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Table Ronde de Terre et Peuple 2013
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Il n'y aura pas de Putsch
Tout le monde parle de révolution, de résistance, de dissidence… Ces notions impliquent mécaniquement qu’à un moment ou un autre, les « dissidents » entreront en lutte physique contre le régime en place.
Les antimondialistes savent que la mafia au pouvoir s’incarne par le gouvernement et tous ceux qui le servent (journalistes, etc). Les gens qui privilégient la lutte sociale savent que les flics, les militaires et les gouvernements sont les bras armés du patronnât. Pourtant, chez les patriotes, cette idée a encore du mal à faire jour. Ceci constitue la raison de l’article présent : démystifier quelques vieux fantasmes nationalistes, qui gênent la diffusion de l’idée révolutionnaire.
L’Armée, c’était mieux avant.
On ne và pas se mentir. Depuis 1940, l’armée française, c’est plutôt la misère.
Pourquoi depuis 1940 ? En 1940, nous avions l’une des armées les plus puissantes d’Europe, tant par le nombre de ses hommes que par la modernité de son matériel. Le char Renaud était même supérieur au panzer allemand de l’époque. Si l’armée française a été balayée en 1940, ce n’est en rien à cause de sa qualité, mais surtout à cause des erreurs de la doctrine de son commandement. Les généraux français, d’Azincourt à Verdun, semblent toujours avoir une guerre de retard… Bref, depuis la seconde guerre mondiale, on peut dire de manière très certaine que la France n’a pas eu d’armée digne d’elle-même.
Directement après la guerre, les conflits coloniaux commencent en Indochine, contre le Viet-Minh et plus tard encore, en Algérie. L’armée française est alors en reconstruction. Sous-financée, elle est équipée de matériel très disparate revendu par les alliés anglais et surtout américains. Les pénuries sont diverses. Le bricolage s’impose. Le mythe du « perdant glorieux », le cliché de Camerone se renforce durant toute cette période coloniale. En effet, le soldat français, souvent un aventurier, se retrouve isolé à l’autre bout du monde, coupé de tout soutien politique et social (on ne rappellera pas que la majorité de la population française était soit indifférente soit hostile aux guerres coloniales) et surtout, face à un ennemi différent : le guerrilleros nationaliste.
On résume : une armée en reconstruction, bricolée, sous-équipée, sous-formée, loin de chez elle, commandée par des officiers au nom à particule selon une doctrine de combat dépassée, se retrouvant face à une guérilla nationaliste moderne, fanatique, enracinée, soutenue par une part de la population française (le PCF), entraînée et armée par des grandes puissances concurrentes : le Viet-Minh et le FLN. Le résultat, c’est Dien-Bien-Phu. Mais pas seulement. C’est aussi « la 317ème section », pour les amoureux du folklore. Les actes d’héroïsme isolés, le « tenir coûte que coûte », l’aventure, le baroud d’honneur. Il y a encore des guerriers modernes. Bigeard et ses paras, le putsch manqué des généraux d’Alger, et l’ultime épopée de l’OAS. Il restait au moins çà…Mais après les dernières cartouches de l’Algérie, liquidation totale.
« Do the job » La guerre un boulot comme les autres ?
L’intégration dans l’OTAN et toute la guerre froide est une période catastrophique. Les effectifs s’appuient encore largement sur le service militaire.
Une masse de conscrits au moral et à la discipline proche du néant, et quelques pros dépassés (eux-mêmes parasités par des carriéristes qui sont prêts à se débiner au moindre coup de feu).
L’armée de terre reste sous-financée jusqu’à nos jours. La modernisation amorcée dans les années 70 avec la production d’équipements nationaux (le FAMAS et plus tard le Leclerc étant les plus emblématiques) n’arrivent pas à cacher un criant manque de moyens. L’armée de terre, la plus pauvre, n’a pas de quoi entraîner ni équiper correctement ses troupes.
Vient la fin du service militaire obligatoire et le retour progressif de la France dans l’OTAN, avec le prélude des Balkans et de l’engagement français contre la Serbie. Les missions de l’Armée Française s’alignent sur la nouvelle entreprise de conquête du moyen-Orient. L’enjeu sécuritaire est exalté. On voit l’armée de plus en plus comme une sorte de super-police chargée de sauver des civils ou de sécuriser des zones internationales. Ces missions ne sont pas neuves, déjà à Kolwezi, les paras avaient combattus dans ce cadre. Mais désormais, ce rôle d’une armée réduite, uniquement destinée à des opérations extérieurs à caractère policier, s’accentue, le tout sous la férule des anglo-saxons.
On en arrive à la conception basique que n’importe quel militaire récite machinalement :
L’armée est un métier, réservé à des professionnels. Les politiciens prennent les décisions, ils les exécutent sans discuter. « It is the job ». « C’est le boulot ». « C’est comme çà. ». Même si « le job » consiste à aller bombarder nos frères européens pour défendre des islamistes… L’armée perd son prestige, on la cache. Ce n’est qu’un métier, un métier honteux. Quand un soldat tombe au combat, la famille envisage çà comme un accident de travail, et parle même de poursuivre l’employeur. On enterre le gars discrètement. Les vieux combattants viennent une ou deux fois par an, étaler leurs médailles prés des monuments aux morts au son des pouët-pouët de la fanfare municipale. Et tout le monde s’en fout.Réduction des effectifs : logique sécuritaire.
Les coupes drastiques dans les effectifs de l’armée sont comme des marronniers. On en voit tous les 2 ou 3 ans. L’objectif est clairement posé : redéfinir l’armée française selon sa nouvelle utilité comme force de police auxiliaire de l’OTAN. Moins d’hommes, plus spécialisés, focalisés sur la « lutte contre le terrorisme » ou encore la guerre virtuelle…
-Ajoutez à cela la purge de plus en plus systématique des officiers et des soldats nationalistes, voir même patriotes ou au moins contestataires… Et leur remplacement par des officiers franc-maçons.
-Ajoutez à cela le bourrage de crâne pro-régime et pro-européiste, pro-OTAN…
-Ajoutez à cela la proportion de plus en plus énorme de recrues issues de l’immigration récente, nord-africaine ou africaine (donc encore plus détachée de la Nation charnelle et historique).
-Ajoutez à cela la professionnalisation et le détachement qui transforment le soldat en un mercenaire (un mercenaire mal payé…).
Nous obtenons la presque parfaite armée d’occupation et de répression des révoltes populaires à venir. En collaboration avec l’EuroGendFor, les forces de police et pourquoi pas l’OTAN (ne rigolez pas, elle a bien bombardé Belgrade, à une heure de Paris).
Une force réduite, réactive, équipée technologiquement, sans états d’âmes. Imaginons qu’une insurrection populaire ait lieue, et déborde les forces de police ou la gendarmerie. Elle est armée, pille les dépôts logistiques et s’empare de quelques bâtiments administratifs. Elle veut renverser le Régime.
Intervient alors l’Armée moderne, professionnelle. Il faut « « faire le boulot » . Des « éléments hostiles » ou des « insurgés » (le peuple français, quoi), composé « d’infanterie légère » menaceraient des « objectifs stratégiques » (la villa d’Edith Cresson ?), voire mèneraient des « exactions contre des civils » (deux ou trois huissiers ou policiers lynchés). Et bien, en réponse, une « force de réaction rapide » serait chargée « d’établir un périmètre » et « d’intercepter les éléments hostiles » voir de les « détruite » ou les « éliminer ».
En gros, le peuple français en révolte, balayé par quelques tirs, menés depuis 2 km avec des équipements infrarouges, proprement. Sans trop de « dommages collatéraux ». Ils n’hésiteront pas une seconde, ils ont signé pour çà.
Une armée d’occupation PRESQUE parfaite.IL N’Y AURA PAS DE PUTSH.
Imaginons une situation d’écroulement menant à un chaos en France. Une pénurie, des émeutes généralisées, paralysie du pays, massacres et pillages se produisent sur l’ensemble du territoire. Peu à peu, au sein du bordel, des forces révolutionnaires saisissent l’occasion pour déclarer le début de la lutte contre le Régime et la construction d’une société. Face à cela, que deviennent les flics, les gendarmes et l’armée ?
Premièrement, on peut imaginer un redéploiement des forces du régime sur une ligne de défense. Défense des bâtiments administratifs, des dépôts d’essence, des réserves, des nœuds logistiques, des bases militaires, etc.. Cela veut dire qu’il n’y aura pas assez de forces, quoiqu’il arrive, pour tenir le terrain ou protéger les français (c’est là ou les révolutionnaires voient s’ouvrir une opportunité : remplacer l’Etat et combler le vide, mais c’est un autre sujet.).Ce déploiement « passif » pose déjà problème. Le policier ou le gendarme de base, il a une famille et un salaire de merde, comme le militaire. On peut donc prévoir, aux moindres troubles sérieux, des désertions massives et anarchiques, parfois avec armes et bagages. Seul les unités d’élites (Légion, paras) resteraient un tant sois peu intègres. On peut aussi pronostiquer des conflits internes, confessionnels ou moraux. Bref, et selon les prévisions de la plupart de nos camarades « anciens militaires », dans une telle situation, l’armée française moderne se désagrègerait, petit à petit.
Les unités qui ne se désagrègeraient pas, parmi les plus professionnelles et les plus fidèles à la république, tenteraient elles un putsh ? Rien n’est moins sûr.
Un putsh pour faire quoi ? Pour mettre qui au pouvoir ? Avec quel programme ? Si putsch il y avait, il serait donc celui d’un « faux » sauveur se substitution, un libéral ou un politicien de secours. Ensuite, une opération militaire moderne ne s’improvise pas. On est plus au temps de la commune, ou il suffisait de distribuer des fusils et des cartouchières à la populace. Une projection militaire nécessite un système fonctionnel pour établir des relais logistiques, il faut aussi des réserves de carburant, de munitions, de matériel divers. On pourrait imaginer une action isolée d’une unité particulière, mais les chances sont tellement faibles…
En fait, il y a beaucoup plus de probabilités pour que nos soldats nous tirent dessus.
Il faut se représenter le fait que les mentalités les plus contre-révolutionnaires, les plus hostiles à l’initiative, sont aujourd’hui dans l’armée, malgré sa « grogne apparente ». Il suffit de regarder les réactions, sur internet, face aux appels à refuser de combattre en Syrie. La majorité des militaires sont prêts à y aller. Ils condamnent les dissensions au nom du « devoir de réserve ». Ils ont signés pour çà. Leur fierté c’est de pouvoir être envoyés combattre n’ importe où sans discuter, et de laisser les politiciens prendre les décisions. On retrouve à la fois le produit du bourrage de crâne, mais aussi la conséquence du professionnalisme.Donc, selon toute probabilité, il y a beaucoup plus de chance pour qu’un jour nous nous retrouvions à combattre nos (derniers) soldats que ceux-ci ne nous sauvent par un putsch providentiel, fantasme impossible du droitard catholico-réac’.
J’engage amicalement tous mes camarades sociaux-nationalistes à ne pas croire en de telles sornettes. Ce n’est pas parce que tel ou tel général catholique en retraite fait des manigances, ou que tel homme de troupe râle parce que son équipement TTA est pourri, que l’Armée va concrètement se mutiner, rouler jusqu’à l’Elysée, VAB en tête, et renverser le régime. Il ne faut pas rêver.
(Ceci est une réponse fraternelle et bien attentionnée à l’ouvrage de mon camarade V.V., que je respecte pour son honnêteté et son engagement pertinent).D’une manière générale, il faut que tout révolutionnaire français, même s’il est patriote et croyant, comprenne que l’armée française moderne, de par sa configuration tactique, idéologique, doctrinale et organisationnelle, est clairement notre ennemie.
Vers d’autres horizons ?
Nous, nationaux-révolutionnaires, avons toujours opposé à ce modèle mercenaire notre propre conception de l’armée. Une armée consciente, une armée de citoyens soldats. Peut être moins professionnelle, certes. Mais aux effectifs bien plus massifs, appuyés sur le service militaire obligatoire et les unités de volontaires, et une garde nationale permanente comme réserve.
Une armée équipée correctement, avec un matériel moins technologique/avantgardiste (le FELIN, c’est de la merde), mais abondant, rustique et fiable.
Une armée consciente de sa mission première : protéger l’intégrité du territoire français, et non les intérêts privés des trusts apatrides et des capitalistes néocoloniaux.
Une armée comme apprentissage social et citoyen, une armée au centre de la société et du peuple français. Une armée fière, qui ne se cache pas.
Enfin, une armée respectée car légitime, et dont les vétérans obtiendraient des droits et un statut particulier.Guillaume Lenormand
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/10/06/il-n-y-aura-pas-de-putsch-5189846.html
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Les Sentinelles face aux mairies
Demain matin le Conseil constitutionnel examinera la question de la liberté de conscience des maires face à la loi Taubira.
Pour soutenir les élus qui ne veulent pas célébrer de simulacre de mariage, les Sentinelles sont appelées à prendre leur poste à partir de ce soir et demain toute la journée devant toutes les mairies de France.
Pour veiller comme Sentinelle, aucun signe distinctif, ni pancarte, ni vêtement avec logo, ni drapeaux et être espacés les uns des autres par 3 mètres. On reste le temps que l'on veut face au bâtiment et on garde le silence.
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Parce que c’est l’Église qui a fait la France...
L'article de Jean-Pax Méfret sur ces églises que l'on abat...:
"Un nouveau rendez-vous pour les lecteurs de “Valeurs actuelles” : chaque premier jeudi du mois, Jean-Pax Méfret arpentera pour nous les routes de France. Aujourd’hui, d’Abbeville à Segré en passant par Gesté, il nous entraîne sur le chemin de croix de ces églises sacrifiées.
C’est toujours douloureux de voir des bulldozers défoncer les flancs d’une église qui s’éparpillent en gravats dans une poussière funeste ; toujours difficile d’accompagner du regard l’ultime voyage d’un autel en marbre malmené par les mâchoires d’acier d’une pelleteuse enragée ; toujours déchirant d’assister à l’effondrement d’une nef sous les coups de boutoir d’une grue à boule.
L’émotion était intense en avril dernier à Abbeville dans la Somme lors de la destruction de la majestueuse église Saint-Jacques, ancrée depuis plus d’un siècle dans le paysage architectural de la ville. Il y a dix ans qu’elle était laissée à l’abandon et se dégradait en même temps que ses reliques et son grand orgue au buffet néogothique, une véritable oeuvre d’art sauvéein extremis, en pleine démolition, par l’intervention déterminée d’un collectif.
Sous les yeux humides de petits groupes aux visages défaits, le clocher, qu’un expert requis par la municipalité disait pourtant fragile et dangereux pour la sécurité publique, a résisté plusieurs semaines aux assauts d’un engin démolisseur de 140 tonnes. « On nous a menti, marmonnait un vieil homme tenant une casquette entre ses mains calleuses. Elle était encore solide notre église ! Sa flèche nous rassurait. En la voyant de loin, on savait qu’on arrivait par chez nous. »
Aujourd’hui, Saint-Jacques n’est plus. Rasée par la volonté de la municipalité comme l’y autorise la loi de séparation des Églises et de l’État qui attribue aux communes la pleine propriété des murs et des meubles, mais aussi la responsabilité de l’entretien des églises de France construites avant 1905. Car les curés ne sont que les “affectataires à titre gratuit” de ces lieux de culte, avec « un devoir de gardiennage associé à la remise des clés […] de l’édifice ». C’est la mairie qui détient le pouvoir de prononcer une « désaffectation » des lieux si elle constate « l’absence de célébration cultuelle pendant six mois consécutifs ».
Avec la crise des vocations — près de 30 % de candidats au sacerdoce en moins sur les douze dernières années —, les édifices religieux se délabrent. Ils terminent en ruines sous l’oeil glacé de certains maires. C’est ce qui s’est passé à Abbeville où, depuis le XIIe siècle, trois églises s’étaient succédé place Saint-Jacques. L’élu socialiste Nicolas Dumont a mis fin à la tradition. Un square et un parking remplaceront désormais l’ouvrage emblématique que les bombardements de la Seconde Guerre mondiale avaient épargné. Le Collectif Saint-Jacques, qui veut perpétuer la mémoire de l’église abattue, réclame qu’on y installe l’antique cloche dérobée dans les gravats et récupérée, de justesse, à Drouot où elle avait été mise aux enchères !
Signe des temps, trente-deux ans après la fameuse affiche de la campagne présidentielle de François Mitterrand symbolisant “la force tranquille” sur fond de campagne bucolique floutée, tricolore et rehaussée d’une église, on a le sentiment qu’au nom d’une laïcité sélective, certains veulent effacer du paysage traditionnel de nos villages les quelque 15 000 clochers recensés en zone rurale. C’est une menace qui pèse à la fois sur les valeurs chrétiennes et sur le patrimoine architectural de la France. Les clochers résonnent plus souvent du glas de leur destinée que de l’angélus, annonciateur d’espoir. Et les vieilles pierres sacralisées dégringolent sous le vent dévastateur d’une Histoire qu’on a de plus en plus de mal à faire nôtre. L’église n’est pas seulement un lieu de dévotion, elle est également un rappel à la mémoire, un carrefour de rencontres, le réceptacle des douleurs profondes" (suite).
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Le dieu Cerf
Image de fécondité et de puissance, le cerf a toujours été un animal sacré pour les Européens. Dans un livre plein de poésie et de piété, Jean-Luc Duvivier de Fortemps rend hommage à ce rite essentiel de la vie du cerf qu'est le brame.
[ci-contre : “Cerf et Saumons”, Le bâton de Lortet, Hautes-Pyrénées]
Parmi les grandes figures mythiques qui donnent à l’Europe son âme immémoriale, le cerf tient une place royale. Car il est souverain, le grand cerf peint dès le paléolithique sur les parois de Lascaux, gravé sur les ossements de Lortet, dans les Pyrénées.
Le grand préhistorien André Leroi-Gourhan, disparu récemment, a noté que dans les gisements paléolithiques, parmi les dents d’animaux préparées pour la suspension par une gorge ou une perforation à l’extrémité de la racine — ces “croches” sont portées autour du cou, en pendeloque — on trouve 25 % de canines de cerf. Ceci aussi bien en France qu’en Espagne, Allemagne, Moravie et Union soviétique. « Elles apparaissent dès le Châtelperronien et se retrouvent partout jusqu’au Magdalénien, leur emploi se prolonge d’ailleurs jusqu’à nos jours où elles constituent encore un trophée très estimé. Elles semblent avoir été précieuses à un tel point que, dès l’origine, on en rencontre des copies nombreuses découpées dans l’os ou l’ivoire ou évoquées par de petits galets de même forme ». Le cerf est symbole de virilité dès le Paléolithique supérieur et, « dans les cavernes ornées, il se range parmi les animaux assimilés à des symboles mâles » (Les Religions de la préhistoire, PUF, 1971).
De l’Italie à la Suède, les gravures rupestres de l’époque protohistorique associent souvent le cerf à des symboles solaires. C’est ainsi le cas au Val Camonica, où de multiples représentations de scènes de chasse exaltent le cerf, en hardes ou isolé. Mais la chasse prend une dimension sacrée. « Nous avons là — écrit Jacques Briard — l’évocation du rite noble de la chasse, mais aussi du caractère sacré du cerf, symbole mâle et cornu, essentiel dans la religion de cet âge. La taille imposante de certaines représentations de cerfs et le fait qu’on rencontre aussi des figurations d’hommes-cerfs le confirment. Ce n’est plus l’animal chassé, mais le dieu-cerf » (L’Âge du Bronze en Europe barbare, Hespérides, 1976).
Le cerf, image de puissance et de fécondité, donc de vie, est aussi un animal psychopompe — c’est-à-dire conducteur des âmes des morts. Ce qui n’a rien de paradoxal dans une perspective païenne, où la vie et la mort ne sont que 2 moments, 2 maillons dans l’éternelle chaîne de l’Être. D’où la présence de bois de cerfs dans les tombes — pratique qui se maintiendra au haut Moyen Âge, comme l’ont montré les travaux archéologiques d’Edouard Salin sur les sépultures d’époque mérovingienne. Des squelettes de cerfs ont été retrouvés dans des cimetières en Normandie, en Suisse, en Angleterre. Des phylactères (talismans) ont été aussi mis au jour : médaillons en bois de cervidés, portés en pendentifs ou cousus sur les vêtements, ils étaient très en vogue tant chez les Gallo-Romains que chez les Germains. Le bois de cerf est porteur de renaissance (sur l’animal, il est rajeuni chaque année) et de fécondité (sur certaines rondelles un phallus est gravé). Il est relié à la force solaire : les médaillons des cimetières de Schretzheim et de Schwarzrheindorf (Allemagne), de Papiermühle (Suisse), d’Audincourt (France) sont décorés de rosaces et de cercles oculés ; à Sainte-Sabine, en Bourgogne, un médaillon était incrusté de 13 rondelles d’or.
Dans les mythologies européennes, le cerf est omniprésent. Plusieurs bas-reliefs d’époque gallo-romaine montrent le dieu Cernunnos, le dieu-cornu (le christianisme médiéval en fera la figure diabolique par excellence) : dispensateur de fécondité et de richesse, il tient une bourse en cuir d’où coulent les pièces d’or. Chez les Germains, dans la forêt de Glaser, proche du Valhalla, le cerf Eikthyrnir, dont les ramures s’apparentent aux branches du chêne, est comparé à l’Arbre de Vie.
Comme pour bien d’autres mythes et symboles, l’Eglise a voulu tout à la fois rejeter la haute figure du cerf dans les ténèbres sataniques et la récupérer, en l’intégrant dans la galerie des saints — cette forme si populaire de la religiosité médiévale. D’où la légende de saint Hubert, où l’on retrouve le thème bien connu de la Chasse Sauvage (voir Jean-Jacques Mourreau, La Chasse sauvage, Copernic, 1972) : la croix lumineuse qui brille entre les bois du cerf est le substitut chrétien du soleil païen. Aujourd’hui, la forêt d’Ardenne abrite ce haut lieu du monde forestier qui s’appelle Saint-Hubert — petite ville envahie par les touristes mais où flotte, non sans un certain charme, le subtil parfum d’un syncrétisme pagano-chrétien, dont prend immédiatement conscience le visiteur averti. C’est dans les forêts entourant Saint-Hubert que Jean-Luc Duvivier de Fortemps est parti à la rencontre du grand cerf, auquel il voue, à juste titre, un véritable culte. En se fondant dans le milieu, le cadre de vie de celui qui est « mi-bête, mi-forêt », comme disait Ronsard. Et pour étudier ce rite essentiel de la vie du cerf qui s’appelle le brame. Moment d’exaltation, où le cri du cerf, précédent le rut, est tout à la fois défi aux éventuels rivaux, affirmation de soi, appel et célébration de l’éternelle loi de la vie. Jean-Luc Duvivier de Fortemps, parce qu’il appartient à cette race d’hommes qui sait communier avec les forces élémentaires, les forces divines dans lesquelles baigne l’initié au cœur des forêts, a rapporté de ses errances un grand livre, où de somptueuses photos viennent éclairer, magnifier, un texte inspiré. Nous suivons avec lui, à la trace, les déplacements des cerfs. Nous respirons les fortes odeurs qui imprègnent le sous-bois. Nous foulons l’herbe humide de la rosée de l’aube et les lisières que vient enflammer le soleil couchant. Nous assistons, enfin, au rite nuptial, solennel et violent, qui bouleverse la forêt. Puis celle-ci retrouve sa sérénité. La célébration des “mystères du brame” est terminée. Jean-Luc Duvivier de Fortemps en a été un témoin attentif et respectueux : « Durant ces quelques semaines merveilleuses, inoubliables, je vis hors du temps et des choses, loin du tumulte des villes, et des hommes. Toujours, je vivrai dans l’attente du brame ».
En écrivant son livre, il a fait acte de piété. Je l’ai lu avec recueillement. Car c’est un livre proprement religieux. Je ne saurais faire de plus grand hommage.
♦ Jean-Luc Duvivier de Fortemps, Le Brame : images et rituel, Hatier-Perron, 1985.
► Pierre Vial, éléments n°57/58, 1986.
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Livre / Et la France se réveilla, de Raphaël Stainville et Vincent Trémolet de Villers
La France s’est-elle rendormie ? Mais s’est-elle préalablement réveillée ? Oui, à en croire Vincent Trémolet de Villers et Raphaël Stainville, journalistes au Figaro Magazine, qui viennent de faire paraître sous le titre Et la France se réveilla, une « histoire secrète de la Manif pour tous ».
Une chronique passionnante et enlevée, débutée en mars 2011 et (provisoirement) terminée en juin 2013, retraçant l’histoire d’un mouvement qui traduit, selon les auteurs, un regain manifeste des valeurs chrétiennes (leur ouvrage est d’ailleurs sous-titré « Enquête sur la révolution des valeurs »).
Nulle hagiographie mais admirative lucidité, quand ils reconnaissent que les opposants à la loi Taubira « ont quand même beaucoup perdu ». Émouvant hommage, nonobstant, rendu à ces anonymes, notamment à cette jeunesse fougueuse, avide d’absolu, qui, il est vrai, fit ses premières armes militantes au nom d’une foi catholique sublimée par l’espérance et qui force le respect. Peut-être est-ce là le marqueur singulier d’un « phénomène » dont les auteurs s’accordent à dire qu’« il reste inclassable » au sein des taxinomies classiques de la sociologie ou de la science politique. [...]
