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social - Page 438

  • Allocations familiales : c’est ça, la justice sociale ?

    Tous les œufs étant tondus, il ne semble plus possible d’augmenter encore l’impôt. Reste alors la solution de diminuer les prestations, familiales de préférence.   

    Comment tailler dans les dépenses quand on ne veut rogner sur rien ? Difficile. C’est pourtant ce à quoi prétend se livrer notre gouvernement, le président Hollande – malgré son air pataud – étant le champion des entrechats.

    Tous les œufs étant tondus, il ne semble plus possible d’augmenter encore l’impôt. Reste alors la solution de diminuer les prestations, familiales de préférence. C’est la piste que suggèrent des élus de la majorité, d’autant plus pressés d’indexer lesdites prestations sur les revenus que les familles nombreuses à très nombreuses se situent globalement aux deux bouts de l’échelle sociale : chez les CSP+ et chez les Groseille–, autrement dit la France chrétienne des beaux quartiers et la société polygame d’importation.

    Bref, disent les esprits simples, taxer les premières serait automatiquement favoriser les secondes et l’économie de marché aux fruits et légumes par la même occasion. D’ailleurs, madame Marie-Françoise Clergeau, la rapporteuse (je préfère « rapporteuse » à « rapporteure », ça me rajeunit…) socialiste de la partie famille du budget 2015 pour la Sécu, devrait proposer à ses collègues, en ce mardi après-midi, quelque 700 millions d’euros de coupes dans les allocations familiales, notamment en durcissant l’accès à « certaines allocations accessoires ».

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  • Les familles ne peuvent pas être les variables d’ajustement de l’incapacité à réformer

    Des députés UMP ont publié une tribune dans Le Figaro de ce jour :

    "Depuis 1945, la politique familiale fait consensus au-delà des clivages partisans ou syndicaux. Le consensus a porté ses fruits : la politique familiale est une réussite française. Depuis l’élection de  François Hollande, l’idéologie est au pouvoir et les familles en sont les victimes.

    Au-delà même del’attaque contre l’institution du mariage, du soutien implicite à la marchandisation du corps des femmes, ou de la promotion rampante de la théorie du genre,c’est le coeur de la politique d’aide aux familles qui est aujourd’hui ébranlé par les décisions gouvernementales.

    Le gouvernement et sa majorité ont réduit à deux reprises lequotient familial. Or le quotient familial est un outil puissant de solidarité entre les familles avec enfant et les familles sans enfant. À revenus égaux, le quotient familial tient compte du coût de l’éducation d’un enfant. Nous, députés de l’UMP, considérons qu’un enfant vaut toujours un autre enfant.De retour au pouvoir, nous devons revenir sur cette baisse du quotient familial. Nous devrons refonder la politique familiale si durement atteinte depuis deux ans.

    Notre principe d’action est simple : nous refusons d’établir une distinction entre les enfants selon les ressources de leurs parents. Nous considérons comme un acquis sacré l’universalité de la politique familiale. Voilà pourquoinous nous opposerons à l’avenir de toutes nos forces à la mise sous condition de ressources des allocations familiales qui est une véritable déclaration de guerre aux familles.

    Le gouvernement vient de franchir une autre ligne rouge en présentant son budget 2015 pour la branche famille de la Sécurité sociale.

    En 2003, notre famille politique a fondé la Paje, la prestation d’accueil du jeune enfant. Toutes les familles de France savent ce qu’elles doivent à cette  prestation qui garantit le libre choix de mode de garde et le libre choix d’activité pour les parents.

    Parmi toutes les mesures décidées par le gouvernement,le partage paritaire du congé parental entre la mère et le père est sans doute la mesure la plus pernicieuse. Le gouvernement doit cesser de se mêler de la vie des couples et des familles. Les familles sont libres de choisir pour elles mêmes. Le  système actuel a prouvé son efficacité. La France a aujourd’hui un taux de fécondité élevé à l’échelle de l’Europe et un taux d’activité des femmes élevé.

    S’il persiste dans cette voie, le gouvernement prend à nos yeux trois risques majeurs :
    - celui debaisser encore davantage le pouvoir d’achatdes familles ;
    - celui d’affaiblir la solidarité nationale, car qu’est-ce qui justifiera demain que les familles soutiennent le régime des retraites par répartition? Ce sont en effet les enfants de demain qui paieront la  retraite des actifs d’aujourd’hui. En s’attaquant aux familles, c’est tout l’édifice de notre protection sociale que le gouvernement attaque ;
    - celui, enfin, gravissime pour l’avenir du pays, d’uneffondrement du taux de fécondité.

    Les familles ne peuvent pas être les variables d’ajustement du manque de courage et de l’incapacité à réformer notre pays. Il est grand temps que cela cesse, la révolte gronde. Le président de la République doit savoir que les familles, qui sont la France de demain ne pourront longtemps encore payer le prix de l’irresponsabilité de sa politique."

    Michel Janva

  • Dans le terme de « service public », le mot le plus important est : « service » !

    Robert Ménard a prononcé un discours à l'ensemble du personnel municipal de Béziers le 25 septembre. Extraits :

    M"[...] A Béziers, comme ailleurs, il y a de très bons agents, de bons agents, des agents corrects, des agents passables qui peuvent s’améliorer ; il y a aussi de mauvais agents qui sont une plaie pour la ville, qui sont précisément le type de personnes à cause desquelles les fonctionnaires sont, si souvent, trop souvent, moqués et méprisés. Ces quelques agents font du tort à tous les autres et aux Biterrois. Je vous dirai plus loin comment je compte faire la distinction entre les uns et les autres, entre la qualité et la médiocrité, mais je vous dis tout de suite que les agents qui ne donneront pas satisfaction à l’avenir n’en seront certainement pas récompensés. Finis les passe-droits et le clientélisme !J’y veillerai personnellement. Et, bien naturellement, tous les cadres seront responsables devant moi de cette vigilance que l’éthique et l’intérêt collectif exigent. Car, ici, désormais, la règle du jeu a changé. Le mot d’ordre est simple : tout, tout pour Béziers ! [...]

