Journaliste et essayiste, Arnaud Guyot-Jeannin a dirigé les ouvrages collectifs Aux sources de l’erreur libérale (1999) et Aux sources de la droite (2000) dans la collection "Vu autrement" aux éditions de L’Âge d’Homme. Les questions portant sur l’argent, l’écologie, le libéralisme, le socialisme, le travail, etc., y étaient abordées dans une perspective résolument anticonformiste. Le 27 novembre dernier, il a même consacré son "Libre Journal des enjeux actuels" sur Radio Courtoisie à « la nécessité des luttes sociales » face à la libéralisation du travail du dimanche, à la retraite à soixante-dix ans, à la privatisation de la Poste, etc. L’Action Française 2000 l'accueille avec plaisir une nouvelle fois dans ses colonnes…
L'Action Française 2000 - "Travailler plus pour gagner plus" : cette consigne de M. Sarkozy, qui va maintenant jusqu'à remettre en cause le repos dominical, n'est-elle pas le signe d'une conception nouvelle et bien peu catholique, du travail ?
Arnaud Guyot-Jeannin - Elle n'est pas "nouvelle" et avant d'être "peu catholique", cette consigne est surtout bien peu humaine en vérité. Il est impératif que la fameuse common decency ou décence ordinaire, préconisée par Georges Orwell et reprise par Jean-Claude Michéa de nos jours, se déploie dans la vie quotidienne des individus, des communautés et des peuples.
Des catholiques sociaux déterminés
Je rappelle qu'il a fallu attendre le vote de la loi Lerolle du 13 juillet 1906 pour abroger le travail dominical. En effet, le XIXe siècle avait connu une exploitation inhumaine et une misère sociale effrayantes. L'État centralisé, complice du plouto-capitalisme, avait favorisé une industrialisation massive et un déracinement social et géographique sans précédent. Heureusement, face à ce processus de désintégration nationale, provinciale et sociale se dressèrent des penseurs et députés catholiques sociaux attachés à défendre le génie populaire et les socialités primaires de la France traditionnelle.
L'AF 2000 - Pouvez-vous rappeler quelques lois pour lesquelles les catholiques sociaux ont milité au XIXe siècle et au début du XXe ?
A.G.-J. - Bien sûr. Dès le 21 mars 1841, la loi Montalembert a proscrit le travail des femmes et des enfants dans les manufactures. Le 7 juillet 1891, Albert de Mun a proposé la suppression du travail de nuit pour les femmes et les enfants. Le 29 octobre 1892, le même député s'est engagé en faveur de la limitation du temps de travail. La future loi de Martine Aubry sur les 35 heures en représente le très pâle reflet, car elle ne vise pas l'amélioration des conditions de travail, mais une meilleure intégration à la société productiviste et au marché du travail qui sert exclusivement les intérêts du capital.
On doit encore aux catholiques sociaux plusieurs propositions de loi sur la retraite et notamment sur les retraites ouvrières, en 1910 par exemple ; elles doivent être mentionnées au moment où le gouvernement Sarkozy-Fillon légifère en faveur de la retraite à soixante-dix ans. Et pourquoi pas, jusqu'à soixante-quinze ans, à l'instar des États-Unis, modèle préféré du chef de l'État ?
Démesure
Au total, une centaine de lois et propositions de lois ont été défendues avec détermination par les catholiques sociaux et les Cercles catholiques d'ouvriers (1871) dont les initiateurs s'appelaient Maurice Maignen, René de La Tour du Pin et Albert de Mun. Sans oublier l'influence pontificale à travers l'encyclique sociale Rerum Novarum (1891) rédigée par Léon XIII !
L'AF 2000 - N'est-ce pas en fait sur la conception de l'homme lui-même que Nicolas Sarkozy et les libéraux se séparent de ces catholiques sociaux ?
A.G.-J. - Assurément, la formule de Nicolas Sarkozy, "travailler plus pour gagner plus", s'inscrit dans la dynamique quantitative de la démesure capitaliste du "toujours plus" : toujours plus d'argent, toujours plus d'objets, toujours plus de consommation, toujours plus de travail, etc. L'homme y est envisagé comme un numéro-matricule du système marchand postdémocratique, ce système où la valeur travail et la valeur marchande se confondent au détriment de la valeur d'usage.
Bien sûr, Nicolas Sarkozy n'est qu'un symbole fort de ce système mondialisé. Mais les symboles sont importants en politique. D'autant plus que la formule sarkozyenne du "travailler plus pour gagner plus" a finalement comme résultat pour les salariés de travailler plus pour gagner moins. Et même de travailler moins bien en raison d'un cadre général de travail de plus en plus inhumain.
Face à une telle régression sociale et environnementale, mais plus largement civilisationnelle, il faut opposer un vrai modèle alternatif, où écologie sociale et économie solidaire réactivent le sens des responsabilités ordonnées et partagées dans un cadre de vie qui n'exclut pas un peu de flânerie. Tout est une question d'éthique, de politique et de mesure ! Le bien commun doit l'emporter sur un utilitarisme marchand, vecteur de modes de management délétères entraînant une course effrénée à la productivité et un stress épouvantable qui causent de la souffrance au travail.
En résumé : Sois cool et tais-toi !
L'AF 2000 - Comment se manifeste aujourd'hui cette "souffrance au travail" ?
