Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

social - Page 418

  • Intercités : un service public qui déraille

    Le démantèlement d’Intercités creuse encore à grandes pelletées l’irréductible fossé entre la France périphérique (Christophe Guilluy) et les métropoles mondialisées.

     

    Économiquement peu rentables, déficitaires, des lignes de moins en moins fréquentées, un matériel et des infrastructures vieillissants, nécessité impérieuse d’ouvrir à la concurrence… Tels sont, égrenées sur le long chapelet d’une France en lambeaux qui n’en finit pas de se défaire, les lourds griefs peccamineux d’un réseau ferroviaire Intercités qui, bien que ne concernant « que » 100.000 voyageurs par jour, permet à la France des invisibles de partir travailler dès potron-minet. Un rapport pondu par un obscur député socialiste à la demande d’un non moins obscur ministre préconise donc de sabrer des tronçons considérés comme « surdimensionnés et peu fréquentés ».

    Qu’en cette épaisse langue euphémistique et jargonnante ces choses-là sont malhonnêtement dites. Une fois de plus, il ne s’agit rien moins que de réduire comme peau de chagrin un service public ferroviaire qui faisait naguère la fierté de notre pays (les trains, alors, partaient et arrivaient à l’heure), à l’instar de sa Poste (ex-PTT) et de son université. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. C’est une implacable réalité. Les trains accusent systématiquement du retard, soit pour fait de travaux, de grèves, de caténaires endommagées, de suicides ou tout autre motif dont seule la SNCF et ses initiés détiennent l’ésotérique secret. […]

    Aristide Leucate - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Intercites-un-service-public-qui

  • Cannes : colorie… couac ! (Présent 8361)

    Certes, on ne peut pas dire que Cannes récompense un cinéma français qui fait rêver : un immigré tamoul qui va retrouver une autre forme de guerre civile dans nos banlieues françaises, un chômeur quinquagénaire qui se collette avec le Pôle emploi, un drame domestique autour d’un pervers narcissique… Quelle invitation au voyage !
    Mais bon, contrairement à la propagande LGBT de La Vie d’Adèle (et ses scènes de 17 minutes de sexe lesbien) couronnée sur la Croisette il y a deux ans tandis qu’à Paris on marchait contre le mariage pour tous, ce cinéma social n’a pas fait le bonheur de toutes les critiques de gauche (« Un sale millésime ») pour Télérama.8361- Une
    C’est surtout la Palme d’Or au film de Jacques Audiard (réalisateur du très bon Un prophète) qui donne des boutons au Monde : un film « simpliste dressant un tableau très sombre des banlieues françaises ». Et à Libération :
    « Un décor de désolation et de violences urbaines, traversé par une idéologie du nettoyage au Kärcher [NDLR : Carrément !] et d’un héroïsme viriliste, dont il est permis de trouver la vision aussi fantasmée et poussiéreuse que le clin d’œil du cinéaste à “Antenne 2” (sic) lors de son discours de remerciement. »
    Car on a beau se crever à faire un film sur les immigrés clandestins (presqu’entièrement dialogué en tamoul) encore faut-il qu’il soit vraiment politiquement correct. Notamment à l’égard de nos braves racailles, violeurs, casseurs et dealers bien de chez nous.
    Le Monde met en garde à cet égard nos gouvernants (Manuel Valls et Fleur Pellerin) si prompts à se réjouir sur twitter, ces imbéciles, de ce qui ressemble plutôt à une illustration de leur fiasco : « S’ils l’avaient examiné avec plus d’attention, nos gouvernants se seraient rendu compte que le coq cannois n’a pas si fière allure : il y a du goudron sur ses plumes, et des inflexions funèbres dans son chant. Pour ce qui est de sa crête, elle tient davantage du gallinacé punk que de l’animal politique docile. »
    Et ce n’est pas Le Prix d’interprétation décerné à Vincent Lindon dans La Loi du marché de Stéphane Brizé, restituant avec une précision quasi-documentaire le désespoir du chômage dans lequel nos dirigeants ont plongé tant de nos concitoyens, qui peut leur permettre de tirer à eux un bout du tapis rouge.

    Caroline Parmentier

    http://fr.novopress.info/

  • L’Éducation nationale 2013 en chiffres

    L’Éducation nationale est au centre de bien des discussions aujourd’hui, pour lesquelles il n’est pas inutile d’avoir en mémoire quelques éléments chiffrés. Toutes les données brutes ci-dessous sont officielles : elles émanent soit du site de l’INSEE, soit du ministère lui-même.

    I – QUANTITÉS

    1 – 1.252.367 personnes émargent au budget du ministère de l’Éducation nationale. Ce chiffre correspond à près de trois fois la population du Luxembourg. C’est aussi l’effectif de l’armée de terre chinoise.

    2 – Sur ce total, 911.032 personnes enseignent. A contrario, 341.335 personnes payées par l’Éducation nationale font autre chose qu’enseigner, soit 27 % du total. Ou, vu autrement, pour 100 profs, il y a 37,5 non-profs.

    3 – Il y a 14,7 millions de « clients » du système d’enseignement, soit 22 % de la totalité de la population française de 2013 (66 millions). En 1980, ce chiffre était de 13,2 millions.

    4 – On trouve donc un enseignant pour 16,1 « clients ». Ce chiffre était de un pour 25,5 il y a une génération (1975).

    5 – Dans le primaire, il y a 6,76 millions d’élèves (scolarisés à 87 % dans le public) et 366.317 enseignants (dont 88,1 % dans le public, soit un enseignant pour 18,5 élèves (18,2 pour le public et 20,7 pour le privé).