    Fonctionnaires de Béziers, vous n’êtes pas une addition d’individualités, répartis dans des services, pour une tâche isolée. Vous appartenez à un corps au service de la Cité. Rien d’autre ne compte. Votre travail sera mesuré à cette aune.Dans le terme de « service public », le mot le plus important est aussi le plus beau : « service » !Servir, à son poste, et, dans le cas de Béziers, servir à une œuvre de redressement. Vous devez être fiers de travailler au service des Biterrois et pour les Biterrois. [...]

    Beaucoup de mesures que nous allons prendre sont d’abord et avant tout dictées par la loi. En effet, il se trouve que celle-ci n’est pas toujours appliquée à la mairie de Béziers. Un exemple : la durée légale du temps de travail annuel est de 1 607 heures en France. A la mairie de Béziers, cette durée est seulement de 1 544 heures.Soient 63 heures de moins ! Je le redis : c’est parfaitement illégal.Dans une telle situation, la concertation, la négociation, n’ont pas leur place. La loi doit s’appliquer.Elle s’appliquera dès 2015. [...] Autre enjeu : l’absentéisme. Hors congés évidemment, hors maladies réelles et courantes, l’absentéisme représente l’équivalent annuel de plus de 210 temps pleins ! C’est inadmissible.Nous mènerons contre ces abus un combat sans faiblesse, notamment contre les certificats de complaisance délivrés par quelques médecins hélas trop connus.Tellement connus que je n’hésiterai pas à demander des explications à l’Ordre des Médecins si ces abus persistent. [...]

    Vous le savez déjà, je vous en réaffirme ici le principe : les recrutements seront extrêmement rares et obéiront à un besoin absolu, comme dans le cas de la police municipale.Les départs à la retraite ne seront pas remplacés.

    [...] Les avancées de grade et d’échelon à durée minimum ne seront plus automatiques, plus systématiques. Je le redis,un seul critère : le mérite !Il sera du devoir des cadres de prendre leurs responsabilités et de noter leurs agents en fonction de leur engagement au service de la communauté de travail que nous formons. Les notations de complaisance ne seront plus acceptées.Le mérite n’est pas un gros mot.Il n’est pas le contraire de l’égalité, il en est même le seul garant. L’égalité des droits n’est pas l’égalité de salaire ou de carrière. L’égalité, c’est disposer des mêmes chances au départ. Le mérite, c’est la reconnaissance de ce que l’on fait, de ce que l’on est. Cette règle s’appliquera, bien entendu, aussi aux chefs de service. [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2014/10/dans-le-terme-de-service-public-le-mot-le-plus-important-est-service-.html

  • La rancœur légitime des travailleurs précaires ou "Petits blancs"

    Estelle estime avoir perdu sa jeunesse dans la banlieue d’Amiens. Jolie trentenaire, elle s’est récemment installée en centre-ville. Elle y gagne sa vie comme professeur vacataire d’anglais, ce qui représente un progrès notable dans sa famille, bien que le statut reste précaire. Ce qui lui tient à cœur, cependant, est la formation d’artisan pâtissier à laquelle elle s’est inscrite en parallèle, afin de retrouver, dit-elle, le sens d’une certaine authenticité, d’une certaine tradition du savoir-faire français – une France qu’elle vomit, cependant, dans sa version contemporaine. 

         Il a fallu quinze ans pour que la rancœur fleurisse dans ses discours. Le métier d’enseignant y est sans doute pour quelque chose : il lui a offert le spectacle d’une autorité en berne et d’une déliquescence des « valeurs qui ont toujours fait la France ». Travailler en lycée n’a fait que raviver les blessures d’enfance. « Pays de merde... Je vais me barrer d’ici, partir en Australie grâce à ma formation de pâtissière. Ils en recherchent des comme moi, là-bas. La France a pourri de l’intérieur. Rien que des Noirs et des Arabes. Quand j’étais petite, je vivais en HLM et le chemin vers le collège tournait au cauchemar. Les Arabes nous insultaient, nous crachaient au visage. Ils nous traitaient de porcs, mais c’est eux les porcs, toujours à traîner et à tout casser. Ils ne vivent que pour la violence. Ils nous haïssent et nous font du mal dès qu’ils en ont l’occasion. 

         « Moi, j’étais gentille. A l’école, ils foutaient le souk. Ça leur va bien, ce mot. Les profs tenaient pas les classes, ils leur passaient tout. Les victimes, c’était nous. C’est pas des victimes les Arabes. Ils sont très contents comme ça. Quand on les connaît, on sait. Je comprenais pas à l’époque, j’étais pas encore politisée. J’avais juste la haine de l’Arabe qui grandissait en moi. C’est plus tard, quand j’ai vu les nouvelles aux infos : j’ai compris le décalage entre ce que je vivais et la manière dont on parlait de ces gens-là, et ça m’a fait mal. Les médias cherchent toujours des excuses aux Arabes. La colonisation, le racisme, le chômage... Blablabla. Moi, j’avais pas d’argent et je voulais m’en sortir. Mais la pauvreté, c’était pas un problème. On restait dignes. Le seul problème, c’était les Arabes. Et encore, j’ai eu de la chance. J’aurais pu me faire violer. C’est pas les occasions qui manquaient. Ça a été tangent. Je suis blonde, pour eux je suis l’ennemie. Ce que je ressens aujourd’hui, c’est comme si j’avais été vraiment violée. La menace et la haine, ça te bousille. La seule chose qui me libèrerait, c’est de les voir tous crever. 