A.G.-J. - 53 % des Français disent souffrir dans leur activité professionnelle. Plusieurs centaines de cadres se suicident chaque année dans notre pays. Le harcèlement actionnarial et patronal va de pair avec une idéologie de la performance qui prône les mêmes formules commerciales de techno-centres entrepreunariaux - plus chaleureusement appelés les entreprises copains - : Il faut faire plus, toujours plus ! L'open space établit une dictature du bonheur qui provoque un malheur intériorisé chez le salarié. De nouvelles formes de domination d'un post-libéralisme sympa et meurtrier se mettent donc en place. Sois cool et tais-toi ! Dans de plus en plus d'entreprises, le tutoiement et l'appellation de son patron par ses initiales sont obligatoires. L'obligation de résultat est le seul paramètre qui compte dans un cadre décloisonné où les relations sont fluides et opérationnelles ! Le patron est à la fois un GO en apparence et un serial killer en fin de mois. Nous ne sommes pas loin de la description de la World compagny moquée par Les Guignols de l'Info. Comment voulez-vous que la valeur travail ne soit pas décrédibilisée dans une société où le travail n'a plus de valeur ?
Au métier qualifié, enraciné, sédentaire et humanisé a succédé - à partir du milieu des années soixante-dix - un travail découpé, parcellarisé, nomadisé et globalisé. Au métier organique a fait place un travail mécanique. Une besogne machinale et anonyme qui foudroie les cadres, les cadres moyens et les secrétaires de direction qui tombent en dépression. N'oublions jamais que la France est le premier pays au monde - avant les États-Unis - à utiliser des calmants et des anxiolytiques. Sarkozy est-il de mèche avec les laboratoires pharmaceutiques ? Plaisanterie mise à part, le constat s'impose à nous : le travail tue de plus en plus. La société positive du travail s'avère négative. Il s'agit là d'une société anxiogène et mortifère.
L'AF 2000 - En ce qui concerne la nouvelle mesure sur le travail le dimanche, le texte qu'a présenté le gouvernement n'est-il pas beaucoup plus minimaliste qu'au départ ?
A.G.-J. - Certes, mais Nicolas Sarkozy va faire passer habilement sa loi en insistant sur la notion de "volontariat" et de "liberté" du travailleur comme du consommateur. De façon évidente, les réfractaires au travail dominical seront immédiatement mal vus et mal notés. Le conditionnement négatif ambiant les poussera vite à revoir leur décision. Avec une telle liberté surveillée, je parie même que beaucoup d'entre eux seront dissuadés de recourir à un tel choix hypocrite et préféreront travailler bien gentiment le dimanche au détriment de leurs autres activités. Puis Nicolas Sarkozy s'occupera des aménagements nécessaires à la généralisation progressive du travail dominical, toujours au nom de la volonté, de la liberté et du marché pour tous... Mais en réalité, au détriment de l'ensemble des salariés et au profit - c'est le cas de le dire - des grosses fortunes dont il est l'ami !
Liberté sous surveillance
La question reste posée : les Français doivent-ils consommer à tout prix, tous les jours, tout le temps, y compris le dimanche ? Allons-nous devenir un peuple de salariés et de consommateurs ?
Pour des raisons humaines, sociales, familiales, amicales, religieuses, le repos dominical demeure essentiel. Il représente un jour de partage et sert à resserrer les liens entre les personnes et leur environnement. Moins de travail ne signifie pas "plus de travail". Le travail est un moyen en vue de subvenir à ses besoins, pas une fin en soi. Les partisans de la sanctification par le travail - qui comptent de nombreux chrétiens conservateurs et progressistes devraient faire cette nuance de taille. « Le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat » proclame hiérarchiquement l'Évangile selon saint Marc (2, 23-28). Ralentir les cadences de travail et décélérer les activités économiques en termes de production et de consommation ne signifie pas abolir le travail. Décroître n'est pas synonyme de récession. Une décroissance soutenable ne peut qu'être volontaire, tandis que notre récession économique et sociale ne l'est pas. C'est la décroissance qui peut empêcher de nouvelles crises. Pour cela, encore faut-il rompre avec la logique du capitalisme. La seule alternative politique et civilisationnelle réside aujourd'hui dans la pratique d'une décroissance de la production, de la consommation et du travail permettant de produire moins, consommer moins et travailler moins pour travailler bien et vivre mieux
L'AF 2000 - Peut-on donc envisager de travailler autrement ? Que pensez-vous du "dividende universel" préconisé à une époque par Christine Boutin ?
A.G.-J. - D'abord, je remarque que Christine Boutin ne le préconise plus depuis qu'elle est ministre du Logement. D'ailleurs, comment le pourrait-elle dans un gouvernement dont l'hyperprésident représente la droite bling-bling ? Le "dividende universel" appelé aussi "revenu social inconditionnel", "revenu d'existence" ou encore "revenu universel de citoyenneté" représente des allocations populaires responsabilisantes, intégratrices et solidaires. André Gorz, Yoland Bresson ou encore Alain Caillé, le directeur du Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (MAUSS) ont travaillé sur leur possible mise en pratique dans la société française.
Le "dividende universel"
Leur théorie pratique vise à réduire le temps de travail en obtenant un revenu inconditionnel d'inclusion sociale - et non d'exclusion comme le RMI et le RSA, tous deux conditionnels - pour chaque membre de la communauté nationale. Dans une société où le travail est considéré comme pénible et surplombant, où la désaffiliation sociale et familiale engendre l'anomie, où les pauvres se comptent par millions et où le chômage n'est plus seulement conjoncturel, mais structurel, ne faut-il pas permettre à chacun de libérer un peu de temps pour ses activités familiales, amicales, paroissiales, culturelles, sportives etc., tout en vivant décemment ? Poser la question, c'est y répondre. L'établissement du "dividende universel" - perçu de la naissance à la mort par chaque personne - rompt avec la société du tout travail et du travail salarié. Il faut pouvoir travailler et gagner sa vie au minimum sans se voir astreint automatiquement à occuper un poste de salarié dans une société salariale. Avec l'essor des réseaux et de la mondialisation-fragmentation tribale, l'avenir n'est plus au salariat. Précisons que le montant du revenu doit être ni trop élevé pour éviter l'assistanat, ni trop bas pour ne pas engendrer la précarité.
