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social - Page 399

  • Cette révolte qui vient... (partie 5) Les lycées fermés à Paris, comme un avertissement au gouvernement ?

    Jeudi 31 mars, plus d'une vingtaine de lycées seront fermés à Paris et dans la région parisienne, et cela par décision des proviseurs inquiets devant le risque d'incidents tels que ceux qui ont éclatés la semaine dernière, en particulier devant le lycée Bergson devenu, bien malgré lui, le symbole des violences du moment. Ainsi, comme le signale le journal Le Mondesur son site informatique, même le lycée Jean de la Fontaine (XVIe arrondissement, près du parc des Princes) « pas franchement l'un des lycées coutumiers des blocages » annonce, sur sa page d'accueil internet, sa fermeture « afin d'éviter que les élèves et les personnels ne soient exposés à des débordements et de la violence »... Cela n'est guère rassurant, en particulier pour le gouvernement qui craint que les lycéens sans cours se retrouvent dans la rue, et rejoignent les cortèges contestataires, surtout si la météo est favorable ! De plus, les fermetures d'établissements ne sont pas si fréquentes et, selon le porte-parole national du SNPDEN-UNSA, principal syndicat de chefs d'établissement, « on a connu des fermetures, ponctuellement, mais un mouvement collectif de cette nature, je crois que c'est la première fois dans l'histoire ». Cela traduit aussi, comme le souligne Myriam Honnorat, représentante des proviseurs au Syndicat National des personnels de direction, « un sentiment d'impuissance » devant la violence de quelques jeunes, peut-être pas si minoritaires que cela si l'on en croit les images des attaques de deux commissariats et de l'invasion d'un supermarché dans les environs du lycée Bergson.

    La réponse du ministère de l’Éducation nationale à ces fermetures et aux risques d'incidents est à l'image de cette République de plus en plus coupée des réalités, c'est-à-dire indigne et irresponsable : « Un lycée ne peut pas être fermé par anticipation. Une fermeture ne peut être envisagée que le jour même pour des raisons de sécurité avérées, en accord avec le recteur ». En somme, c'est un « débrouillez-vous » général adressé aux chefs d'établissement, ceux-là mêmes à qui l'on refuse une véritable autonomie de fonctionnement et les moyens de garantir la sécurité des usagers comme des personnels en temps normal ! Comme si le ministère souhaitait la survenue des incidents, et non leur prévention, même si cette dernière doit en passer par quelques heures de suspension des cours... En fait, je le répète, ces consignes de l’Éducation nationale n'ont d'autre fin que de faire assurer par les établissements scolaires un ordre public que l’État actuel ne semble plus en mesure d'assumer et d'assurer lui-même. A moins que le ministère ne souhaite des affrontements aux portes des lycées pour mieux dénoncer ensuite « l'irresponsabilité » du mouvement de contestation et le décrédibiliser aux yeux du grand public : une stratégie somme toute classique, mais pas toujours efficace, au regard de l'histoire des mouvements sociaux dans notre pays et ailleurs.

    Ce qui est certain et sans préjuger des événements de jeudi, c'est l'embarras du gouvernement face à une situation qu'il croyait, hier encore, bien contrôler.

    Qu'en sera-t-il, ainsi, ce 31 mars ? Le mouvement de contestation, pourtant bien essoufflé ces deux dernières semaines, peut-il reprendre la main et faire douter le gouvernement, à défaut de le faire céder, ce qui, à l'heure actuelle, semble difficile (sans être, pour autant, impossible...) ? La rue peut-elle imposer « son » (sic!) point de vue au Pays légal ? Les multiples colères françaises, attisées par le mépris gouvernemental à l'égard de ses opposants (et cela depuis le début du quinquennat) et l'arrogance de quelques grands oligarques comme MM. Gattaz ou Tavares, peuvent-elles déborder en une révolte sociale aux conséquences forcément imprévisibles, autant pour le meilleur (s'il en est un) que pour le pire ?

     

    Georges Bernanos, ce royaliste éternellement encoléré et profondément humain, affirmait qu'il ne fallait pas hésiter à courir le risque d'une révolte ouvrière pour ébranler une société d'injustice(s) : peut-on attendre la même chose d'une émeute lycéenne, de ce « péril jeune » évoqué désormais (mais en d'autres termes, plus prudents...) par la Gauche de gouvernement ? Il y faudrait des raisons supérieures et une direction « souveraine », une « pensée Antigone » qui n'apparaît pas encore clairement, pour faire que du mal d'un désordre de rue naisse le bien reconnu de la Cité. Il est tard, mais il n'est pas trop tard pour y penser, et y travailler...