         « Les Noirs, c’est venu plus tard. Il y en avait pas au lycée. Je les ai vus dans les rues d’Amiens quand je suis arrivée en centre-ville. Je peux pas les supporter. Ils servent à rien, ils apportent que de la merde, et ils peuvent devenir violents, eux aussi. Il faut les éviter. Pour une fille, c’est pas bon de les croiser la nuit. Mais ce que je peux encore moins supporter, c’est les putes à boukaks... Ces blondasses qui se font sauter par des nègres. Je dis blondasses, ça veut dire Blanches dans ma tête. Ça leur donne de l’importance, ça, de coucher avec les Noirs, mais c’est rien que des putes. Moins que des putes même. Elles trahissent leur race, elles aiment se soumettre aux muscles, aux odeurs. Le jour où il y aura la guerre civile, c’est elles qu’on tuera les premières. 

         « Pendant quelques années, j’ai milité à l’extrême droite. Ça m’a fait du bien de fréquenter des gens comme moi. Je n’étais pas seule, je n’étais pas malade. J’ai mis des mots sur ma souffrance. Ma haine s’est rationalisée. Ça ne l’a pas éteinte, ça l’a cadrée. J’ai compris qu’elle était justifiée. J’ai raison de ressentir ce que je ressens, c’est naturel de vouloir rejeter ceux qui vous font du mal. J’ai participé à plusieurs réseaux de réflexion, nationalistes ou autres. Parfois proches du Front national, mais pas toujours. Plus radicaux, parfois. Ou alors fondés sur l’échange culturel. J’allais souvent faire des rencontres à Paris, suivre des conférences avec débats. A Amiens, c’est impossible d’afficher mes idées. On est très peu dans mon genre, et les autres sont lobotomisés par les médias. Ils se font cracher dessus et ils disent merci. Je me faisais insulter. C’est très étriqué, Amiens. J’avais besoin de Paris, de son anonymat, de gens qui réfléchissent. 

    Aymeric Patricot, Les Petits Blancs

    http://www.oragesdacier.info/2014/10/la-rancur-legitime-des-travailleurs.html

  • Emmanuel Macron, le PS, l’assurance chômage et le travail des femmes

    L’ultra-libéral Macron est en passe de faire du gouvernement socialiste de Manuel Valls celui qui va casser l’assurance chômage. La droite en rêvait, la gauche va le faire ! Comme pour tout d’ailleurs. Il a déclaré : « Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture. L’assurance chômage est en déficit de 4 milliards d’euros; quel responsable politique peut s’en satisfaire? Il y a eu une réforme, elle est insuffisante. On ne pourra pas en rester là. [...] Le sujet reviendra en temps voulu. »

    Pas de quoi faire une révolution direz-vous, mais il y a des petites phrases qui laissent entrevoir de grandes conséquences ! Surtout quand ces propos font écho à ceux du premier ministre en marge de son déplacement à Londres la semaine dernière.

    Non pas que l’assurance chômage soit inutile bien au contraire, mais le système a été dévoyé depuis bien longtemps par les abus en tout genre. Et les ultralibéraux se servent de ces abus pour vouloir casser un système qui a malgré tout bien des vertus.

    Il y a deux évidences : le coût du travail et les prélèvements sont devenus trop lourds et l’assurance chômage est l’objet d’abus dans de grandes proportions. Il est évident qu’une réforme en profondeur est absolument nécessaire.

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  • Allocations familiales : le supplément accordé aux fonctionnaires

    Lu ici :

    "Si le gouvernement socialiste paraît nettement moins enthousiaste que ses parlementaires pour instaurer des allocations familiales inversement proportionnelles au revenu, ce n'est pas tant parce qu'il répugne à puiser une fois de plus dans le porte-monnaie des familles de la classe moyenne. C'est surtout parce qu'une telle mesure ferait immanquablement ressurgir le sujet des allocations familiales versées aux fonctionnaires et assimilés: un «supplément familial de traitement», octroyé dès le premier enfant et cumulable avec les allocations familiales «classiques», qui présente la particularité d'être d'autant plus élevé que le dit-traitement est important.

    Vous avez bien lu: plus un fonctionnaire gagne, plus il perçoit pour ses enfants. Une part fixe, à laquelle s'ajoutent 3% de son traitement brut s'il a deux enfants, 8% s'il en a trois, et 6% par enfant supplémentaire. [...]"

    Michel Janva

  • « Le bien commun doit l’emporter »

    Journaliste et essayiste, Arnaud Guyot-Jeannin a dirigé les ouvrages collectifs Aux sources de l’erreur libérale (1999) et Aux sources de la droite (2000) dans la collection "Vu autrement" aux éditions de L’Âge d’Homme. Les questions portant sur l’argent, l’écologie, le libéralisme, le socialisme, le travail, etc, y étaient abordées dans une perspective résolument anticonformiste. Le 27 novembre dernier, il a même consacré son "Libre Journal des enjeux actuels" sur Radio Courtoisie à « la nécessité des luttes sociales » face à la libéralisation du travail du dimanche, à la retraite à soixante-dix ans, à la privatisation de la Poste, etc. L’Action Française 2000 l'accueille avec plaisir une nouvelle fois dans ses colonnes…

    L'Action Française 2000 - "Travailler plus pour gagner plus" : cette consigne de M. Sarkozy, qui va maintenant jusqu'à remettre en cause le repos dominical, n'est-elle pas le signe d'une conception nouvelle et bien peu catholique, du travail ?

    Arnaud Guyot-Jeannin - Elle n'est pas "nouvelle" et avant d'être "peu catholique", cette consigne est surtout bien peu humaine en vérité. Il est impératif que la fameuse common decency ou décence ordinaire, préconisée par Georges Orwell et reprise par Jean-Claude Michéa de nos jours, se déploie dans la vie quotidienne des individus, des communautés et des peuples.

