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tradition - Page 261

  • LES ARBRES DE LA VIE LES DIEUX VIVENT DANS LES FORÊTS

    78686310.jpg [Ci-contre : couverture de l'étude de R. Harrison, reparue en poche (Champs-Flammarion, 1994). « Le mot “forêt” est à l’origine un terme juridique. Tout comme ses nombreux dérivés dans les langues européennes (foresta, forest, forst...), il vient du latin foresta. Le mot latin n’apparait pas avant la période mérovingienne. Dans les documents romains et les premiers actes du Moyen Âge le terme usuel pour désigner les bois et les régions boisées était nemus. Le mot foresta apparaît pour la première fois dans les lois des Lombards et les capitulaires de Charlemagne, pour désigner non tant les régions boisées en général que les réserves de chasse royale. L’origine du mot est incertaine. Selon toute vraisemblance, il viendrait du latin foris, en dehors. L’obscur verbe latin forestare signifiait retenir en dehors, mettre à l’écart, exclure. En effet, pendant la période mérovingienne où le mot foresta fit son entrée dans le lexique, les rois s’étaient octroyé le droit d’exclure du domaine public de vastes étendues boisées, afin d’y préserver la vie sauvage qui, en retour, devait assurer le maintien d’un rituel royal fondamental : la chasse »]

    « Détruire des forêts ne signifie pas seulement réduire en cendres des siècles de croissance naturelle. C'est aussi un fonds de mémoire culturelle qui s'en va » : Robert Harrison résume bien, ainsi, l'enjeu plurimillénaire, le choix de civilisation que représente la forêt, avec ses mythes et ses réalités (Forêts : Essai sur l'imaginaire occidental, Flammarion, 1992). Une forêt omniprésente dans l'imaginaire européen.

    L'inconscient collectif est aujourd'hui frappé par la destruction des forêts, due à l'incendie, aux pluies acides, à une exploitation excessive. Un être normal — c'est-à-dire quelqu'un qui n'est pas encore totalement conditionné par la société marchande — ressent, quelque part au fond de lui-même, quelle vitale vérité exprime Jean Giono lorsqu'il écrit de l'un de ses personnages : « Il pense : il tue quand il coupe un arbre ! »

    Le rapport de l'homme à la forêt est primordial. Il traduit une vision du monde, le choix d'un système de valeurs. Car la forêt, symbole fort, porte en elle des références fondamentales. « Une époque historique — écrit Harrison — livre des révélations essentielles sur son idéologie, ses institutions et ses lois, ou son tempérament culturel, à travers les différentes manières dont elle traite ou considère ses forêts ». Dans la longue mémoire culturelle des peuples, la place donnée — ou non — aux forêts est un repère qui ne trompe pas.

    Pour étudier la place des forêts dans les cultures et les civilisations, depuis qu'il existe à la surface de la terre des sociétés humaines, Harrison prend pour guide une grille d'analyse forgée par un Napolitain du XVIIIe siècle, Giambattisto Vico, qui résume ainsi l'évolution de l'humanité : « Les choses se sont succédé dans l'ordre suivant : d'abord les forêts, puis les cabanes, les villages, les cités et enfin les académies savantes » (La Science nouvelle, 1744).

    Ainsi, les forêts seraient à l'origine la matrice naturelle d'où seraient sortis les premiers hommes. Lesquels, en s'affranchissant du milieu forestier pour ouvrir des clairières, en se regroupant pour construire des cabanes, auraient planté les premiers jalons de la civilisation, c'est-à-dire de la conquête de l'homme sur la nature. Puis, d'étape en étape, de la ruralité au phénomène urbain, de la rusticité à la culture savante, de la glèbe aux salons intellectuels, l'humanité aurait réalisé son ascension. On voit bien, ici, s'exprimer crûment cette conception tout à la fois linéaire et progressiste de l'histoire, qui triomphe au XVIIIe siècle avec la philosophie libérale des Lumières pour nourrir, successivement, l'idéologie libérale et l'idéologie marxiste. Mais cette vision de l'histoire plonge ses racines très loin, dans cette région du monde qui, entre Méditerranée et Mésopotamie, a donné successivement naissance au judaïsme, au christianisme et à l'islam, ces 3 monothéismes qui sont définis, à juste titre, comme les religions du Livre.

    TU NE PLANTERAS PAS...

    Religions du Livre, de la Loi, du désert. C'est-à-dire religions ennemies de la forêt, car celle-ci constitue un univers à tous égards incompatible avec le message des fils d' Abraham. La Bible, est, à ce sujet, sans ambiguïté. Dans le Deutéronome, Moïse ordonne à ses errants dont il veut faire le Peuple élu de brûler, sur leur passage, les bois sacrés que vénèrent les païens, de détruire ces piliers de bois qui se veulent image de l'arbre de vie : « Mais voici comment vous devez agir à leur égard : vous démolirez leurs autels, briserez leurs stèles, vous couperez leurs pieux sacrés, et vous brûlerez leurs idoles ». L'affirmation du Dieu unique implique l'anéantissement des symboles qui lui sont étrangers : « Tu ne planteras pas de pieu sacré, de quelque bois que ce soit, à côté de l'autel de Yahvé ton Dieu que tu auras bâti ».

    Cet impératif sera perpétué par le christianisme, du moins en ses débuts lorsqu'il rencontre sur son chemin, comme principal obstacle, la forêt et ses mythes. Très vite, l'Église pose en principe un face à face entre les notions de paganisme, sauvagerie et forêt (sauvage vient de sylva), d'un côté, et christianisme, civilisation et ville, de l'autre. Quand Charlemagne entreprend. pour se faire bien voir d'une Église dont il attend la couronne impériale, une guerre sainte en Saxe, bastion du paganisme, il donne pour première consigne à ses armées de détruire l'lrminsul, ce monument qui représente l'arbre de vie et qui est le point de ralliement des Saxons. Le message est clair : pour détruire la capacité de résistance militaire des païens, il faut d'abord éliminer ce qui donne sens à leur combat. Calcul erroné, puisqu'il faudra, après la destruction de l'lrminsul, encore trente ans de massacres et de déportations systématiques pour imposer la croix. Les clercs entourant Charlemagne n'avaient pas compris que pour les Saxons comme pour tout païen, les dieux vivent au cœur des forêts, comme le constatait déjà Tacite chez les Germains de son temps. Autrement dit, tant qu'il reste un arbre debout, le divin est présent.

    LA FORÊT-CATHÉDRALE

    La soumission forcée des Saxons n'aura pas fait disparaître pour autant la spiritualité liée aux forêts. Car le christianisme a dû, contraint et forcé, s'adapter à la mentalité européenne, récupérer et intégrer les vieux mythes qui parlaient encore si fort, au cœur des hommes. Cette récupération s'exprime à travers l'architecture religieuse : « La cathédrale gothique — note Harrison — reproduit visiblement les anciens lieux de culte dans son intérieur majestueux qui s'élève verticalement vers le ciel et s'arrondit de tous côtés en une voûte semblable à celle des arbres rejoignant leurs cimes. Comme des ouvertures dans le feuillage, les fenêtres laissent pénétrer la lumière de l'extérieur. En d'autres termes, l'expression forêt-cathédrale recouvre davantage qu'une simple analogie, car cette analogie repose sur la correspondance ancienne entre les forêts et la résidence d'un dieu » (cf. aussi Les Racines des cathédrales, Roland Bechmann, Payot, 1981).

    L'Église s'est trouvée, au Moyen Âge, confrontée à un dilemme : contre le panthéisme inhérent au paganisme, et qui voit le divin partout immergé dans la nature, il fallait décider d'une stratégie de lutte. Réprimer, pour extirper, éradiquer ? C'est la solution que préconisent de pieuses âmes, comme le moine bourguignon Raoul Glaber : « Qu'on prenne garde aux formes si variées des supercheries diaboliques et humaines qui abondent de par le monde et qui ont notamment une prédilection pour ces sources et ces arbres que les malades vénèrent sans discernement ». En favorisant les grands défrichements des Xlle et XIlle siècles, les moines ont un objectif qui dépasse de beaucoup le simple intérêt économique, le gain de nouvelles surfaces cultivables : il s'agit avant tout, de faire reculer ce monde dangereux, car magique, qui abrite fées et nymphes, sylves et sorcières, enchanteurs et ermites (dont beaucoup trop ont des allures rappelant fâcheusement les hommes des chênes, les anciens druides). Brocéliande est, comme Merlin, « un rêve pour certains, un cauchemar pour d'autres ».

    Faut-il, donc, détruire les forêts ? Les plus intelligents des hommes d'Église comprennent, au Moyen Âge, qu'il y a mieux à faire. Le culte de saint Hubert est chargé de faire accepter la croix par les chasseurs. Les “chênes de saint Jean” doivent, sous leur nouveau vocable, fixer une étiquette chrétienne sur les vieux cultes du solstice qui se pratiquent à leur pied. On creuse une niche dans l'arbre sacré pour y loger une statuette de la Vierge (nouvelle image de l'éternelle Terre-Mère). Devant “l'arbre aux fées” où se retrouvent à Domrémy Jeanne d'Arc et les enfants de son âge, on célèbre des messes. La plantation du Mai, conservée, sera compensée par la fête des Rameaux ( qui vient remplacer la Fête de l'arbre que célébraient, dans le monde romain, les compagnons charpentiers pour marquer le cyclique et éternel retour du printemps).

    Saint Bernard, qui a su si bien, comme le rappelle Henri Vincenot [in : Les Étoiles de Compostelle, Denoël, 1984, repris en Folio, 1987], perpétuer les traditions celtiques, assure tranquillement devant un auditoire d'étudiants : « Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres. Les arbres et les rochers t'enseigneront les choses qu'aucun maître ne te dira ». Cet accueil et cette intégration, par le syncrétisme, d'une nature longtemps perçue, par la tendance dualiste présente dans le christianisme, comme le monde du mal, du péché, sont poursuivis par un saint François d'Assise. « C'était en accueillant la nature — constate Georges Duby —, les bêtes sauvages, la fraîcheur de l'aube et les vignes mûrissantes que l'Église des cathédrales pouvait espérer attirer les chevaliers chasseurs, les troubadours, les vieilles croyances païennes dans la puissance des forces agrestes » (Le temps des cathédrales, Gal., 1976).

    La perpétuation du symbole de l'arbre et de la forêt se fera, à l'époque moderne, par la plantation d'arbres de la Liberté (1), les sapins de NoëI, la branche verte placée par les compagnons charpentiers sur le faîtage terminé de la maison...

    L'ARBRE COMME SOURCE DE VIE

    tree_s10.jpgMais, référence culturelle par excellence, la forêt reste, jusqu'à nos jours, un enjeu idéologique et l'illustration d'un choix de valeurs. Quand Descartes, dans son Discours de la méthode, compare l'autorité de la tradition à une forêt d'erreurs, il prend la forêt comme symbole d'un réel, foisonnant et touffu, dont il faut s'abstraire, en lui opposant la froide mécanique Raison. « Si Descartes se perd dans la forêt — le monde historique, matériel —, ne nous étonnons pas qu'il se sente chez lui dans le désert (...) C'est l'esprit désincarné qui se retire de l'histoire, qui s'abstrait de sa matière et de sa culture » (R. Harrison, op. cit.). Ajoutons : de son peuple.

    Inversement, en publiant leurs célèbres Contes et légendes du foyer, les frères Grimm, au XIXe siècle, entendent redonner, par le biais de la langue, un terreau culturel, un enracinement à la communauté nationale et populaire allemande. Or, significativement, la forêt est omniprésente dans leurs contes, en tant que lieu par excellence de ressourcement.

    L'arbre comme source de vie. Présent encore parmi nous grâce à une reuvre qui a, par bien des aspects, valeur initiatique, Henri Vincenot me confiait un jour : « II y a dans la nature des courants de forces. Pour reprendre des forces, c'est vrai que mon grand-père s'adossait à un arbre, de préférence un chêne, et se pressait contre lui. En plaquant son dos, ses talons, ses mains contre un tronc d'arbre, il ne faisait rien d'autre que de capter les forces qui vivent et cornmontent en l'arbre. Il ne faisait qu'invoquer, pour y puiser une nouvelle énergie les puissances de la terre, du ciel, de l'eau, des rochers, de la mer... » (éléments n°53).

