'on n'est pas un peu économiste et sociologue. J'ai eu la chance de rencontrer un homme extraordinaire, que je tiens pour le premier économiste de France, bien avant M. Barre, qui n'est, au mieux, que le meilleur auteur de manuel : Alfred Sauvy.

    Un homme de gauche.

    Debray : Sentimentalement, mais libéré de toute idéologie « libérale » ou « socialiste ». Un esprit libre. Au départ, je me contentais de tirer les conséquences de l'évolution technologique. Dès les années cinquante, on savait que l'automation allait bouleverser la production industrielle et même les services administratifs. Du moment que les responsables politiques et économiques n'en tenaient pas compte, il était facile de prédire la crise. Néanmoins Sauvy m'a fourni l'explication du processus et surtout il m'a montré comment les mentalités constituaient l'obstacle principal. Il suffit d'interroger les gens. Ils sont persuadés que s'il a du chômage c'est que la durée du travail est trop longue. Aussi convient-il de la réduire afin d'embaucher. Or c'est le contraire qui est vrai. Plus la durée du travail est longue, moins il y a de chômeurs.

    Cela commence à se savoir.

    L'expérience des 39 heures n'a pas été inutile, de ce point de vue. Mais il est encore plus difficile de faire comprendre à l'opinion qu'il faut enrichir les riches si l'on veut empêcher les pauvres de s'appauvrir. Pourtant les statistiques américaines démontrent que le niveau de vie des plus défavorisés a augmenté alors que l'écart se creusait entre les revenus les plus élevés et les autres. En d’autres termes, réduire l'écart entre les revenus, au nom de la justice sociale, rend plus pauvres les pauvres.

    C'est le phénomène de la « nouvelle pauvreté ».

    Exactement. Le luxe est créateur d'emplois. Réduisez-le et vous ne pourrez fournir du travail aux ouvriers chassés des usines par le progrès technique. Il faut donc augmenter et non diminuer artificiel­lement, par des prélèvements fiscaux, le nombre de ménages susceptibles de se livrer à des dépenses somptuaires.

    L'égalitarisme démocrati­que est donc la cause véritable du chômage ?

    Cela se démontre, mathématiquement. Sauvy a donné une formulation rigoureuse de ce qu'il nomme l'effet de déversement.

    Vous proposez l'abolition de l'impôt sur le revenu. Les socialistes l'ont déjà réduit.

    Ils l'ont réduit de façon uniforme. Ce qui est une forme de relance par la consommation extrêmement dangereuse. La réduction doit d'abord favoriser les hauts revenus, qui utiliseraient l'argent que ne leur prendrait pas le fisc soit pour investir soit à des dépenses somptuaires. Ce qui, dans l'un et l'autre cas, aboutirait à des créations d'emploi.

    De même vous proposez qu'on ne verse plus d'allocations chômage mais que l'on utilise l'argent pour employer les chômeurs à des travaux d'intérêt public. Vous allez pénaliser les entreprises.

    Pas du tout. Il y a des travaux dont nul ne conteste la néces­sité mais que l'on n'exécute pas faute d'argent. Or nous disposons d'une force de travail inutilisée. Il convient de confier ces travaux à des entrepri­ses, qui embaucheront des chômeurs, les collectivités locales les finançant grâce aux allocations qui auraient été versées de toutes façons et elles percevront les cotisations sociales. Personne n'y perdra rien : ni la collectivité, qui aurait payé des gens à ne rien faire, ni la sécurité sociale qui n'aurait pas reçu, de toutes façons, de cotisation. Si les travaux sont bien choisis, ils favoriseront la reprise économique donc la création d'emplois définitifs. Cette proposition n'a rien d'utopique. Elle a été formulée, de façon moins précise, par le maire de Nîmes.

    Les fameux TUC ?

    Les TUC sont généralement un moyen d'occuper les jeunes à des tâches non rentables et en dehors du cadre normal qui est l'entreprise. Comme nous l'avons constaté pour la réduction de l'impôt sur le revenu, les socialistes cultivent l'art de pervertir les bonnes idées.

