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social - Page 410

  • L’Europe : directement responsable de l’afflux de clandestins en Grèce et à Lampedusa

    En juillet, le nombre de migrants recensés aux frontières européennes a pour la première fois dépassé le cap des 100 000 en un mois (340 000 depuis janvier). Et en août, pas moins de 20 000 sont arrivés sur les seules côtes Grecques en une seule semaine. Une conséquence directe de Schengen. 

    La logique du maillon le plus faible
     
    Sur le mois de juillet, sur les 107 500 migrants recensésplus de 50 000 sont arrivés en Grèce par la mer. Même si l’origine des migrants, mais aussi la position géographique de la Grèce expliquentla concentration de près de 50% des flux de migrants illégaux dans ce pays, on peut aussi y voir la conséquence directe de Schengen. En effet, dans un espace européen où il n’y a plus le moindre contrôle aux frontières, plus besoin pour les migrants illégaux d’arriver dans le pays où ils souhaitent résider. Il suffit de choisir le plus simple d’accès, celui où il y a potentiellement le plus de chances de passer à travers les mailles du filet pour pouvoir ensuite voyager assez simplement dans toute l’Europe.
    Car il est évident que s’il y avait toujours des contrôles sérieux aux frontières de chacun des pays de l’UE, alors, autant de migrants illégaux ne viendraient pas spécifiquement en Grèce, sachant que ce pays seul ne pourrait pas en accueillir autant. La suppression des contrôles aux frontières à l’intérieur de l’UE a un rôle direct dans l’accélération des flux de migrants illégaux dans les pays de la Méditerranée car chaque pays de l’espace Schengen est un peu une porte d’entrée sur tous les pays de l’espace… Ce traité est un immense appel d’air pour les habitants des pays environnants et porte donc une part de responsabilité dans tous les drames des dernières années à Lampedusa ou ailleurs.

    Il faut mettre fin à Schenghen

    Bien sûr, la liberté de circulation des personnes est un pillier idéologique de cette Union Européenne. Mais après tout, il n’est quand même pas bien compliqué de passer par la douane et montrer ses papiers quand on va en Grande-Bretagne. Ce que montrent tous ces drames et ces flux, désastreux économiquement (du fait du chômage dans les pays européens, des difficultés d’intégration des immigrés et de la perte que cela est pour leurs pays d’origine), que socialement (par les tensions que cela créé), c’est qu’il faut démanteler purement et simplement Schengen et revenir à des contrôles aux frontières, ce qui pourrait aussi améliorer notre sécurité en compliquant les flux de criminels.
    Malheureusement, il est probable que nos dirigeants n’en feront rien. Nicolas Sarkozy, jamais à cours de démagogie, et qui n’a absolument rien fait, au gouvernement, puis comme président, malgré la négociation qui aurait été possible pour le traité de Lisbonne, a flirté avec l’idée, mais difficile de ne pas y voir seulement une nouvelle agitation politicienne. Pourtant, ce serait un service à rendre aux peuples des pays européens, car cela limiterait des flux inacceptables pour les populations en cette période de crise, cumulant chômage et baisse de pouvoir d’achat, et de questionnement sur nos identités. Mais ce serait un service rendu aux migrants, dont moins perdraient la vie dans l’aventure.

    Alors que l’immigration est un souci constant des peuples européens, il ne serait pas compliqué de revenir à de simples contrôles aux frontières pour garantir un meilleur contrôle des flux migratoires et notre sécurité. Mieux, cela permettrait sans doute de réduire le nombre de drames dans la Méditerranée

    Laurent Herblay

    http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-europe-directement-responsable-170926

  • La grande arnaque du travail dominical

    Dès 2016, les commerces auront le droit d’ouvrir douze dimanches par an.

    La mesure phare de la loi Macron aura fait couler des torrents d’encre et irradié les débats parlementaires : dès 2016, les commerces auront donc le droit d’ouvrir douze dimanches par an. À Paris, douze zones touristiques internationales (ZTI), autorisées à turbiner jusqu’à minuit, ont ainsi été délimitées, comprenant la quasi-totalité des gares et des centres commerciaux… dont certains fort peu fréquentés des touristes. La FNAC peut jubiler. Elle qui déplorait le rejet de l’amendement visant à étendre la loi aux biens culturels, en juin dernier, se retrouve présente dans toutes les ZTI. Le hasard fait bien les choses… Colère des syndicats, qui voient là rien de moins qu’un subterfuge conduisant à une « généralisation du travail du dimanche ». Pour le coup, ils n’ont pas tout à fait tort.