    6 – Dans le secondaire, il y a 5,47 millions d’élèves. Le privé représente 21,2 % de ce chiffre. Face à ces élèves, 473.345 enseignants, soit au total un enseignant pour 11,56 élèves (public : 1 pour 11,33 ; privé : 1 pour 12,53 élèves).

    II – COÛTS

    7 – La France consacre, chaque année, 144 milliards d’euros à l’enseignement. C’est 6,81 % du PIB du pays (2.114 milliards d’euros) Seuls les États-Unis d’Amérique dépensent plus en part de PIB. C’est 30 % de plus que le budget de l’armée chinoise (110 milliards de dollars américains).

    Lire la suite

  • Quelle solidarité pour la Pentecôte ?

    Trouvé sur Reinformation.tv : La « journée de solidarité » au profit des seniors a rapporté 2,43 milliards d’euros l’année dernière. Une somme importante, mais qui ne motive cependant pas une majorité de Français, qui, cette année encore, ne travaillera pas le lundi de Pentecôte.

    Créée par la loi du 30 juin 2004, après la canicule meurtrière de 2003, la « journée de solidarité », qui veille à favoriser l’autonomie des personnes âgées ou handicapées, a rapporté depuis dix ans 23,5 milliards d’euros au total.

    La loi, qui instaure un jour de travail supplémentaire non rémunéré pour les salariés, et, créée une « contribution solidarité autonomie » – la fameuse CSA – ne fait pas obligation, contrairement à ce qui existait lorsqu’elle fut votée, à ce qu’elle se tienne spécifiquement ce jour-là.

     

    Lundi de Pentecôte et journée de solidarité

    L’année dernière, le bénéfice de cette journée de solidarité s’est donc élevé à 2,43 milliards d’euros, et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, chargée d’en gérer la recette, a redistribué 1,458 milliard d’euros au bénéfice des personnes âgées, et 972 millions d’euros au bénéfice des personnes handicapées. Pratiquement, cet argent a permis de recruter du personnel pour les maisons de retraite et les structures spécialisées, de financer des heures d’aide à domicile, et des travaux de modernisation ou de reconstruction de maisons de retraite ou d’instituts spécialisés pour personnes handicapées, etc.

    On notera que, depuis le 1er avril 2013, le bénéfice de cette contribution est étendu aux retraités avec l’entrée en vigueur de la « contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie ».

    La Caisse estime que, cette année, la journée de solidarité devrait rapporter 2,460 milliards euros.

    Depuis 2008, cette journée de solidarité s’organise par accord interne à l’entreprise, la solution du lundi de Pentecôte « obligatoire » ayant vite trouvé ses limites. Certains préfèrent désormais opter pour la suppression d’un jour de congé, d’un samedi, ou choisissent de répartir sept heures supplémentaires de travail sur l’année.

    Prière et gratuité du travail

    Plusieurs considérations sont généralement retenues contre cette solidarité imposée.

    De fait, à voir partir les pèlerins, tôt ce samedi matin, sur les routes de Chartres, on peut considérer que la prière qui, pendant ces trois jours spécialement consacrés à l’Esprit Saint, va monter vers le ciel, est une « solidarité » bien plus importante que les sommes accumulées.
    Sur un autre point de vue, la gratuité du travail hérisse les esprits. La CFTC estime ainsi que « tout travail mérite salaire », et que l’effort est injustement réparti. Pour cette raison, elle a lancé un mot d’ordre de grève pour couvrir tout salarié du privé obligé de « travailler gratuitement sous prétexte de solidarité », que ce soit le lundi de Pentecôte ou un autre jour.

    François le Luc

    http://www.contre-info.com/quelle-solidarite-pour-la-pentecote#more-38041

  • Près d'un employeur sur trois peine à... recruter

    En France, malgré un taux de chômage au plus haut, 29% des chefs d'entreprise interrogés par Manpower éprouvent des difficultés à trouver les compétences qu'ils recherchent.
    Près d'un employeur sur trois en France affirme en 2015 rencontrer des difficultés à recruter, notamment des artisans et ouvriers qualifiés, des chauffeurs et du personnel administratif, d'après une enquête du groupe de travail temporaire Manpower publiée dimanche.
    En France, malgré un taux de chômage au plus haut, "29% des chefs d'entreprise interrogés ont des difficultés à trouver les compétences qu'ils recherchent", contre 21% l'année précédente.
    Au niveau mondial, la proportion est encore plus importante, puisque 38% des employeurs sondés dans une quarantaine de pays font le même constat, selon le communiqué. C'est au Japon que les "pénuries de talents" déclarées sont les plus fortes. Elles sont les plus faibles au Royaume-Uni et en Irlande.
    Comme raisons, les employeurs avancent principalement un "manque de compétences techniques", loin devant un problème de candidats "disponibles", un manque de savoir-être, d'expérience ou des "prétentions salariales trop élevées".
    La difficulté va croissant avec la taille de l'entreprise, constate par ailleurs l'enquête.
    Face au problème, "seules 59% des entreprises déclarent adopter des stratégies RH pour y remédier", comme chercher à recruter "des profils atypiques" ou former en interne du personnel aux compétences recherchées.
    "Aujourd'hui beaucoup de postes non pourvus ne nécessitent pas des compétences si qualifiées que cela... A nous de relever le défi en développant des formations courtes et individualisées mais surtout qui reposent sur les besoins réels et exprimés par les entreprises", estime Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup, dans le communiqué.
    Pour cette enquête, Manpower dit avoir interrogé 41.748 employeurs dans 42 pays au cours du premier trimestre 2015. Pour le volet francais, un échantillon de 1.002 entreprises de toutes tailles a été interrogé (AFP).

    latribune.fr :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuFkVFlpVknOtawLNr.shtml

  • Entretien avec Pierre de Brague Le Cercle Proudhon : Le sursaut de l’esprit français

    Jeune historien et membre d’Egalité et réconciliation, Pierre de Brague oeuvre à la redécouverte d'une expérience politique très originale au XXe siècle le Cercle Proudhon.