    On peut discuter vos propositions. Elles ont du moins le mérite de poser exactement le problème. Les fonctionnaires du Plan admettent la fatalité du chômage, liée au fait que l'homme est chassé de l'usine par la machine. Vous partez par contre d'une remarque de bon sens : ce n'est pas le travail qui manque mais l'argent pour le payer. Il faut donc éviter de gaspiller l'argent en entretenant des gens à ne rien faire.

    L'Etat entretient des parasites qui coûtent très cher car ils sont bien payés et encore n'est-ce que demi mal quand ils sont payés à ne rien faire, ce qui est le cas d'un certain nombre de «chercheurs» du CNRS. Quand ils s'occupent, c'est à empêcher les autres de travailler.

    La nouvelle lutte des classes oppose, selon vous, le peuple fainéant au peuple travailleur.

    La décentralisation à la socialiste aboutit à doubler les parasites d'Etat de parasites régionaux, départementaux et communaux. Toujours cet art de pervertir les idées justes.   (A paraître demain : suite et fin de cet entretien) 

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

    I     II     III     IV     V     VI     VII     VIII    IX     X    XI     XII     XIII     XIV     

    XV   XVI   XVII   XVIII   XIX   XX   XXI   XXII   XXIII   XXIV   XXV   XXVI

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Le député Ménard interroge le ministre de la Culture sur l'arrêté qui met en danger le Puy-du-Fou

    6a00d83451619c69e201b8d2e2fbcb970c-800wi.jpgEmmanuelle Ménard, député de l’Hérault, a écrit au ministre de la Culture, madame Françoise Nyssen : 

    "Madame le ministre,

    Le 25 janvier 2018, vous avez signé un arrêté pris en application du décret n° 2017-1049 du 10 mai 2017 relatif à la participation d'amateurs à des représentations d'une œuvre de l'esprit dans un cadre lucratif. À l’origine, cette démarche voulait protéger les « artistes salariés », le statut des amateurs et aussi celui des employeurs qui pouvaient être accusés d’employer des travailleurs clandestins tandis que les amateurs n’exerçaient que leur passion.

    Pourtant, cette mesure est loin de protéger ces amateurs et les spectacles qu’ils contribuent à animer. Plusieurs spectacles sont directement menacés. Par exemple, les quinze reproductions estivales de la bataille de Castillon (dernière bataille de la guerre de Cent ans) avec ses 400 bénévoles en Gironde, les quinze autres représentations par été du « spectacle historique du château de Saint-Fargeau » dans l’Yonne, ou encore le Puy du Fou qui a recours à 4 000 bénévoles.

    Madame le ministre, j’aimerais attirer votre attention sur ces amateurs qui participent à la vitalité économique des territoires, à la sauvegarde du patrimoine et à la renommée de la France. Le Puy du Fou est un exemple international, il a d’ailleurs reçu six récompenses mondiales et européennes. Il est un acteur économique unique : en 2015, les retombées économiques ont été estimées à 145 millions d’euros. Or l’existence de ce parc est conditionnée à la présence de ses bénévoles amateurs.

    Madame le ministre, les amateurs qui participent à ces spectacles ne sont pas des travailleurs clandestins ou exploités. Ils acceptent librement les contraintes qui leur sont imposées. En votre qualité de ministre de la Culture, je vous demande d’aider ces structures qui participent à la valorisation du patrimoine Français en organisant une règlementation plus souple de l’activité des amateurs dans le spectacle vivant."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2018/03/le-d%C3%A9put%C3%A9-m%C3%A9nard-interroge-le-ministre-de-la-culture-sur-larr%C3%AAt%C3%A9-qui-met-en-danger-le-puy-du-fou.html

  • Les retraités contre Macron - Journal du Jeudi 15 Mars 2018

  • La France, vice-championne d’Europe des emplois précaires

    L’OCDE a publié via Eurostat la part des emplois précaires dans les 28 pays de l’Union Européenne, la moyenne étant de 2,3 %. La France occupe une peu glorieuse 2e place, derrière la Croatie.

    – Pays à plus de 5 % d’emplois précaires : Croatie (8,4 %)

    – Pays à plus de 4 % d’emplois précaires : France (4,8 %), Espagne (4,7 %), Pologne (4,5 %), Slovénie (4,5 %) et Finlande (4,4 %).