L'AF 2000 - La crise actuelle ne marque-t-elle pas la défaite du libéralisme ? N'est-il pas temps de remettre en cause le capitalisme lui-même ?
A.G.-J. - La crise financière mondiale était prévisible. En effet, en 1945, la signature des accords de Yalta a permis de livrer l'Europe et une grande partie du globe au communisme soviétique et au capitalisme américain. Plus de quarante ans après, le mur de Berlin s'est effondré et l'Union soviétique s'est désintégrée. Le communisme disparaissait à l'Est ! Le capitalisme se retrouvait alors seul dans un monde unipolaire dominé par les États-Unis. Seulement, il ne pouvait plus instrumentaliser les tares de son ennemi de la Guerre froide pour légitimer son système. Il trouvait alors un diable de rechange : l'islamisme. Mais cela ne suffit pas ! Les crises économiques et géopolitiques américaines éclataient peu après. La volonté de puissance marchande et la démesure guerrière des États-Unis aboutissaient à une récession interne doublée d'une grande méfiance des États et des peuples sur le plan externe.
Le mur de l'argent
La loi de la jungle néolibérale ne peut présider justement et durablement au destin d'une puissance. Le capitalisme se fonde sur l'accumulation du capital et du profit. Il porte l'excès en lui. « La monnaie créée ex-nihilo » pour reprendre l'expression de Maurice Allais, la spéculation des échanges monétaires virtuels et la dématérialisation planétaire de l'argent, ne peuvent que mener à d'autres fuites en avant suivies de crises préjudiciables aux sociétés occidentales de marché. Ces autres crises financières vont survenir parce que le système de l'illimité ne peut survivre dans un monde qui connaît nécessairement des limites. Le mur de l'argent chutera alors à son tour. Le système capitaliste américanocentré explosera comme sa bulle. Le capitalisme est né du système de l'argent, il mourra du système de l'argent.
PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL FROMENTOUX L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 18 au 31 décembre 2008
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ARNAUD GUYOT-JEANNIN « Le bien commun doit l’emporter »
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L’Eurasisme, alternative à l’hégémonie libérale
Une conférence de Christian Bouchet et Alexandre Douguine à Bordeaux
L’intervention de Christian Bouchet :
Eurasisme(PARTIE1) -Christ. Boucher- par ErAquitaineL’intervention d’Alexandre Douguine :
Partie 1 :
Eurasisme(PARTIE2_1) -Alex. Douguine- par ErAquitaine
Partie 2 :
Eurasisme(PARTIE2_2) -Alex. Douguine- par ErAquitaineLes questions du public :
Partie 1 :
Eurasisme(PARTIE3_1) -Questions/réponses- par ErAquitaine
Partie 2 : -
Nokturnal Mortum: tradition, patriotisme et black metal
Parmi les innombrables groupes de musique appartenant à la culture de masse, certains se distinguent de la médiocrité générale et émergent hors du lot. C'est le cas de Nokturnal Mortum, un groupe de Black/Pagan Metal venant d'Ukraine. Fondé en 1994, le groupe se fait d'abord connaître par un album assez classique et moyen, Twilightfall, avant de prendre une orientation Black Metal symphonique dès l'année suivante, avec la sortie de Lunar Poetry en 1996. Pour ceux qui ne connaissent pas, le Black Metal se caractérise par des compositions violentes, agressives et surtout enragées et dérangeantes. La touche symphonique, par le biais du clavier, permet toutefois d'atténuer ce ressenti ; Dimmu Borgir ou encore Winterburst sont de bonnes références du style. C'est cependant à partir de Goat Horns, en 1997, que Nokturnal Mortum va emprunter un chemin légèrement différent qui va le rendre intéressant à nos yeux : sans rejeter l'aspect symphonique pour autant, le groupe va en effet intégrer des parties folkloriques au sein de ses morceaux, donnant un aspect folk et traditionnel à leur musique, comme le morceau éponyme – Goat Horns – le montre parfaitement. Le groupe va cependant se recentrer sur l'aspect Black Metal dès 1999, avec To The Gates Of Blasphemous Fire, et offrir une musique plus violente et agressive, tout en conservant cet aspect païen qui se ressent dans leurs compositions (On Moonlight Path en est un très bon exemple). Le succès de ces deux derniers albums ouvrit alors les portes des gros labels de Metal aux Ukrainiens, et une fois encore leur réponse les rend intéressants : Varggoth – le meneur du groupe – fit un magistral bras d'honneur à ces commerciaux attirés par l'argent : NeChrist – sorti en 2000 – est un retour au Trve Black Metal, avec un son sale, une ambiance malsaine, et une fureur sans borne. Les compositions, bien plus agressives, comptent certes quelques parties folkloriques, comme toujours ; l'ambiance païenne est sans aucun doute conservée. Mais le rejet total ainsi que l'inquiétante froideur qui s'en dégagent font de NeChrist un message de rage explicite. C'est après cinq ans de pause – donc en 2005 – que Nokturnal Mortum revient, avec une orientation toutefois bien plus païenne, et moins violente. Weltanschuung alterne en effet morceaux purement instrumentaux et morceaux de Black/Pagan efficace. Mais c'est leur dernière œuvre, sortie en 2009, qui achève d'imposer la maîtrise du groupe Ukrainien. The Voice Of Steel représente en effet l'un des albums (voir l'album) de Black/Pagan le plus abouti, alliant une technicité musicale incontestable et une pureté incroyable. Les ambiances, créées à la perfection, transportent l'auditeur, et le plongent dans un univers païen incroyablement intense.