     

    (à suivre : les désordres de la rue et le désordre de l’État ; le « Que faire ? » des royalistes en temps de colère ; les propositions royalistes pour le monde du travail ; le « tiers-pouvoir lycéen et étudiant » ; etc.)

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1302:cette-revolte-qui-vient-partie-5-les-lycees-fermes-a-paris-comme-un-avertissement-au-gouvernement-&catid=50:2016&Itemid=61

  • Encore une belle page du syndicalisme à la française

    Parfois, en quelques jours, on fait plus « progresser » la cause du syndicalisme en France qu’en plusieurs années d’acharnement à s’époumoner sur l’absolue nécessité d’avoir des syndicats forts, très forts, pour s’opposer au méchant (très méchant) patronat et « protéger », vaille que vaille mais surtout coûte que coûte le salarié contre les abominations capitalistes modernes.

    Et la semaine passée, ce sont deux actualités qui sont entrées dans une collision moelleuse pour nous fournir deux magnifiques exemples de l’énorme contribution de nos syndicats français au bonheur intérieur brut. Très brut.

    La première actualité fut celle de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Bayonne. L’affaire a éclaté, de façon d’abord discrète dans les feuilles de choux locales puis, alors que la polémique enflait, dans les médias nationaux, au point d’entraîner un rappel à l’ordre de la ministre de la Fonction publique (ce qui est l’équivalent, en terme de sanctions disciplinaires, des « gros yeux » de votre maman lorsque vous étiez pris la main dans le paquet de biscuits alors que ce n’était pas encore l’heure de goûter).

    Et que reprochait la ministre à cette CPAM ? D’avoir, mardi après-midi, fermé quatre de ses cinq agences de l’agglomération bayonnaise à 14H00 au lieu de 16H30 habituellement, et ce afin d’assister au pot de départ à la retraite de son directeur.

    Eh oui : les petits plats sont généreusement mis dans les grands lorsqu’il s’agit de fêter le départ du directeur, au point de fermer la porte des agences au museau des administrés qui auront cependant le plaisir d’apprendre que les frais de ce pot sont entièrement couverts par leurs aimables cotisations dont tout refus de prélèvement entraîne vexations, huissiers, condamnation, prison ou parfois suicide.

    Après avoir fait ses gros yeux, la ministre s’est peu exprimée sur le sujet, en se contentant d’un petit (je cite) :

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  • Cette révolte qui vient... (partie 4) Quelle suite après les manifestations du 9 et du 24 mars ?

    Les dernières manifestations lycéennes et étudiantes ont été mouvementées et les images des violences du jeudi 24 mars, dont certaines se sont poursuivies le lendemain par les attaques de deux commissariats parisiens, s'inscrivent parfois moins dans le mouvement de contestation proprement dit que dans une ambiance délétère d'une fin de règne chaotique : en somme, ce n'est pas l'état d'urgence qui s'imposerait aujourd'hui mais bien plutôt l'urgence d'un État digne de ce nom et susceptible d'ouvrir un véritable avenir aux jeunes et aux moins jeunes de ce pays, un destin lisible à la nation et dans (voire face à...) la mondialisation.

    Le 9 mars n'a pas été le soulèvement (espéré, visiblement -provisoirement ?- en vain) qui aurait pu mettre le gouvernement devant ses contradictions et cette journée a, en partie, figé la scène du théâtre politique en un affrontement de tendances de gauche plus rituel que fondateur : un collègue, fin observateur des mouvements de lycéens, me confiait que son sentiment devant cette situation était l'ennui, doublé d'un haussement d'épaules. Rien, en somme, qui puisse justifier l'espérance d'un soulèvement « transversal » dans lequel les héritiers des « Veilleurs » et ceux de Mai 68 auraient pu trouver matière (et manière) d'une « alliance objective » au moins « contre » à défaut d'être « pour »...

    Et pourtant ! Il faut écouter ce qui se dit dans les cortèges plutôt que devant les micros, et ce qui se murmure dans les salles de classe et dans quelques amphis universitaires. Bien sûr, il faut aussi en faire la part des choses et ne pas hésiter à en corriger les tendances lorsque cela est nécessaire : le pire serait de laisser dire et dériver vers les terres d'illusion et les îles d'utopie, ou au profit de quelques manipulateurs carriéristes ou caïds locaux.