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  • Travail dominical : le décret surprise

    Le ministère de l'Economie vient de transmettre aux élus de Paris et aux syndicats son projet de décret d'application de la loi Macron définissant les zones touristiques où les magasins pourront ouvrir le dimanche et le soir jusqu'à minuit. En plein mois d'août donc, avec la possibilité d'émettre un avis au plus tard le 15 septembre. Et... surprise ! Bercy a vu plus large que prévu, en ajoutant quatre zones aux huit existantes, certaines n'étant pas précisément connues pour être des hauts lieux de fréquentation touristique.

    Louise Tudy

  • Pourquoi le porc français est-il plus cher que celui des voisins européens ?

    Stéphane Le Foll a annoncé lundi de nouvelles mesures pour la filière porcine avec un objectif clair : que la France retrouve sa compétitivité. Les industriels dénoncent un prix «politique», fixé hors des contraintes du marché.

    C'était un engagement du gouvernement: 1,40 euro le kilo, au minimum. Les éleveurs exigent un tel prix de retrait, qui correspond à la moyenne du coût de production. Mais Cooperl et Bigard, qui représentent à eux seuls 30% des achats du marché du porc en France, ne veulent pas d'un prix fixé par le gouvernement mais par le marché.

    Dès la semaine prochaine, de nouvelles discussions vont s'engager autour d'une évolution du système de fixation des prix de la viande. Reste que le problème français est plus profond. Le secteur porcin est aujourd'hui confronté à une concurrence féroce à l'échelle européenne. Des voix s'élèvent chez ses représentants pour demander une politique européenne commune concernant l'exportation de la viande de porc alors qu'un sommet sur l'agriculture est prévu à Bruxelles, le 7 septembre. Mais pourquoi le cochon français est-il à ce point délaissé par nos industriels?

    La donne est claire: la France est moins compétitive que ses voisins européens. Troisième producteur de viande de porc en Europe avec 1,9 millions de tonnes produites en 2014, le pays affiche le prix le plus élevé: 1,55 euro le kilo. En Allemagne, le porc est vendu à 1,32 euro le kilo et va même jusqu'à 1,25 euro du kilo en Espagne. Certains industriels préfèrent alors se tourner vers l'étranger.

    • Des exploitations plus petites en France

    Les exploitations françaises ont un problème de rentabilité. En moyenne, un élevage en France compte 200 truies contre 560 au Danemark et même le double en Espagne! «En 1998, la circulaire Voynet-Le Pensec, a mis un coup à la modernisation nécessaire à notre système agricole, estime Guillaume Roué, de l'interprofession porcine (Inaporc). L'objectif était alors de limiter l'élargissement des élevages. En 2004, on a commencé à voir une inversion de la courbe sur la production de porcs français. Pendant ce temps-là, nos voisins se sont diversifiés, ont augmenté leur productivité et ont agrandi leurs exploitations.» En vingt ans, l'Allemagne est en effet passée de 35 millions de porcs abattus à presque 60 millions l'an passé.


    Erreur



    • Une main-d'oeuvre plus chère

    En France, un employé du secteur «est en moyenne rémunéré entre 17 et 18 euros de l'heure. En Allemagne, les travailleurs détachés européens sont nombreux et sont payés 5 ou 6 euros de l'heure avec un rythme impensable, c'est du dumping social», précise Guillaume Roué. Le plus grand élevage allemand emploie environ 90% de personnel étranger, avec 20 nationalités différentes, sous le statut de travailleur détaché. La réunification allemande a également boosté le poids du pays dans le secteur porcin. Aujourd'hui, l'Allemagne compte 4340 abattoirs et produit plus de cinq millions de tonnes de porc chaque année.

    • Des normes environnementales contraignantes

    Il y a quelques semaines, le président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, Philippe Chalmin, nous confiait que «l'administration française appliquait, selon lui, les normes environnementales de façon plus tatillonne». Autre facteur, la décision allemande de fermer toutes les centrales nucléaires du pays en juin 2000, ce qui a provoqué la mise en place d'un plan sur les énergies renouvelables et le développement d'une nouvelle donne écologique. Une disposition permettant une diversification rapide de l'agriculture du pays.

    Maxime Brigand

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFAAEkZZEBbFRKKUr.shtml

  • Pour une agriculture locale

    L’agriculture française est en crise (depuis 40 ans !) et cela ne s’améliore pas comme l’ont prouvé cet été la crise du lait et celle du porc. Dans les deux cas, l’on a affaire à des productions très centralisées (Normandie et Bretagne) et qui doivent faire face à un marché mondialisé où les prix sont en baisse du fait de la surproduction et de la concurrence de pays à plus faibles salaires. N’est-il pas temps de revoir notre modèle agricole ?