    Des catholiques sociaux déterminés

    Je rappelle qu'il a fallu attendre le vote de la loi Lerolle du 13 juillet 1906 pour abroger le travail dominical. En effet, le XIXe siècle avait connu une exploitation inhumaine et une misère sociale effrayantes. L'État centralisé, complice du ploutocapitalisme, avait favorisé une industrialisation massive et un déracinement social et géographique sans précédent. Heureusement, face à ce processus de désintégration nationale, provinciale et sociale se dressèrent des penseurs et députés catholiques sociaux attachés à défendre le génie populaire et les socialités primaires de la France traditionnelle.

    L'AF 2000 - Pouvez-vous rappeler quelques lois pour lesquelles les catholiques sociaux ont milité au XIXe siècle et au début du XXe ?

    A.G.-J. - Bien sûr. Dès le 21 mars 1841, la loi Montalembert a proscrit le travail des femmes et des enfants dans les manufactures. Le 7 juillet 1891, Albert de Mun a proposé la suppression du travail de nuit pour les femmes et les enfants. Le 29 octobre 1892, le même député s'est engagé en faveur de la limitation du temps de travail. La future loi de Martine Aubry sur les 35 heures en représente le très pâle reflet, car elle ne vise pas l'amélioration des conditions de travail, mais une meilleure intégration à la société productiviste et au marché du travail qui sert exclusivement les intérêts du capital.

    On doit encore aux catholiques sociaux plusieurs propositions de loi sur la retraite et notamment sur les retraites ouvrières, en 1910 par exemple ; elles doivent être mentionnées au moment où le gouvernement Sarkozy-Fillon légifère en faveur de la retraite à soixante-dix ans. Et pourquoi pas, jusqu'à soixante-quinze ans, à l'instar des États-Unis, modèle préféré du chef de l'État ?

    Démesure

    Au total, une centaine de lois et propositions de lois ont été défendues avec détermination par les catholiques sociaux et les Cercles catholiques d'ouvriers (1871) dont les initiateurs s'appelaient Maurice Maignen, René de La Tour du Pin et Albert de Mun. Sans oublier l'influence pontificale à travers l'encyclique sociale Rerum Novarum (1891) rédigée par Léon XIII !

    L'AF 2000 - N'est-ce pas en fait sur la conception de l'homme lui-même que Nicolas Sarkozy et les libéraux se séparent de ces catholiques sociaux ?

    A.G.-J. - Assurément, la formule de Nicolas Sarkozy, "travailler plus pour gagner plus", s'inscrit dans la dynamique quantitative de la démesure capitaliste du "toujours plus" : toujours plus d'argent, toujours plus d'objets, toujours plus de consommation, toujours plus de travail, etc. L'homme y est envisagé comme un numéro-matricule du système marchand postdémocratique, ce système où la valeur travail et la valeur marchande se confondent au détriment de la valeur d'usage.

    Bien sûr, Nicolas Sarkozy n'est qu'un symbole fort de ce système mondialisé. Mais les symboles sont importants en politique. D'autant plus que la formule sarkozyenne du "travailler plus pour gagner plus" a finalement comme résultat pour les salariés de travailler plus pour gagner moins. Et même de travailler moins bien en raison d'un cadre général de travail de plus en plus inhumain.

    Face à une telle régression sociale et environnementale, mais plus largement civilisationnelle, il faut opposer un vrai modèle alternatif, où écologie sociale et économie solidaire réactivent le sens des responsabilités ordonnées et partagées dans un cadre de vie qui n'exclut pas un peu de flânerie. Tout est une question d'éthique, de politique et de mesure ! Le bien commun doit l'emporter sur un utilitarisme marchand, vecteur de modes de management délétères entraînant une course effrénée à la productivité et un stress épouvantable qui causent de la souffrance au travail.

    En résumé : Sois cool et tais-toi !

    L'AF 2000 - Comment se manifeste aujourd'hui cette "souffrance au travail" ?

    A.G.-J. - 53 % des Français disent souffrir dans leur activité professionnelle. Plusieurs centaines de cadres se suicident chaque année dans notre pays. Le harcèlement actionnarial et patronal va de pair avec une idéologie de la performance qui prône les mêmes formules commerciales de technocentres entrepreunariaux - plus chaleureusement appelés les entreprises copains - : Il faut faire plus, toujours plus ! L'open space établit une dictature du bonheur qui provoque un malheur intériorisé chez le salarié. De nouvelles formes de domination d'un post-libéralisme sympa et meurtrier se mettent donc en place. Sois cool et tais-toi ! Dans de plus en plus d'entreprises, le tutoiement et l'appellation de son patron par ses initiales sont obligatoires. L'obligation de résultat est le seul paramètre qui compte dans un cadre décloisonné où les relations sont fluides et opérationnelles ! Le patron est à la fois un GO en apparence et un serial killer en fin de mois. Nous ne sommes pas loin de la description de la World compagny moquée par Les Guignols de l'Info. Comment voulez-vous que la valeur travail ne soit pas décrédibilisée dans une société où le travail n'a plus de valeur ?

    Au métier qualifié, enraciné, sédentaire et humanisé a succédé - à partir du milieu des années soixante-dix – un travail découpé, parcellarisé, nomadisé et globalisé. Au métier organique a fait place un travail mécanique. Une besogne machinale et anonyme qui foudroie les cadres, les cadres moyens et les secrétaires de direction qui tombent en dépression. N'oublions jamais que la France est le premier pays au monde - avant les États-Unis - à utiliser des calmants et des anxiolytiques. Sarkozy est-il de mèche avec les laboratoires pharmaceutiques ? Plaisanterie mise à part, le constat s'impose à nous : le travail tue de plus en plus. La société positive du travail s'avère négative. Il s'agit là d'une société anxiogène et mortifère.

    L'AF 2000 - En ce qui concerne la nouvelle mesure sur le travail le dimanche, le texte qu'a présenté le gouvernement n'est-il pas beaucoup plus minimaliste qu'au départ ?

