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social - Page 337

  • L'Angleterre, ce paradis fiscal

    6a00d83451619c69e201bb09e5bcc2970d-250wi.jpgQuand La Tribune titre :

    "Brexit : une entreprise britannique sur cinq envisage de délocaliser"

    Est-ce une fausse nouvelle ?

    En effet, un cabinet des Côtes-d’Armor a aidé des centaines de commerçants et artisans français à fuir l'enfer fiscal français en leur créant une société outre-Manche. La Serrurerie Objatoise, en Corrèze, la boulangerie Au four et au moulin à Pocé-les-Bois (Ille-et-Vilaine) et la Carrosserie auto de la vallée de Saint-Amans-Soult, à côté de Mazamet (Tarn) ont la même adresse de siège social : 1 Palk Street, à Torquay, dans le sud de l’Angleterre. Toutes ont été voir le cabinet Setti, installé à côté de Guingamp (Côtes-d’Armor). Cette société revendique avoir créé près de 3 000 sociétés britanniques pour le compte de petits patrons français avec un argument de vente : ils peuvent ainsi éviter de payer leurs cotisations au régime social des indépendants (RSI).

    L’astuce est de créer une société en Angleterre qui rachète l’affaire du commerçant ou de l’artisan. Cette "limited company" crée ensuite un établissement secondaire en France où va s’établir la réalité de l’activité. L’établissement secondaire étant immatriculé auprès d’un tribunal de commerce français, le patron continue à payer ses impôts en France. Même chose pour ses salariés qui restent sur des contrats de droit français. En revanche, le système autoriserait le gérant à ne plus payer ses cotisations sociales, soit environ 45% de ses gains. Sans compter que la revente de l’affaire initiale à la structure anglaise permet de créer des charges artificielles qui ouvrent droit à une grosse réduction d’impôt sur les sociétés pendant environ cinq ans. Le patron de Setti assure que ce système est "parfaitement légal" et qu'en 22 ans, il n'a "jamais eu de problèmes".

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • S’adapter ou périr : l’alternative du travailleur français actuel

    sysoco-solution-protection-travailleur-isolé.jpg

    Bernard Plouvier

    Les innombrables blogs du Net et les rares journaux-papiers qui réussissent encore à paraître se font l’écho des cris et de la fureur de salariés menacés de licenciements et de fonctionnaires qui réclament davantage de considération et une meilleure rétribution.

    Et ceci est plutôt étonnant dans la conjoncture, inchangée depuis les années 1980 : celle d’un marché de l’emploi peu vivace, sauf en secteurs industriels de pointe et dans les services très demandés par le public.

    On a l’impression que les travailleurs français – du moins, ceux qui s’expriment et qui ne sont pas forcément les plus laborieux – en sont demeurés aux slogans des années 1970-80, ceux où l’on glorifiait les « droits » et les « avantages acquis », ceux où l’on beuglait la nécessité d’investir les fonds publics dans les entreprises menacées de banqueroute.  

    Or, le monde a bien changé. L’Occident est envahi de produits fabriqués hors d’Europe : même les vins du Chili, de Californie ou d’Afrique du Sud se sont introduits en force dans un marché classiquement dominé par l’Europe occidentale et danubienne. La Chine et l’Inde, la Corée du Sud et la péninsule malaise nous inondent de produits, certes souvent de médiocre qualité et peu durables, mais de très bas coût de fabrication, ce qui laisse un beau bénéfice aux intermédiaires de tous poils.

    Le travail à médiocre valeur intellectuelle ajoutée, à médiocre savoir-faire s’est délocalisé, de façon irréversible dans le contexte globalo-mondialiste actuel. Il faut s’y résoudre et abandonner les vieilleries ressassées par des permanents syndicaux affolés par la perte prévisible de leurs sinécures. Il est urgent de penser autrement.

    Le travail restera toujours la noblesse du chef de famille, lui permettant de nourrir les siens. Le travail restera toujours la meilleure façon de s’épanouir pour l’être de talent, ou de servir la collectivité pour l’idéaliste. Encore faut-il s’adapter au milieu ambiant, tout en exigeant de l’État qu’il remplisse son rôle véritable.

    S’adapter, cela signifie comprendre que le travail n’est plus un droit sans contrepartie de devoirs et qu’il est devenu impératif d’abandonner les stupidités démagogiques d’un autre âge. Il faut être un zombie déconnecté de son époque pour croire encore à la semaine de travail de 35 heures.

    Pour redevenir compétitif, le travailleur français doit travailler plus et surtout mieux que les concurrents extra-européens. Pour cela, il faut se perfectionner régulièrement, apporter son enthousiasme, ne rechigner ni sur la qualité ni sur la quantité de travail utile.

    Il est évident qu’il faut impérativement former la jeunesse aux plans technique et moral. Les petits princes et les jolies princesses d’aujourd’hui seront les raté(e)s de demain, les chômeurs ou les clochards, si on ne leur apprend la nécessité absolue de travailler beaucoup en classe, puis d’apprendre un métier productif, utile à la collectivité.

    L’État n’est pas une pompe à fric destinée à renflouer les entreprises au bord de la faillite, parce que la faible productivité s’est associée à une mauvaise gestion, le tout favorisé par la démagogie syndicalo-politique.

    En revanche, les patrons temporaires de l’État, nos brillants élus du peuple, ont de nombreux devoirs :

    • celui de s’occuper activement de réindustrialiser intelligemment le pays,
    • celui de chasser les enseignants incompétents et politisés, de promouvoir un enseignement secondaire adapté au monde actuel (sciences et techniques, langues modernes), un enseignement technique de grande qualité intégrant des stages réellement formateurs au programme théorique,
    • celui de renvoyer massivement vers leurs continents d’origine les extra-européens,
    • celui d’interdire les exportations de capitaux à visée spéculative,
    • celui de déconnecter l’économie française des vautours mondialo-globalistes, et de l’intégrer aux économies des grands pays d’Europe.

    Notre continent, étendu de l’Atlantique au Pacifique, de l’Islande à Vladivostok, est assez riche en humains de grande qualité et en ressources matérielles pour que l’économie française y trouve ses débouchés et ses zones de coopération... ce qui rendra au travailleur français, sinon le mythique « bonheur », du moins la possibilité de s’épanouir et la certitude que ses enfants auront, eux aussi, du travail.      

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Quand la chute de la Monarchie iranienne a changé le cours de l'histoire du monde.