    Les deux crises précédentes seront provisoirement réglées par une régulation des prix par l’Etat : fixation du prix du lait à 0,34 € le litre et 1,4 € le kilo pour le porc. Mais cette cautère sur une jambe de bois ne résout pas les problèmes de fond du monde rural.

    Rappelons que l’agriculture française devrait avoir 3 objectifs : assurer notre autonomie alimentaire, ne pas « trop » user les ressources et les sols en particulier pour pouvoir assurer la continuation de l’activité au long terme et utiliser moins de produits chimiques pour assurer la protection de l’environnement et celle des consommateurs, (voir http://www.christophebugeau.fr) et enfin assurer la pérennité des exploitations agricole et des emplois qui vont de pair.

    Commençons par le dernier point : nous sommes tombés sous la barre des 500 000 exploitations et ces dernières ont encore diminué de moitié en 20 ans. Elles n’emploient plus guère 800 000 personnes à temps plein (avec parfois une activité complémentaire). Les grandes exploitations de plus de 200 Ha ne sont que 20 000 mais elles utilisent 21 % de la surface agricole, alors que les petites exploitations de moins de 20 ha sont 235 000 mais n’utilisent guère que 5 % de la surface agricole.

     

    Autrement dit, la taille des exploitations continue d’augmenter et actuellement 1 sur 3 sont exploitées sous forme de société et non d’exploitation individuelle. On assiste bien à une industrialisation de l’agriculture. D’autant plus que la pression est forte : l’on est dans un cas clair « d’oligopsone » : un très grand nombre de producteurs face à un petit groupe d’acheteurs : industriels ou grandes centrale d’achat des hypermarchés.

    Quant à l’autonomie alimentaire de la France, elle commence à être mal partie : nous exportons toujours mais sommes importateurs net pour les fruits et légumes, mais aussi pour le blé tendre qui sert à faire le pain. Les agriculteurs de Beauce et de Brie préfèrent le blé dur (pour la semoule ou les pâtes) qui rapporte plus.

    Ne parlons même pas de la consommation de pesticides qui continue d’augmenter (la France est la plus grande consommatrice d’Europe) alors que le Grenelle de l’environnement devait permettre de diminuer cette pollution dont les agriculteurs sont les premières victimes (voir les procès en cours).

    Alors oui, il est plus que temps de changer de modèle agricole : la mondialisation heureuse des producteurs de blé de la Beauce ou de la Brie n’est pas pour tout le monde et il est temps de permettre une transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement, assurant la sécurité alimentaire avec des produits sains et permettant de faire vivre les agriculteurs dignement.

    N’oublions pas pour commencer que la demande de produits bio est en pleine croissance : la France en importe aussi. Il est donc temps d’augmenter le nombre d’exploitation se convertissant à cette technique. Tout comme il est nécessaire d’imposer réellement une limitation de l’usage des pesticides.

    L’on voit se développer un certain nombre d’initiative visant à rapprocher le consommateur du producteur afin de permettre à ce dernier de recevoir une part plus importante de la valeur ajoutée et de pouvoir vivre de son travail : ce sont les AMAP qui permettent d’acheter directement aux agriculteurs.

    Ces initiatives doivent être encouragées par l’Etat et il faut donc une véritable révolution dans le fonctionnement de notre agriculture, au moins pour les produits frais : ces derniers doivent être produits au plus près des zones de consommation de façon à assurer une meilleure sécurité alimentaire et diminuer nos émissions de CO2.

    Enfin, il faut encourager le développement des appellations contrôlées qui permettent de « sortir » du lot et les circuits « courts » entre producteurs et consommateurs afin de sauvegarder ces deniers et permettre à nos agriculteurs de vivre de leur travail et non d’aides provisoires ou de décisions d’encadrement qui ne peuvent avoir qu’un temps.

    Christophe Bugeau (son site) 

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pour-une-agriculture-locale-170895

  • Un nouvel abus de l'ASE

    On avait constaté récemment les placements abusifs des enfants atteints d'autisme par l'Aide Sociale à l'Enfance - l'ASE. Le Figaro rapporte un nouveau cas, celui d'une petite fille que sa mère pensait  avec raison atteinte de la même maladie génétique qu'elle, l'angioedème héréditaire. L'enfant avait été retirée à ses parents par l'ASE à l'issue d'une consultation à l'hôpital à l'âge de 3 mois, car elle présentait des bleus sur tout le corps, dont la mère pensait qu'ils étaient dus à cette maladie génétique. Les médecins ayant pensé plutôt à de la maltraitance, l'enfant avait été soustraite à ses parents et mise en famille d'accueil par l'ASE.