La musique de Nokturnal Mortum ne suffit pas à en expliquer l'intérêt ; les paroles y jouent également un rôle primordial. Les textes de Nokturnal Mortum ont la particularité d'être profonds dans leur signification. Certains thèmes sont redondants (le lien à la nature se retrouve dans la majorité des groupes de Black/Pagan), mais d'autres ne peuvent que nous parler. Nokturnal Mortum accorde en effet une place majeure au patriotisme et au respect des ancêtres, notions si chères à nos cœurs et si salies de nos jours. Les Ukrainiens manifestent leur attachement à leur terre et à leur culture à travers leur musique comme par leurs textes. Plus discrets dans les premiers albums, les membres de Nokturnal Mortum – et tout particulièrement le principal auteur des paroles, Knjaz Varggoth – affichent clairement leurs positions, et c'est ce qui les rend si intéressants. Car plutôt qu'un vulgaire message de haine (celle-ci est pourtant loin de manquer aux paroles du groupe) ou de rejet du christianisme, c'est bien une conception métaphysique du monde, une weltanschuung qu'il s'agit de transmettre. Le lien à la nature y prend une place prépondérante, comme dit plus haut, mais sans se limiter à opposer nature et urbanisation : tout en décrivant les paysages de l'Ukraine, en parlant des éléments et des astres, Varggoth dégage peu à peu un sentiment d'élévation, de purification par la contemplation de Dame Nature. L'évolution musicale du groupe donne une idée de l'importance de ce concept selon les albums, mais il reste présent en chacun, et tout particulièrement dans le dernier, The Voice Of Steel. Plus encore que de l'énoncé, c'est du ressenti que nous apporte Nokturnal Mortum ; le titre même de l'album (« la voix de l'acier ») annonce la teneur guerrière tant de la musique que des paroles. Eh oui, comme la plupart des groupes de Black/Pagan, le thème de la bataille est lui aussi au cœur des textes (la pochette de To The Gates Of Blasphemous Fire était d'ailleurs assez explicite à ce sujet). La question qui se pose est donc la suivante : la bataille pour quoi?
C'est justement ce « pour quoi » qui rend Nokturnal Mortum si intéressant, car il ne s'agit pas comme dans trop de groupes de parler des glorieux Vikings qui se taillent un chemin dans les viscères à coups de hache, le tout à la gloire de Thor et d'Odin. Non, le combat de Nokturnal Mortum a un sens : la défense de la terre, de la tradition, de la culture et de l'identité, ainsi que l'honneur et le respect des anciens. Les aïeux reviennent souvent dans les chansons du groupe, tout comme l'importance d'être digne d'eux et de poursuivre le combat de ces héros morts au combat (comme le suggère assez clairement la chanson Hailed Be The Heroes, sur Weltanschuung). Les airs folkloriques présents dans les morceaux de Nokturnal Mortum (Goat Horns ou Perun's Celestial Silver de NeChrist sont des perles du genre) sont des manifestations de l'importance du folklore ukrainien et païen pour les membres de la formation. Ce paganisme affiché explique le violent rejet du christianisme qui caractérise NeChrist : bien que l'album soit très clairement Trve Black Metal tant musicalement que visuellement, ce rejet (cette haine, disons-le franchement) n'est en rien liée à une idéologie sataniste – sérieuse ou non – si fréquente dans le Black Metal. Le christianisme est certes vu comme un ennemi, mais surtout comme un envahisseur millénaire responsable de la destruction des traditions païennes des pays slaves (du moins de l'Ukraine) et comme un ennemi de la diversité et de la particularité culturelle : avant la « culture de masse » (le terme de culture est ici souillé) qu'analyse si bien ce cher Christopher Lasch, qui tend à uniformiser toutes les sociétés en les inondant d'une bouillie puante et insipide appelée « culture », le grand monothéisme européen avait durant des siècles fait un travail similaire en éliminant les croyances païennes au profit des siennes.Nokturnal Mortum rejette d'ailleurs l'un comme l'autre, et NeChrist est le paroxysme de ce refus : si les textes sont indubitablement anti-chrétiens (des titres tels que Jesus' Blood, In The Fire of the Wooden Churches ou encore NeChrist suffisent pour s'en rendre compte), l'album en lui-même représente un énorme bras d'honneur aux majors de la musique, comme dit précédemment. La réponse de Nokturnal Mortum à ces ouvertures commerciales fut sale, malsaine, violente, haineuse, avec un son bien plus mauvais que sur l'opus précédent. En résumé, « allez vous faire foutre, Nokturnal Mortum ne se vend pas ». Il est d'ailleurs intéressant de noter que depuis 2004, les albums sont produits par Oriana Music, leur propre label. L'attitude de Nokturnal Mortum concorde avec leurs paroles – chose assez rare à notre époque. Les années ont cependant apporté une nouvelle maturité au groupe : ils glissent désormais leur quenelle différemment. Au lieu d'être un nouveau NeChrist, The Voice Of Steel a un son irréprochable et représente un accomplissement musical ; les textes, de plus en plus forts, sont tous chantés en Ukrainien – exception faite de Walkyrie qui est chantée en Russe. Le lien à la terre est toujours présent, plus fort que jamais (la pochette de Weltanschuung en reste la meilleure preuve, représentant une main caressant des épis de blé, Nokturnal Mortum nous donnant ainsi sa vision de la vie) tandis que le combat se précise. La chanson Ukrainia est explicite quant à la place que prend l'Ukraine dans le cœur des musiciens, tout comme le montrait Ma France de Jean Ferrat. L'ennemi contre lequel lutte le groupe est le même que le nôtre : l'uniformisation et la destruction des identités. Varggoth est toutefois lucide quant à la situation : Sky of Saddened Nights et White Tower ont une sonorité désespérée qui fait résonner notre âme. Ce sentiment se ressent notamment dans White Tower : il s'agit d'ériger une Tour Blanche, et de la défendre envers et contre tout. Il est aisé de comprendre ce que représente cette Tour Blanche : le dernier bastion, notre dernier retranchement face à un ennemi qui nous submerge, dans un combat qui semble déjà perdu.Je conclurai par une constatation simple : aucune analyse ne vaudra jamais le ressenti.