    ► Pierre Vial, Le Choc du Mois n°53, 1992.

    (1) cf. Jérémie Benoit, « L'Arbre de la Liberté : résurgence d'une mentalité indo-européenne », in Études indo-européennes, 1991.

    http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/40

  • Reconstruire la politique familiale en France

    Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif Pour Tous, a annoncé, vendredi, le lancement de son «Grenelle de la famille».

    « Nous voulons participer à la reconstruction de la politique familiale en France ».

    Des forums thématiques dans six provinces, des rapports d'une quarantaine d'experts, des projets débattus avec le public et sur un site internet dédié, puis une synthèse par thèmes: la première partie, sur « les principes fondateurs », sera rendue publique mi-janvier.

    Le lancement est prévu mercredi à Bordeaux, où l'on étudiera les problématiques de «qualité de vie». Chaque province aura en charge un thème différent: le couple à Lyon, la filiation à Nantes, l'éducation à Lille, la lutte contre la paupérisation des familles à Paris, et enfin, la solidarité intergénérationnelle à Marseille.

    La Manif pour tous présentera ensuite ses propres propositions de loi, un «projet alternatif» pour « remettre la famille au cœur de la société ».

    Michel Janva

  • Deux conférences sur le genre

    17 octobre : conférence sur le genre à Saint-Maur (94)

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    28 octobre : conférence sur le genre à Sciez (74)

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  • Une nouvelle génération a pris conscience de son rôle politique

    Jacques Bompard répond à Médias-Presse :

    "Ces milliers de jeunes, qui ont passé six mois de leur vie dans les rues à manifester, sur les pelouses à veiller, ou dans des arrières salles de café à préparer les prochaines actions, ont su inventer de nouveaux modes d’action : Veilleurs, Sentinelles, Hommen, banderoles sur les toits du Parti socialiste ou dans l’Assemblée… Ils ont créé leurs propres codes, certes bien différents de ceux que nous utilisions au début des années 60, mais adaptés à leur époque. Cette année militante aura permis de faire émerger les plus hardis, les plus imaginatifs, les plus courageux d’entre eux. Je parie que lorsque cette génération sera aux commandes, que ce soit dans l’entreprise ou en politique, elle se souviendra des risques pris ensemble lors d’actions osées et des heures passées à croupir dans les geôles de Manuel Valls.

    [...] Le mariage homosexuel a servi de catalyseur, mais tous ces jeunes étaient dans la rue pour bien plus que cela. Ils se sont réappropriés leur avenir, ils ont pris conscience qu’ils avaient un rôle politique à jouer pour défendre leur civilisation. La génération du Printemps Français est une nouvelle génération militante qui s’est levée pour défendre un corpus de valeurs piétinées depuis plus de cinquante ans. Elle n’est pas descendue dans la rue pour défendre son niveau de vie, ou des avantages acquis. C’est pour cela que le dialogue était impossible avec cette gauche matérialiste qui croit qu’il suffit d’abreuver le peuple de pain et de jeux pour le calmer."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Nouvelle rénovation d’école : Solidarité Kosovo amorce le projet sur le terrain

    Nouvelle rénovation d’école : Solidarité Kosovo amorce le projet sur le terrain

    GRACANICA (NOVOpress) – Fidèle à son engagement humanitaire au Kosovo scellé au mois de mai dernier avec l’Église serbe, l’équipe de l’association française Solidarité-Kosovo est à nouveau à Gračanica pour mettre en œuvre un projet de rénovation d’école.

    C’est le second chantier humanitaire du genre que pilote cette association puisque l’année dernière elle était à l’initiative de la réfection complète de l’école du village de Straža alors lourdement fragilisée suite aux intempéries qui avaient touchées la région.

    Cette année, l’Église a opéré une présélection portant sur quatre établissements scolaires dont les visites figurent au programme du jour. En guise de préambule, le Père Serdjan, succédant au diacre Bojan dans ses fonctions, présente aux bénévoles français réunis au sein du bureau humanitaire le déroulé des visites. «Dans chacune des écoles présélectionnées, les besoins sont différents. Toutefois, elles possèdent un dénominateur commun : depuis 1999, leurs effectifs d’élèves scolarisés sont en constante progression. Cela indique qu’il existe aux alentours de ces quatre écoles des bassins de vie chrétiens en développement.»

    Ce constat ne manque pas d’être souligné lors de la première visite d’écoles : « cette année, dans notre école sont scolarisés plus de 100 enfants serbes… un record depuis la fin de la guerre ! », annonce le Directeur de l’Établissement scolaire de Babin Most, le visage plein d’espoir. Mais rapidement l’inquiétude assombrit son discours. Systématiquement durant l’hiver, l’école et ses instituteurs font face à de volontaires coupures de courant. Les écoliers se retrouvent plongés dans le noir. La classe est contrainte de s’interrompre parfois durant des heures.

    Nouvelle rénovation d’école : Solidarité Kosovo amorce le projet sur le terrain

    Dans l’école de Babin Most

    La deuxième visite d’écoles s’est déroulée dans le village de Laplje Selo. Cet établissement scolaire, comptant parmi les plus importants du Kosovo-Métochie, est l’un des rares à disposer d’une salle équipée d’ordinateurs. Cela permet aux enfants des villages alentours de se familiariser pour la première fois à l’informatique. Malheureusement, les moyens sont faibles et la toiture du local informatique est complètement dégradée (photo en Une). Chaque averse provoque une fuite d’eau comme en attestent les auréoles causées par l’humidité sur le plafond et dans les coins de la salle où sont dispensés les cours d’informatique aux 300 élèves de l’école. Le directeur pédagogique de l’Établissement s’alarme : « Des travaux de réparation sont aussi urgents que nécessaires car la toiture continuera à se dégrader et je n’ose pas imaginer les conséquences dramatiques que cela provoquera sur ce précieux matériel».

    Nouvelle rénovation d’école : Solidarité Kosovo amorce le projet sur le terrain

    Sur la robe de cloche de l’école reposant au sol est inscrite sa date d’inauguration: 1936 !

    C’est dans l’école de Suvido que s’est poursuivie la visite. Une école de 76 ans d’âge ! « Notre école constitue l’unique patrimoine de notre village. La seule trace qu’il nous reste de la vie de nos aïeux sur ces terres. Une trace vivante quoique très usée par le temps et les évènements… Ces bâtiments scolaires ont subi de nombreux actes de vandalisme pendant mais aussi après la guerre. Lors de ces incidents le clocher de l’école a été fendu » explique le Directeur en pointant du doigt une cloche massive reposant à même le sol, au pied du perron de l’école. Sur la robe de la cloche est gravée la date de 1936 renseignant sur l’année de l’inauguration de l’école à laquelle la cloche avait été adossée. Dans les salles de classe, les bénévoles français constatent l’état de délabrement avancé du bâtiment. L’institutrice indique à son tour que le chauffage ne marche plus.

    Pour rejoindre la dernière école prévue dans le programme de visites, le Père Serdjan conduit les bénévoles français jusqu’à Obilić. Ce village est tristement connu pour avoir été la cible sanglante des pogroms antichrétiens en 2004. En une seule nuit, le village avait dénombré autant de réfugiés qu’il comptait d’habitants. Aujourd’hui, plus une seule âme chrétienne n’y vit. Il faut atteindre l’extrême nord du village pour rejoindre les deux enclaves chrétiennes qui bordent le chemin, comme accrochées au village par son bord. A quelques mètres d’elles, les bénévoles découvrent un petit lot de bâtiments disséminés sur une butte. Des bâtiments qui paraissent à première vue abandonnés. Pourtant, le Père Serdjan gare la voiture. «Nous voici arrivés à l’école d’Obilić ».

    Nouvelle rénovation d’école : Solidarité Kosovo amorce le projet sur le terrain

    Dans une classe d’école du village d’Obilic

    Sur les marches cassées de l’École, le Directeur accueille la délégation. Il officie dans l’école depuis 1976. Témoin de l’histoire de son village, il reste farouchement attaché à son école. Et il semble être le seul : «Beaucoup sont venus visiter notre école. Tous nous ont promis de nous aider. Personne n’est jamais revenu », annonce-t-il aux bénévoles français. Sans trop d’espoir quant aux suites de ce qu’il considère comme une énième visite, il emmène le groupe à la rencontre de ces tristes bâtiments. 40 petites âmes s’instruisent dans cette école où le temps semble s’être arrêté. Les portes de classe sont entaillées. A l’intérieur, les plafonds et les murs sont éventrés, les vitres sont brisées. Les chaises des écoliers n’ont pas de dossiers. Le chauffage est en berne. Dehors, les toilettes sèches sont insalubres. Les jeux pour enfants sont cassés. La visite s’accompagne de peu de mots. Le constat saisissant, criant, suffit à les compléter. Comme si le cruel destin rattrapait les enfants serbes jusque sur leurs bancs d’école où ils étudient entourés de murs qui portent les stigmates de leurs propres existences. Isolés et abandonnés.

    De retour au Bureau humanitaire, l’équipe de Solidarité Kosovo a pu dresser le bilan des visites des écoles de Babin Most, Laplje Selo, Suvido et Obilić. Inutile de se masquer les réalités : chacune mérite de gros travaux. Ne pouvant ignorer la triste réalité, Solidarité Kosovo formule donc le vœu de pouvoir rénover ces quatre écoles. Pour chacune d’entre elles, les travaux à engager ont été identifiés et transmis pour devis aux artisans serbes de la région. Les besoins sont grands, les coûts élevés.

    Pour aider l’association Solidarité Kosovo à réaliser cette action, c’est ici. Solidarité Kosovo étant une association loi 1901 reconnue d’utilité publique vous pourrez déduire de vos impôts 66% du montant de votre don.

    Crédit photos : Solidarité Kosovo.

    http://fr.novopress.info/142068/nouvelle-renovation-decole-solidarite-kosovo-amorce-le-projet-sur-le-terrain/#more-142068

  • La liberté ne se négocie pas : elle se prend.

    François Teutsch, dans un article daté du 29 septembre [sur Boulevard Voltaire], s’est livré à une critique de Putsch, paru le 7 septembre dernier. L’auteur, Vincent Vauclin, a souhaité y répondre…

    Je synthétise votre critique : Putsch présenterait le coup d’État comme un débouché au ras-le-bol général. Cet appel au coup d’État militaire oublierait qu’en France « l’armée est légaliste ». Paradoxalement, vous reconnaissez ensuite la nécessité épisodique de recourir à la force lorsque les institutions sombrent dans un dysfonctionnement complet et irréversible. Ce coup de force doit reposer sur un projet, or cet aspect serait absent de mon livre. Considérant le bouillonnement contestataire des dernières semaines, vous concluez sur la nécessité d’un référendum pour l’indépendance de la France.

    L’ensemble de votre argumentation est biaisée par la négation de mes postulats de départ, développés dans mon livre et sur lesquels vous entretenez un silence suspect. Je répondrai point par point.

    1. Nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle, face à un gouvernement discrédité et illégitime, procédant d’un régime noyauté par des éléments de subversion qui court-circuitent systématiquement le fonctionnement des institutions (cf. référendum de 2005), dans le seul but de dissoudre notre nation dans un magma mondialiste et cosmopolite.

    2. La dissolution de la souveraineté nationale est une constante des gouvernements républicains. Et c’est la raison pour laquelle l’armée subit depuis des années des restrictions budgétaires qui menacent désormais d’annihiler son potentiel opérationnel et, conséquemment, sa mission de défense nationale. [...]

    La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-liberte-ne-se-negocie-pas-elle

  • Pourquoi les jeunes Européens sont souvent plus « fragiles » dans une société comme la nôtre et comment y remédier ?