    RIVAROL : Quelles sont les origines idéologiques du Cercle Proudhon ?

    Pierre de BRAGUE : Le Cercle Proudhon est à mon sens l'incarnation française la plus aboutie qui soit (au niveau de la formulation intellectuelle), de la conjonction des deux non-dits de la matrice bourgeoise issue de 1789, à savoir cette escroquerie philosophique (les Lumières), politique (la démocratie) et économique (l'exploitation capitaliste) qui constitue notre actuelle mythologie officielle. Face à ce "système", certains ont plébiscité l'appui sur le « monde d'avant », l'Histoire et la Tradition, devenant alors d'affreux réactionnaires pour le libéralisme (dont la définition pourrait être la dictature du présent), et d'autres ont voulu bâtir le « monde d'après », arc-boutant leurs aspirations révolutionnaires sur la défense des intérêts du prolétariat, devenant alors l'alibi progressiste de toutes les compromissions socialistes...

    Lorsqu'elles furent intègres, radicales et authentiques, les mouvances monarchistes et syndicalistes ont représenté, chacune à leur manière, la quintessence des alternatives à cette "civilisation" bourgeoise. Ainsi de l'Action Française et du syndicalisme révolutionnaire. Le Cercle Proudhon est la réunion de certains militants — à mes yeux les meilleurs éléments de ces organisations , la crème de la crème de la radicalité patriote une sorte d'union sacrée anti-démocratique, anti-capitaliste, anti-bourgeoise et anti-Lumières qui nous apparaît impensable au premier abord, mais qui se révèle conforme à ce que le véritable « esprit politique français » a produit (et doit produire) de manière plus ou moins explicite au fil des époques.

    R. : Pourquoi reprendre Proudhon comme figure tutélaire ?

    P. de B. : A première vue, rien de plus éloigné des monarchistes catholiques de l'AF et des syndicalistes révolutionnaires que le supposé anarchiste libertaire se revendiquant de 1789 que serait Pierre-Joseph Proudhon. Mais c'est se borner aux délimitations malhonnêtes du conditionnement intellectuel de ne pas faire l'exégèse profonde de l'homme et de son œuvre. Le Cercle ne tombe évidemment pas dans cet écueil et s'il peut arborer légitimement le sulfureux patronage du penseur franc-comtois c'est par une fidélité quasiment métapolitique à « l'esprit proudhonien », cet esprit parfaitement français, à la fois traditionnel et révolutionnaire, qui, par une vive et libre opposition des antagonismes, se transcende et trouve l'équilibre, cette notion fondamentale à la richesse insoupçonnée (et pour le coup quasiment métaphysique).

    Si l’on s'en tient aux théories, Proudhon, par son fédéralisme, son mutualisme, sa critique acide de la démocratie et de la propriété capitaliste, ainsi que son caractère de farouche pourfendeur de la culture bourgeoise, a su permettre — malgré les tentatives de récupération des socialistes républicains- « à des Français, qui se croyaient ennemis jurés, de s'unir pour travailler de concert à l'organisation du pays français ». Nous touchons là un point essentiel Proudhon était un homme d'ordre et non cet anti-étatiste anti-théiste et anti-propriétaire primaire que l’on veut nous faire accroire... C'est en tant que prophète de « l'ordre social français » que les membres du Cercle célèbrent ce « grand réaliste », ce « Maître de la contre-révolution », ce « Proudhon constructeur » à l'esprit et à la foi révolutionnaire. J'arrête ici, c'est certainement déjà trop de dialectique pour les quelques placides intellectuels de "gôche" qui prétendent s'accaparer la figure de ce rude fils de paysan, viril et guerrier, inaltérable et hardi défenseur du Travail de la la Famille et de la Terre (qui a dit Patrie ?), je ne voudrais pas être désigné responsable de l'ataraxie mentale dont ils souffrent, si peu nombreux soient-ils.

    R. : Cette alliance de royalistes et de syndicalistes révolutionnaires a-t-elle reçu le soutien de leurs "maîtres" Charles Maurras et Georges Sorel ? Quelles furent les principaux animateurs du cercle ?

    P. de B. : Allons immédiatement, si vous le voulez bien, au fond du sujet : Proudhon, Maurras et Sorel, incarnent pleinement et précisément, chacun à leur manière, avec des variations et des idiosyncrasies propres que nous n'ôterons pour rien au monde à l'histoire et à la fortune de l'humanité — cet « esprit politique français » si précieux à mes yeux. Ils le personnifient par leurs "êtres", par leurs pensées, par leurs authenticités mêmes. Ils sont, ensemble et chacun de leur côté, cet esprit révolutionnaire conservateur français qui configure certainement le pire affrontement possible pour la pseudo-"civilisation" ploutocratique actuellement bourgeoise et soi-disant démocratique et libérale dans laquelle nous baignons depuis bien trop longtemps.