Aristide Leucate - La suite sur Boulevard Voltaire
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Livre-Et-la-France-se-reveilla-de
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Lancement des Caryatides (mai 2013)
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Les Indo‑Européens
Des Steppes aux océans surprendra ceux qui ne connaissent l’auteur [André Martinet] que par ses travaux de linguistique pure. Mais les spécialistes ne seront pas surpris par son contenu que résume le sous‑titre L’indo‑européen et les “Indo‑Européens”. Déjà, son Économie des changements phonétiques (Berne, Francke, 1955) apportait à la reconstruction du système phonologique indo‑européen une importante contribution sur des points essentiels.
Parurent ensuite plusieurs études consacrées à la reconstruction morphosyntaxique ; les principales sont réunies, à côté des études de phonologie diachronique, dans son Évolution des langues et reconstruction (PUF, 1975). Les études indo‑européennes ne constituent pas une discipline autonome ; l’indo‑européen n’est que l’un des domaines de la linguistique. Assurément, les techniques de la reconstruction diffèrent considérablement de celles de la description, mais la base est commune. Quel que soit leur âge, les systèmes linguistiques, répondant aux mêmes nécessités, obéissent aux mêmes lois. C’est pourquoi, en l’absence de données nouvelles (rien d’essentiel ne s’est ajouté depuis le déchiffrement du hittite en 1917), la reconstruction de l’indo‑européen a pu progresser considérablement ces dernières décennies : ses progrès ont suivi ceux de la linguistique. Initiateur des études linguistiques modernes dans notre pays, A. Martinet était donc particulièrement bien placé pour contribuer au renouvellement de la reconstruction de l’indo‑européen.
Le spécialiste s’intéressera donc en priorité aux chapitres IX (Le système phonologique) et X (La grammaire) ; il y trouvera l’essentiel de l’apport “fonctionnaliste” à la grammaire comparée ; l’interprétation phonologique de la théorie laryngale (p. 141‑159), la question de la “voyelle unique” (p. 137‑140 et 159‑160), celle des séries d’occlusives (p.160-166). Rappelons à ce propos que la “théorie glottalique” des Soviétiques Ivanov et Gamkrelidze, qui substitue aux sonores simples (*d, *g, *gw) de la reconstruction traditionnelle les sourdes glottalisées correspondantes est sortie d’une observation d’A. Martinet dans son Économie des changements phonétiques, l’absence d’une labiale sonore *b. Inexplicable s’il s’agit du partenaire sonore de *p, cette absence est au contraire naturelle s’il s’agit d’une série glottalisée, où l’articulation labiale est rare. L’innovation la plus remarquable est l’hypothèse de l’existence en indo-européen de prénasalisées, *nt *mp, etc., expliquant des faits restés jusqu’à présent sans explication tels que la coexistence de désinences en *bh et en *m à certains cas obliques du pluriel et du duel, et jusqu’à l’alternance *r/*n.
Au chapitre de la grammaire, on relève notamment une approche nouvelle de la théorie de l'“ergatif indo-européen” qui sous‑tend l’ensemble ; une théorie sur l’origine du féminin (p. 188‑192) ; des observations sur les cas (p. 192‑200), les pronoms (p. 200‑204), les adjectifs (p. 203‑204), les numéraux (p. 204‑205), le verbe, considéré dans ses rapports avec le nom, dont il est issu (p. 205‑228) ; et, pour finir, l’auteur nous ramène à l’ergatif avec les neutres en *‑o‑m (p. 228‑229). Voilà un bref aperçu des pages qui retiendront le plus l’attention des spécialistes, et, naturellement, susciteront bien des discussions, tant elles ouvrent de perspectives nouvelles.
Mais ce ne sont pas ces 2 chapitres, inévitablement techniques et quelque peu austères, que le grand public goûtera le plus ; sagement, l’auteur les a rejetés vers la fin de l’ouvrage, les faisant suivre d’un chapitre sur le vocabulaire dans lequel il dévoile un aspect moins connu de son talent : celui de pédagogue et de vulgarisateur. Les principaux acquis de la “paléontologie linguistique” (les indications tirées du vocabulaire reconstruit pour la reconstruction des réalités) y sont présentés avec une grande clarté et accompagnés de parallèles familiers qui mettent le profane en pays de connaissance.