    En définitive, ce n'est pas tant la loi Travail qui est contestée que le mal-être ou plutôt l'angoisse qui s'exprime, à la fois affolée et désordonnée, devant un avenir auquel l’Éducation nationale n'a pas préparé, avec ses discours lénifiants et moralisateurs : la grande faute de la République reste cette « promesse non tenue » d'une instruction publique qui, désormais, au lieu d'élever et former les intelligences, n'est plus que l'outil de formatage à une société de consommation de plus en plus globalitaire, à cette « addictature » du virtuel et de l'artificiel, de l'argent et de « l'individu » (qui n'a plus grand-chose à voir avec la personne, enracinée et possiblement libre). Ce n'est pas toujours la faute des professeurs, mais plus sûrement des programmes scolaires et de leurs rédacteurs, et la dernière réforme du collège, qui ne fait qu'aggraver les tendances lourdes d'un égalitarisme niveleur et, en définitive, au service des oligarchies et de l'idéologie dominante, en est une preuve supplémentaire : que la contestation des enseignants de collège ait été traitée avec le plus grand mépris par le ministre Vallaud-Belkacem n'est pas un détail mais bien une attitude significative de cette oligarchie « de gauche » qui s'est emparée de la République et tient à appliquer son programme, envers et contre tout, craignant plus une révolte lycéenne incontrôlable (quoique manipulable...) que celle de quelques latinistes, germanistes ou historiens, qu'il est loisible au ministère de sanctionner administrativement ou de marginaliser politiquement (en les traitant de « réactionnaires » ou/et d'élitistes, par exemple) pour mieux leur dénier toute légitimité... Du coup, que certains enseignants soutiennent discrètement les jeunes manifestants du mois de mars n'a rien de surprenant, même si ces premiers n'ont guère d'illusions sur les possibilités, voire sur les intentions de ces derniers, faute, sans doute, d'une stratégie commune ou même d'un dialogue entre les deux catégories évoquées ici. 

    Certains lycéens et étudiants en colère sont néanmoins conscients des limites d'une simple critique d'une loi qui, de toute façon, n'est rien d'autre que la transcription de règles européennes libre-échangistes dans le Droit français. Se contenter de lancer quelques slogans contre la loi El Khomry (« belle connerie », selon les manifestants) est, en définitive, relativement vain : ce ne peut être qu'un début, un moyen, mais sûrement pas une fin pour qui pense au-delà de l'écume du moment. En cela, les manifestations du 9 mars ont été décevantes, et les débats médiatiques limités à quelques généralités ou à de « grands principes » peu motivants, à de rares exceptions près...

    La question qui se pose reste bien celle d'un « dépassement » de la seule contestation de la loi Travail (la mal nommée, d'une certaine manière car elle ne relancera évidemment pas plus l'emploi que les précédentes...) pour ouvrir de nouvelles voies de réflexion et de combat : va-t-elle surgir maintenant que de nouvelles formes de contestation plus violentes (ce dont je ne me réjouis pas forcément...) semblent trouver plus d'écho parmi des jeunes déçus de ne pas avoir été, selon eux, « entendus » ? D'un mal pourrait surgir un bien ?

    Rien n'est sûr, au jour d'aujourd'hui, et les incidents du lycée Bergson de Paris pourraient tout autant être oubliés demain que nourrir une nouvelle agitation, sans doute plus brouillonne et, donc, plus dangereuse pour l'actuel gouvernement, hanté par la crainte d'un « nouveau Mai » ou d'un nouveau « Malik Oussekine » : Bainville nous rappelle qu'il faut toujours « attendre l'inattendu » pour ne pas perdre pied quand celui-ci, improbable mais possible, surgit...

    (à suivre)

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Contrer l'agitation gauchiste

    L'extrême-gauche est en train de se servir de ces manifestations contre la loi Travail pour deux choses :
    1/ Tenter de fédérer autour de son impulsion décisive les jeunes et les racailles afin de créer un mouvement, même temporaire, de déstabilisation de l'état et de cette tranquillité "bourgeoise" qu'ils haïssent.
    2/ Influencer un maximum de personnes de ces deux milieux (cités et jeunes générations) afin que ses idées (http://www.ventscontraires.fr/2016/03/comprendre-le-gauchisme.html) se répandent.
    Les militants et sympathisants gauchistes tentent de réaliser cela alors même qu'il suffirait d'une seule voix audible de la part de gens intelligents pour que leur fragilité intellectuelle soit dévoilée et les condamne à cet oubli auquel ils tentent d'échapper depuis des décennies.