    Pour être concret tout en restant succinct que Ton songe aux conjonctions profondes qui animent cette si belle triade. Que ce soit sur l'Action, sur l'Intelligence, sur l'Organisation ou même sur l'État, les concordances, les filiations, les accords, les rapprochements et les frottements sont finalement pregnants ! Et ce jusqu'à constituer une philosophie politique véritablement française, foncière et radicale, qui se définirait par la recherche de l'organisation sociale qui rendra le plus justice à la dignité des travailleurs français et à la défense de leurs libertés et de leurs intérêts spirituels et matériels. J'invite le lecteur à reprendre un par un les mots de cette dernière phrase et à y déceler une quelconque résonance avec notre contemporanéité…

    Il n’y avait donc aucun problème de fond à ce que Maurras et Sorel soutinssent initiative de leurs meilleurs (ou atypiques selon l'angle de vue) disciples, surtout lorsqu'elle se fit sous ce glorieux patronyme de Proudhon. Cessons ici tout essentialisme pour revenir aux réalités et aux contextes il n'était pas question pour les "maîtres" de fusionner leurs mouvements ou de participer activement et personnellement à ce genre d'"expériences" conférant pratiquement à l'aventure. Les maîtres respectifs sont restés à l'écart, en retrait, accompagnant d'abord avec entrain et bienveillance, mais également avec méfiance, la "tentative" du Cercle Proudhon. Notons néanmoins que c'est Sorel qui a fait le premier pas "officiel" dès 1908 dans une revue syndicaliste italienne en dressant l'éloge pragmatique de l’AF, considérée alors comme une vraie force vivante pour l'avenir de la France. Remarquons aussi que Maurras prononça une allocution à la première réunion du Cercle, qui fut tenue à l'Institut d'Action Française, donc dans ses locaux, le 17 décembre 1911 Dans la pure lignée de cet « esprit proudhonien », à l'instar, et peut-être plus encore que leurs aînés, Georges Valois et Edouard Berth furent les principaux protagonistes du Cercle, lui donnant une vie et une aura rares, représentant et formulant magnifiquement la Combativité et la Vitalité française, comme, ai-je l'impression, la France savait — malgré tout — encore en produire il y a quelques décennies... Citons les autres fondateurs et participants rédacteurs aux Cahiers du Cercle Henri Lagrange, Gilbert Maire, René de Marans, Marius Riquier, André Pascalon et Albert Vincent.

    R. : Le rejet de la Démocratie est-il commun aux deux mouvances ?

    P. de B. : Et comment ! Qualifiée de « plus grande erreur au siècle passé », de « maladie mortelle » et de « plus sotte des rêveries », la démocratie est mise en cause par ces deux écoles pour des raisons propres qui sont finalement similaires. À droite, on rejette la république démocratique car c'est le régime et le système politique de l'avènement de la classe bourgeoise, soit ce gouvernement des intérêts étrangers et anti-traditionnels, et à gauche parce que c'est l'alibi majeur de l'exploitation capitaliste. Le Cercle va directement à l'essentiel en attestant de la consubstantialité des institutions démocratiques, des "valeurs" bourgeoises et de la domination socio-économique.

    La démocratie libérale bourgeoise est explicitement vomie en tant que "totalité" pour des raisons politiques et économiques, et en dernière instance parce qu'elle n'est que le symbole d'une vision du monde hypocrite et mortifère. Si l'on accepte de l'utiliser comme un terme générique, cette Démocratie (qui est encore la nôtre aujourd'hui) n'est qu'une fable avilissante, abrutissante, précaire, anti-Production et anti-Culture. « Ramenée parmi nous pour instaurer le règne de la vertu, elle tolère et encourage toutes les licences. Elle est théoriquement un régime de liberté ; pratiquement elle a horreur des libertés concrètes, réelles et elle nous a livrés à quelques grandes compagnies de pillards, politiciens associés à des financiers ou dominés par eux, qui vivent de l'exploitation des producteurs. » Voilà comment le Cercle Proudhon définissait la démocratie dans sa première Déclaration !

    R. : Les animateurs du cercle insistaient sur les vertus viriles, vitalistes et héroïques. L'aspect guerrier était-il au coeur de la démarche de ce groupe ?

    P. de B. : Proudhon restera l'immortel auteur de La Guerre et la Paix, ouvrage majeur par lequel il établit que toute construction humaine — et toute humanité — tient son origine dans la guerre. Il s'agit ici d'exalter le sentiment guerrier, mobilisateur, générateur « du sublime, de la gloire, de l'héroïsme, de l'idéal et de la poésie » et non de vanter la barbarie ou les va-t-en-guerre. Cet esprit combattant se retrouve transposé chez Sorel via ses Réflexions sur la Violence et le mythe de la « grève générale » où l'ouvrier devient le nouveau héros ; quant à Maurras et son Si le Coup de Force est possible, les vertus aristocratiques qu'il défend ne pouvaient que tomber en accord avec cet aspect. Tout ceci évidemment en opposition dialectique avec les pseudo-"valeurs" bourgeoises bien-pensantes hypocrites et maniérées que seraient le pacifisme, l'humanitarisme et l'intellectualisme.

    R. : L'équipe de rédaction n'hésitait pas à attaquer la finance anonyme et vagabonde. En quoi l'anti-capitalisme était-il un élément fondamental de la démarche du cercle ?