    A.G.-J. - Certes, mais Nicolas Sarkozy va faire passer habilement sa loi en insistant sur la notion de "volontariat" et de "liberté" du travailleur comme du consommateur. De façon évidente, les réfractaires au travail dominical seront immédiatement mal vus et mal notés. Le conditionnement négatif ambiant les poussera vite à revoir leur décision. Avec une telle liberté surveillée, je parie même que beaucoup d'entre eux seront dissuadés de recourir à un tel choix hypocrite et préféreront travailler bien gentiment le dimanche au détriment de leurs autres activités. Puis Nicolas Sarkozy s'occupera des aménagements nécessaires à la généralisation progressive du travail dominical, toujours au nom de la volonté, de la liberté et du marché pour tous... Mais en réalité, au détriment de l'ensemble des salariés et au profit - c'est le cas de le dire - des grosses fortunes dont il est l'ami !

    Liberté sous surveillance

    La question reste posée : les Français doivent-ils consommer à tout prix, tous les jours, tout le temps, y compris le dimanche ? Allons-nous devenir un peuple de salariés et de consommateurs ? 

    Pour des raisons humaines, sociales, familiales, amicales, religieuses, le repos dominical demeure essentiel. Il représente un jour de partage et sert à resserrer les liens entre les personnes et leur environnement. Moins de travail ne signifie pas "plus de travail". Le travail est un moyen en vue de subvenir à ses besoins, pas une fin en soi. Les partisans de la sanctification par le travail - qui comptent de nombreux chrétiens conservateurs et progressistes devraient faire cette nuance de taille. « Le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat » proclame hiérarchiquement l'Évangile selon saint Marc (2, 23-28). Ralentir les cadences de travail et décélérer les activités économiques en termes de production et de consommation ne signifie pas abolir le travail. Décroître n'est pas synonyme de récession. Une décroissance soutenable ne peut qu'être volontaire, tandis que notre récession économique et sociale ne l'est pas. C'est la décroissance qui peut empêcher de nouvelles crises. Pour cela, encore faut-il rompre avec la logique du capitalisme. La seule alternative politique et civilisationnelle réside aujourd'hui dans la pratique d'une décroissance de la production, de la consommation et du travail permettant de produire moins, consommer moins et travailler moins pour travailler bien et vivre mieux

    L'AF 2000 - Peut-on donc envisager de travailler autrement ? Que pensez-vous du "dividende universel" préconisé à une époque par Christine Boutin ?

    A.G.-J. - D'abord, je remarque que Christine Boutin ne le préconise plus depuis qu'elle est ministre du Logement. D'ailleurs, comment le pourrait-elle dans un gouvernement dont l'hyperprésident représente la droite bling-bling ? Le "dividende universel" appelé aussi "revenu social inconditionnel", "revenu d'existence" ou encore "revenu universel de citoyenneté" représente des allocations populaires responsabilisantes, intégratrices et solidaires. André Gorz, Yoland Bresson ou encore Alain Caillé, le directeur du Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (MAUSS) ont travaillé sur leur possible mise en pratique dans la société française.

    Le "dividende universel"

    Leur théorie pratique vise à réduire le temps de travail en obtenant un revenu inconditionnel d'inclusion sociale - et non d'exclusion comme le RMI et le RSA, tous deux conditionnels - pour chaque membre de la communauté nationale. Dans une société où le travail est considéré comme pénible et surplombant, où la désaffiliation sociale et familiale engendre l'anomie, où les pauvres se comptent par millions et où le chômage n'est plus seulement conjoncturel, mais structurel, ne faut-il pas permettre à chacun de libérer un peu de temps pour ses activités familiales, amicales, paroissiales, culturelles, sportives etc, tout en vivant décemment ? Poser la question, c'est y répondre. L'établissement du "dividende universel" - perçu de la naissance à la mort par chaque personne - rompt avec la société du tout travail et du travail salarié. Il faut pouvoir travailler et gagner sa vie au minimum sans se voir astreint automatiquement à occuper un poste de salarié dans une société salariale. Avec l'essor des réseaux et de la mondialisation-fragmentation tribale, l'avenir n'est plus au salariat. Précisons que le montant du revenu doit être ni trop élevé pour éviter l'assistanat, ni trop bas pour ne pas engendrer la précarité.

    L'AF 2000 - La crise actuelle ne marque-t-elle pas la défaite du libéralisme ? N'est-il pas temps de remettre en cause le capitalisme lui-même ?

    A.G.-J. - La crise financière mondiale était prévisible. En effet, en 1945, la signature des accords de Yalta a permis de livrer l'Europe et une grande partie du globe au communisme soviétique et au capitalisme américain. Plus de quarante ans après, le mur de Berlin s'est effondré et l'Union soviétique s'est désintégrée. Le communisme disparaissait à l'Est ! Le capitalisme se retrouvait alors seul dans un monde unipolaire dominé par les États-Unis. Seulement, il ne pouvait plus instrumentaliser les tares de son ennemi de la Guerre froide pour légitimer son système. Il trouvait alors un diable de rechange : l'islamisme. Mais cela ne suffit pas ! Les crises économiques et géopolitiques américaines éclataient peu après. La volonté de puissance marchande et la démesure guerrière des États-Unis aboutissaient à une récession interne doublée d'une grande méfiance des États et des peuples sur le plan externe.

    Le mur de l'argent

    La loi de la jungle néolibérale ne peut présider justement et durablement au destin d'une puissance. Le capitalisme se fonde sur l'accumulation du capital et du profit. Il porte l'excès en lui. « La monnaie créée ex-nihilo » pour reprendre l'expression de Maurice Allais, la spéculation des échanges monétaires virtuels et la dématérialisation planétaire de l'argent, ne peuvent que mener à d'autres fuites en avant suivies de crises préjudiciables aux sociétés occidentales de marché. Ces autres crises financières vont survenir parce que le système de l'illimité ne peut survivre dans un monde qui connaît nécessairement des limites. Le mur de l'argent chutera alors à son tour. Le système capitaliste américanocentré explosera comme sa bulle. Le capitalisme est né du système de l'argent, il mourra du système de l'argent.