  • Scènes de pillage à Paris

    Il paraît que nous vivons sous le régime de l'état d'urgence. Mais c'est une vaste plaisanterie. Vers midi, près de 150 lycéens sont entrés de force dans un Franprix de l'avenue Jean-Jaurès (19e). Dispersée par les policiers après avoir caillassé auparavant le commissariat central de cet arrondissement, la horde de jeunes s'est alors dirigée sur l'artère principale qui relie le périphérique à la Place Stalingrad puis est entrée dans le magasin.

    Un autre Franprix de la capitale a été la cible de ce même groupe de lycéen dans la foulée. 

    Michel Janva

  • Des royalistes dans la crise universitaire de 1986 : témoignage et leçons pour aujourd'hui...

    Un matin de novembre 1986, une amie d’université, Christine D., sympathisante royaliste qui avait participé l’été précédent au Camp Maxime Real del Sarte de l’Action Française, vint toquer à la porte pour nous annoncer que les blocages des amphis avaient commencé, comme nous le sentions venir depuis quelques jours et particulièrement depuis que le samedi passé les opposants étudiants au projet Devaquet (le ministre de l’enseignement supérieur du gouvernement Chirac) avaient appelé au soulèvement des jeunes contre le dit projet. Quelques minutes après, nous arrivions dans un amphi surchauffé et dans une ambiance survoltée par les harangues des orateurs des deux UNEF (l’une était contrôlée par les trotskistes, l’autre par les communistes) et de l’extrême-gauche locale. L’arrivée des « réactionnaires » que nous étions provoqua quelques remous, et un activiste de la Ligue Communiste Révolutionnaire tenta de nous dissuader (en vain) de rester plus longtemps. Un de nos amis, François Ay., était présent depuis le début des festivités et observait la mise en place du mécanisme qui devait mener à la prise de contrôle général de l’université de Rennes-2 par les « révolutionnaires » autoproclamés : en fait, les royalistes seront toujours présents dans les amphithéâtres, les couloirs et les salles de TD, mais aussi dans les jardins, les bibliothèques et le hall de la fac, du début à la fin de la grève… 

    Dès ce premier jour de blocage de l’université, nous prîmes la parole à l’assemblée générale qui mobilisait près de 2.000 étudiants, malgré les pressions (inamicales…) de certains militants « rouges » (l’un d’entre eux me menaçant d’un couteau…) : il ne s’agissait surtout pas d’abandonner la place aux syndicats et aux groupes de gauche mais, au contraire, de faire entendre un autre discours, une autre pensée, une autre stratégie, voire une alternative à la domination du moment. Les absents, en ces occasions, n’ont pas seulement tort, mais ils laissent entendre, par leur silence revendiqué, qu’ils n’ont ni raisons ni positions à défendre, en somme qu’ils sont « indifférents », c’est-à-dire « impolitiques ».

    Mon discours était simple, dans un premier temps : la grève n’est pas un moyen efficace car elle pénalise, non le Pouvoir en place, mais les étudiants qui se retrouvent sans cours ni professeurs. Si ces derniers continuent évidemment à être payés, les premiers risquent bien, en fin de compte et à l’heure des examens, de faire les frais d’une situation compliquée (ce qui, d’ailleurs, se confirmera pour certains activistes qui disparaîtront -bien malgré eux et faute de résultats probants en juin ou septembre- de la scène à la rentrée suivante…). En même temps, il ne s’agissait pas d’approuver une loi incertaine qui, malgré quelques éléments intéressants sur l’autonomie des universités (une vieille revendication des royalistes…), apparaissait comme une sorte de libéralisation à l’anglo-saxonne dont on ne saisissait pas vraiment les limites et, surtout, l’intérêt, autant pour les enseignants que pour les étudiants. Une réforme bâclée, en somme, comme la République sait si bien en faire