C’est ce même talent qui rend aisée, agréable, la lecture des premiers chapitres, consacrés au peuple indo‑européen, et en particulier aux hypothèses sur leur habitat primitif et leurs migrations. Ici, le linguiste sort de son domaine propre. Mais s’il le fait, c’est poussé par l’objet même de son étude. Les langues n’ont pas leur fin en elles-mêmes ; elles n’existent que par leurs locuteurs et pour eux. Or, plus leurs locuteurs diffèrent de l’Occidental contemporain, plus il nous est nécessaire de définir le cadre physique, social, spirituel, de sa vision du monde. Comme on le répète chaque année aux linguistes débutants, les langues ne sont pas des nomenclatures ; chaque langue représente une organisation spécifique de l’expérience humaine, qu’elle transmet aux générations successives. Ce faisant, le linguiste ne sort donc pas de son rôle, et ne se borne pas à enregistrer les indications fournies par d’autres disciplines. Comme l’indique excellemment l’auteur, « Les idées que les hommes se font du monde dans lequel ils vivent sont, dans une large mesure, dépendantes des structures linguistiques qu’ils utilisent pour communiquer leur expérience » (p. 229). Et c’est encore le linguiste qui, à partir de ses reconstructions dans le domaine du lexique notamment (désignations de plantes, d’animaux, etc.) détermine quels types de sites archéologiques sont susceptibles d’être retenus comme susceptibles de correspondre au dernier habitat commun des locuteurs dont il reconstruit la langue.
C’est alors qu’il doit sortir de son domaine propre, et donc redoubler de prudence. Ce que fait l’auteur, qui s’inspire de la conception la plus largement acceptée de nos jours, celle d’un habitat indo‑européen dans la région dite des Kourganes, en Ukraine. Cette conception, qui remonte à Otto Schrader, Sprachvergleichung und Urgeschichte, 1883, a été reprise, étayée de nouveaux arguments, par Marija Gimbutas et son école. Assurément, ce n’est pas la seule possibilité ; Lothar Kilian a donné de bons arguments en faveur d’un habitat dans les régions baltiques et le nord de l’Allemagne, sur le territoire de la civilisation des gobelets en entonnoir dans Zum Ursprung der Indogermanen, Dr Rudolf Habelt GMBH, Bonn, 1983. Et il s’agit seulement du dernier habitat commun ; la formation de l’ethnie peut s’être effectuée ailleurs. Mais le témoignage de la paléontologie linguistique ne renseigne guère sur ce sujet. On sait d’autre part qu’en matière d’archéologie, et surtout d’archéologie préhistorique, nos certitudes sont toujours provisoires ; elles sont à la merci d’une fouille nouvelle, ou d’une découverte fortuite.
Tout au long de son livre, l’auteur présente les Indo-européens comme une réalité vivante et parfois comme une réalité actuelle : « La conquête du monde par les peuples de l’Occident a été longtemps ressentie comme étant dans la nature des choses. C’est au moment où elle rencontre des remises en question et des résistances efficaces que l’on commence à prendre conscience de la particularité du phénomène. En dépit de péripéties diverses de conflits internes qui culminent aujourd’hui avec l’opposition des 2 blocs, il s’agit bien d’une même expansion qui se poursuit depuis quelque six mille années » : ce texte reproduit en couverture résume l’essentiel, qui est la continuité entre ces migrations qui se sont succédé depuis le IVe millénaire et la situation actuelle du monde.
Que les Indo‑Européens aient — comme l’indique l’auteur dans la suite de ce texte — « mis leur supériorité technique au service de la violence pour subjuguer leurs voisins de proche en proche » n’a certes rien d’original. Plus que la raison, la violence est la chose du monde la mieux partagée. Mais ce qui, de fait, est propre aux peuples indo‑européens, c’est la supériorité technique. Non au départ : sur bien des points, en particulier dans le domaine agricole, leurs techniques étaient très primitives, et en retard sur celles de peuples contemporains. Mais à l’arrivée, puisque, à la seule exception du Japon, l’ensemble du monde industrialisé et développé parle aujourd’hui une langue indo‑européenne.
♦ André Martinet, Des Steppes aux océans, Payot, 1986.
► Jean Haudry, La Quinzaine Littéraire n°478, janv. 1987.
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