    P. de B. : Anonyme, anonyme. Pas tant anonyme que ça si l'on en croit certains textes ! L'anti-capitalisme est effectivement un élément fondamental de la démarche du Cercle, au même titre que l'anti-démocratisme, et pour cause ils sont indissociables, et ce constat n'a pas échappé aux militants du Cercle, bien au contraire. Admettant l'alliance des démocrates et des financiers, comme aujourd'hui celle des socialistes bobos et des néo-libéraux bling-bling, le Cercle y oppose une alliance des royalistes et des syndicalistes révolutionnaires, et ce sans forcer sa cohésion car la mise à bas du « régime de l'Or » (par opposition au "Sang") est une thématique forte chez les partisans de Maurras. Georges Valois lui-même, le principal initiateur du Cercle, la « recrue prolétarienne » de l’AF, fut toute sa vie durant l'homme d'un combat, celui de l'Humain contre l'Argent, et ce quoi que l'on en dise.

    Citons encore une fois la si concise prose du Cercle « La démocratie enfin a permis, dans l’économie et dans la politique, le rétablissement du régime capitaliste qui détruit dans la cité ce que les idées démocratiques dissolvent dans l’esprit, c'est-à-dire la nation, la famille, les mœurs, en substituant la loi de l’or aux lois du sang. La démocratie vit de l'or et d'une perversion de l’intelligence. » Nous retrouvons ici le véritable moteur métapolitique du Cercle c'est le combat de la Vie et de la Civilisation contre son placebo fantoche aliénant et destructeur.

    R. : L'accusation d'antisémitisme lancée contre le Cercle Proudhon est-elle valable ? Plus largement, comment analysez-vous l’antijudaisme présent dans le mouvement ouvrier de la fin du XIXe siècle ?

    P. de B. : l’antijudaïsme du mouvement ouvrier, comme celui du Cercle Proudhon, de Proudhon lui-même ou de beaucoup d'autres, fut rarement racial ou théologique. La question juive s'y présente comme un problème essentiellement économique et social, perçu sous l'angle de la lutte des classes. Concernant le Cercle, si attester de la place prééminente de la bourgeoisie juive dans la société française suite à sa prise de pouvoir au sein même de cette classe bourgeoise (par l'instauration de la république démocratique) est un fait suffisant pour être taxé d'antisémitisme, alors oui le Cercle est antisémite !

    R. : Pour vous, en quoi consiste le mélange de Réaction et de Révolution qui incarne l'esprit français ?

    P. de B. : Il convient de manier les termes avec exactitude, comme dirait un certain Professeur. II est question de Tradition et non de Réaction. Comme explicité plus haut, toute la vérité de cet « esprit français » résulte de la libre opposition des antagonismes, que ce soit au point de vue politique ou individuel. Ce qui, à mon avis, définit le mieux l'esprit français tient en un mot l'équilibre, auquel nous devons impérativement accoler une qualité chérie par Proudhon lui-même, je veux parler de l'ironie. Définition simple mais subtile, et qui se décline à une multiplicité de niveaux. En dehors de ses théorisations politiques, Proudhon devient ici le symbole de la France éternelle, celui qui mêle « esprit classique et christianisme fondamental », ce révolutionnaire patriote, ce gaulois frondeur et spirituel, ce mélange unique et réussi entre la rudesse et la légèreté. Un « miracle français » reconnu dans le monde entier et qui engendrait, il y a encore peu de temps, une vision du monde, une identité et une mentalité propres que les agressions répétées du libéralisme mondialisé anti-humain ont mis à mal, illustrant cette « mutation anthropologique » que Pasolini constatait dans son pays dès les années 1970. Faire revivre l'esprit de la France, voilà ce qui importe !

    Propos recueillis par Monika BERCHVOK. Rivarol 30 avril 2015

    A lire

    Les Cahiers du Cercle Proudhon, préface de Pierre De Brague, Editions Kontre Kulture (http://www.contrekulture.com/), 2014, 496 pages — 18 euros.

     

    Le numéro 68 de la revue Rébellion avec un important dossier sur Sorel, le syndicalisme révolutionnaire français et le Cercle Proudhon (5 euros - Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 Toulouse cedex 02).

  • Secret des affaires : les lobbies économiques poussent l’Union européenne à la régression

    Au début de l’année, les députés français tentaient vainement, au nom du « secret des affaires », d’étendre la mainmise des entreprises sur toute information les concernant, au détriment des salariés, des journalistes et des lanceurs d’alerte. Le sujet refait aujourd’hui surface au niveau des institutions européennes, à travers un projet de directive concocté en concertation étroite avec le petit monde des lobbies bruxellois, et dont le principe est identique : que le secret soit la règle, et l’accès à l’information l’exception. Au risque de remettre en cause les fondements même de l’Union.

    En début de l’année, la majorité parlementaire socialiste a souhaité consacrer dans le droit français un principe de protection quasi absolue du « secret des affaires ». Ce projet, qui allait jusqu’à prévoir des peines de prison ferme et des centaines de milliers d’euros d’amende pour les contrevenants, a suscité une forte opposition, notamment parmi les journalistes (lire notre article). Selon les critiques, les dispositions envisagées par les députés faisaient en effet peser des risques énormes sur la liberté d’information en matière économique, la protection des sources et des lanceurs d’alerte et les droits des salariés – le tout pour des bénéfices douteux puisque l’arsenal judiciaire existant pour lutter contre la concurrence déloyale ou l’espionnage industriel est déjà bien fourni.