    Des manifestations qui secouent actuellement l'Iran, nous n'avons que quelques photos et les images, désormais rares depuis le blocage par le Pouvoir en place des réseaux sociaux et des plateformes de vidéos, de jeunes en colère et des fumées de lacrymogène qui leur répondent. Mais la contestation, d'abord économique et sociale, prend parfois des accents politiques et des slogans hostiles à la République islamique se font entendre... Cela nous rappelle aussi la responsabilité de l'Occident dans l'établissement de ce régime dont, aujourd'hui, les Iraniens peinent à se défaire, près de 40 ans après le renversement de la Monarchie perse

    Dans les années 1970, l'Iran était dirigé par le Shah Reza Pahlavi d'une main de fer et les ayatollahs ne dictaient pas leur loi religieuse ni à l’État ni à la société. La Monarchie modernisait le pays à marche forcée, trop vite sans doute et dans l'imitation d'un mode de vie occidental qui n'était pas le mieux adapté à la société iranienne. Mais les femmes avaient des droits visibles et pouvaient s'habiller comme elles voulaient, et l'impératrice Farah Diba jouait un rôle non négligeable dans la promotion de la place de la femme dans la société, au-delà des traditions parfois, dans une sorte d'application contemporaine et féminine de la « tradition critique » chère à Maurras... En ce temps-là, l'Iran était considéré comme la principale puissance militaire de la région et une « puissance émergente » sur le plan économique comme sur le plan géopolitique : le pays, sous l'égide de son souverain francophile, apparaissait comme un facteur d'ordre et de modernisation, et se voulait l'héritier de la grande civilisation de la Perse ancienne. Jusqu'aux hommes de la Garde impériale qui étaient nommés « les Immortels » en référence aux troupes d'élite de l'Antiquité dont les figures s'étalaient sur les murs de Persépolis.

    Un bel avenir était promis à l'Iran, comme il l'avait été, en d'autres temps et d'autres lieux, à la France monarchique de Louis XVI qui, à la veille de 1789, se préparait, pensait-on, à dominer le nouveau siècle qui s'annonçait...

    La révolution islamiste, soutenue par les « classes discutantes » occidentales et favorisée par des États occidentaux inquiets des velléités d'indépendance du Shah d'Iran à l'égard des multinationales pétrolières, en a fini avec ce destin apparemment tout tracé et, à peine deux ans après le début d'icelle, la guerre éclatait avec l'Irak voisin, alors soutenu par les États-Unis avant que, dix ans plus tard, ceux-ci ne se retournent contre ce dernier et débutent une nouvelle guerre dans cette région, guerre qui n'a plus vraiment quitté depuis lors ces terres d'Orient... Mais, surtout, 1979, année du renversement de la Monarchie iranienne, est la véritable date de naissance d'un nouvel islamisme idéologique toujours problématique aujourd'hui. En effet, la révolution islamique iranienne était menée par des mollahs chiites, et le voisin saoudien, de confession sunnite, y a vu un risque de perte d'influence dans toute la région, voire au-delà, sur les musulmans du monde qui pouvaient considérer l'Iran chiite (donc hérétique aux yeux des dignitaires sunnites) comme le nouveau porte-drapeau d'un Islam plus politique et revendicatif, peut-être même menaçant pour son propre Pouvoir. En réaction, l'Arabie Saoudite mais aussi d'autres États de confession sunnite ont financé de nombreuses mosquées de par le monde et suscité l'apparition de groupes que l'on qualifierait aujourd'hui de « radicaux » (et fort peu laïques malgré ce qualificatif qui renvoie, dans notre histoire politique française, aux anticléricaux de la IIIe République...) pour contrecarrer le « risque chiite » : ainsi est née la « Créature » qui, aujourd'hui, porte de multiples noms et prend, y compris au sein de nos propres sociétés, de multiples formes, frappant parfois notre pays dans sa propre chair... 

    Ce qui se passe ces jours-ci dans l'ancien empire perse nous renvoie ainsi et aussi à notre histoire et à ses conséquences, mais aussi aux inconséquences des Démocraties occidentales : mais, si la République islamique d'Iran s'effondrait, ce qui semble encore bien lointain (sans être totalement impossible), cela marquerait-il pour autant la fin de la « Créature » ? Rien n'est moins sûr car les extrémistes sunnites y verraient la confirmation de la justesse de leur combat contre « l'hérésie » chiite... Et un Iran à nouveau déstabilisé ferait le bonheur des puissances voisines et pourrait entraîner de nouvelles configurations et conflagrations dans toute la région, de la Syrie au Yémen, du Liban à l'Afghanistan.

    Néanmoins, doit-on se satisfaire de cet État islamique iranien qui, par la faute et la lâcheté des puissances occidentales (dont la France giscardienne de l'époque), règne encore sur un pays qui mériterait de renouer avec sa grandeur passée et sur une jeunesse qui mériterait un autre avenir que celui imposé par les gardiens sourcilleux d'une « révolution islamique » si peu favorable aux libertés domestiques comme intellectuelles ? Que de jeunes monarchistes iraniens participent aux affrontements du soir à Téhéran ou à Tabriz ne signifie pas que la Monarchie reviendra, loin de là, mais que l'Histoire n'est jamais finie et que la révolte, dont on ne sait quel est son destin, ouvre des perspectives qui ne sont pas forcément désespérantes...

    Jean-Philippe Chauvin

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Royalisme et question sociale. Partie 1 : 1791, l'année maudite pour les travailleurs.

    C'était au début des années 1980, un jour d'affichage dans le quartier rennais de Maurepas, considéré comme « populaire », ce qui, à mes oreilles, n'a rien de péjoratif ni de méprisant. Les placards que je portais sous le bras avant de les étaler sur les sortes de colonnes Morris d'affichage libre étaient fort explicites et proclamaient : « la République se meurt, vive le Roi », sur un fond bleu azur qui attirait l’œil. Un homme, sans arrêter sa marche rapide, lança en passant près de moi, un sonore « Vive le Roi » ! Une trentaine d'années après, pratiquement au même endroit, la même scène se reproduisit, après quelques phrases de discussion avec un homme dont l'apparence montrait aisément qu'il n'était pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche, comme l'on dit.

     

    Il est vrai que l'accueil a souvent été plus favorable dans ces quartiers populaires, anciennement ouvriers pour la plupart, que dans les « beaux quartiers », sans que, pour autant, ces derniers nous soient uniformément hostiles, loin de là. Mais ces souvenirs, qui sont toujours renouvelés par mes activités militantes, sont l'occasion de quelques rappels, aussi bien historiques que politiques, sur le discours et l'action royalistes envers ce que l'on peut nommer les classes populaires, constituées jadis de travailleurs manuels et, de plus en plus aujourd'hui, de salariés du secteur tertiaire.