    Propos recueillis par Michel Fromentoux

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2761 – du 18 au 31 décembre 2008

  • La chute de la maison SNCM


    La SNCM, Société nationale Corse Méditerranée, vit peut-être ses derniers jours. Le sigle avait été inventé en 1976. Il s'agissait alors de marquer un peu plus l'alignement jacobin sur la SNCF. On se gargarisait du concept de continuité territoriale.

    Or, la vieille structure, maintes fois remaniée depuis le XIXe siècle, s’achemine désormais, lentement mais sûrement, vers le dépôt de bilan.

    Le 9 juillet à l'Assemblée Nationale, le chef du gouvernement était ainsi interrogé par Camille de Rocca Serra député UMP de Corse-du-Sud. (1)⇓ Depuis 15 jours le conflit de la SNCM paralysait, dans des conditions scandaleuses, non seulement l'île mais également le port de Marseille. (2)⇓

    Or dans ce contexte, le Premier ministre ne cachait pas la solution envisagée, qui lui semblait déjà inéluctable : "La SNCM ne s'en sortira pas, a-t-il déclaré, sans redressement judiciaire". Et le 25 août, en même temps que Montebourg et Aurélie Filipetti quittaient le gouvernement, Manuel Valls débarquait de Frédéric Cuvillier, secrétaire d'État aux transports et dernier partisan du maintien bec et ongles de cette compagnie controversée.

    Miroir brisé du continent, la Corse va donc bientôt perdre l'un des stigmates des tares étatistes de l'Hexagone. On ne le regrettera pas. Avec la SNCM en effet, tout a toujours fonctionné comme un trompe l'œil de ce qu'on appelle pompeusement "le service public" où les prédations cégétistes cohabitent frauduleusement avec un capitalisme subventionnaire de connivence.

    Que s'est-il passé depuis quelques années ? En 2005, le gouvernement Villepin envisageait une privatisation totale. En septembre 2005, on annonçait triomphalement une offre de Butler Capital Partners. Spécialisé dans les entreprises en difficulté, ce fonds d'investissement proposait de reprendre la société pour 35 millions d'euros, mais… après une recapitalisation par l'État à hauteur de 113 millions… et alors que les actifs du groupe, sa flotte de transbordeurs, etc. sont évalués à 280 millions d'euros.

    Cherchez l'erreur et d'où vient-elle ?

    Une grève fut alors immédiatement déclenchée par la CGT et par le STC, syndicat des travailleurs corses séparatisto-gaucho. Les ministres cédèrent et inventèrent l'entrée au capital du groupe Veolia, comme opérateur industriel, et auquel serait attribuée une participation de 28 %, 38 % allant à Butler. L'État se maintiendrait à hauteur de 25 % et 9 % des actions seraient attribuées au personnel. Et puis cela devint Transdev à 66 %, sans Butler.

    Or, depuis 10 ans, les exercices déficitaires s'accumulent et personne ne veut de cette usine à perdre du fric.

    Aujourd'hui Transdev souhaite, bien évidemment, la mise en liquidation de son outil ingérable.

    Mais qu'est-ce que Transdev ? Cette compagnie se présente comme l'un des principaux opérateurs mondiaux du transport public. Ce dernier adjectif est trop souvent confondu avec "collectif", lequel implique par exemple la présence de 55 personnes dans un car ou de 4 personnes dans une même voiture. Par "public" on évoque le financement d'une activité subventionnaire assurant la mobilité d'un certain nombre d'individus aux frais de budgets effectivement locaux ou nationaux.

    En octobre 2013 l’Union des transports publics lançait ainsi un cri d’alarme car leur "ratio recettes /dépenses ne cesse de se dégrader". L'UTP regroupe les principaux acteurs français de ce secteur économique bien particulier. Or, la SNCF, la RATP, Keolis ou Transdev, tous, déplorent à l'unisson que, dans ce pays, "la demande de transport croît plus vite que les recettes".

    Un peu normal pensera-t-on quand on se refuse à faire payer le prix du service et quand celui-ci, géré de manière monopoliste, se trouve obéré par un "modèle social" inventé par Marcel Paul et Maurice Thorez en 1946, et qui, depuis, place toujours les avantages concédés au personnel avant les besoins du "cochon de payant".

    En France dans un tel contexte les recettes du transport "public" sont passées en 10 ans, de 2002 à 2012, de 39 % de leurs dépenses à 31,5 %, soit un déficit de 68,5 %. En Allemagne, pendant la même période, et le ratio recettes/dépenses, un peu moins mauvais au départ, de 0,42 s'est amélioré à 0,49. Il reste donc, même outre-Rhin, du chemin à accomplir, mais au moins les Allemands redressent la courbe, les Français l'infléchissent dans le mauvais sens.

    Revenons au cas de la SNCM. Au début de l'été, en pleine saison, une grève avait encore pourri les vacances des touristes et des Corses. Rappelons que la seule ville de Marseille compte 300 000 originaires de l'île de Beauté, où habitent à peu près autant de gens, toutes origines confondues. En janvier déjà : grève. Deux principales revendications : le renouvellement de la flotte et la question du pavillon français "premier registre". La CGT souhaite l'imposer à tout les compagnies "opérant en France", en premier lieu au concurrent italien Corsica Ferries. Le sous-ministre Cuvillier, aura multiplié les déclarations dans ce sens, celui de Montebourg. Le gouvernement "avait pris ses responsabilités pour la continuité de l'activité" et préparait un "décret anti-dumping social". La Banque publique d'investissement et la Caisse des dépôts allaient être mobilisées, etc.

    Rappelons quand même que, si les déficits cumulés depuis 2001 se chiffrent à plus de 200 millions d'euros, cette entreprise qui n'a pas enregistré un seul exercice bénéficiaire en treize ans a bénéficié de considérables subventions, que la concurrence juge à bon droit illégales.      Et pas seulement sur le terrain du droit européen qui fait tellement polémique.