    Devant une telle levée de boucliers, le gouvernement français a fini par reculer. C’était la troisième fois qu’un projet de loi sur le « secret des affaires » était mis à l’ordre du jour du Parlement en France en quelques années, toujours avec aussi peu de succès.

     

    Mais le sujet tient manifestement à cœur à de puissants intérêts économiques. Aujourd’hui, il refait surface au niveau des institutions européennes, à travers un projet de directive sur le secret des affaires présenté par la Commission et examiné en ce moment par le Parlement. La démarche est certes moins ouvertement répressive que ce n’était le cas dans le projet des socialistes français (il n’est plus question de peines de prison…), mais elle est tout aussi dangereuse dans ses implications ultimes. Il s’agit de consacrer l’idée que le secret des affaires doit être la règle, et l’accès à l’information sur la vie des entreprises, de quelque type qu’elle soit, l’exception – une exception chèrement acquise et toujours susceptible d’être remise en cause. Avec pour conséquence de fragiliser tout l’édifice (pourtant imparfait) de normes et de régulations sur lequel s’est construit l’Union européenne, et dont elle tire ce qui lui reste encore de légitimité parmi les citoyens du continent.

    Comment les lobbies font la loi en Europe

    Une enquête conjointe menée par le Corporate Europe Observatory, une ONG basée à Bruxelles, le collectif britannique Bureau of Investigative Journalism et Mediapart [1] lève le voile sur le processus d’élaboration du projet de directive sur le secret des affaires.

    Cette enquête s’appuie sur l’analyse d’une masse considérable de documents et de courriels obtenus – est-ce que cela sera encore possible demain ? – suite à une demande officielle de divulgation auprès de la Commission européenne.

    Elle illustre de manière exemplaire et quasi caricaturale le travail d’influence des lobbies économiques et la manière dont ils parviennent à peser sur la législation européenne. Les protagonistes de cette histoire appartiennent à un petit monde de cabinets d’avocats, d’associations professionnelles et de firmes de relations publiques. Ils ont réussi à créer artificiellement en quelques années le « besoin » de légiférer sur le secret des affaires et à se retrouver étroitement associés à l’élaboration de la directive par la Commission, sans que la société civile soit jamais consultée avant les étapes ultimes.

    Une facilité qui contraste avec les difficultés sans nombre que doivent affronter les eurodéputés ou les associations qui cherchent à faire aboutir à Bruxelles de modestes propositions de réforme ou de régulation des acteurs économiques.

    Bien entendu, derrière ce petit monde, il y a aussi et surtout les intérêts de puissantes multinationales. L’une des forces motrices de cette campagne de lobbying est une organisation très discrète (elle n’a pas même de site internet) appelée Trade Secrets and Innovation Coalition(« Coalition pour le secret des affaires et l’innovation »). Grâce aux documents divulgués par la Commission, on sait que ses membres incluent un petit groupe de multinationales parmi lesquelles Alstom, Michelin, Solvay, Safran, Nestlé, DuPont, GE et Intel. « Tout apparaît essentiellement être en fait une affaire franco-américaine, remarque Martine Orange dans ses articles pour Mediapart. Tous les autres pays paraissent beaucoup plus en retrait. » Autre acteur clé : le Conseil européen des industries chimiques (Cefic), le plus important lobby bruxellois, dont le président n’est autre que le Français Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Solvay (groupe franco-belge qui a absorbé Rhodia), et qui compte dans son conseil d’administration des représentants de Total et d’Arkema ainsi que des grands groupes chimiques allemands et américains.

    L’information devenue propriété exclusive

    Initialement, il ne s’agissait que d’harmoniser les législations européennes existantes. La plupart des pays – dont la France – disposent en effet déjà de moyens juridiques pour lutter contre l’espionnage industriel, dans le cadre du droit relatif à la concurrence déloyale. Ce qui a l’avantage de restreindre d’emblée les poursuites au cercle des concurrents commerciaux d’une entreprise. Le coup de force des lobbies est d’avoir réussi à convaincre la Commission du besoin de faire passer la protection du secret des affaires sous un régime juridique comparable à celui de la propriété intellectuelle [2]. De sorte que n’importe qui – salarié, syndicaliste, militant associatif, chercheur, journaliste, lanceur d’alerte… – pourrait désormais être mis en cause dès lors qu’il aura révélé ou pris connaissance d’une information que l’entreprise concernée jugera détenir une valeur commerciale.

    L’aspect à bien des égards le plus inquiétant du projet de directive européenne actuellement discuté au Parlement est justement qu’il ne comprend pas de véritable définition du secret des affaires. C’est ce qui lui permet de couvrir d’emblée toute information, de quelque nature qu’elle soit et sans limitation a priori. « Le secret des affaires apparaît comme l’outil parfait pour la protection de la propriété intellectuelle parce qu’il n’existe pas de limitation générale pour les sujets concernés », résume l’un des avocats chargé d’accompagner le travail de la Commission. Une liste suggérée par le Cefic illustre l’étendue des informations potentiellement concernées : « les plans et les stratégies de recherche et développement ; les rapports et analyses, les comptes rendus de recherche ; les pilotes et les plans commerciaux ; les données opérationnelles, les concepts et les projets des nouveaux produits, le design d’un produit ou d’un procédé, la formulation ou la composition d’un produit ; les méthodes de production et l’application des savoir-faire ; les dessins de production et de procédés ; les analyses méthodologiques ; les méthodes d’analyses pour les impuretés, l’outil industriel, le degré de pureté et l’identité des impuretés et des additifs, les plans stratégiques, les plans d’affaires, les outils informatiques, les logiciels, les données sur les vendeurs, les distributeurs, les clients, les informations sur les ventes ».