    Durant tout le temps des événements, nous ne lâcherons rien et serons présents à toutes les AG et dans de nombreuses réunions qui furent l’occasion de présenter, au-delà de nos positions circonstancielles du jour, les idées royalistes pour l’Université. De plus, de nombreux tracts signés de notre groupe royaliste de Rennes-2, leCercle Jacques Bainville, furent distribués. Ce travail de terrain et les quelques « incidents » qui survinrent (dont un début de bagarre générale en amphithéâtre pour protéger notre professeur de géographie, M. Guy B., ou des bousculades pour franchir quelques piquets de grève…) nous assurèrent une grande visibilité et l’intérêt d’un nombre respectable d’étudiants et… de professeurs ! Quelques communiqués de presse, repris par l’édition rennaise du quotidien Ouest-France, ajoutèrent à notre petit crédit. Cette présence ne s’arrêtait d’ailleurs pas aux portes de Rennes-2, puisque quelques lycéens royalistes d’Action Française jouèrent un rôle non négligeable dans leurs établissements respectifs, dont les frères C., qui prouvèrent que la politique et la bonne humeur pouvaient très bien se conjuguer, y compris dans les moments les plus chauds de la contestation… 

    De plus, nous n’étions pas seuls : quelques centristes, mais aussi quelques socialistes, des modérés ou de simples étudiants peu politisés mais excédés par l’attitude sectaire de quelques grévistes, participaient à la « contre-grève ». Notre royalisme, qu’ils ne partageaient pas forcément, n’était pas un repoussoir pour eux.

    Durant deux semaines, ce fut un véritable tourbillon, et nous vécûmes intensément, soucieux de tenir notre rang et de ne pas laisser filer l’occasion de montrer que le royalisme n’était pas un « romantisme » mais bien un engagement politique concret et sérieux, argumenté et vécu. Chaque jour était l’occasion d’échanges, parfois houleux, mais souvent, aussi, fructueux. Nous n’étions pas dupes des enjeux pour les groupes politiques de gauche et des extrêmes, et nous savions bien que le Parti socialiste (entre autres) profitait de la situation pour faire oublier ses échecs de la période antérieure (du printemps 1981 au printemps 1986), en particulier sur la question universitaire, le printemps 1983 ayant vu les étudiants de Droit et de Médecine défiler contre la loi Savary, finalement adoptée et imposée par un Pouvoir qui n’avait pas hésité à pratiquer une répression toute socialiste…

    Au-delà de notre présence quotidienne dans les locaux de l’université, je me rendais parfois à la faculté de Droit, ayant eu la bonne idée de demander, au début de l’année universitaire, une carte d’auditeur libre qui me permettait d’y rentrer quand les autres étudiants de Rennes-2 se heurtaient au filtrage officiel. Là encore, les militants royalistes, qui disposaient d’un panneau d’affichage officiel d’expression, n’étaient pas inactifs, même si la tension y était bien moindre qu’à Villejean (le nom que nous donnions tous à notre université, et qui était celui du quartier d’icelle).

    Ce qui est certain, c’est qu’à la fin de la deuxième semaine de grève et d’occupation de Rennes-2, notre présence permanente sur le terrain commençait à porter ses fruits : après une période où nous étions largement marginalisés et fortement décriés, les propos se faisaient parfois plus conciliants à notre égard et nos arguments rencontraient un écho d’autant plus favorable que la situation semblait s’enliser sans perspective d’une sortie rapide de crise. Discrètement (ou non, d’ailleurs), quelques professeurs nous soutenaient désormais ou discutaient ostensiblement avec nous, comme pour signifier que, pour eux aussi, la grève n’était pas la solution : cela nous donnait une crédibilité supplémentaire. Quant à ceux qui soutenaient la grève, nous avions la bonne idée de débattre courtoisement avec eux lors des interventions en amphi, ce qui, là aussi et parce que nous connaissions bien les dossiers universitaires, nous permettaient de nous attirer, sinon leurs bonnes grâces, du moins une certaine estime de leur part. De plus, tout en étant très actifs dans les débats et assemblées générales, nous profitions des moments de « relâche » pour travailler nos cours et avancer nos lectures, considérant que c’était le meilleur moyen de ne pas nous retrouver en position délicate à l’heure des examens qui, fatalement, arriverait bien un jour ou l’autre, quand les choses se seraient calmé… J’ai toujours pensé que notre principale source de crédibilité à l’université reposait sur notre capacité à nous classer parmi les meilleurs ou simplement les bons élèves dans nos matières universitaires !