    En novembre 2011 c'était en effet la Cour d'appel administrative de Marseille qui annulait la délégation de service public de transport maritime entre l'île et le continent. C'est à ce titre que jusque-là l'Office des transports corses allouait une subvention de 33 millions d'euros aux ferries de la SNCM pour les périodes de pointe, venant en plus des 66 millions alloués pour le service de base des cargos passagers et du fret à la SNCM et à la CMN.

    En mars 2012 ce fut au tour de l'assemblée de Corse de décider une réduction de 60 % du montant des subventions annuelles en hausse constante jusque-là. L'année précédente, la SNCM et la Méridionale avaient encaissé 110,6 millions contre 90 millions d'euros en 2006.

    La réponse de la CGT consiste toujours à appeler à la grève. Souvent violente. Pour sortir de ce bourbier, Veolia est allé un jour jusqu'à proposer une reprise pour une euro symbolique.

    On peut se demander si un tel prix ne serait pas un peu trop élevé.


    Apostilles

    1.  cf. "Corse Matin" en ligne le 9 juillet à 18 h 38. 
    2.  cf. "L'Insolent" du 9 juillet : "La SNCM nouvelle sardine pourrie bouchant le port de Marseille."  ⇑
  • La crispation du débat sur les allocations familiales

    À défaut de vraies réformes, on agite en ce moment un projet du camarade Le Roux et du groupe parlementaire socialiste. Il consisterait à mettre une nouvelle partie des allocations familiales sous condition de ressources. Cela déchaîne donc à bon droit l'opposition de toute la droite. 

    L'idée ne peut être qualifiée de nouvelle. En gros, sur un total de 31 milliards d’euros, les prestations familiales ainsi détournées de leur doctrine initiale, au fil des années, au gré des réglementations et des alternances, pouvaient être évaluées au début des années 2010 à environ 15,5 milliards, autrement dit la moitié.  La proposition considérée y ajouterait une tranche de 12 milliards. Le caractère universel de ces allocations, qui se voulurent égales pour tous les enfants français, était considéré autrefois comme un socle intangible, fondateur de la politique familiale. Il serait donc désormais limité à 11 % de son périmètre financier.

    L'énormité d'une telle remise en cause abrupte avait déjà fait reculé le gouvernement Jospin en 1999. À nouveau, en 2013, Hollande s'était encore prononcé contre cette perspective, se contentant de baisser l'effet du quotient familial. En 2014 s'il l'on arrive au bout du processus législatif et de sa promulgation le même Président n'hésiterait donc pas à se renier.

    Comparée à d'autres pays de notre continent, la France pense pouvoir se flatter encore de sa démographie. Mesurée en termes d'indice conjoncturel de fécondité, immigration non comprise, sa natalité lui permet d'envisager une survie au cours du XXIe siècle. Rappelons que cette perspective n'est garantie ni pour l'Europe occidentale, dans son ensemble, ni pour une Russie de plus en plus eurasienne et que certains promettent même à une majorité musulmane à l'horizon 2050. L'opinion avertie croit pouvoir penser, à tort ou à raison, que nous devons une relative exception hexagonale à la politique familiale.

    La droite s'accroche dès lors symboliquement, massivement, et on le comprend, à ce lambeau de dynamisme du pays, comme à un petit drapeau.

    Les gens qui s'écartent de ce que représente cette ligne ne sauraient plus, de ce fait, se réclamer de la droite.

    Faut-il d'ailleurs, à ce sujet, toujours accuser les médias de mauvaise foi ? Quand "Métronews", ce 9 septembre (1)⇓ prétend évoquer le temps où "la droite proposait de toucher aux allocations familiales" les archivistes de cette publication ne commettent qu'une simple erreur d'étiquetage. Ils classent en effet M. Juppé "à droite". Ses électeurs croient, sans doute, eux aussi, que l'ancien bras droit de Jacques Chirac, à la Ville de Paris, au RPR fondé comme "parti travailliste à la française", etc. mérite d'être qualifié "homme de droite". A la vérité, ou bien cette appellation ne veut rien dire, ou bien elle ne s'applique pas à l'actuel maire de Bordeaux.

    En effet, déjà le gouvernement Juppé, à l'époque de son fameux plan d'étatisation de la sécurité sociale et de sa réforme constitutionnelle de 1996 avait envisagé  de recourir, en fait, à cet expédient financier. Il dut reculer face à des protestations et manifestations où l'on vit côte à côte villiéristes et communistes unis pour sauver le mécanisme allocataire.

    On peut s'attendre à des phénomènes analogues, amplifiés par le recours aux mythes du"modèle social".

    N'oublions pas, par exemple, que si les cotisations familiales sont prélevées à la charge de l’employeur, le rôle historique de leur élaboration remonte à des compléments de salaires mis en place au début du XXe siècle par le patronat chrétien.

    On lit malheureusement aujourd'hui absolument n'importe quoi sur l'origine de ce qui est devenu un mécanisme de redistribution et de subvention à la famille monoparentale et/ou polygamique. La finalité, l'intention du législateur, deviennent des références jetables. Citons un seul exemple. Sur le site du "Figaro", journal autrefois bien fabriqué et bien écrit, en date du 8 octobre, on découvre la désinformation suivante : "Instaurées dès les années 1930, les "allocs" ont été conçues pour soutenir la natalité française, alors en berne." (2)⇓

    Cette légende, au double sens du mot, mérite plus qu'un haussement d'épaules. Elle semble illustrer la qualité du débat français contemporain.

    Il est couramment entendu et répété que le système français des prestations familiales aurait été institué "afin de garantir une politique démographique lors de la Libération à la fin de la seconde Guerre Mondiale."