Par conséquent, je vous laisse vous faire votre propre avis.
http://www.scriptoblog.comPour découvrir Nokturnal Mortum en concert, suivez ce lien.
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La psychologie jungienne face à la figure d'Odin
Horst Obleser, psychiatre d'obédience jungienne, a sorti en 1993 un ouvrage entièrement consacré à Odin, le dieu dont personne ne sait où il va ni qui il est. Muni d'une longue lance, le doigt orné d'un superbe anneau d'or magnifiquement décoré, un corbeau perché sur son épaule, un autre corvidé évoluant au-dessus de lui, flanqué de deux loups gris foncé, chevauchant un destrier fabuleux à 8 pattes, il est le dieu de l'errance, du savoir et des guerriers. Il voit et sait tout. S'exprime exclusivement en vers. Ne boit que du vin ou de l'hydromel. Cette description épuise quasiment tout ce que les sources nous ont appris de ce dieu. C'est peu de choses. L'Europe centrale germanique est donc dépourvue d'un corpus mythologique élaboré, à la façon des traditions avestique ou védique. L'Europe germanique est donc mutilée sur les plans mythologique et psychique.Thérapeute, Horst Obleser le déplore, surtout dans le domaine de l'éducation : l'enfant germanique, contrairement à l'enfant indien par ex., n'est pas plongé dans un corpus d'histoires et d'images “orientantes”, qui lui expliquent l'agencement du monde, par le biais de contes et d'histoires, et le console, le cas échéant, quand il doit faire face aux déchirements et aux affres de l'existence. Il ne reste aux peuples germaniques qu'un rationalisme superficiel, dérivé du christianisme, dont ils ne comprennent guère les sources mythologiques proche-orientales, nées sur un territoire à la géologie, la faune et la flore très différentes. À l'heure actuelle, les images artificielles répandues par les médias se superposent à ce rationalisme christianomorphe lacunaire, interdisant à nos enfants de posséder in imo pectore des images et des références mythiques issues d'une psyché et d'un inconscient propres. Consolations et rêves ne dérivent pas de contes et de symboles transmis depuis de longues générations et surtout issus de la terre occupée depuis toujours par les ancêtres. Lacune qui doit mobiliser l'attention du thérapeute et l'induire à s'ouvrir aux recherches sur la mythologie. Obleser :« Nous vivons dans une culture qui est fortement imprégnée de pensée chrétienne, mais une pensée chrétienne qui est néanmoins traversée d'idéaux guerriers. Un esprit aventureux conquérant se profile graduellement derrière [notre culture christianisée], qui devrait nous permettre de nous identifier à des héros ou des héroïnes. Mais cet état de choses n'exclut pas le fait, qu'au contraire d'autres cultures, comme les cultures grecque, égyptienne, hébraïque, indienne ou persane, nous ne possédons plus que des mythes théogoniques et cosmogoniques très fragmentaires. (…)Dans l'espace germanique méridional, quasiment aucune tradition n'a survécu. Il nous reste la consolation qu'un mythe commun à tous les peuples germaniques n'a sans doute jamais existé. Les mythes germaniques ont sombré très profondément dans le passé, et sont en grande partie oubliés. À leur place, des images issues de la culture gréco-romaine, des mythes égyptiens ou, par l'intermédiaire de la christianisation, les mythes hébraïco-judaïques de la Bible, ont pris en nous un territoire psychique important. Sous toutes ces images étrangères, demeurent tapis les anciens mythes celtiques et germaniques, qu'il s'agit de redécouvrir » (p. 15-16).
Pourquoi ? Caprice de philologue, de chercheur, d'intellectuel ? Pire : lubie de psychiatre ? Non. Nécessité thérapeutique ! La fragilité psychique de l'Européen, et de l'Allemand en particulier, vient de ce MOI mutilé, nous enseigne CG Jung. Dans cette optique, Obleser écrit :« Le caractère des Germains peut se décrire sur deux plans, à partir de ce que nous savons de la personnalité du dieu Odin : d'une part, nous trouvons “une virilité dure, violente, tournée vers elle-même” ; et, d'autre part, “une curieuse tendance oscillante” qui émerge tantôt dans l'individu tantôt dans le peuple tout entier ».
Et il poursuit :« Ninck nous parle dans ce contexte d'une virilité héroïque qui se caractérise par la force, la puissance, la dureté, la capacité à résister à l'adversité, qui se conjugue au goût prononcé pour le combat, pour l'audace et pour l'action décidée en conditions extrêmes. À tout cela s'ajoute encore un désir prononcé de liberté et d'indépendance. Certes, ce sont là des qualités que l'on retrouve, de manière similaire ou non, dans d'autres peuples, chez qui importent aussi les capacités à mener la guerre et les batailles » (pp. 271-272).