    Tout d'abord, et j'en trouve confirmation dans nombre de manuels scolaires que je ne cesse de parcourir et de lire, ceux des années 1960 jusqu'à nos jours, la République n'a pas été naturellement favorable au monde ouvrier ni, même, aux classes populaires dans leur ensemble, et cela remonte aux origines de la République et à cette Révolution dont nous n'avons pas encore fini de payer le prix, trop lourd pour le pays comme pour ses peuples, de la Bretagne à la Provence, de la campagne à l'usine... Les idées mêmes des Lumières n'accordent que peu d'intérêt aux travailleurs mais beaucoup plus aux échanges et aux fruits du travail, suivant la célèbre (et terrible) formule de Benjamin Franklin qui résume cet état d'esprit : «Le temps, c'est de l'argent », véritable négation de la véritable valeur du temps qui est, encore et d'accord, la vie et « le temps de vivre », ce dernier offrant aux hommes la flânerie, la rêverie et l'espérance du lendemain. A lire les manuels scolaires sur cette période et en approfondissant un peu, l'on peut être surpris que les philosophes « oublient » les travailleurs et que pas un mot ne semble surgir sous leur plume pour en appeler au respect de conditions de travail décentes pour les mineurs ou les tisserands d'usine quand, dans le même temps, c'est un roi, Louis XVI, qui, pour la première fois, emploie la formule « justice sociale », appelée à une si grande destinée et prospérité au XXe siècle...

     

    L'année 1791 est une année maudite pour la condition ouvrière en France, et toutes les luttes sociales du XIXe siècle mais aussi d'une grande part du XXe ne seront rien d'autres, en définitive, que la « réparation » des malheurs nés des deux textes majeurs et si peu sociaux de cette année-là. Le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier mettent à bas tout l'équilibre social hérité des siècles précédents, au nom d'une « liberté du travail » qui n'est rien d'autre que l'application de la théorie libérale du « laisser faire, laisser passer » et, surtout, la liberté de celui qui possède l'argent sur celui qui n'en a pas, la liberté de l'argent face à celles, rabaissées, des travailleurs. Dans un livre qui reste un de mes livres de chevet (Le Prolétariat, publié en 1937), le comte de Paris rappelle, avec grande justesse, que « les principes de 1789 ont créé le Prolétariat », et que « La loi Le Chapelier du 17 juin 1791 est l'acte de naissance du Prolétariat » : « Après le coup d'état bourgeois de 1789, l'ouvrier abandonné à lui-même, inapte à s'associer, incapable de se défendre, fut asservi par les employeurs.

     

    « Le vote d'une loi aussi inhumaine avait-il au moins donné lieu à des incidents de séance ? Avait-il déchaîné des répliques violentes ou suscité des interventions généreuses ? Non. La Constituante se désintéressait à un tel point de la classe ouvrière qu'elle adopta la loi Le Chapelier à l'unanimité. (…) En permettant au détenteur du capital de jouir d'une pleine liberté, en enlevant à l'ouvrier tout moyen de défendre ses intérêts professionnels, elle a précipité les classes laborieuses dans le prolétariat, cycle infernal où elles devaient, sans cesse, tomber plus bas au cours du siècle suivant. »

    Pourquoi cette unanimité de l'Assemblée constituante pour la suppression des corporations et, dans le même temps, l'interdiction des grèves et des associations professionnelles, interdiction qui ne sera relevée, en deux temps, qu'en 1864 et en 1884 ? Sans doute parce qu'il n'y avait aucun ouvrier des villes dans cette assemblée et qu'elle était dominée par la Bourgeoisieque l'on pourrait ici définir comme « classe d'intérêts », classe hétérogène dans sa constitution mais bien plus homogène dans son esprit libéral « à l'anglo-saxonne », fascinée par le modèle économique et social anglais et, dans le même temps, par celui, plus politique, des États-Unis naissants. Sans doute aussi parce que nombre de Français ne mesuraient pas encore les conséquences ni ne soupçonnaient les formes de l'industrialisation émergente telles qu'elles commençaient à s'imposer au-delà de la Manche. Sans doute aussi parce que les anciennes formes corporatives semblaient pesantes faute d'avoir accompagné et apprivoisé les mutations techniques en cours et les désirs montants des consommateurs, devenus les alibis d'une bourgeoisie libérale soucieuse de s'enrichir plutôt que de servir un Bien commun qui lui semblait moins immédiatement profitable...

    Ce qui est étonnant, au regard des manuels scolaires contemporains, c'est le grand silence ou, au mieux, la grande discrétion de ceux-ci sur la question sociale dans la Révolution et sous la Première République : la suppression des corporations et des protections sociales n'est pas évoquée, la plupart des temps, ou expédiée en une phrase, parfois en une ligne... Quant au sort des ouvriers, il n'est même pas abordé, pas plus, d'ailleurs, que celui des paysans, pourtant majoritaires dans la France des années révolutionnaires ! Si l'on parle parfois du calendrier républicain et de ses décades qui remplacent les semaines de sept jours, aucune information ne transparaît sur l'augmentation conséquente du temps de travail ouvrier qui en est la conséquence la plus immédiate et sensible pour les travailleurs d'usine et des chantiers, malgré la survie, dans nombre d'endroits, des traditions de fêtes religieuses, traditions combattues avec la plus grande virulence par la bourgeoisie républicaine qui y voit, en bonne héritière de la logique franklinienne, du « temps perdu » et, donc, des profits moindres.

    Ainsi, « l'émancipation » que certains évoquent à propos de la Révolution n'en est une que pour les puissances de l'argent et les classes possédantes, mais nullement pour les travailleurs, désormais condamnés au « travail captif » et à la « servitude professionnelle » : des murailles effondrées d'une Bastille qui faisait surtout peur aux « puissants » que l’État royal pouvait y emprisonner, vont naître de nouvelles forteresses et de nouveaux murs d'argent, toujours en place aujourd'hui, et qui ne semblent guère menacés par les contestations sociales éparses, faute de frapper aux fondements mêmes de la logique capitaliste et, en France, si éminemment républicaniste...