    – Pays à plus de 3 % d’emplois précaires : Suède (3,7 %), Belgique (3,5 %), Italie (3,2 %) et Portugal (3,2 %).

    – Pays à plus de 2 % d’emplois précaires : Slovaquie (2,3 %) et Hongrie (2,2 %).

    – Pays à plus de 1 % d’emplois précaires : Danemark (1,9 %), Grèce (1,6 %), Luxembourg (1,5 %), Lettonie (1,5 %), Estonie (1,2 %), Malte (1,2 %), Pays-Bas (1,1 %) et Autriche (1 %).

    – Pays à moins de 1 % d’emplois précaires : Lituanie (0,9 %), Bulgarie (0,7 %), Chypre (0,7 %), Irlande (0,7 %), Allemagne (0,5 %), Tchéquie (0,4 %), Royaume-Uni (0,4 %) et Roumanie (0,2 %).

    A noter le faible score de l’Allemagne et du Royaume-Uni, en total contradiction avec les descriptions du marché du travail faite dans les médias. L’une des deux parties nous prend pour des jambons. Reste à savoir qui. Il est intéressant de noter que le site syndicaliste internationalIndustriall a une toute autre vision du travail précaire et donne les chiffres suivants à l’échelle mondiale dans un document daté du 24 mai 2016 :

    – Plus de 90 % d’emplois précaires : Pérou, Bolivie, Sénégal, Mali, Cameroun, Ouganda, Mozambique, Pakistan, Inde, Chine et Cambodge.

    – Plus de 75 % d’emplois précaires : République Dominicaine, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Equateur, Maroc, Algérie, Ghana, Zambie, Vietnam, Philippines et Indonésie.

    – Plus de 50 % d’emplois précaires : Mexique, Panama, Colombie, Brésil, Paraguay, Chili, Argentine, Finlande, Egypte, Namibie, Botswana, Mongolie et Sri Lanka.

    – Plus de 25 % d’emplois précaires : Canada, Irlande, Portugal, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Roumanie, Turquie, Irak et Afrique du Sud.

    – Moins de 25 % d’emplois précaires : Etats-Unis, Costa Rica, Islande, Royaume-Uni, Norvège, Suède, Belgique, Luxembourg, Suisse, Autriche, Hongrie, Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Russie, Japon et Australie.

    Hristo XIEP

    http://www.medias-presse.info/la-france-vice-championne-deurope-des-emplois-precaires/88047/

  • Le Bastion social : des « zadistes » conséquents par Xavier EMAN

     

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    Il existe, dans les milieux identitaires, anti-mondialistes « de droite », écolo-patriotes et nationalistes-révolutionnaires un intérêt – légitime – voire une fascination – ambiguë parfois – pour l’extrême gauche radicale, ses actions et réalisations, de Notre-Dame-des-Landes au barrage de Sivens en passant par les réseaux d’AMAP et les modes de vie « alternatifs ». Impliqués depuis plus longtemps dans les combats sociaux, écologistes et anti-capitalistes qu’une droite radicale longtemps thatchéro-reagano-occidentaliste (et qui tend malheureusement, dans certaines de ses formes, à la redevenir…), les « bolches » ont indiscutablement des méthodes et des modèles d’action qu’il n’est pas inutile – et même important – d’étudier, ni indigne, parfois, de saluer.

    Pour autant, afin de ne pas tomber de l’analyse honnête à l’approbation excessive, il convient de conserver à l’esprit plusieurs éléments. Tout d’abord, la très large complaisance médiatico-étatico-judiciaire dont ils bénéficient. Même s’ils leur arrivent – lorsqu’ils dépassent le cadre qui leur a été assigné – de subir ponctuellement des accès de répression violente aux conséquences parfois dramatiques (Rémi Fraisse) – qui sont autant de piqûres de rappel des limites à ne pas dépasser… -, leur quotidien militant est globalement et généralement toléré, accompagné, pour ne pas dire célébré quand il n’est pas subventionné.