Autre caractéristique germanique, que l'on retrouve chez Odin : la pulsion à errer et à voyager.« Même chez les Celtes, proches parents des Germains, on ne retrouve pas cette pulsion exprimée de manière aussi claire. Le nombre impressionnant des Wanderlieder [Chants de randonnées, de voyage] dans la littérature ou le folklore allemands constitue autant d'expressions de cette pulsion, même s'ils ne sont plus qu'un souvenir terni de l'antique agitation perpétuelle des Germains. Cette facette essentielle de l'âme germanique a dû constituer une part importante de nos coutumes, qui s'est perpétuée dans les gildes d'artisans, et plus particulièrement chez les apprentis et les maîtres charpentiers, jusqu'à nos jours : l'apprenti, justement, doit pérégriner et passer un certain laps de temps à aller et venir à l'étranger. Ninck croit que le trait de caractère qui porte les peuples germaniques à pérégriner se répercute dans le langage quotidien, où l'on s'aperçoit des innombrables usages des mots “fahren” et “gehen” (…). Nos vies sont perçues comme des voyages, notamment quand nous parlons de “notre compagnon ou de notre compagne de route” (Lebensgefärhte, Lebengefärhtin) pour désigner notre époux ou notre épouse (…). L'importance accordée au mouvement dans la langue allemande se repère dans l'expression idiomatique “es geht mir gut” (je me porte bien) qui ne se dit pas du tout de la même façon en grec, où l'on utilise des vocables comme “avoir”, “souffrir”, “agir”, ni en latin, où l'on opte pour “être”, “avoir” ou “se passer” (…) » (p. 272).
Le substrat (ou l'adstrat) chrétien nous interdit donc de comprendre à fond cette propension à l'errance, le voyage, la pérégrination. Pour Obleser, seul le mystique médiéval Nicolas de Flues (Nikolaus von Flüe), renoue avec ces traits de caractère germaniques dans ses écrits. Il vivait en Suisse, à proximité du Lac des Quatre Cantons, entre 1417 et 1487. Il était paysan, juge et député de sa communauté rurale et montagnarde. À partir de sa cinquantième année, il s'est entièrement consacré à ses exercices religieux. Au cours desquels, il a eu une vision, celle du “pérégrin chantant” (Der singende Pilger). Dans mon “esprit” — dit Nicolas de Flues —, j'ai reçu la visite d'un pérégrin, coiffé d'un chapeau ample (attribut d'Odin), les épaules couvertes d'un manteau bleu ou gris foncé, venu du Levant. Derrière l'archétype de ce pérégrin, avatar médiéval d'Odin qui a réussi à percer la croûte du sur-moi chrétien, se profile aussi l'idéal de la quête du divin, propre à tous les mystiques d'hier et d'aujourd'hui. Ce pérégrin et cet idéal n'ont plus jamais laissé Nicolas de Flues en paix. La quête rend l'homme fébrile, lui ôte sa quiétude, lui inflige une souffrance indélébile. De plus, tout pérégrin est seul, livré à lui-même. Il fuit les conformismes. Il entre fréquemment en trance, terme par lequel il faut comprendre l'immersion dans la prière ou la méditation (le pérégrin de Nicolas de Flues prononce, sur le mode incantatoire, de longues séries d'“Allélouïa”, en arrivant et en repartant, indiquant de la sorte que sa méditation — et sa joie de méditer — se font en état de mobilité, de mouvance, comme Odin). Pour CG Jung, Odin est “ein alter Sturm- und Rauschgott”, un dieu ancien de la tempête (ou de l'assaut) et de l'ivresse (de l'effervescence). Pour Marie-Louise von Franz, la vision de Nicolas de Flues est une rencontre de l'homme germanique avec lui-même, avec l'image mythique de lui-même, que la christianisation lui a occultée : au tréfonds de sa personnalité, il est ce pérégrin, méditant et chantant, profond mais toujours sauvage, esseulé.Jung trace un parallèle entre cette pérégrination odinique (ou cette vision de Nicolas de Flues) et le mouvement de jeunesse Wandervogel (ou ses avatars ultérieurs tels les Nerother, grands voyageurs, la d.j.1.11 de l'inclassable Eberhard Köbel, surnommé “tusk” par les Lapons qu'il allait régulièrement visités, etc.). Ce n'est donc pas un hasard si la caractéristique majeure de ce mouvement de jeunesse spécifiquement allemand ait été le Wandern, la randonnée ou l'expédition lointaine vers des terres vierges (les Andes, l'Afrique pour un des frères Ölbermann, fondateurs des Nerother, la Nouvelle-Zemble arctique, la Laponie, etc.). Jung : « En randonnant inlassablement sur les routes, du Cap Nord à la Sicile, avec sac à dos et luth, ils étaient les fidèles serviteurs du dieu randonneur et vagabond ». Et Jung ajoute qu'Odin est aussi un dieu qui saisit, s'empare des hommes (ergriffen, Ergriffenheit), les entraîne dans sa magie tourbillonnante.Obleser rappelle la christianisation de la Germanie païenne. Sous Charlemagne, les armées franques soumettent les Saxons, encore païens, par le fer et par le feu. Psychologiquement, il s'agit, dit Obleser (p. 280) d'une soumission de l'âme germanique au “sur-moi” de la dogmatique chrétienne. Ce qui a pour corollaire une propension exagérée à la soumission chez les Allemands, devenus incapables de reconnaître leur propre, leur identité profonde, derrière le filtre de ce pesant “sur-moi”. Une reconnaissance sereine de son “cœur profond” permet à tout un chacun, aussi au niveau collectif du peuple, d'intérioriser des forces, pour bâtir ses expériences ultérieures en toute positivité. L'histoire allemande est dès lors caractérisée par une non intériorisation, une non canalisation de ces forces particulières, qui font irruption et se gaspillent en pure perte, comme l'a démontré l'expérience tragique du IIIe Reich. Et comme le montre aussi la rage fébrile à faire du tourisme, y compris du tourisme de masse vulgaire, en notre époque triviale.Charlemagne, après ses expéditions