    Les premières victimes de cette volonté d’accaparement sont les salariés eux-mêmes, dont le travail, l’expérience, les réseaux et le savoir-faire sont réduits au statut de « supports » d’informations commerciales exclusives appartenant à leur employeur.

    La réglementation européenne attaquée dans son fondement

    Le projet de directive ne discute pas non plus explicitement les limites à apporter au secret des affaires et la manière d’arbitrer entre ses exigences et les libertés fondamentales des citoyens européens, le droit à la mobilité des salariés, ou les besoins de transparence et de régulation. Ce sont dès lors des pans entiers de la législation européenne, dans des domaines comme la santé, la sécurité alimentaire, l’environnement et la protection des consommateurs, qui se trouvent menacés. Même les contrats de marchés publics – qui touchent pourtant à l’argent des contribuables – seraient eux aussi couverts [3] ! Tout serait décidé au cas par cas, au sein des institutions européennes ou devant les tribunaux. Dans les documents soumis à la Commission, le Cefic ne cache pas son désir de voir ainsi réduits au maximum ses obligations de divulgations lors du dépôt de demandes d’autorisation auprès des agences de l’Union.

    Demain, les informations relatives aux impacts environnementaux ou sanitaires d’un médicament, d’un aliment ou d’une substance chimiques commercialisés par une multinationale pourraient-ils se retrouver soustraits au regard du public, des chercheurs et de la société civile, en raison de leur valeur commerciale ?

    Le droit à l’information économique et la protection des lanceurs d’alerte sont déjà précaires, particulièrement en France ; ils pourraient se trouver encore considérablement affaiblis. L’ampleur des conséquences potentielles du projet de directive explique que celui-ci ait fini par susciter, en réponse, une mobilisation inédite associant syndicats, écologistes, défenseurs de la liberté d’expression et des lanceurs d’alerte, militants de la santé, de l’alimentation et de la consommation. Un appel conjoint circule depuis décembre, désormais assorti d’une pétition en ligne à l’adresse stoptradesecrets.eu.

    Cette mobilisation commence à porter ses fruits puisque, malgré le lobbying ininterrompu des entreprises, les eurodéputés ont introduit en commission plusieurs amendements qui restreignent fortement la portée de la directive. La transparence des informations sanitaires et environnementales pourrait en sortir sauvegardée, la protection des lanceurs d’alerte préservée, et les possibilités de poursuites judiciaires fortement limitées. Ces amendements doivent cependant encore être formellement adoptés (le vote final du Parlement devrait intervenir cet automne), et de nombreux observateurs se demandent si ce projet de directive est véritablement « réformable » et si ce n’est pas son principe même – l’affirmation du secret des affaires comme catégorie passe-partout opposable à toute obligation de transparence – qui doit être refusé, sauf à s’exposer à de graves menaces futures.

    Retournement historique

    La présence des intérêts américains au cœur du processus d’élaboration de la directive montre en effet que l’affaire va en réalité bien au-delà de la défense de la « compétitivité » et de l’« innovation » européenne face à l’espionnage industriel. Elle est indissociable des négociations en cours en vue d’un accord de commerce et d’investissement entre Europe et États-Unis (connu par les acronymes TAFTA ou TTIP) [4].

    L’objectif explicite des industriels est que le secret des affaires, s’il est adopté en Europe, soit intégré au TAFTA, et ainsi encore renforcé grâce à la possibilité de recourir à des tribunaux d’arbitrage privés pour protéger leurs intérêts.

    À rebours de l’image d’Épinal qui voit dans le « grand marché transatlantique » une invasion de l’Europe par les multinationales américaines, ce à quoi on assiste est plutôt une offensive concertée des grands groupes européens et américains pour remettre en cause les principes même sur lesquels se sont construits plusieurs décennies de régulations sociales, environnementales ou sanitaires. En s’alignant sur les intérêts des grands groupes, la Commission et les gouvernements du continent prennent le risque de laisser s’éroder les valeurs fondamentales de la construction européenne, à savoir la primauté des droits fondamentaux, les normes de transparence et la régulation environnementale et sanitaire.

    Un « retournement historique » auquel contribue aussi, par exemple, le programme d’« optimisation » des régulations européennes que doit bientôt annoncer la Commission. Selon des fuites récentes, celui-ci pourrait inclure la mise en place d’un comité de six membres, dont trois « extérieurs aux institutions européennes » (comprendre : issus des milieux économiques), chargé de vérifier que les nouvelles régulations ne représentent pas une charge démesurée pour les entreprises, et doté d’un droit de veto [5]…

    Dans tous ces cas, l’objectif ultime paraît aller bien au-delà de la remise en cause de telle ou telle régulation. L’enjeu est plus fondamental : il s’agit de donner aux intérêts économiques une légitimité juridique équivalente ou supérieure à celles des droits fondamentaux et des pouvoirs publics. Quant à la reconnaissance du travail, elle a totalement disparu de l’horizon.

    À travers le secret des affaires, les tribunaux d’arbitrage privés ou encore l’obtention d’un droit de regard sur toute nouvelle régulation, les multinationales cherchent somme toute à se doter d’une quasi souveraineté. Si l’on pousse à bout cette logique, cela s’appelle un coup d’État. On ne peut que s’affliger de voir la Commission européenne, comme avant elle les socialistes français, y prêter aussi allégrement la main.

    Notes :

    [1] Lire ici et  les articles de Mediapart (abonnement), ici le rapport du Corporate Europe Observatory et  l’article du Bureau of Investigative Journalism (tous deux en anglais).

    [2] Ce qu’ils ont réussi à faire en s’appuyant sur un nombre extrêmement réduit d’exemples, comme cela avait été le cas pour le projet de loi français au début de l’année, ainsi que le note encore Martine Orange :« Plus surprenant encore : alors que la violation du secret des affaires est censée être une menace grandissante pour les entreprises, que les méfaits se multiplieraient de façon exponentielle, ce sont les mêmes cas – quatre au total – qui sont cités de colloques en réunions, de documents préparatoires en communiqués officiels, entre 2011 et 2014. Des cas qui sont d’ailleurs déjà couverts par les législations existantes sur le vol, l’espionnage industriel ou la protection de la propriété intellectuelle. (…) Ainsi, la directive européenne sur le secret des affaires s’est construite à partir de cinq noms de groupes : DuPont de Nemours, Alstom, Michelin, Air Liquide, Intel, et d’une entreprise innovante AMSC. » De manière similaire, le Bureau of Investigative Journalism indique avoir demandé au Cefic de lui citer un seul exemple de vol d’informations commerciales sensibles dans le cadre d’une procédure d’autorisation de mise sur le marché d’un produit, ce que le Cefic n’a pas été en mesure de faire.

    [3] On rappellera au demeurant que c’est déjà le cas en France en ce qui concerne les contrats dits de « partenariats public-privé » (PPP). L’État français a par exemple accepté de verser presque une milliard d’euros de compensation au consortium Ecomouv suite à l’abandon de l’écotaxe, sans que le contrat ait jamais été rendu public…

    [4] Un effort similaire de lobbying en vue du renforcement du secret des affaires est d’ailleurs en cours aux États-Unis, avec pour parties les mêmes acteurs.

  • Radio Courtoisie : « Chômage et salariat » (Audio)

    Jean-Paul Naddeo recevait Nicolas Chaboteaux, journaliste, écrivain ; Cédric Porte, scénariste, écrivain ; Claude Berger, écrivain, journaliste, sur le thème : “L'enfer du monde du travail”.

     

     

     

  • « 1 % des Terriens est plus riche que les 99 % restants. À quand un peu de justice sociale ? »

    Entretien avec Alain de Benoist

    À en croire un récent sondage Cevipof, publié par Le Figaro, un adhérent sur deux du Front national voudrait « établir la justice sociale en prenant aux riches pour donner aux pauvres » et serait favorable à une « réforme en profondeur » du système capitaliste. Révolution ?

    Les électeurs du FN, dont beaucoup proviennent des classes populaires, ne sont pas totalement aveugles. Comme beaucoup de Français, ils constatent que les inégalités économiques ne cessent de croître entre les pays comme à l’intérieur des pays, ce qui montre qu’elles n’ont plus rien à voir avec les capacités ou les mérites.

    La richesse cumulée des 1 % les plus riches de la planète est aujourd’hui en passe de dépasser celle détenue par les 99 % restants. Dans les pays développés, les salaires n’ont cessé de stagner ou de diminuer depuis un quart de siècle, obligeant les salariés à s’endetter toujours plus conserver leur niveau de vie, avec les résultats que l’on sait. Aux États-Unis, où l’inégalité économique a atteint son niveau le plus élevé depuis les années 1930, la somme des bonus octroyés à Wall Street en 2014 a représenté à elle seule le double du total des revenus de tous les salariés américains travaillant à plein temps au salaire minimum. En France, la seule Société générale a distribué l’an dernier 467 millions d’euros de bonus à ses salariés, soit en moyenne une prime équivalente à ce que gagne en dix ans un salarié au Smic. Tout récemment encore, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, déjà rémunéré 450 000 euros par an, s’est vu accorder un parachute doré d’au moins 200 000 euros, tandis que l’ancien patron de PSA Peugeot-Citroën, Philippe Varin, bénéficiait d’une retraite chapeau de 299 000 euros par an.

    Lire la suite 

  • Oui, l’Europe et la soumission du Gouvernement français sont vraiment LE problème !

    Le cristal français vent debout contre Bruxelles qui menace de le plomber

     

    La Commission européenne pourrait interdire la vente de luminaires en cristal en Europe. De grandes maisons du luxe français en pâtiraient, fragilisant les régions Alsace et Lorraine. 7000 emplois directs et indirects sont en jeu.

    Une chape de plomb pèse sur les cristalleries françaises. Bruxelles pourrait leur interdire de vendre leurs luminaires, lustres, lampes et appliques en cristal en Europe à partir de l’année prochaine. En cause, une directive européenne qui limite l’utilisation de plusieurs substances dangereuses, parmi lesquelles le plomb, dans la fabrication d’appareils électriques ou électroniques. L’idée est d’éviter qu’elles ne se répandent dans les nappes phréatiques lorsque ces appareils sont jetés en décharge publique. Baccarat, Saint-Louis, Daum, Lalique... tous les fleurons du cristal français sont concernés, car le plomb leur est indispensable : c’est l’ingrédient qu’on ajoute au verre pour obtenir du cristal. C’est d’ailleurs un grand combat de la filière : dénoncer ceux qui utilisent l’appellation cristal sans respecter les 24% d’oxyde de plomb nécessaires.... comme Swarovski. [...]

    La suite sur Le Figaro

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Oui-l-Europe-et-la-soumission-du