    Un matin, la nouvelle de la mort d’un étudiant, Malik Oussekine (un jeune franco-algérien qui se destinait à la prêtrise et qui n’avait rien à voir avec les manifestations…), fait basculer définitivement la situation en défaveur du gouvernement qui avait cru pouvoir tenir bon sans en avoir la volonté bien franche ni les idées bien claires. Les syndicats étudiants de gauche saisissent l’occasion au vol pour redonner du souffle à leur mouvement et M. Chirac cède en sacrifiant son ministre Devaquet et sa réforme…

    Durant cette période de crise, les royalistes, malgré leur petit nombre et leur faiblesse politique, ont montré leur réactivité et leur capacité à proposer au-delà des simples constatations et contestations. Certes, cela n’a pas été suffisant, et nous sommes toujours en République... Mais, en cette année 1986 et pour celles qui ont suivi, ils ont pu peaufiner leurs arguments et leurs idées sur l’Université, et les rendre crédibles aux yeux de nombreuses personnes qui ne les connaissaient pas vraiment auparavant : cela prouve qu’il faut saisir toutes les occasions, même celles qui peuvent nous sembler défavorables ! La leçon vaut aussi pour aujourd’hui…

    http://nouvelle-chouannerie.com/

     

  • Le chômage ne fait qu’augmenter en France : l’échec du gouvernement

    Les deux milliards d’euros dévolus au « plan emploi » n’y changeront rien.
    En février, le chômage a augmenté de façon significative, battant même quelques tristes records. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A à Pôle emploi s’est ainsi accru de 38.900 demandes supplémentaires, dont 38.400 sur la seule métropole. Il s’agit de la plus forte hausse constatée sur un seul mois depuis le mois de septembre 2013. Myriam El Khomri, très contesté nouveau ministre du Travail, a commenté les chiffres en expliquant que le résultat traduisait une « reprise timide de l’activité économique » après une baisse en trompe-l’œil en janvier qui ne pouvait s’expliquer que par un nombre exceptionnel de suspensions administratives. Timide ? La reprise est en réalité nulle, inexistante.

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  • Loi Travail : des violences en marge des manifestations

    Des incidents violents ont éclaté en marge de la manifestation des jeunes organisée contre la loi Travail, ce jeudi. Vers 15h30, on déplorait deux véhicules incendiés et au moins 15 interpellations alors que des jeunes cagoulés ont affronté les forces de l’ordre, jetant cocktails Molotov et divers projectiles.
    Projectiles contre gaz lacrymogène

    Les CRS ont usé de gaz lacrymogènes sur les jeunes manifestants. Selon la police, deux agents auraient été blessés
    Le défilé est parti de Montparnasse à 12h30. Selon les chiffres fournis par les autorités, il comptait entre 4.800 et 5.200 personnes.
    Le texte au Conseil des ministres
    Le projet de loi sur la réforme du code du travail porté par Myriam El Khomri a été présenté ce jeudi au Conseil des ministres avant d'être examiné par les députés et sénateurs, ce qui s'annonce déjà mouvementé.
    7 Français sur 10 opposés au texte
    Car l'opposition au texte, pourtant partiellement réécrit, reste très vive : selon un sondage Odoxa pour Le Parisien et France Info* publié ce jeudi, 71% des Français se disent opposés au projet de réforme contre 28% favorables. Et l'analyse est claire : toujours selon la même étude, 52% des sondés estiment que le Medef est le grand gagnant de ce projet de réforme !
    Un texte partiellement réécrit

    Le gouvernement a pourtant fait quelques concessions par rapport au texte d’origine en retirant notamment du texte le plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement abusif, la possibilité pour les petits employeurs de fixer unilatéralement certaines règles en cas d'absence d'accord d'entreprise, et une disposition permettant de faire travailler plus longtemps des apprentis, sur simple information de l'inspection du travail.
    Sourd aux critiques, Manuel Valls, lui, vante déjà une réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire" pour faire face au chômage tandis que Myriam El Khomri a déclaré : "c'est un vrai nouvel élan, un nouvel élan pour la démocratie sociale dans notre pays".
    Nouvelle journée de mobilisation
    Avant la grande mobilisation du 31 mars, certains opposants au projet entendaient donner de la voix ce jeudi : une manifestation est prévue notamment à Paris au départ de Montparnasse. Selon l’Education nationale, à 11h ce jeudi, 57 lycées étaient perturbés en France, sur les 2.500 que compte le territoire national.
    * 1.016 personnes interrogées les 17 et 18 mars

    M6info via yahoo :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuVllFpAAAyqrqyQTm.shtml

  • La FNSEA, un syndicat dans le système

    Le syndicat majoritaire dans le secteur agricole est co-responsable, avec l’État , des difficultés qu’affrontent les paysans.