    « Un jeune garçon élevé dans la fierté de son peuple et de sa lignée, par l’exemple des héros et l’histoire des souffrances et des grandeurs de son peuple, poursuivra par lui-même ce travail et l’enseignera à ses propres enfants. »
    Pourquoi les jeunes Européens adoptent-ils des positions de soumission en environnement multiethnique ? Un sujet tabou, un sujet méconnu. Laurent Ozon tente une explication qu’il trouve d’abord dans une mauvaise construction identitaire (sexe, famille, peuple) et dans les abus d’une culture de la négociation et de la norme ; mais il montre aussi des causes sanitaires (les perturbateurs endocriniens) et biologiques (la néoténie européenne). Nos lecteurs trouveront ici un texte profond qui ouvre des pistes de recherche. Les pères et les mères de famille pourront aussi utilement en tirer des enseignements pratiques pour l’éducation de leurs garçons. Pour leur apprendre à relever la tête. Polémia.
    Il faudrait probablement un livre pour analyser la situation sociale des jeunes hommes européens et plus particulièrement la question de la fragilité d’une partie d’entre eux dans l’environnement violent de la société multiculturelle. Certes, il faut le rappeler, ce phénomène est encore minoritaire mais pourtant bien visible et suscite des réactions agacées, indignées mais, osons le dire, « impuissantes » ou incantatoires. (On pourra lire à ce sujet le dernier article de Julien Rochedy, président du FNJ, à ce sujet : http://www.bvoltaire.fr/julienrochedy/connaissez-babtou-fragile,35986).
    Il n’est donc peut-être pas inutile de tenter d’analyser rapidement ce phénomène et d’y apporter des réponses. Un article plutôt inhabituel pour moi mais qui m’est dicté par l’impression de n’avoir rien lu de clair et de pratique sur ce sujet.
    Une fragilité physique et mentale en environnement multiethnique
    Tout d’abord, comment se manifeste cette fragilité ? Elle est à la fois physique mais aussi mentale (difficultés à faire face au conflit ou au recours à la force). Elle s’exprime justement dans les situations conflictuelles où l’affrontement physique avec des jeunes issus d’autres « populations » est imminent. « Adversaires » d’autant plus belliqueux que les jeunes hommes européens ne savent pas l’être assez. Au-delà des réactions de moquerie que ce comportement peut engendrer, elle est problématique pour l’idée qu’un jeune Européen se fera de lui-même (complexes et refoulements) et néfaste à sa construction, comme homme, puis, ultérieurement, comme père ou comme membre d’une communauté de destin. Il y aurait des livres à écrire pour analyser les impacts « idéologiques » de ces frustrations.
    Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que cette fragilité est toute relative et se perçoit principalement en environnement multiethnique. En clair, du fait des causes de ce problème de « fragilité », nous verrons qu’il est perceptible surtout dans la confrontation relationnelle avec d’autres groupes de population et pas n’importe lesquels. Ce paramètre n’est pas, lui non plus, sans impact sur la façon quasi pathologique dont les questions d’immigration sont traitées dans l’espace social et politique lorsqu’il s’agit de certaines populations.
    Pour faire simple, je pense qu’il existe quatre grands facteurs qui peuvent expliquer la « fragilité » de nombreux jeunes Européens et leur « vulnérabilité » dans les environnements multi-agressifs dans lesquels ils sont plongés :
    1. Le premier facteur relève de mauvaises pratiques dans la construction identitaire de l’enfant ;
    2. Le deuxième d’une influence trop incapacitante (castratrice même) des pratiques pédagogiques qui dévalorisent le conflit, la bagarre ou prétendent obliger l’enfant à s’en remettre toujours à quelqu’un d’autre (les institutions notamment) pour le protéger ;
    3. Le troisième point relève d’un choix d’hygiène de vie (sport, alimentation et bonnes pratiques qui sont importantes à l’heure des pollutions agro-chimiques systématiques) ;
    4. Et enfin, le dernier facteur est une qualité que les spécialistes nomment « néoténie » ou persistance juvénile, qui est liée à notre biologie. Elle présente de nombreux inconvénients dans un contexte social multiethnique et multiculturel, mais est, à tout prendre, une qualité dont nous pouvons nous féliciter et dont il faut compenser les effets par les trois catégories de solutions précédentes. Mais reprenons.
    1. Une mauvaise construction identitaire
    Première cause de fragilité : l’isolement. Même lorsqu’il ne pèse pas dans le cas d’un conflit entre deux individus, la crainte de devoir faire face au grand frère, aux copains, à la famille, etc. de son adversaire pèse dans le rapport de forces. Les jeunes Européens sont fréquemment isolés et l’isolement est la première des faiblesses. Les enfants privés de construction identitaire saine sont et resteront seuls. Isolés de tout groupe, famille, etc., quand survient le conflit, ils sont souvent en position de faiblesse face à de petits groupes soudés par toutes les formes d’appartenance (origine, famille, couleur de peau, cultures, religions, marques, etc.) et parfois par des groupes soudés par plusieurs de ces catégories simultanément (africains ET musulmans ET fans de RnB par exemple). Cet isolement est principalement lié à un déficit d’identité.
    La construction identitaire d’un jeune garçon repose sur trois étapes principales. Ces trois étapes sont essentielles à sa formation.
    Le sexe : Dans la construction de l’identité d’un enfant, le premier étage est se reconnaître comme garçon. Vous avez tous entendu ces phrases infantiles mais qui font partie de ce processus de construction : « Les filles, elles sont tartes » ou « Les garçons contre les filles ». Il faut respecter toutes les phases qui permettent à un jeune garçon de se reconnaître comme mâle dans un monde à deux catégories. Cette première phase est indispensable aux deux étapes suivantes. À rebours des théories du genre, permettez ses manifestations d’affirmations enfantines et renforcez-les si vous le jugez utile, sans tomber dans l’excès et l’obsession. Permettez-lui de bien marquer son appartenance de mâle en lui proposant des activités spécifiques, des devoirs spécifiques, des droits spécifiques (couleurs, rites, tâches, équipes, vocabulaire, etc.).
    La famille : Le deuxième étage de la construction de son identité sera la famille. Là aussi, cultiver le respect de la famille et, de fait, de l’ascendance, par le respect des aînés et mémoire des ancêtres, sans idolâtrie, mais sérieusement (ne pas rire de tout) et lui apprendre à la respecter (sans avoir à se justifier : « c’est ainsi et pas autrement ») dans son comportement en famille comme dans la vie sociale à l’extérieur (défendre sa petite sœur bec et ongles face à une agression extérieure, ne jamais accepter les insultes sur sa famille ou sur lui-même, défendre son nom de famille, etc.). Lui apprendre dès 5 ans qu’il y a la famille et le monde autour, pas moins. C’est par cet étage de la construction identitaire familiale que l’enfant intègre des notions indispensables à sa formation : respect des anciens, valeur de l’expérience, communauté et filiation, solidarité et protection des siens envers et contre tout.
    Si en complément, vous lui apprenez à partir de 9/10 ans à mieux comprendre comment fonctionnent les groupes, vous lui permettrez de mieux s’y adapter (le groupe se forme dans la construction de l’adversaire, le groupe est un espace de partage et de solidarité, le groupe a besoin de marqueurs visibles, le groupe a souvent un chef, etc.).
    Le peuple : Enfin, le troisième étage de la construction de soi sera, plus tard, la reconnaissance de son identité de substance et de culture, en clair, son appartenance à un peuple. Cette partie de votre éducation le rendra fier d’être l’héritier de populations qui ont pris une part sans égale à la construction de la civilisation, de l’art, de la pensée, des sciences et de toutes les formes du génie humain. Si vous lui apprenez, il voudra, lui aussi, être un Européen, un Français, le défendre et surtout, plus important encore, l’incarner dans sa vie. Non pas dans la simple répétition ou le fétichisme de l’ancien mais dans l’innovation, la créativité, la maîtrise. Mais c’est là une autre histoire…
    Cette dernière phase sera la plus longue et un jeune garçon élevé dans la fierté de son peuple et de sa lignée, par l’exemple des héros et l’histoire des souffrances et des grandeurs de son peuple, poursuivra par lui-même ce travail et l’enseignera à ses propres enfants.
    C’est en respectant et en instruisant correctement ces trois phases de développement de l’identité du jeune garçon qu’une construction identitaire saine pourra s’effectuer.
    2. La culture de la négociation et de la norme
    On apprend tôt aux enfants à « aller voir la maîtresse » lorsqu’ils sont victimes de coups ou d’agressions, pas assez à se défendre eux-mêmes ou, au minimum, à faire face à une situation de conflit. Pas intellectuellement, mais physiquement, avec leurs instincts. Le courage n’est pas une construction intellectuelle et ne se forge pas avec des mots mais avec l’expérience directe, physique, instinctive de la vie, des difficultés et de la souffrance physique. La culture des normes et de la résolution pacifique du conflit, voire du conflit comme « échec », est une tendance lourde et particulièrement pernicieuse dans nos sociétés, en particulier pour les instincts virils. Ce travail de formatage des institutions publiques, qui invite les enfants et les citoyens à s’en remettre à l’institution dans la gestion des conflits tout en sachant parfaitement que ces institutions ne remplissent pas ce rôle et ne le pourront jamais, est une catastrophe sur le plan éducatif et ses impacts sur la population autochtone particulièrement lourds. La prépondérance des valeurs maternelles qui doivent savoir progressivement se placer en retrait à partir de quatre ou cinq ans dans l’éducation du jeune garçon et le manque de présence des valeurs de pères viennent renforcer à chaque instant ces tendances.
    La culture de l’honneur individuel et familial doit précéder la culture de la norme sociale de la collectivité politique. Les instincts de défense ne doivent pas être inhibés par un matraquage moral maternant ou par une culture de la légitimité supposée des corps de l’État dans l’exercice de la violence légitime. Et ce pour une raison simple : il n’assure pas correctement cette mission et ne l’assurera jamais. Le respect des règles deviendra plus tard un prétexte à son manque d’esprit de défense, d’initiative, de révolte. Loin de toute culture suprémaciste (« nous sommes les meilleurs ») aux effets accablants lorsqu’on ne domine pas un rapport de forces, apprenez-lui aussi à perdre et donnez-lui l’envie de recommencer et de gagner. Faites comprendre à votre garçon que ce qui est honteux ce n’est pas de perdre une bataille, un moment de conflit, mais de s’y dérober par lâcheté. Que perdre c’est parfois triste mais c’est honorable, en tout cas plus que de se soumettre. Revaloriser et soutenir son enfant, y compris dans ses manifestations d’agressivité (parfois inadéquates), c’est légitimer son agressivité naturelle et l’aider à gérer le conflit par ses propres moyens. Ne pas lui apprendre à chercher le soutien des adultes et de l’institution, qui dans l’immense majorité des cas ne le protégera pas lorsqu’il en aura besoin. Cet aspect de l’éducation des jeunes garçons est fondamental.
    Quelques exemples pratiques ? Ne relevez pas un enfant en bas âge lorsqu’il tombe mais encouragez-le à se relever seul jusqu’à ce qu’il réussisse et félicitez-le lorsque c’est fait, par des mots ou un geste de tendresse. Ne grondez pas votre enfant s’il manifeste de l’agressivité ou de la violence raisonnable dans une relation avec d’autres enfants, n’intervenez que s’il y a un réel risque et de façon non morale mais disciplinaire. Apprenez, certes, à votre enfant l’existence des normes collectives mais sans jamais oublier de lui rappeler la première de toutes les normes : la survie et la capacité de se faire respecter et de se défendre. Valorisez cela à chaque fois que nécessaire.
    La capacité d’un garçon à exprimer ses préférences, à exprimer son agressivité, à régler les conflits par lui-même, sans chercher un appui, est une condition indispensable à sa construction virile. L’en priver c’est l’exposer, l’affaiblir, le mettre en danger. Si vous espérez un jour pouvoir compter sur son aide et sa force, c’est donc vous mettre en danger, vous aussi.
    3. Les causes sanitaires
    Le changement de mode de vie des trois dernières générations en Europe, sur le plan alimentaire notamment, a profondément bouleversé les métabolismes pour des raisons en partie sanitaires (généralisation des perturbateurs endocriniens à corréler avec la baisse de fécondité et l’augmentation des cancers et malformations génitales masculines). Soyez attentifs à l’alimentation de vos enfants et à leurs contacts répétés avec les perturbateurs endocriniens contenus dans les aliments conditionnés en boîte, aux contacts avec toutes formes de plastiques et choisissez des vêtements adaptés, plutôt amples. Pour les bébés, proscrivez les jouets et tétines en plastique, privilégiez les cuillères en bois simple. Ne donnez pas de petits pots pour bébé mais des aliments que vous préparerez vous-même, si possible biologiques ou issus d’un potager non traité aux pesticides, herbicides et autres intrants chimiques toxiques. Certes, cette préparation demande du temps quotidien mais les conséquences sont autrement importantes… Je ne peux détailler sur cette question, il me faudrait un livre entier.
    Les pratiques sportives sont aussi essentielles. Je n’évoquerai même pas la majorité des garçons qui n’ont presque aucune activité sportive (une catastrophe sanitaire) alors qu’ils passent 6 à 7 heures par jour assis sur une chaise en pleine période de développement, puis le reste de la journée devant la télévision ou l’ordinateur. N’espérez pas avoir des enfants sains avec ce régime de vie. Ils seront des cibles et, consciemment ou non, se retrancheront de la vie réelle pour fuir des rapports de force auxquels ils ne sont pas préparés. Pour vos garçons, privilégiez dès 6 ans des activités de contact (rugby, etc.) et, d’une façon générale, le contact direct avec la difficulté, la nature, le froid, le chaud, le piquant, aussi souvent que possible. Non dans une perspective de souffrance, et en songeant toujours que vous devez valoriser sans le plaindre ses échecs et ses bosses.
    4. La néoténie européenne
    La néoténie, ou juvénilité persistante des Européens, est un trait caractéristique qui n’empêche pas une maturation finale équivalente en virilité mais la diffère. Qu’est-ce que cela veut dire ? Simplement qu’aux mêmes âges, nous, Européens, sommes plus jeunes. Exemple : l’âge de la puberté est sensiblement plus précoce chez les Subsahariens que chez les Européens. Ceci affecte la croissance et la maturité musculaire. En clair, un Européen de 14 ans sera statistiquement moins avancé dans sa puberté (et donc sa taille, son développement musculaire, son agressivité, etc.) qu’un Subsaharien du même âge : un inconvénient, mais un avantage sur d’autres points. Si notre maturité est plus tardive, notre phase de maturation est plus longue…
    La juvénilité est un inconvénient face à des brutes précoces physiquement mais elle constitue un avantage réel et en tout cas une réalité avec laquelle il faut compter lorsqu’il s’agit de vérifier les caractéristiques de l’adulte abouti et finalement formé.
    Afin de compenser cette particularité (dont il existe, bien sûr, des exceptions), les activités viriles et les pratiques sanitaires adéquates, comme la construction identitaire correctement effectuée, suffisent largement. Ne vous étonnez pas de faire fréquemment ce constat. Les Européens sont plus jeunes, plus souples, plus ouverts et curieux et leur période de maturation est significativement plus longue que celles d’autres populations, en particulier des populations subsahariennes. Les populations arabo-berbères ont des caractéristiques proches des nôtres de ce point de vue, mais elles sont compensées chez elles par une construction identitaire plus traditionnelle (sexe, famille, peuple, cf. 1.)
    Conclusion
    J’ai cherché à aborder de façon simple et pédagogique les clés d’une réforme de nos pratiques éducatives (au sens large de ce mot) pour une adaptation de nos jeunes garçons aux contraintes de la société absurde et violente à laquelle ils seront confrontés. Chercher à les soustraire à cette société et à ses inévitables pathologies sociales caractéristiques des belles nations « arc-en-ciel » ne les préparait évidemment pas à tout contact « accidentel » que l’on sait inévitable dans les années à venir.
    Les quatre points abordés sont les points clés. J’aurais pu aborder la question des représentations familiales du père, l’absurdité des comportements violents pour les introvertis intelligents, la division des tâches dans le couple et le fardeau d’une génération qui a dû reconstruire ses repères après la fracture (le gouffre) de la génération soixante-huit, la culpabilisation ethno-masochiste et ce qu’elle fabrique parfois en retenue physique et encore bien d’autres choses. Ce rapide exposé repose sur des études scientifiques, des travaux multiples de spécialistes et, en complément, sur mon expérience des hommes et des garçons comme père de famille. J’espère qu’elle sera utile et permettra de sortir de façon pratique des jérémiades impuissantes lorsque ces questions sont abordées. J’y reviendrai si le sujet intéresse.
    Laurent Ozon, Président de Maison commune, 8/10/2013, www.localisme.fr
    http://www.polemia.com/pourquoi-les-jeunes-europeens-sont-souvent-plus-fragiles-dans-une-societe-comme-la-notre-et-comment-y-remedier/

  • BIENNALE BLANCHE 2013. PARIS, samedi 12 octobre .

    MOUVEMENTS ROYALISTES , venez rencontrer gratuitement vos amis et ceux qui auront plaisir à vous connaître.

    La Charte de Fontevrault a pris l’initiative , initiative qui doit être saluée même si elle n’est pas isolée, de réunir à Paris sans exclusion, sans exclusive, tous les militants royalistes de bonne volonté et leurs amis et alliés lors de la “Biennale Blanche”.sa troisième édition se déroulera le samedi 12 octobre 2013 à Paris avec le soutien financier exclusif du SYLM

    Dans les locaux de l’ASIEM (Salle Guyot 1+2,) 6, rue Albert de Lapparent,75007 Paris. De 9H30 à 18H

    Stands de de l’Action Française 2000, du CRAF et de la boutique de Flore sur place.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?BIENNALE-BLANCHE-2013-PARIS-samedi

  • La spiritualité païenne au sein du Moyen Âge “catholique”

    Quiconque a eu l'occasion de lire régulièrement nos articles, et not. ceux publiés à plusieurs reprises dans Vita Nova, connaît déjà le point de vue qui sera le fil conducteur des présentes notes : nous faisons allusion à cette idée d'une opposition fondamentale entre 2 attitudes distinctes quant à l'esprit, où il faut voir l'origine de 2 traditions bien différenciées sur le plan aussi bien historique que suprahistorique.

    La première, c'est l'attitude guerrière et royale, la seconde, l'attitude religieuse et sacerdotale. L'une constitue le pôle viril, l'autre, le pôle féminin de l'esprit. L'une a pour symbole le Soleil, le “triomphe”, elle correspond à l'idéal d'une spiritualité dont les maîtres-mots sont la force, la victoire, la puissance ordonnatrice, et qui embrasse toutes les activités et tous les individus au sein d'un organisme simultanément temporel et supratemporel (idéal sacré, de l'Imperium), en affirmant la prééminence de tout ce qui est différence et hiérarchie. L'autre attitude a pour symbole la Lune ; comme cette dernière, elle reçoit d'un autre la lumière et l'autorité, elle s'en remet à autrui et véhicule un dualisme réducteur, une incompatibilité entre l'esprit et la puissance, mais aussi une méfiance et un mépris pour toute forme d'affirmation supérieure et virile de la personnalité : ce qui la caractérise, c'est le pathos de l'égalité, de la “crainte de Dieu”, du “péché” et de la “rédemption”.

    Ce que l'Histoire — jusqu'à nos jours — nous a montré en fait d'opposition entre autorité religieuse et pouvoir “temporel”, n'est qu'un écho, une forme plus tardive et plus matérielle en laquelle a dégénéré un conflit qui, dès l'origine, se rapportait à ces 2 termes, c'est-à-dire un conflit entre 2 autorités, également spirituelles, entre 2 courants se référant au même titre, bien que d'une manière opposée, au supramonde. Il y a plus : l'attitude “religieuse”, loin de correspondre sans autre forme de procès au spirituel et d'épuiser ce qui relève du domaine suprême de l'esprit, n'est que le produit, relativement récent, d'un processus de dégénérescence qui a frappé une tradition spirituelle plus ancienne et plus éminente, de type précisément “solaire”.

    En effet, si nous examinons les institutions des plus grandes civilisations traditionnelles — de la Chine à la Rome antique, de l'Égypte à l'Iran, du Pérou précolombien au vieux monde nordico-scandinave — nous trouvons constamment, sous des traits uniformes, l'idée d'une fusion absolue des 2 pouvoirs, royal et spirituel ; au faîte de la hiérarchie, nous ne trouvons pas une église, mais une “royauté divine”, non pas l'idéal du saint, mais de celui qui, par sa nature supérieure même, par la force nécessitante du rite en tant que “technique divine”, joue, par rapport aux puissances spirituelles (ou “divinités”) le même rôle viril et dominateur qu'un chef en face des forces des hommes. C'est un processus de dévirilisation spirituelle qui, de là, a conduit à la forme religieuse, puis, en augmentant constamment la distance entre l'homme et Dieu, et la servilité du premier vis-à-vis du second au seul bénéfice de la caste sacerdotale, a fini par miner l'unité traditionnelle en donnant lieu à la double antithèse d'une spiritualité antivirile (sacerdotalité) et d'une virilité matérielle (sécularisation de l'idée d'État et de Royauté, matérialisation des aristocraties antiques et sacrées). Si l'on doit surtout aux rameaux aryens les formes lumineuses des anciennes civilisations “solaires”, en Occident, c'est surtout à l'élément levantin que l'on doit le triomphe de l'esprit religieux — jusqu'à l'asiatisation du monde gréco-romain, jusqu'à la décadence de l'idée impériale augustéenne, jusqu'à l'arrivée même du christianisme.

    Dans les présentes notes, nous nous proposons d’éclairer quelques aspects peu connus de la civilisation médiévale, afin de démontrer qu'elle inclut la tentative (tantôt visible, tantôt cachée) d'une grande réaction, la volonté de reconstruire une tradition universelle dont le but, malgré les apparences formelles et la conception courante du Moyen Age comme un âge “catholique” par excellence, est antichrétien ou, plutôt, dépasse le christianisme.

    LE RÉVEIL NORDICO-ARYEN DE LA ROMANITAS

    Très vraisemblablement, cette volonté de restauration tira son origine première des races nordico-germaniques, dont l'influence, à l'époque post-byzantine, est un fait universellement acquis. Sur la foi des plus anciens témoignages — y compris, d'un certain point de vue, chez Tacite lui-même —, ces races nous apparaissent comme un type extrêmement proche de celui des Achéens, des paléo-Iraniens, des paléo-Romains, et en général, des Nordico-Aryens, qui se serait conservé, pour ainsi dire, au stade d'une pureté “préhistorique”.

    Et le fait que, en raison des traits extérieurs rudes, sans fioritures, grossièrement et âprement sculptés de leur existence et de leurs mœurs, ces races aient pu apparaître comme “barbares” en face d'une civilisation qui, d'une part, avait dégénéré sous le poids de ses structures juridico-admmistratives et, d'autre part, s'était amollie en recherches de raffinements hédonistes, littéraires et citadins, était quasiment synonyme de décadence, ce contraste ne saurait empêcher que ces races aient véhiculé en propre et abrité dans leurs mythes et dans leurs légendes la profonde spiritualité d'une tradition aryenne originelle, dont le support était une existence empreinte de rapports guerriers et virils, de fierté, de liberté, d'honneur et de fidélité.

    Par ailleurs, nous constatons que ce n'est pas de l'esprit “religieux”, mais précisément de l'esprit "héroïque" qu'émanaient les incarnations des divinités principales que, à l'origine, ces races reconnaissaient et vénéraient. C'est le panthéon lumineux des Ases, en lutte perpétuelle avec les “géants” et les natures élémentaires de la terre. C'est Donnat-Thor, destructeur de Thyr et d'Hymir, le “fort entre les forts”, “l’irrésistible”, le maître de “l'abri contre la terreur”. C'est Wotan-Odin, le donneur de victoire, le détenteur de la sagesse, l'hôte des héros immortels que les Walkyries choisissent sur les champs de bataille et dont il fait ses propres fils — le Seigneur des bataillons tempétueux, celui dont le symbole est identique à celui de la grandeur romaine et de la “gloire” — hvareno iranienne —, l'Aigle, dont la force nourrit le sang non-humain des dynasties royales. En outre, déjà mêlé aux hommes, nous avons des races héroïques, comme celle de Wälsungen, à laquelle appartiennent Sigmund et Sigurt-Siegfried, et qui lutteront jusqu'au bout contre le Ragna rökkr, contre l'obscurcissement des dieux, symbole des âges sombres qui seront le lot des générations futures ; nous avons les races royales gothiques qui se considèrent comme des âmals, les “purs” ou les “célestes”, et qui font remonter leur origine à la symbolique Mitgardhz, la “terre du milieu”, située — comme l'Hyperborée du solaire Apollon et l'airynem-vaêjo des Iraniens — dans l’extrême Nord ; nous avons une variété d'autres thèmes et d'autres mythes d'origine aryenne très ancienne, également et toujours empreints de spiritualité guerrière et étrangers a tout relâchement “religieux”.

    Si, de l'extérieur, l'irruption des “barbares”, a pu sembler destructrice du fait de sa contribution au bouleversement de l'ordonnancement matériel de l'Empire asiatisé, elle signifia par contre, du point de vue intérieur, un apport vivificateur de l'esprit aryen, un nouveau contact galvanisateur avec une force encore à l'état pur, et qui devait donner lieu à une lutte et à une réaction sous le signe, précisément, de cette Romanitas et de cet Imperium, qui avaient tiré leur grandeur, dans le monde antique, de leur conformité à un type de spiritualité virile et solaire. Après les premiers siècles de notre ère, les envahisseurs prirent en effet distinctement conscience d'une mission de restauration. Leur “conversion” laissa presque intacts leur ethos et leur intime tradition originelle qui, une fois le symbole de l'ancienne Rome adopté, devait se dresser contre l’usurpation et la volonté d'hégémonie de l'Église, alors qu'en même temps elle entreprenait la formation, spirituelle et matérielle, d'une nouvelle civilisation européenne.

    Nous savons que déjà lors du couronnement du roi des Francs, qui avait lieu le jour considéré par l'Antiquité comme celui de la renaissance de l'invincible dieu solaire (natalis solis invicti), on adopta la formule Renovatio Romani Imperii. Après les Francs, ce furent précisément les Germains qui assumèrent, d'une manière encore plus tranchée, cette fonction. La désignation de leur idéal impérial œcuménique ne fut pas “teutonique” mais “romain” — jusque dans les terres les plus lointaines, ils portèrent les enseignes et les devises romaines : basilei et augusti, leurs rois se parèrent du titre de Romanorum reges, et Rome resta toujours la source symbolique de leur Imperium et de leur légitimité.

    Le semblable rencontre donc son semblable. Le semblable réveille et intègre son semblable. L'aigle paléonordique d'Odin renoue avec l'aigle romaine des légions et du dieu capitolin. L'esprit antique renaît sous de nouvelles formes. Il se crée un grand courant à la fois formateur et unificateur. L'Église, d'une part, se laisse dominer — elle “romanise” son propre christianisme — pour pouvoir dominer à son tour, pour pouvoir se maintenir à la crête de la vague ; et, d'autre part, elle résiste, elle veut arriver au faîte du pouvoir, elle veut primer sur l'Empire. Si c'est dans la tension que se libèrent des éclairs extrêmement riches de signification, n'en demeure pas moins la réalité que, si le Moyen Âge se présente à nous sous l'aspect d'une grande civilisation “traditionnelle” dans son expression la plus parfaite, cela ne s'est pas produit grâce au christianisme, mais malgré le christianisme, en vertu de l'apport nordique qui ne faisait qu'un avec l'idée antique de la Rome païenne, et détermina une force agissant dans 2 directions : sur le plan politique et éthique, au travers du régime féodal, de l'éthique chevaleresque et de l'idéal gibelin ; sur le plan spirituel, d'une manière occulte dans l'aspect “interne” de la chevalerie et même des Croisades, à travers le mythe païen qui renaît autour de l'idée impériale, à travers les veines cachées d'une tradition qui débouchera sur Dante et les “Fidèles d'Amour”.

    L'ETHOS PAÏEN DE LA FEODALITE

    Il va de soi qu'il est inutile de s'attarder sur le caractère antichrétien du régime social et des idéaux éthiques du Moyen Âge, tant il s'agit de choses connues de tous, aux traits par trop évidents.

    Le régime féodal caractérise la société médiévale. Un tel régime est directement issu du monde nordico-aryen, il se base sur les 2 principes de l'individualité libre et de la fidélité guerrière, et rien ne lui est plus étranger que le pathos chrétien de la "socialité", de la collectivité, de l'amour. Avant le groupe, on trouve ici l'individu. La plus haute valeur, la vraie mesure de la noblesse, dès la plus ancienne tradition nordique (comme celle paléoromaine), résidait dans le fait d’être libre. La distance, la personnalité, la valeur individuelle étaient des éléments indissolublement liés à toute expression de la vie. L’État, sous son aspect politique temporel — de même que selon l'ancien concept aristocratique romain — se résumait au conseil des chefs, chacun d'eux restant libre et seigneur absolu de sa terre, pater, dux et prêtre de sa propre gens. À partir d'un tel conseil, l'État s'imposait comme idée suprapolitique à travers le roi, puisque celui-ci, dans l'ancienne tradition nordique, ne l'était que par son sang “divin”, par le fait de n’être finalement qu'un avatar d'Odin-Wotan lui-même.

    Mais, dans le cas d'une entreprise commune de défense ou de conquête, voici qu'une condition nouvelle prenait le pas sur l'autre : il se formait spontanément une hiérarchie rigide, un principe nouveau de fidélité et de discipline guerrière s'affirmait. Un chef — dux, heritigo — était élu, et le libre seigneur se transformait alors en un vassal d'un chef dont l'autorité s'étendait jusqu'au droit de le tuer s'il venait à manquer aux devoirs qu'il avait acceptés. Au terme de l'entreprise, cependant, on revenait à l'état normal et antérieur d'indépendance et d'individualité libre. Le développement qui, de cette constitution paléonordique, débouche sur le régime féodal, peut être avant tout caractérisé par une identification de l'idée sacrale du roi avec l'idée militaire du chef temporaire. Le roi en vient à incarner l'unité du groupe, y compris en temps de paix, du fait du renforcement et de l'extension à la vie civile du principe guerrier de la fides ou fidélité. Autour du roi, il se forme une suite de “compagnons” (fideles) ou leudes (libres), mais trouvant dans l'idéal de la fidélité, dans le service de leur seigneur, dans le fait de combattre pour son honneur et pour sa gloire, un privilège et la réalisation d'un mode d’être plus élevé que celui qui, au fond, les aurait abandonnés à eux-mêmes.

    La constitution féodale s'élabora au travers de l’application progressive de ce principe. Extérieurement, elle semble altérer l'ancienne constitution aryenne : la propriété terrienne, à l'origine absolue et individuelle, paraît maintenant conditionnée — c'est un beneficium qui implique loyalisme et service. Cependant, elle ne l’altère en profondeur que là où la fidélité ne fut plus conçue comme une voie permettant d'atteindre à une liberté véritable, sous une forme supérieure et déjà supraindividuelle. Quoiqu'il en soit, le régime féodal fut un principe et non pas une réalité pétrifiée ; ce fut l'idée générique d'une loi d'organisation directe qui laissait le champ libre au dynamisme de forces elles-mêmes libres, rangées les unes sous les autres ou les unes à côté des autres, sans moyens termes et sans altérations — vassal en face du suzerain et seigneur en face du seigneur — de manière telle que tout — liberté, honneur, gloire, destin, propriété — pût reposer sur la valeur et sur le facteur personnalité, et non pas, ou quasiment pas, sur un élément collectif ou sur un pouvoir “public”. Ici, on peut dire que le roi lui-même était appelé à perdre et à reconquérir à tout moment ses prérogatives. Probablement, l'homme n'a jamais été traité d'une manière plus sévère et plus insolente, et cependant ce régime fut une école d'indépendance et de virilité, et non pas de servitude ; dans ce cadre, les rapports de fidélité et d'honneur surent offrir un caractère de pureté et d'absoluité auquel, par la suite, on ne devait plus jamais atteindre.

    Il n'est pas besoin, arrivé à ce point, de s'étendre beaucoup pour démontrer combien cette institution, qui reste pourtant la plus caractéristique de l'esprit du Moyen Âge, n'a pas grand-chose de commun avec l'idéal social judéo-chrétien. En elle, par contre, réapparaît cette fides qui, avant d’être la deutsche Treue, fut la Fides des Romains ; objet de l'un des plus anciens cultes, elle fit dire à Livius qu'elle caractérisait au plus haut point le Romain en face du "barbare". Elle nous ramène à l'idéal de la bhakti des Aryens de l'Inde, et rappelle surtout l'ethos païen qui anima les sociétés iraniennes : si, de pair avec le principe de l'autorité et d'une fidélité jusqu'au sacrifice (non seulement dans l'action mais encore dans la pensée) vouée aux souverains déifiés, on affirmait aussi le principe de la fraternité, cette dernière restait totalement étrangère à la sentimentalité féminine et communisante introduite par le christianisme. Les qualités viriles, jusque sur le plan de l'initiation (cf. le mithracisme), avaient une valeur autrement plus élevée que celle de la compassion et de la mansuétude, de sorte qu'une telle fraternité — semblable à celle des pairs et des hommes libres du Moyen Âge — demeurait celle, loyale, claire, fortement individualisée et, pouvons-nous même ajouter, romaine, qui pouvait exister entre des guerriers qu'une commune entreprise rassemblait.

    LA TRADITION SECRÈTE DE L'EMPIRE

    La fides, qui cimentait les unités féodales particulières en vertu d'une espèce de purification, de sublimation dans l'intemporel, faisait naître une fides supérieure, qui renvoyait à une entité placée plus haut, universelle et métapolitique — représentée, comme chacun sait, par l'Empire. L'Empire, surtout tel qu'il s'affirma idéalement avec les Hohenstaufen, se présenta comme une unité de nature aussi spirituelle et œcuménique que l'Église.

    Comme l'Église, il revendiqua une origine et une finalité supranaturelles et s'offrit comme une voie de "salut" aux hommes. Mais, de même que 2 soleils ne peuvent coexister dans un même système planétaire (et cette dualité Empire-Église fut, justement, souvent représentée par l'image des 2 soleils), de même le conflit entre ces 2 puissances universelles, points culminants de la grande ordinatio ad unum du monde féodal, ne devait pas tarder à faire rage.

    Le sens d'un tel conflit échappe fatalement à celui qui, s’arrêtant aux apparences extérieures et à tout ce qui, d'un point de vue plus profond, n'est que simple cause fortuite, ne sait y voir qu'une compétition politique, une rencontre brutale d'orgueils et de volontés d'hégémonie, alors qu'il s'agit d'une lutte à la fois matérielle et spirituelle, due au choc des 2 traditions et attitudes opposées dont nous avons parlé au début. À l'idéal universel de type "religieux" de l'Église, s'oppose l'idéal impérial comme volonté occulte de reconstruire l'unité des 2 pouvoirs, du royal et du spirituel, du sacral et du viril.

    En ce qui concerne ses expressions extérieures, l'idée impériale se limita souvent à ne revendiquer que la maîtrise du corpus et de l'ordo de la Chrétienté ; de ce fait, il est clair qu'en elle on retrouve finalement l'idée nordico-aryenne et païenne de la "royauté divine" qui, conservée par les “barbares”, dépasse, au contact des symboles de la romanité antique, les limites d'une race spécifique, c'est-à-dire des traditions des races nordiques particulières, s'universalise, se dresse en face de l'Église comme une réalité œcuménique aussi vraie que l'Église et comme l'âme la plus authentique, le centre d'union et de sublimation le plus adéquat pour cet ethos guerrier et féodal de type païen qui, déjà, transcendait les formes particulières et simplement politiques de la vie à cette époque.

    La prétention même de l'Église, l'idéologie anti-impériale qui lui fut propre confirment ce caractère de la lutte. L'idée grégorienne est une idée anti-traditionnelle par excellence : c'est celle de la dualité des pouvoirs et d'une spiritualité anti-virile qui s'affirme supérieure à une virilité guerrière que l'on tente par ailleurs d'abaisser mesquinement à un plan tout-à-fait matériel et politique : c'est l'idée du clerc souverain trônant au-dessus du chef d'un État conçu comme pouvoir purement temporel, par conséquent au-dessus d'un “laïc” qui tire uniquement son autorité du droit naturel et reçoit l'Imperium comme s'il s'agissait d'un beneficium concédé par la caste sacerdotale.

    Naturellement, il ne peut s'agir là que d'une prétention nouvelle, prévaricatrice et subversive. Sans même parler des grandes traditions préchrétiennes, l'Église, dans cet empire “converti” qui fut celui de la période byzantine, non seulement restait dépendante de l'État, mais, lors des conciles, les évêques s'en remettaient souvent à l'autorité des princes pour sanctionner et approuver définitivement leurs décisions, y compris en matière de dogme, au point que la consécration des rois, par la suite, ne pouvait se distinguer de façon essentielle de celle des prêtres. Il est ensuite à noter que, si les rois et les empereurs, dès la période franque, prenaient l'engagement de défendre l'Église, cela était bien loin de signifier “subordination à l'Église”, mais le contraire. Dans le langage de l'époque, “défendre” avait un sens bien différent de celui qu'il a pris de nos jours.

    Assurer la défense de l'Église, ou mainbour, c'était, selon le langage et les idées du temps, exercer sur elle simultanément protection et autorité. Ce que l'on nommait défense était un véritable contrat impliquant la dépendance du protégé, qui était soumis à toutes les obligations que la langue d'alors résumait dans le mot “rides”. Selon le témoignage d'Eginhard, “après les acclamations, le pontife se prosterna devant Charles, selon le rite établi au temps des anciens empereurs” ; et le même Charlemagne, en plus de la défense de l'Église, revendiquait le droit et l'autorité de la “fortifier de l'intérieur selon la vraie foi”, tandis que ne manquent pas les prises de position allant dans le même sens, comme celle-ci : Vos gens sancta estis atque regale estis sacerdotium (Étienne III aux Carolingiens) ou encore : Melchisedek noster, merito rex atque sacerdos, complevit laïcus religionis opus.

    L'opposition guelfe contre l'Empire est donc une pure et simple révolte qui reprend comme slogan la parole de Gélase Ier : "Après le Christ, aucun homme ne peut être roi et prêtre" et tend à désacraliser l'idée d'Empire, à étouffer la tentative nordico-romaine de la réunification "solaire" des 2 pouvoirs et, par conséquent, de la reconstruction d'une autorité supérieure à celle que l'Église, en tant qu'institution religieuse, n'aurait jamais dû revendiquer pour elle-même.

    Et chaque fois que l'Histoire ne parle qu'implicitement de cette aspiration supérieure, c'est le mythe qui s'en charge : le mythe qui ne s'oppose pas, ici, à l'Histoire, mais l’intègre et en révèle une dimension plus profonde. Voici donc, à la période franque, que revient souvent pour le roi (et la phrase citée plus haut nous en donne un exemple) le symbole énigmatique de Melchisedek et de sa religion royale : de ce Melchisedek, roi de Salem, prêtre d'une religion d'un rang plus éminent que celui de la religion d'Abraham, et qui doit être considéré comme la figuration biblique de l'idée extrabiblique, païenne et traditionnelle au sens supérieur, du Seigneur universel (le çakravarti hindou), de celui qui réunit en lui de manière solaire les 2 pouvoirs et se trouve être le point d'union vivant entre le monde et le supramonde.

    Mais cette même signification réapparaît aussi dans de très nombreuses légendes relatives aux empereurs germaniques, où interférent le réel et l'irréel, l'Histoire et le mythe. En plus de Charlemagne, Frédéric Ier et Frédéric II, entrés dans la légende, ne seraient jamais morts. Ils auraient reçu en don du mystérieux "Prêtre Jean", qui n'est autre qu'une figure médiévale du "seigneur universel", les symboles d'une vie éternelle et d'un pouvoir non humain de victoire (la peau de salamandre, l'eau de vie, l'anneau d'or). Ils poursuivraient leur existence au sommet d'une montagne (par ex. l'Odenberg ou le Kyffhaüser), quelquefois en un lieu souterrain. Ici également reviennent les symboles, que nous pouvons définir comme universels, d'une tradition païenne très ancienne.

    En effet, c'est sur une montagne ou dans un lieu souterrain qu'aurait trouvé refuge et que se trouverait toujours le roi paléoiranien Yima, “le Resplendissant, celui qui, parmi les hommes, est semblable au soleil” ; le Walhalla nordique, siège des rois divinisés et des héros immortalisés, fut souvent conçu sous la forme d'une montagne ; et c'est encore sur une montagne, (la Montagne de l’Ancêtre) que, selon les légendes bouddhiques, disparaîtraient les “éveillés” et les “êtres libres et surhumains” — comme souvent les héros grecs divinisés, y compris Alexandre le Grand, dans certaines légendes du monde hellénique.

    L'Agartha, nom tibétain de la résidence du “seigneur universel” (qui correspond d'autre part, étymologiquement parlant, à l'Asgard de l'Edda, résidence des Ases et des rois divins primordiaux) serait enfouie au cœur d'une montagne. En général, les montagnes symboliques des légendes médiévales, mais également le Meru hindou, le Kef islamique, le Mont Salvat des légendes du Graal, et même l'Olympe, ne sont que diverses versions d'un thème unique ; au travers du symbole de la “hauteur”, ils expriment les états spirituels transcendants et “célestes” (convergence avec le symbolisme des lieux souterrains, c'est-à-dire cachés, si l'on songe à la relation entre coelum, ciel et celare, cacher), qui conféraient, traditionnellement, l'autorité et la fonction absolue, métaphysique, de l'Imperium.

    La légende des empereurs jamais morts et ravis sur une montagne nous confirme le fait qu'en ces figures on voulut voir les manifestations de la fonction éternelle, en elle-même immortelle, du domaine spirituel universel qui, d'autre part, selon un thème traditionnel récurrent (cf. l'Edda, le Brahmâna, l'Avesta, etc.) doit se manifester à nouveau à l'occasion d'une crise décisive de l'histoire du monde. En effet, dans les légendes médiévales, on trouve aussi l'idée que les Empereurs du Saint-Empire Romain se réveilleront le jour où feront irruption les hordes de Gog et Magog — symboles du démonisme de la pure collectivité — jadis enfermés par Alexandre le Grand derrière une muraille de fer. Les Empereurs livreront la dernière bataille dont dépendra la floraison nouvelle de “l’Arbre sec” — l'Arbre de la Vie et du Monde, qui n'est autre que la plante dépouillée de Dante mais aussi l'Yggdrasil de l'Edda, dont la mort marquera le Ragna rökkr, l'obscurcissement des dieux.

    Il est donc significatif que, parmi ces mythes qui mettent en évidence la relation de l'idéal impérial médiéval avec l'idée “solaire” traditionnelle — mais également le dépassement de la conception “religieuse” de l'esprit et de la limitation politique et laïque de l'empire et de la royauté — il y en a quelques-uns (cf. par ex. le Speculum Theologiae) qui poussent l'opposition à l'Église et au christianisme au point de donner à l'Empereur ressuscité, qui fera refleurir l'Arbre sec, les traits de l'Antéchrist ; naturellement, non pas au sens habituel (puisqu'il restera toujours celui qui combat contre les hordes de Gog et de Magog), mais probablement à titre de symbole d'un type de spiritualité irréductible à celle de l'Église, au point d’être obscurément assimilé, dans la légende, à la figure de l'ennemi du dieu chrétien.

    Le ferment gibelin, l'âpre lutte pour la revendication impériale, outre son aspect visible, avait donc un côté invisible. Derrière la lutte politique se cachait une lutte entre 2 traditions spirituelles opposées, et, au moment où la victoire semblait sourire à un Frédéric II, déjà les prophéties populaires annonçaient : “Le cèdre du Liban sera coupé. Il n'y aura plus qu'un seul dieu, c'est-à-dire un monarque. Malheur au clergé ! S'il tombe, un ordre nouveau est prêt”.

    LE SENS DE LA CHEVALERIE

    La chevalerie est à l'Empire ce que le sacerdoce est à l'Église. Et, de même que l'Empire connut la tentative de reconstituer l'unité suprême des 2 pouvoirs selon l'idéal païen, de même la chevalerie connut-elle une tentative analogue de reporter à un plan ascétique, voire métaphysique et initiatique, le type du guerrier, de l'aristocrate et du héros. À l'instar de l'idéal politique médiéval où nous avons relevé un double aspect — l'un relatif à l’ethos féodal, l'autre à l'aspect interne du mythe de l'Empire — d'irréductibilité avec les conceptions chrétiennes, dans la chevalerie elle-même, au-delà des apparences de ses formes extérieures, on peut également remarquer cette double irréductibilité, éthique et ésotérique.

    Pour ce qui concerne le premier aspect, relatif à l'ethos, la constatation est presque banale. La chevalerie, avant pour idéal le héros plus que le saint et le vainqueur plus que le martyr ; pour qui toutes les valeurs se résumaient dans la fidélité et dans l'honneur, plus que dans la caritas et dans l'amour ; voyant dans la lâcheté et dans la honte des maux pires que le “péché” ; peu encline à ne pas résister au mal et à rendre le mal par le bien, mais davantage habituée à punir l'injuste et à rendre le mal pour le mal ; excluant de ses rangs celui qui se serait tenu à la lettre au principe chrétien du “Tu ne tueras point” ; ayant pour principe de ne pas aimer l'ennemi mais de le combattre et de ne montrer de magnanimité qu’après l'avoir vaincu — dans tout cela la Chevalerie affirma, quasiment sans altération, une éthique héroïco-païenne et aryenne au sein d'un monde qui n'était catholique que de nom.

    Il y a plus. Si la “preuve par les armes”, la solution des conflits par la force, considérée comme une vertu accordée par Dieu à l'homme pour faire triompher la justice et la vérité, est l'idée fondamentale sur laquelle repose l'esprit chevaleresque et s'étend du droit féodal au plan théologique en proposant l'usage des armes et le "jugement de Dieu" jusqu'en matière de foi — une telle idée appartient, elle aussi, à l'esprit païen ; plus directement encore, elle se réfère à la théorie mystique de la “Victoire”, qui, étrangère aux dualismes propres aux conceptions religieuses, unissait l'esprit à la puissance, transformait la victoire en une espèce de consécration divine, le vainqueur et le héros en un être aussi proche des “cieux” que pouvaient l’être un saint et un ascète — alors qu'elle assimilait le vaincu, par contre, au coupable et quasiment au pécheur. Les édulcorations théistes au nom desquelles, au Moyen Âge, on voulut y voir, allégoriquement, une intervention personnelle et directe de Dieu, n’enlèvent rien au fond antichrétien présent dans les usages dont nous venons de parler et qui restitua au concept de “gloire” (cantonné par le christianisme à l'auréole des saints et des martyrs) sa signification originelle et virile, puisque la “gloire”, c'est le Hvarenô iranien, le farr des traditions plus récentes, c'est-à-dire le feu divin propre aux natures solaires qui adoube les rois et les chefs, et les rend immortels, témoignant au travers de la victoire de leur droit d'ordre transcendental.

    On nous objectera : la chevalerie n'a-t-elle pas toujours reconnu l'autorité de l'Église ? La chevalerie n'a-t-elle pas entrepris les Croisades pour défendre le christianisme ? Oui, cela est vrai, mais doit être replacé sous le jour qui est le sien et sans laisser de côté tout le reste. Si le monde chevaleresque, en général, proclama sa fidélité à l'Église mais aussi dans le même temps, à l'Empire, trop d'éléments font penser que, plus que d'une acceptation de la croyance chrétienne, il s'agissait d'un hommage semblable à celui que l'on rendait également aux divers idéaux et aux dames vers lesquels le chevalier se tournait de façon désindividualisée car, pour lui, et conformément à la voie qu'il s'était tracée, seule était décisive la faculté générique du sacrifice héroïque de son propre bonheur et de sa vie, et non pas le problème de la foi au sens spécifique et théologique. En réalité, l'esprit même des Croisades ne fut pas différent. Dans l'idéal des Croisades, on retrouve celui, non réductible évidemment au seul christianisme évangélique, mais facilement reconnaissable, par contre, aussi bien dans la tradition iranienne que dans celle de l'Inde (Bhagavad-gîta) ou dans le Coran, sans parler des conceptions classiques se rapportant à la mors triumphalis ou de la “guerre sainte” comme voie héroïque de dépassement de la mort et d'immortalisation.

    Même en admettant que l'on combattit pour libérer la terre où mourut l'apôtre galiléen — dans les Croisades, on retrouve, encore une fois, un phénomène qui, par son origine, entrait dans le cadre de ces visions du monde auxquelles appartient la maxime : “Le sang des héros est plus près de Dieu que les prières des dévots et l'encre des savants”, qui tenaient le Walhalla (le “palais des héros”) pour l'idéal céleste, “l’île des héros” où règne le blond Rhadamante sur le trône des immortels — et non de la conception qui, participant de l'horreur pélasgico-méridionale pour le sang, avait adopté la sentence augustinienne : “Celui qui peut penser à la guerre et la supporter sans douleur grave a vraiment perdu tout sens de l'humain” et les expressions encore plus drastiques d'un Tertullien, naïvement fidèle à l'évangélique “Qui frappe avec l'épée périra par l'épée” et au commandement de Jésus à Pierre de remettre son glaive au fourreau.

    En réalité, si les Croisades purent apparaître comme chrétiennes et être voulues et sanctifiées par l'Église, la conclusion que l'on doit tirer de tout ceci, c'est que la tradition héroïque, nordico-romaine, a fini par déteindre sur le christianisme, même lors des Croisades. Au lieu d'une édulcoration de cette tradition en christianisme, on constate au contraire, derrière les formes chrétiennes, la restauration de l'antique virilité spirituelle, où la voie du guerrier sacral se substitue à celle du saint et du dévot.

    Le type du guerrier sacral est, au fond, le type du chevalier des grands ordres médiévaux. Dans ces ordres, l'idée ascétique rejoint donc l'ethos nordique, et ce furent des ordres pratiquant, non pas au sens religieux mais au sens héroïque, les mêmes vœux que les moines — dans des forteresses au lieu de monastères et par le sacrifice du sang au lieu de celui de l'encens. Ils possédèrent des cérémonies régulières de consécration, ils allèrent quelquefois jusqu'à être dotés d'initiations au sens propre et de symboles énigmatiques d'une spiritualité supérieure. À cet égard, l'ordre des Templiers fut naturellement l'un des plus significatifs ; et encore plus significative fut sa féroce destruction sous les coups de l'Église et d'un souverain, ennemi de l'aristocratie et déjà proche du type du laïc moderne, comme Philippe le Bel.

    On sait que, parmi les accusations portées contre les Templiers, il y avait celle, au grade préliminaire de leur initiation, d'imposer au néophyte de repousser le symbole de la croix, de voir en Jésus un faux prophète dont la doctrine ne conduisait à aucun salut. Une autre accusation récurrente portait sur la célébration de rites abominables lors desquels, entre autres, on brûlait, disait-on, des enfants. La coloration sacrilège expressément donnée à ces bribes de confessions arrachées sous la torture, nonobstant la déclaration claire et concordante de la part des accusés qu'il s'agissait de symboles, ne doit pas nous empêcher d'en pressentir le sens plus profond. En repoussant la croix, il ne s'agissait, en toute probabilité, que de repousser une forme inférieure de croyance, au nom d'une forme supérieure. La fameuse action de brûler un nouveau-né ne signifie autre chose que le baptême du feu destiné à la régénération : ce symbole peut être rapproché de celui de la salamandre (animal qui, comme le phénix immortel, exulte dans le "feu" de la renaissance héroïque) — qui est aussi l'un des signes que Frédéric II aurait reçus du "Prêtre Jean" — rite qui peut aussi faire penser à la crémation rituelle des cadavres pratiquée par presque toutes les grandes civilisations aryennes, et not. prescrite par Odin pour ceux qui sont destinés à entrer au Walhalla.

    D'autre part, le symbolisme du Temple, auquel les Templiers s'étaient consacrés, et pour lequel la plupart des Croisés luttaient et mouraient dans l'espoir de transmuer la mort en immortalité, d'obtenir la “gloire absolue” et de “conquerre lit en paradis”, ne se réduit pas sans autre forme de procès à n’être qu'un synonyme d'Église. On a très justement relevé que le Temple est un terme plus auguste, plus vaste et moins conditionné que celui d'“Église”. Le Temple est au-dessus de l'Église : les églises tombent en ruine, mais le Temple demeure comme le symbole de la parenté de toutes les grandes traditions spirituelles et de la pérennité de leur esprit. C'est pourquoi le grand mouvement universel des Croisades vers Jérusalem, vers le Temple en vue duquel l'Europe réalisa, pour la première et dernière fois, l'idéal impérial d'une unité supranationale au travers du rite de l'action et de la guerre sainte, n'est pas, à notre avis, sans signification ésotérique. Le rôle qu'y jouèrent les Albigeois et les Templiers, son caractère éminemment gibelin, devraient déjà suffire à éveiller l'attention. En réalité, dans le courant vers Jérusalem se cacha souvent un courant occulte contre la Rome des papes, et que Rome sans s'en apercevoir alimentait elle-même, dont la chevalerie était la militia et qui devait trouver son apothéose avec un empereur stigmatisé par Grégoire IX comme celui qui « menace de substituer à la foi chrétienne les anciens rites des peuples païens et, trônant au milieu du temple, d'usurper les fonctions du sacerdoce ».

    La figure de Godefroy de Bouillon — du représentant le plus significatif de la chevalerie des Croisés, appelé lux monachorum (ce qui nous mène à nouveau à l'unité du principe ascétique et spirituel et du principe guerrier propre à ces ordres) — une telle figure est bien celle d'un prince qui n'accepte de monter sur le trône de Jérusalem qu’après avoir porté à Rome le fer et le feu, tué de sa propre main l'anticésar Rodolphe de Rhinfeld, et chassé le pape de la cité des Césars.

    De plus, la légende établit une “parenté” significative entre ce roi des Croisés et le mythique "Chevalier au cygne" (l'Hélias français, le Lohengrin germanique) qui, à son tour, se réfère à des symboles impériaux païens (que l'on pense à sa connexion généalogique symbolique avec César lui-même), solaires (voir les relations étymologiques entre Hélias, Hélios et Elie) et pagano-hyperboréens (le cygne qui conduit Hélias ou Lohengrin au "siège céleste" est le même animal emblématique qui ramène Apollon parmi les Hyperboréens et revient fréquemment dans les traces paléographiques du culte nordico-arctique préhistorique). Une telle conjonction d'éléments fait que Godefroy de Bouillon fut un signe de plus — en relation avec les Croisades elles-mêmes — donnant le véritable sens de cette force secrète qui, dans la lutte politique des empereurs germaniques et dans le triomphe même d'un Othon Ier, ne révèle que sa manifestation extérieure la plus visible.

    LE GRAAL ET LA DAME

    En outre, le Temple se trouve au centre de la chevalerie non seulement en tant que Temple de Jérusalem, mais également en tant que Temple du Graal. Le Graal, à bien des égards, incarne l'aspect ésotérique de la chevalerie, mais l'ensemble des légendes qui s'y référent ne fait qu'évoquer sa secrète signification.

    Déjà dans la forme chrétienne de cette légende, le Graal, le vase mystique aux propriétés merveilleuses, qui ôte tout besoin de nourriture terrestre et procure une éternelle jeunesse, aurait été transporté, après la Cène, par les anges au Ciel, d'où il ne serait redescendu qu'au moment où apparut enfin sur terre une race de héros capable de lui faire bonne garde. Le chef de cette lignée fit construire pour le Graal un Temple à l'image de celui de Jérusalem, et institua l'ordre du Graal, composé de 12 chevaliers appelés les “chevaliers parfaits” et même “célestes”. Or, si cet objet mystique, dont la quête est l'idéal le plus élevé du chevalier — et qui, d'un certain point de vue, incarne la tradition spirituelle jadis perdue ou devenue invisible (le Graal ravi dans les “cieux” — que l'on se souvienne du rapport entre coelum, ciel et celare, cacher) pouvait se rattacher à l'orthodoxie de Rome et à la tradition sacerdotale de l'Église, si l'on songe que cette tradition est directement postérieure au Christ, comment peut-on expliquer l'idée que le Graal ait pu disparaître, ainsi que l'idée qu'il ait été nécessaire que se lève une nouvelle race, non pas de prêtres mais de héros, de chevaliers, afin que le Graal puisse revenir à nouveau sur terre, dans son Temple ? Il est clair qu'ici, encore une fois, il est fait allusion à une autre spiritualité, à quelque chose qui ne se trouve pas dans l'Église et pour laquelle la tradition de cette dernière n'est d'aucune utilité.

    D'autre part, la légende du Graal n'est que l'adaptation chrétienne d'une tradition préchrétienne, païenne. Les 2 objets mystiques de la légende du Graal, la coupe et la lance, se retrouvent, en effet, au nombre de ceux que la race divine des Tuatha Dé Dannan (vraisemblablement les hommes dits de Cro-Magnon, que l'on appelle parfois les “Hellènes du Paléolithique”) aurait emporté avec elle en quittant Avalon pour l'Irlande. Dans l'île d'Avalon, “où la mort n'existe pas”, résiderait d'autre part le roi Arthur, à qui l'on attribue l'institution de l'ordre des Chevaliers du Graal ; et les représentations du château dans lequel il aurait gardé — selon l'antique légende celte — un récipient prodiguant une nourriture sans fin (qui, par la suite, prendra le nom de Graal), coïncident souvent avec celles du siège symbolique du “roi universel”, du palais du Prêtre Jean, de l'Asgard de l'Edda, siège des Ases et des fondateurs des maisons royales nordiques, et avec de nombreuses autres représentations allégoriques du “lieu” de l'autorité spirituelle suprême, maîtresse des 2 pouvoirs.

    Avant d’être la coupe dont se servit Jésus pour la Cène, le Graal, idéalement, est le récipient magique donné par le fils de Llyr, Brân, à Matholwch, récipient qui a le pouvoir de ressusciter les “morts” et de guérir toute blessure, non sans relation avec de nombreux autres vases du même genre connus des légendes celtes, dont parfois il est dit qu'ils refusent le mets mystique non pas aux “pécheurs” mais, de façon plus “aryenne”, au lâche et au parjure. Mais il y a quelque chose d'encore plus “curieux”. Numa aurait reçu du "ciel" à titre de pignus imperii, de garantie de l'éternité de Rome — un bouclier sacré, correspondant à une ancienne vasque destinée à recevoir l'ambroisie, c'est-à-dire la nourriture non terrestre des immortels. Dans la Romanité païenne, le bouclier sacré était gardé par le collège des Salii ; ces derniers, en plus du bouclier, possédaient la lance et ils étaient au nombre de 12, comme les chevaliers du Graal et du roi Arthur qui, eux aussi, avaient en garde un objet inestimable : le Graal, la coupe du breuvage immortel et une lance. Voici qu'à nouveau, par des voies souterraines, réaffleure un symbolisme identique, une même tradition énigmatique liée aux formes d'anciennes civilisations héroïco-païennes.

    Tout cela évoque d'une manière significative les “coulisses” de la chevalerie et de ses mystères — pour employer l'expression d'Aroux. Aroux, et avec lui Rossetti, bien que l'ignorance d'une certaine culture académique ne l'ait qu'à peine entrevu, avaient déjà ouvert la voie à d'autres découvertes ; ils avaient démontré l'existence d'un langage, chiffré et allégorique, dans les textes et les récits de la chevalerie et cela jusqu'à Dante et à ceux qu'on appela les Fidèles d'Amour. Grâce à ce langage, on ne dissimulait pas seulement des enseignements peu orthodoxes qui sortaient des limites imposées par le Christianisme mais également une radicale et parfois vive aversion pour l'Église. Ce n'est pas le lieu ici de développer ce sujet ; d'autant que, de nos jours, le regretté Luigi Valli a fourni à ce propos une remarquable contribution en montrant le double aspect, gibelin et initiatique, d'une littérature uniquement considérée comme "poétique" à l'époque du Stil nuovo. Nous nous limiterons à dire que quiconque penserait que la réaction contre l'Église, dont on trouve trace dans les sectes et les traditions secrètes jusqu'au temps de Dante, était due à la corruption et à la décadence de l'Église elle-même, se tromperait lourdement. Ici, il s'agit — une fois de plus — d'un autre idéal qui, de par sa nature même, s'oppose à celui que l'Église, corrompue ou non en tant qu'organe du Christianisme, c'est-à-dire d'une simple religion, n'a jamais pu représenter. Ici aussi, il y a opposition politique et, simultanément, opposition spirituelle. À cet égard, et avant de conclure, il convient d'évoquer le symbolisme chevaleresque de la Dame.

    Comme chacun sait, le culte de la Dame fut propre à la chevalerie, et il fut poussé si loin que, si on le prenait à la lettre, il pourrait sembler aberrant, comme d'aucuns l'ont pensé. Le fait de se vouer à une Dame, de lui consacrer inconditionnellement sa fidélité, fut l'un des thèmes récurrents des cours chevaleresques. À la Dame on laissait juger de la valeur et de l'honneur des chevaliers et, selon la théologie des châteaux, il n'était pas douteux que le chevalier mort pour sa Dame participât au même destin d'immortalité bienheureuse assuré au Croisé mort pour la libération du Temple. Chose curieuse, voire quelque peu shocking, si l'on considère certains rites, on constate que la Dame du récipiendaire devait le déshabiller pour le conduire au bain afin qu'il puisse se purifier et revêtir ensuite — comme les néophytes des mystères païens — les vêtements immaculés de la Veillée d'armes et recevoir, enfin, l'investiture chevaleresque. Nous voyons, d'autre part, que les héros d'aventures parfois scabreuses dans lesquelles figure la Dame, héros comme Tristan (sir Tristem) et Lancelot, sont simultanément des chevaliers du roi Arthur en quête du Graal, c'est-à-dire des membres du même ordre mystique auquel appartient aussi Parsifal, que Kundry séduit en vain — et des chevaliers célestes, comme l'hyperboréen Chevalier au Cygne que méprise Elsa.

    La vérité, c'est que derrière tout ceci se cachaient des significations plus profondes, destinées ni aux juges de l'Inquisition ni au public grossier, mais intelligibles symboliquement sous le couvert d'usages bizarres et de récits érotiques. Dans la plupart des cas, par Dame de l'ancienne chevalerie il faut entendre ce qui vaut également pour la Dame des Fidèles d'Amour, et relève, d'autre part, d'un symbolisme traditionnel bien précis. La Dame à laquelle on jure une fidélité inconditionnelle, et à qui on se voue en se croisant, la Dame qui conduit à la purification (que le chevalier considère comme sa récompense et qui le rend immortel quand il meurt pour elle), est au fond l'équivalent du Graal lui-même.

    C'est — comme l'a démontré Valli — pour les Fidèles d'Amour, “l’intelligence” au sens transcendantal, la "sainte sagesse", la personnification, donc, d'une spiritualité transfigurante et d'une vie qui ignore la mort ; c'est, pour ainsi dire, un avatar de Hébé, l'éternelle jeunesse qui devient l'épouse du héros Héraclès, le “beau vainqueur”, au sein de l'Olympe, et d'Athéna, née du front divin, qui sert de guide à ce héros ; de la Freyja de l'Edda, déesse de la lumière, constamment convoitée par des êtres telluriques, les Elementarwesen, qui cherchent en vain à la conquérir ; de Sigrdrifa-Brynhilde, que Wotan destine à devenir l'épouse terrestre du héros qui traversera la barrière de feu (et, ici, nous pouvons rappeler le baptême du feu des Templiers) ; de la vierge Sophia, figuration qui, dans tout le cycle mythique traditionnel d'Orient et d'Occident, est en relation avec l'Arbre du Monde et de la Vie, personnifiant la force vitale originelle, la vie de la vie et même la puissance, conformément à la double signification du terme sanskrit çakti, à la fois épouse et puissance.

    Avec l'Arbre, elle est présente non seulement dans les diverses légendes relatives à la conquête de l'immortalité ou de la sagesse par le héros mais aussi, et de manière plus significative encore dans notre cas, dans celles qui se rapportent au pouvoir royal et sacerdotal d'un “vainqueur” (cf. par ex. la légende italique du Rex Nemorensis). Y aurait-il donc une aspiration religieuse derrière toute cette symbolique féminine et érotique ? Nous ne le croyons pas. Dans la mesure où, en parlant de résurrection au sens religieux, on n'encourait évidemment pas, dans le cadre du christianisme, le danger d’être soupçonné d'hérésie, l'emploi d'un tel travestissement par la Chevalerie et les Fidèles d'Amour resterait tout-à-fait incompréhensible si, effectivement, il s'était agi de cela !

    Quelque chose de différent, et d'incompréhensible aux profanes et aux adeptes du christianisme, devait y être caché : une autre aspiration, irréductible aux limites religieuses, tournée vers une plus haute sphère ; quelque chose qui, sans doute, appartenait aux grandes traditions du paganisme aryen, traditions qui ignoraient le pathos du péché et du salut, les terreurs de l'au-delà et le réconfort du Rédempteur ; qui, au lieu de la vérité "démocratique" transformant toute âme mortelle en âme immortelle, reconnaissait la double voie, le double destin, la double possibilité : d'un côté, la voie des ancêtres et des démons de la terre, l'Hadès, le glacial Niflheim, les eaux de la dissolution et de l'oubli, de l'autre, la voie des dieux — dêvayâna — et des héros, la religion olympienne des immortels, le Walhalla, les eaux du réveil, la "vie sans sommeil" de l'Avesta.

    De même qu'au sommet de la société médiévale se trouvait l'idéal de l'Empire qui renouait avec la tradition païenne d'une suprême autorité “solaire” ; de même que le symbole du Temple et du Graal était un travestissement chrétien d'une idée supérieure à la religion ; de même que, dans les prémisses de l'éthique féodale et chevaleresque, on retrouve le type viril et païen de la spiritualité, et, dans les Croisades et dans les “épreuves des armes”, la doctrine antique de la mors triumphalis et de la victoria — de même est-il possible que le symbolisme de la Dame et de la relation entre elle et les chevaliers du Graal ait caché des éléments propres à la doctrine des initiations païennes, à celle de l'éveil et du passage, non pas mystique et sentimental mais réel, d'un mode d’être à un autre mode d’être, accompli selon une voie virile et héroïque, étrangère à toute évasion religieuse et à toute servilité devant le divin. Et que l'on ait voulu maintenir l'attitude solaire selon laquelle l'élément de la sagesse, de la vie spirituelle et de la puissance, auquel on se consacre et dont on est le "fidèle" jusqu'à la mort, doit néanmoins conserver des traits féminins vis-à-vis de la virilité spirituelle de l'initié en tant que valeur centrale. En définitive, la signification exacte de tout ceci, on la trouve, après les Fidèles d'Amour, derrière le symbolisme encore plus impénétrable de la littérature hermético-alchimiste, propre à la tradition qui, fait significatif, prit le nom d'Ars regia, d'art royal, et reprit les thèmes d'initiation de la royauté divine égyptienne elle-même et établit le "mythe" d'une “race immortelle et autonome”, celle des “sans-roi”, “héritiers de la sagesse des siècles”, “époux de la Dame” et “Seigneurs des deux pouvoirs”.

    Tout ce qui précède ne constitue que quelques aspects d'un matériel documentaire autrement vaste, qui pourrait faire l'objet de plus amples développements, aptes à conforter notre point de vue. Les civilisations et les grandes époques historiques ont une face visible (une Oberwelt) et une face cachée (une Unterwelt) où gît la signification authentique des formes qui affleurent à la surface, mais qui, dans l'Histoire commune, sont considérées exactement de la même manière que la psychologie d'hier pouvait expliquer les formes de la conscience extérieure sans avoir la moindre idée des coulisses du subconscient et des processus internes dont ces formes ne sont que le résultat. Une méthode historique qui tiendrait compte de ce “sous-sol” de l'Histoire, de cette Unterwelt der Kultur, s'amorce à peine de nos jours, encore tellement encombrés d'ignorance “positive”.

    En l'appliquant au Moyen Âge, il nous a semblé reconnaître dans ce moment de l'Histoire quelque chose de radicalement différent des suppositions de ceux qui n'y voyaient avec nostalgie qu'une sorte d'âge d'or de la tradition catholique, la réalisation la plus achevée de l'idéal de la “Chrétienté”. Il nous a semblé, au contraire, y reconnaître, prédominantes et indomptées, des forces d'une tout autre nature, des forces qui portent la marque des plus radieuses civilisations antiques, et convergent vers le glorieux symbole qui devait faire dire au grand gibelin, à Dante, que « le Christ lui-même fut romain ».

    La race de l’âme

    « … tout ce qui est forme du caractère, sensibilité, inclination naturelle, “style” d’action et de réaction, attitude en face de ses propres expériences » (Julius Evola, Éléments pour une éducation raciale.)

    Pour la chevalerie, les bases de cette race sont un ensemble de normes spécifiques agissant comme autant de forces psychiques et psychologiques qui « obligent », créent une tension interne et donnent forme, parfois sur le plan somatique, à un type humain particulier, le chevalier, lequel, par leur activation au sein d’une « voie », cesse d’être un individu indifférencié pour devenir une personne différenciée par ses qualités, sa nature propre et une série d’attributs s’articulant en fonction de la nature de la “voie” et de ses choix personnels. Ces forces sont l’honneur, la fidélité — la fides —, le courage, l’abnégation, l’amour du combat, valeurs relevant d’un ethos héroïco-viril païen, auxquelles l’Église ajouta la pitié, le désir de paix, l’amour du prochain, la protection d’autrui, la charité, etc… idées envers lesquelles le chevalier n’offrait bien souvent qu’une obéissance formelle. Joint à un mode de vie profane commun à tous les chevaliers, tout cela créa un “style” se caractérisant par des rapports clairs et ouverts d’homme à homme, l’affirmation d’une impersonnalité active allant jusqu’au sacrifice de ses intérêts et de sa vie de façon anonyme, le goût de la hiérarchisation et des rapports de commandement/obéissance, le tout s’organisant dans un ordre organique tissé de multiples liens réciproques s’articulant verticalement. Ces spécificités, admirablement mises en forme au Moyen Age, sont d’ailleurs celles de toute “société d’hommes” à quoi se résume, in fine, la chevalerie. (…)

    S’il est vrai que la totalité des chevaliers se veulent chrétiens, souvent de façon non orthodoxe, il n’en reste pas moins que leurs idéaux de base de leur éthique sont issus de valeurs païennes. Ainsi, en mettant en avant les notions de fidélité, d’honneur, de sacrifice, de respect de la parole donnée, les notions de lâcheté et de honte (plutôt que le péché) qui entachent l’honneur de l’homme et de son lignage, de laver une injustice dans le sang (plutôt que le pardon chrétien), celle de vouloir la paix par la victoire des armes (notion romaine), etc. le chevalier affirme nettement une éthique héroïco-païenne au sein d’un univers superficiellement chrétien.

    ► Bernard Marillier, B.A.-BA Chevalerie, Pardès, 1998.

    http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/46