    (à suivre)

    Jean-Philippe CHAUVIN

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Loi Travail : une plaisanterie macronesque

    Marine Le Pen, comme Mélenchon et Martine Aubry, trouvent scandaleuse la nouvelle loi par ordonnances du gouvernement de simplification du Code du Travail pour essayer  –un petit peu – d’inverser la courbe du chômage. On parle de « casse » ou de « régression » sociale, de « salariés jetables » (Marine Le Pen) selon un raisonnement paléo–marxiste infantile qu’on ne trouve que dans cette « France qui tombe » selon le titre d’un livre de Nicolas Baverez.  

    En réalité cette loi Travail est timide et insuffisante pour résorber le chômage endémique français – malgré une ”com” prétentieuse et vantarde. Elle ne résoudra que peu de choses.

    Vive la réformette !

     Le projet des Républicains et de Fillon, avant leur déculottée à la présidentielle, était nettement plus ambitieux que les ordonnances macroniennes. Il prévoyait la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche et la suppression des seuils sociaux, qui dissuadent les TPE et les PME d’embaucher. Or, la Loi Travail du gouvernement est d’une très grande frilosité dans ce domaine, reprenant les premières propositions de la loi El Khomri  – quand Hollande était encore président et Macron son ministre – retirées dans la panique après quelques manifs violentes. 

    Les ordonnances Pénicaud, en faisant la part trop belle aux accords de branche (on a cédé, une fois de plus, devant les syndicats) et en vidant de leur substance les accords d’entreprises, contrairement aux promesses d’Emmanuel Macron, n’auront pratiquement pas d’effets sur l’emploi. L’économiste Pierre Cahuc, professeur à Polytechnique, estime que la Loi travail « verrouille le dialogue social au niveau de la branche » et ne l’ouvre pas dans l’entreprise (in revue Challenges), rigidité qui dissuadera encore et encore les chefs d’entreprises (ETI, PME et TPE notamment) d’embaucher.

    Certes, cette loi Travail supprime un certain nombre de contraintes pour les entreprises mais, à cause des pressions syndicales, elle renforce le rôle des branches au détriment des PME, ce qui conforte le corporatisme. Cette loi détruit souvent de la main gauche les avantages qu’elle concède de la main droite. Elle n’entre pas dans le cadre d’une réforme, franche et massive, comme le pays en aurait besoin d’urgence, mais d’un simulacre de réforme, une réformette. Spécialité des gouvernements français depuis plus de 30 ans.

    D’ailleurs, comme ses prédécesseurs, forts en gueule mais mous du genou, Macron, ce Jupiter de bande dessinée, a cédé à la première menace de blocage des routiers, les exonérant des faibles dispositions de la loi et confortant leurs privilèges. 

    Pas un remède, un placebo

    La direction de l’entreprise n’a pas la possibilité de consulter en direct les salariés, même  avec majorité des deux tiers. Ce ne sera possible que dans les entreprises jusqu’à 20 salariés … à condition qu’il n’y ait pas de délégué du personnel. Entre 20 et 50 salariés, la direction devra négocier avec un salarié mandaté. Et contrairement au programme de Macron qui prévoyait le référendum dans toutes les entreprises, dans les grandes, il est totalement exclu. Encore une promesse en l’air. Le monopole –antidémocratique – des corporations syndicales minoritaires est maintenu. La loi Travail ne touche donc pas aux rigidités qui ligotent les entreprises et sont une des causes du chômage de masse comme des délocalisations et de la frilosité des investisseurs étrangers en France.     

    Comme le fait remarquer  Agnès Verdier – Molinié, directrice de la Fondation Ifrap : « En matière de seuils sociaux, on peut regretter que les ordonnances renforcent encore le caractère repoussoir du seuil de 50 salariés. Ce dernier est déjà une cause de l’absence de développement des PME. Or, en lieu et place de la réforme des seuils sociaux, le gouvernement engage la fusion des instances représentatives (trois) dans un comité social et économique (CSE) » Bien que positive et de bon sens, cette mesure est pourtant insignifiante. Toujours des accouchements de souris. Des médicaments bidons.

    Seules les entreprises de moins de 50 salariés pourront, en l’absence de délégué syndical, négocier des accords avec un élu du personnel qui ne soit pas mandaté des syndicats. Seules celles de moins de 20 salariés pourront facilement recourir au référendum. Ainsi les seuils de 20 et 50 salariés, qui découragent les embauches même quand la situation économique s’améliore, sont maintenus. Les syndicats, corporations non–démocratiques qui veulent maintenir leur monopole et leur fromage, ont fait reculer le gouvernement qui avait pourtant promis la levée des seuils.  

    L’embauche toujours découragée

    Rien n’est prévu dans cette loi Travail pour modifier les règles drastiques et paralysantes limitant l’embauche en CDD : dans le privé le CDD ne peut être utilisé pour un emploi lié à l’activité normale de l’entreprise, il ne peut être renouvelé que 2 fois, pour une durée maximale de 2 ans et sous certaines conditions contraignantes. Ce, selon une vision infantile du fonctionnement des entreprises, afin de pousser les méchants patrons à embaucher en CDI. Résultat : ils préfèrent ne pas embaucher du tout puisque les contraintes du CDI sont trop fortes.

    En France, pays de la « préférence pour le chômage » (Denis Olivennes), être au chômage est implicitement une meilleure solution que travailler en CDD.  Les Italiens ont eu le courage et l’intelligence de modifier leur Code du travail – qui ressemblait au nôtre –pour permettre aux entreprises d’embaucher en CDD sans avoir  à  motiver cette décision auprès de l’administration.

    Parasitisme et assistanat préservés

    La nouvelle loi ne touche pas à la catastrophique et injuste ”garantie jeune ” : ce dispositif, entré en vigueur le 1erjanvier dernier, que Macron n’a pas osé abolir, permet à des jeunes qui n’ont jamais travaillé, jamais cotisé, d’encaisser 545 euros par mois, soit 75% de ce que touchent comme retraite de petits agriculteurs qui ont travaillé toute leur vie depuis l’âge de 13 ans. En France, 2 millions ( !) de ”décrocheurs” de 18 à 25 ans qui n’étudient pas, ne travaillent pas et ne sont pas en formation bénéficient, sans rien faire, de ce chèque payé par un État surendetté. C’est pour eux que cette assistance est destinée. Inutile de préciser qu’une majorité conséquente est d’origine immigrée…C’est un boulet pour la nation, au coût exorbitant, qui nous mènera au désastre.