    En fait, la politique démographique de l'État commence vraiment sous le gouvernement Daladier en 1938. Gouvernant par décrets-lois, succédant à Léon Blum, le chef du parti radical-socialiste, ‑ qui va se dissocier du front populaire dont il avait été en 1935 l'initiateur ‑ va, ainsi, en mai 38, établir une police des étrangers très restrictive. Sa politique nataliste va aboutir à diverses mesures qui seront rassemblées en un Code de la famille promulgué en juillet 1939.

    Contrairement à ce qu'on tend dire ce n'est pas le mythique programme du CNR qui aurait établi l'actuelle branche famille intégrée maladroitement à l'ensemble la sécurité sociale, ce sont notamment les démocrates-chrétiens du MRP qui gouvernèrent le pays après la démission du général De Gaulle en janvier 1946.

    Ce système, rogné d'année en année, transformé en redistribution administrative, géré par une bureaucratie anonyme, vit sans doute ses dernièrs années dans la forme que nous avons connue. Il paraît grand temps d'en réinventer un autre, moins étatique, au service de la cellule sociale primordiale que doit redevenir la famille française.

    JG Malliarakis     

    Apostilles

    1.  cf. article "Quand la droite proposait de toucher aux allocations familiales"
    2.  cf. article "Le PS veut des allocations familiales versées en fonction des revenus" 

    http://www.insolent.fr/2014/10/la-crispation-du-debat-sur-les-allocations-familiales.html

  • Valls prévoit déjà 2 milliards d’euros d’économie sur les chômeurs !

    Non seulement la réforme des indemnités chômage est bien prévue par le gouvernement, mais celui-ci a déjà chiffré le montant d’économies à venir ! Finalement, il ne reste qu’une inconnue : quand ?

    Il nous en réserve des surprises notre Premier ministre. Comme celle d’aller à Londres le 6 octobre pour évoquer une modification des règles d’indemnisation du chômage : « Nous, en France, avons fait le choix d’un chômage très important et très bien indemnisé. C’est dans le dialogue avec ceux qui recherchent un emploi que l’on peut améliorer la situation. Cela s’appelle réformer le marché du travail. » Comme si le climat anglais était plus propice à ce genre de réflexion que celui de Paris, Manuel Valls a ensuite insisté lors d’un déjeuner « off » avec nos confrères de la presse britannique. Oui, leur a-t-il dit, la question mérite d’être « reposée ». 

    Le lendemain, les ministres semblaient un peu perplexes. A l’image de Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à la simplification, très hollandais, venu « spontanément » expliquer aux journalistes présents à l’Assemblée nationale que « jamais, jamais, ce débat n’avait eu lieu de manière collective dans le gouvernement, ni lors d’un conseil des ministres, ni lors des réunions des ministres le jeudi à Matignon ». Jean-Christophe Cambadélis déclare, lui, que « ce n’est ni à l’ordre du jour du gouvernement, ni à celui de l’Assemblée, ni dans la réflexion du ministre concerné ». Mais le plus vallsien de ses collègues, Jean-Marie Le Guen, embrayait au quart de tour pour se mettre dans la roue de son patron et approuver l’ouverture du chantier car, selon lui, « par certains aspects », le système actuel serait un frein à la reprise du travail : « On le sait, des gens qui ont un certain niveau de rémunération de substitution pour lequel ils peuvent se dire légitimement : “Dans le système actuel, je peux attendre six mois, un an, avant de rechercher un travail” ». 

    En fait, la réforme de l’assurance-chômage est tellement prévue par le gouvernement que ses effets sur les comptes publics en 2017 sont déjà déjà comptabilisés ! Le document de présentation du projet loi de finances 2015, dont l’examen vient juste de commencer à l’Assemblée, décrit « les efforts nécessaires au redressement de la situation financière des régimes paritaires » : « Les économies réalisées par l’Unedic dans la convention de 2014 seront complétés à partir de 2016 pour atteindre un effort total de 2 milliards d’euros. » 

    Compte tenu du fait que la précédente convention a réalisé un effort de 450 millions d’euros par an, en moyenne sur trois ans, voici qui donne un ordre de grandeur de l’effort qui sera demandé aux chômeurs, sauf à espérer qu’une décrue brutale du nombre de demandeurs d’emplois permette à l’Unedic de faire des économies…Un tour devis supplémentaire pour les chômeurs est donc bel et bien dans les tuyaux. Pour 2016 et après, dit le texte. Un tempo en phase avec le calendrier social : les partenaires sociaux venant en effet tout juste de conclure une convention valable deux ans, pas besoin de s’affoler avant le début de 2016. 

    Mais c’est là qu’intervient à nouveau Jean-Marie Le Guen, ministre des Relations avec le Parlement selon qui « ça sera dans le débat, y compris dans le débat social dans les mois qui viennent, puisqu'il y aura une renégociation dans les mois qui viennent de l'assurance-chômage. » Message reçu cinq sur cinq au Medef où l’on indique être prêt « à sauter à pieds joints sur toute occasion » de reprendre le chantier de l’assurance-chômage jugée dans ses rangs « imparfaite ». Pour le patronat, toute modification de l’indemnisation (conditions, durée…) constituerait évidemment un levier essentiel pour parvenir à la « réforme du marché du travail » dont il rêve depuis toujours… 

    En fait, la renégociation en question, a précisé Manuel Valls devant l’Assemblée nationale, concerne la convention tripartie Etat-Pôle emploi-Unedic, qui fixe les moyens et les objectifs des trois acteurs dans l’accompagnement des chômeurs, mais pas leurs indemnités. Ce sera néanmoins « l’occasion d’avancer » sur « les devoirs des chômeurs associés à leurs droits, l’accompagnement de Pôle emploi, l’incitation à la reprise la plus rapide possible d’un emploi » explique Manuel Valls. Conclusion : cela va se faire, mais lentement...

    Hervé Nathan

    source : marianne.net 

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuEklZyyyFbPzUvhGy.shtml