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tradition - Page 259

  • Par Réaction, la République...

    Je dois avouer à mon lecteur mon appartenance à ce que l’on appelle contre-révolution (1). D’autres intitulent le fait, Réaction (2), droite légitimiste (3) voire en ce qui me concerne plus précisément, Traditionisme (4).
    Quelque peu agacé du fait, le général de Gaulle lui-même, se plaignait que l’on parlât par trop et en bien de la Révolution Française, considérant que c’était justement à partir de ce moment que les choses commencèrent à aller vraiment mal. Il m’apparaît pour autant que 1789 constitue incontestablement une date majeure de notre histoire nationale.
    Ce qui fait ma réserve quant aux milieux contre-révolutionnaires, c’est leur incompréhension du fait « ancien régime ». Si le terme de nationalisme se trouve déjà sous la plume de Bossuet, force est de constater que le nationalisme ne fut réellement qu’à partir de la Révolution Française, notamment à partir de la Convention. Voilà qui me fait rejeter du camp de la Réaction la notion même de nationalisme parce qu’anachronique. Est-il bien besoin de rappeler que le choix du qualificatif des parlementaires de « nationale » afin de qualifier l’assemblée, fut une « indécente » provocation à l’encontre du pouvoir en place ? On ne rappellera jamais assez que l’ancien régime fut un régime de castes, celui là même que l’on trouve déjà chez un de mes penseurs de prédilection qu’est Platon.
    De même est-il bon de distinguer – Les camelots du Roy le savent très bien – l’Action Française d’avant la première guerre mondiale et celle d’après. La première est d’obédience fasciste comme l’avait pressenti Nolte (5) puis montré Sternhell (6)alors que la seconde fut de terroir conservateur. Si j’aime à goûter certains écrits de Charles Maurras, je dois avouer ma perplexité quant à son approbation philosophique concernant la pensée d’Auguste Comte. Ce dernier, créateur de ce que l’on nomme couramment positivisme, est peut être le plus influent de tous les philosophes aujourd’hui. Sa célébration de l’utile, de l’intérêt, de l’efficace est des plus contemporaines – jusqu’à la caricature dans le monde des grandes entreprises – et vient heurter de plein fouet l’état d’esprit de l’ancien régime. Sait-on par exemple que l’on proposa à Louis XV le projet novateur d’une mitrailleuse qu’il refusa au motif que c’était une arme par trop mortifère ? Qu’aurait décidé un positiviste ? Qu’ont choisi les américains en bombardant atomiquement Hiroshima puis Nagasaki si ce n’est justement l’efficacité ?
    Autre désaccord philosophique concernant ce que l’on a coutume d’appeler le Grand Siècle inauguré par Descartes. Certains évoquent, de mon point de vue à juste titre, un rationalisme de type dogmatique où toutes les propositions théoriques peuvent être émises, ce malgré les faits, au simple motif que l’on se situe dans le cadre de la métaphysique, devenue cour de récréation pour des hommes si cohérents dans le domaine scientifique (Descartes, Leibniz). Quitte à choquer, même si ce n’est pas mon objectif – il s’agit dans les faits de pro-voquer - je préfère très nettement le XVIII ème siècle empiriste au XVII ème desséchant. Cette sécheresse que l’on trouve comme de bien entendu dans le monde contemporain de la finance et de la comptabilité planétaire. Il est intéressant de lire Hume (7), emblématique des Lumières, s’interroger dans le cadre des « enquêtes sur l’entendement humain » sur le fait de savoir si certains animaux pouvaient penser. Et notre homme de ne pas se prononcer. Que pouvait-on faire d’autre à une époque où la neurobiologie n’était pas ? Et pourtant, à contrario Descartes, un siècle plus tôt de postuler que l’âme a son siège dans la glande pinéale…
    Je reviens désormais, quadragénaire pour quelques mois encore, à mes origines. Mon père m’avait prévenu du fait voilà plus d’une trentaine d’années. C’est ainsi que le Catholicisme, que j’avais tant voulu rejetter, peut être parce que par trop chevillé au corps, fait son retour. D’ « a vau-l'eau » (8), passé par « A rebours » (9), me voici maintenant « En route » (10). Ce n’est nullement l’aspect planétaire de cette religion qui me séduit mais plutôt son côté universel. Platon, encore… Probablement aussi la volonté de m’opposer sciemment au nominalisme, que peut être excessivement, j’associe au relativisme. Non, Protagoras, l’homme n’est pas la mesure de toute chose, et les Vérités tout comme les équations me paraissent éternelles.