    Au cours d'une visite, les parents avaient fait constater par des analyses que l'enfant était réellement atteinte de cette maladie, mais l'ASE l'avait laissée en famille d'accueil "afin de ne pas la traumatiser par une rupture brutale". Ils se sont battus pendant 3 ans pour récupéré leur fille.

    Jeudi, les parents ont "enlevé" leur enfant.


    Accusés à tort de maltraitance, ils récupèrent... par ITELE 

    Marie Bethanie

  • Monde paysan : suicides dans les campagnes

    4 à 500. C’est le nombre de suicides d’agriculteurs recensés en France, chaque année, d’après des chiffres provenant des Caisses de la MSA (Mutualité sociale agricole) et de l’INVS, l’Institut national de veille sanitaire. Mais le chiffre réel est sans doute bien supérieur aux statistiques car, pour des problèmes liés aux assurances notamment, beaucoup de décès seraient déclarés dans la catégorie accident ou maladie. Le suicide dans les exploitations agricoles révèle un effrayant constat : par des lois scélérates, par une multiplication des contraintes administratives et environnementales notamment, par le système du « toujours moins cher » auquel on a habitué le monde urbain, le monde politique accule des agriculteurs à mettre fin à leurs jours. Au-delà de toutes ces explications, il y en a une autre, essentielle celle-ci : l’européisme et le mondialisme défendus par le système politique, le dogme intangible de l’ouverture des frontières pour qui la disparition du monde paysan et les suicides dans les campagnes sont de simples « dommages collatéraux ».

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  • Contrôle de la PAC : est-ce vraiment le moment de contrôler les agriculteurs ?

    L’agriculture est un secteur d’excellence en France. La valeur des Hommes, des Terres qu’ils façonnent, cultivent et aiment nous est enviée voire parfois contestée par le monde entier. Cependant l’agriculture française doit trouver un soutien fort de tous élus afin de continuer son développement : il en va de notre indépendance et de la préservation de leur talent.

    Récolte des céréales pendant la sécheresse en région Ile de France. Le 15/07/03 Paul Delort/ Le Figaro

    Comme l’ensemble des entrepreneurs français, les agriculteurs s’élèvent régulièrement contre l’incroyable appétit de règles, procédures, ou de normes qui travaille l’administration française.

    Or d’après certains éleveurs ainsi que la Coordination rurale, les Directions Départementales des Territoires et de la Mer commenceraient à planifier les contrôles liés à la Politique Agricole Commune avec les professionnels. Or cela tombe lors de la période la plus chargée pour les éleveurs, période rendue d’autant plus difficile par l’épisode caniculaire. La Coordination ajoute une revendication légitime de pédagogie à l’égard des éleveurs alors que la réforme de la PAC voulue par l’Union Européenne et Stéphane Le Foll recèle de complexités.

    Brebie-agneau-rRappelons que d’après la chambre d’agriculture ce sont par exemple 500 tonnes d’agneau qui sont produites chaque année dans notre département.
    Le groupe de la Ligue du Sud au Conseil Départemental de Vaucluse s’engage à toujours être aux côtés des paysans et des agriculteurs de notre territoire.

    Face aux lourdeurs administratives nous invitons la préfecture de Vaucluse à faciliter le lien entre la Direction Départementale des Territoires et les agriculteurs.

    http://www.liguedusud.fr/

  • Crise de l'élevage ?... crise de civilisation

    L'été 2015 aura été marqué par les actions des éleveurs. Caravane du Tour de France perturbée, blocage des centrales d'achats de supermarchés, et des installations industrielles (Lactalis ou abattoirs Bigard…), sans oublier le lisier déversé devant la permanence d'une députée de la Manche, le mouvement ne cesse de prendre de la vigueur et même de la violence.

    Cette violence est celle du désespoir. Si l’on en croit les chiffres de la FNSEA, le revenu d'un agriculteur est aujourd'hui de mille euros par mois. Encore s'agit-il d'une moyenne. Pour beaucoup de jeunes agriculteurs, déduction faite des remboursements d'emprunts et des charges d'exploitation, il reste à peine de quoi faire vivre la famille. Une situation difficilement tolérable, surtout lorsqu'on a investi toute son énergie, voire toute sa passion. Nicolas Le Borgne, le jeune exploitant qui avait pris à partie Xavier Beulin, patron de la FNSEA à Saint Brieuc, le 2 juillet dernier, a déclaré dans une interview au Télégramme (16 juillet) : « J’ai peur qu'on s'épuise, lâche-t-il. En septembre, il sera trop tard pour beaucoup. Des faillites auront déjà eu lieu. Moi, si je dois déposer le bilan, je n'aurai pas assez d'une vie de salarié pour rembourser mes dettes. »

    Principale mise en cause, la grande distribution est plus que jamais accusée d'exercer une pression constante sur les prix. Elle n'est d'ailleurs pas la seule. Les géants de l'agroalimentaire, qu'il s'agisse des groupes laitiers ou des transformateurs de viande bovine ou porcine (sans oublier la volaille) sont aussi pointés du doigt pour leur responsabilité dans la dégradation du marché. Dans les deux cas, il s'agit d'une logique économique devenue folle qui étrangle les producteurs.