    Beulin n'est pas Dorgères et la FNSEA, premier syndicat d'agriculteurs aux élections professionnelles, n'a pas grand-chose de commun avec les chemises vertes des années 30, en dépit de l'exaspération de ses « troupes ». On l'a bien vu après la bruyante réception que les paysans présents au salon de l'Agriculture ont réservée le 27 février à François Hollande, copieusement conspué. Dès le lendemain, le « patron » de la FNSEA présentait « des excuses pour les noms qui ont été prononcés à l'égard du président »...

    Au reste, la FNSEA elle-même n'est pas innocente de la situation actuelle. Les choix qu'elle a faits depuis les années 1960, et sa collusion avec le pouvoir politique, n'ont pas été sans conséquence sur le sort des paysans. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles était une composante de la Confédération Générale de l'Agriculture (CGA), structure fondée par le gouvernement provisoire de la République française et dominée par la gauche socialiste, radicale et communiste. La majorité des dirigeants de la FNSEA, au contraire, étaient issus de la Corporation paysanne créée par le gouvernement de Vichy, et guère portée à gauche.

    Par ailleurs, en 1954 la FNSEA se dota d'une structure « jeunes » qui donna naissance au Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), animée par des cadres de la Jeunesse agricole catholique (JAC), qui militaient pour la modernisation des petites structures agricoles et s'opposaient à la politique de soutien des prix (défendue par les « vieux » de la FNSEA), au motif qu'elle favorisait les exploitations importantes au détriment des petites.

    Le double jeu du CNJA

    Jusqu'alors, la FNSEA s'était méfiée des immiscions de l'Etat dans les affaires agricoles. Mais, au début des années 1960, le CNJA travaille en entente avec le gouvernement gaulliste et le Commissariat au Plan pour casser les « féodalités » rurales et moderniser l'agriculture française, notamment en favorisant l'agrandissement des exploitations, par absorption des petites - il est vrai que beaucoup avaient une taille insuffisante pour assurer de quoi vivre au paysan et à sa famille. Le gouvernement, en quête de main d'œuvre pour son programme d'industrialisation (on fait appel à la même époque à l'immigration maghrébine), appuie ces transformations et prépare avec les dirigeants du CNJA les lois sur l'agriculture de 1960 et 1962. En juin 1964, Michel Debatisse, l’une des figures du mouvement « jeunes », devient secrétaire général adjoint de la FNSEA, avant d'accéder à sa présidence en 1971. Dorénavant, le syndicat adopte une conception productiviste de l'agriculture et cogère les structures chargées de mettre en œuvre la restructuration de l'agriculture française (Safer et Cnasea). L'heure est à la spécialisation sur les cultures à hauts rendements. La FNSEA participe aussi avec l'Etat aux négociations sur la PAC, dont les subventions vont en majorité aux plus grosses exploitations... Signe de cette entente avec l'Etat, Michel Debatisse devient en 1979 Secrétaire d'Etat aux Industries agricoles et alimentaires. En 1986, un autre ancien président de la FNSEA, François Guillaume, sera nommé ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de Jacques Chirac.

    Résultat, entre 1970 et 2010, la surface moyenne des exploitations agricoles a augmenté de 21 à 55 hectares ; mais le nombre des exploitations est tombé de 1,6 million à 490 000 et la part de la paysannerie dans la population active a chuté de 32,4 % en 1950 à environ 3 % aujourd'hui. Par ailleurs, ces changements ont eu et continuent d'engendrer un coût humain considérable. Selon une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVs), 485 agriculteurs se sont suicidés entre 2007 et 2009, ce qui fait du suicide la troisième cause de mortalité dans cette profession. La situation se dégrade d'autant plus que la politique productiviste s'est heurtée à partir des années 1990 à un problème de surproduction, le marché européen étant devenu excédentaire. Lors de son congrès de 1995, la FNSEA a d'ailleurs convenu qu'il fallait désormais « sortir de la culture quantitative ». Mais pour de nombreux agriculteurs, lourdement endettés (comme les élevages industriels de porcs), il ne sera pas facile de sortir du système.

    Yves Kerhuon monde&vie 16 mars 2016