    Ensuite leur aveuglement complet, pour ne pas dire leur cécité totale, sur les problématiques migratoires, pourtant nœud causal de la mondialisation et du nouveau totalitarisme libéral, en fait, malgré toute la sympathie que peuvent susciter certaines de leurs initiatives, au pire les alliés objectifs, au mieux les idiots utiles, du système qu’ils prétendent combattre.

    Face à cette impasse, des jeunes gens, partageant une large part de leurs aspirations affichées (autonomie, justice sociale, anti-capitalisme, localisme…), se dressent sous la bannière du « Bastion social », débarrassant la lutte sociale de ses scories « sans-frontiéristes », « bien pensantes » et « xénophiles »…. Ils reprennent à leur compte le vieux slogan soixante-huitard « Vivre et travailler au pays » mais sans y ajouter, comme s’en sentent désormais obligés les révolutionnaires homologués « au pays de son choix », pour bien préciser que tout le monde peut vivre n’importe où et qu’un être humain n’est qu’un individu sans racine ni culture que l’on peut balader sur une planisphère au gré de ses « envies » ou des besoins du marché… Ils veulent défendre « les nôtres avant les autres », ce qui n’a jamais induit la haine ni le mépris de ces « autres » que l’on place simplement au second rang de ses naturelles préoccupations, et veulent remplacer l’internationalisme par l’inter-nationalismes, la négation des différences et des particularités par la fierté des racines et le respect des héritages.

    Curieusement, ils rencontrent beaucoup moins de soutien, d’encouragement, de marques de sympathie et de bienveillance que leurs homologues dreadlockeux… Parce qu’ils n’ont pas les bon « looks », pas les bons référents culturels et historiques, pas les bon itinéraires, pas les bonnes gueules… Préjugés et discriminations pourrait-on dire pour sourire en reprenant le vocabulaire consensuel… En réalité, ce qu’on leur reproche, c’est d’être vraiment radicaux parce que cohérents, combattant avec la même force les causes et les conséquences d’un état de faits sur lequel d’autres se content de pleurnicher.

    Et lorsque, dans la journée même de la décision judiciaire, à Lyon, une impressionnante armada de flicaille toujours aux ordres et enthousiaste à servir les pires salopes se rue à l’assaut d’un immeuble public vacant squatté par le Bastion pour y loger des nécessiteux français, c’est sous les encouragements et applaudissements de cette fameuse « extrême gauche activiste » qui se prétend anti-système et révolutionnaire… Cette seule scène suffit à tout comprendre, à tout saisir. Longue vie au Bastion Social !

    Xavier Eman

    • D’abord mis en ligne sur moy que chault, le 1er février 2018.

    http://www.europemaxima.com/le-bastion-social-des-zadistes-consequents-par-xavier-eman/

  • Réforme de la SNCF : Macron ira-t-il jusqu’au bout ?

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    Par André Noël, journaliste ♦ Macron ira-t-il jusqu’au bout dans sa volonté de réformer la SNCF ? Cette volonté de réformer ce mastodonte ingérable et coûteux qu’est la SNCF traduit une bonne intention. Le premier ministre a raison de dire que cela ne peut plus durer : 45 milliards € de dettes qui augmentent de trois milliards € par an, sans compter les intérêts qui in fine seront réglés par le contribuable. Et dans une société où l’on ne parle que d’égalité et dont, par conséquent, on essaie, dans tous les domaines, d’extirper les inégalités, il est de plus en plus intolérable que le statut des cheminots soit à ce point exorbitant du droit commun appliqué aux autres salariés.

    Mais nous parlons d’intention ! Or, pour ce qui est de la SNCF, il y a toujours loin de la coupe aux lèvres, de l’intention à l’exécution. Macron ira-t-il jusqu’au bout ? Déjà, dès le début, sa réforme est a minima (voir ci-après.) Il paraît qu’il va négocier, via son ministre du travail.

    Si négociation il y a, et si elle n’est pas qu’un simulacre pour la galerie, un compromis avec les syndicats en sortira qui sera nécessairement en leur faveur et non pas à l’avantage du pouvoir qui devra « lâcher » quelque chose pour sauvegarder la « paix sociale. » Tous les autres présidents ont fini par reculer.

    Ne parlons pas de ceux qui n’ont jamais eu l’intention de changer quoi que ce soit, tels les Mitterrand et Hollande, mais des autres, c’est-à-dire Chirac et Sarkozy.

    Le premier, en 1995, Juppé étant son premier ministre, a dû abandonner la réforme des régimes spéciaux, dont celui des cheminots, devant la grève qui a immobilisé le pays pendant un mois ; le deuxième les a bien modifiés mais timidement. Il a préservé l’essentiel des avantages liés à ces régi-mes : calcul de la retraite sur les six derniers mois de salaire, système des bonifications ou « trimestres gratuits », octroi des pensions de réversion sans condition d’âge ni de ressources, etc. et cela pour faire passer l’allongement de la durée des cotisations progressivement de 37,5 à 41 ans.

    Et pour faire « bon poids » et désarmer la CGT, il a cru devoir ajouter d’autres « compensations » : échelons d’ancienneté supplémentaires, assiette du salaire liquidable élargie, prime de travail intégrée dans la prime de fin d’année, droit à retraite anticipée pour avoir élevé trois enfants étendu aux hommes. Si bien qu’à l’arrivée, la « réforme » Sarkozy coûte plus aux finances publiques qu’avant son adoption !

    Tout le monde est d’accord sur le diagnostic et sur le caractère intolérable de la situation, même si, à gauche, on ne le concède qu’en privé. Mais ce qui retient les uns et les autres de donner un coup de pied dans la fourmilière des privilèges injustifiés, c’est la grande crainte d’un nouveau « 1995 » qui se solda, un peu plus tard, par la défaite de la majorité RPR-UDF aux législatives de 1997 ; nous eûmes ainsi, sous Jospin, cinq ans d’un socialisme appliqué qui a accouché, en l’an 2000, de la calamiteuse réforme des 35 heures dont l’économie française pâtit encore 18 ans après son adoption.

    Macron n’est pas plus courageux que ses prédécesseurs. Il estime que le rapport de forces lui est favorable et que ce qu’il propose ne déclenchera pas une longue grève comme celle de 1995. Il n’a pas tort et ce pour plusieurs raisons.

    La principale est que le contexte politique a changé. Si nombre de Français se sont solidarisés avec les grévistes à l’époque – grévistes qui pourtant paralysaient leur liberté de circulation – c’est qu’ils étaient vent debout contre Chirac qui, non seulement, quatre mois après son élection, n’a pas tenu ses promesses de campagne mais aussi a fait exactement le contraire.

    Lors de sa campagne, pour se distinguer de son rival Balladur présenté comme le candidat des riches, il annonce qu’il va réduire la « fracture sociale » en faveur des plus démunis, en baissant l’impôt sur le revenu de 30% au cours de son septennat en commençant par une diminution de 5% dès son accession au pouvoir. Mais aussitôt, nommé premier ministre, Juppé fait voter par le Parlement un plan ayant pour objectif de réduire les déficits multiples.

    Le plan Juppé se traduit par une ponction massive sur les revenus des classes populaires. Les salariés, retraités, chômeurs et leurs familles étaient mis à contribution pour 82 milliards de francs de l’époque (12,6 milliards €) en prélèvements supplémentaires. Il faudra attendre Hollande en 2012 pour avoir un matraquage fiscal équivalent. Dans le plan Juppé il y avait donc la réforme des régimes spéciaux, dont celui de la SNCF, ce qui a mis le feu aux poudres. Sur le refus des cheminots est venu se greffer l’indignation des électeurs floués qui ont « fait grève par procuration. »

    Rien de tel aujourd’hui. La CGT est affaiblie, c’est la CFDT, aux élections professionnelles, qui est devenue le premier syndicat de France. Toutes les manifestations ont été des échecs et les militants sont échaudés ; ils n’ont pas réussi à faire reculer le pouvoir sur les lois El Khomri, sous Hollande, malgré de multiples démonstrations. Et les manifestations contre la réforme du Code du travail, il y a quelques semaines, n’ont mobilisé que des effectifs squelettiques. En plus, pour « riposter », les syndicats sont divisés sur la stratégie à suivre.

    La seule déconvenue engendrée par Macron qui arriverait peut-être à fédérer les mécontentements multiples ce serait la baisse du pouvoir d’achat. Mais la catégorie sociale la plus touchée susceptible d’entraîner les autres, c’est celle des retraités qui ne peuvent faire grève et descendent rarement dans la rue.

    Des réformes a minima, comme celles de ses prédécesseurs

    Comme les gouvernements précédents n’ont pas fait grand-chose, ce que présente celui d’Edouard Philippe apparaît, par comparaison, si ce n’est gigantesque, du moins important. Or, comme la réforme annoncée de l’assurance-chômage, sur laquelle nous allons revenir, il s’agit de mesures a minima pour la SNCF.

    La principale et la plus emblématique porte sur le statut des cheminots : plus aucun salarié ne sera embauché sous ce juteux et coûteux statut. « Aux nouvelles générations, aux apprentis, à tous ceux qui veulent s’engager dans la SNCF, nous disons qu’ils bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail », a déclaré Edouard Philippe. Mais cela ne sera effectif pour tous les salariés de la SNCF que, lorsque les derniers embauchés sous statut seront retraités, à savoir dans une trentaine d’années, le temps moyen d’une carrière dans l’entreprise.

    En outre, le projet de réforme ne traite pas des retraites à la SNCF, donc des régimes spéciaux, qui est pourtant la principale inégalité. Le premier ministre a renvoyé la question qui sera examinée lors de la réforme globale des retraites promise pour 2019 après l’avoir été pour 2018.

    Or, comme nous l’avons déjà révélé dans votre Bulletin, Jean-Paul Delevoye, auquel le gouvernement a commandé un rapport sur cette réforme, a déclaré à propos des régimes spéciaux : « Il ne s’agit pas de signer la fin de quelque chose, nous voulons respecter le caractère identitaire de certains régimes de retraite : un cheminot est un cheminot, un gazier est un gazier. » Il n’est donc pas sûr que la réforme Macron sonnera le glas du régime spécial de la SNCF qui peut subsister sous une autre appellation et d’autres modalités de calcul, toujours plus avantageuses que celles applicables aux autres salariés.

    Pour ce qui concerne ce boulet que traîne la SNCF, c’est-à-dire 45 milliards € de déficit, là aussi, le gouvernement renvoie son traitement à plus tard. Si l’on a bien compris, pour faire baisser sa dette, le premier ministre attend que la SNCF engrange des bénéfices sous le double aiguillon de la concurrence et de son changement de statut juridique, après quoi l’Etat mettra la main au porte-feuille (en l’occurrence celui des contribuables, donc le nôtre) pour solder le reste. Edouard Phillipe n’a pas parlé de délai pour cela.

    A partir de 2021, des opérateurs privés pourront exploiter leurs trains sur le réseau ferroviaire français, conformément au calendrier imposé par l’Union européenne à la France pour libéraliser le secteur. Cette ouverture à la concurrence a été bénéfique aux consommateurs comme à France Télécom qui, devenu Orange, gagne de l’argent malgré trois autres compétiteurs. Cela est un peu moins vrai pour EDF-GDF, mais son bilan comptable est meilleur que, lorsqu’elle vivait sous le monopole, ayant mis fin à la spirale d’un déficit permanent.

    Cette ouverture à la concurrence est passée par un préalable pour ces sociétés, à savoir l’abandon du statut d’Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (Epic) au profit de celui de sociétés anonymes à conseil d’administration. C’est ce qu’a annoncé Philippe pour la SNCF. La conséquence est importante. Une Epic est garantie par l’Etat qui, en dernière instance, est responsable de ses dettes. Devenue société anonyme, la SNCF ne pourra plus compter sur le filet de l’Etat.
    Cela devrait l’inciter, comme le fit France Télécom, à tout faire pour être rentable. On le voit, les sujets les plus cruciaux ne sont pas réglés par la réforme Philippe.

    André Noël 05/03/2018

    Source : Le Bulletin d’André Noël, Synthèse hebdomadaire du 5 au 11 mars 2018

    Crédit photo : Angélique Guerin [CC BY 2.0], via Flickr

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