    On n’a pas non plus osé abolir la durée du travail à 35 h., contrainte catastrophique et unique au monde. Ni touché au smic, le salaire minimum trop élevé, qui exclut de l’emploi les jeunes non qualifiés. Ni supprimé cette disposition idéologique d’une stupidité sans non qui interdit l’emploi partiel en dessous d’un certain seuil horaire, facteur, là encore de non–embauche et de chômage.

    Les déclarations musclées et lucides de Macron contre le parasitisme et l’assistanat  social qui minent la France étaient des paroles en l’air. Comme ses prédécesseurs – et comme c’eût été probablement le cas si Fillon avait été élu – il est incapable de passer des paroles aux actes.    

    Et la Suisse dans tout ça ?

    Le secrétariat suisse à l’Économie note, sur sa fiche ”France” : « la rigidité du marché du travail est relevée par la plupart des investisseurs comme le principal obstacle des investissements étrangers en France. »

    En Suisse, la loi sur le travail comporte 74 articles regroupés sur 32 pages, complétés par des ordonnances sur la sécurité et les normes, représentant 130 pages. À comparer à l’ubuesque usine à gaz du code du Travail français avec ses 3.448 pages. La Suisse a le code du Travail le plus simple, le plus clair et le plus mince de tous les pays développés, le taux de chômage le plus bas, le niveau de vie le plus élevé, le nombre de pauvres le plus faible. La France à le Code du travail le plus massif de tous les pays développés, le taux de chômage parmi les trois plus forts – chômage de masse –, un niveau de vie général en baisse depuis dix ans, plus de 20% inférieur à celui de la Suisse, et le nombre de pauvres (9 millions) et de sans abris le plus élevé. Cherchez l’erreur.

    Le fait que Jean–Claude Mailly, le dirigeant de FO, trouve de grandes vertus à la loi présentée  par Muriel Pénicaud – avec qui il a longuement négocié – est le signe de la vacuité de cette loi Travail qui ne marque nullement une révolution libérale, anti – technocratique et anti–fiscaliste, seule susceptible de relancer l’emploi marchand, mais une imposture de plus.  Les économistes et dirigeants suisses ont certainement dû remarquer que la France qui représente 1% à peine de la population mondiale, versait  15% des toutes les prestations sociales de tous les pays du monde. Qui les paye ? Les classes moyennes et le secteur économique privé. 

    Chômage de masse et pénurie de main d’œuvre employable

    Le paradoxe français, c’est que (droite et gauche confondues puisque tout le monde est imprégné de vulgate marxiste) la redistribution sociale est préférée au travail ; mais, cercle vicieux, cette redistribution ne s’appuyant pas sur le travail, du fait du chômage de masse, elle se nourrit de l’emprunt et de la dette, chaque année plus abyssaux.

    La cause principale du chômage de masse en France – cas unique dans l’OCDE – est due, non pas seulement au Code du travail ubuesque et répressif qui dissuade d’embaucher, mais aussi aux charges sociales et fiscales massives (les plus fortes du monde) sur les entreprises, à la rémunération longue, généreuse et sans surveillance des chômeurs qui les dissuade de chercher sérieusement un emploi. Le chômage est dû aussi à la dégradation de l’enseignement primaire et secondaire terminé par un baccalauréat pour tous dévalorisé ; ce qui, conjugué à l’insuffisance de la formation professionnelle et à l’échec massif des étudiants en faculté, produit des bataillons de jeunes non–qualifiés, inemployables par les entreprises. Ils sont condamnés au non–emploi ou aux ”emplois aidés” artificiels et peu durables.  Et les entreprises françaises sont confrontées à une pénurie dramatique de jeunes qualifiés et compétents et ce, dans tous les métiers. Fait aggravé par l’expatriation d’une forte proportion de jeunes élites.  Remplacés par des ”migrants” inutilisables sur un marché du travail sophistiqué.

    L’imposture macronienne

    Macron, homme d’image, superficiel, sans socle, n’a rien de nouveau et ressemble à ses prédécesseurs : céder à l’idéologie de gauche redistributive et pseudo – sociale, à la moindre averse. Parce que, après la publication des ordonnances de la timide Loi Travail et des propos sur les assistés et autres « fainéants », il a été traité par les saintes Voix de Gauche d’ « homme de droite », parce qu’après le non moins timide budget 2018 qui réduit l’ISF, baisse (à peine) charges et impôts – sauf pour les classes moyennes aisées –  Sa Majesté Le Monde l’a qualifié de« président des riches ». M. Macron et ses troupes de LREM, effrayés, ont fait machine arrière toute : on rétablit l’ISF sur les abominables ”produits de luxe ostentatoires”, gros voiliers, belles voitures, etc. et surtout, bêtise et scandale, on envisage de réduire ou de supprimer les allocations familiales pour les classes moyennes aisées, au nom d’une conception dévoyée de la justice sociale. L’universalité et l’égalité des allocations familiales quel que soit le revenu étaient une spécificité française qui nous épargnait le plongeon démographique de nos voisins. Pour obéir à la gauche, Macron – qui n’a pas d’enfants et n’en aura jamais – et sa majorité s’apprêtent à parachever l’œuvre commencée sous Hollande de destruction de la politique familiale française. Ces classes moyennes ”riches” sont la colonne vertébrale du pays. Leur supprimer les prestations familiales, c’est les décourager, les inciter à ne plus faire d’enfants et à partir. Catastrophique pour la natalité autochtone. En revanche, cela permettra d’augmenter les allocations pour des catégories – d’origine immigrée– déjà en surnatalité et abreuvées d’aides en tout genre. 

    La réforme de l’assurance chômage et de la formation professionnelle prévues par Macron vont dans le même sens : faire plaisir à la gauche.  Ce seront des coquilles vides. De ces calculs politiciens, il ne sort rien, que du caramel mou contre le chômage de masse, l’assistanat inefficace, le collectivisme appauvrissant et l’endettement croissant. 

    https://www.gfaye.com/loi-travail-une-plaisanterie-macronesque/

  • Politique / Légère baisse du chômage et polémique - Journal du Jeudi 28 Décembre 2017

  • Faux certificats à des migrants : des médecins mis en examen, des présidents d’associations pro-migrants se faisaient 5000 euros par demande

    Cinq médecins ont été mis en examen pour avoir délivré de faux certificats médicaux à des étrangers leur permettant de rester en France légalement et escroqué l’Assurance maladie à hauteur de près de 3,9 millions d’euros, a-t-on appris mardi de sources concordantes. Deux présidents d’associations à vocation humanitaire et deux de leurs rabatteurs ont également été mis en examen notamment pour « aide au séjour irrégulier en bande organisée, escroquerie et abus de confiance ». Les neuf suspects, arrêtés en Ile-de-France entre le 10 octobre et le 28 novembre, ont été placés sous contrôle judiciaire, a précisé une source judiciaire.