    Sur la sellette, on trouve également les politiques incapables de gérer la crise, et pour cause : les caisses sont vides et c'est aujourd'hui Bruxelles qui exerce le vrai pouvoir. Machine à fabriquer des normes, l'administration européenne est aujourd'hui soumise au dogme de la libre concurrence et ce ne sont pas les bonnes intentions de la nouvelle Politique agricole commune (applicable depuis 2015) qui pèseront vraiment face aux menaces du Traité transatlantique de libre-échange (TTIP). L'exemple de la suppression des quotas laitiers en avril dernier, avec ses conséquences sur les prix du lait résonne comme un triste avertissement.

    La fin d'un cycle

    Mais derrière ces causes conjoncturelles, à court et moyen terme, la crise actuelle possède des racines plus profondes. Cela est visible dès que l'on réfléchit à la violence des actions des éleveurs. Cette violence possède des racines relativement anciennes. Il suffit de se souvenir des années 1960 avec la création de la Société d'intérêt collectif agricole (Sica) de Saint Pol de Léon et des luttes qui l'ont accompagnée, luttes qui culmineront avec l'occupation de la sous-préfecture de Morlaix, le 8 juin 1961. Ce jour-là, les paysans bretons ont su faire plier l'Etat central.

    L'épisode de Morlaix a aussi une valeur symbolique : il officialise la mutation radicale de l'agriculture bretonne, et celles des régions avoisinantes, ces régions où la protestation est aujourd'hui la plus déterminée.

    L'exemple breton est d'ailleurs le plus éclairant Jusque dans les années 1950, l'agriculture bretonne reste encore marquée par son archaïsme. Souvent fortement débitrice de ses origines vivrières, elle se contente d'exploitations familiales de faible superficie, élevant des races locales à modeste rendement telles que la fameuse bretonne pie-noire. L'agro-alimentaire se limite alors aux conserveries et à quelques biscuiteries, elles aussi marquées par un capitalisme familial. L'ancienne civilisation paysanne vit alors ses dernières heures, ensevelie dans un rejet universel.

    Les fameuses Trente glorieuses voient la fin du vieux modèle. Le paysan breton, las de sa pauvreté, découvre alors que la terre peut rapporter de l'argent. La pie-noire laisse la place à la Prim'Holstein, grande productrice de lait maigre, tandis que l'on abat les haies et que l'on arase les talus, trop gênant pour les machines agricoles modernes. De même, on va construire des poulaillers et des porcheries géantes pour fournir une industrie agroalimentaire en pleine expansion.

    Le nouveau modèle dédaigneusement qualifié aujourd'hui de "productiviste" satisfait tout le monde, à commencer par les paysans qui se pensent alors en chefs d'entreprise, tandis que la modernité pénètre les campagnes avec la télévision et le téléphone, sans oublier l'automobile. Du reste, l'explosion bretonne sera regardée comme un modèle en Normandie, dans le Maine ou en Anjou. Il faut attendre une trentaine d'années pour s'apercevoir que ce modèle présente de sérieuses limites, à commencer par les dangers qu'il fait courir à l'environnement. On découvre la pollution des nitrates, et les dégâts des engrais chimiques.

    Economiquement, le nouveau modèle agricole est victime de son succès. On produit trop et mal. Par un effet bien connu, les prix baissent tandis que les banques agricoles ne cessent d'encourager les investissements financés par des emprunts toujours plus nombreux. De leur côté, les acheteurs traditionnels, entreprises agroalimentaires et grande distribution (dont certains fleurons comme Leclerc ou Intermarché sont d'origine bretonne) sont happés par la mondialisation naissante. Il ne s'agit plus de nourrir la population mais de réaliser le maximum de profits. Le drame actuel n'est que le résultat de la révolution agricole des années 1960.

    Rendre aux éleveurs leur dignité et des conditions de vie décente est possible. Mais cela implique de briser un cycle qui est aussi celui d'une modernité devenue démente

     

    Jean-Michel Diard Monde&Vie