punitives en Saxe et en Westphalie, a toutefois fait codifier par ses scribes toutes les traditions germaniques, transmises auparavant par oral. Si nous avions pu conserver ces manuscrits, nous aurions pu reconstituer plus facilement cette psyché germanique, et guérir les travers d'une psychologie collective ébranlée et déséquilibrée. Louis le Pieux, malheureusement, ordonnera de brûler les manuscrits commandés par son prédécesseur. Ce geste fou de fanatique, déboussolé par une prêtraille écervelée, a laissé une blessure profonde en Europe. Les traditions centre-européennes, tant celtiques que germaniques, voire plus anciennes encore, ont été massivement évacuées, détruites, pour ne laisser que quelques bribes dans les traditions locales, qui évoquent un “chasseur nocturne”, chevauchant dans la tempête.Les recherches actuelles permettent donc de définir Odin comme une divinité de l'énergie, mais une énergie qui était au départ contrôlée, dans le contexte originel païen. Les pulsions de mobilité, la dimension guerrière de l'âme germanique, la propension à la méditation visionnaire et fulgurante, personnifiées par Odin, étaient compensées par les forces plus tempérées de Thor, par l'intelligence créatrice (et parfois négative) de Loki, par l'intelligence équilibrée d'Hönir, par la fidélité de Heimdall, par les pulsions d'aimance voire les pulsions érotiques de Freya. L'ensemble de ce panthéon permettait une intégration complète de la personnalité germanique. Obleser :« Par la christianisation violente, le développement [de la personnalité populaire germanique] a subi une fracture aux lourdes conséquences, qui ne peut plus être guérie, et que ne peuvent compenser des visions comme celles de Nicolas de Flues. Par la christianisation, ce ne sont pas seulement des détails de nos mythes qui ont été perdus, mais surtout le lien direct au savoir ancien, auquel nous pouvons encore vaguement accéder, vaille que vaille, par des moyens détournés, mais que nous ne pouvons plus restituer. L'influence d'Odin et de ses actes sont évidemment des pierres constitutives de notre psyché, même si nous n'en sommes plus conscients. Il faut dès lors regretter que nous ne pouvons plus aujourd'hui les comprendre, les encadrer et les saisir, alors qu'elles nous ont insufflés des caractéristiques hautement dynamiques » (p. 294).
Bref, l'ouvrage d'un thérapeute, qui a compris, dans la tradition de Jung, que le paganisme n'est pas seulement une vision de l'esprit, un esthétisme infécond, mais une nécessité équilibrante pour la personnalité d'un peuple, quel qu'il soit.◊ Horst Obleser, Odin : Psychologischer Streifzug durch die germanische Mythologie, Stendel, Waiblingen, 1993, 334 p.► Publié sous le pseudonyme de "Detlev Baumann", dans Antaïos.http://robertsteuckers.blogspot.fr/ -
Ambiance déchaînée à la mosquée de Poitiers
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Face à la crise, la génération des jeunes patriotes
L’Observatoire de l’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) a rendu son premier rapport le 4 décembre, avec un chiffre accablant : en France, 23% des jeunes sont pauvres. Hormis quelques articles dans la presse, cette révélation ne semble pas faire grand bruit. Les noms d’oiseaux échangés entre Jean-François Copé et François Fillon ont la faveur des journalistes, et le Gouvernement n’a pas spécialement intérêt à communiquer là-dessus… Pour les Français, ce chiffre est noyé parmi tant d’autres, tant notre pays est assailli de statistiques, de sondages, de « batailles de chiffres » entre politiques.
Réalise-t-on, pourtant, ce qu’il signifie réellement ? Où en sommes-nous arrivés pour admettre dans l’indifférence générale qu’un quart de notre jeunesse vit en dessous du seuil de pauvreté ? Quand, surtout, prendra t-on conscience de ce qu’il annonce pour l’avenir de notre pays, à savoir que dans la France de demain un adulte sur quatre aura fait ses débuts dans la vie dans les conditions les plus précaires, avec toutes les conséquences non seulement économiques et sociales, mais psychologiques, morales et culturelles que cela entrainera nécessairement ?
Pour ma part, je ne me résigne pas à la résignation ! Ce chiffre n’est pas une fatalité ; il est le résultat d’une politique choisie en conscience par ceux qui nous gouvernent depuis quarante ans, et qui peut être changée si demain le peuple se décide à reprendre en main son destin.
Le rapport de l’INJEP laisse déjà entrevoir l’une des causes de cette situation, lorsqu’il met en évidence le fait que les jeunes sans qualifications sont les plus touchés. La vérité, c’est que la gauche a réussi à installer durablement en France l’idée selon laquelle un jeune devait faire des études longues pour réussir, au nom de « l’égalité » avec les classes plus aisées. Que ce soit pendant les deux septennats de François Mitterrand, le quinquennat ministériel de Lionel Jospin ou depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, le résultat est le même : si les socialistes vident les caisses, ils laissent se remplir les facs de sociologie et de psychologie ainsi que les files d’attentes de Pôle Emploi… où l’on retrouve souvent les mêmes individus. La droite, elle, sans doute pour être fidèle à son titre de « conservatrice », se refuse à y changer quoi que ce soit lors de ses passages aux affaires. J’affirme pourtant qu’il n’y a rien de plus urgent que de réhabiliter le travail manuel dans notre pays, que l’apprentissage à 14 ans permettrait d’éviter de se retrouver avec des jeunes sans diplômes à la sortie du lycée, et qu’en ayant fait tout le contraire, la droite et la gauche sont collectivement responsables du désastre d’aujourd’hui !