    Les enquêteurs de la sous-direction de la lutte contre l’immigration irrégulière, rattachés à la préfecture de police de Paris, avaient débuté leurs investigations à la suite d’une dénonciation de l’Agence Régionale de Santé (ARS) à l’encontre de plusieurs médecins. L’enquête « démontrait que ce réseau sévissait depuis au moins 2012 avec la complicité de présidents d’associations et de rabatteurs, permettant à des étrangers d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb en situation irrégulière de rester en France en faisant valoir un statut de personnes malades », explique une source policière.

    Contactés par de nombreux étrangers déboutés de leurs demandes de titres, les deux présidents d’associations montaient des dossiers de régularisation, en faisant état de pathologies mentales. Pour chaque demande, ils touchaient 5.000 euros qu’ils partageaient parfois avec certains rabatteurs. Les médecins, dont trois psychiatres, délivraient moyennant quelque centaines d’euros des certificats médicaux faisant état de fausses pathologies mentales et en profitaient pour escroquer massivement les caisses d’assurance maladie en déclarant notamment des consultations fictives. 

     
     L’un des médecins avait déclaré jusqu’à 27.000 consultations par an, soit 74 par jour, avec un pic à 800 consultations en un jour. Un autre praticien du réseau, surfacturait 867 fois de plus que la moyenne les actes médicaux à l’Assurance maladie. Plus de 489.000 euros, quatre appartements d’une valeur de 1,285 million d’euros, des articles de luxe et deux voitures ont été saisis par les enquêteurs, assistés des effectifs de la PIAC (Plate-forme d’identification des avoirs criminels). (…)

    http://www.fdesouche.com/923245-faux-certificats-a-des-etrangers-5-medecins-poursuivis

  • DAL, maître dans l’art du squat

    L’association Droit au logement (DAL) a fait de l’occupation illégale d’un immeuble une opération politique à grand spectacle et une arme idéologique : elle est à l’origine de la plupart des squats qui ont fait parler d’eux à Paris de 1987 à 2001. 
    Jusqu’en 1986, les squats parisiens existaient, mais n’avaient aucun retentissement médiatique : ils étaient marginaux, évidemment illégaux, considérés et traités comme tels. C’est en 1987 que le regard médiatique et politique a changé, influençant dans une certaine mesure celui du public. A l’origine de ce changement, l’association Comité des mal-logés qui deviendra trois ans plus tard DAL. Elle a pour porte-parole Jean-Baptiste Eyraud, maoïste pur jus, partisan d’un État nourrice qui tiendrait ses citoyens sous perfusion, et bien sûr contempteur du droit de propriété. 
    Le premier objectif de l’association est de faire du bruit : non pas pour reloger les familles misérables qu’elle instrumentalise, mais pour attirer l’attention sur les carences des pouvoirs publics en matière de logement social. A l’origine, son but est en effet de pousser à la construction de logements sociaux. 
    Rapidement, elle mesure l’intérêt de se focaliser sur des « demandeurs de logement d’origine africaine ». Jean-Baptiste Eyraud se révèle un communicant redoutable. Chaque squattage s’accompagne de reportages écrits et télévisés, qui le précèdent même parfois puisque les cameramen ont miraculeusement le temps de se préparer avant l’arrivée des squatteurs majoritairement étrangers. Après avoir installé les squatteurs, DAL fait mine de découvrir des conditions insalubres et organise dans la foulée une manifestation pour exiger le relogement des squatteurs. Le tout livré clés en main aux médias. 
    Il ne reste à la presse qu’à trouver quelques formules pour faire pleurer dans les chaumières : « Dans la froide nuit d’hiver, des familles entières dorment sous des bâches », ou encore : « La population du quartier, unanime, apporte son soutien aux squatteurs. Des mères de famille offrent des pâtisseries, préparent des thermos de café et distribuent du chocolat aux enfants » (formules citées par Julius Muzart). 
    L’entreprise de culpabilisation est brillante : quel monstre faudrait-il être pour ne pas être ému ? Comment ne pas s’identifier à ces riverains charitables ou, mieux, solidaires ? 
    Dans la réalité en revanche, pendant que les médias mettent en scène des familles africaines ravies de leurs nouveaux logements, les voisins commencent à déchanter au milieu des trafics en tous genres, conséquence prévisible du squat. 
    L’association DAL a connu ses heures de gloire à l’arrivée de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris. Il a donné l’ordre à ses services de reloger en priorité les protégés de l’association
    Entre 2002 et 2006, 90% des relogements urgents réalisés par la Ville bénéficièrent ainsi à des squatteurs, majoritairement originaires d’Afrique noire. 
    Jean-Yves Le Gallou, Immigration, la catastrophe. Que faire ?

  • La gabegie hospitalière française, par Francis Bergeron

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    9012-20171220.jpgLa nouvelle est tombée alors que personne ne s’y attendait vraiment : le secteur hospitalier public, qui avait perdu 460 millions d’euros en 2016, s’attend à perdre cette année 1,5 milliard d’euros, alors que chacun pariait sur une stagnation voire un reflux des pertes.

    Le budget annuel du secteur hospitalier étant de 200 milliards, cette perte de 1,5 milliard n’en représente qu’une fraction assez modeste. Mais à y regarder de plus près, la situation est sérieuse, car elle traduit une tendance lourde. Les charges des hôpitaux sont en augmentation de 3 % par an, alors que le budget, principalement constitué de dotations publiques, n’augmentera que de 2,3 %. Cela signifie tout simplement que ce déficit, qui a triplé en un an, pourrait tripler chaque année. Si rien n’est fait, c’est notre système de santé tout entier qui s’effondrera. Or ledit système se veut la vitrine de l’exception française, l’héritage de 1945.

    La gauche, qui a avalé tant de couleuvres ces derniers mois, n’acceptera jamais une réforme de fond. On peut donc s’attendre à une remobilisation sur le thème, toujours populaire, de la défense de la santé, si le gouvernement se lance dans la réforme de fond impérative. Mais si Macron ne fait rien ou se contente d’un replâtrage, c’est tout son discours, toute l’approche « experte » de son équipe qui en sortira discréditée. Et l’appel au renflouement permanent de ce secteur risquerait en outre de contribuer à un étouffement de la reprise.

    De quoi souffre le secteur de la santé, énorme pilier du secteur public ? De plusieurs maux qui méritent d’être rappelés ici. Il y a d’abord et avant tout l’empilement des réformes. Le diagnostic sur l’état de santé… de notre système de santé, tous les gouvernements successifs l’ont fait, depuis une trentaine d’années. Mais il faut bien reconnaître qu’ont souvent été casés à la tête du ministère de la Santé, sous des gouvernements de gauche ou de droite, d’ailleurs, les pires politiciens de la Ve République. Il suffit de les nommer. Jack Ralite ! Bernard Kouchner ! Simone Veil ! Martine Aubry ! Roselyne Bachelot ! Marisol Touraine !

    La fin de l’avortement gratuit ?

    Chacun d’eux a voulu « sa » réforme. Mais à la réformite aigüe s’est ajouté le manque de continuité. Des mesures catégorielles non financées étaient annoncées, et sont à présent portées comme des boulets.

    Une réforme de fond du système de santé doit être portée par de vrais experts et s’inscrire dans la durée. Il faut en finir avec les mesures catégorielles, avec les 35 heures à l’hôpital, avec l’accès aux soins gratuit pour les clandestins, avec la prise en charge de l’avortement. Mais vous voyez que l’on touche là à de terribles tabous. On a du mal à penser qu’une Agnès Buzyn (l’actuelle nouvelle ministre de la Santé) aura les reins assez solides pour mener une telle réforme. Et malgré les nécessités financières, ne parions pas trop sur la fin du remboursement des avortements, quand on sait que madame Buzyn est l’ex-belle fille de Simone Veil.

    Francis Bergeron

    Article repris du quotidien Présent

    https://fr.novopress.info/

  • La France a-t-elle définitivement perdu le contrôle de son industrie ?

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    Alstom, un cas exemplaire de la guerre industrielle. AFP 

    ANALYSE - Le gouvernement a annoncé vouloir céder pour dix milliards d'euros de participations de l'Etat, y compris dans des entreprises stratégiques. Ludovic Greiling analyse les facteurs de la désindustrialisation de la France [Figarovox, 14.12]. Les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien Ludovic Greiling dont nous avons publié différents articles en tant que collaborateur de Politique Magazine ainsi qu'un entretien donné sur TV Libertés.   LFAR  

    « Mauvaise gestion », « charges trop élevées », « concurrence internationale »… Il est commun d'invoquer ces facteurs pour expliquer la désindustrialisation brutale que le pays a connue ces quarante dernières années. En revanche, la guerre industrielle féroce à laquelle se livrent les puissances pour contrôler le capital des entreprises concurrentes n'est jamais évoquée. Cette guerre explique pourtant les difficultés de nos compagnies de pointe et la perte progressive de savoirs-faire pratiqués sur le territoire français. 

    Le gouvernement l'a annoncé : il veut céder pour dix milliards d'euros de participations de l'Etat, y compris dans des entreprises stratégiques. Par exemple, des discussions sont en cours pour fusionner certaines activités entre l'italien Fincantieri - en voie de privatisation - et le bijou qu'est la Direction des constructions navales (renommé Naval group) - qui vient de remporter un contrat géant en Australie pour la construction de sous-marins. La conséquence à long terme de ce genre d'opérations ? Rien de moins qu'une perte de contrôle de l'entité, suivi du transfert de brevets, de bureaux d'étude et de chaînes de montage.

    Alstom est un cas exemplaire de la guerre industrielle. Le site historique de fabrication des trains et des équipements énergétiques du groupe, à Belfort, pourrait fermer dans les prochaines années. Ces chaines de production employaient 8500 salariés au pic des années 70, contre 500 personnes aujourd'hui. « On perd tout ici, petit à petit, la recherche d'Alstom s'est envolée depuis longtemps, la technique s'en va par petits bouts…» expliquait un habitant dans la presse nationale lors de manifestations tenues l'an dernier.

    Un événement anodin dans un « monde globalisé » ? Non. Car Alstom n'est pas n'importe qui. Ses turbines thermiques équipent la moitié des centrales nucléaires de la planète et un quart des barrages hydroélectriques. La compagnie est également capable de fournir l'ensemble des équipements électriques d'une usine à charbon, ou de fabriquer les trains les plus rapides au monde. Un avantage stratégique majeur qui a aiguisé des appétits.

    Attaques au capital, changement des conseils d'administration

    Fusions, scissions, ventes d'actifs : à partir de la privatisation progressive entreprise il y a vingt-cinq ans, Alstom a souffert des mouvements incessants des fonds étrangers à son capital. Par la suite, le groupe a été visé par la Commission européenne : en contrepartie d'une aide de l'Etat français en 2003, Bruxelles imposait la cession de deux de ses fleurons au bénéfice de la concurrence, les activités de turbines industrielles (à l'allemand Siemens) et la filiale spécialisée dans la conversion d'électricité (à la banque britannique Barclays, qui la vendra ensuite à l'américain General Electric). Entre 2002 et 2005, le chiffre d'affaires d'Alstom a été divisé par deux.

    Dix ans plus tard, c'est un conseil d'administration remanié par le PDG Patrick Kron et désormais dominé par des intérêts anglo-saxons qui achevait l'ancien joyau de la période gaulliste. En 2014, il annonçait contre toute attente la vente des actifs et des brevets de la très stratégique division énergie d'Alstom. Le bénéficiaire ? Le concurrent américain General Electric, encore une fois. Deux mois après la reprise des activités françaises, le nouveau propriétaire annonçait la suppression de 800 emplois sur le territoire national et des rumeurs faisaient état du possible rapatriement des bureaux d'étude aux Etats-Unis.

    En ce mois d'octobre 2017, c'est la vente de la branche transports à Siemens qui est annoncée. Le démantèlement par les concurrents est presque achevé. Il aura pris vingt ans.

    Des technologies maitrisées par peu d'acteurs dans le monde

    On l'oublie trop souvent : les technologies qui permettent aujourd'hui de produire de l'électricité, d'utiliser des transports modernes ou encore de fabriquer des avions, sont maitrisées par un nombre très faible d'acteurs. La Chine et la Russie ont dû attendre la fin d'année 2016 pour annoncer le lancement prochain d'un avion civil longue ligne performant. D'ici à sa mise en exploitation, ces deux puissances seront dépendantes du bon vouloir d'Airbus et de Boeing pour réaliser l'espace eurasiatique de leurs rêves…

    La France a jadis su développer d'extraordinaires capacités techniques. Elles ont en partie donné au pays son indépendance diplomatique, économique et militaire. Elles lui ont ouvert la possibilité de discuter et d'échanger avec les pays de son choix, malgré le poids des empires soviétique et américain.

    Mais ces capacités ont aussi aiguisé les appétits des concurrents. Ces derniers ont profité d'un long passage à vide politique, et du dogme assez récent de la liberté totale de circulation des capitaux.

    Les fonds étrangers contrôlent aujourd'hui 50% du capital du CAC 40, selon la Banque de France, contre 25% il y a vingt ans. Ces derniers, le plus souvent américains (et non chinois), placent leurs hommes dans les conseils d'administration et les directions. Dans un contexte de vide politique, comment résister face à un fonds comme Blackrock, dont les encours sous gestion sont deux fois supérieurs à la capitalisation totale des quarante plus grandes valeurs françaises ?

    Alstom n'est pas un cas isolé. C'est par une attaque soudaine au capital, alliée à une intense opération de propagande et au soutien du premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker (futur président de la Commission européenne), que le sidérurgiste haut de gamme Arcelor a été avalé par un acteur indien inconnu en 2006. Le nouveau groupe, lourdement endetté auprès des banques américaines suite à l'OPA, a, depuis, fermé ou cédé une partie des ses meilleures usines européennes.

    C'est grâce à leur participation dans Airbus (ex EADS) que les Allemands ont rapatrié sur leur territoire la filiale militaire de la compagnie européenne. Pourtant, ces activités sont issues en majorité de l'entreprise française Matra-Aérospatiale et du savoir-faire de la Direction générale pour l'armement.

    Transfert des brevets et des usines

    C'est en entrant au capital de Safran que les fonds germano-américains y ont placé à sa tête leur propre représentant, tandis que la direction générale est désormais pénétrée par des représentants de l'Otan. Là encore, les principales mouvances au pouvoir en France ont favorisé la braderie du spécialiste de la défense et des moteurs d'avion : Safran est issu d'une fusion forcée par Nicolas Sarkozy entre la compagnie publique Snecma et la Sagem, et l'Etat a ensuite cédé, sous François Hollande, une grande partie du capital qu'il détenait encore. L'entreprise devrait faire partie des ventes de participations voulues par Emmanuel Macron.

    La liste est longue. Péchiney, Peugeot, Schneider Electric, Véolia ou Alcatel ont subi à des degrés divers la guerre industrielle par des prises d'intérêts dans leur capital. Et le phénomène touche aujourd'hui le secteur énergétique.

    A quelques millions d'euros près, l'ex ministre Michel Sapin avait discrètement fait passer l'Etat français sous le seuil qui lui assurait une minorité de blocage dans GDF Suez, le plus gros distributeur de gaz en Europe de l'Ouest. Et le gouvernement Philippe vient d'annoncer la cession supplémentaire de 4% du capital dans une procédure accélérée. EDF risque quant à lui une « faillite », selon les syndicats du groupe, qui dénoncent « les mauvais choix industriels et économiques mis en œuvre de façon zélée par le gouvernement sous le regard de l'Europe ». Spécialiste mondial incontesté de l'électricité nucléaire, un secteur maitrisé par de très rares acteurs dans le monde, EDF devrait prochainement ouvrir son capital aux fonds étrangers. Sous la pression de l'ancien banquier d'affaires Emmanuel Macron, l'ancien gouvernement avait en effet obligé la compagnie publique à accomplir un projet d'investissement de plus de 20 milliards de livres en Angleterre, un montant supérieur aux fonds propres du groupe… Pour préparer le terrain, il avait brutalement changé les statuts légaux d'EDF il y a deux ans et remanié le conseil d'administration. Cherche-t-il à lever des fonds facilement en vendant le capital d'EDF ? Pas sûr, car la compagnie publique rapporte à l'Etat deux milliards d'euros par an en dividendes. Dès lors, pourquoi céder EDF  ?

    Difficile, quand l'on parle de guerre industrielle, de ne pas évoquer le cas révélateur de Gemalto. Véritable « protecteur numérique des identités » (passeports biométriques, transactions bancaires, télécommunications 4G et 5G), l'entreprise cotée au CAC 40 capterait entre 60% et 80% du marché mondial de la carte à puces.

    Problème : le groupe issu du français Gemplus n'a plus grand-chose de tricolore. En 1999, le fonds américain Texas Pacific Group (TPG) - d'apparence anodine - tentait une première approche. Refoulé deux fois par le directeur général de Gemplus, il décidait alors de mener des négociations discrètes avec l'actionnaire minoritaire Marc Lassus, lequel accepta qu'il prenne 26% du capital. En contrepartie de l'investissement, TPG obtenait de déplacer le siège social au Luxembourg et de nommer la moitié du conseil d'administration. Dès 2001, les fondateurs de Gemplus comprenaient que la volonté des Américains était de transférer aux Etats-Unis les précieux brevets déposés dans la sécurité numérique. Une guerre d'actionnaires s'ensuivit, qui se termina par l'éviction des dirigeants historiques de Gemplus du conseil d'administration! En 2002, TPG plaçait à la tête du groupe français Alex Mandl, un haut responsable du géant américain des télécommunications AT&T. L'homme était également administrateur de In-Q-Tel, le fond de capital-risque crée par la CIA dix ans plus tôt pour capter les technologies les plus avancées… Il est encore aujourd'hui à la tête de l'entreprise.

    La guerre industrielle est-elle perdue ? Non. Toutes les chaînes de production contenant du savoir-faire à haute valeur ajoutée n'ont pas été fermées, et le pays possède des écoles industrielles de pointe. « Les ingénieurs américains ne nous impressionnent pas du tout. Car nous avons en France les meilleurs ingénieurs du monde. Cela fait partie de notre culture », confiait récemment un cadre d'un important industriel de l'armement. Tout peut être construit en temps et en heure pour qui souhaite ne pas se placer dans la dépendance de l'ailleurs.   

    Ludovic Greiling est journaliste. Ancien collaborateur du Revenu français, spécialisé dans l'économie et les grandes entreprises, il travaille aujourd'hui pour différents journaux français et internationaux. Il est l'auteur de Monnaie et pouvoir (éd. Apopsix, 2015).

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/