    Pour les mêmes raisons de cohérence, je me méfie des traditionistes politiques, à commencer par le Baron que j’aime pourtant tant à citer, qui font du déclin ou de l’histoire cyclique l’alpha et l’oméga de leurs pensées. Il n’y a pas de contradiction si l’on n’est pas fermé d’esprit entre cyclisme et linéarité. Oui l’histoire avance années après années : linéarité. Oui aussi les saisons alternent et reviennent, et jeunes et vieux disposent des mêmes caractéristiques majeures, génération après génération : cyclisme. C’est donc d’une conjugaison de linéarité et de cyclisme dont il est question, que l’on pourrait représenter mathématiquement par une trajectoire hélicoïdale. A mes yeux, la chute n’est nullement constante, se déplaçant graduellement du haut vers le bas. Il est des moments flamboyants dans l’histoire, obscurcis par d’autres périodes sombres (de grâce que l’on ne songe pas ici à ce que, bien à tort, on appelle Moyen âge).
    D’un point de vue strictement politique, même si, encore une fois, mes fondements intellectuels ne sont nullement républicains, je me dois de reconnaître que la République était – nulle provocation de ma part - noble. Elle est l’autogestion, pour employer un terme aujourd’hui quelque peu suranné, du Peuple. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si aujourd’hui l’Europe de Bruxelles, nous concocte à l’échelle du continent, l’interdiction des referendums. Si bien des Français ignorent réellement la différence entre République et démocratie libérale, force est de constater qu’ils sont bien nombreux aujourd’hui à plébisciter la première et à rejeter la seconde, ce parce cette dernière met en exergue la notion de droits alors que la première célèbre les devoirs.
    Il me semble que le Front National, dès lors où il prône la République, marque un coup d’arrêt quant à la chute que nous connaissons depuis quelques décennies. Ce choix républicain, parce qu’il s’oppose frontalement (sic) à la démocratie de type libéral, mère de tant de vices, trouve aujourd’hui sa raison d’être. Ainsi par exemple le relativisme qui veut, puisque Dupont, après Ubu, est roi, que toutes les vérités soient équivalentes : que l’on ne soit pas surpris dès lors des différentes formes de communautarismes, à commencer par le religieux : si tous les points de vue se valent, nulle raison de ne pas accorder horaires de piscines privilégiés avec caractéristiques associées, aux uns et aux autres au motif de leurs vérités. Nulle raison, autre exemple, de maintenir les lois de protection animale, au motif du droit à l’égorgement. La République, dès lors où elle est autogestion du Peuple, ne peut que favoriser sa libre expression, notamment via les processus référendaires. Aujourd’hui, même si le résultat de l’élection de Brignolles nous donne de grands espoirs, il n’est pas impossible que la marche vers les sommets soit longue. Quant à l’Europe, sa constitution d’un point de vue juridique est telle, qu’aucune prise pouvoir n’y est possible en raison de fondements viscéralement antidémocratiques. Par voie de conséquence, notre salut ne pourra passer – Et cela, le Front National l’a parfaitement compris – que par les référendums d’initiative populaire, procédure qu’approuve la grande majorité des Français.
    « L’avenir dure longtemps. » (11)
    Notes :
    (1) Jean Tulard – 1990.
    (2) Je songe ici à Jean Ousset mais aussi au Baron dont il ne faut pas omettre qu’il renia son ouvrage de jeunesse « impérialisme paîen ».
    (3) René Rémond – Les droites en France – 1954 pour la première édition. René Rémond, grand spécialiste de la droite, académicien, et fustigé par les tenants du Système parce que peu de temps avant sa mort, il fit savoir que le Front National n’était pas un mouvement d’extrême droite. En connaissance de cause compte tenu de sa formation.
    (4) Il serait bon d’adopter désormais le terme de traditionisme plutôt que celui de traditionalisme qui introduit une confusion avec une certaine conception du Catholicisme.
    (5) Le fascisme dans son époque - 1963.
    (6) Zeev Sternhell - La droite révolutionnaire (1885-1914) 1978 mais aussi - Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France 1983.
    (7) David Hume - Enquête sur l'entendement humain - 1748.
    (8) J K Huysmans – À vau-l’eau - 1882.
    (9) J K Huysmans – A rebours - 1884.
    (10) J K Huysmans – En route - 1895.
    (11) Un titre évocateur que l’on doit à Louis Althusser. Après lecture, l’althusserien Bhl en a avalé son chapeau…

  • Civitas a fait tomber les barrières du politiquement correct

    Dans la Marche contre l’antichristianisme et la politique antifamiliale vue hier à Paris, ce qui était intéressant à observer, ce n’était pas tant la quantité des participants mais plutôt la composition de la foule. Civitas qui organisait cette marche pourra se targuer d’une avancée non pas numérique mais stratégique en ayant obtenu l’effondrement de bien des barrières psychologiques qui freinaient jusqu’ici la collaboration entre certaines mouvances toutes sincèrement mobilisées pour défendre la Famille contre la politique destructrice de nos gouvernants.

    Hier, il y avait là des militants de l’UNI, des gens engagés dans la tendance la plus droitière de l’UMP, quelques maires et élus de petits villages, l’ancien sénateur Bernard Seillier et son épouse qui fut député européen, tous deux figures éminentes du MPF, des militants du Printemps Français, de l’Action Française, de la Dissidence Française, du Renouveau Français, des Jeunesses Nationalistes, des royalistes, des patriotes, des « collectionneurs » de garde à vue, des militants pro-vie, des responsables locaux des AFC, des catholiques engagés et des Français qui ne pratiquent plus. Il y avait là toutes les forces vives des veilleurs debout et autres sentinelles qui se retrouvent à la place Vendôme ou lors d’un chahut de ministres. On pouvait reconnaître parmi la foule Nicolas Bernard-Busse, cet étudiant qui a fait 29 jours de prison pour s’être opposé à la dénaturation du mariage, et le Dr Xavier Dor...Par

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  • Jean-François Copé favorable au mariage pour tous : réaction immédiate de la Manif pour tous

    On ne badine pas avec le Mariage.

    Lettre ouverte de Ludovine de la Rochère :

    "Monsieur le Président,

    Sur le plateau de France 2, lors de l’émission « Des paroles et des actes »  du 10 octobre dernier vous avez déclaré, je vous cite : « Je n’ai jamais eu d’opposition d’aucune sorte à l’idée du mariage homosexuel ».

    Devant l’étonnement des journalistes présents qui vous interrogeaient, vous avez ajouté, et je vous cite à nouveau : « Pour le mariage, je n’ai, comme personne parmi les Français, d’objection de fond contre le mariage homosexuel ».

    Voilà bien un reniement en bonne et due forme dont je prends acte, tout comme les millions de Français qui, tout au long du débat sur l’adoption de la loi Taubira, ont explicitement manifesté contre le principe même de ce « mariage ».

    C’est votre parfaite liberté de vous déjuger ainsi aujourd’hui. Tout comme c’est la nôtre de dire qu’il est bien difficile d’accorder sa confiance à un haut responsable politique qui peut ainsi radicalement changer de position sans autre raison apparente que de vouloir plaire à une infime minorité de personnes au prix, de facto, de son propre électorat.

    Parce que nous sommes attachés aux valeurs du mariage, nous donnons du prix à ce qui lui est indissociable : la fidélité et le respect des engagements pris.

    Vous comprendrez dès lors que sans un rappel précis, sincère et explicite de votre plein engagement à nos côtés « contre le mariage pour tous » et contre la loi Taubira, les millions de manifestants, citoyens électeurs, sauront se souvenir de ce reniement le moment venu.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée".

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/10/jean-fran%C3%A7ois-cop%C3%A9-favorable-au-mariage-pour-tous-r%C3%A9action-imm%C3%A9diate-de-la-manif-pour-tous.html

  • Hier on marchait à Paris contre la christianophobie

    Retrouvez ici les photos de ce succès et les interventions de Jeanne Smits, Vivien Hoch, Daniel Hamiche, Laetitia Karen, Louis-Marie Resseguier, Isabelle Mouroux, Xavier Dor, Luc Perrel et Alain Escada.

    Mc

    pma,gpa,manifestation du 20 octobre

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • UE : Bruno Gollnisch votera contre la résolution Estrela

    Mesdames, Messieurs,

    bruno-gollnisch-conference-de-presse-300x130Nombreux sont ceux d’entre vous qui m’ont écrit pour me faire part de leurs préoccupations au sujet du rapport Estrela sur les prétendus « droits sexuels et génésiques », qui sera voté au Parlement européen la semaine prochaine. Je partage leurs préoccupations.

    Je veux rassurer ceux qui pensent qu’il s’agit d’une « loi européenne » : ce rapport n’a heureusement aucune portée législative, il n’est qu’un texte politique.

    Il n’en reste pas moins que s’il était adopté, il deviendrait une opinion officielle du Parlement européen sur des sujets qui ne relèvent, ni de près ni de loin, des compétences de l’Union européenne, sans même parler de son contenu exécrable.

    Il est d’ailleurs significatif de constater que ce texte vient au vote au moment où  l’initiative citoyenne européenne « One of Us » visant à protéger l’embryon, à laquelle j’ai adhéré, a atteint et même dépassé le nombre de signatures requis (1 million) depuis plusieurs semaines.

    Une résolution alternative a été déposée, qui rappelle entre autres l’inanité juridique, tant du point de vue international qu’européen, du concept de « droits sexuels et génésiques », ainsi que la totale souveraineté des États membres sur ces sujets.

    Mon vote sera conforme à mes convictions : résolument défavorable au rapport Estrela par tous les moyens, notamment en tentant de faire adopter cette résolution alternative.

    Nous ne saurons que lundi si le rapport Estrela fera l’objet d’un vote public. Nous verrons quel groupe politique du Parlement (car seul un groupe peut demander un vote public) le fera ou ne le fera pas. Si ce vote a lieu, vous saurez également qui a voté quoi. Et je me ferai un plaisir de vous en informer.

    Je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments dévoués à la cause de la défense du droit naturel et des valeurs qui fondent notre civilisation.

    http://www.gollnisch.com/2013/10/19/position-bruno-gollnisch-rapport-estrela/

  • Personne ne peut entraver la liberté de la conscience de chaque personne

    Suite à la décision totalitaire du Conseil constitutionnel, l'abbé de Tanoüarn rappelle que la liberté de conscience est un droit qui ne se décrète pas et rappelle l'enseignement du Docteur commun de l'Eglise Saint Thomas d'Aquin :

    "Saint Thomas d'Aquin, au XIIIème siècle, était déjà un fervent défenseur de la conscience, cette empêcheuse de déconner en rond, cette Antigone ou cette Alouette (o Jeanne), si bien croquées par Jean Anouilh. Dans la IaIIae Q19 a 5 (je parle de la Somme théologique) il explique que la conscience est le "dictamen rationis". Dans notre langue française, ondoyante et diverse, il n'y a pas d'équivalent (que je sache) au mot dictamen. Il faut faire appel à l'allemand. On peut traduire : le diktat de la raison. Pour Thomas, personne, ni roi ni prince, ni évêque ni pape ne peut entraver la liberté de la conscience de chaque personne lorsque elle se manifeste en dernier recours par un diktat. On peut et on doit informer les consciences défaillantes mais on ne peut pas prétendre qu'elles n'ont pas le droit de se manifester. Il n'y a rien au dessus du droit d'une conscience humaine poussée dans ses retranchement d'honnêteté et de justice. Rien, même pas Dieu, ni la loi naturelle. L'exemple que donne saint Thomas est amusant. Il pourrait d'ailleurs s'appliquer pour une part à la société actuelle. Celui, dit-il, qui pense qu'il est bien de forniquer et qui ne fornique pas commet une faute contre sa conscience - dans l'Evangile on parle de péché contre l'esprit.
    Il y aurait évidemment une autre interprétation à la décision du Conseil des sages. Je pars moi du principe qu'ils ont un moment oublié la colonne du Temple, zapé la loi de 1905, gardienne de la laïcité. Mais on peut penser que cette loi (en particulier son article 1) ils le connaissent parfaitement. Simplement ils l'interprèteraient peut être autrement que nous le faisons. Comment ? Eh bien ! Au lieu de comprendre, comme nous le faisons tous que la loi s'arrête là où commence la conscience humaine, peut-être les Sages estiment-ils à l'inverse que, dans la mesure où c'est la République qui "assure la liberté de conscience", alors il leur revient à eux (ils sont un peu la République en dernier ressort) de déclarer les limites de la conscience individuelle. C'était la théorie de Hitler lorsqu'il a été élu démocratiquement chancelier et lorsqu'il est devenu chancelier du Reich : le représentant du peuple peut et doit délimiter le domaine dans lequel la conscience a droit de s'exercer. Et il lui revient, par le fait même, d'interdire à la conscience certaines zones considérées, du point de vue de la conscience, comme des zones de non-droit.
    La République se sortira-t-elle un jour de on péché originel, le Rasoir national ? La Cinquième aura-t-elle le courage d'admettre qu'elle est fondée sur les iniquités sanglantes de la Première ? Ou est-ce que seule l'Eglise catholique devrait faire repentance ? La question est grave parce qu'elle en entraîne une autre sur le sujet qui nous occupe : peut-on être un homme digne de ce nom si l'on ne reconnaît pas le droit des consciences ?"

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  • Du symbolisme de l’épée

    ◘ SYNERGIES EUROPEENNES – Bruxelles/Dresde – octobre 2005

    Les plus célèbres épées de l’histoire ou de la mythologie portent un nom : Balmung, Nagelring, Excalibur, etc. Ces noms expriment la valeur symbolique et magique qu’elles reflètent. Leur nom et les actes qu’elles ont accomplis leur procurent simultanément une particularité.

    Souvent, ces épées uniques en leur genre ont une origine divine, ont été données à l’homme par des dieux et reviennent souvent à ceux-ci en bout de course. Si un héros possède l’une de ces épées, il possède en même temps et puissance et salut. Pour cette raison, l’épée, tenue en main, exprime la force et les capacités masculines et phalliques, ce qui, par extrapolation, symbolise la puissance dominante. Ainsi, les héros solaires et les vainqueurs des forces chtoniennes/telluriques ont pour attribut l’épée.

    Sur le plan de l’histoire évolutive de l’humanité, l’épée n’est forcément pas un symbole très ancien, car ce n’est qu’à l’Âge du Bronze que les hommes ont disposé des capacités de fabriquer des épées. Les premières d’entre elles sont fort décorées, ce qui indique leur usage principalement sacré. Et si l’épée est l’attribut de la classe guerrière dominante, le fabricant d’épées, acquiert, lui aussi, une dimension plus importante : il s’agit du forgeron.

    Dans la mythologie scandinave, le dieu du tonnerre, Thor, entretient un rapport médiat avec l’épée. Si son attribut majeur est le marteau, celui reste tout de même aussi l’œuvre du forgeron, dont le travail consiste à manier le feu et d’autres marteaux, que l’on associe ensuite à l’éclair et au tonnerre. Jörd, d’après l’Edda de Snorri, est la mère de Thor ; elle est la personnification de la Terre. C’est d’elle que jaillissent les métaux que travaillent le forgeron. Le dieu solaire Freyr possède, lui aussi, une épée, capable de combattre seule. Il est le dieu de la fertilité, de la richesse matérielle, du développement pacifique. Ses représentations accentue sa dimension phallique. 

    Dans l’hindouisme védique et dans le bouddhisme, l’épée et le varya revêtent le même symbolisme ; le terme sanskrit de “varya” désigne tout ce qui est masculin/viril, dont le phallus et la semence. Il signifie aussi la “foudre” et symbolise tout ce qui relève symboliquement de l’éclair. La massue à lancer, attribut d’Indra, se nomme également varya. Comme le marteau de Thor, cette massue d’Indra peut ôter comme donner la vie ; elle est ainsi un symbole herculéen. Dieu qui décide de l’orage, Indra est représenté en couleur rouge, ce qui indique une appartenance à la caste des guerriers, ou kshatriya, caste qui le vénère en Inde.

    Le rapport à l’épée a une dimension encore plus philosophique en Asie. Au Japon, la noblesse chevalière, c’est-à-dire les samouraïs, cultive une conception spirituelle à l’égard des 2 épées que possède le samouraï, soit le katana et le wakizashi. L’épée, pour eux, n’est pas seulement un objet de vénération, mais est aussi un symbole de l’âme. Par voie de conséquence, les samouraïs maintenaient leurs épées dans un état de pureté absolue et ne les maniaient qu’avec le plus grand respect. Les ninjas, en revanche, considéraient les épées d’une manière bien plus prosaïque. Leurs épées, contrairement à celles des samouraïs, n’étaient pas courbées, mais droites, ce qui avait pour avantage de pouvoir les utiliser comme outils, d’en faire éventuellement une arme de jet, de donner des coups d’estoc, de s’en servir comme levier ou comme échelle, etc.

    Pour le samouraï, un usage aussi vil de l’épée était totalement inconcevable. En Orient, l’épée a une dimension féminine. En Occident, elle a généralement une lame droite, tandis qu’en Orient elle est courbée, à la façon des sabres ultérieurs. Au Japon, comme dans l’espace indo-européen, l’épée est l’attribut des divinités masculines du tonnerre et de la tempête, telles Susano-o au Japon, Indra en Inde, Mars dans le monde romain…

    L’épée est également mise en équation avec l’intellect et possède de ce fait une vertu séparante, scindante : Alexandre le Grand a résolu une tâche autrement impossible, défaire le nœud gordien, tout simplement en le tranchant. La déesse Iustitia tient en une main une balance, en l’autre une épée. Ces 2 objets ne représentent pas seulement les aspects législatif et exécutif. L’épée symbolise la force de sa capacité de juger ; elle l’aide à séparer culpabilité et innocence. Au Moyen Âge, lorsque le chevalier passait la nuit avec la Dame qu’il admirait, il plaçait son épée entre lui et elle, posant de la sorte une barrière insurmontable qui symbolisait leur chasteté à tous 2. Enfin, lorsque le chevalier est frappé sur l’épaule lors de son adoubement, ce geste symbolise la séparation en 2 de sa vie : celle d’avant l’adoubement, et donc l’entrée en chevalerie, et celle d’après. C’est clairement un rituel d’initiation.

    Tacite évoquait déjà la danse de l’épée chez les Germains. L’histoire de ce rituel et de cette chorégraphie s’est poursuivie jusqu’au XXe siècle. Bon nombre d’indices nous signalent qu’il s’agit pour l’essentiel d’une cérémonie d’initiation.

    Comme l’épée est un objet récent dans l’histoire du développement général de l’humanité, les mythes, où l’épée joue un rôle, ne datent pas d’un passé fort lointain, comme l’indique notamment le mythe judéo-chrétien où Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre. Dans ce mythe biblique, l’épée a aussi une fonction “séparatrice” ; elle est en l’occurrence l’épée de feu de l’Archange Michel, qui sépare l’homme du Jardin d’Éden. Vu que Michel a des origines iraniennes et qu’après la christianisation de la Germanie, il a remplacé Wotan/Odin dans tous les symboles religieux, avec une interprétation chrétienne nouvelle, où son épée de feu sépare l’homme chrétien nouveau de son passé païen organique. L’épée de Michel est pour l’humanité germanique une sorte d’épée de Damoclès…

    ► D. A. R. Sokoll. (Hagal n°2/2002)

    ◘ Bibliographie :

    • BIEDERMANN, Hans, Knaurs Lexikon der Symbole, Augsburg, Weltbild, 2000.
    • COOPER, J. C., Illustriertes Lexikon der traditionellen Symbole, Wiesbaden, Drei Lilien, 1986.
    • LURKER, Manfred, Lexikon der Götter und Dämonen : Namen, Funktionen, Symbole/Attribute, 2. erw. Aufl., Stuttgart, Kröner, 1989.
    • PASTENACI, Kurt, Die Kriegskunst der Germanen, Karlsbad u. A., Adam Kraft, 1942.

    http://www.archiveseroe.eu/tradition-c18393793/39