Au-delà de ce problème particulier, c’est l’ensemble de notre système économique libéral qui est en cause. Si les jeunes sont pauvres, c’est d’abord parce qu’il n’y a plus d’emplois dans notre pays, et qu’il ne peut pas y en avoir dans un pays qui accepte de voir ses usines délocalisées par des patrons soucieux de réduire toujours davantage leurs coûts de production, et qui accepte que sa jeunesse soit mise en concurrence avec une immigration massive et sous-qualifiée qui pèse constamment à la baisse sur les salaires, tout cela au nom de l’argent. La banlieue et les quartiers populaires ainsi que la ruralité sont peuplés de cette jeunesse en difficulté, sacrifiée sur l’autel des profits financiers et d’un système libéral devenu fou. Voilà la vérité que personne en-dehors du Front National n’ose porter au cœur du débat public !
La Ministre de la Jeunesse, Valérie Fourneyron, a beau jeu de s’offusquer de ces statistiques, d’user et d’abuser des grands sentiments, d’annoncer une réunion interministérielle, de promettre des mesures fortes ! Ces mesures, il fallait les prendre avant d’en arriver là ! La situation que nous connaissons était parfaitement prévisible, et la meilleure preuve en est qu’un homme tel que Jean-Marie Le Pen l’avait parfaitement prévu et annoncé depuis les débuts du Front National !
D’ailleurs, c’est avec passion mais avec courage que le Président d’honneur du Front National déclarait dans son discours des BBR de 1997 que « Notre principal devoir, c’est de préparer l’avenir de nos enfants et des générations futures et de leur assurer les libertés, la sécurité, l’identité, la prospérité, de leur transmettre nos patrimoines nationaux sacrés : matériels, culturels, spirituels en les préparant physiquement, intellectuellement et moralement à une vie digne d’être vécue dans l’honneur et dans la solidarité avec leur peuple et le service de la Patrie ».
Aujourd’hui, seules deux alternatives s’offrent désormais à la France.
La première, c’est le « No Futur » de l’UMP et du PS. Des décennies de pouvoir ont démontré le désastre social et humain dans notre vie quotidienne.
La seconde, c’est la voie du patriotisme social, la seule porteuse d’espoir et de justice pour une jeunesse depuis trop longtemps méprisée et humiliée.
Ces 23% constituent pour nous un chiffre terrible. Ils ne sont pourtant rien au regard de ce qui nous attend si nous ne réagissons pas ! Notre devoir, aujourd’hui, c’est de nous réveiller et de nous mobiliser pour inverser le cours de l’Histoire, non seulement pour nous, pour notre peuple, pour nos jeunes qui souffrent, mais aussi et peut-être d’abord pour les générations futures, car tout le monde doit comprendre qu’un jeune de vingt ans sur quatre qui est pauvre, c’est un enfant de dix ans sur deux qui le sera à son tour à l’âge adulte si nous prolongeons les courbes ! Avant d’en arriver là, avant de vivre dans un pays asphyxié et misérable, la responsabilité historique pèse sur nous d’assumer notre responsabilité non seulement de patriotes, non seulement de citoyens, mais tout simplement d’hommes libres et qui entendent le rester.Grégory Gennaro http://www.voxnr.com -
Les origines de la société libérale par Jean-Claude Michéa
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Le Socialisme originel - Conférence de J.C. Michéa
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Bloc identitaire, Riposte Laique, Myriam Picard, Lionel Lucas
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Poutine promeut une politique nataliste : « 3 enfants par famille au moins ! »
Vladimir Poutine, le président russe, s’adressait mercredi à la Nation. Il veut que son pays puisse, sur le long terme, « préserver son territoire » : et pour cela, il a exhorté son peuple à concevoir plus d’enfants, au moins trois par famille.
« Il faut mettre en place des conditions favorables, tout d’abord pour les femmes, afin qu’elles n’aient pas peur que la naissance d’un deuxième et d’un troisième enfant ne mette un frein à leur carrière« , a déclaré le président russe. Pour cela, il entend mettre en place une politique familiale et nataliste, afin d’encourager, notamment financièrement, les familles choisissant d’avoir un troisième enfant.
Évoquant « un pays pauvre, vieillissant et incapable de préserver son indépendance et même son territoire« , Poutine a avertit que « si la nation n’est pas capable de se préserver et de se reproduire , alors on n’a même pas besoin d’un ennemi extérieur, car tout s’écroulera tout seul« , poursuivant : « pour que la Russie soit souveraine et forte, nous devons être plus nombreux« .
La Russie compte actuellement un peu plus de 143 millions d’habitants : elle en a perdu plus de cinq millions depuis la chute de l’URSS en 1991. Un rapport de l’agence de notation financière S&P estimait en 2011 que la Russie pourrait perdre encore 24 millions d’habitants d’ici à 2050…
Si nous voulons que l’Occident soit pérenne et que les vagues migratoires massives ne remplacent pas nos populations autochtones, il n’y a qu’un levier : la famille. Si nous voulons continuer à vivre libre sur la terre de nos pères, le renouvellement des générations ne doit pas être confié à des populations extra-européennes, mais assumé en France par des familles françaises ; en occident , par des familles occidentales !
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